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L'ASTRONOMIE.
ŒUVRES DE CAMILLE FLAMMAWON
OUVBAOR COURORNt PAR L'ACADtMII FRANÇAISB
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de 360 figures, planches et chromolithographies, boixante-dixiéme mille. 12 fr.
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4« édition. 1 vol. gr. in-S, illustré. 9 fr.
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Ou le Spiritualisme et le Matérialisme devant la Science moderne.
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CONTEMPLATIONS SCIENTIFIQUES
Nouvelles études de la Nature et exposition des œuvres éminentes de la Science contemporaine
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des mouvements. 1 vol. gr. in-8. 8 fr.
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la jeunesse. 89 s
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GLOBE DE MARS
Construit d'après les dernières observations. Prix : 4fr. ; franco, 5 tr.
REVUE
D'ASTRONOMIE
POPULAIRE,
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
LES PROGRES DE LA SCIENCE PENDANT L ANNEE;
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LE COKCOUSS DBS PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ETRANGERS
QUATRIÈME ANNÉE, 1885,
Illustrée de IGO flgures.
PARIS,
6AUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1" Jauvior 1886.
L_
^^i^ </ /.il ^ ^iJlk/juu.
La Revue parait mensuellement, par fascicules de 40 pages, le 1"' de chaque Mois.
Elle est publiée en volume & la fia de chaque année.
Prix de l'abonnement :
Paris : 12 fr. — Départements : 18 fr. — Étranger : 14 fr.
( L'abonnement ne se prend que pour un an, à partir du !•' janvier.;
Prix du Numéro : 1 Ar. 80 c. chez tous les Libraires •
Prix des années parues :
Tome I. 1882 (10 N" avec 135 figures). — Broché : 10 fr. Relié avec luxe : 14 fr
Tome II. 1883 (12 N" avec 172 figures). — Broché : 12 fr. Relié avec luxe : 16 fr.
ToMEllI.1884 (12 N" avec 172 figures). — Broché : 12 fr. Relié avec luxe : 16 fr.
Tome IV. 1885 (12 N" avec 160 figures). — Broché : 12 fp. Relié avec luxe : 16 fr.
Un cartonnage spécial, pour relier tous les volumes uniformément, est mis à la disposition des
abonnés, au prix de 2''-, 50.
4" Année.
-mNH
i\j6j
N» 1.
nvier 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DOlClfANT LB TABLEAU PBBMANBNT DBS DiCOUVBBTBS BT DBS PROGRilS RtALXSâft
DANS LA CONNAISSAlfCB DB L'UNIVBRS
PUBLIEE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVBC LB CONCOURS DBS
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
CE NUMÉRO REMPLACE
L'ALMANACH ASTRONOMIQUE FLAMMARION
QUI A CESSÉ DE PARAITRE.
Il contient VAnnusAve astronomique pour Tannée 1885, l'Agenda des observateurs
pour tous les jours de l'année, les cartes des mouvements des planètes, les aspects
du ciel, occultations d'étoiles par la Lune, conjonctions, rapprochements, étoiles
variables, etc., en un mot tout ce qui concerne Tétudo pratique du ciel.
M
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PARIS-
GAUTHIER-YILLARS, IMPRIHEUR-LIBRAIRË
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE DD N» i (JANVIER 4885).
Annuaire astronomique pour l'année 1886, par M. C. Flammarion (10 flgures). — L.*éclipse
de Lune du 4 octobre, résultats des observations (2 flgures). — Nouvelles delà Science.
Variétés :Lo tremblement de terre du 27 novembre. Ombres observées sur le Soleil, par M. Lan-
DEhER (1 figure). Phénomène observé sur uue tache solaire. Tué par un aérolithe. La direction
des ballons. — Observations astronomiques, par M. £. Vimont (2 figures).
ARTICLES SOUS PRESSE
POUR ÊTRE PUBLIÉS DANS LES PROCHAINS NUMÉROS DE LA REVUE.
AMAT. -^ Construction des cadrans solaires.
BBAUVAL. et GALLY. — Eclipses de Soleil et de Lune qui arriveront de Tan 1886
àranSOOO.
DETAILLE. — L'Astronomie des anciens Eeryptlens.
ERICSON. ~ Nouvelle mesure de la température du Soleil.
FENET. — Amas d'étoiles et nébuleuses.
FLAMMARION. — Le premier méridien et l*heure universelle. — Orisrine des constel-
lations. — L'Univers antérieur. — Le point fixe dans l'Univers. — Les mouvements
propres des étoiles. — L'origine et la lin des mondes.
GÉRIONT. — L'hypothèse de Laplace. — Les Instruments méridiens.
MATUIESEN (colonel). — Les marées et le mouvement de la Terre.
MOUCHEZ (amiral). — L'Observatoire de Paris en 1884.
Prince PONIATINN. — Archéologie astronomique.
ROSSI DE GlUSTINIANI. — L'Astronomie des anciens philosophes grecs.
VAN SANDTGK* — L'Astronomie chez les Javanais.
VIMONT. ^ Instructions pour l'usage des instruments.
yoUNG. — Les problèmes actuels de l'Astronomie.
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS.LA REVUE.
A. D'ABBADIE, de l'Institut. — Choix d'un premier méridien.
ARAGO (V.). — Le soleil de Minuit.
BERTRAND (J.), de l'Institut. —Le satellite de Vénus.
BOâ (A. De), astronome à Anvers. — L'Etoile polaire.
DAUBRÉÎE, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNING (A.), astronome & Bristol. —Observations télescoplqaes de Jupiter, de Vénus,
de Mercure.
DENZA (P.), Directeur de l'Observatoire de Moncalieri. — Chute d'un uranolithe en Italie.
DETAILLE, astronome. — L'atmosphère de Vénus. — Nouvelles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblements de terre.
FATE, Président du Bureau des Longitudes. — Nouvelle théorie du SoleU. — Distribution
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. —La formation du sys-
tème solaire.
FLAMMARION- — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une genèse dans
le Ciel. — Comment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de rinflni. —
D'où viennent les pierres qui tombent du Ciel ? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre. — La conquête des airs et le centenaire de Montgolfler. —
Les grandes marées au Mont Saint-Michel. —Phénomènes météorologiques obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa. —
La planète transneptunienne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
victimes de la foudre.
FOREL (le Professeur). — Les tremblements de terre.
GAZAN (Colonel). — Les taches du soleil.
GâRIGNT, a.stronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. — Ralentissement du
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sélénographi-
ques. — L'èquatorial coudé de l'Observatoire de Paris. — L'héliométre. — La nais-
sance de la Lune.
HENRT, de l'Observatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur Uranus.
HERSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranolithe en Angleterre.
HIRN, correspondant de Tlnstitut. — Conservation de l'énergie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par l'atmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Directeur de l'Observatoire de Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
HUGGIN8, de la Société royale de Londres. — Les environs du Soleil.
JAMIN, de rinstitut. — Qu'est-ce que la rosée?
JANSSEN,de l'Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon. — La photographie céleste. —
Résultats de l'écUpse de SoleU du 6 Mai 1883. " ^ « «»i«.
LEMAIRE-TESTB, de l'Observatoire de Rio-Janeiro. — Choix d'un premier méridien.
LEPAUTE. — Quelle heure est-il? — Le temps vrai, le temps moyen et les cadrans
solaires. — La chaleur solaire et ses applications industrielles.
LESSEPS (de). — Les vagues sous-marines.
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de l'Observa
toire de Paris.— L^Observatoire du Pic du Midi.- Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
MOUREAUX (Th.), météorologiste au Bureau central. — Les inondations.
PARMENTIER (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PERROTIN, directeur de TObservatoi re de Nice. — La comète de Pons. » La planète Uranus
PROCTOR, astronome à Londres. — Le Vésuve et ISCHIA.
RICCd, astronome à l'Observatoire de Palerme. — La grande comète de 1882.— La tache
rouge de Jupiter. — Les taches du SolelL
ROCHE (J.), correspondant de l'Institut. —Constitution intérieure du globe terrestre —
Variations périodiques de la température pendant le cours de l'année.
.N 141885
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885.
Un jour, vers la fin d'un dîner offert à quelques-uns de ses amis par un
membre de rAcadémie française, dîner plus exquis encore par le caractère
intellectuel des convives que par la succulence des mets et l'élégance artis-
tique de la table (je ne voulais pourtant pas nommer M. Legouvé}, un littéra-
teur distingué, également académicien, fit à un astronome subitement ébahi
cette question inattendue : « Mais à quoi ça sert-il, l'Astronomie? »
Le dieu Vulcain précipité du haut du ciel avec son enclume, dans une
chute qui, selon le rapport d'Hésiode, n'aurait pas employé moins de neuf
jours et neuf nuits pour franchir la distance du Ciel à la Terre, ne tomba
pas de plus haut que l'astronome abasourdi. Seulement, ici, la chute ne
dura guère que neuf secondes. — On en était au café.
« En prenez- vous? répliqua- 1- il.
— Mais sans doute.
— Eh bien, sans l'Astronomie, vous n'en prendriez probablement pas.
— Vous croyez?
— J'en suis sûr. Quel jour est-ce aujourd'hui?
— Lundi, 7 mai, assurément.
— Eh bien, sans l'Astronomie, nous ne saurions pas à quelle date nous
sommes. Quelle heure est-il ?
— Huit heures quarante.
— Sans l'Astronomie, nous ne saurions pas régler nos pendules. Avez-vous
pris du Champagne?
— Quelle question!
— Le Champagne, c'est du soleil en bouteille. Savez-vous qu'il faut 3060
degrés accumulés par le Soleil sur une grappe de raisin pour donner du
vin potable?
Janvier 1885. f
2 L'ASTUONOiMlE.
Puis Tastronome se mit à expliquer le rôle multiple et considérable que sa
science de prédilection remplit dans l'ensemble des connaissances humaines.
A propos du café, il rappela que, s'il est entré dans nos mœurs, c'est
parce que, dès le principe, il put être transporté à des prix populaires, et
que c'est à l'observation des éclipses des satellites de Jupiter que la naviga-
tion dut de pouvoir calculer exactement la route des navires par la détermi-
nation des longitudes en mer. Cette remarque fut pour lui l'occasion de
rappeler en même temps que la navigation tout entière elle-même n'exis-
terait pas sans l'Astronomie, et que, sans elle également, le calendrier, base
de l'histoire, n'existerait pas davantage. Il conclut en montrant, au surplus,
que, sans l'Astronomie, nous ne saurions même pas où nous sommes^ sur quoi
nous marchons, quel lieu nous occupons dans l'univers inlBni, et serions
dans la situation des voyageurs qui voyagent sans cartes, ne savent jamais
où ils sont, et perdent ainsi plus de la moitié du plaisir des voyages. Enfin il
ajouta que si nous ne connaissions vraiment ni la nature -calorifique du Soleil
ni la position de notre planète dans le système solaire, ni la cause des saisons,
des années, des jours et des nuits, nous serions comparables à des aveugles-
nés ou à des plantes et n'aurions sur la création que des idées obscures,
étroites, inexactes et imparfaites. On s'accorda à reconnaître que l'Astronomie
nous touche beaucoup plus intimement qu'on ne le croit en général, que
non-seulement elle est la première des Sciences, mais encore que sa connais-
sance, au moins élémentaire, est indispensable à toute instruction qui veut
être sérieuse, complète, intégrale, rationnelle.
On n'aime jamais s'avouer vaincu, et le spirituel littérateur qui avait pro-
voqué cette discussion souriait d'un air sceptique.
€ Mais mon cher, ajouta l'éminent académicien, qui semblait avoir pris un
intérêt particulier à la tournure de la conversation, c'est justement ce que
disait Jean Reynaud. » Ce nom estimé et vénéré par nous tous sembla
une affirmation sans réplique, et l'on se leva de table pour se rendre au
billard.
Certes, ce n'est point par un de nos lecteurs que la question précédente
aurait pu être posée ; nous n'en voulons pour preuve que leur attachement
toujours grandissant à cette Revue qu'ils ont fondée avec nous, et qu'ils
soutiennent de leur affection en la répandant de plus en plus parmi leurs
amis moins avancés dans la connaissance de la vérité. Ils apprécient tous
aussi bien que nous l'intérêt perpétuel qui s'attache à l'étude de l'univers, et
ils ont éprouvé comme nous le charme pénétrant de ces excursions dans le
domaine de l'infini, d'où l'on revient toujours plus éclairé, plus instruit, plus
immatériel et meilleur.
Peut-être l'astronome auquel nous faisions allusion tout à l'heure eût-il
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885. 3
été plus embarrassé si Ton eût posé la question en ces termes : L'Astronomie
est-elle plus agréable qu'utile ou plus utile qu'agréable?
En efTet, ici même, toutes nos excursions ne se ressemblent pas. Selon
l'ancien adage latin, elles mêlent en général l'utile à l'agréable. Quelquefois
cependant c'est « l'utile » qui l'emporte sur « l'agréable », à ce point môme
que cette dernière qualité doit s'effacer complètement pour céder la place aux
exigences de la première. C'est ce qui arrive précisément pour ce premier
numéro de l'année, dans lequel il nous a paru opportun d'exposer l'ensemble
des faits astronomiques qui doivent caractériser l'année présente. Chacun
dès lors aura entre les mains le tableau du ciel et vivra, sans môme s'en
apercevoir, en familiarité perpétuelle avec les aspects célestes, comme le
citoyen dans sa patrie, comme l'habitant dans sa propre demeure.
Un grand nombre de nos lecteurs nous ayant représenté que VAlmanach
astronomique Flammarion^ fondé, l'année dernière, par M. Eugène Vimont, fai-
sait double emploi avec la Re\)ue^ et ayant manifesté le vœu de posséder, dans
le numéro du !•' janvier de chaque année, un exposé général des principaux
faits astronomiques spéciaux à l'année qui s'ouvre, ainsi qu'un résumé du
bilan astronomique de l'année qui se ferme, il a été décidé que l'Almanach
ne continuerait pas de paraître, et que le double desideratum auquel sa publi-
cation répondait serait réalisé dans la Revue. M. Vimont a bien voulu con-
sentir à la cessation d'un ouvrage qui lui était cher ; nous sommes heureux
de le remercier publiquement ici de ce rare désintéressement. Nous ferons
nos efforts pour que les lecteurs de la Revue trouvent désormais ici tous les
documents qui peuvent leur être utiles ou agréables pour l'étude du ciel, et
nous recevrons avec reconnaissance les remarques qui pourraient nous être
adressées sur les lacunes qui resteraient encore à combler.
Exposons d'abord l'ensemble des faits qui caractériseront l'année dans
laquelle nous entrons, et sur lesquels l'attention des observateurs doit être
appelée. Nous réserverons les détails pour nos éphémérides mensuelles.
PRINCIPAUX FAITS ASTRONOMIQUES DE L* ANNÉE 1885.
\ SOLEIL.
Le Soleil vient de traverser la période de son maximum de taches. Ce
maximum est certainement passé en ce moment, et dès le mois prochain nos
lecteurs pourront se rendre compte directement eux-mêmes des fluctuations
de l'activité solaire durant le cours de l'année 1884. Les taches comme les
explosions ont commencé à diminuer en nombre et en grandeur. L'étude de
la surface solaire n'en est peut-être que plus intéressante encore à continuer
4 L'ASTRONOMIE.
cette année, afin de saisir les alternances d'activité^ les chutes et les retours
qui se produiront. C'est comme une pulsation dont on étudie les symptômes.
La période de décroissance de la fièvre est commencée. Selon toute proba-
bilité, la diminution sera lente et troublée ; tandis que l'intervalle de l'accrois-
sement s'estétendu depuis janvier 1879 {Astronomie, 1884, p. 139 et 170) jus-
qu'en 1884 (nous connaîtrons bientôt l'époque précise du maximum), c'est-
à-dire sur une longueur de cinq années et quelques mois, la période de
décroissance va demander sept ou huit ans, de sorte que le prochain mini-
mum ne se produira que vers 1891. Malgré les comparaisons si fréquentes
faites, aujourd'hui que l'attention de tous les observateurs est appelée sur ces
phénomènes, on ne voit pas encore que ces fluctuations de l'activité solaire
agissent incontestablement sur les allures de l'atmosphère terrestre, sur l'état
météorologique du globe. Mais il est absolument certain que les variations
du magnétisme terrestre sont intimement liées avec celles de l'état physique
du Soleil.
LUNE.
Le nombre des observateurs attentifs et persévérants de la topographie
lunaire s'accroît fort heureusement de jour en jour. Ce n'est que par un
examen très scrupuleux des moindres détails observés sous les différentes
inclinaisons de l'éclairement solaire que l'on peut espérer surprendre des
témoignages de variation minéralogique, chimique ou végétale, et peut-être
même des témoignages de vie animale. Tout ce que Ton écrit pour nier caté-
goriquement l'existence d'êtres vivants à la surface de notre satellite est
dénué de valeur scientifique. Si rien ne prouve que la Lune soit actuellement
habitée, rien ne prouve non plus qu'elle ne le soit pas. Il n'est nullement
démontré que le fond de ses vallées soit dépourvu d'atmosphère. D'après les
analogies, il semble que notre voisine soit arrivée à un âge relativement plus
avancé que la Terre, et que la vie y soit peut-être déjà éteinte. Mais les con-
ditions physiques qui caractérisent ce monde sont tellement différentes de
celles qui caractérisent le nôtre, qu'il n'est ni scientifique ni philosophique
de s'en tenir à une étroite analogie. Ce que nous devons désirer de mieux à
l'heure présente, ce ne sont pas des paroles affirmatives ou négatives, mais
des actes ; et nous ne pouvons qu'engager très vivement tous ceux qui ont un
télescope ou une lunette à leur disposition, à choisir un point quelconque
de la Lune, à lire tout ce qui a été obtenu jusqu'à ce jour dans l'étude de ce
point, à s'y cantonner et à l'observer avec toute l'attention et toute la rigueur
possibles. De petites lunettes peuvent servir — à condition qu'il y ait un
bon œil au bout — mieux que de puissants télescopes mis à la disposition
d'observateurs indifiérents.
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885. 5
ÉCLIPSES.
Il y aura, en 1885, deux éclipses de Soleil et deux de Lune. Les deux
éclipses de Soleil seront invisibles pour la France; mais les deux éclipses de
Lune seront partiellement visibles, — toutefois, encore plutôt en théorie
qu'en pratique.
La première éclipse de Soleil est une éclipse annulaire et arrivera le
16 mars, de 3*»26" à 8*'23" du soir. Le Soleil, qui se couche, à cette date, à
6** 5™ pour Paris, sera par conséquent au-dessus de notre horizon pendant
une partie de l'éclipsé ; mais l'ombre de la Lune tombe sur l'Amérique septen-
trionale et la ligne de centralité marche de l'Océan pacifique au Groenland;
la limite boréale de l'ombre atteint même le pôle nord.
La deuxième éclipse de Soleil est une éclipse totale. Elle arrivera le 8 sep-
tembre, de 6^45" à 11*» 17° du matin, et, quoique le Soleil trône alors égale-
ment au-dessus de notre horizon, sera, comme la précédente, invisible pour
la France. L'ombre de la Lune tombe, au contraire de la précédente, vers le
pôle austral. La ligne de Téclipse centrale commence non loin des rives orien-
tales de l'Australie, passe sur la Nouvelle-Zélande et va finir près du pôle sud.
Les deux éclipses de Lune sont partielles. La première s'effectuera le
30 mars, dans l'après-midi :
Entrée dans la pénombre l^'SO" du soir.
Entrée dans l'ombre 3 8 »
Milieu de Téclipse 4 44 »
Sortie de l'ombre 6 19 »
Sortie de la pénombre 7 28 »
A Paris, la Lune se lève ce jour-là à 6*» 28™, de sorte que l'on ne pourra
même pas apercevoir la sortie de l'ombre. On remarquera seulement, au
lever de la Lune, que le disque lunaire paraîtra légèrement assombri vere la
droite. — Au milieu de la totalité, la grandeur de l'éclipsé sera de 0,88, le
diamètre de la Lune étant un. Les contrées les mieux situées pour l'obser-
vation sont la Chine, le Japon, Sumatra, la Nouvelle-Guinée, l'Australie.
La seconde éclipse de Lune aura lieu le 24 septembre :
Entrée dans la pénombre S*» 11" du matin.
Entrée dans Tombre 6 24 »
Milieu de Téclipse 7 58 »
Sortie de l'ombre 9 31 :»
Sortie de la pénombre 10 44 »
Ce jour-là, la Lune se couche, à Paris, à 5**45"*, avant l'entrée dans l'ombre;
autrement dit, pratiquement, on ne verra rien de l'éclipsé. Les pays les
mieux placés pour l'observation sont Panama, Guatemala, le Mexique, la Cali-
fornie et l'Est des États-Unis. La grandeur de Téclipse sera de 0,78, le dia-
mètre de la Lune étant un.
6 L'ASTRONOMIE.
GRANDES MARÉES.
On sait que, dans nos régions, les grandes marées arrivent un jour et demi
après la nouvelle et la pleine Lune. Leur grandeur varie selon les distances
de la Lune et du Soleil et selon leur position dans le cisl. Les plus fortes
marées de l'année seront celles des 9 septembre (1,08), 11 août (1,07),
!•' février (1,06), 2 janvier et 2 mars ( 1,05). Les chiffres entre parenthèses
sont ceux par lesquels il faut multiplier Tunité de hauteur des ports pour
obtenir la hauteur effective de la marée, en mètres, au-dessus du niveau
moyen de la mer. Ainsi, au port deSaint-Malo, par exemple, l'unité de hauteur
est 5", 68. Le 10 septembre, la marée s'élèvera donc dans ce port jusqu'à
6™, 13, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas moins de 12", 26 de différence entre la
basse mer et la haute mer. A Gran ville et dans la baie du Mont Saint-Michel,
la différence est encore plus grande. Ce sont les dates précédentes qu'il faut
choisir pour aller observer à Caudebec le phénomène si émouvant du mas-
caret, où l'on voit la Seine entière, chassée par le flot de mer, remonter son
cours avec la vitesse du galop d'un cheval, et, au Mont Saint-Michel, l'arrivée
et le départ de la mer dans l'immense estuaire qu'elle inonde et découvre
deux fois par jour.
OCCULTATIONS d'ÉTOILES PAR LA LUNE.
Dans le cours de l'année la Lune passera près ou devant plusieurs astres
remarquables.
Le 1" décembre, elle occultera la planète Uramis. Immersion de la planète
derrière notre satellite, à 5^10" du matin; émersion à 6'» 23".
Le 2 septembre et le 22 novembre, elle passera devant l'étoile Aldéharan,
de première grandeur. A la première date, le passage de l'étoile derrière le
disque lunaire aura lieu de l'»30™ à 2*» 2" du matin, et à la seconde date, de
9''57'" à IPS™ du soir. Il n'est pas très rare que la Lune passe devant cette
brillante étoile rouge du Taureau, et l'on a souvent remarqué qu'au moment
de l'immersion, l'étoile paraît entrer dans lïntérieur du disque lunaire ou
être vue au travers. Ce phénomène, qui avait d'abord été attribué à la réfrac-
lion d'une atmosphère lunaire, paraît être plutôt un effet optique causé par
la couleur de l'étoile et la réfrangibilité de ses rayons.
Le 22 février, la Lune passera tout près de la môme étoile, et Ton verra
plus loin que, d'après les calculs de M. Blot, elle l'occultera môme pour les
observateurs des bords de la Manche.
Il n'y aura pas d'occultations d'étoiles de 2** ou 3* grandeur, mais il y en
aura plusieurs de quatrième et de cinquième. On les trouvera sur notre
agenda, et l'on aura dans nos éphémérides mensuelles les indications rela-
tives aux circonstances des occultations et les figures des principales.
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885. 7
Il arrive souvent, dans la vie de chaque observateur, ou môme, sous une
forme plus générale, dans celle de tout amateur d'Astronomie, que, par une
belle soirée de ciel pur, on se demande ce qu'il peut y avoir d'intéressant à
voir au ciel au moment précis où Ton y pense. Les jours ou les semaines
qui ont précédé cette aspiration ont été interdits aux observations, le ciel
était couvert, ou des affaires plus pressantes nous en ont empochés. Ne pour-
rait-on pas posséder un tableau chronologique, un calendrier, un agenda
quotidien, où chaque jour, du premier coup d'œil, on pût se rendre compte
de Tétat des choses célestes? Sans doute, nos exposés mensuels indiquent
ponctuellement les curiosités astronomiques spéciales à chaque mois ; mais
elles ne sont pas inscrites dans Tordre des jours et comprennent de nombreux
détails dans lesquels le fait principal peut se trouver noyé. Nous avons
pensé que ce serait répondre à un besoin devenu très général que de rédiger
une sorte d'AoENDA quotidien contenant jour par jour les faits astronomiques
de nature à être observés par tous les amateurs. Simple et concis, cet agenda
facilitera notre « commerce intellectuel » avec le ciel. En le consultant, on
se rendra compte à première vue de la marche du monde astronomique
auquel nous nous intéressons.
On y trouvera : les phases de la Lune, ainsi que les dates des apogées et
périgées, les éclipses de Soleil et de Lune, les occultations d'étoiles par la
Lune, de la l"à la 5* grandeur inclusivement (pour les points de contact et les
circonstances, se reporter aux éphémérides de chaque mois); les rapproche-
ments remarquables et conjonctions des planètes entre elles ou avec la Lune,
le Soleil et les étoiles ; les maxima et minima des étoiles variables faciles à
observer (Algol, quand le minimum arrive avantminuit), oBaleine, x Cygne,
R Hydre, X Sagittaire ; les positions, périhélies, aphélies, oppositions et plus
grandes élongations des planètes ; les distances et diamètres du Soleil à l'a-
phélie et au périhélie; les plus grandes marées, etc., etc.
La colonne concernant chaque mois donne également Vétat du ciel étoile
et la situation des principales constellations. Il eût été démesurément long
d'entrer dans les détails des curiosités du ciel accessibles aux observations
de chaque mois et qui forment l'objet d'un volume tout entier qui leur est
exclusivement consacré {les Etoiles et les Curiosités du Ciel), et cet abrégé suffit
pour permettre de se rendre compte à première vue de ce qu'il y a d'inté-
ressant à observer au ciel. Enfin, on a eu soin d'indiquer, comme complé-
ment indispensable, quelles sont les planètes qui sont visibles et en position
favorable pour les observations. Nous avons fait nos efforts pour réduire à
son minimum la place typographique nécessaire à l'impression de cet
agenda.
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885.
1.
2.
3.
4. D
JANVIER
Grande maréo.
Occultation de « Cancer ( 4* gr- ) de 7* i 1 ••
à 8*>5" du matin; Ç en conjonction
inférieure avec Q.
^ en conjonction avec C- Après minuit,
à IS ZT à4»2' au nord.
5.
L
6.
M
7.
M
8.
J
9.
V
10.
S
11.
D
12
X L
13.
M
9 en conjonction avec C- A. O"* soir Ç
4*8' au sud.
14. M Ç en conjonction avec C- A 2'' soir
5 2*1' au sud. Minimum d' Algol :ll*l".
Cf en conjonction avec C- A minuit, cf à
5*42' au sud.
Minimum d^Âlgol à7*'jO". ç conjonc-
tion avec (i Sagittaire.
;&' passe tout près de l'étoile p Lion.
$ en conjonction avec Ç- A 10'' matin
$ à 1*6' au nord.
ï) en conjonction avec C« Après mi-
nuit, à î**, î) à 3*27'. $ plus grande
élongation 24*51' 0.
Maximum de e Baleine (Mira Ceti).
Occultation de X Gémeaux (4* gr.) de
2^37- à S»» Sb- du matin.
Ciel étoile.
Persée. Cocher. Andromède.
Petite Ourse. Cophée. Cassiopéc. Dra-
gon.
Est.... Lion. Cancer. Gémeaux. — Grande
Ourse au N.-E.
Sud.... Orion. Taureau. Pléiades. Bélier. —
Sirius au S.-E.
Ouest... Poissons. Pégase. Baleine. — Cygne
au S.-W.
Planél^s.
Jupiter, dans le Lion, à l'est de Régulus.
Saturne, dans le Taureau, au-dessous de ^.
Vénus, étoile du matin.
Mercure, le matin : 26 janvier.
15.
J
#16.
V
17.
S
18.
D
19.
L
20.
M
21.
M
22.
J
23.
V
î)24.
S
25.
D
26.
L
27.'
M
28 «M
29.
J
©30.
V
31.
S
Zénith .
Nord.
1. D
2. L
FEVRIER
Très grande marée. — ^ en conionc-
tion avec C- A 7*' matin ^ à 4* 9' au
nord.
Occultation de d Lion (5* gr.) de 8** 8"*
à 9'' S" du soir.
Minimum d'AlgoI à 9i>33"
Minimum d'Algol à 6h22">.
ç en conjonction avec 9- A minuit,
$ à 0*44' au sud. cf en conjonction
avec O-
$ aphélie.
$ et 9 ôQ conjonction avec C- A 10^
matin, 9 & 5*9' et $ à 6« au sud.
cT en conjonction avec £,. A 4'» matin
Cf à4«30'au sud.
^ en opposition avec Q.
Occultation de 38 Bélier, de 7*45- à
8»» 26- du soir.
La Lune passe tout cont e Aldcbaran
1) en conjonction avec C- A S*» matin
I) &3*44' au nord.
Minimum d'Algol à il>'15-.
Occultation de « Cancer j4« gr.) de 4'* 15-
à b^Q'^ du matin et de o Lion (4« gr.)
de 8»» 33- a 8'' 47- du soir.
28. S ZT en conjonction avec C- A midi ^ à
4«27' au nord. — cT périhélie
ael étoile.
Zénith. Cocher. Gémeaux. Taureau. Persée.
Nord... Petite Ourse. Céphée. Dragon.
Est .... Vierge. Lion. Cancer. — Grande Ourse
au N.-E.
Sud .... Grand Chien. Orion. — Hydre au S.-E.
Ouest.. Andromède. Pégase. Bélier. Poissons.
Planètes.
Jupiter, dans le Lion, à l'est de Régulus.
Saturne, dans le Taureau, entre « et p.
Uranus, dans la Vierge, contigu à i).
3.
M
4.
M
5.
J
a 6.
V
7.
S
8.
D
9 (
tL
10.
M
11.
M
12.
J
13.
V
14.
S
#15.
B
16.
L
17.
M
18.
M
19.
J
20.
V
21.
S
D22.
D
23.
L
24.
M
25irM
26.
J
27.
V
© - Soleil.
C --- Lune.
ç =- Mercure.
9 :- Vénus.
Cf = Mars.
ABÛÉVIATIONS.
2r = Jupiter.
î) = Saturne.
0 = Uranus.
§ = Neptune.
0 = Nouvelle lune.
® = Pleine lune.
D — Premier quartier.
@ — Dernier quartier.
tt = Lune apogée.
•R = Lune périgée.
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885.
MARS
Minimum d*Algol à S'' 4".
Grande marée.
9 aphélie.
Occultation de o Balance (4,5fgr.) ii>l"
à 2^12" matin, $ en conjonction avec
cr,àt-3'Budà2fc80ir.
Occultation de p* Sagittaire (4« gr. ), de
5*29- à 6^49- matin.
$ en conjonction supérieure avec O-
V passe près de Régulus.
Eclipse annulaire de soleil, de 3i>26" à
8"* 23" du soir. Invisible en France.
cT en conjonction avec C à 2» 32' à
G** matin.
17. M ç en conjonction avec C- A \> matin,
Ç à 1»37' au sud.
18. M
19. J
20. Y Soleil à l'équinoxe, à lO*» matin. Com-
mencement du printemps astronomi-
que.
21. S $ en opposition avec O. Minimum
d'Algol: 9»«46-.
I) en conjonction avec C- A 4'' soir,
I> à 3*56' au nord.
© 1.
D
2.
L
3.
M
4.
M
5.
J
6.
V
7.
S
C 8.
D
9«
L
10.
M
11.
M
12.
J
13.
V
14.
S
15.
D
• 16.
L
22. D
3> 23<L
24. M
2b. M
26. J
27. V
Minimum d'Algol à 6*35-.
m: en conjonction avec C- A 3* soir,
V à 4*40' au nord.
28. S 9 en conjonction avec cT. Après mi-
nuit, & 3* matin 9 à 0*36' au sud. —
$ périhélie.
29. D
<S30. L
31. M
Eclipse partielle de lune, de 1*59- à
7'' 28- du soir. Lever £ à 6*28».
Ciel étoUé.
Zénith. Grande Ourse. Gémeaux. Cocher.
Nord... Petite Ourse. Céphée. Cassiopée.
Est ... . Vierge. Chevelure. Lion. — Dragon au
N.-E.
Sud .... Hydre. Navire. Licorne. Petit Chien.
Ouest.. Taureau. Bélier. — Orion au S.-W.
Cassiopée au N.-\V.
Planètes
Jupiter, dans le Lion, contigu à Régulus.
Saturne, dans le Taureau, entre a et p.
Uranus, dans la Vierge, à l'ouest de ij.
AVRIL
1. M
2. J
3. V
4. S
5. D
6a L
e 7. M
8. M
9. J
10. V
11. S
12. D
13. L
14. M
$ à sa plus grande élongation orien-
tale: 19» 15'. •
Minimum d'Algol à 11*28">.
• 15. M
16. J
17. V
18 t: S
19. D
20. L
:d2i. M
22. M
23. J
24. V
25. S
26. D
27. L
28. M
(® 29.
30.
Minimum d'Algol à 8* 17-.
cT en conjonction avec Q. A 6* matin
cT à 0» 12' au sud. A 8* soir 9 en con-
jonction avec C 0»6' N.
Grande marée. — Ç en conjonction
avec C- A 7* matin Ç à 6«2i' N.
ï) en conjonction avec C. Après mi-
nuit, à 1* à 4M' N.
Occultation de \ Gémeaux (4« gr.) de
11*10- à 11*36- du soir.
Occultation de x Lion (5«gr.) do 7*3«
à 7*54- Boir. ^ en conjonction avec
Câ7*80ir4«3rN.
Occultation de d Lion (5* gr.) de ll*2i'>
à 12* 15- du soir.
$ en conjonction inférieure avec Q.
Ç en conjonction avec 9. A 7* soir
$ à 1-42' N.
Ciel étoUé.
Zénith .
Nord...
Est....
Sud....
Ouest..
Grande Ourse. Lion. —Dragon au N.-E
Petite Ourse. Céphée. Cassiopée.
Bouvier (Arcturus). Chevelure. Ba-
lance. Vierge.
Corbeau. Hydre. Licorne. Procyon.
Gémeaux. Orion. Taureau. Pléiades.
Planètes.
Jupiter, dans le Lion, contigu à Régulus.
Saturne, dans le Taureau, au-dessous de ^.
Mercure, le soir : 7 avril.
Uranus, dans la Vierge, à l'ouest de ij.
1*
iO
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885
9 en conjonction supérieure avec ©.
MAI
1. V
*2. S
;UD
4. L
5. M
6. M
€ 7. J
8. V
9. S
10. D
11. L ç aphélie.— Ç en conjonction avec $,
à 1*»15' N. à 11"» soir.
12. M
13. M Ç et cT en conjonction avec C- A ^^
matin, Ç à 0«21' S, cf à 2*4' N. A 11«»
Ç 2«27'Sdecr.
0 14. J 9 en conjonction avec C- A. G"* soir 9
à3«4r N.
15 s V
IG. S Grande marée. — If) en conjonction
avec C. à 4«2' N à S** soir.
17* D
18. L
19. M Occultation de «Cancer (4» gr.) de 11* O"
à 11»» 24™ du soir.
20. M
S 21 . J ^' en conjonction avec C à 4* 17' N à 3^
m itin.
22. V
23. S
24. D
25. L $ à sa plus grande élongation occiden-
tale 24« 4b' à l"" soir.
26. M
27. M
©28. J
29. V
30. S
31a D
Occultation de 0 Balance (4,5 gr.) de
2»' 22» àSi^l^du matin.
^ passe près do Régulus.
Gi«l étoile.
Zénith. Grande Ourse. Chiens de Oljasse. Che-
velure.
Nord.. . Petite Ourse. Cassiopée. Céphêe.
Est.. . Scorpion. Balance. Hercule. Serpent.
Bouvier. Couronne. — Lyre au N.-E.
Sud ... . Hydre. Corbeau. Vierge.
Ouest. . Cancer. Gémeaux. Cocher. — Lion
au S.-W.
Planètes.
Jupiter, dans le Lion, à l'ouest de Rcgulus.
Saturne, dans le Taureau, au-dessous de p.
Mercure, le matin : 25 mai.
Uranus, dans la Vierge, à l'ouest de r,.
L
M
M
J
V
JUIN
Ç en conjonction avec ^. A 7*' soir,
Ç à 1*6' S.
e 6. S
7. D Minimum de x Cygne. 9 en conjonction
avec ï). A 10"» soir 9 à 1»32' N.
8.
L
9.
M
10.
M
O' en conjonction avec îJ.A 11»* soir
CT à 1»29' N. Après minuit, àl'' cT en
conjonction avec C à 3*51' N.
11.
J
^ en conjonction avec C. ^^ soir à
2*47' N.
#12.
V
13 T
S
î) en conjonction avec C ^ 6'' matin m
4» 3' N. A 5*» soir 9 ©n conjonction
avec Cl à5«48'N.
14.
D
Grande marée.
15.
L
IG.
M
17.
M
ÎT en conjonction avec C» à ^"^ soir
à3«4VN.
18.
J
D 19.
V
20.
S
21.
D
Soleil au solstice, à 7»» matin. Commen-
cement de Tété astronomique.
22.
L
^3.
M
24.
M
Ç périhélie, conjonction avec ï) a
1*41' N. à 4k matin.
25.
J
26.
V
9 périhélie.
® 27.
. S
ç en conjonction supérieure avec ©.
28.
D
29.
L
30.
M
Ciel étoile.
Zénith . GrandeOurse. Bouvier. Cœur de Charles.
Nord... Petite Ourse. Céphée. Cassiopée. —
Cygne au N.-E.
Est Sagittaire. Scorpion. Aigle. Lyre. Her-
cule. Couronne. — Ophiuchus au S.-E.
Sud Vierge. Arcturus. Balance. Corbeau.
Ouest.. Lion. Cancer. Castor et Pollux. — Ca-
pella au N.-E.
Planètes.
Jupiter, dans le Lion, contigu à Régulus.
i Uranus, dans la Vierge, entre p et r,.
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885.
i\
1
M
2
J
3
V
4.
S
C 5.
D
6.
L
7.
M
8.
M
9.
J
10.
V
llie S
#12.
D
13.
L
14.
M
15.
M
16.
17.
V
18.
S
»19.
D
20.
L
21.
M
22.
M
23.
J
24 «
V
25.
S
26.
D
©27.
L
28.
M
29.
M
30.
J
31.
V
JUILLET
Soleil à l'apogée ou Terre à Taphélie :
Distance © = 150516000^». Diamè-
tre =3r32'.
Minimum d'AlgoI à 11*50".
Appulse de {* Poissons ( 5« gr. ) de 2»» 46'»
du matin, à 1'? du bord lunaire.
Minimum de X Sagittaire.
Minimum d'AIgol à 8»' 44-.
cT en conjonction avee C» à 5«7' N à
g* soir.
î} en conjonction avec C» à 4«7' N à 11*»
soir. Maximum X Sagittaire.
^ passe près de p du Lion.
Grande marée. — Ç on conjonction
avec C à 5«39' N a midi, ç en con-
jection avec C à 5«22' N à 3»» soir.
Minimum de X Sagittaire.
?r en conjonction avec C. '^ 3» 7' N, à
7* matin.
$ on conjonction avec 9 à 0« U' S à 2»'
soir. Maximum X Sagittaire.
ï) contigu à ri des Gémeaux.
Minimum de X Sagittaire.
Maximum de X Sagittaire.
^ en conjonction avec Rêgulus, à 0« 12'
au sud, à 7"» matin.
Minimum d'AIgol à 10»'26-. Minimum
X Sagittaire.
Maximum de X Sagittaire.
Ciel étoUé.
Zénith.
Nord...
Est.
Dragon. Hercule. Bouvier.
Petite Ourse. Cassiopée. Capella à l'iio-
rizon.
Dauphin. Flèche. Aigle. Cygne. Véga.
Capricorne. Sagittaire au S.-E.
Sud.... Couronne. Serpent. Ophiuchus. Ba-
lance. Scorpion.
Ouest.. Grande Ourse. Cœur. Chevelure. Lion.
Vierge.
Planètes.
Jupiter, dans le Lion, à l'est de Régulus.
Vénus, étoile du soir.
Uranus, dans la Vierge, entre p et »|.
Saturne, se lève à 2«'35'» le 15. Gémeaux.
1. S
2. D
€ 3. L
4. M
5. M
6. J
7.
V
SicS
9.
D
#10.
L
11.
M
12. M
13. J
14. V
15. S
16. D
3 17. L
18. M
19. M
20. J
21a V
22. S
23. D
24. L
)25. M
26. M
27. J
28. V
29. S
30. D
31. L
AOUT
Minimum de X Sagittaire.
ï) en conjonction avec j* Gémeaux, à
0«4' au sud à b^ soir. — Ç à sa plus
grande élongation E. : 27«2r.
d" en conjonction avec î) et n Gémeaux.
Ç aphélie.
Maximum de X Sagittaire.
$ en conjonction avec Q à 3«42' S à
5*» soir.
Très grande marée. — Minimum de
X Sagittaire.
ç en conjonction avec C à 9»» matin,
à 1*55' S et 9 id. à midi, à 2o 13' N.
Maximum de X Sagittaire.
Minimum d'AIgol à 12»» 9«.
Minimum de X Sagittaire.
Minimum d'AIgol à 8'» 57».
Occultation de ?* Sagittaire (4» gr.) de
i2«»47» à son coucher. Maximum de
X Sagittaire.
^ en conjonction avec § , à 0» 13' N j
2>» soir.
Minimum de X Sagittaire.
Maximum de X Sagittaire.
Zénith.
Nord...
Est ... .
Sud....
Ouest..
Ciel étoUé.
Tête du Dragon. Véga. Hercule.
Petite Ourse. CapeUa à l'horizon. An-
dromède et Cassiopée au N.-E.
Cygne. Aigle. Dauphin. Pégase. Ver-
seau. Poissons.
Sagittaire. Scorpion. Ophiuchus.
Couronne. Bouvier. Cœur. Chevelure. —
Gr. Ourse au N.-W.
Planètes.
Vénus, étoile du soir. Partie éclairée = 0,88.
Mercure, le soir : 5 août.
Mars se lève à 1* du matin le 15. Gémeaux.
Saturne se lève à 2»'35« le 15. Gémeaux.
12
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885.
t.
M
€
2.
M
3.
J
4.
V
5.
S
6«
cD
7.
h
•
8.
M
9. M
SEPTEMBRE
Occultation de «* et 9* Taureau de son
lever à 10*> 56". Minimum de e Baleine.
Occultation d'Aldéb&r&n (!'• gr.) de
1*30" à 2*2- du matin, Ç en conjonc-
tion inférieure avec O.
|> en conjonction avec C à 4»17' N à
3** matin. Maximum de X Sagittaire.
CT en conjonction avec C ^ &*33' N à
7*» matin.
Maximum de R Hydre (4,7) [min. = 10,0].
Éclipse totale de soleil, de 6*45~ à
il* 17" matin. Invisible en France.
^ en conjonction avec O et C*
Plus grande marée de Tannée. Âlgol :
10»'40-.
Rencontre de Ç avec TÈpi de la Vierge.
Ç en conjonction avec Ct à 2«27' S à
10* matin. Maximum X Sagittaire.
Minimum d'Algol à 7'' 29"».
Minimum de X Sagittaire.
$ à sa plus grande élongation occiden-
tale 17*51'. Maximum X Sagittaire.
5 périhélie.
Soleil à l'équinoxe à 9* soir. Commen-
cement do Tautomne astronomique.
Éclipse partielle de Lune, de 5*11» à
10* 44" du matin. Coucher C À 5*45«.
Occultation de yt, Poissons (5* gr.) de
8*16- à 9*17- du soir.
Ç en conjonction avec ^, à 0*52' N, à
9* matin.
Occultation de t Taureau (4* gr.) de
11*55- à minuit 47-.
Appulse de»' Taureau (4« gr.) à 5*21»
du matin, à 0',2 du bord lunaire.
Ciel étoUé.
Cygne. Lyre. Céphée.
Petite Ourse. Capella au N.-E., Persée,
Cassiopée.
Est Gémeaux. Taureau. Bélier. Andromède.
Pégase.
Sud. . . . Aigle. Sagittaire. Capricorne. Verseau.
Fomalhaut & Thorizon.
Ouest. . llercule. Couronne. Bouvier. Vierge.
Planètes.
Saturne se lève à 10*56- le 15. Gémeaux.
Vénus, étoile du soir. Partie éclairée = 0,81.
Mercure, le matin : 18 septembre.
Mars se lève à minuit 48- le !•', sous ^Castor et
PoUux.
10.
J
11.
V
12.
S
13.
D
14.
L
15.
M
»16.
M
17. J
18.
V
19.
S
20.
D
21.
L
22.
M
23.
M
®24.
J
25.
V
26.
S
27.
P
28.
L
29.
M
30.
M
Zénith
. (
Nord.
. ]
Est....
. (
OCTOBRE
CE i* J Occultation de x Gémeaux (4*gr.) de
minuit 46- à 1*37-. |) en conjonction
avec C : 4« 15' N à 11* matin.
2. V Minimum d*Algol à 9*11-. Maximum
X Sagittaire.
3is S cf en conjonction avec C • 5*4' N à
7* soir.
4. D
5. L $ en conjonction avec $: 2*1' N à
2* matin.
6. M ^ en conjonction avec C '• 1*25' N à
5* soir.
7. M $ en conjonction avec C - 0*29' N à
8* soir.
• 8. J
9. V Grande marée. Maximum X Sagittaire.
10. S
11. D 9 en conjonction avec C- 6*23' S à
midi.
12. L
13. M Minimum de X Sagittaire.
14. M
15 « J $ en conjonction supérieure avec Q.
— ç aphélie.
9 16. V Maximum de X Sagittaire.
17. S
18. D Rencontre de 9 avec Antarès.
19. L I) périhélie.
20. M
21. M ^ passe près de p de la Vierge.
22. J Minimum d'Algol à 10*53».
©23. V
24. S
25. D Minimum d'Algol à 7*42».
26. L
27. M
28 « M |> en conjonction avec C '• 4*8' N à
5* soir.
29. J
C30. V
31. S
Ciel ètoUè.
Zénith. Cygne. Céphée. Cassiopée.
Nord.. . Petite Ourse. Dragon. Grande Ourse. —
Cocher au N.-E.
Est Cancer. Gémeaux. Bélier. Pléiades.
Andromède. Persée. — Aldébaran se
lève.
Sud Pégase. Verseau. Capricorne. Fomal-
haut.
Ouest.. Lyre. Hercule. Couronne. Ophiuchus.
Sagittaire.
Planètes.
Saturne, dans les Gémeaux, sous ■.
Vénus, étoile du soir. Partie éclairée = 0,72.
Mars, dans le Cancer.
Jupiter, étoile du matin.
AGENDA ASTRONOMIQUE POUR 1885.
43
1. D
2. L
3. M
4. M
5. J
# 6. V
7. S
8. B
». L
10. M
NOVEMBRE
cf en conjonction avec C : 4*16' N à
4^ matin.
$ aphélie. ^ en conjonction avec C '
0»52'Nàltfcmatin.
$ en conjonction avec C ^ 6« 16' S à
9»' soir.
9 en conjonction avec C' 7*49' S à
8^ soir.
11. M Minimum d*Âlgol à minuit 35*. Ç près
1 Sagittaire (2|gr.).
Minimum d'ÂigoI à 9^24».
12 a J
13. V
9 14. S
15. D
16. L 1$ en opposition avec O.
17. M Minimum d'Algol à 6i> 13".
18. M
19. J
20. V
:i. s
® 22. D Occultation de ft' et •* Taureau (4«gr.)
de 6^36- à 7»'21-, et d'Aldébaran de
9^57- à 11*8-.
23. L Grande marée.
24 «M î) en conjonction avec C • 3*59' N â
11** matin.
25. M
26. J
27. V
28. S
C 29. D cT en conjonction avec £: 3*23' N à
9* matin.
30. L :^ en conjonction avec C ^ Oo20 N à
lissoir. $ à sa plus grande élonga-
tion2M4'E.
Ciel étoUé.
Zénith. Cassiopée. Andromède. Persée.
Nord . . Petite Ourse. Céphée. Dragon. Grande
Ourse.
Est — Lion. Cancer. Gémeaux. Cocher. Tau-
reau . Pléiades. — Orion se lève.
Sud.... Pégase. Bélier. Verseau. Poissons. Ba-
leine. Fomalhaut.
Ouest.. Cygne. Aigle. Lyre. — Capricorne
au S.-W.
Planètes.
Saturne, dans les Gémeaux, entre t et |a.
Vénus, étoile du soir. Partie éclairée = 0,61.
Mercure, le soir : 30 novembre.
Mars, dans le Lion. Partie éclairée = 0,90.
Jupiter, étoile du matin.
1. M
2. M
3. J
4,
5
• 6,
V
S
D
7. L
8. M
DECEMBRE
Occultation d'Uranus (6«gr.) de5i>10'"
à6*>23'-dumatin.
Occultation de % Vierge (4,5 gr.) do
4»'28"à5k8-dumatin.
Minimum d'Algol à li>>17'-. .
Minimum d'Algol à7i>55".
ç en conjonction avec C : 6*3' S à
6* matin.
9. M 9 à sa plus grande élongation orien-
tale 47«16'. ^ contigu à ii Vierge.
10 « J 9 en conjonction avec C' 5*56' S à 11<*
soir. Algol : 4*>44".
11.
12.
13.
D 14.
15.
16.
17. J
18. V
19. S
20. D
©21. L
22«M
23. M
24. J
25. V
26. S
27. D
$ périhélie.
9 en conjonction inférieure avec Q.
Appulse de y Taureau |4«gr.) à 4''24"
du matin, à 2',3 du bord lunaire.
Soleil au solstice à 3^ soir. Commence-
ment de rhiver astronomique.
ï) en conjonction avec C ^ 3*58' N à
5^ matin.
Grande marée.
Minimum d'Algol à minuit 49".
I> en opposition avec O.
Occultation de x Lion (5* gr.) de 6^1"*
à 7»» 4- matin. Algol : 9^38- soir.
@ 28. L ÎT en conjonction avec C : 0«5' S à
9^ matin.
29. M Occultation de» Vierge (4,5 gr.) de 4>> 16-
h 5i>28« du matin.
30. M Minimum d'Algol à 6^27-.
31 . J Soleil au périgée ou Terre au périhélie :
Distance O = 145 525000^». Diamè-
tre =32'36'.
Ciel étoUé.
Zénith. Persée. Andromède. Cassiopée. Bélier.
Nord... Petite Ourse. Céphée. Dragon. Grande
Ourse.
Est ... . Capella. Lion. Cancer. Gémeaux. Pro-
cyon. Taureau. Orion.
Sud.... Poissons. Baleine. Eridan. — Verseau
au S.-W.
Ouest. . Capricorne. Pégase. Cygne. — Véga au
N.-W.
Planètes.
Jupiter, se lève à minuit à la fin du mois.
Saturne, en plein sud le soir, au-dessous de
p Taureau.
Vénus, étoile du soir. Partie éclairée = 0,47.
Mars, dans le Lion. Partie éclairée = 0,90.
14
L'ASTRONOMIE.
PLAJ^ÈTES.
Nous inscrirons les planètes dans Tordre de Tintérêt qu'elles offrent aux
observateurs, en commençant par les plus importantes. Comme il s'agit
surtout ici d'observations à faire à l'aide d'instruments de moyenne puis-
sance, à l'aide de jumelles ou môme à l'œil nu, c'est l'ordre de leur éclat qui
les caractérise au point de vue qui nous occupe, et aussi les époques de leur
visibilité. Nous suivrons ici cet ordre logique et tout humain.
Jupiter.
Le monde le plus considérable de tout notre système solaire est actuelle-
ment dans une excellente position pour être observé par les astronomes de
la Terre. Le 15 janvier, il se lève à S^ du soir, passe au méridien à 3** du
Fig. 1.
S E X T A
xn
XI
Marche et po:^itioiis de la planète Jupiter pendant l'année 188j.
matin, et de jour en jour avance dans son lever et dans son passage au méri-
dien. 11 brille donc en plein sud, traversant le méridien à une grande hau-
teur, le 1*' février à î'^ST^du matin, le 15 à minuit 35"; le !•' mars à li*'29",
le 15 à 10'»27'»; le 1" avril à 9M5-, le 15 à 8M8»; le 1" mai à 7M5», le 15 à
6>»23"»; le 1" juin à 5»»22'», le 15 à 4''35". Le 1*' juillet, il se couche à lO'^ST'»,
et le 15 à 9"* 47". Dès lors il disparaît au crépuscule.
On voit donc que sa période de visibilité s'étend sur l'hiver, le printemps
et même une partie de l'été. Il trône dans la constellation du Lion, va passer,
le 20 janvier, tout près de l'étoile p, de 4» grandeur, à 1^6' seuloment au
nord, rétrogradera vers Régulus qu'il atteindra le 15 mars. Ce jour-là, dans
la matinée, la belle planète passera à 50' seulement au nord de l'astre du
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 4885. 15
Lion. Continuant sa marche, elle rétrogradera jusqu'au 22 avril, s'arrêtera
au-dessus de Tétoile v du Lion, puis reviendra sur ses pas, repassera au nord
de Régulus le 30 mai à 10** du matin, à 41' seulement, repassera également
au-dessus de p le 12 juillet, et continuera sa marche directe vers Test pour
atteindre p de la Vierge le 21 octobre, tj le 9 décembre et s'approcher de y au
commencement de 1886. Le 21 octobre, Jupiter sera redevenu étoile du
matin, se levant dès 3**30", et le 9 décembre, il se lèvera dès P. On pourra
donc observer ces deux rapprochements remarquables. Dans la soirée du
21 octobre, la distance des deux astres descendra à 25', Jupiter passant au
nord de p. Le 9 décembre, à 10** du soir, la distance entre la planète et
l'étoile Y) s'abaissera à dix minutes d'arc.
Indépendamment des remarques à faire sur les configurations changeantes
des quatre satellites de la planète, sur les éclats de ces satellites, etc., on
s'intéressera toujours à observer et à dessiner l'aspect de la planète elle-
même, ses bandes équatoriales, ses taches et ses nuages. L'immense tache
rouge visible depuis 1878 paraît être à peu près effacée. Ce vaste monde est
actuellement le siège de transformations nouvelles à sa surface et dans son
atmosphère. Tous les documents relatifs à son observation et les dessins de
son aspect actuel seront donnés dans la Revue.
Saturne.
La merveille de notre système se présente dans sa position la plus favo-
rable aux observations, offrant à nos yeux son système d'anneaux dans sa
perspective d'ouverture maximum. Saturne brille actuellement tous les soirs
dans la constellation du Taureau, en même temps que Jupiter illustre le
Lion, passant au méridien à 10"* du soir. Aussi est-il en ce moment l'objet de
l'étude attentive des astronomes. Comme Jupiter, ses heures d'observation
vont avancer de jour en jour. Les passages au méridien auront lieu, le
1«' février à 8»»17°», le !•' mars à 6»'27'", le 1*' avril à 4»» 32», le 1" mai à 2»» 46" ;
il se couche le 1" mai à 10** 40" et le 15 à 9** 50™. Dès lors il descend dans
Téclairement du crépuscule et disparaît de notre sphère d'observation pour ne
reparaître qu'en automne. Le 1" octobre il se lèvera à 9** 56° et passera au
méridien à 5**54° du matin; le 15 il se lèvera à 9** 3°, et atteindra son point
culminant à 5** ; le 1" novembre lever à 7** 55° et passage au méridien à
3** 53°, le 15 à 7** et 2'* 56°; le 1" décembre lever à 5° 50° et passage au
méridien à P50°; le 15, 4**51° et minuit 50°; le 1" janvier 1886, le passage
au méridien arrive avant minuit, à 1P33°.
La belle planète trône au-dessous de Tétoile p du Taureau, do 2* grandeur,
rétrograde vers l'ouest jusqu'au 17 février, puis prend son mouvement direct
vers l'est pour s'avancer vers les Gémeaux. Elle arrivera le 9 mai près de
16 L'ASTRONOMIE.
l'étoile 121 Taureau, de 6« grandeur, le 20 juin près de Tétoile 132, et le
30 près de Propus, la première des Gémeaux.
Continuant son cours, elle passera le 20 juillet prescjue sur Tétoile tj, de
3® grandeur. Ce jour-là, à 7** du soir, le centre de la planète ne sera qu'à
29^,5 au sud de Tétoile, le diamètre de la planète sera de 15'', 2, le grand axe
Fig. 2.
VK
,^Jf^
EAU
"^^
.di^Ban^
.AU
Marche et positions de la planète Saturne pendant Tannée 1885.
de Tanneau de 37*,8 et le petit axe de 16^,8. Cette conjonction serait fort inté-
ressante à observer; à cette date la planète se lève à 2** 18"* du matin et
passe au méridien à 10*». Elle arrivera le 6 août sur fx des Gémeaux, de même
grandeur, et sur Mars. Continuant son cours céleste, elle suivra la même
direction jusqu'au 20 octobre, s'arrêtera et rebroussera chemin pour rétro-
grader vers Touest jusqu'à la fin de Tannée.
GRANDEURS PERSPECTIVES DE L* ANNEAU A SON MAXIMUM D'OUVERTURE.
!•' décembre
20 décembre
8 janvier
28 janvier
17 février
9 mars
29 mars
18 avril
8 mai
17 juin
7 juillet
16 août
5 septembre
15 octobre
4 novembre
24 novembre
14 décembre
1»' janvier
1884
1884
1885
1886
Anneau
Grand axe.
46',44
46,54
45.93
44,75
43,25
41,68
40,22
39,01
38,12
37,35
37,50
38,84
39,99
42,95
44,48
45,75
46,51
46,57
extérieur.
Petit axe.
20',80
20,90
20,68
20,19
19,56
18,90
18,29
17,76
17,34
16,84
16,77
17,01
17,34
18,41
19,09
19,76
20,27
20,48
Anneau
Grand axe.
30',88
30,95
30,54
29,76
28,76
27,71
26,75
25,94
23,35
24,84
24,94
25,83
26,59
28,56
29,58
30,43
30,93
30,98
intérieur.
Petit axe
13',83
13,90
13,75
13,43
13,01
12,57
12,16
11,81
11,53
11,20
11,15
11,31
11,53
12,24
12,69
13,14
13,48
13,63
Diamètre
polaire
du globe.
18% 0
18,6
18,4
18,0
17,4.
16,8
16,2
15,7
15,4
15,0
15,1
15,6
16,0
17,2
17,8
18,4
18,6
18,7
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885. 17
On voit que nous sommes actuellement, depuis le mois de décembre, au
maximum d'ouverture des anneaux. Les variations sont dues aux change-
Fig. 3.
Maximum d'ouverture des anneaux de Salurneen 1885 et variation générale de leur perspective.
ments de position de la Terre dans le cours de Tannée. Dans un an nous
retrouverons à peu près les mêmes aspects; mais la perspective va changer
Fig. 4.
Esquisse géométrique pour le maximum d'ouverture des anneaux.
;(Écliollo:2" = r.)
et la largeur apparente du système va diminuer, à partir de Tannée pro-
chaine, jusç[u*en 1891-1892, époque à laquelle ces curieux anneaux ne se
48
L'ASTRONOMIE.
présenteront plus à nous que par la tranche, comme il est arrivé en 1862
{voir fig.i).
La fig. 4 donne les proportions géométriques précises du système d'an-
neaux, à son maximimi d'ouverture (décembre 1884. — janvier 1885), à
Téchelle de 2»" pour T. La Revue publiera les dessins de Taspect téle-
scopique actuel.
Le système des satellites se présente également dans sa largeur maximum.
Nous en reproduisons le diagramme, d'après M. Marth {The Ob8ervatory).Le
Fig. 5.
Inclinaison actuelle des orbites des satellites de Saturne.
satellite le plus éloigné n'a pu être inséré dans le tableau à cause de sa grande
distance.
Vénus.
Vénus est encore étoile du matin; elle se rapproche du Soleil, et le 4 mai
prochain elle passera derrière lui. Dès le commencement de juin, elle se
dégagera lentement des rayons de Tastre du jour, retardant graduellement
sur lui, passant au méridien, le 15 juin à midi 49", le 1" juillet à l^'ll".
A partir de cette époque on pourra l'observer comme étoile du soir. Le
15 juillet, elle se couche à 9**2", soit une heure après le Soleil. Le 1" août elle
se couche à 8** 40", P3" après le Soleil; et se couche le 1" septembre à
7M3", 1»»2'» après le Soleil; le 1«' octobre à6>»52", 1M5" après le Soleil;
le 1" novembre à 6*»36", avec un retard de deux heures, et le 1" décembre
à 7^20", avec un retard de 3^16". Elle arrive le 8 à sa plus grande élongation
du Soleil. C'est l'époque la plus favorable pour son observation. Son disque,
qui était circulaire en mai, commence à montrer une phase sensible dès
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885.
19
juillet, et la portion éclairée diminue de plus en plus. En décembre l'aspect
de la planète rappellera celui de la Lune en quadrature. Nous avons repré-
senté ces phases (fig. 6) à Téchelle de 1"'" pour 2*.
Construisons la carte de son mouvement pendant sa période de visibilité,
Fig. 6.
Phases de Vénus en 1885.
(Échelle :]•• = 2'.)
soit du 1" juillet au 31 décembre, ou plutôt commençons-la dès le 7 juin, car
ce joui*-là elle passe tout près de Saturne ; malheureusement cette conjonc-
tion sera bien difficile à observer, môme à l'aide d'une lunette, car elle se
produira à une faible distance du Soleil, et les deux planètes se couchent à
Fig. 7.
^SS^PS,
Marche et positions de la planète Vénus pendant Tannée 1885.
8**36" et 8**42", c'est-à-dire trente-huit minutes seulement après le Soleil.
Pendant le jour, Saturne eàt trop pâle pour être observable. Vénus arrivera
le 27 juillet près de Régulus, à P22' au nord. Elle atteint Jupiter le 6 août.
Mais tous ces rapprochements auront lieu pendant le jour. Rapidement elle
traversera les constellations du Lion, de la Vierge, de la Balance, du Scorpion,
du Sagittaire et du Capricorne pour entrer dans le Verseau le 1*' janvier 1886.
20 L*ASTUONOMIB.
Notons le long de cette marche quelques rapprochements intéressants :
VÉpi de la Vierge de !*• grandeur le 10 septembre.
Antarès de !'• grandeur le 18 octobre.
X Sagittaire, de 2* grandeur le 11 novembre.
Mercure.
Toujours presque perdue dans les rayons du Soleil, cette planète si proche
de Tastre central ne devient visible pour nous qu'à ses plus grandes élon-
gations, qui arriveront aux époques suivantes :
26 janvier, plus
grande élongation du matin.
7 avril
— — soir.
25 mai
— — matin.
5 août
— — soir.
18 septembre
— — matin.
30 novembre
— — soir.
C'est à ces époques que Ton pourra, pendant ime huitaine de jours en
moyenne de part et d'autre des dates inscrites, découvrir Tastre de Mercure,
étoile de première grandeur presque eflfacée dans la lumière des crépuscules
du matin et du soir.
Il n'y a guère à espérer observer de rapprochements de Mercure avec les
planètes ou les étoiles, à cause de la rareté des circonstances qui permettent
de l'observer lui-môme. Ses conjonctions avec la Lune sont un peu moins
interdites à l'observation; elles ont été signalées plus haut. On trouvera ses
levers, couchers, écarts du Soleil» dans nos instructions mensuelles.
Mars.
La planète la mieux située pour nos observations, celle dont l'étude
géographique et météorologique est la plus facile, se trouve actuellement
éloignée en des parages inaccessibles. Elle passe derrière le Soleil le 1 1 février.
Revenant lentement vers notre séjour, elle redeviendra accessible à nos
observations à partir du mois d'août. Le 15 de ce mois, elle passe au méridien
à 9** du matin et se lève à 1*». C'est la section de son orbite la plus éloignée de
l'orbite terrestre que nous pouvons observer ces années-ci, et c'est son hémi-
sphère boréal, qui, comme on le sait, justement à cause de cette coïncidence,
est le moins connu. Les observations peuvent être fécondes pendant l'au-
tomne et l'hiver prochain. Le 1" septembre, Mars se lève à minuit 48", et
passe au méridien à 8*»46"; le 1" octobre, lever à minuit 27", passage au
méridien à 8*» 5"; le !•' novembre, lever à minuit, méridien à 7*» 13»; le
j
ANNUAIRE ASTRONOMIQUE POUR 1885. 21
1" décembre, lever à 11»»23", méridien à6M2»; le 1" janvier 1886, lever à
10*»25", méridien à 4*»52". Distanœs à la Terre :
1*' septembre
300 millions de kilomètres
!•' octobre
272 -
—
!•' novembre
237 —
—
!•' décembre
198 -
—
!•' janvier 1886
156 —
—
Il arrivera le 3 décembre en quadrature avec la Terre et aura un dixième
de son disque d'entamé. Il n'atteindra son opposition derrière nous relative-
ment au Soleil que le 6 mars 1886. Alors il passera au méridien à minuit et
se retrouvera en position favorable pour nos observations.
Traçons également son cours pour sa période de visibilité. Le V sep-
Fig. 8.
:xi
IX
vni
Marche et positions de la planète Mars pendant Tannée 1885.
tembre, il sera visible dans la constellation des Gémeaux; le 12 il arrive
juste sur l'alignement de Castor et PoUux; le 28, il passe près de S du Cancer,
à 1** au nord; le 4 novembre, il passe également à 1<> au nord de Régulus et
le 16 à 2° au nord de p du Lion. Il s'approche de Jupiter mais ne l'atteindra
pas : le 31 décembre il reste encore entre eux une différence de quarante-
huit minutes en ascension droite. On suivra facilement ce cours sur notre
fig, 8. Mars passera le 6 août à 1^20' au nord de Saturne (justement près
de jA Gémeaux) ; mais il n'atteindra pas Jupiter.
Uranns.
La planète Uranus arrive en opposition le 20 mars. C'est donc là Tépoque
la plus favorable pour son observation. Elle habite la constellation de la
Vierge, au sein de laquelle elle se déplace lentement. Le l^' janvier, elle se
trouve à deux minutes de temps seulement à droite ou à l'ouest de l'étoile t^.
22
L'ASTRONOMIE.
dont elle va s'écarter jusqu*ea juin (voir la carte ci-dessous). Puis, elle re-
viendra vers Test et atteindra cette même étoile le 30 septembre, la dép^assera
et arrivera au commencement de Tannée au-dessous de la belle étoile dou-
ble Y- Le !•' janvier : lever à 11 *" 24" du soir; passage au méridien à 5*»28"' du
matin. Le 1*' février, lever à 9*» 20"* du soir; passage au méridien à 3*" 25" du
matin. Le 1" mars, lever à 7»» 25»; méridien à P32". Le 1^' avril, lever
à 5^16" ; méridien à ll'>2i". Le l"mai, passage au méridien à 9^19", coucher
à 3*» 30" du matin. Le 1" juin, passage au méridien à 7^ 15" ; coucher à P27".
Fig. 9.
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XI 1
Marche et positions de la planète Uranus pendant l'année 1885.
Le 1" juillet, coucher à 11*'25", et le 1®' août coucher à 9*'25". La période la
plus favorable est donc février-juillet.
Jupiter arrivera vers p de la Vierge le 21 octobre et le 9 décembre vers tj,
mais n'atteindra pas Uranus.
Neptune.
La planète télescopique Neptune plane dans le Bélier. Elle sera en opposi-
tion le 15 novembre. Avant cette date nous publierons la carte des étoiles
qui Tavoisinent, afin que ceux qui auraient la curiosité de la voir une fois,
puissent la trouver et la reconnaître.
Gérés. — Pallas. — Junon. — Vesta.
On trouvera dans nos éphémérides mensuelles les positions des petites
planètes aux époques favorables pour leur observation.
Tels sont les principaux caractères astronomiques de Tannée qui vient de
commencer. On voit qu'ils ne manquent ni d'intérêt ni de variété. En les
connaissant, en les suivant, de loin ou de près, on se tient en relation avec
L;ÈCLIPSE DE LUNE DU 4 OCTOBRE. 23
la marche de Tunivers dont nous faisons partie intégrante, on ne reste pas
isolé en dehors de la réalité, on vit, en un mot, en harmonie avec la nature.
Nous avons la conviction que cet exposé général, qui contient, nous l'espé-
rons, tous les faits essentiels, sera favorablement acccueilli par nos lecteurs et
comblera définitivement Fimportante lacune qui nous a été tant de fois
signalée. Notre plus vif désir est de voir cet annuaire devenir de plus en plus
complet chaque année, et ce sera l'œuvre de nos lecteurs qui voudront
bien nous signaler ses imperfections et leurs désirs.
Ce n'est d'ailleurs qu'une «gum« générale. Elle ne remplace pas les instruc-
tions mensuelles de la Revue, mais elle donne une première idée des mouve-
ments célestes et de leurs relations avec la Terre. Les détails indispensables
aux observateurs insérés Tannée dernière dans VAlmanach astronomique
seront publiés ici chaque mois par M. Vimont, avec toutes les données néces-
saires pour l'étude pratique du ciel.
Camille Flammarion.
L'ÉCLIPSÉ DE LUNE DU 4 OCTOBRE 1884.
Aux documents publiés dans la Revue de novembre 1884, il importe d'en
ajouter ici quelques-uns qui mettent en évidence certaines particularités nou-
velles et inattendues.
Et d*abord, l'aspect de la Lune totalement éclipsée n'a pas été le même pour
tous les pays. Cette conclusion est assez singulière, mais il est impossible de s'y
soustraire.
Notre attention» d'abord appelée sur ce point par la diversité des documents
dus à nos correspondants, a été arrêtée tout spécialement par la communication
suivante de M. Mullen, astronome à Copenhague :
ff Ici, la Lune a été sensiblement colorée pendant quelques moments de la
totalité. N'ayant pas eu plus tôt l'occasion d'observer soigneusement une grande
éclipse de Lune, je ne connaissais cette couleur que d'après les images et m'atten-
dais à la voir assez sombre; mais immédiatement après le commencement de la
totalitéftout le disque lunaire, alors parfaitement visible, est devenu rouge-cuivre
d'une teinte claire très prononcée; cette nuance n'a duré que quelques moments,
peut-être seulement une à deux minutes (je n'ai pas noté la an de ce phénomène,
croyant que la disparition n'était que provisoire), et ne s est pas répétée pendant
tout le reste de l'éclipsé. M™« MuUen, qui observait avec moi, la qualiâa couleur
de rouille : nous avons la \nie normale. Je dois ajouter que j'ai grand'peur d'être
dupé par mes sens et que je suis absolument sûr de ce que j'ai vu.
a MM. Pechûle et Schjellerup n'ont pas fait cette observation. Cependant
M. Pechûle m'engagea alors à vous communiquer ce que j'avais vu, ajoutant
qu'il faudrait bien se rendre à l'évidence, si des expériences concordantes con-
24 L'ASTRONOMIE.
stataient qu'une éclipse de Lune n'était pas tout à fait identique, vue de par-
tout. Dès lors, je voulus avoir quelques autres témoignages et as insérer dans
les journaux une demande générale de me faire savoir Taspect de la Lune pen-
dant la totalité, naturellement sans dire la nuance que j'avais vue. L^éclipse
du 4 octobre n'a pas excité beaucoup d'attention en Danemark, surtout parce que
le malheureux incendie du palais royal de la veille au soir occupait tous les
esprits. Je n'ai reçu que sept réponses à ma demande. Toutes sans exception
constatent, dans des termes très variés, la couleur jaune, rouge, rougeâtre, etc.,
plus ou moins accentuée, de la Lune totalement éclipsée. Il est assez remarquable
que les trois observateurs qui demeurent à Copenhague (comme moi) ont vu la
Lune, à ce qu'il semble, le plus colorée, tandis que les quatre autres, dans les
provinces, appellent la couleur faible. M. Forvald Kohi, observateur très
exercé, qui demeure dans le Jylland où il a un observatoire privé, me commu-
nique un extrait de son journal d'observation où il est dit entre autres : « Pen-
dant la totalité, la Lune est vue sans interruption dans une teinte mate grisâtre
avec une nuance rougeâtre extrêmement faible. » M. H., avocat à Rouders
(Jylland), relate que la moitié ouest du disque lunaire, quand la totalité com-
mença, a devenait luisante avec des taches sombres comme un charbon ardent
mat. »
« En admettant ainsi comme certain — et personnellement j'y suis forcé — que
la Lune a été vue colorée pendant Téclipse, mais que lacoloratiouy même dans le
petit Danemark, a paru très différente en nuances et en mtensité, il me semble
évident que la cause de ces divergences doit être uniquement atmosphérique.
Le ciel a-t-il été couvert presque partout ailleurs de couches supérieures qui
interceptaient les rayons rouges, ou bien notre atmosphère a-t-elle seule été
favorable pour le passage de ces rayons? je veux dire : est-il possible que la Lune
réellement n*ait pas été rouge, mais que tous les rayons non rougeâtres n'aient pu
pénétrer jusqu'à nous ?
a Kj. MuLLEN. I)
Ainsi, tandis que la Lune totalement éclipsée a été vue d'un ton gris sombre et
sans coloration & Paris, Meudon, Juvisy, Argentan, Gien, Bayonne, Toulouse,
Saint-Émilion, Vaucluse, Guéret, Saint-Jouin, Réthel, Laroche-Bernard, Jaén
(Espagne), etc., par des observateurs très attentifs (on pourrait sans doute y
joindre les observatoires de Toulouse et Lyon, leurs relations étant absolument
muettes sur l'aspect de la Lune pendant l'éclipsé), elle a été vue manifestement
colorée en rouge à Copenhague et dans une partie du Danemark. Il faut donc
admettre que l'état optique de l'atmosphère joue un rôle sensible dans les appré-
ciations des observateurs.
Il y a même des points où, probablement à cause d'une certaine opacité de
l'atmosphère, notre satellite a presque entièrement disparu. A Paris et dans ses
environs, nous l'avons presque tous comparé à une pâle nébulosité, aux Pléiades
vues indistinctement, à la nébuleuse d'Andromède, etc. M. de Cran, à Laroche-
Bernard, déclare qu'au commencement de la totalité « il était tout à fait impos-
L^ÉCLIPSE DE LUNE DU 4 OCTOBRE. 25
sible, soit à Tœil, soit à la luDette, d'apercevoir la Lune, et qu'elle avait disparu
si complètement que, sans points de repère des étoiles voisines, on n'aurait pu
trouver sa place dans le ciel. » De Rethel, M. Paille écrit : « Le disque lunaire
se détachait à peine dans le ciel ; une teinte grise un peu transparente le faisait
seule découvrir à l'œil nu, et encore fallait-il en être prévenu. » De Saint-Jouin,
M. DuvAL : « Après la totalité, la Lune se distinguait à peine; elle n'était pas
rougeâtre comme en 1877. » De Passy, M. Zacgone : « La Lune n'ayant pas paru
rouge, la circonférence de la Terre ne devait-elle pas être couverte de nuages
gênant la réfraction des rayons solaires? » De Guéret, M. Martin ; « Grande
différence avec 1877 ! le gris domina dans les teintes des diverses phases; le mo-
ment le plus saisissant a été le début de la totalité : la Lune, avec ses tons de
nacre sombre, ne ressemblait plus à un astre du ciel et paraissait toute proche. »
De Cheval-Blanc (Vaucluse), M. Perrotet des Pins : o La Lune, d'un clair
. obscur au milieu du ciel complètement noir, était à peine visible. » A l'Observa-
toire de Meudon, M. Trouvelot a trouvé le disque éclipsé « sans aucune colora-
tion rougeâtre. » De Toulouse, M. Audemarb-Luxeul écrit : « Ciel d'une pureté
parfaite; aucune trace de coloration rougeâtre. » De Jaën (Espagne), MM. Folache,
Ildbfonso Gonzalez, les membres de la Société scientifique Flammarion et plus
de 150 visiteurs se sont accordés à comparer le disque lunaire à une nébulosité
gris blanCf du ton de la Voie lactée, ne rappelant en rien la coloration rouge des
éclipses de juillet 1870 et août 1877. Un dessin représente cette blancheur allant
en augmentant du Sud-Est au Nord-Ouest. — A l'Observatoire de Paris, M. Tré-
pied l'a trouvée pâle, uniforme et a décidément bleue. » — A Lons-le-Saunier,
M.H.GAUTHiER-ViLLARSl'ajugée d'un jaune de bronze. — De Muges, M. Courtois
écrit : « A l'œil nu, elle était presque invisible et donnait moins de lumière que
les étoiles du carré de Pégase; au télescope on distinguait une lumière cendrée
peu intense et légèrement rougeâtre, mais bien moins prononcée que celle des
éclipses des 27 février et 23 août 1877. » De Bayonne^ M. Daguin : « Sans
disparaître complètement à la vue simple, la Lune semblait une tache nébuleuse
bleu cendré tirant un peu sur le rouge suie, dont l'éclat était peu supérieur à celui
de la nébuleuse d'Andromède vue à l'œil nu. » Aux îles Canaries, M. Aquilino
G. Barba, a observé une teinte d'un gris d'azur dans la pénombre, entre la partie
sombre et la région non éclipsée, phénomène qui, dit-il, aurait pu facilement passer
inaperçu, car il n'était pas prévu.
Déjà se manifestent ici les diversités d'appréciations personnelles aux yeux des
observateurs. La comparaison des nombreux documents dus au zèle scientifique
de nos lecteurs nous convainc qu'il n'y a peut-être pas deux observateurs qui
aient vu l'éclipsé de la même façon. D'autre part, tous ne l'ont pas analysée
avec les mêmes soins. Voici, par exemple, certaines particularités dignes d'être
mentionnées :
a 9** 25" 30*. Nous distinguons très bien à l'œil nu le disque entier, dont la teinte reste
gris fer et ne présente pas trace de coloration rouge.
26 L'ASTRONOMIE.
€ 9''5i". La partie nord supérieure paraît plus éclairée que le reste. Le haut (le bas
dans la lunette) s'éclaircit de plus en plus.
« 10''25". Le côté oriental devient très clair. Puis il redevient sombre. Ces éclaircisse-
ments et ces assombrissements se succèdent plusieurs fois.
« Madame de Nevil, à Saint-Émilion. »
« 9''34". La moitié occidentale est plus claire que la partie orientale. Les mers sont
toutes visibles; la région qui se trouve au-dessus de la mer du Froid et du golfe de la
Rosée est plus brillante que Tycho.
a Q** 55". Le segment lumineux est plus large et s'étend sur toute la région montagneuse
du N.N.O.
a 10''0'". Disque très sombre. C'est à peine si l'on distingue les mers. Mer des Nuées
toujours la plus noire.
« lO'^lS". Une bande sombre qui rappelle celle de Mercure s'étend du N.E. au S.O.,
ayant pour limites Tycho et Gassendi d'un côté et Possidonius de l'autre.
« 10^23". Cette bande est encore plus sombre.
« 10^37". Un segment rouge se manifeste au S.E.
« 10''56"". Unegibbosité d'un gris roux s'étend jusqu'au golfe du Centre.
« 11^2". Un croissant bleuâtre clair commence à paraître au N.E. et annonce que la
totalité va finir.
« Guillaume, à Perronas ».
« 9''50". Lune très obscure, pourtant nette; on voit clairement Tycho, Copernic.
Platon, Grimaldi. Mais le brillant Aristarque, qui est toujours le point le plus blanc de
la Lune, a entièrement disparu.
a GuiOT, à Soissons. »
« A 9*'44", l'éclipsé étant totale depuis un quart d'heure, on remarque un croissant
rougeâtre à droite et en haut(N.O.) du disque lunaire; je pensai que ce croissant était
dû à la moindre épaisseur de la couche d'ombre arrivant sur la Lune.
« A 10**, ce pâle éclairement faisait le tour entier de la Lune, ce qui confirme l'expli-
cation précédente.
a A 10"'35", la région sud-est prit une teinte plus rouge et plus claire, et la partie
opposée s'assombrit de plus en plus.
« Maurice Jacquot, au Havre. »
f Pendant la totalité, l'éclipsé est restée constamment visible, les mers de la Tranquil-
lité, de la Sérénité, l'Océan des Tempêtes, etc., se distinguent facilement. On a une
idée fort nette de la sphéricité du satellite. Une lumière relativement vive se remarque
sur le bord supérieur à droite et à gauche avec mobilité dans l'éclat; tantôt la lumière
était plus vive à droite et tantôt à gauche, tantôt au-dessus, le bord inférieur a toujours
été moins éclairé.
a Berqe, à Romorantin. »
En France, comme en Danemark, plusieurs observateurs ont noté une teinte
rougeâtre. M. Bruguière écrit de Marseille : « Pendant toute la durée de la tota-
lité, la Lune est restée visible. A l'œil nu, elle offrait un aspect rougeâtre; à la
jumelle, la nuance était moins marquée, et, dans la lunette, il n'y avait plus de
coloration » (»). M. le D»* do Croupet écrit de Soumagne : « A 9*» 37™, l'éclipsé est
(•) A l'Observatoire de Marseille, MM. Stéphan et Borrelly ont fait les remarques
suivantes : « Pendant cette éclipse, l'ombre a été d'un noir foncé remarquable. A peine
L'ÉCLlPSE DE LUNE DU 4 OCTOBRE. 27
totale, la lumière rosée est difficile à distinguer à Tœil nu; avec la lunette, la
teinte du côté est est rose-pâle, tandis que celle du côté ouest est plus sombre. »
M. Thore, à Dax, a fait entre autres les remarques suivantes : « Le disque
éclipsé est décidément coloré en rouge brun; cette apparence se perçoit avec tous
les instruments (télescopes Foucault de On»,30 et de 0°»,i6, chercheurs, etc.; mes
deux collaborateurs le constatent avec moi : il n'y a pas de doute possible.
A 10^40™, le bord oriental commence à s'éclairer, l'éclipsé totale est terminée; la
partie éclipsée présente toujours la coloration rouge violacée sombre. » Dès le
commencement de Téclipse, une remarque analogue avait été faite : a A S'» 9"», la
partie la plus sombre de la pénombre paraît légèrement colorée en fauve (teinte
enfumée). Cette coloration gagne insensiblement le reste du disque lunaire. »
M. Lange de Ferrières, à Rupt : « Jusqu'au milieu de la totalité, le bord occi-
dental de la Lune est resté plus éclairé que le bord oriental. On n'a pas cessé de
voir le disque lunaire : sa teinte était rougeâtre, mais bien moins colorée que
dans réclipse du 23 août 1877. » M. RAFFARD,à Gien : « Avant la totalité, la partie
éclipsée est rouge marron sombre, bordée d'une teinte bleu cendré; pendant la
totalité, la Lune est à peine visible. » M. GUxNZIger, à Saint-Mandé : « La partie
éclipsée semble légèrement rougeâtre ; pendant la totalité, la Lune paraît plus
petite, échancrée au sud. » M. Ginieis, à Saint-Pons : a Pendant la totalité,
à 9^35™, le disque est d'un rouge sombre, le bord N.-O. plus clair que le centre
(un dessin représente sous un aspect remarquable ce bord clair, en haut et à droite
du disque). — 9*» 50"» : il devient plus sombre. — 10*» : la Lune offre à l'œil nu
l'aspect d'une nébulosité rougeâtre elliptique dont le grand axe va du N.-E.
au S.-O., l'éclat total étant celui d'une étoile de 2e grandeur. — 10*» 15™ : l'éclat
descend à la 3« grandeur, et l'on ne distingue plus rien sur le disque. — 10^45™ :
le bordN.-E. devient d'un rouge pâle, et la fin de la totalité approche. — lO'» 52»; le
bord E.-N.-E. devient jaune clair : fin de la totalité. » M. A. Fontaine, à Précy-sur-
Oise : « A 10*>30n>, le disque est rougeâtre et, vers sa partie inférieure, d'une
teinte plus sombre, presque couleur de fer. » — A Grenoble, M. E. Aurel a
constaté que, quoique la coloration rouge ait été beaucoup moins prononcée
que dans l'éclipsé de 1877 (ce que l'auteur attribue aux différences atmosphé-
riques), elle n'en est pas moins certaine. L'observation a été faite à 213™ d'alti-
le premier contact avait-il lieu, que la portion éclipsée du disque devenait invisible,
même dans un télescope. C'est seulement à l'approche du deuxième contact que le pour-
tour lunaire a commencé à se montrer dans son entier avec une faible teinte ; cette sorte
de lueur cendrée a persisté pendant toute la totalité, mais, aussitôt après le troisième
contact, la partie située dans Tombre s'est effacée de nouveau.
a A l'œil nu, l'échancrure noire semblait presque aussi nettement délimitée que dans
une éclipse de soleil, et pendant toute la période de totalité la Lune cessa d'être visible;
il ne subsistait qu'une petite nébulosité, d'un faible éclat, où un observateur non pré-
venu aurait été dans l'impossibilité de soupçonner la présence de la Lune.
9 Quant à la teinte rouge, si fréquemment signalée à l'occasion des éclipses anté-
rieures, elle a presque complètement fait défaut; c'est seulement un peu après le
troisième contact qu'elle a apparu d'une manière éphémère et avec très peu d'intensité. »
28 L'ASTRONOMIE.
tude, à travers des éclaîrcies, et la coloration s'est manifestée à partir de 9^55»,
heure à laquelle les \^ du disque étaient éclipsés. La nuance était rose-pStle.
De cet ensemble de témoignages nous pouvons conclure :
1« Pendant les éclipses totales de Lune, même lorsqup notre satellite traverse
le centre du cône d'ombre de la Terre, comme c'était le cas le 4 octobre dernier,
la réfraction de la lumière solaire à travers Fatmosphère terrestre atteint jusqu'au
centre du disque lunaire, l'intensité lumineuse diminuant à partir des bords du
cône d'ombre.
2<» La diminution de cette intensité n'est pas régulière. Un effet de contraste
empêche d'en saisir la variation dans le voisinage même du bord du cône. Mais,
pendant la totalité, les régions du disque lunaire les plus voisines des bords du
cône sont moins obscures que les régions centrales.
3^ Le degré d'obscurcissement et la coloration due à la réfraction de la lumière
ne sont pas les mêmes pour des éclipses de même situation géométrique. Cette
différence doit être due à l'état de transparence et d'hygrométrie de l'atmosphère
autour du disque terrestre vu de la Lune.
4<» Il y a, dans cet obscurcissement produit par l'écran terrestre, des variations,
des fluctuations dues à des variations de transparence dans notre propre atmo-
sphère.
50 L'appréciation du degré d'obscurcissement et de coloration varie suivant
l'état de l'atmosphère au point où l'on observe, selon le contraste offert par les
nuages et les objets visibles, suivant qu'on observe à l'œil nu ou à l'aide d'instru-
ments (et suivant ces instruments eux-mêmes) et beaucoup aussi suivant les yeux
et le jugement des observateurs. — Cette appréciation paraît tout aussi diversifiée
que celle des événements politiques jugés par chaque individu d'après son édu-
cation personnelle.
Pour compléter tout à fait cette relation, il nous reste à parler des irrégularités
observées le long de l'ombre de la Terre.
Comme nous l'avons vu (novembre, p. 405), M. de Boé, à Anvers, a signalé une
surélévation qui aurait atteint son maximum à 9*^20» et aurait correspondu au
moment où le relief des Andes se trouvait juste sur le contour de la Terre et
projetait son profil sur la Lune. Au milieu de la phase, quand l'océan Pacifique
arriva sur le contour, l'ombre serait redevenue régulière. On a également
remarqué (MM. Lamey, à Grignon, Jacquot, au Havre, Niesten, à Bruxelles, etc.)
diverses irrégularités sur le contour de l'ombre, qui ont été attribuées soit à des
montagnes terrestres, soit à des couches de nuages, soit à la chute de l'ombre
sur les reliefs variés de la Lune elle-même. M. Lamey s'est principalement occupé
de cette question et voici ses conclusions :
c En assimilant à des arcs de cercle les courbes apparentes formées par l'inter-
section du globe lunaire avec le cône d'ombre de la Terre, j'ai trouvé que les
rayons de ces cercles variaient considérablement, au moins de 2 à 1, alors que
la Lune était entamée dans le rapport de |- à j de son rayon. Cette variation ne
parait pas progresser régulièrement, au fur et à mesure de l'entrée du satellite
L'ÉCLIPSÉ DE LUNE DU 4 OCTOBRE.
29
dans Tombre, le rayon de l'arc de cercle se remettant à croître à l'approche de la
région centrale du disque ; c'est du moins ce qui résulte de plusieurs tracés obte-
nus dans la soirée du 4 octobre dernier, en profitant des éclaircies de courte
durée que le ciel présentait à Grignon.
« Ces grandes variations de courbure doivent être principalement attribuées
à ,ce fait, que la silhouette de notre planète se projette sur une surface sphé-
roTdale, qui ne saurait être assimilée, au point de vue des apparences, à une
surface plane perpendiculaire au rayon visuel. La plus simple expérience suffit
du reste pour s'en convaincre.
« Outre ces variations dans la courbure générale, la limite d'ombre et de lumière
FIg. 10.
Fig. 11.
Hémisphère terrestre tourné vers la Lune
au miUeu de réclipse.
Hémisphère terrestre tourné vers le Soleil
au milieu de l'éclipsé.
présente ça et là de petites sinuosités, qui persistent souvent pendant plusieurs
minutes; elles ne peuvent être attribuées aux aspérités montagneuses de la
Terre ; car, lorsque l'on compare les variations do ces sinuosités avec les inéga-
lités du sol lunaire sur lesquelles elles se projettent, on constate une corrélation
évidente. Ainsi, dans la première phase d'entrée d'une éclipse, les sinuosités con-
vexes et proéminentes du côté de la lumière correspondent aux parties de la
courbe d'ombre qui descendent une côte. Ces mêmes sinuosités deviennent, au
contraire, concaves et rentrantes, quand la courbe vient à monter une pente
inclinée. Ce phénomène est surtout visible dans les régions très accidentées du
sol, par exemple lorsque la ligne d'ombre traverse les mers des Crises et de la Sé-
rénité. Les ondulations de l'ombre dénotent, au centre de ces vastes plaines, une
grande dépression, tandis que les régions montagneuses avoisinantes montrent
une surélévation concentrique très accentuée, eu égard au niveau moyen du sol
lunaire. »
Le D' Lescarbault, qui a observé l'éclipsé à son Observatoire d'Orgères, a fait
les remarques suivantes : « L'ombre n'est pas trop diffuse sur son contour, mais
il m'est impossible de constater si elle s'écarte de la figure d'un arc; et, comme
30 L'ASTRONOMIE.
la lune est sphérique, et non pas plane, il en résulte que le cône d'ombre projeté
sur sa surface doit y dessiner une ligne courbe de moindre courbure à Tendroit
le plus saillant de notre satellite.
« Le rayon de cet astre étantexcessivement petit, relativement à sa distance au
Soleil, l'efifet est sensiblement nul, et la base du cône d'ombre, au lieu de passer
par le centre de la Lune, ayant un diamètre à peu près quatre fois aussi grand
que celui de cette dernière, il me paraît bien difficile, vu l'indécision de la limite
entre l'ombre et la pénombre, de dire si Tare de l'ombre sur la Lune s'écarte
de la forme d'un arc de cercle.
« Longtemps avant la totalité, l'ombre était d'un bleu noir bien évident (entre le
bleu et l'indigo), avec une bordure presque noire, de 2' de largeur environ, qui
disparut vers lO*» du soir. Pendant ce temps, aucun détail n'est visible sur le disque
lunaire. Cependant, les bords des. cirques, que je n'avais pas le temps de recon-
naître^à cause du passage fréquent des vapeurs, étant obliques sur la surface géné-
rale et réfléchissant de la lumière vers nous, il en résultait que le contour de
l'ombre présentait de petites échancrures assez nombreuses et bien appréciables. »
Ces considérations sont dignes d'attention et ont leur valeur intrinsèque; mais
elles n'empêchent pas que le profil des Andes ou des Cordillères ne puisse être
perceptible sur le contour de l'ombre terrestre : ce relief atteignant la i440<' partie
du diamètre de la Terre serait représenté par une boursoufflure de 1«™ sur un
cercle de 1™,44; c'est fort minime, assurément, mais ce n'est pas insensible, et
M. de Boô nous écrivait le lendemaiù de Téclipse qu'on le devinait plutôt qu'on
ne. le constatait, « comme on devine la ressemblance d'une personne sur sa sil-
houette noire ».
Nous avons représenté {fig, 10 et il) les deux hémisphères terrestres tournés
l'un vers la Lune, l'autre, diamétralement opposé, vers le Soleil, au milieu de la
totalité, c'est-à-dire àiO^^lS". L'hémisphère obscur tourne de la gauche fvers la
droite, et la France, qui se trouvait près de l'horizon au commencement de l'éclipsé
(8^25™), s'était avancée jusqu'au méridien central à la fin (li*»58"). D'après
M. Procter, auquel nous devons ces deux projections, la surélévation observée
avant la totalité par M. de Boë n'aurait pu être causée par les Cordillères, mais
par des nuages situés au-dessus du Brésil ou de la Guyane, au point a.
11 nous reste encore à dire un mot de la bordure de l'ombre, que nous avons
tout particulièrement étudiée à Juvisy, que le D»* Lescarbault a remarquée à
Orgères, comme on vient de le voir, que beaucoup d'observateurs ont constatée
d'autre part, et que l'on s'est accordé comme nous à évaluer à 2' d'épaisseur. Il
nous semble que cette bordure transparente ne pouvait être que l'ombre de notre
atmosphère. Son épaisseur étant le 34« du diamètre de la Terre indiquerait donc
que, jusqu'à 370^"» de hauteur (en nombre rond), Tatmosphère terrestre est assez
dense pour porter ombre et former contraste avec la complète transparence de
l'espace.
C. F.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 31
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Le tremblement de terre du 27 novembre. — Le jeudi 27 novembre, à
1 lh5m du soir, on a ressenti à Nice, dans les Alpes, jusqu'au delà de Turin à Test,
jusqu'à Marseille à l'ouest et jusqu'à Lyon au nord, un tremblement de terre
d'une étendue remarquable et digne d'être consigné ici en dehors du cadre des
tremblements de terre généraux dont la Revue publie le relevé chaque année.
Parmi les diverses relations que nous avons reçues de Nice, nous résumerons
d'abord ici celle que nous devons à l'obligeance de M. le baron de Beauretour,
observateur attentif du phénomène, a La première secousse a été très faible, la
seconde, beaucoup plus forte, a paru nous soulever de deux à trois centimètres;
une petite balance (pèse-lettres) a ondulé plusieurs fois en touchant le plateau qui
la supporte, un thermomètre a fait entendre huit oscillations à son point de sus-
pension ; nos voisins ont eu une pendule arrêtée et des sonnettes en mouvement.
Au théâtre français, le lustre du centre a été ébranlé visiblement, au point de
produire une légère panique. Cette secousse très forte paraît avoir duré trois
secondes. Elle n'a produit aucun dégât, même pas la plus légère crevasse dans
les plus fragiles constructions, ce qui indiquerait un soulèvement d'ensemble et
non partiel. Nice est depuis longtemps en pleine crise de sécheresse. Baromètre :
0°»,771, en ville, presque au niveau de la mer. »
De l'Observatoire du Mont Gros, situé à 380°> au-dessus du niveau de la mer et
à 6^"» de Nice, M. Perrotin a fait les remarques suivantes : Il était à l'équa-
torial, occupé à observer les satellites de Saturne, lorsqu'il vit la planète qu'il
tenait sous le fil mobile du micromètre, osciller d'une manière insolite de part
et d'autre du fil, en décrivant des arcs de 10' à 15' d'amplitude. Le phénomène
dura environ quinze secondés. Il fut accompagné de craquements dans le plancher
de la salle. Il ne faisait pas de vent. M. ThoUon remarqua des manifestations du
même genre dans la chambre où il se trouvait. Les enregistreurs magnétiques
ont subi des oscillations, non magnétiques, dues aux trépidations du sol.
Ce tremblement de terre s'est fait sentir dans tous les environs de Nice, à
Cagues, Biot, Antibes, Cannes, Menton, dans toutes les Alpes maritimes et fort
au delà, comme nous allons le voir. De Menton M. Neisz écrivait à La Science
pour tous :
« Mon lit est placé de manière que la tête se trouve vers le nord. A U*>,
je l'ai senti se soulever du côté gauche, et j'ai été bercé pendant six secondes.
Pendant les trois secondes qui ont suivi, la trépidation était tellement forte, que
je me demandais si je n'allais pas être jeté hors du lit. A côté de moi, se trouve
un appartement vide dont les portes ont été repeintes. Une de celles-ci n'était
pas fermée au loquet, mais la peinture de U porte s'était collée aux montants. La
déchirure s'est produite en ce moment, la porte s'est ouverte avec bruit. Le sou-
lèvement de la terre a donc eu lieu du côté de l'Est. Pendant les secondes
10,11, 12 et 13, les mouvements ont diminué, mais, pendant les secondes 14 et 15,
c'est la tête qui a été soulevée, le mouvement s'est donc produit au Nord. Deux
U L'ASTRONOMIE.
minutes après, j'ai entendu la mer bruire fortement pendant une dizaine de
minutes^ et puis tout est redevenu tranquille. Le phénomène avait cessé. La
secousse venant du Nord n'a pas été aussi forte que pendant les secondes?, 8 et 9;
mais plus forte que les premières. »
De Marseille, M. Bruguière nous adressait la relation suivante :
« La première secousse a été ressentie dans notre ville à 11^5™, l'oscillation a
duré cinq à six secondes environ ; puis, après une minute d'arrêt, une nouvelle
secousse s'est fait sentir. La direction des oscillations était de l'Est à l'Ouest.
<c Fait très curieux, le tremblement de terre n'a pas eu la même intensité sur
tous les points de la ville; les secousses ont été plus accentuées dans toute la
partie située à l'Est de l'axe formé par la rue de Rome et ses prolongements, et
elles se sont plus particulièrement fait sentir sur le versant occidental de la
plaine Saint-Michel. On nous signale les rues de la Palud, du Loisir, du Vieux-
Chemin-de-Rome, comme ayant ressenti les secousses les plus fortes.
a Quoique aucun accident ne se soit produit, les secousses ont été assez vives
pour imprimer aux meubles un mouvement de trépidation; des chaises ont été
renversées; plusieurs personnes couchées ont ressenti un léger balancement;
quelques pendules se sont arrêtées; les sonnettes ont tinté; enfin les vitres
vibraient comme quand il tombe du grésil. A l'Observatoire ces secousses
ont été parfaitement constatées, et divers instruments en ont subi l'influence. »
A Grenoble, trois secousses assez violentes se sont fait sentir, paraissant se
diriger du Nord au Sud. Au théâtre, une panique de courte durée s'est emparée
des spectateurs. Dans un certain nombre de maisons, et surtout aux étages supé-
rieurs, les murs et les plafonds se sont lézardés; les meubles ont changé de
place, les sonnettes ont tinté, et les pendules se sont arrêtées. Il n'y a eu aucun
accident.
A Draguignan, le tremblement de terre a été ressenti par un grand nombre de
personnes, mais a été assez faible.
A Voiron, dans Tlsère, le phénomène s'est composé d'une trépidation qui a
duré environ douze secondes et a été suivie de quatre ou cinq fortes oscillations
dirigées du sud-est au nord-ouest, pendant lesquelles on a entendu une espèce
de grondement qui ressemblait à un fort coup de vent.
A Saint-Marcellin, dans le même département, on a ressenti une forte secousse
qui a duré quatre secondes, fait vibrer les vitres et réveillé en sursaut un grand
nombre de personnes. A Vienne, les trépidations ont eu la même durée, mais ont
été moins fortes.
Au même moment, plusieurs secousses ont été ressenties à Chambéry et dans
les communes voisines. Puis, vers 3*^ du matin, il s'en est produit une autre
extrêmement forte qui a été accompagnée d'une détonation semblable à un in-
tense coup de canon. On a cru à une explosion ou à l'écroulement d'une maison.
Vers 6^, un éboulement considérable s'est produit sur la ligne du Mont-Cenis,
non loin de la station de la Praz. D'énormes blocs de pierre s'étant détachés des
rochers abrupts des montagnes de la Maurienne, ont été projetés près de la gare,
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 33
ont franchi la voie et sont allés se précipiter avec un fracas épouvantable, dans
la rivière de l'Arc. Des poteaux télégraphiques ont été brisés ; la voie s*est trouvée
complètement obstruée, de sorte que les communications entre la France et Tltalie
ont dû être un moment interrompues. On attribue cet énorme éboulement aux trépi-
dations produites par le tremblement de terre ressenti dans toutes ces montagnes.
A Lyon, M. Rigod, président de la Société astronomique du Rhône, signale
deux secousses à cinq minutes d'intervalle, La première, si légère qu'elle res-
semblait à un froissement de papier; la seconde, plus forte, de deux secondes et
demie environ, et dans la direction sud-nord.
A Saint-Etienne, M. Laur a fait la remarque que le baromètre, qui était
depuis longtemps fort élevé (770"°»), est descendu à 745™™ précisément au moment
du tremblement de terre.
Dans le canton de Genève, trois secousses successives, à cinq minutes d'inter-
valle Tune de l'autre, ont été remarquées vers 11^ du soir, ainsi qu'à Lausanne.
Ce même tremblement de terre a été ressenti jusqu'à Turin. La secousse a été
assez forte, maison n'a signalé aucun dégât. Le phénomène a été observé à Suse,
à Moncalîeri et dans toute la vallée du Pô.
Il y a eu deux tremblements de terre au moins dans cette nuit, le premier à
li'^S™, le second vers deux ou trois heures du matin, en Savoie, lequel s'est
propagé jusque dans la Haute-Marne. Les habitants des villages de Vauxbons,
Ormancey, Marac, Villiers-sur-Suize, Luzy, etc. ont été réveillés par un bruit
étrange qui a duré près d'une minute et qui avait de l'analogie avec celui de
l'écroulement sourd d'une maison ou d'un coup de canon lointain.
Ces deux tremblements de terre, assez violents pour nos contrées, avaient été
précédés d'une légère secousse ressentie le dimanche 23 à 4^ de l'après-midi, en
différents quartiers de Nice. Les meubles ont été agités pendant quelques
secondes et il y a eu un moment d'inquiétude dans un certain nombre de
maisons. Comme M. Van Sandick le faisait remarquer dans sa relation de
l'éruption de Krakatoa, ce sont les personnes couchées, surtout aux étages supé-
rieurs, qui se trouvent dans les meilleures conditions pour ressentir ces légers
mouvements du sol; aux rez-de-chaussée ils sont moins sensibles; dans le bruit
de la rue, à cheval ou en voiture, on ne les remarque pas.
Le lendemain lundi, à Gratz en Styrie, on a ressenti plusieurs secousses.
Il est probable que ces mouvements du sol ont eu pour cause un tassem»int à
la hase des Alpes.
Ombres observées sur le Soleil. — Je me fais un plaisir de vous transmettre
une observation qui confirme les intéressantes observations de M. Trouvelot sur
Tombre des facules.
Aujourd'hui, 14 décembre 1884, observant le Soleil à 0*»25% j'ai remarqué, sur
le côté oriental d'une tache entourée de facules, et située assez près du bord oriental
de l'astre, (à 58'), partant en des conditions très favorables pour ce genre de recher-
ches, une ombre très accentuée, projetée évidemment par une facule saillante
34
1/ASTRONOMIE.
située juste au-dessus et en ayant exactement la forme. La fîg, 12 en est la repro-
duction fidèle.
Le grand diamètre de la tache, mesuré sur l'écran, était de 50'. L'instrument dont
Fig. i2.
ih
-v^'\;:^^V\^yt;"''";v '
^^r■/^^
Ombre observée sur le bord d*une tache solaire.
je me suis servi est mon réfracteur, dont l'objectif de 108»»™ possède un pouvoir
séparateur de r,2. Grossissement employé = 150 fois. Scintillation presque nulle.
José J. Laxdkrer.
Astronome à Tortose, Espagne.
Phénomène observé sur une tache solaire. — Le il octobre 1884, à midi, j'ai
observé le Soleil avec une lunette de 108 millimètres, pourvue d'un grossissement
de cent fois. La tachCy ou plutôt le groupe, se composait d'une tache principale,
suivie par une traînée de larges pénombres avec de très petits noyaux. La tache
principale offrait la particularité suivante : au Sud et sur la pénombre, on voyait
un objet très brillant, de forme à peu près elliptique et qu'on eût pu prendre non
pour un noyau de tache, mais pour un noyau lumineux. Était-ce une ouverture
dans la pénombre, laissant voir en bas la surface du Soleil? Était-ce une facule
sur la pénombre? ou bien, ce qui est plus probable, n'était-ce pas une éruption
de matières solaires flottantes dans l'atmosphère de l'astre du jour? Près du bord
oriental, on remarquait une large facule qui m'a semblé, à plusieurs reprises, por-
ter ombre.
Le 12 octobre, à 1*> de l'après-midi, la tache brillante affecta la forme d'une
queue de comète. On voyait très distinctement à côté une ombre qui semblait pro-
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 35
jetée par cette sorte de nuage lumineux, La pénombre environnante était plus
obscure que tout le reste qui enveloppait la tache noire principale. Je crois bien
qu'il s'agit ici d'une formidable explosion solaire.
Le 13 octobre, à midi, plus de trace de la tache lumineuse, A la place qu'elle
occupait, on distinguait deux petits noyaux obscurs. Ces noyaux font croire à des
cavités laissées dans la masse du Soleil par suite d'une violente explosion de
matières incandescentes.
Narciso de Lacerda.
Astronome à Lisbonne.
Tnépar nn aérolithe. — On mande de Hot Springs, Arkansas, le 25 novembre,
au Courrier des États-Unis :
« Julius Robb, fermier du comté de Montgomery, a été tué instantanément ce
matin par un météore qui, dans sa chute, a coupé net une grosse branche d'arbre, a
pénétré ensuite dans une épaule du fermier, en lui traversant le corps de part en
part, et, obliquement, s'est enfoui profondément dans la terre. Le projectile céleste
a été déterré dans la journée. C'est une pyrite du volume d'une tasse à thé
L'incident alarme grandement les habitants de la localité. »
(Nous serions reconnaissants à nos lecteurs de cette région de vouloir bien nous
dire si le fait est authentique. )
LêA directioii des ballons. — Le 8 novembre dernier, MM. les capitaines
Renard et Krebs ont renouvelé avec plein succès leur expérience du 9 août {voir
V Astronomie, p. 361). Le vent soufflait avec une vitesse de %^^ à l'heure. Le
navire aérien a marché avec une vitesse effective de 25"^" , et, comme dans la
première expérience, est revenu à son point de départ. Le moteur électrique,
qui dans les deux premières expériences avait donné une vitesse de 5", 50 par
seconde, en donne maintenant une de l"'.
En présentant ce nouveau résultat à l'Académie, M. Hervé-Mangon ajoute :
« Le problème de la direction des ballons est aujourd'hui pratiquement résolu.
Les plus sceptiques ne peuvent plus élever un doute. La France possède dès
aujourd'hui un petit navire de l'air; elle fera construire, dès qu'elle le voudra, le
vaisseau de ligne de l'Océan aérien ».
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 JANVIER AU 15 FÉVRIER 1885.
Principaux objets célestes en évidence pour Tobservation.
1» CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette période de l'année, et les curiosités de
la voûte céleste, se reporter soit aux cartes publiées dans la première année de
la Revue, soit aux descriptions données dans les Étoiles et les Curiosités du Ciel,
36 L'ASTRONOMIE.
pages 594 à 635. C'est à cette époque de l'année que le ciel resplendit du brillant
aspect de ses plus magnifiques richesses. Saturne et Jupiter augmentent encore,
par leur vif éclat, la beauté des nuits sereines.
2» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 janvier 1885, le Soleil se lève à 7*>5i™ du matin et se couche
à 4*» 30™ du soir; le 1«" février, Tastre du jour se montre au-dessus de l'horizon
de Paris à 7*» 32™ du matin, pour disparaître au-dessous à 4*» 56™ du soir; enfin, le
lever a lieu à 7*»iO°» du matin le 15 février et le coucher à 5*» 19" du soir. La durée
du jour est de 8^39«» au 15 janvier, 9*»24n» le 1«' février et 10*>9™ le 15 février. Les
jours augmentent, dans cet intervalle d'un mois, de 41™ le matin et de 49» le soir,
soit i»»30" au total.
La difl'érence entre la longueur des matinées et celle des soirées va également
en croissant : le 15 janvier, matinée 4^9™, soirée 4*>30n», différence 21»; le !•*• février,
matinée 4*» 28™, soirée 4^56™, différence 28", et le 15 février, matinée 4*» 50™, soirée
5'>I9™, différence 29™.
Vers la mi-janvier, la température moyenne terrestre atteint son minimum en
France. C'est à ce moment que l'écart entre la chaleur que nous recevons du
Soleil et celle que nous perdons par le rayonnement atteint sa plus grande
valeur. Puis l'équilibre établi entre la perte et le gain se trouve de nouveau
rompu au profit du gain; la chaleur reçue chaque jour va en augmentant, car le
Soleil s'élève rapidement au-dessus de l'horizon.
La déclinaison australe du Soleil est de 21o2' au 15 janvier et de 12° 30' au
15 février, ce qui donne un accroissement de 8o32'.
La lumière zodiacale est fort belle à observer chaque soir, à l'Ouest, peu après
le coucher du Soleil.
Lune. — Notre satellite se trouve toujours dans les meilleures conditions pour
l'observation, car c'est à cette époque de l'année que la Lune atteint sa plus
grande hauteur : 59*34', le 27 janvier.
Le 16 janvier, jour de la Nouvelle Lune, on pourra distinguer avec une jumelle
marine, si le ciel est d'une pureté parfaite, le mince croissant lunaire, moins de
neuf heures après la néoménie. Mais ce ne sera guère que dans les pays méri-
dionaux que cette étude pourra être faite.
Occultations et appulae visibles à Paris,
Deux occultations et une appulse seront observables dans la première moitié
de la nuit depuis le 15 janvier jusqu'au 15 février 1885. Nous leur avons ajouté
celle de X Gémeaux, qui aura lieu le matin, parce que l'étoile est do 4« grandeur.
!• e Poissons (5,5 grandeur), le 22 janvier, de 5M5- à 6''58- du soir. La disparition
se produit à l'Est, à !?• au-dessus du point le plus à gauche, et la réapparition au Sud,
à 22» à droite du point le plus bas dn disque lunaire. L'occultation, visible dans l'Eu-
rope occidentale, est représentée {pg, 13).
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
37
2* B.A.G. 1526 (6* grandeur), le 26 janvier, à 7»'41- du soir. Simple appulse à 0',4 du
bord de la Lune. Le point du limbe de notre satellite dont l'étoile s'approche le plus est
situé à 5" à droite du point le plus bas. Les observateurs qui habitent au Sud de Paris
verront Tétoile d'autant plus éloignée du disque lunaire qu'eux-mêmes sont plus éloignés
de la capitale. Dans le Nord de la France, môme à quelques kilomètres de l'Observa-
toire national, en Belgique, en Hollande et dans les Iles Britanniques, il y aura occul-
tation complète. La durée de cette occultation sera d^autant plus longue pour l'astro-
nome que son lieu d'observation sera plus éloigné de Paris. C'est ainsi qu'à Londres,
la durée du phénomène sera de trente-six minutes.
Z* X Gémeaux {\* grandeur), le 29 janvier, de 2''37- à 3''35"' du matin. L'étoile disparaît
dans la partie de gauche du disque lunaire, à 42* au-dessus du point le plus oriental et
Fig. 13.
Fig. 14.
Occultation de e Poissons par la Lune,
le 22 janvier, de 5»» 45- à 6»'58- du soir.
Occultation de d Lion par la Lune,
le !•' février, de 8''9" à 9* 5* du soir.
reparait à droite, à 21** au-dessous du point le plus occidental du limbe de la Lune.
Cette observation pourra être faite dans la plus grande partie de l'Europe.
4* d Lion (5* grandeur), le 1" février, de 8''9'" à 9*'5'" du soir. La disparition de l'étoile
a lieu, comme le montre la fig. 14, à 20* à gauche du point le plus au Sud, et la réap-
parition à 44* au-dessous et à droite du point le plus au Nord du disque de la Lune.
Occultations diverses.
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore observer, selon les contrées
de l'Europe et de l'Afrique qu'ils habitent, les occultations suivantes :
1* Aldébaran (l'* grandeur), le 26 janvier, vers ll^'SO" du matin, heure de Paris, temps
moyen. Cette brillante étoile est occultée pour la première fois de l'année par le disque
de la Lune. Malheureusement, en France, nous ne pourrons admirer ce curieux phéno-
mène, parce que le centre de la Lune sera à 1*3' au nord de l'étoile. Mais dans le Nord
de la Russie et des États Scandinaves, l'observation sera très facile et fort intéressante.
2* a Cancer (4* grandeur), le 30 janvier, vers 5'*40* du soir. Dans tout le Nord de
l'Europe, on pourra étudier le passage du disque lunaire sur cette belle étoile.
3* Ubands, le 3 février, vers 8''40- du matin, temps moyen de Paris. Le phénomène
38 L'ASTRONOMIE.
de Toccultation d*une planète par la Lune est fort rare. Nous ne pourrons que voir, au
matin, dans le champ de la lunette, les deux astres assez rapprochés, à 1*30' environ.
Pour nous, la planète sera au Nord du disque de notre satellite. Les habitants de la
République Argentine, de la Patagonie et du Chili pourront seuls étudier cette occul-
tation.
Le 29 janvier, à 2*> du matin, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
363 200"^», diamètre lunaire = 33' 10', 8.
Le 9 février, à minuit, la distance de la Lune à la Terre est apogée : 405 000^"» ;
diamètre lunaire = 29' 31 ",4.
Mercure. — La planète Mercure est toujours visible le matin, dans le ciel de
rOri«nt, plus d'une heure avant le lever du Soleil. Ce sont là d'excellentes con-
ditions pour l'observation de la rapide planète.
Jours. Lever. Passage Méridien. Différence Soleil. Constellation.
15 Janvier 6»» 18- matin. 10*»41" matin. l''33- Sagittaire.
19 ») 6 12 » 10 31 » l 35 »
23 - 6 10 « 10 27 « 1 33
27 » 6 14 » 10 28 M l 25
31 » 6 18 » 10 32 ). 1 16 »
4 Février 6 23 b 10 38 . 15 »
Le mouvement de Mercure ne cesse d'être direct durant son trajet à travers le
Sagittaire. Le 28 janvier, vers 11*>30™ du soir, la planète sera visible en Turquie
et en Perse, à 48' au sud de l'étoile de 3,5 grandeur ?c du Sagittaire.
Le 24 janvier, vers 10*» du matin, Mercure et Vénus seront visibles dans le
champ d'une même lunette, Mercure étant à 1<»6' au nord de ïétoile du matin.
Ce phénomène sera très intéressant à étudier. C'est le 26 janvier, vers 4*» du
matin, que la planète Mercure atteint sa plus grande élongatîon occidentale : elle
se montre alors à 24° 51' du Soleil. Le H février, à minuit, la planète se retrouve en
conjonction avec Vénus, et à 44' seulement au sud de cette dernière. Si le temps
est bien clair, les deux astres pourront être vus dans le champ d'une même
jumelle marine. .
Au 16 janvier, le diamètre de Mercure est de 8", 2 et de 6' au lo** février.
VÉNUS. — V étoile du matin perd de son éclat, son diamètre n'est plus que de
ir au l*"* février, tandis que les -^ de son disque deviennent déjà visibles. La
planète s'éloigne rapidement de nous. Il faut donc se hâter de l'observer.
Jours. Lever. Passage Méridien. Différence Soleil. Constellation.
20 Janvier 6^13- matin. 10»'21- matin. l''33- Sagittaire.
26 » 6 20 > 10 30 » 1 20 »
1" Février 6 25 » 10 39 » 17 »
7 » 6 27 » 10 47 ». 0 57 »>
13 » 6 28 » 10 55 » 0 46 »
Le 17 janvier, Vénus sera en coiyonction avec l'étoile de 4® grandeur \l Sagit-
taire, à i^ seulement au sud de l'étoile. Le 24 janvier et le 11 février la planète
se trouvera encore en conjonction avec Mercure.
Mars. — Toujours invisible.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 39
Petites planètes. — Cérès continue à se présenter dans d'excellentes condi-
tions pour Tobservation et est de plus en plus facile à reconnaître à l'œil nu.
Jours. Lever de Gérés. Pus&go Méridien. Constellation.
17 Janvier il'» 5" soir. 5''34" matin. Vierge.
22 » 10 50 » 5 18 » »
27 » 10 32 » 5 2
l"Février 10 15 » 4 45 » »>
6 » 9 56 » 4 27 >. o
11 » 9 37 » 4 9 » »
Coordonnées au 3ljanv. : Ascension droite... 13''31". Déclinaison... 4*54'N.
» 11 févr. : » « 13 34 » 5 18 N.
Au 31 janvier, Cérès est éloignée de 30Q millions de kilomètres.
Pallas est toujours intéressante à observer, le soir, vers minuit, soit à l'œil nu,
soit à l'aide d'une lunette astronomique munie d'un faible oculaire.
Joars. Lever de Pallas. Passage Méridien. Constellation.
17 Janvier 11"» 11- soir. 4''23'" matin. Corbe.au.
22 w 10 51 » 4 7 » Vierge.
27 » 10 28 « 3 49 « »
!•' Février 10 6 « 3 31 »» »»
6 » 9 40 » 3 11 » »
11 » 9 15 » 2 52 « »
Coordonnées au 31 janv. : Ascension droite... 12'' 17". Déclinaison... 9*23' S.
» 10 févr. : » » 12 18 » 6 51 S.
Le 3! janvier, la distance de Pallas est de 210 400 000"^™.
Junon se rapproche très vite de la Terre et peut être découverte aisément avec
ane jumelle marine.
Joars. Lever de Junon. Passage Méridien. Constellation.
17 Janvier 0*'44'" matin. ô*" 15- matin. Vierge.
22 » 0 28 » 5 59 » »
27 » 0 9 » 5 42 » »
l"Février 1150 soir. 5 25 » »
6 » 11 32 » 5 7. » »
11 » 11 13 » 4 50 » »
Coordonnées au 31 janv. : Ascension droite... 14'' 11". Déclinaison... 6»55' 8.
» 10 févr. : » » 14 15 » 6 31 S.
La distance de Junon à la Terre est de 412 millions de kilomètres, au 31 janvier.
Vesta s'éloigne de nous et son étude est devenue presque impossible. Le 21
janvier, cette petite planète se couche à 8*» 22™ du soir.
Coordonnées au 21 janv. : Ascension droite... 23'' 14". Déclinaison... 10*58' S.
Jupiter. — Jupiter brille toujours du plus vif éclat pendant chaque soirée. Il
faut profiter de ces conditions si favorables pour étudier cette belle planète, ainsi
que les occultations ou éclipses de ses satellites.
Le l»*" février, à 7*» du matin, Jupiter sera en conjonction avec la Lune, à 4» 9'
au nord de notre satellite. Ce même jour, le diamètre de la planète sera de 41', 6.
40 L'ASTRONOMIE.
Jours. Lev«r. Passage Méridien. Constellation.
17 Janvier 7'' 43" soir. . 2'' 41*;' matin. Lion.
21 » 7 25 » 224' » »
25 » 7 7 » 2 7 » »
29 M G 48 » l 50 » »
2 Février 6 30 » 1 32 » »
G » 6 11 » 1 15 » »
10 M 5 54 » 0 57 » »
14 . » 5 35 » 0 39 M »
Le 20 janvier, Jupiter passe à moins de 58' au nord de l'étoile de 4° grandeur
p Lion. Le mouvement de la planète est toujours r<?trograde.
Éclipses des satellites de Jupiter.
18 Janv 10*57»" soir. Immersion du 1«' satellite éclipsé.
26 » 0 49 » Immersion 3 b »
27 » 9 42 soir. » 2 » »
2 Fév 10 17 soir. u 4 » »
» » 9 11 soir. Immersion 1 » »
4 » 0 19 matin. » 2 » »
9 » 7 3 soir. » 3 » »
10 » 11 5 » » 1 » »
Saturne. — Étudier cette planète et ses merveilleux anneaux avec une lunette
astronomique munie d'un fort grossissement.
Jours. Passage M<!ridicii. Coacher. Constellation.
17 Janvier 9'»19"' soir. 5'' 10" matin. Taureau.
22 » 8 58 9 4 49 » »
27 » 8 38 » 4 29 » »
!•' Février 8 17 » 4 13 » »
6 J» 7 57 » 3 52 » »
11 . 7 37 » 3 32 « 1)
Le 27 janvier, vers 2^ du matin, Saturne se trouve en conjonction avec la Lune,
à une distance de 3o27' au nord de notre satellite.
Le diamètre de Saturne est donné plus haut (p. 16).
UiiANUS. — Les personnes douées d'une bonne vue peuvent apercevoir à l'œil
nu cette planète qui brille de l'éclat d'une étoile de G° grandeur.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
17 Janvier 10''20- soir. 4''25" matin. Vibrqe.
22 » 10 0 » 4 5 » >
27 » 9 40 » 3 45 » »
l-'Février 9 19 » 3 25 » »
6 » 8 59 » 3 5 » »
Il » 8 39 » 2 45 . s
Uranus a un mouvement rétrograde et son diamètre est de 4', 2 au !««■ février.
La planète se tient constamment au sud-ouest de l'étoile de 3,5 grandeur?) Vierge.
Coordonnées au 1*' févr. : Ascension droite... 12*' 11-, Déclinaison... 0*21' S.
En ajoutant chaque mois ces documents à ceux qui sont publiés plus haut dans
ïannuaire astronomique et l'agenda, on a entre les mains toutes les données
relatives à l'étude pratique du ciel, Eugène Vimont.
CORRESPONDANCE.
OU 104* 38" 54', et ces incorrections peuvent avoir leurs inconvénients, surtout lorsqu'il
s*agit de petites quantités.
Brillant bolide, — M. Max Hollnack, à Bordeauît. a observé, le 4 décembre, à &" 43"
du soir (heure de Paris), un bolide marchant du S.-S.-O. à E.-N.-E. dont la trajectoire
a pu être dessinée de a de la Baleine à n d'Orion. Le météore était blanc bleuâtre et a
augmenté rapidement d'éclat, jusqu'à surpassr de 6 à 8 fois celui de Saturne. La carte
de sa trajectoire est très précise, et si nous en avons une seconde, d'un autre point, la
hauteur du bolide pourrait être calculée.
M. Dauvillier, à Ghuisnes, signale l'apparition d'un magnifique bolide, le 25 octobre
à 8** du soir. Le météore a éclaté dans le ciel comme une immense fusée, causant une
grande frayeur à quelques habitants qui crurent leur habitation en feu.
M. G. Vi.\N, secrétaire de la Société Scientifiq^ue Flammarion à Marseille, signale la
réapparition des remarquables lueurs crépusculaires qui ont tant attiré l'attention Thiver
dernier. On les signale également du Havre et de Jersey à la date des 9, 10, 11 et
12 décembre.
M. JÉSUS MuNOz Zbbar, directeur de l'Observatoire de Caracas (Venezuela). —Veuillez
recevoir nos plus cordiales félicitations. Nous suivrons avec le plus grand intérêt la
marche de vos travaux astronomiques, et celle de TObservatoire.
M. BiDER, à Madagascar. — Il n'y a aucune étoile de première grandeur dans cette
région du ciel. Nous ne pourrions vous répondre que si vous nous envoyiez un dessin
par alignement avec les autres étoiles.
M. Dadvillier, à Ghuisnes. — Vous serez prochainement renseigné sur l'instrument
dont vous parlez.
M. Joseph Rousseau. Directeur de VUnion Scientifique^ à Amiens. — Merci du docu-
ment que vous nous adressez. Il est en effet très remarquable qu'en 1722 un savant dis-
tingué, Hartsoêker, ait déclaré que la seule gravitation ne sumsait pas à expliquer le
système du Monde, mais qu'il y faudrait co'^'îevoir, au moins & l'origine, des mouvements
giratoires rappelant les tourbillons de Des Qtes, thèse aujourd'hui soutenue par M. Faye.
M. Gh. Molle, à Evreux. — Votre ler^ a été adressée à M. Gunziger, qui voudra
bien vous donner les renseignements qu ^ 'vous désirez avoir sur sa lunette de 81"".
M. Gh. DupuY, îk Nyons, a observé une traînée de feu remarquable le 3 novembre vers
Q*" du toir. Partie d'auprès e de l'Aigle, cette traînée est allée se perdre à l'horizon dans
la constellation du Sagittaire, en augmentant de largeur vers la fin de sa course : on a
estimé cette largeur finale à 5*. Le môme observateur propose d'adapter une mire phos-
phorescente aux petites lunettes ; cette idée paraît mériter d'attirer rattention.
M. Belin, à Alger. — La théorie de M. Darwin n'a été donnée qu'à titre d'hypothèse.
Chacun est libre de ne pas l'accepter. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que les calculs
qui ont servi à la former sont exacts. Quant au reproche que vous lui adressez de ne pas
rendre compte de ce fait remarquable aue la Lune nous tourne toujours la même face,
il n'est nullement fondé. Laplace avait déjà démontré que cette circonstance est due aux
marées produites anciennement par la Terre sur la Lune. Au reste, relisez le troisième
alinéa de la page 428. '
M. Racinet, à Alençon. — Veuillez recevoir nos vifs remerciements. Mais comme
déjà nous l'avons dit plusieurs fois ici^ le projet est ajourné et cette Revue a été créée
{>our réunir d'abord les amis d'Uranie. Vous avez raison; le carré de 23 200 est 538240000;
'erreur n'avait pas encore été signalée. Merci.
M. Evotte, à Vincennes. — L'Ouvrage sur lequel vous nous demandez des renseigne-
inents à propos de la date de la création du monde est du siècle dernier. Vous trou-
verez un calcul analogue, de l'astronome Hévélius. dans cette Revue, novembre 1884
page 432, et des études sur l'Histoire de la Terre dans les numéros de septembre et
octobre.
Société scientifique Flammarion, à Jaên (Espagne). — MM. Beauval et Gally
doivent publier prochainement dans la Revue le degré et les lieux de visibilité de toutes
les éclipses qui auront lieu à dater de ce jour et jusqu'à la fin du vingtième siècle; vous
aurez dans cette liste celle du 28 mai 1900 et ses circonstances pour TEspagne.
Un abonné, à Golmar. — L'auteur de V Atmosphère espère toujours prendre très
8rochai«ement le temps de relire cet Ouvrage et d'en donner une nouvelle édition. —
in nous a demandé de publier la Revue tous les quinze jours: c'est le surcroît de frais
qui nous fait hésiter. Tous les abonnés ne supporteraient probablement pas une aug-
mentation.
M. A. L., à Toulouse. -- La température de l'espace paraît être, d'après les déduc-
tions de la Thermodynamique, de 270* au-dessous de zéro. Nous ne connaissons pas d'Ou-
vrages consacrés à ce sujet spécial. On peut consulter avec fruit La Chaleur de
Tyndall et les belles études de M. Hirn.
Un abonné de l'île de Jersey. — Nous répondrons prochainement, dans la Revue à
votre question d'un intérêt si général. —V Atmosphère n'est pas encore réimprimée 'le
temps manquant absolument à l'auteur pour la relire. La 10» édition de Lumen vient' de
Saraître : Récits de l'Infini. Remerciements pour le curieux diagramme du tremblement
e terre.
M. M.-H., à Bordeaux. — Les sociétés scientifiques sont difficiles à fonder, plus dif-
ficiles encore à rendre viables et durables par elles-mêmes On rencontre mille obstacles
imprévus, venant principalement des personnes qui, à priori, sembleraient devoir être
les premières à s'unir à nous pour l'instruction publique et le progrès. Le feu sacré
le dévouement impersonnel, une persévérance infatigable, sont les conditions indis-
pensables chez le promoteur, lequel, malgré tout, peut encore rester isolé ou être aban-
donné aux instants critiques.
M. MuLLER, à Lisclert (Belgique). — Nous ne conseillons pas, en général, les téle-
scopes de préférence aux lunettes, parce qu'ils peuvent se détériorer plus facilement et
que la réargenture est un procédé fort délicat. M.ais. pour un savant très soigneux on
peut les conseiller, d'autant plus qu'à prix égal 1 instrument est plus puissant. Vous
pourriez choisir le type indiqué dans les Etoiles, page 685.
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Paris. — Imp. Gauthier- Villars, 55, quai des Grands-Augustins.
4* Année.
FEB16'885 N»2.
Février 1885.
REVDE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DOlfNAlfT LB TABLKAU PBUMAFIBNT 0B8 DftCOUVBRTBS BT DBS PKOQtLÈB RÂALIftÉS
-- DANS LA COlfNAlSSAMCB DB L'UNlVBAd
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVBC LB CONCOURa 0B8
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
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Paix du Numéro : 1 fk*. 20 o.
La Rbvub paraît le 1*'' de chaque Mois.
^ PARIS.
GAUTHIER-VILLâRS, IMPRlMËUR-LlBRAlRË
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE DO N« 2 (FÉVRIER 1885).
Ob<ierva:îon4 nouv^Uet aur Satarae et aar ■•■ aaadaiz, par M. ll^xiiv Piivrr, a»lro-
iiomo à Brigliton (2 IIîçupo»). ^Photographie directe d'un) trombi d figure). — Archéo-
logie astronomique, par le Prince Paul Poxtiatinx (I flguro). -^ Gonsf ractlon des cadrans
solaires, par M. Uenhy Amat (6 figures). — La condensation de la nébalense solaire dans
rhypothète de Laplace, par M. Maurice Foucaé. — Les tremblements déterre de l'Es-
pagne, par M. C. Flammarion (2 figures). — Nonvelles de la Science. Variétés : l/éclipse
de Lune. Nuages singuliers. La comète d'Encke. Visibilité de Mercure. La lumière zodiacale.
Lefi occultations d^Aldcbaran. Recherches photometriques sur Tanneau de Saturne. Tn nou-
veau pied d'équatorial à la portée de toutes les bourses. — Obserratlons astronomiques,
par M. E. Vimont (2 figures). Occultation d'Aldébaran, par M. Blot {I figure).
PRIN CIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS LA REVUE.
A. D'ABBADIE, de l'Iostitut. — Choix d*an premier méridien.
ARAGO (V.). —Le soleU de Minait.
BERTRAND (J.), de l'Institut. ~Le satelUte de Vénns.
BOB (A. De), astronome à Anvers. — L*Etoile polaire.
DAUBRÉE, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées dn Ciel.
DENNING (A.), astronome à Bristol. — Obserratlons télescopiqnes de Jupiter, de Vénns,
de Mercure.
DENZA(P.), Directeur de l'Observatoire de Moncalieri. — Chute d*un uranoUthe en Italie.
DETAILLE, astronome. — L'atmosphère de Vénus. -« Nouveiles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblements de terre.
FATE, Président du Bureau des Longitudes. >- NouTcUe théorie du Soleil. — Distribution
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. —La formation du sys-
téme solaire.
FLAMMARION — Les carrières astronomiques en France. ^ Gon'lltions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique âêm comètes. — Une genèse dans
le ciel. — Comment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de rinllni.—
D*où ▼iennent les pierres qui tombent du Ciel? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre — La conquête des airs et le centenaire de Montirolfler. —
Les grandes marées au Mont Salnt-Mlchel. — Phénomènes météorologiques obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa. —
La planète transneptunienne. — L*è toile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
vicâmes de la foudre.
FORBL (le Professeur). — Les tremblements de terre.
6AZAN (Colonel). — Les taches du soleil.
6ÉRIGNT, astronome. — Comment lia lune se meut dans Tespace. — Ralentissement du
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sélènographi-
ques. — L'èquatorlal coudé de robservatolre de Paris. — L'héllomètre. — La nais-
sance de la Lune.
HENRY, de l'Observatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur Uranns.
HERSGHEL (A.-S.).— Chute d*un uranoUthe èji Angleterre.
HIRN, correspondant de rinstitut. — Conservation de Ténergie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par Tatmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Directeur de l'Observatoire d^ Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
HUGGINS, de la Société royale de Londres. — Les environs du Soleil.
JAMIN, de rinstitut. — Qu*e8t-ce que la rosée ?
JANSSEN,de rinstitut, directeur de l'Observatoire de Meudon. — La photographie céleste. ->
Résultats de r éclipse de SoleU du 6 Mai 1888.
LEM AIRE-TESTE, de l'Observatoire de Rio-Janeiro. — Choix d*un premier méridien.
LEPAUTE. — Quelle heure est-il? — Le temps vrai, le temps moyen et les cadrans
solaires. — La chaleur solaire et ses applications Industrielles.
LESSEPS (de). — Les vagues sous-marlnes,
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de TObserva
toire de Paris. — ^Observatoire du Pic du Midi. — Création d*une succursale de l*Ob-
servatoire.
MOUREAUX (Th.), météorologiste au Bureau central. — Les Inondations.
PARMENTIER (général). — Distribution des petites planètes dans Fespace.
PERROTIN, directeur de TObservatoire de Nice. — La comète de Pons. — La planète Uranns
PROCTOR, astronome à Londres. — Le Vésuve et ISCHIA.
RICCd, astronome à TObservatoire de Palerme. — La grande comète de 1882.— La tache
rouge de Jupiter. — Les taches du Soleil.
ROCHE (J.), correspondant de rinstitut. —Constitution intérieure du globe terrestre. —
Variations périodiques de la température pendant le cours de Tannée.
SCHIAPARELLI, directeur de l'Observatoire de Milan. — Les canaux de la planète Mars
TACCHINI, directeur de l'Observatoire de Rome. — Statistique des taches solaires.
THOLLON,de l'Observatoire de Nice. —Mouvements sidéraux. — Éruptions dans le Soleil
TROUVELOT, de l'Observatoire de Meudon. — La comète de Pons. — Ombres observées
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
VIGAN, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Les marées de la Méditerranée.
VIMONT. — Observations astronomiques de chaque mois.
Les communications relatives à la rédaction doivent être adressées à M. C. Flammarion, Direc'
leur de la Revue, 86, avenue de FObservatoire, à Paris, ou à robservatoire de Juvisy
ju bien k M. Gérigny, Secrétaire de la Rédaction^ 41, rue du Montparnasse , à Paris.
^l&n du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con^
^ descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font pas
ion de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant les
urieux de pénétrer de plus en plus les grands problèmes de la nature.
FEBldiJSS
— L'ASTRONOKIB. —
41
OBSERVATIONS NOUVELLES SUR SATURNE ET SES ANNEAUX.
La coïncidence d'une position favorable de Saturne avec une succession de
plusieurs nuits pendant lesquelles les images se sont montrées remarquable-
ment bien définies est la principale raison qui m'a décidé à publier le résul-
tat de nombreuses observations effectuées pendant les mois de janvier, février
Fig. 15.
Satubne, le 11 février 1884, d'après les observations de M. Pratt.
et mars 1884. Les circonstances les plus favorables se sont présentées dans
la nuit du 11 février où j'ai pu retrouver tous les détails que j'avais déjà
notés précédemment.
Le dessin que je fis à cette date a été construit d'après des mesures micro-
métriques; il est reproduit ici, en plus petit, par la fig. \o, (Échelle':
2"",2 = r.)
L'instrument qui m'a servi est un télescope de Newton de 0",206 d'ouver-
ture, monté équatorialement et muni d'un mouvement d'horlogerie. Le mi-
roir, construit par M. With, donne des disques d'étoiles remarquablement
petits, et le prisme à réflexion totale est également d'une construction par-
FÉVEiBR 1885. 2
42 L'ASTRONOMIE.
faite. J'ai employé des grossissements de 370, 450 et 500 fois, le plus souvent
les deux derniers. Toutes les observations de couleur ont été faites à l'aide
d'une lunette achromatique de Browning grossissant 450 fois.
LE GLOBE
— Le 11 février, l'inclinaison de l'axe du côté de la Terre était assez
grande pour laisser voir plus de 20* de latitude au delà du pôle sud, le paral-
lèle de 70® de latitude australe se trouvant juste en contact intérieur avec la
partie australe du bord.
La partie australe du bord du globe recouvrait exactement la division noire
entre les deux anneaux (division de Cassini).
Le bord du disque paraissait généralement un peu plus sombre que les
régions plus centrales; mais la limite même du bord se montrait certaine-
ment, quoique très délicatement, estompée, indiquant ainsi rapproche voisine
de la phase.
Position des bandes sombres. — Des changements se produisent sans doute
dans la forme et la disposition des bandes qui sillonnent le disque; mais, à la
suite d'un examen minutieux et assidu, je suis forcé de conclure que, malgré
les aspects variés que la planète nous présente, des modifications réelles et
certaines ne sont à coup sûr ni fréquentes ni rapides. Toutes les fois qu'une
petite altération m'a paru se produire dans la forme ou la position des bandes,
j'ai reconnu plus tard que l'aspect habituel ne manquait pas de se retrouver à
l'aide d'une observation plus soigneuse favorisée par une meilleure défini-
tion.
Autrefois, pendant la période où le pôle Nord était tourné vers la Terre,
j'avais déjà remarqué le même arrangement régulier des bandes de l'hémi-
sphère boréal. Depuis Tépoque où le pôle Sud de la planète a commencé à se
montrer du côté de la Terre, f ai constamment retrouvé une disposition des bandes
australes semblable à celle des bandes boréales, mais dans l'ordre inverse de celui
que présentait l'autre hémisphère.
Enfin, à l'époque où l'anneau se montrait par la tranche, les deux systèmes
symétriques de bandes ont pu être observés simultanément; les positions
qu'elles occupaient se sont montrées symétriques aussi loin qu'on pouvait les
suivre au Nord et au Sud de l'Equateur.
Pour faciliter la comparaison des observations futures, j'ai désigné les
bandes par les lettres grecques a, p, etc., affectées du signe -h pour Thémi-
sphère boréal, et du signe — pour l'hémisphère austral, en suivant Tordre
alphabétique à partir de l'Equateur.
OBSERVATIONS NOUVELLES SUR SATURNE ET SES ANNEAUX. 43
La zone équatoriale m'a toujours paru d'une teinte uniforme, sans détails ni
taches d'aucune espèce; elle s'étend ainsi à la même distance de part et
d'autre de l'équateur jusqu'à la latitude de 10°. C'est de beaucoup la partie la
plus brillante du globe : elle se montre d'une couleur crème.
— a Cette bande, la première au Sud de l'équateur, est la plus intéressante
de toutes par son caractère varié. La position de son bord boréal, telle qu'elle
résulte des mesures micrométriques, est par 10* de latitude Sud. Sa teinte
générale est d'un brun rougeâtre; mais, sur un quart environ de sa largeur
totale, près du bord boréal, la coloration devient assez intense pour former
une étroite ligne sombre. Le reste de la largeur, du côté Sud, est d'un ton
adouci et variable; on y remarque souvent des taches sombres en forme de
jets de fumée. Le 11 février, j'ai compté six de ces taches, parmi lesquelles
trois étaient bien évidentes.
— p, la bande sombre suivante, du côté du Sud, est de la môme teinte que
la première, mais un peu plus claire. Elle est aussi ondulée, mais d'une façon
beaucoup moins distincte. Ces ondulations sont surtout visibles sur le bord
boréal qui paraît être la contre partie de — a; mais, contrairement à cette
dernière, elle ne renferme pas de taches sombres.
— Y est une bande encore plus faible, située bien plus loin vers le Sud ; son
bord boréal est généralement le mieux défini.
— 8, la quatrième et dernière bande, est plus large que — y, plus difficile à
voir, et ses bords sont moins bien définis. Ces deux dernières bandes sont
tellement faibles qu'elles sont généralement invisibles, à moins que l'atmo-
sphère ne présente une transparence exceptionnelle. Dans ces occasions favo-
rables, je les ai toujours aperçues, et, autant qu'il est possible d'en juger, leur
couleur générale est la même que celle des autres bandes.
Entre chacune de ces quatre band'es, ainsi qu'au sud de — 8 se trouvent
des zones plus brillantes, d'une couleur jaune brun pâle; chacune d'elles vient
se fondre plus ou moins doucement avec les bandes obscures, et leur teinte
générale est plus sombre que celle de la brillante zone équatoriale.
La région polaire qui se montre entièrement à la vue ne présente aucune
limite définie; elle s'estompe très doucement avec la zone qui l'entoure,
dont elle se distingue par sa teinte plus sombre; tandis que près du bord du
disque, elle contraste avec le bord austral plus obscur encore. La couleur
générale est gris bleu.
4- a De chaque côté du globe, les extrémités de cette bande apparaissent
au-dessus du bord de l'anneau C avec lequel il est facile de les confondre à
moins que la définition ne soit excellente. Dans ce cas on peut reconnaître
que l'étendue actuelle de la zone équatoriale au nord de l'équateur est à peu
près la même qu'au sud.
44 L'ASTRONOMIB.
LES ANNEAUX
Uanneau extérieur est désigné par A, celui du milieu par B, Tintérieur
transparent par C.
A. — La ligne noire observée sur cet anneau, et connue sous le nom de
Division éCEncke^ était très facilement visible pendant les mois de février et
de mars; quelquefois même, elle s'est montrée exceptionnellement distincte,
comme je l'avais déjà remarqué à plusieurs reprises pendant Tannée 1883.
Elle ne m*a jamais présenté l'apparence d'une simple ligne nettement
définie se détachant sur un fond d'une teinte uniforme, comme on l'a plu-
sieurs fois figurée. Je l'ai toujours vue très étroite et grise, semblable à une
ligne d'ombre très délicatement estompée dont la teinte devient parfois plus
ou moins obscure. J'estime que ce n'est pas une division complète, et qu'elle
n'occupe pas toujours la même position sur l'anneau. L'éclat de la zone exté-
rieure de A commence à diminuer vers le milieu, et la teinte se fonce de
plus en plus à mesure qu'on s'approche de la division d'Encke. Il est remar-
quable que le même phénomène se reproduit sur la zone intérieure quand
on s'approche de la division de Cassini. Ces apparences d'ombre ou de quelque
autre nom qu'on veuille employer pour les désigner sont tout à fait dignes
de remarque. Le 22 novembre 1881, la division d'Encke se trouvait juste au
milieu de A ; mais l'apparence striée que présentait l'ombre qui la borde,
dans les moments où les images étaient le plus nettes, semblait indiquer
avec une grande probabilité l'existence de plusieurs lignes de même nature
que cette division. Pendant plusieurs nuits du mois de janvier 1884, cette
division m'apparut sûrement en dehors du milieu de A du côté de l'exté-
rieur, tandis que d'autres fois je dus conclure après une observation minu-
tieuse qu'elle se trouvait en dehors du milieu sur l'une des anses de l'anneau,
et juste au milieu sur l'autre.
La Division de Cassini, ou grande séparation entre l'anneau A et l'anneau B,
m'a toujours paru très sombre ; mais, dans les conditions les plus favorables, je
ne l'ai jamais vue d'un noir absolu, comparable à l'ombre du globe sur l'anneau.
B. — Depuis la zone extérieure de cet anneau, qui est toujours très bril-
lante, la teinte va le plus souvent en se dégradant doucement et légèrement
jusqu'au bord intérieur, qui paraît très sombre, sans la moindre indication
de taches ou de détails quelconques. Pourtant, en quelques circonstances,
j'ai vu de très légères irrégularités dans cette dégradation progressive de la
teinte. Le 11 février, dans l'intérieur de la zone brillante extérieure, on en
voyait une un peu plus sombre; dans l'intérieur même de celle-ci l'éclat se
trouvait légèrement augmenté sur une très petite largeur; et dans cet espace
même, la teinte s'assombrissait graduellement du côté de l'intérieur. Avec
OBSERVATIONS NOUVELLES SUR SATURNE ET SES ANNEAUX. 45
de forts grossissements, le bord intérieur de cet anneau paraît si mal défini
et tellement confondu avec G qu'il n'est pas facile de préciser où se trouve la
limite entre les deux anneaux. Malgré tout le soin que j*ai mis à scruter
cette région, je n'ai jamais pu découvrir de division entre eux deux. La teinte
générale de B est d'un gris bleu.
G. — La couleur générale de cet anneau m'a paru être le gris d'ardoise
mêlé de pourpre sur les anses. Le bord intérieur se montre très nettement
défini, et cet effet est sans doute augmenté par le contraste subit que produit
le noir du ciel à travers le vide de l'anse. La teinte générale s'obscurcit gra-
duellement, mais très certainement, de l'extérieur à l'intérieur, excepté à
Fendroit où l'anneau recouvre le disque de la planète. Alors c'est l'inverse
qui se produit, la région intérieure paraissant la plus brillante, tandis que
le bord extérieur est indistinct et diffus comme s'il était à demi transparent.
Sur toute sa largeur, l'anneau est visible devant le globe de Saturne, et
celui-ci se voit au travers, sur toute la largeur également, à l'exception pour-
tant d'une zone très étroite contiguë au bord extérieur. U est à remarquer
que le U février, et dans d'autres occasions, cet anneau s'est montré plus
brillant et un peu plus étroit dans l'anse occidentale que dans l'anse orien-
tale, comme je l'ai représenté sur le dessin. Quand les images sont très
bonnes, une sorte de granulation se montre distinctement sur toute son
étendue, comme si ses dernières particules s'étaient agglomérées en groupes
juste assez volumineux pour être aperçus de temps à autre d'un seul coup
d'œil. Mais cette apparence n'est nullement persistante, et il est certainement
impossible de la représenter par une teinte d'aquarelle uniformément déposée.
Excentricité des anneaux par rapport au globe. — Quand j'observai le il février
la différence de largeur entre les deux anses de G, je remarquai que le bord
intérieur de l'anse occidentale paraissait un peu plus près du globe que celui
de l'anse orientale. Le 29 février, à 9**, cette excentricité se montra du môme
côté, mais beaucoup plus accentuée que je ne l'avais jamais observée. Le
2 mars, à 9^ l'excentricité paraissait moyenne entre les deux valeurs qu'elle
avait atteintes aux deux dates précédentes.
Ombre du globe sur les anneaux, — Plusieurs fois, pendant le mois de
février, j'examinai soigneusement cette ombre à cause de sa forme particu-
lière. Elle se montrait touchant ou couvrant la division de Cassini qu'elle
suivait en tournant. Le bord oriental de l'ombre reproduisait exactement le
contour du globe jusque près de la division de Cassini où il se recourbait
rapidement vers l'Est avant d'atteindre cette division. Aucune trace d'ombre
n'était visible sur l'anneau A.
Section probable des anneaux. — L'épaisseur des anneaux est extrêmement
exiguë ; leur surface n'est pas parfaitement plane.
46 L'ASTRONOMIE.
La forme générale de ces surfaces est indiquée par mes observations de
Tombre du globe. Après avoir répété ces observations pour toutes les posi-
tions des anneaux, j'ai essayé d*en déterminer la forme d'une manière
approchée, en discutant les dessins observés, et en les comparant avec dif-
férents modèles du globe et des anneaux que j'avais construits à l'échelle et
que j'exposais à la lumière solaire. Le résultat de cette étude est qu'il n'y a
qu'une seule forme qui permette de donner aux ombres artificielles la figure
observée sur les ombres réelles.
La section ainsi déterminée est représentée (fig. 16).
Constitution des anneaux. — L'observation, aussi bien que l'analyse mathé-
matique, indique que la matière dont sont composés les anneaux est à l'état
de courants circulaires de particules solides.
On a bien souvent observé depuis Short et Kater jusqu'à l'époque actuelle
que l'anneau extérieur A montre une tendance plus marquée que les autres
à la disposition en stries. J'ai pu constater cette circonstance avec une évi-
dence extraordina^ire, le 22 novembre 1881, et plusieurs fois depuis. De
Fig. m.
B I , ^, , ,
Section probable des anneaux de Saturne.
môme, mais seulement à une époque récente, on a remarqué que l'anneau
intérieur C paraissait présenter la tendance la plus marquée vers la granu-
lation.
Les observations ont aussi montré, par l'étude des ombres du globe, que
la plus grande épaisseur de chaque anneau se trouve auprès de son bord externe.
A ces résultats d'observation on peut ajouter la considération que la
portion extérieure de l'anneau est sans doute occupée par les particules les
plus volumineuses et les plus lourdes, et qu'au contraire les particules les
plus petites et les plus légères composent les régions intérieures.
De cette étude attentive je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes :
Le maximum d'éclat coïncide avec le maximum d'épaisseur, près du bord
extérieur de B.
Le maximum d'obscurité de teinte coïncide avec la région la plus mince
qui est le bord intérieur de C.
La plus grande tendance à la disposition en stries coïncide avec la position
des particules les plus lourdes en A.
La plus grande tendance à la granulation coïncide avec la position qu'oc-
cupent probablement les particules les plus légères, dans l'anneau intérieur C.
De ces remarques, on peut inférer que la matière qui compose l'anneau B #
PHOTOGRAPHIE DIRECTE D'UNE TROMBE. 47
est moins propre que celle des autres anneaux à prendre nettement le carac-
tère de la granulation ou de la stratification, et conclure que les influences
de la gravité qui agissent sur le système des anneaux produisent lentement,
mais continuellement, toutes ces variations d'éclat, de couleur et de structure
qu'il nous est donné d'observer.
Henry Pratt,
Astronome à Brighton,
Membre de la Société Royale astronomique de Londres
PHOTOGRAPHIE DIRECTE D'UNE TROMBE.
M. Holden, le savant Directeur de l'Observatoire Washburn (Madison,
Wisconsin), a bien voulu nous communiquer la photographie directe d'une
trombe, qui est passée, le 28 août dernier, à 4 heures de Taprès-midi, a 35''" à
rOuest de la ville, marchant dans la direction du Sud-Est avec une vitesse de
Fig. 17.
Trombe observée aux Etals-Unis, diaprés une photographie.
64^"* à l'heure. Emportée par cette vitesse effroyable, la trombe a détruit sur
son passage tout ce qu'elle y a rencontré: arbres, maisons et habitants, sur une
largeur de 90" environ. Nous reproduisons (fig. 17) ce document intéressant,
la première photographie de ce genre qui existe, certainement.
Le tornado attaque le sol par son extrémité inférieure ; ses gyrations violentes
y soulèvent des torrents de poussière, lançant autour de lui tous les objets
plus ou moins légers qu'il a frappés et détachés du sol.
48 L'ASTRONOMIE.
ARCHÉOLOGIE ASTRONOMIQUE.
Monsieur le Directeur,
Vos recherches sur les changements de forme des constellations par les mou-
vements propres des étoiles et vos études sur TAstronomie ancienne m'engagent
à vous soumettre le fac-similé d*un dessin astronomique fait sur un polissoir en
ardoise trouvé dans mes terres de Bologoë, près du lac de ce nom, dans la couche
néolithique.
Cet antique objet du temps de l'âge de pierre, datant d'une époque inconnue,
porte, comme on le voit sur ce dessin (de grandeur naturelle), les sept étoiles
caractéristiques du Septentrion, ainsi que d'autres étoiles qui me paraissent
Fig. 18.
(
Étoiles de la G<*?0upse.
, de.
LévHers.
W
. du
Bouvier.
\
M du
Dpa|bn.
\
B
Étoiles du nord gravées sur un polissoir du temps de l'âge de pierre, trouvé en Russie.
appartenir d'abord à la Grande Ourse elle-même, ensuite aux Chiens de Chasse,
au Bouvier et au Dragcn.
L'étoile Ç de la Grande Ourse est marquée double, et il en est de même de
l'étoile a des Chiens de chasse. L'étoile a de la Grande Ourse est, comme les
deux dont je viens de parler, plus grosse que les autres.
Il y a, entre a et S, entre 5 et s, et près de Ç, trois étoiles assez grosses que Ton
ne voit plus au ciel. Les autres sont plus petites. Ces diverses étoiles ont-elles
changé de grandeur depuis les temps préhistoriques ?
La configuration des sept étoiles du Chariot est-elle une inexactitude de l'ou-
vrier préhistorique, ou correspondrait-elle à une figure réelle remontant à une
époque très reculée ?
La ligne AB peut marquer l'horizon. La ligne CD n'indiquerait-elle pas la direc-
tion du pôle à l'époque où les étoiles X, x du Dragon étaient polaires?
Les autres étoiles gravées ont-elles jamais été visibles à l'œil nu ?
L'étude du Ciel paraît avoir été apportée en Russie par les proto-Scythes. Ces
étoiles ne sont-elles pas mieux visibles en d'autres contrées de la migration asia-
tique?
Veuillez agréer, etc. Prince Paul Pontiatinn.
La communication précédente est du plus haut intérêt, et nous remercions le
ARCHÉOLOGIE ASTRONOMIQUE. 49
prince Pontiatinn de nous Tavoir adressée. Elle soulève, en effet, plusieurs pro-
blèmes.
Et d^abord, la forme des constellations changeant avec le temps, on a pu voir,
dans notre Astronomie populaire (p. 794), quelle était la disposition des sept
étoiles du Chariot il y a cinquante mille ans, et quelle elle sera dans cinquante
mille ans. Si un dessin de la Grande Ourse avait été fait il y a cinquante mille ans,
quarante mille ou seulement vingt-cinq mille, il différerait assez de nos dessins
actuels pour que nous puissions lui assigner une date approchée. Les mouve-
ments propres dont ces sept étoiles sont animées ont pour effet principal de
relever de siècle en siècle l'étoile tj vers le prolongement de la ligne presque
droite et peu variable SsJ, et de l'éloigner des six autres, auxquelles elle est, du
reste, étrangère par son origine. Or on peut remarquer que, sur le dessin du
polissoir, la position de l'étoile t^ n'est pas très différente de sa position actuelle,
pas plus que celle de a, dont le mouvement propre est également contraire à
celui des cinq autres. Donc, à ce point de vue, aucune date ne peut être donnée
par l'Astronomie pour l'époque de ce dessin. Un berger pourrait encore aujour-
d'hui le faire précisément tel qu'il est là.
Voyons maintenant les deux étoiles marquées doubles, Ç de la Grande Ourse et
a des Chiens de chasse. Que la première le soit, cela n'a rien de surprenant,
puisque toutes les bonnes vues distinguent Alcor à côté de Mizar ( Alcor n'est pas
à sa place, mais il n'y a pas lieu d'être trop exigeant). Quant à a des Chiens do
chasse, elle est bien vraiment une étoile double, mais il est impossible à l'œil nu
d'effectuer le dédoublement. Elle se compose d'une étoile de 3,2 et d'une de 5,7.
Celle-ci serait perceptible à l'œil nu si elle n'était pas éclipsée dans les rayons
de oc; mais sa distance est de 20^, et il faudrait que cette distance fût au moins
dix fois plus grande pour permettre la séparation à l'œil nu. Or, dans l'antiquité,
le compagnon a-t-il été plus éloigné que de nos jours de l'étoile principale? Non.
Depuis plus d'un siècle que nous avons les yeux fixés sur ce couple, l'écartement
. de 20' n'a pas varié. Un siècle n'est rien sans doute; mais ce couple forme un
système physique emporté dans le ciel par un mouvement propre très rapide, et
les deux composantes marchent d'un commun accord. Donc le compagnon n'a
jamais été visible à l'œil nu. Sans doute l'allongement de l'étoile sur le dessia
avait une autre signification. Nous ne pouvons guère admettre l'existence d'in-
struments d'optique, tous les documents anciens s'accordant pour prouver que le
verre n'a été appliqué pour la première fois aux observations célestes qu'au
commencement du xvii« siècle, et celui-ci ne présentant point les caractères
d'une précision scientifique.
L'étoile qui est marquée sur le prolongement de Sy Grande Ourse est l'étoile x*
Celle qui est au-dessus de a est X du Dragon et sa voisine de gauche est x de la
même constellation. Les trois voisines de t^, à gauche, sont 8, x et t du Bouvier.
Au-dessous de t), près du bord, ce doit être X Bouvier. Entre a Chiens de chasse
et X Grande Ourse, la première est probablement 8 des Chiens de chasse. Les
autres ne peuvent pas être identifiées; il n'y a même pas d'étoiles de 6« et 7« gran-
50 L'ASTRONOMIE.
deur aux positions gravées, et des étoiles qui existent au ciel ne sont pas indi-
quées. Le document, d'ailleurs, no présente pas de caractère scientifique déter-
miné. C'était peut-être une amulette des premiers pasteurs. La représentation
des sept astres du Septentrion n'est pas rare chez les anciens. En visitant, il y a
une dizaine d'années, les solitudes bretonnes des environs de Guérande et du
bourg de Batz, nous avons remarqué sur les rochers un grand nombre de dessins
faits par trous sur les rochers, parmi lesquels on reconnaît entre autres la Grande
Ourse et Cassiopée. Nous possédons au musée de l'Observatoire de Juvisy un
ancien sabre d'exécuteur japonais, près de la garde duquel sont gravées, d'un
côté, la Grande Ourse, et de l'autre, Cassiopée. Ce sont là des représentations pri-
mitives, dont ridée toute naturelle est directement inspirée par le spectacle du
ciel. Que l'artiste qui s'est complu à représenter ces étoiles sur la pierre ou sur
le bronze y ait ajouté des points qui n'existent pas au ciel, on ne saurait en tirer
de conjectures en faveur de changements arrivés dans l'Univers.
L'aspect de la Grande Ourse et de toute cette région du ciel est le même pour
tous les pays du Nord, depuis la France jusqu'au détroit de Behring.
La ligne joignant a à X, qui est à peu près parallèle à la ligne CD, aboutissait
au pôle nord au commencement de notre ère, et la ligne menée de a à x douze siè-
cles avant notre ère. Si donc on considérait la ligne CD comme indicatrice du nord,
le document ne remonterait pas au delà du commencement de Tère chrétienne.
Quoi qu'il en soit, c'est là un document rare et intéressant ( unique jusqu'à pré-
sent à notre connaissance) et Ton ne saurait trop remercier ceux qui découvrent
ces vestiges des âges disparus de les faire connaître, afin qu'étant publiés ils
apportent leur élément au progrès général des connaissances humaines.
CA&dLLE Flammarion.
CONSTRUCTION DES CADRANS SOLAIRES.
Nous recevons de M. âmat, ancien député des Bouches-du-Rhône, membre
de la Société scientifique Flammarion de Marseille, auteur du monument cosmo-
graphique que tous les amis de la Science admirent au jardin de la Bourse de
Marseille, un exposé très concis et tout à fait pratique sur la construction des
cadrans solaires. Nous sommes heureux de lui donner place dans cette Revue :
ce travail répond aux vœux d'un très grand nombre de lecteurs.
Existe-t-il un procédé simple et facile pour établir des cadrans solaires? Ce qui
est facile aux uns est difficile à d'autres. Le travail aplanit les difficultés.
L
Il suffit des premières notions de cosmographie pour comprendre que si Ton
prenait comme cadran le plan de l'équateur terrestre et comme style l'axe du
monde, le Soleil y marquerait les vingt-quatre heures de la journée en divisant
le cercle en vingt-quatre arcs égaux, de 15o, ayant leurs sommets au centre,
au point d'insertion de l'axe.
CONSTRUCTION DES CADRANS SOLAIRES. 51
Cette hypothèse est moins difficile à réaliser qu'il ne le semble. D'abord, point
n*est besoin de donner à votre cadran usuel un diamètre de 12750^ comme celui
de la Terre; s'il vous suffit d'un mètre ou d'un décimètre, le tracé des lignes
horaires restera le même.
Il n'est pas nécessaire non plus que votre cadran soit précisément à l'équateur.
Les effets et le tracé ne seront pas changés, quand même il en serait éloigné de
quelques mètres, ou de quelques milliers de kilomètres, cette distance n'étant
qu'une quantité négligeable comparativement aux 148 millions de kilomètres qui
nous séparent du Soleil.
Vous pouvez opérer en un point quelconque de la Terre ; pourvu que votre
cadran soit parallèle à l'équateur et votre style parallèle à l'axe du monde, vous
vous considérerez comme étant à l'équateur, et vous tracerez vos lignes en con-
séquence, angles égaux, de 15* pour les heures, de 7»30' pour les demi-heures, et
ainsi de suite.
II.
Si donc vous désirez un cadran équatorial, vous n'avez qu'à l'incliner sur
votre horizon d'un angle complémentaire de la latitude, et à le traverser perpen-
diculairement par un style destiné à y marquer l'heure sur ses deux faces, l'une
d'hiver, l'autre l'été, selon que le Soleil est dans l'hémisphère austral ou dans
l'hémisphère boréal.
Pour qu'il fonctionne, il suffit de le poser, en en dirigeant le style vers le Nord.
Une bonne montre, un chronomètre et une table de l'équation du temps vous
indiqueront à midi vrai le plan du méridien, par l'ombre du style perpendiculaire
au cadran. Vous ajusterez le style dans ce plan, et vous lui donnerez l'inclinaison
voulue en l'abaissant sur l'horizon d'un angle égal à la latitude de la localité. A
Paris, le style fait avec l'horizon un angle de J8<»50', à Marseille de 43» 18', à Alger
de 360 47'.
Le même cadran équatorial est apte à fonctionner sur tous les points du globe
il n'y a dans chaque localité qu'à incliner le style sur l'horizon d'un angle égal à
la latitude.
III.
Mais ce n'est pas un cadran équatorial que l'on demandera le plus souvent.
La page ci-contre fournit le moyen d'établir, sans beaucoup de préparation
ni d'appareils scientifiques, un cadran solaire sur une surface quelconque, verti-
cale^ horizontale ou inclinée; méridionale, déclinante ou septentrionale; plane,
arrondie ou anfractueuse.
Il s'agit uniquement de poser le style à la place où on le veut, en bien obser-
vant ces deux conditions : qu'il soit dans le plan du méridien et qu'il forme avec
l'horizon un angle égal à la latitude.
Le style ainsi définitîvement posé, il n'y a plus rien à faire qu'à attendre le pre-
mier jour de soleil, et à tracer, d'après une bonne montre aux indications de la-
quelle vous ajouterez l'équation du temps pour convertir le temps moyen en
52
L'ASTRONOMIE.
temps vrai, les lignes horaires telles que le Soleil les marquera lui-même par
l'ombre du style.
Ce tracé de cadran sera et restera exact pour to^jours, d'autant plus exact
qu'on aura apporté plus d'attention et de soin dans les courtes opérations décrites.
L'ombre du style s'allongera ou s'accourcira suivant les saisons, suivant la décli-
naison du Soleil, mais elle reviendra au même jour, à la même heure, recouvrir
la même ligne horaire.
IV.
Mais, dites-vous, je voudrais dessiner les lignes horaires dans le silence et
le recueillement de mon bureau, sur ma table de travail, et non sous la dictée du
Soleil. Vous le pourrez parfaitement; voici un procédé assezsimple. Il faut tou-
jours qu'on vous donne la latitude et la déclinaison du cadran, puisque les angles
du dessin en dépendent.
Prenons le cas le plus fréquent : un mur vertical, d'un azimut inconnu,
Fig. 19.
Fig. 20
Mur vertical.
Planche horizontale.
celui d'une maison à la ville ou à la campagne : telle est la place où d'ordi-
naire on songe à établir un cadran.
Tracez-y une droite verticale PM (fig. 19); ce sera la ligne horaire de midi.
Vers le milieu de cette verticale, au point H, appliquez contre le mur une
planche horizontale.
Âmidi vrai, marquez sur cette planche l'ombre aboutissant à la droite verticale,
à la lettre H, ombre projetée par un fil à plomb tendu entre la planche et le Soleil.
Cette ombre, cette ligne SH, est votre méridienne horizontale [fig. 20).
Plantez le style sur un point quelconque P de l'horaire verticale. Il faut que
le style aboutisse à la méridienne horizontale HS, et qu'il fasse avec elle un angle
égal à la latitude de la localité. Le point que nous avons appelé S (flg. 20) est celui
de la méridienne où aboutit ainsi le style.
De ce point 8 tirez sur la planche une perpendiculaire S6 à la méri-
dienne SH, et prolongez-la jusqu'au mur, où vous marquez son point de con-
tact 6.
Maintenant, de ce même point S, abaissez dans le plan vertical du méri-
CONSTRUCTION DES CADRANS SOLAIRES.
53
dien (fig,2i) une perpendiculaire SM au style SP, et faites descendre cette droite SM
jusqu'à la rencontre du mur, jusqu'à l'horaire verticale, où vous marquez le point
d3 contact U(fig, 19 et 21).
Les quatre lignes ainsi obtenues dans le plan méridien, PM, SH, PS et SM, en
donnent la coupe dessinée (fig, 19).
Pour tracer SM, vous appliquez contre le mur le triangle PHS (fig, 19), en le
faisant tourner comme sur une charnière autour de PH.
S'il vous plaît de vérifier par la Trigonométrie la longueur S M, tangente du
Fig. 21.
/
. Coupe selon le plan méridien.
rayon PS, l'angle P, complémentaire de la latitude, c'est-à-dire à Paris de 41ol0',
vous donne pour logarithme 9,94171 et pour nombre 0,8744; la longueur de SM y
sera donc les 874 millièmes du style PS.
Tirez sur le mur par les deux points de contact M et 6 une droite indéfinie, qui
sera l'équinoxiale (/ig. 21).
La coupe selon MS6 (/i^f. 22) est parallèle à Téquateur et nous présente un
Fig. 22.
I 1'^ '
6.J
Coupe parallèle à Téquateur
cadran équatorial desservi par le même style PS. Nous connaissons de cet équa-
tonal les deux lignes horaires, de midi, SM, et de 6»», S 6. Son style, son centre
de figure est en S.
Pour en compléter le dessin plus commodément, rabattons-le sur le mur, en le
faisant tourner autour de l'équinoxiale M 6 comme sur une charnière.
A cet effet, de M, avec un rayon égal à MS, et de 6 avec^un rayon égal à 68,
54
L'ASraONOMIE.
traçons deux arcs de cercle, qui se couperont en G, centre de figure de Téquato-
rial ainsi rabattu (fîg. 23).
Ses lignes horaires formeront des angles égaux ayant leur sommet commun
Fig. 23.
Le mur.
en C. Les deux déjà tracées, CM et C6, midi et six heures, font un angle droit,
puisqu'elles sont à six heures Tune de l'autre
Un grand cercle, ayant C pour centre (fig. 24), nous sert à mesurer nos angles
de 15o pour l'heure, de T^SO' pour la demi-heure, de 15' pour la minute.
Nous faisons aboutir toutes les lignes horaires de l'équatorial à la droite équi-
noxiale sur laquelle nous en marquons tous les points de contact.
Enfin, du style P planté dans le mur, nous abaissons des droites sur tous ces
Fig. 24.
Cadran vertical Sud-Ouest
points de contact de l'équinoxiale. Ce sont les lignes horaires cherchées pour le
Cadran vertical.
Notre dessin étant complet, nous effaçons le cadran équatorial , tracé en poin-
tillé, dont nous n'avons plus besoin, et nous donnons aux lignes horaires du
vertical les longueurs qui nous conviennent.
LA CONDENSATION DE LA NÉBULEUSE SOLAIRE. 55
V.
Souvent on tiendra à ce que le cadran, qui marque toujours l'heure temps vrai,
marque aussi l'heure temps moyen, Theure des horloges, celle qui est en usage
dans les relations du monde. Elles ne concordent que quatre fois l'an, et leur
différence, graduée d'un jour à l'autre selon Tellipse de l'orbite terrestre et la
vitesse de translation, s'élève à plus de seize minutes le 3 novembre.
On peut faire marquer au cadran Theure de midi temps moyen en traçant le
long de l'horaire midi une sorte de 8 très allongé, nommé Méridienne du temps
moyen. Un 8 analogue pourrait de même s'adapter à toutes les heures. La des-
cription du procédé, qui comprend le tracé des hyperboles quotidiennes, nous
entraînerait un peu loin.
Au Physiorama de Marseille, quoique nous ayons mis la méridienne du temps
moyen sur l'un des douze cadrans, nous avons néanmoins gravé un résumé en
vingt-cinq lignes des différences du temps moyen au temps vrai, afin qu'on puisse
y régler sa montre à toute heure, en ajoutant ou retranchant l'équation du
temps.
Une table de ces différences est en effet l'accessoire obligé du cadran solaire,
si l'on n'est pas disposé à se contenter d'un à peu près de quelques minutes, et si
Ton ne veut pas prendre la peine d'y tracer le 8 rectificatif. Cette table de
l'équation du temps a été publiée dans cette Revue, septembre 1882, page 244^ pour
toutes les années, simples ou bissextiles.
Henri Amat.
LA CONDENSATION DE U NÉBULEUSE SOLAIRE
DANS L'HYPOTHfiSE DE ULPLAGE.
Aucune des personnes qui s^intéressent aux travaux des astronomes français,
n'ignore que M. Faye vient de publier un livre des plus intéressants, où il passe
en revue les principales théories cosmogoniques par lesquelles, aux différentes
époques de l'histoire, on a cherché à se rendre compte de la formation du monde
qui nous entoure (>). Ce n'est pas à nous qu'il appartient de faire l'éloge des
ouvrages de M. Faye et ce serait faire injure aux lecteurs de V Astronomie que
de leur rappeler les qualités de science, de style et d'érudition qu'ils ont pu
tant de fois apprécier par eux-mêmes dans les nombreux ouvrages de l'éminent
(•) H. Faye, membre de l'Institut. — Sur Vorigine du monde. In-8% 1884 (Paris,
Gauthier- Yillars). -^ Nous ferons des réserves expresses sur les théories excessives
émises par M. Faye à propos de la Pluralité des mondes : pour répondre à plusieurs
centaines de lettres, notre devoir sera de les réfuter ici même. Mais cette réfutation
est déjà toute faite dans les Terres du Ciel, et nous n'avons pas un mot à y retrancher
Nous en aurons plusieurs à ajouter, malgré tout le respect et toute la sympathie que
nous éprouvons pour le vénéré Président du Bureau des longitudes. G. F.
56 L'ASTRONOMIE.
astronome; mais, comme ce livre ne peut manquer d'attirer l'attention des lec-
teurs, [nous croyons utile de préciser certaines considérations mécaniques qui
jouent un grand rôle dans les critiques que fait M. Fa^^e des théories de ses
devanciers, d'autant plus que des considérations semblables nous ont suggéré
des réflexions qui ont été jugées assez intéressantes pour être présentées à
l'Académie des Sciences dans une de ses dernières séances.
Il y a, dans l'Ouvrage dont nous parlons, un théorème de Mécanique dont l'af)-
plication se présente à chaque instant. C'est le théorème du Moment des quan-
tités de mouvement. Voici exactement en quoi il consiste : Prenez à un instant
quelconque la vitesse de chaque molécule du système solaire et projetez-la sur
un plan arbitraire, mais fixe pour tout le système et pour toute la durée, et que
vous ferez passer par le centre du Soleil. Multipliez cette projection par la masse
de la molécule correspondante et le produit par la distance de cette projection au
centre du Soleil ; enfin faites la somme des produits ainsi obtenus pour toutes les
molécules du système. La somme que vous trouverez ainsi doit rester absolu-
ment constante quelles que soient les modifications que puisse subir le système.
Ce théorème est d'une importance capitale : il tient à ce que le Système Solaire
ne subit pas d'autres influences que les actions mutuelles de ses parties, de sorte
que toutes les forces qu'on y rencontre ou bien passent par le centre du Soleil,
ou bien sont deux à deux égales et opposées comme actions et réactions de deux
points des masses planétaires. La somme qui doit ainsi rester constante s'appelle
somme des moments des quantités de mouvement.
On conçoit évidemment que cette somme ne soit pas aisée à calculer. On peut
cependant en avoir assez facilement une valeur approchée, et en tous cas une
limite supérieure. Il faut tenir compte du mouvement des planètes et de leurs
satellites autour du Soleil, et du mouvement de rotation de celui-ci. Or, les pla-
nètes circulent à peu de chose près dans le plan dé l'équateur solaire; on peut
supposer qu'elles restent dans ce plan et prendre alors ce plan pour plan fixe de
projection. On peut aussi supposer toute la [masse de chaque planète et de ses
satellites condensée au centre de gravité commun du petit système, on peut enfin
supposer les orbites circulaires; on simplifiera ainsi le calcul sans altérer nota-
blement le résultat. Or les masses des planètes sont connues ainsi que leur
vitesse et leur distance au Soleil. On trouve de la sorte les résultats suivants, en
prenant pour unité de temps le jour moyen, pour unité de longueur la longueur
du rayon de l'orbite terrestre, et pour unité de masse la masse du Soleil :
Ç 2 wx 0,000 000 000 3
*9 2 itx 0,000 000 005 6
Ô 2 11X0,000 000 008 4
cf 2 11X0,000 000 0011
^ 2 ic X 0,000 005 950 0
ï) 2 11X0,000002 396 0
IS^ 2 11X0,000000 488 3
« 2 1CX 0,000 000 761 9
Dont la somme est : 2 ic x 0,000 009 611 6
LA CONDENSATION DE LA NÉBULEUSE SOLAIRE. 57
Pour le Soleil le calcul est bien plus difficile; la difficulté tient uniquement à
ce que nous ne savons pas comment la matière se trouve répartie dans son inté-
rieur. Nous avons d'excellentes raisons pour penser que les régions centrales
sont beaucoup plus denses que les zones superficielles, mais nous ignorons tota-
lement suivant quelle loi les densités s'y succèdent du centre à la surface. Il faut
faire une hypothèse pour entreprendre le calcul. Or la supposition la plus simple
consiste à considérer le Soleil comme une sphère homogène. Remarquons que
cette supposition nous fera trouver un nombre trop grand. En effet, supposer
homogène une masse qui est réellement condensée vers son centre, revient à
transporter des molécules à une distance plus grande du centre. Or, le Soleil
tournant sur lui -même d'un mouvement d'ensemble, les molécules ainsi trans-
portées, outre qu'elles deviennent plus distantes de l'axe de rotation, se trouvent
par cela même animées d'une vitesse plus rapide, ce qui augmente nécessaire-
ment le produit que nous voulons calculer. Dès qu'on suppose le Soleil homogène,
le calcul se réduit à un problème très simple do calcul intégral, et Ton trouve
facilement, puisqu'on connaît la vitesse de rotation du Soleil, le nombre :
2 «x 0,000 000 353 8
On remarquera que ce nombre est environ 30 fois plus petit que le précédent.
En rajoutant au précédent, on a finalement pour le moment total des quan-
tités de mouvement du système solaire tout entier :
2 îix 0,000 009 965 4
On pourrait objecter que nous avons négligé les petites planètes et une foulo
de masses inconnues qui peuvent circuler autour du Soleil. Mais la masse totale
des petites planètes est tout à fait insignifiante, et, quant aux corps inconnus, il
est peu vraisemblable qu'il en existe des masses bien considérables. Du reste le
tableau précédent montre que les grosses planètes ont seules quelque importance
dans le résultat définitif, si bien que nous aurions pu nous dispenser de calculer
les nombres relatifs à Mercure, Vénus, la Terre et Mars. Enfin la supposition
d'un Soleil homogène a augmenté le résultat. La seule objection sérieuse qu'on
pourrait élever contre le nombre précédent résiderait dans la supposition do
l'existence d'une ou plusieurs grosses planètes situées au delà de Neptune. Mais
on verra par la suite que nous n'avons pas à nous inquiéter pour notre objet des
planètes extraneptuniennes si elles existent, car dans l'hypothèse de Laplace
ces planètes auraient été formées avant Neptune, et, pour restreindre notre étudo
aux planètes connues, nous prendrons la nébuleuse à l'époque où elle a abandonné
l'anneau qui devait constituer la planète Neptune (»).
(•) En réalité, l'hypothèse de Texistence des planètes extraneptuniennes de masses
considérables donnerait lieu à une discussion un peu plus détaillée. Les personnes
auxquelles la Mécanique céleste n'est pas absolument étrangère reconnaîtront
facilement que les distances moyennes de ces planètes n'ayant pu varier sous l'action
des perturbations planétaires, leur moment de quantités de mouvement est resté inva-
riable, de sorte qu'une pareille hypothèse ne modifierait en rien les raisonnements et
les conclusions qui suivent.
58 L'ASTRONOMIE.
Le nombre
2 ic X 0,000 009 965 4
OU approximativement
2irx0,000 0l
doit donc être considéré comme représentant une limite supérieure du moment
total des quantités de mouvement du Système Solaire limité à Neptune. A aucune
époque de son histoire ce système n'a pu posséder un moment supérieur. Or. si
nous voulons calculer ce qu'était le moment des quantités de mouvement de la
nébuleuse solaire quand elle s'étendait jusqu'à l'orbite de Neptune et tournait sur
elle-même avec la vitesse angulaire actuelle de cette dernière planète, il nous
faut faire une hypothèse sur sa constitution. En la supposant homogène, le calcul
se fera facilement car on en connaît la masse, qui est à peine supérieure à celle
du Soleil, la vitesse de rotation qui est la même que la vitesse angulaire de révo-
lution actuelle de Neptune, et les dimensions puisqu'elle s'étendait alors jusqu'à
l'orbite actuelle de Neptune. On trouve :
2 it X 0,006
résultat 600 fois plus grand que le précédent et 17 000 fois plus grand que celui
qui correspond au Soleil. Si tel avait été le moment primitif de la nébuleuse, il
devrait se retrouver aujourd'hui presque entier dans le Soleil puisque le mouve-
ment des planètes n'en renfermerait que la 600« partie, et le Soleil tournerait
par conséquent aujourd'hui 17 000 fois plus vite qu'il ne le fait réellement.
Il faut donc changer les données du calcul relatif à la nébuleuse jusqu à ce que
le résultat devienne 600 fois plus petit. Or on ne peut songer à diminuer ni la
masse, ni la vitesse qui sont bien connues. Il ne reste donc plus d'autre moyen
que de supposer que la nébuleuse primitive, loin d'être homogène, était déjà for-
tement condensée vers le centre : nous avons déjà fait remarquer à propos du
Soleil qu'une condensation vers le centre aurait pour effet de diminuer le moment
total du mouvement.
Si donc on veut conserver l'hypothèse de Laplace, il faut de toute nécessité
concevoir la nébuleuse primitive comme étant déjà très fortement condensée
vers son centre à l'époque de la formation de Neptune. On peut même démontrer
à priori, en s'appuyant sur la troisième loi de Kepler, et sans aucun calcul mé-
canique, que depuis l'époque où le premier anneau équatorial a été abandonné,
la constitution de la nébuleuse a constamment progressé dans le sens de Thomo-
généïté, sans quoi la nébuleuse, au lieu de se contracter par le refroidissement,
se serait désagrégée. Nous sommes ainsi conduits à nous représenter la suc-
cession des événements de la manière suivante. La nébuleuse a pu être homo-
gène à l'origine première de notre monde; elle était animée d'un mouvement de
rotation extrêmement faible. Peu à peu il s'est produit, en même temps qu'une
contraction générale de la masse, une condensation centrale considérable qui a
accéléré la rotation jusqu'au moment où la force centrifuge équatoriale est devenue
égale à la gravité. Alors s'est détaché le premier anneau ; mais, depuis, la conden-
LA CONDENSATION DE LA NÉBULEUSE SOLAIRE. 59
sation centrale a cessé de faire des progrès : ce sont les régions les plus super-
ficielles qui se sont contractées, de manière que la constitution générale de la
nébuleuse devenait de plus en plus homogène. La nébuleuse a pu se contracter
ainsi sans abandonner de nouveaux anneaux jusqu'à ce que la condensation eût
atteint des couches assez profondes pour ralentir cette progression vers l'homo-
généïté et déterminer la séparation d'un nouvel anneau, après quoi les mêmes
actions se sont reproduites plusieurs fois dans le même ordre jusqu'à nos jours.
En un mot il faut concevoir la nébuleuse comme formée d'une masse centrale
environnée d'une atmosphère immense et très légère ; c'est la contraction des
couches superficielles qui produisait la contraction totale de la nébuleuse et c'est
la condensation des couches profondes qui déterminait l'abandon des anneaux
équatoriaux. En tous cas les planètes se sont formées uniquement aux dépens de
l'atmosphère, C'est bien ainsi du reste que le concevait Laplace quoique le degré
considérable de la condensation centrale paraisse lui avoir échappé.
Jusqu'ici il n'y a rien qui] puisse prêter à une objection sérieuse contre la
théorie du grand géomètre; mais voici qui est plus grave. On peut se proposer
de calculer, non pas la masse totale de l'atmosphère de la nébuleuse primitive,
mais une limite supérieure de cette masse. Nous connaissons en effet la masse,
la vitesse et le moment des quantités de mouvement de cette nébuleuse, à l'é-
poque, choisie pour instant initial, où s'est détaché l'anneau qui a formé Neptune.
Nous ignorons la loi de distribution de la matière à son intérieur. Or le moyen
d'assurer la plus grande masse possible à l'atmosphère consiste évidemment
à supposer le noyau central extrêmement petit, parce qu'alors, son moment des
quantités de mouvement étant négligeable, ce sera le mouvement de l'atmo-
sphère seule qui devra constituer ce moment tout entier, et l'on pourra ainsi
répartir dans les régions les plus éloignées de l'axe la plus grande quantité pos-
sible de matière. Dans cette hypothèse extrême, le problème est complètement
déterminé et l'on trouve que la masse totale de l'atmosphère dépasse à peine un
millième et demi de la masse totale.
C'est cette masse qui seule aurait dû concourir à la formation des planètes-
Mais la masse seule de Jupiter est presque la millième partie de la masse totale
du système solaire. Il faudrait donc admettre que toute Vatmosphère s'est pro-
gressivement réduite en planètes, ce qui paraîtra bien invraisemblable puisque
les régions situées à quelque distance de l'équateur n'ont point concouru à la
formation des anneaux. Remarquons enfin que l'hypothèse de la présence de
masses inconnues considérables dans le système actuel ne modifierait point cette
conclusion, car, si elle permet d'augmenter la masse de l'atmosphère, elle aug-
mente en même temps la masse dont il faut expliquer la formation.
Est-ce à dire que les résultats précédents soient la condamnation formelle de
l'hypothèse de Laplace? Nous no le pensons pas, car il ne serait pas impossible
de concevoir qu'une foule de circonstances accessoires aient pu modifier la
marche des phénomènes^ de manière à concilier nos résultats avec une théorie
aussi célèbre et aussi populaire. Ce qui est certain, c'est que les choses ne se
60 L^ASTRONOMTE.
sont pas passées aussi simplement que paraissait le croire Tillustre auteur de
la Mécanique céleste.
En tous cas, les réflexions qui précèdent font ressortir une différence capitale
qui, outre plusieurs autres, distingue les deux théories de Laplace et de M. Faye.
Dans la première, on vient de le voir, la nébuleuse solaire était formée d'un
noyau entouré d'une vaste atmosphère qui en se condensant peu à peu a amené
la masse dans un état voisin de l'homogénéïté. D'après les idées de M. Faye, au
contraire, la nébuleuse, primitivement homogène, est restée dans cet état long-
temps après la formation de Neptune; ce n'est qu'à l'époque de la formation
d'Uranus que la condensation, et la chute vers le centre des matériaux voisins
de la surface ont commencé à produire un noyau dont la masse a peu à peu
absorbé celle de presque tout le système, à l'exception des traces qui peuvent
encore subsister sous la forme d'une vaste atmosphère répartie autour du Soleil.
Ce n'est pas à nous qu'il appartient de décider entre les deux hypothèses. Chacun
appréciera leur degré relatif de vraisemblance, et, du reste, il faut espérer que
l'avenir et les progrès de la Science nous apporteront quelque jour une solution
définitive.
Maurice Fouché.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L'ESPAGNE.
Après les catastrophes lamentables d Ischia et de Krakatoa, voici aujourd'hui
les tremblements de terre de la péninsule espagnole qui appellent de nouveau
notre attention sur l'état d'instabilité de la planète où nous vivons. Ce n'est pas
sans raison que cette Revue des progrès de la Science a compris dans son cadre
la Météorologie et la Physique du globe, car la connaissance de l'atmosphère et
la connaissance delà Terre font partie intégrante de la connaissance générale de
rUnivers; et ce qui se passe sous nos pieds ne nous intéresse pas moins que ce
qui se passe sur les autres mondes. L'étude de la Terre nous touche même d'un
peu plus près que celle du Ciel; mais elle fait partie de l'étude du Ciel, et si
l'Astronomie se taisait, les géologues et les physiciens seraient aussi embarrassés
que les philosophes pour la solution de la plupart des problèmes qui caracté-
risent leurs Sciences de prédilection. Voilà pourquoi il importe pour chacun de
nous de ne rester étranger à aucun des événements importants de l'étude de
l'Univers; toutes les Sciences se touchent; dans la nature, il n'y a ni Astronomie,
ni Météorologie, ni Physique, ni Chimie, ni Physiologie, ni espèces minérales, végé-
tales ou animales ; toutes les classifications sont dans notre esprit ; en réalité, l'étude
de l'univers est une, et, tout en la considérant par ses divers aspects, notre but,
inconscient ou connu, est de nous élever d'un degré de plus dans la connais-
sance de la réalité.
Déjà la statistique annuelle des tremblements de terre que nous avons publiée
pour 1883 a mis en évidence l'agitation incessante du sol de notre planète. Celle
que nous allons prochainement publier pour l'année 1884, et qui, grâce au zèle
LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L'ESPAGNE. 61
scientifique et à l'obligeance de nos abonnés sera beaucoup plus complète que la
précédente, montrera cette agitation quotidienne sous un aspect plus frappant
encore. Mais qu'est-ce que ces relevés dans l'ensemble du globe? Les trois quarts
de notre planète sont couverts d'eau ; les solitudes glacées du pôle Nord comme
du pôle Sud dorment inconnues; une notable partie de l'Afrique et de l'Amérique
reste encore sans relations avec le monde civilisé. Par conséquent, si déjà^ grâce
AUX documents recueillis dans les journaux des divers pays ou signalés par nos
lecteurs, nous arrivons à constater que pas un seul jour, pour ainsi dire, ne se
passe sans tremblement de terre, comme il ne s'agit ici que des mouvements du
sol assez intenses pour pouvoir être remarqués de tout le monde, nous devons en
conclure que, non seulement pas un seul jour, mais pas une heure ne se passe
sans que notre île flottante soit plus ou moins agitée dans sa propre consti-
tution.
Les instruments destinés à enregistrer ces mouvements du sol ne sont pas
encore assez nombreux, assez disséminés à la surface des continents pour que
la proposition qui vient d'être posée soit établie de fait. Mais nous pouvons
la tenir comme incontestable d'après les bases incomplètes de la statistique
seule.
Les 323 volcans actifs qui existent actuellement à la surface de la Terre; la con-
liensation graduelle et la diminution de volume du globe terrestre à mesure qu'il
perd sa chaleur primitive originaire; les rides et les plissements qui en résultent;
les affaissements de terrains produits par l'action de l'eau qui délaye et désagrège
les couches souterraines; les anciennes voûtes qui se disloquent et s'écroulent à
la base des montagnes; les décompositions chimiques qui se produisent dans les
terrains houillers et dans les mines de sel; les vapeurs qui se forment lorsque
l'eau atteint les roches chauffées à une haute température et les efforts qu'elle
fait pour s'échapper; l'influence attractive delà Lune et du Soleil sur les couches
liquides ou pâteuses qui peuvent exister à une certaine profondeur dans Tinté-
rieur du sol; les variations brusques de pression barométrique donnant tout à
coup une plus grande intensité relative à la pression des vapeurs et des gaz inté.
rieurs ; réchauffement perpétuel de la Terre par le Soleil , pénétrant le sol à diverses
profondeurs et avec des vitesses de propagation divewses, dépendant de la lati-
tude et de la nature des terrains; le mouvement de rotation de la Terre sur elle-
même, donnant naissance à une force centrifuge qui décroît de l'équateur aux
pôles : ce sont là des causes distinctes qui agissent toutes pour modifier constam-
ment la figure de la Terre et faire varier sans cesse la configuration de sa sur-
face.
Nous ne pensons plus aujourd'hui que notre planète soit une fournaise incan-
descente, une boule de lave liquide recouverte d'une mince pellicule, un océan
de feu sur lequel Técorce solide flotterait comme un mince radeau. Plusieurs rai-
sons ont modifié les opinions de la Science moderne à l'égard de cet important
problème de la constitution intérieure de notre planète.
Arago, parlant, en pleine Académie des Sciences, le 16 décembre 1850, de la
02 LASTRONOMIE.
température excessive que devait avoir le centre de la Terre dans l'hypothèse
discutée par Fourier et Poisson d'un accroissement d'un degré par trente mètres
de profondeur, fait remarquer que cette température « surpasserait deux millions
de degrés ; » que les matières soumises à cette température seraient, suivant
Poisson, à l'état de gaz incandescent et qu'il en résulterait une force élastique à
laquelle la croûte solidifiée du globe ne saurait résister (*)• Arago ne se décide
pas lui-même, mais il revient sur le même chiffre dans son Astronomie populaire,
où l'on peut lire la déclaration suivante : a Les matières de l'intérieur du globe,
en admettant la proportionnalité de l'accroissement de la température avec la
profondeur, auraient, il est vrai, vers le centre, une température qui surpas-
serait deux millions de degrés (*). » Ce chiffre a été reproduit par un grand
nombre d'ouvrages classiques sans qu'on se soit aperçu qu'il était le résultat
d'une grave erreur, car il est tout simplement dix fois plus grand que le nombre
qu'il prétend représenter. En effet, le rayon de la Terre est do 6371000 mètres,
Or ^^W" = 212367, et non pas 2000000.
C'est, en nombre rond, à deux cent mille degrés, et non pas à deux millions,
que devrait s'élever la température du centre de la Terre si l'accroissement se
continuait régulièrement de la surface jusqu'au centre. Mais nous ne pouvons pas
plus admettre le dernier chiffre corrigé que le premier, car, à ce degré de chaleur,
l'intérieur du globe serait entièrement liquide, et, deux fois par jour, nous senti-
rions une marée formidable nous passer sous les pieds; la stabilité des continents
et des mers serait compromise, les mouvements du sol seraient beaucoup plus
intenses qu'ils ne le sont encore, et le mouvement de précessi(fti et de nutation,
causé par les attractions combinées de la Lune et du Soleil sur le renflement
équatorial de notre planète, serait tout différent de ce qu'il est en réalité.
D'autre part, les considérations déduites de l'aplatissement du sphéroïde ter-
restre, de la densité moyenne du globe et de celle de ses couches extérieures, de
la pression formidable (plusieurs millions d'atmosphères) que la planète subirait
en son centre si elle était fluide, conduisent à conclure (') que la Terre doit être
ou solide ou pâteuse, mais non liquide.
D'autre part encore, les observations thermométriques directes ne montrent
pas, comme on l'enseigncparfois, un accroissement régulier et graduel de tem-
pérature à mesure qu'on pénètre plus profondément dans l'écorce du globe. Dans
un exposé comparatif de toutes les observations faites, que nous publierons pro-
chainement ici, nous avons classé les résultats dans l'ordre proportionnel des
accroissements, et l'on verra qu'en certains terrains^ la proportion n'estque de 13,
15 ou 20 mètres par degré centigrade, tandis qu'en d'autres points, elle s'élève
à 60, 70, 100 et même 109 mètres pour le môme accroissement. La constitution
des terrains joue un grand rôle non seulement dans la transmission, mais peut-
être surtout dans la production de cette chaleur interne. Enfin la proportion de
(') Arago, Notices biographiques : Poisson, p. 643.
(') Arago, Astronomie populaire, tome III, p. 252.
(•) Roche, Revue mensuelle d'Astronomie, tome II, p. 200 et 248.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L'ESPAGNE. 63
raccroissement de température n'augmente pas avec la profondeur; souvent
même elle diminue, ce qui conduit encore à rejeter dans le domaine de l'hypo-
thèse les hautes élévations de température adoptées.
C'est ce qui fait que nous ne pouvons plus aigourd'hui considérer notre planèto
comme un globe liquide incandescent enveloppé d'une mince écorce soumise à
tous les effets de sa réaction intérieure, et c'est ce qui rend moins simple et
moins facile l'explication des tremblements de terre comme des volcans. Lorsque
les volcans étaient regardés comme des cheminées ouvertes jusqu'à la fournaise
intérieure, on pouvait voir en eux des soupapes de sûreté contre l'explosion de
la chaudière , et lorsque ces soupapes étaient fermées, les tremblements de terre
n'étaient autres que les effets des efforts accomplis par la pression intérieure
contre les parois de l'immense chaudière. Désormais, les volcans ne viennent
plus pour nous des profondeurs incandescentes du globe, mais de quelques kilo-
mètres seulement; leurs laves n'ont pas la haute température qui leur était attri-
buée^ les tremblements de terre qu'ils occasionnent sont locaux et de peu
d'étendue, et il y a des tremblements de terre étrangers aux volcans, dont les
causes doivent être cherchées non dans la constitution intérieure de la terre,
mais dans les phénomènes géologiques qui sont en œuvre dans la modification
incessante de l'écorce du globe et qui ont agi et continuent d'agir dans la forma-
tion des montagnes {^).Ce sont ces causes que nous avons énumérées tout à
l'heure.
Quelle est celle qui est principalement en œuvre dans les tremblements de
terre qui agitent l'Espagne depuis un mois?
Les secousses ont commencé dès le 22 décembre. La première notification que
nous en ayons reçue est datée des îles Açores et due à M. Francisco Chaves e
Mello. « Le 22 , à 2*» 15« du matin, nous écrit notre savant correspondant ( * ) , j*ai
(«) Voy, FoREL, Revue d'Astronomie, tome II, p. 449 et tome III, p. 13.
(') Nos lecteurs seront toujours bien inspirés chaque fois qu'ils nous enverront l'ob-
servation d'un phénomène quelconque, tremblement de terre, ras de marée, trombe,
coups de foudre, bolide, aurore boréale, lumière zodiacale, taches solaires, occultation,
étoile double, étoile variable, phases de Vénus, aspect de Jupiter, géographie lu-
naire, etc. On croit souvent que cette notification est inutile « parce que les journaux,
scientifiques ou autres, eh parleront »; mais les journaux peuvent passer inaperçus, et
d'ailleurs ils sont loin d'être toujours exacts. C'est là de la part de nos lecteurs un acte
de dévouement à la Science, car d'une part, comme nous recevons plus de six mille
lettres par an, nous sommes dans l'impossibilité matérielle d'y répondre, et d'autre
part, les documents envoyés peuvent n'être pas immédiatement utilisés et publiés.
Aussi, nous le répétons, est-ce là du dévouement. Mais lorsqu'on sait qu'il suffit parfois
d'une simple observation pour compléter l'élucidation d'un problème, combien ne doit-
on pas être heureux de savoir que l'on apporte ainsi sa pierre à l'édifice toujours
grandissant des connaissances humaines! Dans quelques années, la seule inspection
des sujets traités dans cette Revue montrera que nos correspondants et nos observa-
teurs astronomiques auront plus fait gratuitement pour la Science que la plupart des
fonctionnaires officiels et les millions enlevés au budget par certains établissements de
l'État. ^- F-
64 L'ASTRONOMIE.
ressenti à mon observatoire un violent tremblement de terre. Il s'est manifesté
par deux secousses dont la durée totale a été d'environ quinze secondes. Il n'y a
pas eu de désastres ni de victimes. Ce tremblement s'est fait sentir dans toutes
les îles de l'Archipel des Açores ainsi qu'à Madère. Je me fais un devoir de vous
adresser ces documents, pensant que peut-être ils ne seront pas sans utilité. »
De Lisbonne, M. de Lacerta nous écrit que la secousse a été ressentie à 3*'29">
(lu matin et signale la coïncidence avec les grandes taches solaires visibles à
l'œil nu et avec une tache remarquable sur Jupiter.
D'autres lettres nous apprenaient que ces mêmes symptômes prémonitoires
étaient remarqués à Vigo, à Pontevedra et dans presque toutle Portugal ainsi
qu'en Galice. Le 24, de légères oscillations à Séville. Ce n'étaient là que des
signes avant-coureurs d'un tremblement de terre d'une violente intensité et
dont les conséquences devaient être terribles. Il commença le 25 décembre.
« La première secousse, nous écrit M. Félix Vallaure, de Linarès, a eu lieu
à 8*'53« du soir, et la seconde à ll*»44«». La première a été d'une violence singu-
lière. Sa direction semblait être de l'Ouest à l'Est. Les vibrations durèrent plu-
sieurs secondes. Je me trouvais avec dès amis dans la salle à manger, lorsque
nous entendîmes un bruit pareil à celui d'une voiture qui s'approche. Soudain
une forte secousse nous balança, comme dans un navire, et mit en commotion
avec grand tapage le mobilier, verres, etc., et fit osciller la lampe à gaz qui
resta pendant vingt secondes à peu près dans un mouvement oscillatoire très
marqué. Nous pensâmes tout de suite que la maison allait s'écrouler, et nous primes
le temps de discuter s'il serait mieux de sortir dans la rue que de rester
enfermés. Nous nous décidâmes pour l'affirmative, et, pendant tout ce temps, le
tapage et les vibrations continuaient. Pour moi, je regardais ma montre afin de
prendre l'heure : j'ai compté six secondes pendant lesquelles tout se mouvait, y
compris nous-mêmes, après le temps déjà perdu pendant la discussion. Je ne
doute point que l'onde (ou vague) souterraine n'ait passé instantanément, mais
les vibrations qu'elle produisit durèrent assez longtemps. Une fois le tremble-
ment fini, toute la ville se mit en mouvement, sortant des maisons pour se
raconter les impressions. Il y a eu beaucoup de saisissements et de pleurs parmi
les femmes. Des oiseaux sont tombés dans leurs cages. On signale quelques dégâts
matériels dans les balcons, cheminées, plafonds, etc., mais heureusement pas de
victimes.
Linarès est assez éloigné du centre d'ébranlement, situé près d'Alhama. Si
l'on examine la carte de l'Espagne, on remarque, dans le sud de la Péninsule,
une chaîne de montagnes qui part des bords de la mer, à Cadix, pour se diriger
vers l'est sur Grenade, Murcie, Valence et les îles Baléares. Cette chaîne de
montagnes est un massif de l'époque secondaire (terrains jurassique et crétacé)
qui comprend, au Nord, Cadix, Xérès, Séville, Cordoue, Jaôn, Linarès, Valence, et,
au Sud, Antequera, Malaga, Vclez, Periana, Torrox, Almunacar, Motril, Alhama,
Albunuelas, Jayeua, Grenade et Capileira, dans la Sierra Nevada. Ces couches sont
plissécs, contournées, brisées par de nombreuses failles, et souvent traversées
LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L ESPAGNE. 65
par des roches éruptives anciennes et modernes. On y rencontre un très grand
nombre de sources thermales. Les fies Baléares sont dans le prolongement de
cette zone, et Ton remarque sur leurs côtes des saillies entre lesquelles il existe,
à plus de 80» au-dessus de la mer, du terrain quaternaire marin en couches
horizontales. Ces îles ont donc, depuis la période quaternaire, été exhaussées de
plus de iOO>», et cet exhaussement a été limité au Sud et au Nord par des frac-
tures, qui se trouvent précisément dans le prolongement des zones de disloca-
tions dont nous venons de parler.
C'est à Alhama, à Albunuelas, à Périana, à Alhuquerque, à Arenas del Rey que
les secousses ont été les plus désastreuses. La ville d*Alhama, qui était perchée
comme un nid d'aigle sur le sommet d'une montagne escarpée, est entièrement
renversée. Le village de Périana a été écrasé par une montagne qui s'est éboulée
sur lui. La première secousse, celle do 8^53"», qui a été Tune des plus violentes
et a jeté la terreur parmi toutes les populations, a été suivie d'un grand nombre
d'autres; du 25 décembre au 18 janvier, il ne s'est peut-être pas passé un seul
jour sans oscillations plus ou moins fortes. Cette première secousse a été res-
sentie jusqu'à Madrid, où elle n'a guère produit d'autres effets que de faire osciller
les objets suspendus, et il paraîtrait même qu'elle s'est propagée jusque sous le
sol de l'Angleterre, car un correspondant du Journal anglais Nature écrit qu'il
a ressenti, vers 10"* 20™, un choc lui rappelant de si près ce qu'il avait déjà éprouvé
à Naples, que l'idée d'un tremblement de terre lointain lui vint immédiatement à
l'esprit.
MM. FoLACHÉ, Président do la Société scientifique Ftammarion, de Jaôn, et
M. Ildefonso Gonzalez, Secrétaire de la même Société, ont bien voulu nous
transmettre tous les documents relatifs à ce grand événement géologique. Nous
résumerons aussi brièvement, aussi complètement que possible, ces descriptions
si intéressantes à tous les points de vue, et parfois si dramatiques au point de
vue de l'humanité.
A Madrid, l'émotion fut légère. La journée avait été froide, mais belle et
ensoleillée pour cette saison de l'année. La nuit était claire, mais moins étoilée
que de coutume, et un vent glacial faisait hâter le pas aux rares passants. Bien
des joyeuses réunions dans la capitale furent brusquement interrompues par les
deux secousses qui se firent sentir, d'une façon très inégale, dans différents
quartiers, à neuf heures moins sept minutes, et l'on put constater ensuite l'arrêt
des pendules, dont la plupart cessèrent de se mouvoir au même moment.
A Grenade, la secousse fut d'une violence inouïe ; il y eut, coup sur coup,
plusieurs fortes oscillations suivies de trépidations. L'émotion fut indescriptible
et tout le monde devint comme affolé. La panique ne ût qu augmenter dès que le
gouverneur de la ville donna l'ordre aux habitants de ne pas rester la nuit dans
leurs maisons et de camper sur les promenades et les places publiques.
On alluma de grands feux et la ville se transforma en un immense campe-
ment où chacun s'installa du mieux qu'il put en attendant les événements.
De onze heures du soir à trois heures du matin, huit secousses se produis
66 L'ASTRONOMIB.
sirent, dont deux assez fortes; mais sans cependant égaler la première en inten-
sité ni en durée.
Les secousses se continuèrent pendant les jours suivants. Le 30, le bâtiment
de l'Université, qui renferme le musée, Thôpital et la prison, ainsi que le palais
du capitaine général ont été ébranlés par de nouvelles secousses. La population
continua à passer les nuits autour de feux allumés sur les places et aux envi-
rons de la ville.
A Malaga, la panique a causé de nombreux accidents de personnes qui ont été
blessées en se sauvant. Près de deux cent trente maisons ont été détruites, entre
autres les couvents de TAngel, de San Relino^ des Martyrs, les églises del Espiretu-
Santo et de Saint-Rome. La tour de la cathédrale s'est effondrée.
La population s'est réfugiée sur les places, dans les bateaux de la baie et
malgré une pluie battante et le froid, loin de leurs demeures, aux environs de la
ville. Dans la prison, les prisonniers, terrifiés, menacèrent de briser les portes
de la geôle et refusèrent de se rendre dans leurs dortoirs; on les laissa camper
dans la cour.
A Priego de Cordova, il y avait plus de mille personnes dans le théâtre de la
ville. A la première oscillation, les spectateurs épouvantés se levèrent en masse
et essayèrent de gagner les issues. La bousculade fut terrible ; plusieurs sautèrent
par les fenêtres; des enfants furent étouffés, et Ton compta trente personnes
grièvement blessées.
La province de Grenade a été la plus éprouvée; mais tous ses monuments
hispano-arabes ont échappé, avec des dommages insignifiants. Dans le chef-lieu,
à Grenade même, il y a eu des dégâts dans les toitures, dans les maisons de
TAlameda, dans les cercles et les édifices de TÉtat; les prisonniers du bagne,
les malades de l'hôpital ont été secoués et alarmés, mais le vieil Alhambra a
bravé les secousses. A Grenade encore plus qu'à Malaga, la population effrayée
s'est obstinée k rester dehors et a été vivement impressionnée par les secousses,
le 26 et le 27.
Les nouvelles des contrées rurales autour de Grenade sont terrifiantes. Ainsi,
à Alhama de Grenade, on a retiré des décombres de la moitié de cette petite ville
trois cents cadavres, et à Albunuelas quatre-vingt-dix-huit cadavres et deux
cents blessés. On cite plus de trente-cinq villes ou villages où Ion a retiré des
maisons à moitié détruites, des quantités de cadavres et de blessés.
A Alhama, la population dut camper sur la place publique, les âges et les sexes
confondus, les religieuses du couvent des Franciscaines mêlées aux forçats, et
adressant ensemble des prières ferventes à la providence divine. Les maisons qui
bordaient le Tage se sont toutes écroulées et leurs ruines sont englouties au fond
des eaux.
La ville d'Albuquerque a été détruite par les tremblements de terre du 26 au 27,
toutes les autorités de la ville ont péri.
Cent quatre-vingt-douze cadavres ont été retrouvés le lendemain, à Alhama.
Le nombre des maisons détruites dépasse mille.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE L'ESPAGNE.
67
Un phénomène extraordinaire s'est produit h Grenade le lendemain du trem-
blement de terre; le ciel, quoique sans nuages, était sillonné de nombreux
éclairs.
A Guejar Sierra, il s'est passé un curieux phénomène. Une demi-heure avant
la première oscillation, on entendit un bruit formidable qui jeta Talarme parmi
les habitants. Les rochers qui couronnent la montagne, ébranlés par la secousse,
s*entre-choquèrent et produisirent un fracas qui fit trembler les plus intrépides.
Un des plus gros rochers tomba du haut de la montagne dans la rivière, et au
même moment les maisons oscillèrent sur leur base.
Les églises, les casernes d'Estepona et d'Antequera tombèrent en ruine, de
même que celles d'Alfaternajo, où deux cents maisons disparurent sous terre.
Le spectacle offert par les ruines d'Albunuelas est indescriptible. Les habitants
FIg. 23.
tfl irembteniBnt dste^'rç %VA tm.it ««t**- Juiqu tn ftntfî*terrp « w^^ Dantmirk
Extension du tremblement de terre : Açores, Portugal, Espagne, France, Italie, Autriche.'
errent parmi les décombres cherchant à retrouver la trace de leurs chers morts,
parmi lesquels on cite le curé, un journaliste, le maire, la nièce du curé qui a
assisté à Tagonie de son oncle. Le presbytère s*étant effondré, celui-ci fut ense-
veli, tandis que la jeune fille était prise jusqu'à la ceinture au milieu des pierres,
des briques et des gravats. Pendant une demi-heure, elle entendit le prêtre dire
des prières à mi-voix; puis, tout bruit cessa; le malheureux avait expiré. Elle-
même, la nièce du curé, transportée à Saleses, n'a pas tardé à rendre le dernier
soupir, des suites de ses blessures et de son épouvante.
On a compté trois cents morts sur 1,900 habitants. Aux premières secousses,
la femme d'un des principaux négociants de la ville, la senora Rodriguez, était
sortie de son appartement et s'était réfugiée dans la cour de la maison; mais au
même moment la maison et les murs de la cour s'écroulèrent, et la malheureuse
femme fut ensevelie jusqu'aux épaules sous les décombres. A demi écrasée, elle
est restée dix-huit heures dans cette horrible position; et cependant, quand les
08
L'ASTRONOMIK.
secours arrivèrent dans la ville, elle eut encore la force de crier et d'attirer l'at-
tention des ouvriers, qui parvinrent à la dégager.
On évalue à plus de 150 le nombre des enfants morts en Andalousie par suite de
la catastrophe.
A Guevejar s*est produit un phénomène géologique des plus bizarres. Le
village, construit sur des terrains mouvants, est descendu lentement dans le fond
de la vallée. Une crevasse très profonde, de 4^"» de long s'est produite dans les
Fig. 26.
, 6?Oii0gc<ù>JhHs
yj fC^^^P^ *^^^zr
1*
^ YUtmeivilli^nitnM.
• Viln «tv4l«^ éb»ul4s cr<v>Mfc» eu nitiMftcn partie.
E MonrEU Se
Zone d'intensité maximum en Espagne.
environs. Un vieil et gros olivier planté dans Taxe de la crevasse s'est fendu par
la moitié, de façon que chacune des deux parties borde maintenant face à face le
précipice.
Une longue crevasse s'est ouverte dans le voisinage de Guevejar (*).
(') Guevejar étant situé à une petite distance de Grenade (10^» environ) est devenu
l'objet d'une sorte de pèlerinage scientifique de la part de tous les ingénieurs et géolo-
ques étrangers ou indigènes qui vivent dans un certain rayon de la ville de Grenade-
Le noyau du village est adossé au cerro de Gogollos qui lui-même se rattache au
système de la Sierra Elvira. Or, toute la surface supérieure du mamelon, à partir
du faîte, s*est ouverte comme un fruit trop mûr, dans la direction de la ligne des eaux.
La fente a 1200- de longueur et une profondeur maximum de 4". Elle se bifurque, à
j*entrée du village, et dans son expansion forme, comme autant de rameaux, une série
de crevasses normales à la branche principale. Le groupe des maisons, toutes plus ou
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 69
Un cratère très profond s'est ouvert dans la province de Valence, au milieu de
la rivière Turia, près du pont. Il s'en est échappé d'abord de la fumée, puis de
l'eau chaude; chose à noter, il n'y a pas eu de tremblement de terre dans cette
province.
Le soleil, qui se lève pour certains villages de la province de Grenade derrière
les montagnes de la Sierra Nevada, se lève maintenant un quart d'heure plus tard,
soit que la montagne se soit exhaussée, soit que le sol se soit abaissé. Les pro-
chaines mesures de niveau décideront la question.
En résumé, ce tremblement de terre a causé la mort de plus de 1100 victimes,
renversé plusieurs villes et villages, détruit 3240 maisons dans la seule province de
Grenade, chassé de leurs foyers des dizaines de milliers d'êtres humains, plongé des
milliersdefamillesdanslamisère, englouti cinquante ou soixante millions et modifié
sensiblement le relief orographique de ces montagnes et de ces vallées. Au même
moment, de l'autre côté du globe, à Yeddo (Japon), le 27 décembre, un épouvan-
table typhon venait fondre sur les côtes occidentales du Japon, renversait 1080
habitations et ensevelissait dans la mort 2070 personnes. On a remarqué que le
baromètre était descendu très bas en Espagne le 25 décembre et que quelques
jours après un froid extraordinaire pour la contrée sévit sur le pays ruiné; à tel
point qu'à Soria le thermomètre est descendu à 22» au-dessous de zéro.
La place nous manque aujourd'hui pour donner ici tous les documents que
nous avons reQus,et d après lesquels des tremblements de terre ont été ressentis
pendant la même période : au Nord jusqu'en Angleterre, au Sud jusqu'en Algérie,
à TEst jusqu'au fond du Danemarck, en Autriche et même en Sibérie. Nous expo-
serons dans un prochain article ces importants documents ainsi que les déductions
qui peuvent en être conclues pour Vexplication des tremblements de terre.
Camille Flammarion.
NOIYELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Encore Téclipse de Lune. —Nous avons reçu, trop tard pour être insérée dans
notre dernier numéro, une intéressante description de Téclipse de Lune observée
à Constantinople , dont nous extrayons les passages suivants :
Si le ciel n'a pas été très favorable en Europe pour l'observation du phénomène,
en Asie, il a été d'une pureté et d'une sérénité remarquables.
10 L'heure du commencement n'a pas rigoureusement correspondu à celle donnée
par les calculs. En effet, le calcul donnait, pour l'entrée dans l'ombre, 10*» 11"» H»,
temps moyen Constantinople, tandis que l'observation la plus attentive a donné
10»» 12- 15».
moins lézardées, est assis entre les crevasses, et la question qui se pose est de savoir
si remplacement du village, qui a évidemment subi une dépression, a glissé ou s'est
affaissé. C'est là notamment, que se trouve le fameux olivier partagé en deux par la
trombe, avec la netteté du fil d'un sabre japonais
70
L'ASTRONOMIE.
2o La partie do Tombre de la Terre projetée sur la Lune était d'un gris très
sombre, presque noir,
30 Cette apparence se maintint, mais à une intensité moindre, jusqu'au com-
mencement de réclipse totale, qui a eu lieu à ll*»iin»4i*.
40 Ali** 16", la Lune est visiblement colorée en rouge : cette couleur rouge est
faible, mais incontestable; j'ai pu distinguer avec une lunette de 50™°» d'ouver-
ture et d'une distance focale de 80«™ le remarquable cratère de Tycho, qui avait
l'aspect d'une étoile de deuxième grandeur.
5» Le commencement de Téclipse totale devait arriver, d'après le calcul, à
H»»il°»4i«, mais l'observation a donné pour ladite heure li*»16«52», différence
remarquable de 5" 41*.
JÉRÔME Parséhian, profosseur.
On voit qu'indépendamment de la coloration, qui a fait l'objet spécial de notre
article de janvier, on a remarqué, là comme ici, la différence de 5™ qui s'est
manifestée entre l'heure calculée pour le commencement de l'éclipsé et l'heure
de l'observation.
La même différence nous a été signalée de Copenhague. On peut donc la consi-
dérer comme absolument certaine.
La coloration rouge a été remarquée par M. Nicol à Philippeville (Algérie) ; elle
a commencé là deux minutes avant la totalité, a été très marquée pendant quatre
minutes, offrant diverses variations d'éclat, puis a disparu. Des nuages se sont
formés dans le ciel un quart-d'heure avant la totalité; l'observateur se demande
si leur formation ne devrait pas être attribuée à la diminution de la chaleur lu-
naire. Peut-être. Les documents commencent à être nombreux sur ce point par-
ticulier.
Nuages singuliers. — Le 18 décembre, à 10^ du soir, une bourrasque de Sud-
Fig. 27.
Ouest débuta subitement et souffla toute la nuit. Le 19, au matin, violente tem-
pête d'Ouest, pluie torrentielle; 9*» 30", coup de tonnerre {fig, 27).
A 10**, l'éclaircie monte de l'horizon du Nord-Ouest, la pluie diminue et laisse
voir le pallio-cumulus qui s'éloigne, tout garni de globo-cumulus (nuages glo-
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 71
bulaires tempétueux de PoQy, pocky-clouds des marins anglais). C^s nuées très
curieuses formaient comme des poches hémisphériques et contiguës, d*égal dia-
mètre et d'égal relief, pendant en grand nombre ati-dessous de la couche continue
de nuages pluvieux qui constituait le pallio-cumulus. Ces poches hémisphéri-
ques, d'une couleur grise, étaient d'une teinte plus foncée à leur partie inférieure,
ce qui faisait bien saisir leur relief.
MiLLOT,
Secrétaire de la Commission météorologique
de Meurthe-et-Moselle.
lia comète d'Bnoke. — La petite comète d'Encke, dont la période est, comme
on .sait, la plus courte de toutes les périodes cométaires connues, et qui revient
tous les trois ans, a suivi ponctuellement la route céleste tracée par le calcul et
a été retrouvée par M. Tempe! à l'Observatoire d'Arcetri (Florence), le 13 décembre
dernier. Depuis, elle a été observée aux observatoires de Paris par M. Bigourdan,
d'Alger par M. Trépied, de Nice par M. Perrotin, etc.
Elle est extrêmement faible et se présente sous Taspect d'une pâle nébulosité
sans noyau, d^une minute, et demie de diamètre environ, très difficile avoir. Mais
son éclat va augmenter, car elle s'approche à la fols du Soleil et de la Terre. Ceux
d*entre nos lecteurs qui ont des instruments à leur disposition peuvent donc déjà
la chercher dans le ciel pendant les nuits où l'atmosphère est très pure et la Lune
absente, et dans ce but nous donnons ci-dessous ses positions, d'après l'éphémé-
ride de M. Backlund :
Février
Distance à la Terre
Distance au Soleil
en millions de
en million
Ascension droite.
Déclinaison.
géométrique.
kilomètres.
géométrique, kiiomètr
2.
23^34-3f
-h 6* 38', 6
1,225
181
0,847 125
6.
40 40
7 2,1
1,176
174
0,776 115
10.
46 49
7 21,9
1,119
166
0,704 104
U.
52 44
7 33,9
1,055
156
0,631 93
18.
57 52
7 31,1
0,983
145
0,558 83
22.
0 120
7 1,4
0,903
133
0,488 73
26.
0 1 25
5 43,2
0,817
121
0,423 63
Nous avons calculé les distances d'après les logarithmes de cette éphéméride.
On voit que la comète marche avec une grande rapidité, en s'approchant à la
fois du Soleil et de la Terre. Elle arrivera à son périhélie au mois de mars
prochain.
Visibilité de Mercure. — M. Payan, membre de la Société scientifique Flam-
marion, de Marseille, écrit que suivant les instructions données par la Reoue, il
a pu, le 25 Janvier à 6»>20'» du matin, observer Mercure, qui était visible au nord
de Vénus comme une étoile de 3« grandeur. La rapide planète est restée bien
visible jusqu'à 7^.
La lumière ssodiacale. — Le 12 janvier dernier, de ^^ à 7^30» du soir,
MM. Lihou, Codde et Vian, membres de la Société scientifique Flammarion, de
Marseille, ont fait une observation fort intéressante de la lumière zodiacale. Elle
s'élevait majestueusement dans le ciel sous la forme d'un cône lumineux incliné
72 L'ASTRONOMIE.
le long du zodiaque et s'étendant jusqu*à environ 50« au-dessus de Thorizon. Le
maximum d'éclat se faisait remarquer au centre de la figure et non vers la base.
L'éclat égalait celui de la Voie lactée.
Les occultations d'Aldébaran. — Une nouvelle série d'occultations d'Aldé-
baran par la Lune va commencer pour nos contrées. Voici les dates de ces phé-
nomènes remarquables.
1885 Février 22
Mars 21
Septembre — 1
Novembre — 22
1886 Janvier 16
Avril 8
Novembre 12
1887 Janvier 6
Mars 2
Juillet 16
Octobre 6
Ces occultations de la belle étoile du Taureau par la Lune commencent le 22
février de cette année pour finir le 6 octobre 1887. La dernière série a commencé
le 28 septembre 1866 pour finir le 2 août 1869, et il y a eu alors dix occultations
visibles en France.
Les annales chinoises rapportent des occultations d'Aldébaran remontant jus-
qu'au 29 mars de l'an 491 de notre ère. La plus ancienne observation de ce genre
faite en Europe parait être celle du 11 mars de Tan 509 de notre ère, rapportée
par Bouillaud d'après un manuscrit grec, l'an 225 de Dioclétien, le 15 Phaménoth.
Un intérêt spécial s'attache à ces occultations, outre l'éclat de cette étoile de
première grandeur, par ce fait que fréquemment elle paraît entrer dans le disque
lunaire, s'y avancer pendant 10, 20, 30 et même 40 secondes, puis s'évanouir tout
d'un coup. La différence de réfrangibité entre les rayons rouges de cette étoile
et les rayons blancs de la Lune paraît entrer pour une partie dans la cause de ce
phénomène. Mais elle n'explique pas tout.
Nous aurons soin de publier pour toutes ces dates les données pouvant être
utiles aux observateurs. On verra plus loin (p. 80) que, ce ^pis-ci, l'étoile ne sera
pas tout à fait cachée par la Lune pour Paris, mais s'en rapprochera à 34'. A
l'observatoire de Paris, MM. Henry se proposent de fixer par la photographie ce
curieux moment.
Recherches photométriques suv Tannean de Saturne. — Si l'anneau de
Saturne était un corps solide ou liquide à surface continue, il ne manquerait pas
d'offrir des variations d'éclat considérables, tandis qu'en réalité son éclat ne
paraît pas varier d'une manière sensible. Zôllner, dans ses recherches photomé-
triques, s'est contenté d'admettre que, en dépit de la loi de Lambert, l'illumination
de l'anneau est indépendante de l'angle d'incidence des rayons. Mais il y a lieu
de chercher s'il n'est pas possible de rendre compte des particularités que l'anneau
de Saturne présente sous ce rapport, en le regardant comme un essaim de
satellites, hypothèse que les recherches de Maxwell et de Hirn ont déjà rendue
très plausible par des considérations tirées des lois de la Mécanique céleste. En
adoptant cette hypothèse, M. Seeliger trouve que toutes les circonstances du
phénomène s'expliquent d'une manière satisfaisante, sans qu'on soit obligé de
renoncer à la loi du cosinus.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 73
La constance de Tillumination étant admise, la quantité de lumière envoyée à
la Terre sera proportionnelle au sinus de Tangle d'élévation delà Terre au-dessus
du plan de l'anneau. Il faut ensuite supposer que Tanneau se compose de myriades
de satellites isolés, dont l'ensemble forme une tranche cylindrique d'une très
faible épaisseur. En les assimilant à des poussières, on obtiendrait l'intensité de
la lumière de l'anneau par un raisonnement analogue à celui qu'on emploie pour
établir les lois de l'émission ; mais le résultat serait en désaccord avec l'expé-
rience. Il faut, d'après M. Seeliger, admettre que l'anneau est formé de petites
sphères distribuées dans un plan et dont les distances sont du même ordre que
leurs dimensions. La lumière envoyée par l'anneau est alors émise par les crois-
sants visibles des disques en partie superposés. L'intensité apparente est
toujours sensiblement proportionnelle au sinus de l'angle d'élévation de la
Terre (qui ne dépasse pas 30°), en supposant que les intervalles vides sont moins
larges que les sphères. On serait bien inspiré de vérifier ces résultats par des expé-
riences photométriques instituées avec beaucoup de soin.
Nos lecteurs rapprocheront avec intérêt ces ingénieuses considérations du
remarquable article de M. Pratt publié en tête de ce Numéro.
Un nouveau pied d^équatorial & la portée de toutes les bourses. — Nous
sommes heureux de signaler, dans la construction des instruments astronomiques,
une heureuse innovation due à Tun de nos correspondants, M. l'abbé Blain, labo-
rieux observateur à Poitiers; elle paraît appelée à rendre de grands services
aux astronomes amateurs.
Aidé par un habile mécanicien de Poitiers, M. Blain est parvenu à construire
un petit pied d'équatorial en fonte qui peut s'adapter à toutes les lunettes,
depuis les plus petites jusqu'à celles de 0™/108. Ce pied est portatif et peut être
placé sur une table ulSMSsive. Il est cependant préférable de l'installer à demeure
sur un massif en maçonnerie ou en charpente établi dans une cour ou un
jardin. De grosses vis calantes permettent d'en régler la position et d'en assurer
la stabilité. Les principaux avantages de cet appareil sont les suivants :
io Les arbres de rotation sont en acier tourné, et les coussinets en cuivre, ce
qui met les tourillons à l'abri d'une usure trop rapide. Le bâti en fonte horizontal
qui supporte le tout mesure 0"»,40 sur 0°>,37.
2o L'axe polaire peut tourner autour d'une charnière spéciale; il est guidé dans
son mouvement par une coulisse en arc de cercle sur laquelle on peut le fixer en
un point quelconque à l'aide de puissantes vis de pression. De cette manière
l'instrument peut servir pour toutes les latitudes de la France; il suffit de le
régler en donnant à l'axe polaire une inclinaison égale à la latitude du lieu d'ob-
servation. Une fois réglé, la puissance des vis de pression s'oppose à tout
déplacement. Ce mode de construction le rend précieux pour les personnes que
leur profession expose à de fréquents déplacements.
30 Le cercle de déclinaison est divisé en demi-degrés et le cercle horaire de
quatre minutes en quatre minutes de temps.
74 L'ASTRONOMIE.
4« Il y a un mouvement rapide et un mouvement lent et précis au moyen
d'une vis tangente qu'on peut embrayer ou désembrayer à volonté. Une tige
articulée permet de conduire le mouvement à distance.
50 La forme des embrasses lui permet de recevoir des lunettes de toutes
dimensions.
6« On peut lui adapter un mouvement d'horlogerie simplifié.
70 Enfin, le tout est livré à un prix extrêmement modéré et do beaucoup inférieur
à celui des constructeurs ordinaires. On peut se procurer l'appareil avec ou
saDs mouvement d'horlogerie.
Toujours débordé par l'abondance des matières, nous ne pouvons ni nous
étendre plus longuement, ni revenir plus tard sur ce sujet. Les personnes qui
désireraient plus de détails sont donc priées de s'adresser directement à l'auteur,
M. l'abbé Blain, faubourg de la Tranchée, à Poitiers (Vienne).
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 FÉVRIER AU 15 MARS 1885.
Principaux objets célestes en évidence pour Inobservation.
1» CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette période de Tannée et les beautés de la
voûte céleste, se reporter soit aux cartes publiées dans la première année de la
Revue, soit aux descriptions données dans les Étoiles et les curiosités du Ciel
(pages 594 à G35). Les belles constellations du ciel d'hiver sont toujours admi-
rables à étudier; mais leur magnificence est encore augmentée par la présence
des deux planètes Saturne et Jupiter, dont la première se trouve dans le voisinage
d'Aldébaran et la seconde auprès de Régulus.
2» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 février 1885, le Soleil se lève à 7^10"» du matin et se couche
à b^{^^ du soir; le !«»■ mars, Tastre du jour apparaît au-dessus de l'horizon à
6h44ra ciu matin, pour disparaître au-dessous à 5^42™ du soir; enfin, le lever a
lieu à G^' 15™ du matin le 15 mars et le coucher à 6^4™ du soir. La durée du jour est
de 10^9'» au 15 février, de 10»>58"» au 1««- mars et de 11^49» le 15 mars. Les jours
augmentent, dans cet intervalle d'un mois, de 55» le matin et de 45» le soir, soit
un accroissement de 11*40» au total.
Les soirées continuent à être plus longues que les matinées; mais cette diffé-
rence va sans cesse en diminuant. Le 15 février, matinée 4^ 50™, soirée 5^19», diffé-
rence 29»; le l»' mars, matinée 5'» 16™, soirée 5*»42™, différence 26™, et le 15 mars,
matinée 5^45™, soirée 6*»4™, différence 19*.
La déclinaison australe du Soleil est de 12o3r au 15 février et de i^bT seule-
ment au 15 mars, ce qui donne un accroissement considérable de 10* 34'. Le Soleil
se rapproche rapidement de l'équateur céleste, de sorte que la température
moyenne diurne augmente journellement d'une façon sensible.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 75
Les observateurs attentifs doivent se rappeler que c'est, en général, durant les
mois de février et de mars que la lumière zodiacale est la plus intéressante à
étudier. Cette lueur énigmatique, qui va bientôt atteindre son éclat maximum,
attire avec raison l'attention des observateurs.
Lune. — C'est dans la période comprise entre le 19 et le 25 février qu'il faudra
observer la configuration de la partie occidentale de notre satellite, car c'est le
22 que la Lune présentera la moitié de son disque éclairé et le 23 qu'elle attein-
dra sa plus grande hauteur, 59® 25', au-dessus de l'horizon de Paris, lors de son
passage au méridien.
p J NL le 15 février, à 2»'3i- matin. PL le !•' mars, à 4'' 10- matin.
l'HASES... I pQj^^2 » à 10 40 » DQleS » à7 3 soir.
Le ib février, jour de la Nouvelle Lune, vers 5*>50°» du soir, on pourra distin-
guer, soit à l'œil nu, soit avec une jumelle marine, le mince croissant lunaire,
environ seize heures après la néoménie. Dans le sud de l'Europe et le nord de
l'Afrique, l'observation pourra être faite aisément.
Un fait assez rare et qui ne peut se reproduire que tous les dix-neuf ans se
passera au mois de février 1885 : Le mois de février n'aura pas de Pleine Lune.
En effet, à Paris, la Pleine Lune de janvier a lieu le 30, à 4*»28n» du soir, février
n'en a pas, tandis que mars en a deux. Ce curieux phénomène nous a été signalé
par l'un des lecteurs de la Revue, M. Sénéchal de Nouant. En 1866, le mois de
février (*) n'eut pas de Pleine Lune, pas plus que le même mois des années 1847
et 1828.
Les peuples de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe auront un mois de février
sans Pleine Lune. Mais, dans les deux Amériques, les pays situés au delà de 62° 30'
à l'ouest du Méridien de l'Observatoire de Paris auront un mois de février avec
les phases ordinaires de la Lune : États-Unis, Mexique, Pérou, Chili, etc.
Occultalions visibles à Paris.
Trois occultations seront observables, dans la première moitié de la nuit, depuis
le 15 février jusqu'au 15 mars 1885. Une des étoiles occultées est de 5« grandeur
et une autre est de 4« grandeur. Nous en avons ajouté trois autres qui ont lieu le
matin, parce que les étoiles sont de 4« grandeur.
{• 38 Bélier (5* grandeur), le 20 février, de 7''45- à 8*'25- du soir. Contrairement à ce
qui arrive dans la plupart des occultations, rétoile disparaît à l'Ouest, à 15* au-dessous
et à droite du point le plus élevé du disque lunaire et reparait, toujours à TOuest, à
1* au-dessus du point le plus à droite. Cette anomalie dans la marche apparente de Tétoile
derrière la Lune tient à la position très inclinée qu'occupe dans le ciel de TOccident
notre satellite. L'occultation est représentée (fig. 28); elle sera visible dans TËurope
occidentale.
2* 130 Taureau (6* grandeur), le 23 février, de 11** 16" à 12'* 16- du soir. La disparition
(') Yoir, pour plus de détails, le tome III des Études et Lectures sur V Astronomie,
par Camille Flammarion, pages 202 et suivantes. (Paris, Gauthier- Yillars.)
76
L ASTRONOMIE.
se produit à l'Est, à 37* au-dessous et à gauche du point le plus élevé du disque lunaire
et la réapparition à l'Ouest, à 26* au-dessous du point le plus à droite. Visible dans la
plus grande partie de l'Europe.
3» a Cancer (4* grandeur), le 27 février, de A»- 15" à S'^ô" du matin. Cette brillante
étoile est occultée pour la seconde fois cette année. A Paris, elle disparaît dans la
partie de gauche du disque de notre satellite, à 13* au-dessus du point le plus orien-
tal et reparait à droite, à 41* au dessous du point le plus occidental du limbe de la Lune.
L'occultation sera observable dans la plus grande partie de l'Europe.
4* 0 Lion (4* grandeur), le 27 février, de 8''33- à 8'' 47- du soir. La disparition de
Tétoile et sa réapparition auront lieu, comme le montre la /zg. 29, dans la partie orien-
tale du disque lunaire. Cette [autre anomalie tient à la marche apparente de l'étoile et
PiR. 28.
Fig. 29.
Occultation de 38 Bélier par la Lune»
le 20 février, de 7»»45« à S»" 25» du soir.
Occultation de o Lion par la Lune,
le 27 février, de &>Z> à 8«'47- du soir.
à la position inclinée du limbe de notre satellite dans le ciel de l'Orient, aux instants
de l'immersion et de l'émersion de cet astre de 4* grandeur. L'étoile disparaît en un
point situé à 29* au-dessus du point le plus à gauche et reparait à 35*' au-dessous et à
gauche du point le plus élevé de la Lune. Dans les lies Britanniques, il y aura simple
appulse de l'étoile.
5* 6 Balance (4,5 grandeur), le 7 mars, de l"* 1" à 2"» 12" du matin. L'étoile disparaît en
un point du disque situé à 26* au-dessus et à gauche du point le plus bas, puis reparaît
à 27* au-dessus du point le plus adroite du limbe de la Lune. Visible dans le Sud-Ouest
de l'Europe.
6* p' Sagittaire (4* grandeur), le 11 mars, de 5'' 28" à 6''49" du matin. L'étoile p est
double et les. composantes p' et p' sont éloignées de 28', soit presque le diamètre appa-
rent de la Lune. Durant Toccultation de p', on ne cessera de voir p* au sud du disque
de notre satellite. A Paris, l'étoile de 4* grandeur disparaîtra en un point du limbe
lunaire, à l'Est, à 35* au-dessous du point le plus à gauche; elle réapparaîtra à l'Ouest,
à 5* au-dessous du point le plus à droite.
Occultations diverses.
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore observer, selon les con-
trées de l'Europe et de l'Afrique qu'ils habitent, les occultations suivantes
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 77
!• Aldébaban (1" grandeur), le 22 février, à Greenwich, de 5'' 26" à 5''59"', temps
moyen de Paris. Cette remarquable étoile est occultée pour la seconde fois de Tannée.
A Greenwich, Tétoile disparaîtra dans la partie sud du disque de la Lune, à 20** à gauche
du point le plus bas, et réapparaîtra à droite et à 24* au-dessus de ce point. Pour plus
de détails, nous prions les observateurs de se reporter à l'excellent article de la page 80.
2* Ubanus, le 2 mars, vers 5'' 16" du soir, temps moyen de Paris. Cette planète est
également occultée pour la seconde fois de Tannée; mais le phénomène ne pourra être
étudié que dans la Patagonie et les îles voisines.
Le 25 février, à minuit, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
365.500 kilomètres, diamètre lunaire = 3-2'4i •.
Le 9 mars, à 9^ du soir, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
403.700 kilomètres, diamètre lunaire = 29' 34', 2.
Mercure. — Mercure est entièrement invisible.
Vénus. —Vénus se rapproche peu à peu du Soleil, mais peut encore être obser-
vée, à cause de son éclat toujours considérable jusqu'au i®»* mars. Son diamètre
est de 10*, 2 au 7 mars et son mouvement toujours direct.
Jours. Lever. Passage Méridien . Différence Soleil. Coustcllatlon.
16 Février 6»'26- matin. 10''58'" matin. 0''42'- Capricorne.
19 » 6 25 » il 2 )> 0 38 »
22 » 6 23 » 11 5 « 0 34
25 » 6 20 .' 11 8 » 0 32
28 » 6 18 » 11 11 » 0 28
Le 27 février, au matin, Vénus se trouvera en conjonction avec l'étoile de
3« grandeur 8 Capricorne, à lo30' seulement au nord de l'étoile.
Mars. — Toujours invisible dans le voisinage du Soleil.
Petites planètes. — Cérès est de plus en plus facile à reconnaître, le soir, à
l'œil nu, par les personnes qui jouissent d'une excellente vue; mais une
jumelle marine sera toujours utile pour suivre la marche de ce petit astre dans le
ciel.
Jours. Loyer de Gérés. Passage Méridien. ConsteUatlon.
16 Février 9»' 16" soir. 3** 50" matin. Vierge.
21 » 8 55 » 3 31 » »
26 » 8 32 » 3 10 » M
3 Mars 8 9 » 2 49 » »
8 » 7 45 )> 2 28 »
13 » 7 20 » 2 6 » »
Le mouvement de Cérès est rétrograde et très lent. La petite planète ne cesse
de former le sommet, tourné vers l'est, d'un triangle dont la base est formée par
les étoiles Ç, e de la Vierge.
Au 2 mars, Cérès est éloignée de 258 millions de kilomètres de la Terre.
Coordonnées au 20 févr. : Ascension droite... 13'»35". Déclinaison... 5*56'N.
» 5 mars : » » 13 32 » 7 3 N.
Pallas continue à se présenter dans des conditions extrêmement favorables pour
l'observation. Elle ne cesse d'être visible soit àFoeil nu, soit à l'aide d'une lunette
astronomique.
78 L'ASTRONOMIE.
Jours. Lever de PalUi. Passage Méridien. Constellation.
16 Février 8*46- soir. 2»'31" matin. Vieroe.
21 • 8 18 • 2 11 » »
26 » 7 47 « 1 49
3 Mars 7 17 • 1 27 »
8 » 6 45 • 14 >»
13 » 6 13 » 0 41 » »
Pallas continue à se rapprocher de la Terre dont elle n'est distante que de
194 millions de kilomètres, au 2 mars. Comme celui de Gérés, le mouvement de
Pallas est rétrograde. Du 15 février au 15 mars, la petite planète se rapproche
sans cesse de l'étoile de 3« grandeur t) Vierge. Le 1" mars, Pallas se trouvera à
Touest et à moins de 45' de cette dernière étoile.
Coordonnées au 21 févr. : Ascension droite... 12'* 15". Déclinaison... 3* 5' S.
» 7 mars : » » 12 8 » 2 20 N.
Junon se trouve également dans les meilleures conditions de visibilité. Une
simple jumelle suffit pour la découvrir.
Jours. Lever de Junon. Passage Méridien. Constellation.
16 Février 10*52- soir. 4»» 31- matin. Vierge.
21 » 10 32 » 4 12 » «
26 « 10 10 M 3 52 B »
3 Mars 9 47 » 3 32 » «
8 » 9 24 » 3 12
13 « 9 1 « 2 51 u
Ainsi que les deux précédentes, la petite planète Junon se rapproche de la Terre
dont elle n'est éloignée que de 361 millions de kilomètres au 2 mars. Le mouve-
ment de Junon est rétrograde. Vers le l^^* mars, cette planète sera à Touest et à
moins de 2° de l'étoile i Vierge, et à une faible distance des étoiles [jl et <p de cette
constellation.
Coordonnées au 20 févr. : Ascension droite... 14'*17-. Déclinaison... 5» 53' S.
» 8 mars : » u 14 15 » 4 22 S.
Vesta reste toujours invisible.
JupiTjsR. — Cette brillante planète est visible pendant toute la nuit. Son mou-
vement est rétrograde. Le 19 février eUe se trouve en opposition avec le Soleil,
et le 22, elle passe au méridien à minuit.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
18 Février 5"' 16- soir. 0''22- matin. Lion.
22 » 4 58 » minuit »
26 D 4 39 u 11 42 soir. »
2 Mars 4 20 » 11 24 » »
6 » 4 2 M 11 7 » I)
10 » 3 43 9 10 49 » »
14 » 3 26 » 10 32 » »
Le 20 février, le diamètre de Jupiter est maximum, 42'. Cette planète se rap-
proche peu à peu de Régulus et se trouve en conjonction avec cette étoile à 50' au
nord, le 14 mars au soir. On pourra distinguer les deux astres dans le champ
d'une même lunette pendant plusieurs jours.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 79
Il faut également étudier les satellites de Jupiter. C'est durant les mois de
février et de mars que les personnes douées d'une vue exceptionnellement bonne
apercevront le 3« satellite à Tœil nu, lors de ses plus grandes élongations, c'est-
à-dire vers les 7, 10, 14, 18, 21, 25 et 28 février, et 4, 7, 11 et 14 mars. Nous
signalons ces dates aux observateurs qui voudront essayer la puissance de leur
vision.
Éclipses des satellites de Jupiter.
16 Fév :. .
7*31-
soir.
Emersion
du
3*
satellite éclipsé
» »
11 1
n
Immersion
3
• n
19 ..
8 51
«
Emersion
4
M »
» »
9 42.
«
n
1
«• M
21 »
9 43
1)
»
2
U ))
23 u
11 29
»
3
..
26 »
11 36
u
"
1
•> ••
7 Mars
7 58
»
»
1
M
14 »
8 53
»
»
1
» i)
Remarque. — Le 19 février, à 12^30°» du soir, le 2« satellite est sur le disque de
Jupiter et les trois autres d'un même côté. Le 26, tous les satellites sont d'un
même côté. A 11^30°» du soir, les 6, 11 et 12 mars, les satellites sont encore d'un
même côté. Pour bien observer ces phénomènes, une jumelle marine est indispen-
sable.
Saturne. — Saturne et ses anneaux offrent toujours le plus grand attrait aux
astronomes amateurs.
Jours.
16 Février
21 »
26 «
3 Mars
8 »
13 -
Passage Méridien.
Coucher.
ConsteUation.
7M8'-
soir.
3M3-
matin.
Taureau.
6 58
n
2 54
»
»
6 39
»
2 34
M
u
6 19
M
2 15
1)
»
6 0
»
1 56
il
<l
5 42
1)
1 38
t»
i>
Le mouvement de Saturne redevient direct à partir du 17 février-
Uranus. — Uranus continue à se rapprocher de nous et à être parfaitement
visible à l'œil nu, semblable à une étoile de 6» grandeur, dans le voisinage et à
l'ouest de Tétoile tj Vierge, de 3, 5 grandeur.
Jours.
Lever.
16 Février
8M7- soir
21 »
7 57
26 »
7 36
3 Mars
7 15
8 »
6 55 »
13 •
6 34
Passage Méridien.
.Constellation.
2'' 24- matin.
Vierge.
2 4
•
1 44
u
1 23 »
0
1 3 »
»
0 43 .
B
Le mouvement d'Uranus est toujours rétrograde et le diamètre de la planète
est de 4^2 au 1«' mars.
Coordonnées au 1" mars : Ascension droite, 12''8-. Déclinaison, OM' N.
Eugène Vimont.
80
L'ASTRONOMIE.
Occultation d'Aldébaran. — ^ « Chaque pas que nous faisons sur la Terre
dérange la Lune dans le Ciel. » Au point de vue mécanique, c'est là une façon de
dire : Torxs les corps s'attirent. Mais, appliquée aux effets de parallaxe lunaire
dus à la diversité des lieux d'observation, la même phrase explique littéralement
un fait dont TAstronomie tient compte. Trois pas sur la Terre donnent lieu pour
la Lune à un déplacement parallactique de (T, 001 : c'est peu; mais c'est déjà autant
et plus que l'immense majorité des parallaxes stellaires — dues pourtant, elles,
aune respectable enjambée de 72 millions de lieues! Trois cents pas déplacent le
bord delà Lune de 0*,! par rapport aux étoiles : c'est assez pour transformer une
occultation en appulse. On voit qu'une différence de plusieurs kilomètres entre
divers observateurs d'une occultation peut donner lieu à des résultats extrême-
ment variés.
C'est ce qui arrivera le dimanche 22 février 1885. A Paris, vers 5M4™ du soir,
Fig. 30.
ao
^^^^BiQJtJ^-w^- .
^J
Carte pour roccultation d'Aldébaran par la Lune, le 22 février 1885.
le bord Sud de la Lune passera à moins de 1' de la brillante étoile Aldébaran.
A Londres, il y aura occultation complète de 5»>17" à 5^50"» (heure de Greenwich).
La ligne de simple contact passe donc entre les deux capitales : elle suit le litto-
ral français de la Manche, laissaParis au sud et se dirige presque exactement
vers l'observatoire allemand de Bonn (fig. 30). Nos amis de Soissons, Beauvais,
Honfleur, Caen, Argentan, etc.,.î^uront là un sujet d'observation intéressant par
sa diversité d'aspect. Nous les pilons de dessiner le plus exactement possible les
positions relatives de l'étoile et des taches du bord lunaire (en consultant pour
cela les beaux dessins sélénographiques de M. Gérigny) et de se communiquer
leurs résultats. Pour les observateurs qui auraient la chance de se trouver juste
sur la ligne de contact , inutile d'insister sur l'attention que mérite l'observation
de la lumière d'une étoile telle qu'Aldébaran, rasatit le sol lunaire pendant plu-
sieurs secondes. Edouard Blot.
CORRESPONDANCE.
MM. FoLvcHK à Jaén, BRuaurÈRE à Marseille, Jacqcot au Havre, Blain à Poitiers,
signalent la réapparition, au mois de décembre dernier, des lueurs crépusculaires qui
ont tant attiré l'attention, il y a un an.
De son côté, M. F. de Montesscs, de San-Salvador, écrit à la date du 10 décembre
1884 que ces lueurs rouges ont recommencé, dans l'Amérique centrale, dès la fin de la
saison des pluies, depuis le mois d'octobre.
M. Tédesche, à Aubenas (Ardèche), signale à la date du 16 janvier, de 8'» à il'» du
soir, la présence d'éclairs rappelant ceux d'une orageuse nuit d'été. L'atmosphère était
chargée de nuages; il avait neigé toute la journée, et le thermomètre marquait — 3*.
La même remarque a été faite par divers observateurs, dans tout le midi de la France,
et même aux environs de Paris.
La coïncidence de ces perturbations atmosphériques avec les tremblements de terre
de l'Espagne n'est peut-être pas absolument fortuite.
M. le colonel Delhaye. — Votre idée est ingénieuse; mais, si la Terre ne tournait
pas, la Lune tournerait autour d^elle, comme le Soleil, en vingt-quatre heures environ,
el les deux astres se suivant à peu près, dans le ciel, on n'observerait pas les changements
de phase plus souvent qu'on ne le fait actuellement.
M. David, à Auxerre. — Nos félicitations les plus sincères pour les procédés ingénieux
à l'aide desquels vous savez suppléer au défaut d'appareils coûteux; vos procédés de
mesure ne vous permettent guère d'espérer beaucoup de précision dans des mesures
absolues; maisilspeuvent vous donner, avec une approximation satisfaisante, des rapports
entre les dimensions angulaires des objets que vous observez.
M™ Julia Braddon, à San Remo. — Nous vous remercions de vos intéressantes obser-
vations de trombes qui seront publiées dans notl-e prochain Numéro.
M. Monter, à Passy. — Il est bien vrai que l'attraction du Soleil sur la Terre est
bien plus forte que celle de la Lune; mais les marées ne dépendent pas de l'attraction
totale, mais feulement de la différence des attractions exercées par la Lune ou le Soleil
sur un point situé au centre de la Terre, et un autre de même masse situé à la surface.
Or, cette différence est plus petite pour le Soleil que pour la Lune.
M. Wilfrid Marsan, à Montréal. — Merci de vos témoignages de sympathie.
M. Desaôhy. à Paris. — Veuillez adresser à M. Gérigny le détail des opérations à
l'aide desquelles vous avez fait votre calcul ; il nous semble qu'il y aurait quelques correc-
tions à faire.
M. Barthélémy, à Lyon. — La planète Mars est la seule dont le mouvement de rota-
tion puisse se déterminer avec assez de précision pour permettre le calcul des éléments
que vous désirez connaître. On pourrait y joindre Saturne, en admettant que le plan des
anneaux coïncide avec le plan de l'équatcur. Les éléments des anneaux de Saturne
se trouvent dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes.
M. DoLLiNGER. à Sàverne. — La notation des factorielles ou la fonction r d'Euler
permet de représenter symboliquement des nombres encore plus grands que ceux que
vous indiquez. 9! ou r (10) est déjà plus grand que 300 000.
[9!]! ou r {r(10)j a plus de 400000 chiffres, et [(9!>!]! ou r [ r ir(10)j] représente un
nombre dont le nombre des chiffres lui-même compterait encore plus de 400 000 chiffres.
Mais, dans Tarticle auquel vous faites allusion, on n'a eu en vue que des nombres ayant
une signification concrète.
M. ^.ARGHBR, à Paris. — Envoyez à M. Gérigny l'énoncé précis du problème que
vous» -.irez résoudre. Pour le moment, on ne peut faire d'autre réponse à votre lettre
que» ous conseiller d'étudier la Mécanique rationnelle.
y > Adolphe Mbrlani, à Bologne. — Le pied Gauchoix, décrit et figuré à la
p< K\e l'Ouvrage Les Etoiles et les curiosités du Ciel, est très commode, si l'on
d* 'me large place, de quelques mètres carrés, pour le faire mouvoir. Autrement,
pi Jui de la fîg^. 399, page 683, Nous recommanderons toujours la lunette
/ Prendre l'équatorial de r450'' si l'on veut faire des observations sérieuses.
«iis, à St-Pons. — La nébuleuse que vous avez remarquée au-dessus de Ç
t C être celle qui est signalée à la page 470 des Etoiles, Prière de nous envoyer
u Jiagramme de o Orion.
^rommandant Serval, à Toulouse, M. Paul Maisonneuve, à Nantes. M. Fugai-
RO 'aris, et M. M., à Avignon. -- Nous avons reçu vos projets de calendrier qui
ont classés parmi les mémoires inscrits.
M. ÔUS8E, à Toulouse. —" La Science est loin d'avoir dit son dernier mot dans Texpli-
catio* les queues cométaires. La lumière et Téther jouent un rôle important dans ces
appart ces. C'est la comète de 1843 qui a frôlé le Soleil, .et il ^n a été de même des
grande^ comètes de 1880 et 1882.
M. T. L. et R. DE G., à Braïla. — Nous avons reçu cette étude très intéressante, et
nous serons heureux de l'offrir prochainement à nos lecteurs.
M. H., à Vic-sur-Aisne. — On pourrait dire, en effet, que la Terre court 1768 fois plus
vite qu'un train express, si Ton adoptait comme comparaison la vitesse de 60^*" par
minute. Mais on a pris comme comparaison la vitesse la plus rapide, soit environ 100'^"'
à l'heure. Lavitesse de translation du Soleil n'est pas connue avec précision.
Un abonné de TlUe-et- Vilaine. —Nous sommes très heureux de connaître les résul-
tats que vous avez obtenus avec la lunette de 95'»" de Bardou: mais nous ne pourrions
les publier qu'avec votre nom, car autrement on a le droit de les supposer apocryphes.
M. Joseph M. Serra, à Barcelone. — Notre intention est de parler des théories dans
notre prochain article sur les tremblements de terre. Il y a beaucoup d'objections contre
la théorie électrique.
M. Emile Lafosse, à Elbeuf. — Veuillez recevoir tous nos regrets. Vous verrez par
ce Numéro que votre appréciation n'est peut-être pas tout à fait exacte, car il renferme
précisément entre autres un article d'Astronomie mathématique qui sans doute vous
intéressera.
M. Raphaël François, à Gallipoli. — Nous vous remercions de vouloir bien propager
la vérité astronomique dans votre belle langue. Nous serons très heureux de recevoir
votre Ouvrage.
LIBRAIRIE DE GAUTHIER-VILLARS.
(Bntoi fitaaco CObtre mnAW et poflte oo vtlfliir nir Purit*)
ANORfi et RAYET, Astronomes adjoints C l'Observatoire de Paris, et AHGOT, Professeur
(lo Ptiysique au Lycée' Fontanes. — L Uironomie pratlciae et les Obsenratoirei en
Europe et en Amériqae, depuis le mili^ i du xvir siècle jusqu'à nos jours. Xn-t8jêsus,
avec belles figures dans le texte et pi a Thés en couleur. •
I™ Partie : Angleterre; 1874..- .;....: 4 fr. 50 c.
II* Partie : Ecosse,' Irlande ef fJolonies finqlaises ; 1874. 4 fr. 50 c.
' Ui*V\nTiE : Amérique du No '; 1877 4 fr. 50 c.
• ^IV* Partie '.Amérique du Sv ' et Météorologie améri-
caine; 1881 âfr.
V Partie rJ/a/ié; 1878 i..... 4 fr. 50 c.
FAJE (H.), Membre de l'Institut et du Bv oau des Longitudes. -~ Sur l'origine du Monde.
Etudes cosmogoniques dés anciens cL des modernes. Un beau volume in-8, avec
figures dans le texte; 1884. 5 fr.
FATE (H.). — Cours d'Astronomie de l'Ecole Polytochnique. 2 beaux volumes grand in-8
avec nombreuses figures et Cartes dans le texte.
1" Partie : Astronomie sphérique, — Géodésie et Géoqraphie mathématique ;
1881. . ' 12 fr. 50 c
!!• Partie : Astronomie solaire. — Théorie de la Lune. — Navigation, 1883. 14 ?r .
FLAMMARION (Camille), Astronome. — Catalogue des Étoiles doubles et multiples en'
mouvement relatif certain, comprenant toutes tes observations faites sur chaque couple
depuis sa découverte et les résultats conclus de Tétude des mouvements. Grand in-8 ;
1878. . 8 fr.
JENKIN (Fleendng), Professeur de Mf^'^pniaue à TUniversité d'Edimbourg. —Électricité
et Maçrnétisme. Traduit de Tanfflais sur la 7* édition par M. H. Berger, Directeur-
Ingénieur des lignes télégraphiqu^^s, ancien Élève de VÉcole Polytechnique, et
M. Croullebois, Professeur à la Faculté des Sciences de Besançon, ancien Élève de
l'École normale supérieure. Edition française augmentée de Notes importantes sur les
lois de Coulomb, la déperdition élt^ctrique, le potentiel, les tubes de force, Yéner-
gie électrique, la transmission de la force, etc.... Un fort volume petit in-S, avec
270 figures dans le textej 1884. ' 12 fr.
Avis des Traducteurs. — En Angleterre, le livre de M. F. Jenkin sur rÉlectricité et IcMague*
tisme est classique :oaI'étQdie dans les UtiivorsUés, et les ingénieurs électriciens ne manquent
pas de le placer au nombre des quelques traités spéciaux qu'ils mettent à la disposition de leur per-
sonnel dans chaque atelier. On ne s*éionno.ra pas, en présence de ce succès, que sept éditions
aient été épuisées en quelques années.
Frappcri du mt^rite théorique et pratique le de livre et convaincus qu*une traduction française
serait favorablement accueillie de toutes le> personnes, qui, par goût ou en raison de leur profes-
sion, s'intéressent à cette branche de la Phvaique, nous avons entrepris le travail que nous offrons
au public. L'OËuvre de M. F. Jenkin a été 1: lèiement respectée ; mais il nous a paru utile d'ajouter
à la tin de TOuvrage plusieurs Notes qui en faciliteront la lecture.
MAXWELL (James Clerk)* Professeur de Physique expérimentale à l'Université de Cam«
bridge. — Traité de r£lectriciié et du Magnétisme. Traduit de langlais sur U 2* édi-
tion, par M. SisLiOMANN-Lui, ancien î^lève de FËcole Polytechnique, Ingénieur des
Télégraphes, avec Notes et Éclaircissements, par MM. Cornu, Potier et Barrau,
Professeurs à l'École Polytechnique. Deux forts volumes grand in-8, avec figures et
20 planches dans le texte.
Prix pour les souscripteurs. ^l^?^ ^'''
Ce prix de 2.ô francs, qui sera augmenté une fols l'Ouvrage complet, se paie, savoir : l^liUiiQ) en
.souscrivant et 12 fr. 50 à la réception du dernier fascicule du second Volume. iqq
L'Ouvrage sera pnblié en 6 fascicules formant 2 volumes. .■' ^
Le premier fascicule du Tome I (xX'12â) vient de paraître.
SOUGHON (Abel), Membre adjoint au Bufeau des Longitudes, attaché à la rt AldébaIo
la Connaissance des Temps. — Traité d'Astrononue pratique, comprena p-^^„--.:^
8ITI0N DU Calcul des Ëphéubrides astronomiqubs et nautiqdps, d'après le: ^*^®®°^*^
en usage dans la composition de la Connaissance des Temps et du Nautica. ""isuît le 11
avec une Introduction historique et de nombreuses Notes. Grand in-8, avi.
1883. ^xacte'.'.
TRUTATfB.), Conservateur du Musée d'Histoire naturelle de Toulouse.— Trait? Beai b-
taire da microscope. Un joli volume petit in-8, avec 171 figures dans " le;
1882. Broch('?SSP,fr.
Carton '^ ) fr.
yiDAL (Léon). — Calcul des temps de jpose et Tables pbotométriqnes, pour Tapi ^lation
des temps de pose nécessaires à l'impression des épreuves négatives à la ' .ambre
noire, en raison de Tintensité de la lumière, de la distance focale, de la sensibilité
des produits, du diamètre du diaphragme et du pouvoir réducteur moyen des objets à
reproduire. 2* édition. In-18 jésus, avec tables ; 1884. 2 fr. 50 c.
yiDAL (Léon). — Photomètre négatif, avec une Instruction. Renfermé dans un étui
cartonné. 5 fr.
VIDAL (Léon). — Mannel dn touriste photographe. 2 volumes in-18 jésus, avec nom-
breuses figures, se vendant séparément :
l'* Partie ; Couches sensibles négatives. — Objectifs. — Appareils portatifs. —
Obturateurs rapides. — Pose et Photométrie. — Développement et fixage. — Ren-
forçateurs et réducteurs. ^ Vernissage et retouche des négatifs; 1885. 6 fr.
!!• Partie. {Sous presse.)
Paris. — Imp. Gauthier- Villars, 55, quai des Grands-Augustina .
4* Année.
N* 3.
Mars 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DONICANT LB TABLEAU PERMANENT DES DÉC0UVBBTE8 ET DBS PROGRÈS RÉALISÉ?
DANS LA CONNAISSANCE DE L'UNIVBRS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LE CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN:
Paris : 12 fr. — Départements : 13 fr. — Étranger .* 14 fr.
Prix du Nuidao : 1 fr. 20 o.
La Revue parait le i*' de chaque Mois.
%'/^ PARIS.
GAUTHIËR-YILLARS, IHPRIHËUR-LIBRAIRE
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Au^ustins, 55.
18«5
SOMMAIRE DU N» 3 (MÂR9 1885).
Les tremblements de terre, par M. C. Flammarion (5 figure»). — NouTelles obserratlons
sur Jupiter, par M. W.-P. Denning, astronome à Bristol (2 figures). — Mouvement propre
d'une étoile de 1 1* grandeur (ô figures). — Étude Océanographiqiie, par le colonel H. Ma-
THiESEN (1 figure). — Nouvelles de la Science. Variétés : Six trombes marines observées
dans IVspace d'une demi-heure, par M«« Julia Braddon (3 figures). Halo et parhélies observés
à Orléans (1 figure). Les lueurs crépusculaires. — ObservationM astronomiques, par M. E.
ViMONT (2 figures).
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS L.A REVUE.
A. D*ABBADIE, de l'Institut. — Choix 'd'un premier méridien.
ARAGO (V.). — L.e soleU de Minuit.
BERTRAND (J.), de l'Institut. —Le satellite de Vénus.
BOË (A. De), astronome à Anvers. — L'Etoile polaire.
DAUBRÊE« Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNING (A.), astronome à Bristol. — Observations télesoopiques de Jupiter, de Vénus
de Mercure.
DENZA (P.), Directeur de l'Observatoire de Moncalieri. — Chute d*un uranolithe en Italie.
DETAILLE, astronome. — L*atmosphere de Vénus. — Nouvelles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblements de terre.
FAYE, Président du Bureau des Lon&fitudes. — Nouvelle théorie du Soleil. — Distribution
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. -- La formation du sys-
tème solaire.
FLAMMAlilON — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une genèse dans
le Ciel.— Comment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de Tinfinl. —
D'où viennent lès pierres qui tombent du Ciel ? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corpsau oentre de la terre. — La conquête des airs et 1^ centenaire de Montgolfler. —
Les grandes marées au Mont Saint- Michel. — Phénomènes météorologiques obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil- — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa- —
La planète transneptunlenne. — L*é toile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
victimes de la foudre.
FOREL (le Professeur). — Les tremblements de terre.
GAZAN (Colonel). — Les taches du soleil.
GÉRIGNY, astronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. — Ralentissement du
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sélénographi-
ques. — L'équatorial coudé de l'Observatoire de Paris. — L'héliomètre. — La nais-
sance de la Lune.
HENRT, de l'Observatoire de Pari.<. — Découvertes nouvelles sur Uranus.
HBRSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranolithe en Angleterre.
HIRN, correspondant de l'Institut. — Conservation de l'énergie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par l'atmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Directeur de l'Observatoire de Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
HUGKjrINS, de la Société royale de Londres. — Les environs du Soleil.
JAMIN, de rinstitut. —Qu'est-ce que la rosée?
JANSSBN,de l'Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon. ~ La photographie céleste. —
Résultats de l'éclipsé de Soleil du 6 Mai 1883.
LEMAIRB'TESTB, de l'Observatoire de Rio-Janeiro. — Choix d'un premier méridien.
LEPAUTE. — Quelle heure est-il? — Le temps vrai, le temps moyen et les cadrans
solaires. — La chaleur solaire et ses applications industrielles.
LBSSBPS (de). — Les vagues sous-marines.
MOUCHEZ (amiral), directeur do l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de l'Observa
toire de Paris.— L'Observatoire du Pic du Midi.— Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
MOURBAUX (Th.), météorologiste au Bureau central. — Les inond|ttions.
PARMENTIBR (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PBRROTIN, directeur de l'Observatoire de Nice. —La comète de Pons. — La planète Uranus
PROCTOR, astronome à Londres. — Le Vésuve et ISGHIA.
RICCd, astronome â l'Observatoire de Palerme. — La grande comète de 1882.— La tache
rouge de Jupiter. — Les taches du Soleil.
ROCHE (J.), correspondant de l'Institut. —Constitution intérieure du globe terrestre. —
Variations périodiques de la température pendant le cours de l'année.
SCHIAPARELLI, directeur de l'Observatoire de Milan. — Les canaux de la planète Mars
TACCHINI, directeur do l'Observatoire de Rome. — Statistique des taches solaires.
THOLLON,de l'Observatoire de Nice. —Mouvements sidéraux. — Éruptions dans le Soleil
TROUVELOT, de l'Observatoire de Meudon. — La comète de Pons. — Ombres observées
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
VIGAN, ingénieur en clief des Ponts et Chaussées. — Les marées de la Méditerranée.
VIMONT. — Observations astronomiques de chaque mois.
Les communicailions reUtivea à la rédaction doivent être adressées à M. C. Flammarion, Direc-
teur de (a Revue. 36, avenue de l'Observatoire, à Paris, ou à l'Observatoire de Juvisy
vu bien à M. Oèrigny, Secrétaire de la Rédaction^ 41, rue du Montparnasse , à Paris.
Le plan du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con'
tient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font pas
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant leê
savants curieux de pénétrer de plu^ en plus les grands problèmes de la nature.
— £.*ASTRONOMIB. — 81
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
Notre premier article (*) a expose dans son ensemble la catastrophe ter-
Fig. 31.
Tremblements de terre de l'Espagne : les ruines d'Alhama.
rible qui vient de désoler les plus belles provinces de l'Espagne. Certains
détails caractéristiques ont dii être passés sous silence, au milieu du monceau
de documents que nous désirions résumer pour nos lecteurs. Il importe d'y
(*) Voir la Revue de Février p. 60.
Mars 1885. 3
82 L'ASTRONOMIE.
revenir nn instant, d'embrasser dans leur étendue les divers tremblements
de terre qui se sont produits, pendant cette période critique, en des lieux très
éloignés les uns des autres, de chercher si ces phénomènes distincts sont rat-
tachés entre eux par des rapports d'origine, et de profiter, si c'est possible,
de celte grave circonstance pour obtenir une conclusion scientifique ration-
nelle sur l'explication des tremblements de terre, et par cela même sur la
constitution intérieure de notre planète.
Et" d'abord, reprenons les premières impressions directes ressenties parles
témoins oculaires.
J'écrivais, cette nuit de Noël, dans mon cabinet, un instant avant neuf heures,
dit un correspondant de la Société scientifique Flammarion, de Jaén (<) lorsque
les oiseaux qui étaient en cage pressentirent, avec leur merveilleux Instinct,
quelque chose d'extraordinaire, et instantanément, comme touchés par une faible
décharge électrique, ils tremblèrent, et, saisis d'épouvante, cherchèrent à sortir
de leur cage.
Étonné, et sans me rendre compte de la cause d'un tel tumulte, j'entendis,
une seconde plus tard, un retentissement éloigné accompagné de coups de plus
en plus forts, qui ressemblaient au bruit d'une voiture roulant sur une route iné-
gale. C'est la première pensée qui me vint à l'esprit.
Mais, comprenant que le bruit d'une voiture ne pouvait produire cette impres-
sion inconnue chez les oiseaux et chez moi, je pressentis que je me trouvais en
présence d'un phénomène extraordinaire.
Tandis que toutes ces idées s'amoncelaient confuses dans mon cerveau, il me
sembla que ma vue se troublait : cette sensation était causée par l'aspect insolite
du mouvement de tous les objets, mouvement oocasionné par Toscillation ter-
restre qui commençait. Quelques instants plus tard, elle fut si épouvantable qu'il
était impossible de rester debout.
Les lampes se balançaient comme le pendule d'une horloge, les clochettes son-
naient, les portes, les ïnurs et tous les objets craquaient comme s'ils eussent été
agités par un être vivant. Si mes sens ne- me trompent, Toscillation dura cinq
secondes.
M. Félix Vallaure, de Linares, dont les premières observations ont été
publiées dans notre précédent article, a envoyé d'autre part à la môme
Société (*) les importants et intéressants documents que nous allons résumer.
La province de Grenade est celle qui a le plus souffert. Il y a plus d'un
millier de morts dans cette seule province, des blessés innombrables; la ruine
et la désolation sont partout répandues. A Grenade même, à la première
secousse, un rédacteur iVEl Defensor raconte qu'il se trouvait au journal,
(*) Voir le Bulletin mensuel de la Société scientifique Flammarion, d'Argentan,
N* de Janvier 1885.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE. 83
à 8** 55°* du soir, le 25, lorsqu'il sentit une rumeur sourde et prolongée qu'il
attribua à la machine à imprimer. Bientôt il comprit la réalité par la trépi-
dation des vitres et les oscillations de la lampe qui se mouvait comme
un pendule (du Sud au Nord, en faisant un arc de cercle de 10^ à 12**). Le pre-
mier mouvement fut oscillatoire et suivi d'une autre trépidation qui dura de
14 à 15 secondes. La maison frémissait d'une manière terrible. Tous sortirent
précipitamment. Lorsqu'ils arrivèrent à la porte de la rue, le mouvement
trépidatoire durait toujours. Il y avait sur la place beaucoup de monde, et
tous les habitants avaient abandonné leurs demeures. Une clameur confuse,
pareille à la rumeur des vagues, s'élevait dans toute la ville. On ne peut pas
décrire l'effroi qui se produisit alors. Au n** 6 de la rue San-Geronimo, habi-
taient plus de trente familles. Lorsque les oscillations commencèrent, on
entendit un bruit capable de hérisser les cheveux du plus hardi, a La maison
s'écroule ! La maison s'écroule ! » fut le cri général, et tous s'élancèrent
vers les corridors. Mais tous s'arrêtèrent épouvantés: on ne voyait rien. Une
épaisse poussière obscurcissait l'air environnant, une pluie de débris et de
matériaux tombait dans la cour. Les personnes les plus pieuses se mirent à
genoux et prièrent. Le tremblement passé, toutes sortirent dans la rue, tra-
versant la cour pleine de décombres de tuiles et de briques.
Avant la première secousse, on avait remarqué une grande dépression baro-
métrique; des éclairs brillaient au milieu du ciel couvert. Le lendemain, le
ciel, quoique sans nuages, était encore sillonné de nombreux éclairs.
Le 6 janvier, à cinq heures du soir, une très forte secousse s'est fait sentir
pendant trois secondes ; des écroulements sont survenus, et les scènes de
terreur se sont renouvelées comme auparavant.
*
La ville d'Alhama est située au centre de ce qu'on appelle un tajo
(coupure). Elle est formée par une série de hauts rochers parallèles, au
milieu desquels court la rivière Marchai. Elle est divisée en haute et basse
\ille et comptait 10,000 habitants.
Lors du premier tremblement de terre, le 25 décembre, toute la ville haute
glissa, et les maisons des vingt-deux rues vinrent tomber sur la ville basse
qui fut entièrement engloutie. Il y avait 5 églises, 5 ermitages, 1 couvent de
sœurs, l'hôpital, la mairie, 1 théâtre, des écoles ; il ne reste qu'un monceau
de ruines. On a retiré des débris 302 morts, dont 112 enfants, 101 femmes et
89 hommes, 282 blessés, sans compter 10,000 animaux et des quantités de
provisions de tous genres, entre autres 200.000 fanegars de céréales.
Dans la place et les (ilentours campent sept mille personnes, et l'on voit
beaucoup de femmes moitié nues, ou vêtues de deuil, et grand nombre d'en-
84 L'ASTRONOMIE.
fants, aussi à demi-nus, entourés d'animaux et des effets que ces pauvres
familles ont pu sauver. Les prêtres et les médecins parcourent les groupes
en portant des secours. Les hommes travaillent sans relâche à remuer les
décombres, en cherchant, avec les soldats, les restes de leurs familles. Lors-
qu'on trouve un mort sous les débris, son père, sa mère, son mari ou ses fils
s'élancent sur le corps en sanglotant, réunissent ses membres brisés et l'em-
portent au cimetière. Mais celui-ci n'a pas été épargné. Le tremblement a
rejeté les cercueils hors de terre et des restes humains gisent épars sur le sol.
L'odeur est horrible.
Ajoutez à cela une misère épouvantable; un pain de deux livres se partage
entre huit personnes. La plupart des gens n'ont pu manger pendant trois jours.
Des quartiers de roches détachés de la montagne abrupte sur laquelle une
partie d'Alhama était construite ont été lancés avec les maisons à près de
cent mètres de distances, dans la direction Nord -Sud.
Une des crevasses qui se sont formées s'est refermée presque aussitôt et
cela en passant à travers la route qui conduit de Loja à Âlhama ; ce mou-
vement du sol surprit un muletier avec ses hôtes ; le dernier mulet tomba
dans la crevasse, qui en se refermant ne lui laissa que la tête hors du sol
(fig. 35).
Sur la pente droite des Alpujarras et dans le fond de la vallée de Segrin,
entourée d'épais oliviers, se trouvait le bourg Albunuelas, aujourd'hui mon-
ceau de ruines, que l'on contemple du haut de rochers élevés, où il faut
monter pour redescendre vers le village. La vue de ce désastre est encore
plus triste et plus effrayante qu'à Alhama.'
Le village où l'on voit encore quelques tours du temps des Arabes était
formé par trois quartiers : l'un assis dans la vallée, l'autre parcourant le bas
de la montagne, et le troisième, où se trouve l'Église, séparant les deux autres.
Les maisons étaient fort modestes, même pauvres. Il n'en reste pas une
debout. Il serait bien difficile qu'une personne n'ayant pas connu le village
put deviner où étaient ses rues. On sait que 102 femmes, .53 hommes et
24 enfants ont péri, et qu'il y a eu 286 blessés. Beaucoup de ceux-ci sont res-
tés abandonnés dans les caves pendant quarante-huit heures.
Dans une maison où l'on veillait le cadavre d'un enfant, vingt et une per-
sonnes furent écrasées.
Lors de la première secousse, une pauvre femme, qui était enceinte, s'en-
fuit, comme beaucoup d'autres, et se réfugia dans une cave où peu de temps
après elle accoucha. Cette malheureuse venait de laisser ensevelir une autre
fille sous les décombres de sa maison.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
85
La nuit du 25 fut, hélas 1 des plus terribles. Aux continuelles oscillations
du sol s'ajoutait une épouvantable tempête, et la pluie tombait sans discon-
Fig.32.
Les tremblements de terre de TËspagne.' Effets de la première secousse.
tinuer. L'Église a été engloutie jusqu'à sa flèche. Des maisons avec leurs
habitants et les animaux ont disparu dans d'autres crevasses.
On a déjà vu par notre premier article que le village de Périana a été
englouti sous Péboulement de la montagne qui le dominait. Depuis, le sol a
86 LASTHONOMIR.
été tellement bouleversé dans tous les environs que les limites des propriétés
rurales ont disparu et que les propriétaires ne reconnaissent plus leurs terres.
A Santa-Cruz de Alhama, toutes les maisons et l'église se sont écroulées. On
a retiré des débris cinquante morts. I^e village se composait de 708 habitants
et 747 maisons. Il est à noter que l'oscillation la plus violente a été la troi-
sième ; la première, c'est-à-dire celle du 25, à 9** du soir, a été à peine sensible.
A Malaga, un séminariste a été tellement impressionné qu'il est devenu
muet. L'hôpital a été évacué; 200 maisons sont en ruines.
A Séville, un vieillard qui se trouvait à table mourait quelques minutes
après le tremblement de terre. La célèbre cathédrale est très endommagée.
A Cordoue, écrit encore notre correspondant, une personne était occupée à
faire habiller le cadavre d'un de ses amis, lorsque le tremblement de terre
arriva, lui fit perdre l'équilibre et la lança contre le visage du mort.
A Jayena, une jeune fille de seize ans, nommée Milesia, causait avec son
fiancé, lorsque la chute d'un toit vint l'écraser; les débris enfermèrent en
même temps son ami auprès d'elle. On parvint, après une heure de déblaie-
ment, à retirer celui-ci vivant.
Dans une autre maison, un père et sa .fille se chauffaient auprès du foyer
lorsque la maison s'écroula. Quand on les retira, on trouva le corps de la fille
entièrement carbonisé.
Près du village, de profondes crevasses se sont ouvertes dans le lit de la
rivière; celle-ci a disparu et les habitants n'ont plus d'eau. Un détail qui
donne une idée de la situation mentale des témoins de la catastrophe : l'un
de ceux-ci parcourait les baraques de campement, portant un Christ à la
main et suivi d'une troupe de malheureux, en criant que l'image versait des
larmes.
Mais il serait interminable de se faire l'écho de toutes les particularités
dramatiques qui ont marqué cette inoubliable catastrophe. On a vu dans
notre premier article Téboulement et la destruction de divers villages de cette
zone, tels que : Arenas del Rey, Jatar, Motril, Zafarraya, Nerja, Periana,
Torrox, Competa, etc. Sans insister sur ces détails, quelque soit leur multiple
intérêt, abordons maintenant l'étude générale du phénomène.
M. FOLACHE, de JaÇn, fait remarquer que, très intense dans l'Andalousie, le
tremblement de terre s'est fait sentir, comme nous l'avons vu, jusqu'à Madrid;
mais beaucoup moins fort, et a passé complètement inaperçu dans les pix)-
vinces de Ciudad Real et de Tolède, situées entre Grenade et Madrid et com-
prenant les vastes plaines de la Manche. Ce sont des terrains sédimentaires,
sans élasticité, à travers lesquels les vibrations se sont éteintes.
Fig. 33.
Vue générale des crevasses & Guevejar, d'après uae photographie.
88 L'ASTRONOMIE.
Cette remarque est d'autant plus intéressante que la violente secousse de
de 8*» 53" paraît avoir été ressentie en Angleterre, sans que personne, en France
ni sur les bords de l'Océan, Tait observée. On conçoit fort bien, du reste, que,
si des roches granitiques dures, composites, sont disposées en forme de
cuvette, dont les bords émergeraient, par exemple, à Grenade et à Madrid, et
dont rintérieur serait occupé par des terrains mous ou sablonneux, une
vibration quelconque communiquée à ce banc de roches se transmettra d'une
extrémité à l'autre, mais ne se communiquera que faiblement aux terres qui
remplissent la cuvette et seulement sur leurs bords contigus aux roches
vibrantes. Le mouvement s'éteindra très vite en un pareil milieu, et les villes
bâties sur ces terres n'auront rien ressenti, quoique la vibration soit passée
sous leurs pieds et ait été ressentie à l'autre extrémité du banc, émergeant
au-dessus du sol.
M. DoMEYKO faisait récemment remarquer, à propos de ces transmissions,
que c'est une opinion assez répandue parmi les mineurs du Chili qu'un
tremblement de terre ne peut jamais produire autant d'effets destructeurs
dans l'intérieur d'une mine profonde, qu'à la surface. Un mineur expéri-
menté, au moment ou un léger mouvement lui fait supposer un tremblement,
ne se presse pas de sortir pour gagner le jour du fond de la galerie où il tra-
vaille. « Ainsi, dit-iJ, un fort tremblement, suivi de plusieurs autres, éclata
le 26 mai 1884, àCopiapo, produisant des fentes et des crevasses dans les
murailles de plusieurs maisons, et s'étendit vers les Andes jusqu'aux mines
d'argent de Chanarcillo. Je me trouvais alors dans ces mines, occupé à lever
des plans de travaux. La maison que j'habitais, récemment construite en
pierres calcaires, s'écroula au premier choc du tremblement. Au même
instant, des pierres de tous côtés roulèrent du haut de la montagne et beau-
coup d'autres maisons furent endommagées; mais il n'y eût pas le moindre
accident dans l'intérieur des mines, dont les galeries descendaient à plus de
deux cents mètres au-dessous des affleurements des filons et n'étaient pas
toutes bien solidement établies. »
M. NoGUÈs, ingénieur civil des mines à Séville, a parcouru après le trem-
blement de terre une partie de la province de Grenade, et a résumé comme
il suit ses observations dans une note présentée à l'Académie des Sciences.
L'oscillation du 25 décembre dernier embrasse une extension superficielle
considérable; le mouvement oscillatoire s'est graduellement accentué en
direction du Sud du plateau central espagnol; il a décrit un arc ellipsoïdal
autour de la Sierra-Nevada. Les mouvements vibratoires qui ont causé les
LES TREMBLEMENTS DE TERUE. 89
tremblements de terre dans les provinces de Grenade et de Malaga, et pro-
vinces limitrophes, se sont produits dans une région spécialement fracturée
et disloquée. Le maximum d'inteiisité se trouve sur une courbe qui embrasse
une partie de la Sierra-Nevada et suit ensuite rectilignement les lignes de
fracture des Sierras Tejeda, Almijara et de Ronda.
Le sol s'est crevassé, fendillé sur plusieurs points. Dans les environs de
Periana, au pied de la Sierra-Tejeda, des crevasses profondes se sont pro-
duites en présentant de larges ouvertures. Aux environs de la Venta de Zaf-
farraya, des crevasses semblables s'étendent sur une longueur considérable ;
elles prennent naissance au pied -de la montagne et pénètrent dans la plaine;
des maisonnettes ont même été entraînées dans ces crevasses, dont quelques-
unes ont plusieurs kilomètres de longueur.
Une des plus remarquables est celle qui commence près la Sierra de Jatai",
et se termine au village de Zafarraya, sur une longueur de près de quatre
lieues. A Guevejar s'est également ouverte une crevasse parabolique d'envi-
ron 3^° de longueur, large de 3" à 15"» et d'une grande profondeur : le son
s*y répercute vers l'intérieur, et une bougie allumée à 7"* de la surface a sa
flamme poussée vers l'extérieur et s'éteint. A 3^" de Santa Gruz et à 2** d'Al-
hama le pied d'une montagne s'est crevassé; il s'est fait une grande fente,
d'où sortent des gaz fétides à odeur d'acide sulfhydrique ; à un kilomètre de
distance l'odeur est perceptible. De cette fente jaillit une source abondante
d'eau sulfureuse à une température de 42® centigrades, débitant de I"* à 2"*
par seconde; d'ailleurs, tous les cerros des environs d'Alhama sont actuelle-
ment crevassés.
La crevasse de Guevejar, ouverte en forme de fer à cheval, atteint le som-
met de la montagne; puis elle descend en prenant la direction Est et monte
de nouveau, pour redescendre en s'infléchissant vers le Nord. En outre, il y
aune infinité de petites fentes qui courent les unes perpendiculairement, les
autres parallèlement à la grande crevasse. — Il est difficile d'examiner ces
curieux effets géologiques sans songer aux crevasses observées à la surface
de la Lune et sans penser que celles-ci sont dues à des causes analogues, qui
peut-être sont toujours en activité.
Le sol est devenu d'une grande mobilité sur tous les points où les oscilla-
tions ont été intenses ; le mouvement des terres entraîne les maisons. Les
terrains tertiaires d'Alhama, de Santa Gruz, d'Arenas del Rey, etc., ont peu
d'adhérence; ils glissent et coulent facilement sur les pentes. Les villages
bâtis sur ce sol mobile sont tombés aux premières oscillations du tremblement
de terre.
Le village de Guevejar éprouve un mouvement de translation au Sud-
Ouest, vers la rivière. Gertaines maisons situées au centre de la parabole
3-
90
L'ASTRONOMIli.
décrite par la crevasse, ont avancé de 27", tandis que d'autres situées aux
extrémités de cette courbe n'ont avancé que de S",
Les tremblements de terre de TAndalousie, ont déterminé des dénivella-
tions considérables et modifié le régime des eaux. Des cerros se sont surélevés,
d'autres affaissés. A l'extrémité Sud de la crevasse de Guevejar, à 15" de la
rivière, il s'est formé un petit lac d'environ 1200 mètres carrés de superficie,
qui a 9" de profondeur à son centre. Le versant opposé de la rivière où le lac
Fig. 34.
Eruptions à Albunuelas.
s'est formé s'est élevé d'environ IS" au-dessus de son niveau primitif. Tous
les cours d'eau compris dans la zone de la crevasse de Guevejar ont disparu,
laissant leurs lits à sec ; la fontaine qui alimentait d'eau potable le village
s'est également tarie.
Le régime normal des eaux minérales de la contrée a été généralement
modifié; des sources ont disparu; d'autres, au contraire, ont jailli. Près de
Santa-Cruz a jailli brusquement une source thermo-minérale abondante.
Les eaux minérales d'Alhama sont maintenant plus abondantes qu'avant la
catastrophe, la composition chimique et la température ont changé. Aupara-
vant, elles avaient une température de 47° et le caractère salin ; depuis le
25 décembre dernier, elles ont acquis un caractère sulfureux très marqué et
une température de 50**. A Albunal les sources thermales de la ramhla de
Aldayar ont aussi beaucoup augmenté. Sur quelques-unes se sont ouvertes
des crevasses de plus de 1" de diamètre, par où sourdent avec violence des
masses d'eaux minérales. Enfin, à environ 700" d'Albunuelas, par des cre-
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
91
vasses de forme elliptique, sortent, comme en bouillonnant, des matières
visqueuses, fig. 34 .
Les effets les plus désastreux du tremblement de terre ont eu lieu précisé-
ment sur les failles qui limitent la masse archéenne de la Sierra- Tejea et
Almijara, etc. Les sources thermales nouvelles, d'autres sources dont la na-
ture a été profondément modifiée, les érosions que ces cours d'eaux souter-
rains peuvent opérer à Tintérieur, les dégagements de gaz qui s'échappent de
Fig. 35.
Crevasse sur la route de Loja à Âlhama : le dernier mulet.
certaines crevasses, tout cela ouvre aux investigations scientifiques un champ
des plus étendus.
Dans les régions granitiques, la grande profondeur d'où viennent les
sources thermales rend compte de leur température. Ici, elles paraissent
sortir des terrains tertiaires et semblent être en rapport avec une source
d'émanations gazeuses variées.
Si les dislocations qui ont donné à cette partie des régions méditerra-
néennes leur forme actuelle, en fixant les contours des terres et de la mer.
sont très anciennes par rapport à l'histoire de l'homme, elles sont très récentes
au point de vue géologique, et les phénomènes actuels nous avertissent que
la cause en est toujours présente et active.
Depuis que la première émotion est calmée, on a commencé à mieux
apprécier le caractère géologique du phénomène, qui prend de jour en jour
92 L'ASTHONOMIE.
une plus* grande importance. Près de Lorca, la chaîne de Murcie s^abaisse
insensiblement. La ville de Valence paraît changer de place et dévier vers
rOccideut; on croit remarquer entre les méridiens de Madrid et de Valence
quelques secondes de moins dans la longitude.
A Enguera, province de Valence, deux montagnes autrefois séparées se
sont unies. A Ghioa, même province, le sommet du mont Pascuals s'est abaissé.
A Badalone, près Barcelone, la mer a reculé d'un mètre, tandis qu'au port
de Mosnon elle a avancé d'autant, etc., etc.
Ce sont des faits importants, qui éclairent, qui développent et modifient
les opinions généralement admises sur la constitution de la base de Técorce
terrestre. Nous allons en étudier les conséquences.
Avant d'aller plus loin, plaçons sous les yeux de nos lecteurs la liste de
tous les mouvements du sol qui ont été observés depuis le premier jour des
tremblements de terre de l'Espagne (ou du moins de tous ceux qui sont par-
venus à notre connaissance). Cette liste est riche en documents, et nous
allons essayer de l'interpréter. 11 ne sera sans doute pas désagréable à un
certain nombre de nos lecteurs d'avoir sous les yeux ce curieux témoignage
de l'instabilité du sol, dont ils apprécieront le grand intérêt d'actualité.
Tremblements de terre observés du 22 décembre au 22 février,
22 décembre. 2" 15" matin, secousses légères aux Iles Açores, à Madère, Lisbonne,
Vigo, Pontevedra, et en plusieurs régions du Portugal et de Galice.
22 Matin. Tremblement de terre en mer par 36M8' lat Nord et 19»25 long.
Ouest.
21-22 Nuit. Tremblement de terre en mer, par 36*34' lat. Nord et 22* 26' long.
jBst de Greenwich. Forte secousse (sud de la Grèce).
23 2'' matin. Tremblement de terre en mer par 33» lat. Nord et 12«30' long.
Ouest de Cadix. Nouvelle secousse 17" après. Orage et tonnerre.
24 Secousse légère à Séville.
25 8*" 53" soir. Très violentes secousses à Alhama, Albunuelas, Arenas del
Rey, Malaga, Grenade, etc. Secousses assez fortes à Linarès, légères à
Madrid, très légères à Lisbonne, sensibles jusqu'en Angleterre.
25 11"» 44". Secousse assez forte, jusqu'à Jaên. — On a compté huit secousses
à Malaga, Grenade et dans Taire maximum.
25 8''17" (heure de Berne). Secousses à Bernetz (Engadine), Id. à il"» soir.
26 2"» et 6"* 45" matin. Nouvelles secousses à Estepona, Periana, Torrox, etc.
27 Nouvelles secousses à Alhama. Destruction complète de la ville.
28 Eboulement d'une montagne sur le village de Periana.
29 Après midi, deux vibrations ressenties dans les forêts de Herlûfsholm,
près de Nœstved, en Séeland (Danemark).
29 ll'»25" et 11*45" soir. Oscillations à Malaga.
30 9^ matin. Légère secousse à Linares.
30 1** soir. id. id. id.
30 5*" et 6^ soir. Oscillation à Malaga.
30 9" soir. Deux violentes secousses à Archidona, province de Grenade, cre-
vasse dans la montagne de Puerta-Sol, renversement de Jayena.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
93
31 décembre. Midi. Secousses à Velez, Nerja, Torrox, etc. Destruction de Torrox.
31 4'' 35- à S'^SO- soir. Oscillations à Malaga.
1*' janvier. Matin. Secousses et bruits souterrains à Malaga, Gordoue, Benamagoza,
Grenade.
1 2^ matin. Légère secousse à Lausanne (douteuse).
2 Minuit. Deux fortes secousses à Nerja (province de Malaga). Eboulement
d'une partie de la ville.
3 Secousses à Algarrobo, Gomares, Gasabermeja, Ganillas. Rien à Grenade
ni Malaga. Formation d'un cratère et d'un puits d'eau chaude dans la
province de Valence.
4 Nouvelle secousse, à Periana. A Velez, depuis le 25, on a compté 32
secousses.
4 Tremblement de terre dans la Styrie méridionale (Autriche).
5 3'' matin. Secousse à Ghambéry (Savoie), et Suse.
5 5''50"' du matin. Secousses à Savines (Hautes- Alpes), Embrun, Marseille,
Velletri, Rome.
5 6*" soir. Forte secousse à Malaga, accompagnée de bruits souterrains.
Grande agitation de la mer. Secousses à Loja, Motril, Gartama.
6 5*" 48" soir. Fortes secousses à Grenade, Nerja, Torrox, Frigliona.
6 Légères secousses à Worthing (Angleterre).
7 Matin. Secousses à Loja, près Grenade.
8 Nuit. Trois secousses à Grenade, Alhama, Torrox. Bruits souterrains.
Secousses à Malaga.
9 Matin. Secousse assez forte à Malaga. Oscillations à Friziliana. Bruits
souterrains.
10 Avant midi. Légère secousse à Loja.
10 Faibles secousses à Velez.
10 Secousses à Albunecar, (province de Grenade).
12 4'* matin. Fortes secousses à Hjorring, en Jutland (Danemark). Baro-
mètre très bas le 11.
13 2^ matin. Secousse à Sebdou (sud Oranais), Algérie.
13 Secousses assez fortes à Irkoutsk, Sibérie orientale.
15 G'* soir. Oscillations à Vejen, en Jutland, frontière dano-allemande.
16 Matin. Plusieurs fortes secousses à Grenade.
17 Fortes secousses à Motril et à Frigliana, qui s'écroule tout à fait.
(Du 25 décembre au 17 janvier, les oscillations du sol ont pour ainsi dire été continues
dans les provinces de Grenade. et de Malaga.)
Après minuit. Secousse à Leden, près Colchester (Angleterre).
Secousses à Torrox et aux environs de Pegio, où s*est produit un affais-
sement de cinq mètres.
Nuit. Deux secousses à Aarhus, en Jutland (Danemark).
Secousses à Malaga, Velez, Loja et Albunecar.
Entre minuit et 1^. Secousse à Envenda, canton de Glarus (Suisse).
(Heure de Berne).
Entre 8"^ 30" et 9"» soir (heure de Londres). Bruits souterrains et vibra-
tions dans le comté de Somerset (Angleterre), à Bampton, à Tiverton,
etc.
Faible secousse à Malaga.
Secousses de plus en plus faibles sur les versants de la Sierra-Tejea.
9*" soir. Forte secousse à San-Remo (Italie) et sur tout le littoral jusqu'à
Gênes, principalement à Port-Maurice. Secousse à Savone.
26 Soir. Fortes secousses à San-Francisco et dans l'État de Californie.
18 janvier.
20
20
21
21
n
24
25
25
94 L'ASTRONOMIE.
27 janvier. 3*" 30- matin. Trois secousses assez fortes à Flers-en-Escrebieux, (départe-
ment du Nord.)
27 Secousses dans la Sierra-Tejeda, aux confins des provinces de Grenade
et de Malaga, ainsi qu'à Alhama, Foraes et Arenas.
29 Secousses à Motril. Écroulement du clocher. Secousses à Alhama.
30 Secousses à Sétif et à Msila où huit maisons arabes se sont écroulées.
Direction Est-Ouest.
1" février. 4** 37" soir. Secousses et bruits souterrains dans le Calvados et la Manche,
notamment à Villers-Bocage, Anctoville, Landelle, Caen, Balleroy,
Caumont, Littry. Direction Sud-Ouest et Nord-Est.
4 Secousses en divers points du Portugal.
5 Légères secousses et bruits souterrains à Banera, province d'Alicante.
6 Forte secousse à Mélijis, province de Grenade.
6 G"» 30- soir. Plusieurs secousses assez fortes dans la Charente-Inférieure,
à Saintes, aux Arciveaux, à Lormont, à Saint- Jean-d'Angely d'), Ro-
chefort, Angoulême, Cognac.
Deux fortes secousses à Tambril (Andalousie); trois maisons éboulées.
11 Les secousses continuent dans la chaîne de Tejada.
12 Secousses à Torre del Campo ; écroulement de Téglise et de l'hôpital.
14-15 Nuit. Secousses à Grenade et à Vêlez.
15 lO** soir. Fortes secousses dans la vallée de l'Isère; légères à Chambéry.
19 Deux fortes secousses à Grenade et à Malaga.
On n'a peut-être jamais vu autant de tremblements de terre en un si court
espace de temps^ Pourtant, cette statistique est nécessairement fort incom-
plète, malgré tous les soins que nous avons apportés à coUationner les rela-
tions qu'on a bien voulu nous adresser et à leur adjoindre celles que nous
avons pu recueillir. Elle ne donne qu'une idée très restreinte de ce qui doit
se passer, nous ne dirons pas surTensembledu globe, mais même en Europe
seulement. Or, si déjà elle suffit pour nous montrer que pas un seul jour,
pour ainsi dire, ne s'est passé sans être marqué par un tremblement de terre
plus ou moins intense, nous devons en conclure que, dans la totalité du
globe, non seulement pas un seul jour, mais sans doute pas une seule heure
ne se passe sans que la surface du sol soit agitée en un point ou en un autre.
Dans l'ensemble des secousses qui viennent d'être notées, quelles sont
celles qui sont en relation directe avec le phénomène géologique dont l'Es-
pagne vient d'être le théâtre?
La statistique générale des tremblements de terre établissant que pas un
seul jour de l'année ne se passe sans qu'une secousse du sol soit signalée en
un point ou en un autre de la planète, nous pouvons tenir pour certain que
toutes les secousses de la liste précédente ne sont pas nécessairement asso-
(*) Le tremblement de terre des Charentes a été observé notamment à Annezay, arr.
de Saint- Jean-d'Angely, par M. Ch. Riveau : secousse assez forte pour ébranler les
maisons, soulever le sol, briser des vitres; bruit semblable à celui d'un train qui arrive
à toute vitesse. Le lendemain, orage et violents coups de foudre.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE. 95
ciées à la catastrophe de TAndalousie. Il est naturel d'en exclure d'abord les
plus éloignées, — à moins que des symptômes de corrélation évidente ne se
soient manifestés. Ainsi, par exemple, le tremblement de terre ressenti, le
13 janvier, dans la Sibérie orientale, doit être considéré comme étranger à
celui de l'Espagne. Nous pouvons regarder comme hors du cadre également
celui du 26, en Californie. En est-il de môme de celui du 4, en Autriche, et
de ceux des 29 décembre, 12 et 15 janvier, en Danemark? Probablement. Mais
déjà l'observation nous invite à être fort circonspects si nous voulons voir
quelque chose dans ces limbes encore mystérieuses. En effet, les violentes
secousses du 25 décembre, de 8** 53 et 11*" 44 (heure de Madrid), si terribles
pour l'Andalousie, ont été ressenties à Madrid sans l'être par les pays inter-
médiaires, formés de terrains mous dans lesquels les mouvements se sont
amortis et éteints. Nous avons vu aussi qu'on les a ressenties en Angleterre,
sans qu'en France personne ait rien remarqué. Les observations anglaises
étant peu nombreuses, pourraient être mises, sinon sur le compte de l'illu-
sion, du moins sur celui d'un phénomène local, si la coïncidence de l'heure
ne plaidait en faveur d'une corrélation avec l'Espagne. Mais il y a plus.
Dans le département de l'Orne, un phénomène géologique assez extraor-
dinaire vient témoigner également en faveur d'une très grande extension
des effets souterrains des tremblements de terre espagnols. On en doit la
connaissance au Comité de la Société scientifique Flammarion, d'Argentan.
Une filature, située au fond du vallon de Saint-Pierre-Entremont, porte une
haute cheminée qui ne recevait jamais les rayons du soleil entre le 5 décembre
et le 14 janvier. Depuis la fin de décembre dernier, les habitants du pays
ont vu, à leur grande stupéfaction, le sommet de cette cheminée éclairé par
le soleil tous les jours vers midi. Ou le terrain sur lequel est bâtie la filature
s'est exhaussé, ou le mont Cerisy, situé au sud et dont la cime lui masquait
le soleil, a subi un affaissement.
D'autre part, les secousses du 22 décembre ont été ressenties aux îles
Açores, en Portugal et en Galice. La distance est la même que celle de l'Anda-
lousie à l'Angleterre.
Que la vibration souterraine ait passé sous la France et se soit révélée en
certains points en relation directe avec les roches vibrantes, c'est ce qui est
également manifeste par le fait suivant :
A l'Observatoire de Bruxelles, le 26 décembre au matin, l'astronome de
service s'aperçut que l'une des horloges sidérales s'était arrêtée dans la nuit,
et, quand il voulut observer avec la lunette méridienne, il constata que l'axe
optique de l'instrument s'était dérangé, et que les piliers de support
n'étaient plus dirigés suivant la verticale. 11 était impossible de vérifier d'une
manière plus délicate l'effet produit par le phénomène.
96 L'ASTRONOMIE.
A rObservatoire de Greenwich, la secousse a été enregistrée par les instru-
ments magnétiques.
En Allemagne, il en a été de même à Wilhelmshaven.
La secousse observée en Suisse, le 25 décembre, à 8^17" (heure de Berne),
ce qui correspond à 7** 34"* de Madrid, ne doit pas être en corrélation avec
celles d'Espagne, car, dans l'état dans lequel les esprits ont été jetés par la
catastrophe, on n'eût pas manqué de se souvenir des moindres mouvements
du sol qui l'auraient précédée.
Celles du 5 janvier au matin, à Chambéry, Savines, Embrun, Marseille et
en Italie, ne paraissent pas non plus en relation avec celles d'Espagne, car,
d'une part, on ne signale rien ce matin-là en Espagne, et, d'autre part, nos
lecteurs se souviennent du tremblement de terre du 27 novembre dans les
Alpes-Maritimes, qui a été ressenti également jusqu'à Marseille, à peu près
aux mêmes points que celui-ci, et auquel l'Espagne était restée étrangère. Ces
mouvements étaient probablement une suite de ceux du 27 novembre. Les
secousses du 25 janvier à San-Remo appartiennent au même foyer alpestre.
De l'ensemble considérable de témoignages exposés jusqu'ici et comparés
entre eux, nous sommes conduits aux conclusions suivantes pour l'explica-
tion des tremblements de terre de l'Espagne :
lo Les secousses les plus violentes et les plus désastreuses se sont produites
sur les anciennes failles géologiques, dans les dislocations de roches auxquelles
on doit la configuration de cette partie deTEspagne.
2o Ces dislocations ou fractures constituent une base instable pour ces terrains.
Les roches inférieures s*appuient obliquement les unes sur les autres et laissent
des vides entre elles. Plusieurs causes peuvent amener des tassements, des ébou-
lements, des changements de niveau.
3» Parmi ces causes, les eaux de pluie, qui descendent perpétuellement de la sur-
face du sol vers les profondeurs, constituent Tune des plus importantes. Ces eaux
désagrègent lentement les appuis, les piliers, les voûtes, par l'action purement
mécanique de leurs courants. De plus, en se combinant avec certaines roches,
elles donnent naissance à des produits chimiques variés dont l'action ne peut pas
être insensible. D'autre part encore la chaleur inhérente à ces profondeurs trans-
forme l'eau en vapeur. Il y a donc dans ces profondeurs, par le fait même de
Texistence des eaux minérales, des opérations chimiques et de la température,
des vapeurs et des gaz qui remplissent les vides qui subissent une énorme pres-
sion et qui cherchent à se faire jour. Les tremblements de terre de TEspagne ont
été précédés de fortes pluies (*).
4o Plusieurs circonstances peuvent favoriser l'ébranlement du sol. Toutes les
^ ' ) M. Rey de Morande considère même cette cause comme la plus importante.
LES TREMBLEMENTS DE TERRE. 97
conditions étant préparées pour un éboulement intérieur, tassement de roches
désagrégées, combinaisons de gaz, une cause relativement légère suffira pour
amener la rupture.
Des changements brusques et répétés dans la pression atmosphérique, en en-
levant de la surface du sol un poids de plusieurs millions de kilogrammes, en Ty
ramenant et en le supprimant encore, peuvent être non la cause, mais Toccasion
de la rupture d'équilibre. C'est ce qui s'est présenté en Espagne, quoique cela
soit loin de se présenter dans tous les tremblements de terre. Pendant tous les
jours qui ont précédé la violente secousse du 25 décembre, le baromètre oscillait
d'une manière si folle que les ingénieurs avaient cessé de prendre leurs mesures
de niveau. La période du 22 décembre au 15 janvier a été marquée par des intem-
péries extraordinaires pour l'Espagne : le thermomètre est descendu jusqu'à 5» au
dessous de zéro à Madrid^ et jusqu'à 22» à Soria; la neige est tombée sur des pays
où on ne l'avait jamais vue.
5» D'immenses crevasses se sont ouvertes; des sources minérales ont été modi-
fiées dans leur volume, leur composition chimique et leur température; plusieurs
ont entièrement disparu ; d'autres, au contraire, ont jailli du sol. Nous avons vu plus
haut que de certaines crevasses sortent des gaz fétides à odeur d'acide sulfhy-
drique, que l'on sent à plus d'un kilomètre de distance ; qu'ailleurs jaillissent en
bouillonnant des matières visqueuses. Ce sont là autant de témoignages de l'ac-
tivité chimique qui règne sous nos pieds.
&* Les modifications apportées à la surface du sol ne paraissent pas être des
surélévations de terrains, mais des abaissements, comme on l'a vu plus haut. Le
changement de cours de quelques rivières, la formation d'un petit lac, la chute
de parties de montagnes au fond des vallées, les glissements de terrains, les modi-
fications dans le dessin des rivages de la mer, tout cela est dû à des tassements,
non à des soulèvements.
7» Il n'y a pas eu que des tassements. On a ressenti des trépidations et des
oscillations de bas en haut. Ces trépidations ont dû être causées par la pression
des gaz et des vapeurs cherchant une issue. Tout le monde connaît la force pro-
digieuse des vapeurs et des gaz en tension.
8» Les commotions produites dans les roches par ces ruptures d'équilibre, ces
éboulements, ces changements de niveau, se sont transmises au loin : Angleterre,
Belgique, etc. Elles se sont transmises par les roches dures. Des terrains mous
encastrés dans ces roches ne les ont pas éprouvées.
9» Les ruptures d'équilibre se sont communiquées de proche en proche sous
l'Andalousie tout entière, sous une partie de l'Espagne et même sous la France.
Sur le chemin de l'Espagne à l'Angleterre, notamment dans l'Orne, le Calvados
et la Manche, puis dans la Charente-Inférieure, divers symptômes ont témoigné
de ce contre-coup.
Ainsi, la constitution géologique de cette région de FEspagne suffit ample-
ment pour rendre compte de tout ce qui est arrivé. Toute cette surface repose
3*'
98 L ASTRONOMIE.
sur des roches mal équilibrées, sur des couches plissées, inclinées, disjointes,
disloquées, parsemées de fractures, défailles, de voûtes et de ponts. Que Tun
des points d'appui, qu'uji pilier cède sous l'influence de la désagrégation
causée parles eaux, qu'un léger glissement s'opère, qu'une voûte s'effondre,
et, petit à petit, toute la région subira une légère modification dans son relief.
Ajoutons à cela les énormes pressions produites par de faibles quantités de
vapeur d'eau, le déplacement des courants intérieurs d'eaux minérales, elles
divers phénomènes observés s'expliquent sans qu'il soit nécessaire d'invoquer
l'existence du feu central. Néanmoins, la cause de ces mouvements du sol
gît à une grande profondeur, puisque ses effets, loin de se borner à un seul
district, se sont étendus à l'Ouest jusqu'aux Açores, au Nord jusqu'en Angle-
terre, etc. Le mouvement géologique, préparé depuis longtemps par les
conditions mômes de l'instabilité de ces bases, peut fort bien avoir été déter-
miné par les colossales oscillations atmosphériques qui ont précisément eu
lieu pendant toute cette période. A cette môme période appartiennent le cyclone
qui ravagea Catane, en Sicile, et la tempête extraordinaire qui lança la Médi-
terranée dans les rues de Nice.
Ce mémorable tremblement de terre est le plus terrible que l'on ait eu à
enregistrer dans la Péninsule ibérique depuis l'Inoubliable catastrophe de
Lisbonne, du !•' novembre 1755 (et, bizarre coïncidence, dans ce pays si
catholique, ces deux fléaux sont tombés sur les populations précisément deux
jours de grande fôte : le premier, le jour de la Toussaint, le second, le jour
de Noël). En 1755, il y eut trente mille morts; cette fois-ci, deux mille. La
secousse la plus violente arriva à 9*'40" du matin, au moment où les églises
se remplissaient pour la messe ; elle ne dura, dirent les survivants, qu'un
dixième de minute, et suffit pour faire ébouler tous les monuments, églises,
couvents et palais; un quart delà ville disparut instantanément sous les
décombres. L'angoisse des survivants fut telle, en voyant la terre leur man-
quer sous les pieds, le sol onduler comme la mer, des crevasses s'ouvrir et se
fermer, des murs se fendre et se recoller, que, malgré les gémissements des
victimes qui n'étaient pas tuées et appelaient du secours, chacun, emporté
par son seul instinct de conservation, restait sourd à tous les sentiments
humains pour ne songer qu'à son propre salut.
Un immense raz de marée arriva et emporta ceux qui s'étaient sauvés sur
le rivage. En môme temps, le feu des foyers allumés et ensevelis se commu-
niqua pai-tout, le vent souffla, et la partie de la ville qui avait résisté aux
secousses fut réduite en cendres (»).
(^) Au milieu d'un tel désastre, on vit unq énorme quantité de voleurs et d'assassins
OBSERVATIONS DE JUPITER. 99
Cette région est malheureusement, par sa constitution géologique, exposée
à ces oscillations du sol, insignifiantes pour la planète, graves et funestes
pour rhumanité. Déjà, dans notre siècle, on a subi là un grand nombre de
tremblements de terre,
Nous pouvons maintenant, en connaissance de cause et en comparant
l'expérience géologique dont nous venons d'clre témoins aux autres grands
tremblements de terre observés, nous former une idée judicieuse et ration-
nelle de la constitution du sol sur lequel nous vivons.
(La fin prochainement. ) Camille Flammarion.
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR JUPITER.
La tache rouge de Jupiter reste encore facilement visible, quoiqu'il n'en existe
plus qu'une légère esquisse. Sa position, par rapport à la dépression de la grande
bande sombre australe, est la même que pendant la dernière opposition. La tache
blanche continue à se montrer sur le bord austral de la zone équatoriale. Elle
est aussi brillante qu'à l'époque où elle attira pour la première fois l'attention.
J'ai fait les observations suivantes de 'la tache rouge pendant l'apparition
actuelle de Jupiter :
Passage de la tache rouge par le méridien central.
Dates. Heures.
1884 21 Septembre 18^37"
3 Octobre 18 28
8 » 1735
18 Novembre 16 25
27 « 18 45
20 Décembre 12 49
21 »> 18 39
31 » 16 52
Temps moyen de Paris.
Pendant un intervalle de 100J22*»15«n, la tache a accompli 244 révolutions, et sa
période de rotation s'est trouvée égale à 9^ 55™ 36* 9, de sorte que son mouvement
semble s'être accéléré depuis les deux dernières oppositions. La période de rota-
enlever tout ce qu'ils pouvaient, arracher des ruines et achever les victimes qui défen-
daient leurs biens « sur quoi, écrivait un témoin oculaire, le roi ordonna qu'on dressât
des gibets tout autour de la ville, et, après une centaine d'exécutions, le mal fut arrêté. »
Le dernier tremblement de terre n'a pas atteint heureusement ce degré d'horreur, et
Ton espère que les progrès introduits dans la civilisation interdiront le retour de
pareilles scènes. Cependant les passions humaines sont âpres et tenaces. L'autre jour,
nVt-on pas vu à Grenade, des cochers demander cent francs par heure pour conduire
des personnes hors de la ville? Ils « profitaient » de l'excellente occasion offerte par un
événement qu'ils qualifiaient de « trop rare ».
100 L'ASTRONOMIE.
tion s'était, en effet, retrouvée la même à ces deux époques avec une valeur de
9»»55°»39», 1. (V. Astronomie, t. III, p. 349.)
La tache blanche équatoriale est actuellement aussi distincte et aussi brillante
qu'elle le fut jamais (V. fig, 37, où elle est bien représentée près du limbe oriental,
et sur le bord boréal de la grande bande sombre qui s'étend au sud de Téquateur).
Un accroissement très remarquable de sa vitesse s'est manifesté pendant les trois
Fig. 36.
Aspect de Jupiter, le 27 novembre 1884, à i8'»45". (Temps moyen de Paris )
Réflecteur de 10 pouces, grossissement = 252.
derniers mois. J'ai fait les observations suivantes des heures de son passage par
le méridien central de la planète.
Tache blanche sur le méridien central.
Dates. Heures.
1884 4 Octobre 17''52-
7 Novembre 18 17
21 » 16 41
27 » 19 59
9 Décembre 16 57
18 » 17 7
20 » 18 15
24 » 20 30
31 » 19 33
1885 4 Janvier 12 2
Temps moyen de Paris.
OBSERVATIONS DE JUPITER. 101
L'intervalle qu'embrassent ces observations est de 91J18**10", pendant les-
quelles la tache blanche a accompli 224 révolutions avec une période de 9^ 49™ 51», 6.
Cette période est de 20», 5 plus courte que celle de 9^50"» 12», 1 qui résultait des
observations effectués pendant les oppositionsprécédentes(V. Astronomie, t. III,
p. 349).
Les éphémérides que M. Marth a publiées dans le volume XLIV des Monthly
Fifir. 37.
Aspect de Jupiter, le 31 décembre 1884, à 16i>52". (Temps moyen de Paris.)
Réflecteur de 10 pouces, grossissement = 252.
Notices, p. 454-458, sont basées sur les observations que j'ai faites de cette tache
pendant les deux dernières années, et qui conduisaient à un mouvement de 870», 34
par jour, correspondant à une durée de rotation de 9*»50"12»,25. En comparant
les observations actuelles avec les indications de ces éphémérides, on voit que,
durant les trois derniers mois (du 4 octobre 1884 au 4 janvier 1885), la tache blanche .
équatoriale s*est écartée de 47», 2 à l'Est de sa position calculée. Cela signifie que
la tache s'est déplacée sur une longueur de 53 000 kilomètres à la surface de la pla-
nète. Ce mouvement correspond à une vitesse de 227»^™ par jour jovien ou de 557^»
par jour terrestre. Quelle peut être la cause d'une accélération si rapide dans le
mouvement de cette tache? Il est bien impossible de l'expliquer actuellement;
maison voit par là combien il est nécessaire de continuer les observations avec le
plus de soin possible, afin de poursuivre l'étude des phénomènes si curieux pré-
sentés par cette tache.
102 L^ASTRONOMIB.
Les fig. 36 et 37, montrent une curieuse entaille sur le bord boréal de la grande
bande sombre boréale. Le 27 novembre et le 31 décembre, j'ai vu dans cette en-
taille une tache très brillante qui paraît se déplacer avec une vitesse de rotation
très légèrement supérieure à celle des restes de la tache rouge.
W.-F. Denning,
Astronome à Bristol.
MOUVEMENT PROPRE D'UNE ÉTOILE DE 11^ GRANDEUR
VOISINE D'ALDËBARAN.
On sait que M. Flammarion a découvert, en 1877 (i), par ses mesures micro-
métriques d*Aldébaran et de son compagnon, que cette petite étoile télescopique
de 11« grandeur est animée d'un mouvement propre remarquable. C'est la pre-
mière fois qu'un mouvement propre était reconnu pour une étoile aussi faible, et
le fait paraissait si surprenant que l'observateur recommença plusieurs séries de
mesures dans la crainte d'avoir été dupe d'erreurs accidentelles. Les doux princi-
pales séries donnent :
Angle. Distance.
23 janvier 1877 35*32' 114',5
29 novembre 1877 34 57 114,9
Ces positions étaient assez inattendues, car Tillustre observateur d'étoiles
doubles, William Struve, avait conclu [Positiones Mediœ (1852), p. CCXXVI) que
les observations faites par Herschelen 1781, par lui-même en 1836, et par son fils
en 1851, conduisaient à admettre que le mouvement relatif observé sur le com-
pagnon était causé par le mouvement propre d'Aldébaran lui-même.
Or voici les principales valeurs obtenues pour le mouvement propre d'Aldé-
baran, l'une des trois premières étoiles dont Halley ait signalé le déplacement
en latitude (dès 1718) et l'une de celles qui ont été le plus étudiées sous ce
rapport.
DÉTERMINATIONS PRINCIPALES DU MOUVEMENT PROPRE d'aLDÉBARAN
Mouyement propre.
Auteurs. D'après les observations de : Ascension droite. Distance polaire.
Mayer 1760. Rœmer 170G et Mayer 1756 h- G', 06 -^ 0' 36
Piazzi 1814. Mayer 1756 et Piazzi 1800 -r- 0',04 -+- 0,21
Bessel 1818. Bradley 1755 et Piazzi 1800 -:- 0%042 -+- 0, 104
Argelander 1835. Bradley 1755 etObs. Abo 1825 (*) Aa ces «. - - 0',059 (*) -t- 0,147
Main 1850. Bradley 1755 et Obs. Greenwich 1845 ... h- 0*,004 — 0,17
W. Struve 1852. Bradley 1755 et Obs. Dorpat 1830 -t- 0",066 -f- 0,127
W. Struve 1852. Lalande 1796 et Obs. Dorpat 1830 -f- 0',022 -t- 0,043
W. Struve 1852. Piazzi 1800 et Obs. Dorpat 1830 -t- 0'.032 4- 0,047
Màdler 1856. Bradley 1755 et Obs. Dorpat 1850 -r 0',079 -r- 0,176
Le Verrier 1856. Bradley 1755 et Obs. Greenwich 1845.... - 0*,0055 — 0,174
Auwers. Bradley 1755 et Obs. modernes (*) AacosS. -i- 0*,050 (*; -t- 0, 184
(•) Voy. Catalogue des étoiles doubles en mouvement, p. 25 et 161; Les Étoiles et
les Curiosités du CioJ, p. 288.
MOUVEMENT PROPRE D'UNE ÉTOILE DE 11« GRANDEUR.
i03
Parmi ces déterminations principales, celle de Le Verrier paraît trop forte en
ascension droite, et la meilleure paraît être celle de Main, soit, en temps -+- 0«,004,
ou en arc + 0',060, et c'est en effet celle que Ton adopte le plus généralement. Si
nous multiplions ce mouvement par le cosinus de la déclinaison, nous obtenons
pour le déplacement en arc de grand cercle : + 0',0576. Nous adoptons n- (^,174
Fig. 38.
Mouvement propre d'Âldôbaran. Echelle : i"*» = 1".
pour le mouvement en distance polaire. Ces deux quantités nous donnent 0',183
pour la marche annuelle sur la sphère céleste, soit, par siècle, 18',3. Le mouve-
ment le plus sûr est donc :
Ascension droite.
A a ces 8 + 0',0576.
Distance polaire.
H-0',174.
Résultante.
0M83.
Ndtre fig. 38 montre ce mouvement à l'échelle de 1™» pour 1*. On voit qu*Al-
débaran se déplace vers le Sud-Sud-Est de 18' par siècle, dans une direction
faisant un angle de iS» E. environ avec la ligne Nord-Sud.
Si donc, comme on le pensait (et comme il était naturel de l'admettre), le chan-
..J.W
Mouveme&t de perspective que devrait avoir l'étoile dp 11* grandeur si elle était fixe.
gement de position de la petite étoile, relativement à Aldébaran, révélé par les
mesures micrométriques d*Herschel et de Struve. était dû à ce fait que cette minus-
cule étoile reposerait immobile au fond de l'infini, et que la brillante étoile du
Taureau, située beaucoup plus près de nous, marcherait devant elle, ce déplace-
ment du compagnon devrait être égal et de signe contraire au mouvement propre
reconnu à Aldébaran, c'est-à-dire de :
Ascension droite.
— 0',0576.
Distance polaire.
— 0',i74.
Autrement dit, la petite étoile devrait, relativement à Aldébaran, marcher
104
L'ASTRONOMIE.
vers le Nord-Ouest, exactement dans la direction 18° W du Nord, comme on le
roit sur la fig, 39.
Il était d'autant plus intéressant de faire une mesure précise que, non seule-
ment Struve en 1852 et Dembowski en 1863 considéraient le mouvement relatif
comme expliqué par le mouvement propre d'Aldébaran, mais encore que la seule
mesure connue depuis cette époque, celle de Gledhill, en 1876, semblait accroître
encore Tincertitude du mouvement de cette minuscule étoile, en montrant que la
Fig. 40.
N
Oo
Aid
lé^i
-270»W
180»
S
Mesures micrométriques faites avant 1877 sur l'étoile voisine d'Aldébaran.
distance n'augmentait plus. On avait, en effet, pour ces diverses mesures rap-
portées à Alddbaran :
Augle.
Distance.
1781,96
37,0
95
Herschel.
1802,10
35,1
0
>
1825,04
36,2
90
South.
1836,06
36,0
109,0
Struve.
1836,98
35,9
107,9
Smyth.
1851,40
35,5
111.6
Struve.
1863,37
34,9
112,7
Dembowski
1876,07
35,6
110,9 ±:
Gledhill.
MOUVEMENT PROPRE D'UNE ÉTOILE DE il» GRANDEUR.
105
On jugera de Tincertitude de ces positions en voyant le diagramme (flgAO) sur
lequel elles sont représentées.
Tel était Tétat de la question, lorsque M. Flammarion fit, au grand équatorial
de l'Observatoire de Paris, ses mesures de 1877. Elles lui démontrèrent avec
évidence que l'angle variait à peine, paraissant diminuer très légèrement; mais
que très certainement la distance augmentait :
1877,06
1877,90
35,5
35,0
114,5
114,9
Il en résultait que, contrairement aux déductions adoptées, le mouvement relatif
Flg. 41.
Aldêl^ar&n
Mouvement relatif séculaire de l'étoile voisine d'AIdébaran.
du compagnon d'Aldébaran n'était pas dû à un simple effet de perspective causé
par le mouvement propre de la brillante étoile du Taureau, mais aussi à un
mouvement réel de la petite étoile elle-même.
La précession des équinoxes fait légèrement tourner autour du pôle de Téclip-
tique la ligne de jonction des deux étoiles; mais ce déplacement est insignifiant,
d'autant plus que ce n'est pas Tangle qui a changé sensiblement, mais la dis-
tance. En fait, ce mouvement de précession n'a pas d'autre effet que d'aug-
menter l'angle de 0',31 par an. Dans tous les cas, c'est une augmentation, et
106 L*ASTR0N0M1E.
comme les observations montrent plutôt une légère diminution, c'est qu'en réalité
l'angle diminue.
Si maintenant nous posons sur un diagramme les mesures les plus satisfai-
santes (1781, 1836 (Struve), 1851, 1863 et 1877) nous obtenons la fig. 41 sur laquelle
nous voyons le mouvement de la petite étoile dirigé vers 13<>,5 environ Nord-Est,
avec une vitesse annuelle de 0',147, ce qui corrrespond à :
Ascension droite -h 0*,035; distance polaire — 0',142.
La flèche indique ce mouvement, à la même échelle de 0™,001 pour r, pour
un demi-siècle de part et d'autre de 1836.
Elle ne devrait pas marcher vers l'Est, au contraire, son déplacement de per-
Fig. 42.
N
-W
1
S
Mouvement propre absolu de l'étoile voisine d'Âldébaran.
spective, causé par le mouvement d'Aldébaran, tendant à la rejeter vers l'Ouest
(fig. 39). Elle est donc personnellement animée d'un grand mouvement propre en
ascension droite, égal à 0',035 -h 0',058, c'est-à-dire à -+- 0',093. Quant à son mou-
vement en distance polaire, la perspective y entre pour la plus grande part,
l'étoile se rapprochant du Nord d'une quantité peu différente de celle dont Aldé-
baran se rapproche du Sud; en additionnant h- 0*, 174 avec — 0', 14 2, il reste
H- 0*032 comme résidu. Nous avons donc pour le mouvement propre absolu de
cette petite étoile :
Aa cos 6 = + 0',093; distance polaire = -h 0%032. Total = 0',098.
Ce mouvement absolu, indépendant de celui d'Aldébaran est représenté, fig, 42,
à la même échelle que les précédents.
Nos lecteurs connaissaient déjà ce fait, par les publications rappelées en tête
de cet article; mais il nous a paru intéressant de lui consacrer une notice spé-
ciale dans cette JReuue, d'autant plus que ce fait très remarquable d'un fort mou-
vement propre dans une étoile de 11» grandeur, signalé pour la première fois par
M. Flammarion, en 1878, vient d'être péremptoirement confirmé par M. Otto
Struve, directeur de l'Observatoire de Pulkowa, dans un travail sur la parallaxe
d'Aldébaran, lu à l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg et publié par cet
astronome, à la date du 17 mars 1884.
ÉTUDE OCÉANOGRAPHIQUE.
107
ÉTUDE OCÉANOGRAPHIQUE.
LES MARÉES ONT-ELLES POUR EFFET DE RALENTIR
LE MOUVEMENT DE ROTATION DE LA TERRE?
Toutes les fois qu'on a traité des marées au point de vue de leur influence sur
la rotation de la Terre, on a implicitement admis ^ que leur mouvement était
identique à celui d*un courant. Cependant, comme, dans la supposition que la
terre fût entièrement recouverte par la mer, les marées feraient le tour du globe
de TEst à l'Ouest en vingt-quatre heures ou à peu près, et que, par conséquent, la
Fig. 43.
^cP ^ 5o* ^y >o/° BV 30** i^ ïo" iy iit'> 5'
'°tf^g^ttT^^^
Positions moyennes annueUes des Lignes Isothermes de l'eau, dans la région équatoriale
de l'Océan Atlantique.
LÉGENDE.
La première ligne, à partir dn centre, est la Ligne
Isotherme de 37* C, la seconde est celle de 26», et ainsi
de suite Jasqu'à 20*. Les Lignes Isothermes de 37*, 35«
et 30* sont marquées par des traits plus forts.
Les parties ombrées représentent les enax chaudes
en mouvement vers les hautes latitudes ; les parties
laissées en blanc, les eaux froides en mouvement vers
la région équatoriale. Les lignes sombres dans la par-
tie ombrée, donnent les positions moyennes annuelles
des courants chauds principaux.
propagation de la haute mer se ferait avec une vitesse peu inférieure à celle d'un
boulet de canon, cette appréciation du phénomène doit être rejetée.
A tout prendre, le mouvement des marées ne peut être qu'un balancement ou
une oscillation verticale des eaux de la mer.
Dans l'état actuel de la Terre, la mer est divisée en plusieurs bassins par les
continents, et ceux-ci sont répartis de telle manière, que les marées ne se propa-
gent dans leur sens normal de l'Est à l'Ouest, que dans une partie des mers,
tandis aue, dans les autres, elles suivent plusieurs directions différentes, qui
toutes se rapprochent plus ou moins de celle des méridiens (M*
(') Voir dans le Pyhsikalischer Atlas de Berghaus : -
TJbersicht der Fluthwellen, von dem Rev. W. Whewell. »
Versuch einer Karte zur
108 L'ASTRONOMIE.
Si, avec ces données, on voulait maintenir que les marées sont des courants,
ou qu'elles impriment aux eaux de la mer des mouvements de translation horizon-
tale, on ne devrait trouver, dans l'Océan Atlantique, par exemple, qu'un seul
courant se propageant du Sud au Nord : courant, qui, embrassant toute la largeur
du bassin, se porterait de l'hémisphère Sud dans l'hémisphère Nord avec une
vitesse de plusieurs centaines de kilomètres à l'heure.
Nous savons que ceci n'est pas; nous sommes donc en droit d'admettre qu'au
large de la terre ferme, les marées n'engendrent pas de courants (<).
Mais nous savons aussi qu'à la rencontre d'un obstacle, à la rencontre de la
terre ferme, les marées donnent toujours naissance à des couranis qui peuvent
atteindre des vitesses relativement très grandes. Il se pourrait donc que ces cou-
rants eussent l'effet voulu sur la rotation de la Terre. Mais ceci encore ne peut
pas ôtre, car, si l'on admet que le flux a pour effet de ralentir le mouvement de
rotation de la Terre, le reflux l'accélérera nécessairement d'autant, puisque celui-ci
n'est que le retrait des eaux que le flux avait portées en avant.
Cependant, comme la haute mer, entraînée par le mouvement de rotation de la
Terre, est toujours à l'Est du méridien où se trouve la Lune, il se pourrait que
l'attraction de celle-ci, agissant sur la protubérance de la mer sous un angle au-
dessous de 90<», déterminât, dans la région équatoriale, un courant de l'Est à
l'Ouest. Il est vrai qu'en raison de la faiblesse extrême de la protubérance sou-
levée par cette attraction, le courant qui en naîtrait serait à peu près insensible ;
mais, quand même on lui supposerait une vitesse quelconque dans les limites du
probable, il ne pourrait jamais, d'après nos connaissances actuelles, atteindre le
fond de la mer et entrer en contact avec l'écorce solide du globe. Car, d'après de
nombreuses observations directes, les courants, et nommément les courants
chauds dont il est question ici, sont toujours limités à des profondeurs plus ou
moins grandes par des eaux sensiblement plus froides et partant d'une origine
différente, et on n'a pas jusqu'ici, du moins à notre connaissance, trouvé de cou-
rant qui de la surface de la mer en atteignît le fond.
Nous sommes donc contraints de reconnaître que, quanci même les eaux de la
mer , entre les tropiques , seraient entraînées vers l'Ouest d'un mouvement coni-
mun et constant, il ne s'ensuivrait aucunement que la rotation de la Terre en pût
être affectée.
Si, de ces considérations théoriques, nous étendons nos recherches aux obser-
vations directes, nous arrivons à un même résultat.
(') Dans ses Considérations Générales sur l'Océan Atlantique, 3« édition, Paris,
1854, page 99, le capitaine Ph. de Kerhallet dit : a On distingue deux sortes de cou-
rants : les uns occasionnés par les marées sont alternatifs et sensibles seulement à
une petite distance des côtes, les autres, dont les physiciens expliquent diversement
les causes, sont à peu près constants dans leur direction et ne s'en écartent que près
des cètes qui leur font obstacle ».
Dans le N or th Atlantic M emoir, 14* édition, London, 1879, page 293, § 147, A. G. Find-
lay s'exprime ainsi : « Le flot {tidal wave) n'est pas dû à une translation horizontale
des eaux, ce qui serait un courant, mais à une élévation de leur surface. »
ÉTUDE OCÉANOGRAPHIQUE. 109
En effet, les lignes isothermes, qui sont exclusivement construites sur ces
observations, et dont, par cette raison, on peut assimiler le tracé à une expéri-
mentation directe, montrent que, dans l'Océan Atlantique, à quelques degrés au
Nord de Téquateur, les eaux équatoriales forment une zone d'eau chaude qui
s'étend d'un continent à l'autre à travers toute la largeur du bassin, et que, de
cette zone, les eaux se déversent également dans les deux hémisphères, sous
forme de courants, limités par les eaux froides qui des hautes latitudes sont en
mouvement vers la région équatoriale. (Voir la carte ci-dessus.)
La direction des lignes de même température donnant naturellement les direc-
tions opposées que suivent les eaux de températures différentes, il est clair,
d'après le tracé de la carte, qu'il n'y a ici aucun indice du mouvement général
des eaux vers l'Ouest qu'on s'est figuré exister entre les tropiques. Mais ce n'est
pas tout. Le tracé des lignes isothermes nous révèle encore un dernier fait qui
tranche définitivement la question : c'est que, dans les limites des eaux chaudes
de la zone équatoriale et au milieu de l'océan, il se trouve une région ou un point
de partage des eaux, de manière que, dans une moitié du bassin elles s'écoulent
vers l'Est et dans l'autre moitié vers l'Ouest (*).
Or, comme il est évident par soi-même que l'attraction de la Lune ne peut pas
en même temps communiquer aux eaux de la zone équatoriale deux mouvements
de translation diamétralement opposés, que, par conséquent, les courants observés
dans cette zone ne peuvent pas être les effets directs de l'attraction lunaire, et
qu'ainsi nous sommes naturellement amenés à admettre qu'il ne se trouve pas
dans la pleine mer de courants occasionnés par les marées, nous arrivons finale-
ment à cette conclusion : que, dans Tétat actuel de nos connaissances, il n'y a
aucune raison de croire que les marées aient pour effet de ralentir le mouvement
de rotation de la Terre.
(*) Sous le nom de a Guinea-Gurrent », A. G. Findlay {Chart of the N or th Atlantic
Océan, London, 1869, et North Atlantic Memoir, 14* édition, London, 1879, à la
page 312) a figuré un courant qui, par sa position à quelques degrés au nord de l'équa-
teur et par son mouvement de TOuest à l'Est parallèlement à cette ligne, se reconnaît
immédiatement pour le môme que le c Courant Ëquatorial Oriental » de la carte ci-
jointe. Dans le Mémoire cité, l'auteur dit page 339, g 189, qu'il existe dans TOcéan
Pacifique, un courant qui, par sa latitude et par sa direction, correspond exactement
au a Guinea-Current » de TOcéan Atlantique, et il ajoute qu'il y a vingt ans déjà qu'il-a
démontré la non-continuité du courant qui descend le long des côtes du Portugal et de
l'Afrique Septentrionale avec le a Guinea-Gurrent », ainsi que Tanalogie qui existe
entre ce dernier et un courant périodique de l'Océan Indien qui porte à l'Est.
Quand au Courant Équatorial Occidental de la carte, c'est le courant généralement
connu comme le a Courant Equatorial, » avec son prolongement, le courant de la Floride
ou c Gulf-Stream. »
Colonel H. Mathiesen,
A Rœskilde (Danemark).
110
L'ASTRONOMIE.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. - VARIÉTÉS.
Six trombes marines observées dans l^espace d^one demi-heure.
Monsieur le Directeur,
Jai rhonneur de vous signaler un fait qui me parait des plus extraordinaires:
une succession de six trombes marines dans Tespace d'une demi-heure; trois
d'entre elles sont restées incomplètes, tandis que les autres se sont suspendues
Fig. 44.
N« 2.
V s.
entre les nuages et la mer, une dizaine de minutes chacune, comme d'énormes
serpents, leur tête dans les nuages, leur queue battant les flots.
Ce phénomène a commencé ce matin, 13 janvier 1885, à 10*»45. La mer était
calme, mais d'un pourpre vert menaçant; tout le fond de l'horizon était clair et
serein, tandis que le reste du ciel se montrait rempli d'un amas de gros nuages
noirs où grondait l'orage. Au moment où j'ai fait ma première esquisse, la pluie
tombait avec abondance vers Nice et le vent venait du Sud-Est à peu près.
Derrière nous, le soleil, de temps en temps, se faisait jour à tra^vers les nuages et
jetait ses rayons sur les trombes, pendant que du gros de Torage à Touest des
éclairs venaient illuminer la scène.
Peut-être les esquisses suivantes {fig. 44 à 46) éclairciront cette suite de phéno-
mènes mieux que ne pourraient le faire des paroles.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
111
Une circonstance bien remarquable : c'était la forme et Taspect de la partie de
la trombe qui paraissait monter de la mer. Plusieurs personnes, qui n'avaient
Fig. 45.
N*7,
Fig. 46.
P.RwcM N« 8. NO 9.
Dans les fig. 44-45-46, les lettres servent à désigner les différentes trombes.
1* Aspect des trombes à 10^40".
2» > • 10»»48«.
a» » » 10^50-.
4* I • 10^58" (a se dissipe).
5* • » 11^ (cd commencent).
6« Aspect des trombes à 11*» 5"> (cd avortées. —
b dissipée).
?• » j» ll^lO* (d avortée. — ea
commencé sur la mer, s'est élevée, puis dissipée
comme une fumée).
8« Premier aspect de la 6« trombe.
9* Dernier aspect de la 6« trombe.
pas VU les trombes — qui n'avaient aperçu que ce qui est représenté au n» 7 —
croyaient voir un navire en feu. Avec chaque trombe cette partie avait toujours
cette même forme.
San-Hemo, le 14 janvier 1885. Julia Braddon.
112
L'ASTllONOMIE.
Halo et parhélies observés & Orléans. — Le 17 janvier dernier, j'ai été
témoin, à Orléans, d'un phénomène météorologique fort remarquable et assez
rare dans nos contrées. A midi 40", on pouvait voir autour du Soleil un cercle de
Fig. 47.
JL^-^l^^^^^^^^"^^
Halo et parhéUes observés à Orléans, le 17 janvier 1885.
22o de rayon, très brillant. Aux deux extrémités du diamètre horizontal de ce cercle
se formèrent deux taches blanches qui, pendant un quart d'heure, augmentèrent
graduellement d'intensité, jusqu'à devenir éblouissantes à midi 55™. Il y avait
alors trois soleils, le vrai, au centre du halo, et les deux faux de chaque côté.
Puis l'éclat diminua, et les deux faux soleils s'irisèrent d'une teinte jaunâtre dans
leur moitié opposée au Soleil.
Dans le ciel, pas un nuage, seulement une brume légère (précisément la brume
glaciale qui donne naissance aux halos et parhélies). Le thermomètre était à— 1^
Un arc-en*ciel non tangent au halo fut visible pendant toute la durée du phé-
nomène, et cet arc-en-ciel était à cheval sur mon méridien; ses extrémités s'étei-
gnant dans l'azur du ciel, suivant une ligne passant par mon zénith. J'ai ainsi vu
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 113
les couleurs de Tarc-en-ciel, à midi, au-dessus de ina tête. Dans toute son étendue,
cet arc semblait limiter la brume, cause du halo. M. D. Luzet.
Ce dernier arc est fort rare. C'est Tare circumzénithal qui est tangent au halo
de 46» quand celui-ci est formé. La vivacité de ses teintes, la distinction de ses
couleurs, la netteté avec laquelle ses bords se détachent dans le ciel en font un
véritable arc-en-ciel. Le rouge est en dehors, le violet en dedans. Cet arc ne
peut se produire que lorsque la hauteur du Soleil est comprise entre 20» et 31».*
Les lueurs crépusculaires. — 'M. Guillaume, à Péronnas (Ain), qui observe
avec soin ces lueurs depuis leur origine, signale une diminution considérable
dans leur intensité depuis le mois de décembre. La couronne voilée qui entoure
le Soleil reste encore visible, quoique de plus en plus faible.
La iumière zodiaca/e, au contraire, a augmenté d'éclat. Les 9, 14 et 16 janvier,
les 1, 4, 6, 7 et 8 février, cet éclat était supérieur à celui de la voie lactée.
On nous écrivait d'autre part de Kustendjie (mer Noire) à la date du 14 décembre,
que les lueurs crépusculaires ont été très intenses, surtout au lever du Soleil,
pendant l'automne dernier, mais pourtant moindres que l'hiver précédent. Un
diagramme colorié montre le rouge, Forangé, le jaune, le rose et le pourpre se
succédant graduellement de l'horizon au zénith (18« de rouge, 32« de jaune bril-
lant, 10» de rose lavé et 30« de pourpre).
Peut-être doit-on attribuer aux mêmes lueurs les faits suivants, les poussières
lancées dans les hauteurs aériennes par l'éruption de Krakatoa changeant de
place comme les nuages, tout en se disséminant insensiblement :
« Le 27 janvier dernier, vers minuit, nous écrivait de Caen M. Baôr, j'observais
Saturne avec mon cinq pouces, par un froid vif et un ciel admirable, lorsque je
fus surpris de lui trouver la teinte rougeâtre de Mars, qu*il n'avait pas une heure
auparavant, et cela sans qu'aucun détail de la planète eût rien perdu de sa net-
teté. Immédiatement, je braquai la lunette sur Jupiter, assez éloigné de là, il
avait sa teinte habituelle.
« J'ai fait la même observation le 23 mars 1884 à 8*> du soir, et M. Bruguière l'a
faite à Marseille, le 2 mars de la même année, à 7*>30°^ du soir. Le ciel était si
pur que j'ai pu observer des étoiles de 12« grandeur. »
L'hypothèse d'un léger nuage transparent passant devant Saturne est la plus
probable. Pourquoi trois fois devant la même planète? On peut répondre qu'il n'y a
guère que Jupiter et Saturne qui permettent de faire une observation de ce genre.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 MARS AU 15 AVRIL 1885.
Principaux ol^etB célestes en évidence pour robservation.
lo CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette période de Tannée, se reporter soit aux
cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descriptions don-
114 L'ASTRONOMIE.
nées dans les Étoiles et les curiosités du Ciel (pages 594 à 635). Les belles
constellations du ciel d'hiver sont encore visibles et admirables à étudier. Les
deux brillantes planètes Jupiter et Saturne , la première près de Régulus et
la seconde dans le Taureau, contribuent encore à en augmenter l'éclat.
2o SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 mars 1885, le Soleil se lève à 6*» 15"» du matin et se couche à
6*»4°» du soir; le 1«' avril, Tastre du jour apparaît au-dessus de Thorizon à ô^^dO"
du matin, pour disparaître au-dessous à6^29°' du soir; enfin, le lever a lieu à
5^11™ du matin, le 15 avril, et le coucher à6*>50" du soir. La durée du jour est
de 11*»49«, au 15 mars, de 12^49» au l«f avril et de 13*» 39»» le 15 avril. Les jours
augmentent, dans cet intervalle d'un mois, de i^i^ le matin et de 46*» le soir,
soit un accroissement de l'»50"» au total.
Les soirées sont toujours plus longues que les matinées ; mais cette différence
diminue rapidement.
Pendant toute cette période, le Soleil reste dans le voisinage de l'équateur, qu'il
traverse le 20 mars à 10*>39°» du matin : c'est à cet instant précis que commence
la saison du Printemps. Ce jour là, qui est le jour de Véquinoxe, le Soleil ne
devrait être visible que douze heures au-dessus de l'horizon; mais ce phénomène
a lieu deux jours plus tôt, à cause de la réfraction que subissent les rayons lumi-
neux en traversant les couches d'air, au lever et au coucher du Soleil. Le 15 mars,
la déclinaison australe du Soleil est de i^bT; elle s annule au moment de l'équi-
noxe, puis devient boréale, s'élève à 4o43' au 1«' avril et à9o55' le 15. Cette rapide
augmentation de lio52' dans la déclinaison de l'astre du jour explique pourquoi
la température moyenne s'accroît et les journées s'allongent si vite pendant le
commencement d'avril.
Une éclipse annulaire de Soleil aura lieu le 16 mars à 6^24"» du soir. On sait
que les distances du Soleil et de la Lune à la Terre ne restent pas invariables ;
les diamètres apparents de ces deux astres sont donc aussi variables, et, comme
ils sont presque égaux en moyenne, il en résulte que tantôt c'est l'un, et tantôt
l'autre qui se trouve le plus grand. Lorsque la Lune vient se placer entre la
Terre et le Soleil, juste sur la même ligne, il se produit une éclipse de Soleil.
Si la Lune a le plus petit diamètre, l'astre du jour déborde tout autour du disque
noir de la Lune et Téclipse est dite annulaire.
Le 16 mars, la pénombre de la Lune vient atteindre la terre à 3^27™ du soir^
temps moyen de Paris, en un point situé à l'Ouest du Mexique, en plein Océan paci-
fique, par 139059' de longitude Ouest et 13o23' de latitude Nord; c'est en ce lieu
et à cet instant que commence l'éclipsé partielle. Le prolongement du cône
d^ombre vient ensuite rencontrer la surface de la Terre à 4*» 47» en un point qui a
pour longitude 159o36' 0. et pour latitude boréale 35ol5'; ce point est au Nord
dans les iles Sandwich. C'est là que commence l'éclipsé annulaire. Ensuite l'ombre
de la Lune se déplace de l'Ouest à l'Est, traversant une partie des États-Unis,
de la confédération du Canada, du Groenland et de l'Océan Arctique; elle quitte
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 115
la surface de la Terre à 1^ 3™ du soir, en un point dont la longitude est de 4 5« KX G.
et la latitude de 70o47'N. : ce point se trouve dans le voisinage de l'Islande.
L'éclipsé annulaire est terminée. Mais le cône do pénombre* continue sa marche
et n'abandonne notre planète qu'à 8^23™ du soir, par 34^4' longitude G. et 49® de
latitude boréale : ce point est situé en plein Gcéan Atlantique.
L'éclipsé annulaire sera invisible pour l'Europe continentale ; mais elle pourra
être observée aux États-Unis, dans la Nouvelle-Bretagne et le Groenland. Au
Mexique, au Guatemala, dans le Honduras, à Cuba, à Terre-Neuve, sur la côte
orientale des États-Unis, ainsi que dans TGcéan Atlantique, on pourra étudier
réclipse partielle.
La lumière zodiacale se présente toujours dans les conditions les plus favo-
rables pour Tobservation.
Lune. — C'est surtout dans la période comprise entre le 20 et le 28 mars que
le croissant lunaire s'offrira à nous dans les meilleures conditions pour l'étude
des cratères de notre satellite. En même temps, la Lune continue à se maintenir
très haut au-dessus de rhorizon de Paris lors de son passage au méridien.
Le 23 mars, jour du premier quartier, cette hauteur est de 59« 17'.
( NL le 16 mars, à SMô- soir. DQ le 7 avril, à 2'*52- soir.
Phases... { PQ le 23 » à 5 32 » NL le 15 » à 6 1 matin.
( PL le 30 » à 4 49 »
Rappelons ce fait assez rare d'un mois de mars avec deux pleines Lunes. Le
17 mars, de 6^ à 7*» du soir, on pourra apercevoir dans toute l'Europe, le mince
croissant lunaire vingt-quatre heures avant la néoménie.
Une éclipse partielle de Lune, à peu près invisible à Paris, aura lieu le 30 mars .
La Lune entrera dans la pénombre projetée par la terre à 1*>59« du soir, temps
moyen de Paris: elle se trouvera alors au zénith des habitants de la Nouvelle -
Bretagne (Gcéanie). Notre satellite entrera dans Vombre à 3^8°> et sera au zénith
de la Nouvelle-Guinée. Le milieu de Téclipse aura lieu à 4*»44">; à ce moment
les I du disque lunaire seront plongés dans l'ombre de notre planète. Les habi-
tants do Bornéo auront la Lune au-dessus de leurs têtes. La sortie de l'om&re si
produira à 6^19»» et la sortie de la pénombre à 7»>28"» du soir. Les peuples de
TAsie, de l'Afrique orientale, de l'Australie et de l'archipel de la Sonde seront
les mieux situés pour l'observation du phénomène. Comme la Lune ne se lève
qu'à 61" 28", à Paris, Ton ne pourra même pas apercevoir la sortie de l'ombre, qui
ne pourra être vue que dans l'Europe orientale et centrale.
Occultations et appulses visibles à Paris.
Sept occultations et deux appulses seront visibles dans la première moitié de
la nuit, depuis le 15 mars jusqu'au 15 avril 1885.
!• 75 Taureau (6* grandeur), le 21 mars, de B'-SS à 9^46" du soir. L'étoile disparaît à
grauche, à 18* au-dessus du point le plus oriental et reparait au Sud, à 16* à droite et
116
L'ASTRONOMIE.
au-dessus du point le plus bas. L'occultation sera visible dans le Nord-Ouest de
TEurope.
2* B.A.C. 1391 (5* grandeur), le 21 mars, à 10'»14". Simple appulse à 2'3 du bord delà
Lune, dans le voisinage du point situé à égale distance du point le plus au Sud et du
point le plus à l'Est. A Greenwich, il y aura également appulse de l'étoile; mais en
Irlande, il y aura occultation.
3» 111 Taureau (5,5 grandeur), le 22 mars, de 7"» 10" à 8*'6- du soir. La disparition se
produit à l'Est, à 8* au-dessus du point le plus à gauche, et la réapparition au Sud, à
14* à droite du point le plus bas du disque 1-unaire. Occultation visible dans le Nord-
Ouest de l'Europe.
4* 117 Taureau (6* grandeur), le 22 mars, à 9''27- du soir. Appulse k(y,l du bord, dans
le voisinage du point situé à 41* à gauche et au-dessus du point le plus bas du disque
lunaire. Cette appulse est représentée fig: 48. A Greenwich, l'étoile est occultée et la
durée du phénomène est de 21".
5* 68 Gémeaux (5,5 grandeur), le 24 mars, de ll''53" à 12''51" du soir. L'étoile disparaît
FIg. 48. Fig. 49.
Appulse de 117 Taureau,
le 22 mars, à 9*27- du soir.
Occultalion de B.A.C. 3836 par la Lune,
le 28 mars, de 10'' Sô- à U'-SS- du soir.
en un point du disque situé à 32* au-dessus du point le plus à l'Est et réapparaît en un
autre point situé à 30* au-dessous du point le plus à l'Ouest. Cette occultation sera
visible dans toute l'Europe occidentale.
6* B.A.C. 3529 (6* grandeur), le 27 mars, de 10''4l- à 11'' 36- du soir. La disparition se
produit en un point du disque situé à 37* au-dessus et à gauche du point le plus bas,
puis la réapparition a lieu à 41* au-dessous du point le plus à droite du limbe de la
fiune. Visible dans le Nord-Ouest de l'Europe.
7* 43 Lion (6,5 grandeur), le 27 mars, de ll''5l" à 12*45" du soir. L'étoile disparaît en
un point du disque situé à 42* au-dessus du point le plus oriental et reparaît à 29* au
dessus du point 1 e plus occidental. Visible dans l'Europe occidentale.
8* B.A.C. 3836 (6* grandeur), le 28 mars, de 10*35- à 11*33- du soir. La disparition de
l'étoile et sa réapparition ont lieu, comme le montre la fig. 49, dans la partie inférieure
du disque lunaire. L'étoile disparaît en un point situé à 23* à gauche du point le plus
bas et reparaît en un autre situé à 27* au-dessus du point le plus occidental. Occultar
tion visible dans le Nord-Ouest de l'Europe.
. 9» B.A.C. 4591 (6* grandeur), le 31 mars, de 9*31- à 10*36- du soir. La disparition se
OBSERVATIONS ASTUONOMIQUES. 117
produit au Sud, à 12* au-dessus et à gauche du point le plus au Sud du disque lunaire,
et la réapparition à l'Ouest, à 27* au-dessus du point le plus à droite. Occultation obserr
vable dans le Nord-Ouest de TEurope.
Occultations diverses (•).
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore étudier, selon les contrées
qu'ils habitent, Europe, Asie ou Afrique, les occultations qui suivent :
!• 6.A.G. 481 (6,5 grandeur), le 18 mars, de 7''7- à 8*'3- du soir, temps moyen de Paris,
occultation de Tétoile à Greenwich et dans l'Europe occidentale.
2» B.A.G. 1351 (6,5 grandeur), le 21 mars, de 6»» 39- à 7'»7- du soir. Occultation visible
dans le Nord-Ouest de l'Europe.
3* Aldébaran (l** grandeur), le 21 mars, de 11»» 52" à 12*' 41" du soir, heure de Paris,
temps moyen. Malheureusement, la réapparition ne pourra être observée en Europe,
parce qu'au moment de la sortie d'Aldébaran, la Lune aura disparu au-dessou s de l'ho-
rizon. La première phase du phénomène sera visible dans l'Ouest de la France et dans
les Iles Britanniques.
4* Uranus, le 29 mars, vers 12"» 23* du soir, temps moyen de Paris. L'occultation de
cette planète ne sera observable que dans les Iles de Feu. En Europe, lors du passage
de la planète au méridien, on pourra distinguer Uranus, avec une lunette astrono-
mique, au Nord du disque lunaire.
Le 23 mars, à 9^ du soir, la distance de la Luneàla Terre est périgée ; 369,300^,
diamètre lunaire = 32'20'8.
Le 6 avril, à4'> du soir, la distance de laLuneà laTerre est apogée : 403,600*^",
diamètre lunaire = 29' 36',
Mejicure. — Mercure, tout à fait invisible dans la plus grande partie du mois
de mars, se présente dans des conditions très favorables à la fin de ce mois et
surtout en avril. Le 13 mars, la rapide planète est en conjonction supérieure avec
le Soleil, mais elle s'éloigne très vite de l'astre du jour, pour atteindre son maxi-
mum d'élongation orientale, 19^ 15', le 8 avril. Bien que cette élongation ne soit
pas très considérable, Mercure se couche alors près de deux heures après le So-
leil, parce que sa déclinaison boréale atteint 17o. Comme il est très rare que la
planète soit si longtemps visible le soir, nous ne saurions trop engager nos lec-
teurs à profiter de cette circonstance pour connaître un astre qui est si difficile à
apercevoir.
Jours. Passage Méridien. Coacher. Différence Soleil. CoDstellation.
23 Mars 0'»43- soir. 7»' 10" soir. 0*'54- Poissons.
25 » 0 49 » 7 25 » 16 »
29 » 10 » 7 53 » 1 28 »
!•' Avril 1 6 » 8 10 » 1 41 Bélier.
5 » 1 11 » 8 29 « 1 54 »
7 » 112 » 8 35 f 1 57
9 » 1 11 » 8 38 « l 57
13 » 15» 8 37 » 1 50 1»
(') Nous rappelons aux Observateurs du Ciel que toutes les occultations d'étoiles,
jusqu'à la 7* grandeur exclusivement sont signalées dans V Astronomie, Les personnes
qui auront noté des occultations non indiquées ici, peuvent être certaines que Tétoile
qu'elles ont vue occultée est de 7*, 8* ou ^ grandeur.
118 L'ASTRONOMIE.
Le mouvement de Mercure est direct. Le 22 mars au matin, la planète se trou-
vera à 2o25' au Sud de Tétoile de 5« grandeur S Poissons. Le 24 mars, au soir,
Mercure sera visible à 52' au Sud de l'étoile de 4« grandeur e Poissons. Au 10
avril le diamètre de Mercure est de 8' 2 et de 9'4 le 15 avril.
Vénus. — Vénus se rapproche sans cesse du Soleil. Absolument invisible.
Mars. — Mars se lève à 5^6™ du matin, le 8 avril. Toujours invisible.
Petites planètes. — Cérés se trouve dans les meilleures conditions possibles
pour Tobservation, puisqu'elle passe au méridien à minuit, le 8 avril. Il est tout
h fait facile de la reconnaître à la simple vue.
Jours. Lever de Cérès. Passage Méridien. Constellation.
18 Mars 6'»56- soir. 1*'43" matin. Vierge,
23 » 6 32 » 1 20 »» »
28 » 6 7 » 0 56 M »
2 Avril 5 41 »» 0 32 j» «
8 » 5 18 » minuit •»
11 » 4 55 » 1144 soir. »
Le mouvement de Cérès est toujours rétrograde et très lent. La petite planète
se rapproche peu à peu de e Vierge.
Le !<"• avril, Cérès est éloignée de 240 millions de kilomètres de la Terre. Elle
se trouve en ce moment à sa distance minimum de nous.
Coordonnées au 21 mars : Ascension droite... 13**23''. Déclinaison... 8*29' N.
» 7 avril : » » 13 9 » 9 40 N.
Comme la précédente, la petite planète Pallas se montre à nos regards, soit à
l'œil nu, soit avec une jumelle, dans des conditions exceptionnellement favorables.
C'est le 21 mars qu'elle passe au méridien à* minuit.
Jours. Lever de Pallas. Passage Méridien. Constellation.
17 Mars S»» 47- soir. 0*'20- matin. Vierge.
21 » 5 20 » minuit »
26 » 4 45 »i 1134 soir.
!•' Avril 4 10 • 11 9 » »
6 » 3 41 » 10 47 M Lion.
11 w 3 11 » 10 25 D »
Le mouvement de Pallas est toujours rétrograde et, fait unique, la petite pla-
nète, se dirige sensiblement vers le Nord. Le 19 mars, PaZZas pourra être aperçue
à 56' à l'Est de l'étoile 4, 5 grandeur ic Vierge. Du 19 au 25 mars elle se trouvera
entre les étoiles ii et o Vierge. Le 25 mars, au soir, on la verra à 50' à l'Ouest de
cette dernière étoile; puis, jusqu'au 12 avril, elle se dirigera en ligne droite vers
la belle étoile p Lion, de 2« grandeur. Pendant quatre ou cinq jours, on la verra
à TEst de p Lion dont elle s'approchera d'environ 40'. Le 22 mars, Pallas est éloi-
gnée de 195 millions de kilomètres de la Terre.
Coordonnées au 15 mars : Ascension droite... 12'' 3". Déclinaison... 5»35'N.
• 12 avril : » » 11 46 » 15 7 N.
OBSEUVATIONS ASTUONOMIQUES. U9
Junon se rapproche de la Terre dont elle n'est éloignée que de 329 millions
de kilomètres au 11 avril. Une lunette terrestre ou une jumelle marine suffit
pour reconnaître aisément ce petit astre.
Joars. Lever de Junon. Passage Méridien. Constellation.
18 Mars 8^37" soir. 2»'29- matin. Vierob.
23 » 8 12 » 2 7 » »
28 » 7 46 » 1 44 » »
2 Avril 7 20 » 1 21 « »
7 » 6 54 » 0 58 » M
12 » 6 27 u 0 34 » »
Junon continue son mouvement rétrograde dans la constellation de la Vierge.
Elle suit une direction parallèle àlaligne que forment les étoiles jx, v et t Vierge.
Coordonnées au 19 mars : Ascension droite... 14*'ll-. Déclinaison... 3* 6' S.
» 7 avril : » » 13 59 » 0 42 S.
Vesta demeure entièrement invisible.
Jupiter. — ^ Jupiter brille toujours du plus vif éclat au Nord et dans le voisi-
nage immédiat de Régulus. Pendant une longue série de jours, on pourra étu-
dier les deux astres dans le champ d*une même lunette astronomique, munie d'un
faible oculaire. Jupiter rétrograde dans le Lion et a un diamètre de 40' au 30 mars.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
18 Mars 3'» 7- soir. 10''14- soir. Lion.
22 » 2 49 » 9 57 »» »
26 )» 2 32 » 9 40 » »
30 » 2 14 » 9 23 » »
3 Avril 1 58 » 9 7 » »
7 » 1 40 » 8 50 » »
11 » 124 » 8 34 )» »
Les, satellites de Jupiter sont toujours intéressants à observer avec une ju-
melle marine ou une lunette astronomique. Les astronomes doués d'une vue
excellente ont parfois distingué le 3« satellite, lors de ses plus grandes élonga-
tions. Voici les dates favorables : 15, 18, 19, 20, 21, 25, 26 et 29 mars, 1, 2, 5, 8,
9, et 12 avril. Un moyen bien simple, et que j'ai moi-même expérimenté, consiste
à se servir d'une feuille de papier très épaisse ou d'un carton, que l'on a percé
avec une aiguille à tricoter.
Éclipses des satellites de Jupiter.
21 Mars 11''47" soir. Emersion du 1* satellite éclipsé.
25 » 9 26 » » 2 » »
30 » 8 10 " 0 1 M »
31 » 7 24 » Immersion 3 » »
u
10 51 » Emersion 3 » »
1" Avril 10 23 >* Immersion 4
» » 12 2 i> Emersion 2
6 . » 10 5 » » 1
7 » 11 23 » Immersion 3
13 M 1159 0 Emersion 1
120 L'ASTROJNOMIE.
Remarque. — Les 25 mars, 1, 4 et 7 avril, les satellites sont d'un même côté
du disque de Jupiter.
Saturne. — La planète est toujours visible dans la constellation du Taureau.
Son mouvement est direct.
Jours. PassAge Méridien. Coaclicr. Constellation.
18 Mars 5''23- soir. l"- IQ" matin. Taureau.
23» 55 » 11 » »
28 » 4 46 y» 0 43 » »
2 Avril 4 28 » 0 26 » »
1 p 4 10 » 0 8 «
12 » 3 53 w 11 47 soir. m
Le diamètre de Saturne est de 16' au l^- avril.
Uranus. — C'estdurant les mois de mars et d'avHl qu'il sera surtout extrême-
ment intéressant d'observer Uranus, qui se rapproche de la Terre jusqu'au 21 mars,
jour de son opposition avec le Soleil. Ce jour-là, cette planète passe au méridien à
minuit. Uranus est facile à reconnaître, pareil à une étoile de 6« grandeur, presque
à moitié chemin des belles étoiles tj et p Vierge.
Jours. Lever. Passage Méridien. Gonstellatlou.
17 Mars. 6'' 17- soir. 0''26'" matin. Vierge.
22 » 5 56 » minuit »
27 M 5 36 » 1141 soir. »
■ 2 Avril 5 12 ». 11 17 » »
7" » 4 50 » 10 56 » »
12 » 4 29 » 10 36 » »
Le mouvement d'Uranus est rétrograde et le diamètre de la planète est de 4',2 au
lor avril.
Coordonnées au 7 avril : Ascension droite, 12'' 2". Déclinaison, 0*39' N.
Étoiles filantes. — Un courant d'étoiles filantes, qui paraît émaner d'un
point situé au Sud delà Lyre, entre 109 et t Hercule, illumine le ciel dans la nuit
du 12 au 13 avril de chaque année.
Eugène Vimont.
Cadrans solaires. — Une regrettable faute d'impression a rendu inintelligible, dans
notre dernier Numéro, l'article de M. Amat sur la construction des cadrans solaires.
L'ordre de 3 des figures y a été renversé, en sorte qu'elles ne s'accordent pas avec le
texte. Pour rétablir cet accord, il faut, en laissant à la place où ils sont imprimés les
numéros des dessins et des légendes, placer sous le numéro 19 la figure carrée du nu-
méro 22 qui représente le mur vertical; placer sous le numéro 21 la figure 19 qui est
la coupe selon le plan méridien ; et placer enfin sous le numéro 22 la figure 21, qui
représente la coupe parallèle à Téquateur. Le lecteur rectifiera Tinclinaison de cette
dernière.
11 faut, comme conséquence, rectifier au texte quelques-uns des numéros de renvoi, en
remplaçant, à la page 53, lignes 5 et 6, le numéro 19 par 21, et ligne 13, le numéro 21
par 19.
Page 52, ligne 6, remplacer les mots au même jour par les mots chaque jour.
CORRESPONDAMCS.
M. RiQOT, Président de la Société astronomique du Rhône, à Lyon. — Veuillez rece-
voir nos vives félicitations pour la fondation de votre i^u/fe/in. L'inertie humaine est lourde
à remuer; tous les amis au progrès applaudissent aux efforts de ceux qui persévèrent
dans la voie de l'évangélisation scientifique. Il n*en est pas moins bizarre de constater
que beaucoup de personnes préfèrent rester dans l'ignorance plutôt que de s'éclairer,
sitôt qu'il y a le moindre travail intellectuel à faire. Ces âmes-là ne sont pas encore
immortelles.
M. José-Marie Martel, à Caracas. — La réfutation des théories dont vous parlez sera
donnée dans l'un de nos prochains numéros. Elles ont, en effet, jeté le désarroi parmi
un certain nombre de lecteurs.
M. A. S. à Wiltz, Luxembourg. — 360 divisés par 3, 1416 donnent comme résultat 114,59
ou, en nombre rond, 114 y» On a supprimé le demi-centimètre dans l'exemple pour ne
pas faire de complication inutile. Le rapport de la circonférence au diamètre est bien
3,1415926535897932384.
— K — = 57,30. La parallaxe de 1* correspond à une distance de 57,3, celle de 6' à une
distance de 573. Un objet éloigné à 57 fois son demi-diamètre mesure un angle dé 1*
573 — — • — _- 6'
3438 - _ _ _ 60"
2062G5 -^ _ — _ 1"
M. Adolphe d'AssiEH, à Tarascon. — Vous avez parfaitement raison. Il ne faudrait
pas juger de la durée des époques géologiaues par les formations sédimentaires qui se
passent de nos jours. Les premières ont dû être plus rapides que les dernières. Mais,
d'un autre côté, les millions d'années, qui paraissent longs pour notre jugement, ne le
sont point pour la nature. Quinze millions d'années seraient peu pour l'àffe du système
solaire. — Nous avons l'ouvrage de Boucheporn à Juvisy; merci de l'indication.
M. le D' MoNSERRATE, à Ciudad Bolivar (Venezuela). — M. Flammarion n'a pas dit
que la navigation aérienne était irréalisable au moyen de l'hélice et de l'électricité, avec
la forme adoptée par les aéronautes de Mcudon ; il a, au contraire, été l'un des premiers
à signaler les succès obtenus. Mais il a ajouté, que. dans l'avenir, la navigation aérienne
sera probablement représentée par des appareils plus lourds que Tair, analogues aux
oiseaux. (N* d'octobre 1884.) Il est impossible à M. F de s occuper de la question.
Mais votre mémoire, adressé à l'Académie des sciences, y sera certainement examiné.
MM. Broune, à Odessa. — La différence d'heure entre Odessa et Paris est 1*'53"'41*.
Nous tiendrons compte de vos observations.
« Un lecteur de VAslronomie », à Montpellier. M. Raby, horloger, boulevard des
Italiens, 6, pourra vous fournir la montre à trotteuse indépendante que vous désirez.
M. F. Chaves y Mello, aux îles Açores. — Sur les applications du spectroscope à
l'astronomie, on peut consulter l'opuscule de Huggins, Anatuso spectrale^ chez Gauthier-
Villars, à Paris — The speciroscope, par Lockyer, chez Miicmillan, à Londres — Con-
tributions tq solar phrjsics, du même auteur.
M. Lonqepierre. — Le grossissement de la jumelle de 59""" de Bardou est de 6.
M. L. Merlin, à Boulogne-sur-Mer. — Les lunettes ont un grossissement maximum
qui dépend de leur diamètre. — Un miroir plan no peut grossir les images, il ne fait
que dévier les rayons lumineux ; de plus, les imagos réfléchies par une glace ne permet-
tent pas une amplification plus forte que si elles étaient vues directement.
M. Adolphe Mehlani, à Bologne. — Le nouvel appareil dont vous parlez n'a pas encore
fait ses preuves. Nous n'avons connu nous-même son existence qu'après vous avoir
répondu. Ne regrettez pas de posséder l'excellent instrument qui est entre vos mains.
M. GiNiETS, à S' Pons. — La petite étoile que vous avez observée près de <t Orion est
de 10* gr. j à 237*» IT. Elle sort déjà des observations « populaires ».
M. Reynaud, à Borrny. — Nous ne connaissons pas l'ouvrage de M. Ferret. l'auteur
ni l'éditeur ne nous l'ayant adressé. 11 lie peut entrer dans notre programme de réfuter
toutes les critiques qui apparaissent si fréquemment contre la Science moderne. Nous
ne répondrons qu'à celles qui nous seront adressées directement ou qui, par le nom de
leurs auteurs, seraient de nature à solliciter vivement l'attention publique.
M. Belin, à Alger. — Vous avez raison de ne pas désespérer de l'avenir intellectuel
et moral de l'humanité; la lumière finira par percer les ténèbres — La science et le
droit domineront un jour l'ignorance et la force orgueilleuse et brutale.
M. A. Weill nous signale une nouvelle théorie des lueurs crépusculaires qu'il attribue
à la dispersion des rayons solaires à travers une couche de vapeur vésiculaire placée
devant l'observateur. Cette théorie est fort ingénieuse ; el'e nous parait cejpendant
moins probable que celle qui a été développée dans la Revue (T 111. n» 1. p. 2d à 27).
La Société de Géographie organise une série de Conférences qui seront faites par
des représentants distingués de la science française. Ces Conférences, au nombre de
huit, auront trait : Au Méridien Universel (M. Jansen, de l'Institut) ; La formation et le
développement du Globe terrestre (M. de Lapparent); Les Océans (M. Bouquet de la
Gr>'e, de l'Institut); L'homme (D' Hamy); La Gonauéte du Globe (M. Himly, de
l'Institut); Les richesses du Globe (M. Levasseur, de l Institut); Les grandes lignes de
navigation (M. Simonin) ; Les chemins de fer et leurs rapports avec la Géographie
(M. Michel). Cette série sera continuée l'an prochain.
On trouvera à la Société de Géographie les renseignements relatifs à ces Conférences
où le public pourra être admis.
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Nota. — Les familles peuvent passer, avec cet appareil scientitique, une soirée pleine d'attraits
et très Instructive. On se sert de cet appareil en le posant devant une croisée pendant le jour ; le soir,
on place une bougie derrière, et l'on obtient alors Taspect lumineux que les astres présentent au
télescope; les étoiles étant perforées brillent avec l'illusion de la réalité. Une brochure ou légende
explicative accompagne chaque appareil.
ATLAS DE GÉOGRAPHIE EN RELIEF
DRESSÉ sous LA DIRECTION DE HeNRI MAGER
Un vol. in-4* contenant 28 cartes gravées et coloriées, dont 25 estampées
Cartonné, 8 fr. — Relié toile, 0 fr.
Liste des cartes.
1 Planisphère.
3 Europe physique.
3 Europe politique.
4 Les Alpes.
b France physique.
6 France po]iti(|ue.
7 Bassin de la Seine.
8 Bassin de la Luire.
9 ■ de la Garonne.
10 n du Rhône.
11 « du Rhin.
12 Colonies françaises.
13 Iles Britanniques.
14 Pays-Bas et Belgique.
15 Allemagne.
16 Autriche- Hongrie.
17 Suisse.
18 Espagu* et Portugal.
10 Italie.
22 Suède et Norvège.
23 Danemark.
2i Asie.
25 Afrique.
26 Amérique du Nonl.
20 Turquie d'Europe et Grèce. 27 Amérique du Sud
21 Russie. 28 Australie.
Prix des cartes estampées : 0 fr. 40. — Prix des cartes planes : 0 fr. 80.
Curies muettes ou de répétitions, avec ou sans cours d'eau. — Prix : 80 cent.
Paris. — Imp. Gauthier- Villars, 55, quai dos Grands -Augustin*.
■•::U4iO::
4' Année.
N" 4.
J. AvrU 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DONIIANT LB TABLEAU PERMANENT DES DÉCOUVEBTES BT DBS PROGRES RiALISÉS
DANS LA CONNAISSANCE DE L'UNIVBRS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION, ~
AVEC LB CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN:
Paris : 12 fr. — Départements : 13 fr. — Étranger ; 14 fr.
Prix du Numéro : 1 tr.HO c.
La Revue parait le l*r de chaque Mois.
PARIS.
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE nu N» 4 (AVRIL 1885).
Los tremblements 4e terre, explication et théorie, par M. C. Flammartox (0 (Ifruros). —
Les grands Instruments de r Astronomie. L'instrument méridien et tesobserratlons
méridiennes, par M. P. Oériuxy (1 fipurpi. —Le tornade de l'Orne, par M. E. Vimont M li-
priirosK — Nouvelles de la Science. Variétés : Induoncc dcAmaréos sur la dun'C de la rota-
tion de la terre, par M. P. GÉnir.xY. SattlliteR de Jupiter visibles a l'œil nu, par M. de Lacerda.
Passairo du IV» salellite de Jnpitrr, par M. William Coleman. Mapnf'tisme terrestre. Chute d'u-
ranolitlio. l'ranolithetombc'aI!ier->('hrclde. —Observations astronomiques, par M. E. Vixum
(.* lif^uri's).
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS LA REVUS.
A. D'ABBADIE, do l'Institut. — Choix d'un premier méridien.
ARAGO (V.). — Le soleU de Minuit.
BERTRAND (J.), do l'Institut. —Le sateUlte de Vénus.
BOË (A. De), astronome à Anvers. — L'Etoile polaire.
DAUBRËE, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNING (A.), astronome à Bristol. — Observations télescoplques de Jupiter, de Vénus
de Mercure.
DENZA (P.), Directeur de l'Observatoire de Moncalieri. — Chute d'un uranollthe en Italie.
DETAILLE, astronome. — L'atmosphère de Vénus. — Nouvelles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblemenrs de terre.
FATE, Préaident du Bureau des Longitudes. —Nouvelle théorie du Soleil. — Distribution
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse.— La formation du sys-
tème solaire.
FLAMMARION — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une g^enèse dans
le Ciel. — Gdmment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de rinflnl.—
D'où viennent les pierres qui tombent du Ciel? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre — La conquête des atrs et le centenaire de Montg^olfler. —
Les grandes marées au Mont Saint- Michel. — Phénomènes météorolog^lques obser-
vés en bailon. -r- Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les 11 im-
mes du holeil. — Les Illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa. —
La planète transneptunlenne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
victimes de la foudre.
FOREL (le Professeur). — Les tremblements de terre.
GAZA.N (Colonel). — Les taches du soleil.
GÉRIGNT, astronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. — Ralentissement du
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Études sélénographl-
ques. — L'èquatorlal coudé de l'Observatoire de Paris. — L'hèliométre. — La nais-
sance de la Lune.
HENRT, de l'Observatoire de Pari^. — Découvertes nouvelles sur Uranus.
HERSGHEL (A.-S.).— Chute d'un uranollthe en Angleterre.
HIRN, correspondant dn i'In.-^titul. — Conservation de l'énergie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par l'atmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Directeur de l'Observatoire de Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
HUGGINS, de la Société royale de Londres. — Les environs dn Soleil.
JAMIN, de rinstitul. —Qu'est-ce que la rosée?
JANSSEN,dc l'Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon. — La photographie céleste. —
Résultats de l'éclipsé de Soleil du 6 Mal 1883.
LEMAIRE-TBSTB, <le l'Observatoire de Rio-Janeiro. — Choix d'un premier méridien.
LF: FAUTE. — Quelle heure est-Il? — Le temps vrai, le temps moyen et les cadrans
solaires. — La chaleur solaire et ses applications industrielles.
LESSEPS (de). — Les vagues sous-marines
MOUGHEIZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris.— Travaux actuels de l'Observa
tolre de Paris.— L'Observatoire du Pic du Midi. — Création d'une succursale de rob-
servatoire.
MOUREAUX (Th.), mc^téorologiste au Bureau central. — Les Inondations.
PARMENTIER (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PERROTIN, directeur de l'Observatoire de .Nice.- La comète de Pons. — La planète Uranus
PROCTOR, astronome à Londres. — Le Vésuve et ISCHIA.
RICCO, astronome a l'Observatoire de Palerme. — La grande comète de 1882.— La tache
rouge de Jupiter. — Les taches du Soleil.
ROCHE (J.), correspondant de l'Institut. —Constitution intérieure du globe terrestre. —
Variations périodiques de la température pendant le cours de Tannée.
SCHIAPARELLI, directeur de l'Observatoire de Milan. — Les canaux de la planète Mars
TACCHINI, directeur de TObservatoire de Rome. — Statistique des taches solaires.
THOLLON, de l'Observatoire de Nice. — Mouvements sidéraux. — Éruptions dans le Soleil
TROUVELOT, de l'Observatoire de Mcudou. — La comète de Pons. — Ombres observées
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
"VIGAN, ingénieur en chef des Ponts et Clhaussées. — Les marées de la Méditerranée.
"VIMONT. — Observations astronomiques de chaque mois.
Le8 communications relatives A la rédaction doivent être adressées k M. C. Flammarion, Direc»
teur de la Revue, 36, avenue de l'Observatoire, à Paris, ou k l'Observatoire de Juvlsy
ou bien k M. Gèrigny, Secrétaire de la Rédaction, 41, rue du Montparnasse , & Paris.
Le plan du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con-
tient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font pas
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant les
savants curieux de pénétrer de plus en plus les grands problèmes de la nature.
'.n 141883
— JL'ASTRONOMIE. — 121
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
EXPLICATION ET THÉORIE.
(Fin.) (')
Les nombreux documents que nous avons examinés et comparés sur les
Fig. 50.
Hommes lancés en l'air à Port-Royal de la Jamaïque en 1692.
catastrophes espagnoles, nous ont mis entre les mains des données impor-
(*) Voir la Revue de février et mars.
Avril 1885. 4
122 L'ASTAONOMIE.
tantes et précieuses. Nous pouvons essayer aujourd'hui de dégager de ces
enseignements de la nature la théorie qui nous paraîtra la plus apte à
expliquer tous les faits observés.
On dit que, désespéré de ne pouvoir trouver l'explication des volcans,
Empédocle se jeta dans TEtna, qui garda le chercheur, mais renvoya sa
sandale, pour montrer aux mortels Tinutilité d'un tel suicide. Notre siècle
est-il destiné à trouver le mot de l'énigme du philosophe d'Agrigente?
Remarquons d'abord qu'en général les auteurs de théories, quelles qu'elles
soient, sont singulièrement exclusifs. Ils admettent bien une cause, la leur,
mais refusent volontiers que plusieurs causes puissent exister à la fois dans
la production des phénomènes de la nature. Sur la question spéciale des
mouvements du sol, les uns déclarent que les volcans et les tremblements
de terre sont produits par une seule et même cause : la fluidité du noyau
intérieur liquide et incandescent réagissant contre l'écorce du globe; d'autres
pensent que ces phénomènes sont absolument séparés les uns des autres, et
que les tremblements de terre sont dus à des affaissements à la base des
assises de terrains causés par la condensation du noyau interne, les rides
et plissements qui en résultent, ou par le travail des eaux souterraines désa-
grégeant les bases; d'autres les attribuent à des commotions produites par
les variations brusques de la pression atmosphérique et leur contre-coup sur
les gaz emprisonnés dans l'intérieur du sol; d'autres y voient les effets immé-
diats des pluies ; d'autres encore mettent en jeu les eaux thermales et les
vapeurs; d'autres, l'électricité et le magnétisme terrestre; d'autres, les marées
intérieures produites sur un noyau liquide par les attractions du Soleil et
de la Lune, etc., etc. Mais est- il bien sûr que toute théorie doive être fermée
et exclure toutes les autres? Ne pouvons-nous examiner sans idées précon-
çues les faits observés et en chercher l'explication indépendante? Il en est
peut-être en géologie comme en médecine, où les théories les plus absolues
et les plus aftirmatives ne tardent pas h être irrémédiablement condamnées
par les faits, en raison de la prétention môme de leur exclusivisme.
L'état actuel de la Science réclame donc, — si toutefois les éléments
d'observation sont suflisants — une théorie générale et indépendante de
toute idée préconçue, qui explique rationnellement les phénomènes constatés.
Le premier fait qui s'impose à notre attention est qu'il y a des tremble-
ments de terre volcaniques et des tremblements de terre non volcaniques.
On connaît actuellement à la surface du globe 323 volcans en activité qui.
de temps à autre, produisent des commotions de diverses natures; le cata-
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
i23
clysme de Krakatoa, qui répandit naguère le deuil et la ruine sur les îles du
détroit de la Sonde et causa la mort de quarante mille êtres humains, a été
produit, comme on s'en souvient, par une éruption volcanique formidable
et par le terrible raz de marée qui s'ensuivit. Au contraire, les événements
d'Espagne ne sont en corrélation avec aucune éruption volcanique, ni avec
aucun foyer de ce genre. C'est là un point fort important pour la théorie de
la Terre.
Pour mieux saisir les causes qui sont en jeu dans ces mouvements du sol,
Fig. 51.
Déplacement des pierres des obélisques de San Stcfano.
rappelons un instant quelques-uns des eflets les plus caractéristiques
observés dans les tremblements de terre les plus mémorables.
Quelquefois le sol ondule comme les vagues de la mer. Au mois d'avril 1871,
à Battang, en Chine, les bouquets d'arbres et les accidents de terrain ressem-
blaient « à des vaisseaux ballottés par les vagues. >» En 1783, pendant le
tremblement de terre de la Calabre, des arbres s'inclinaient si fort pendant
le passage des ondulations que parfois leur cime descendait jusqu'à toucher
le soif On fit la même observation en 1811 au Missouri. Le 26 mars 1812, à
Caracas, le mouvement ondulatoire était si marqué que le sol ressemblait
à un liquide en ébullition.
Parfois, au lieu d'un mouvement ondulatoire, ce sont des secousses de bas
en haut d'une violence extraordinaire. Le 7 juin 1692, à Port-Royal de la
Janoaïque, dès les premières secousses, tout s'effondra pêle-mêle; maisons,
124 L'ASTRONOMIE.
hommes, femmes, animaux, furent jetés de tous côtés, et plusieurs habitants
furent lancés dans les airs. « Il y en eut même, disent les relations de
témoins oculaires, qui, se trouvant sur la place, au milieu de la ville, furent
lancés par-dessus les ruines jusque dans le port^ et purent se sauver à la
nage! » Ce n'est pas le seul exemple de ce genre. Le tremblement de terre de
Riobamba, en 1797, montra une pareille force de projection : un grand
nombre de cadavres d'indigènes furent lancés sur une colline de plusieurs
centaines de pieds de hauteur, située de l'autre côté de la rivière.
En d'autres cas, ce sont des mouvements rotatoires qui frappent l'attention
de l'observateur. On voyait à San Stéphane, après le tremblement de terre
de 1782, deux obélisques quadrangulaires, dont les diverses parties avaient
tourné sur leur base sans se renverser, et ne se maintenaient d'aplomb que
par un prodige d'équilibre [fig* 51). Quelquefois, les crevasses produisent des
résultats analogues. Pendant le tremblement de terre de la Calabre, une cre-
vasse se forma sous une tour de Terra-Nuova: les deux moitiés de la tour ne
s'écroulèrent point; mais, lorsque la crevasse se referma, elles se recollèrent
sans correspondre entre elles et en offrant la plus singulière dissymétrie.
Ces crevasses sont peut-être ce qu'il y a de plus désastreux encore dans
ces étranges mouvements du sol. Le 10 décembre 1869, les habitants de la
ville d'Onlah, en Asie-Mineure, effrayés par des bruits souterrains et par
une première secousse très violente, s'étaient sauvés sur une colline voisine :
ils virent de leurs yeux stupéfaits plusieurs crevasses s'ouvrir à travers la
ville, et la ville entière disparaître en quelques minutes sous ce sol mou-
vant.
Le il avril 1871, lors du tremblement de terre qui détruisit la ville de
Battang, en Chine, et engloutit plusieurs milliers de personnes, les affaisse-
ments étaient si considérables que des montagnes s'entr'ouvrirent et que plu*
sieurs petites collines disparurent complètement.
n ne serait pas impossible que les événements géologiques qui viennent
de s'accomplir en Espagne ne fussent le prélude d'une transformation du sol
plus formidable ei plus radicale. Le détroit de Gibraltar n'est ni large, ni
profond, et pourrait très bien être fermé par un rapprochement du Maroc
avec l'Espagne. Ce n'est qu'une grande crevasse due, elle aussi, à une dislo-
cation du sol. Ce « détail » géologique amènerait un singulier changement
dans la politique des nations.
Les désastres causés par ces crevasses pendant le tremblement de terre de
la Calabre, en 1783, sont restés mémorables entre tous. A Terra-Nuova et
dans d'autres villes, des maisons tombées dans ces abîmes furent broyées
comme du plâtre lorsque ces crevasses se refermèrent. Des hommes et des
troupeaux furent enterrés vifs, en grand nombre. L'une de ces crevasses,
LES TREMBLEMENTS DE TERRE. 125
celle de Plaisauo, mesurait 7 500" de longueur, 35"' de largeur et 75"' de pro-
fondeur. Nous avons vu, dans nos précédents articles, que des crevasses
analogues ont été produites par les tremblements de terre de l'Espagne, et
Fig. 52.
La ville d'Onlah disparaissant entièrement dans des crevasses.
que Tune d'entre elles se referma sur un mulet qui venait d'y tomber, eu lui
laissant la tête hors du sol. A Riobamba, des hommes furent sauvés en éten-
dant les bras pour ne pas être engloutis et en sautant en dehors, tandis que
126 L'ASTRONOMIE.
non loin de là des troupes de cavaliers et de mulets chargés disparaissaient.
Encore un mot sur les crevasses de la Calabre, qui peuvent être considérées
comme types de ces phénomènes :
Le premier rapport envoyé à Naples sur les glissements de terrain, écrit Lyell,
qui donnèrent naissance à un grand lac, près de Terra-Nuova, était conçu en ces
termes : a Deux montagnes situées sur les côtés opposés d'une vallée se dépla-
cèrent de leur position originelle jusqu'à ce qu'elles se rencontrassent au milieu,
de la plaine; là, se réunissant, elles interceptèrent le cours dune rivière etc.. »
Non loin de Soriano, dont les maisons furent rasées par la grande secousse de
février, une petite vallée, renfermant une magnifique plantation d'oliviers,
désignée sous le nom de Fra Ramondo, éprouva une révolution extraordinaire.
Une multitude de fissures traversèrent d'abord en tous sens la plaine dans
laquelle coulait la rivière, et absorbèrent Teau jusqu'à ce que les sous- strates
argileuses en fussent imprégnées, de sorte qu'une grande partie de celles-ci fut
réduite à l'état de pâte liquide, et qu'il s'ensuivit d'étranges changements dans
la configuration du pays, le sol prenant aisément, jusqu'à une grande profon-
deur, toute espèce de formes. De plus, les débris des collines voisines furent
précipités dans les cavités qui s'étaient formées ; et tandis qu'un grand nombre
d'oliviers étaient déracinés, d'autres continuaient à végéter sur les masses
tombées et inclinées sous divers angles. La petite rivière Caridi disparut entiè-
rement pendant plusieurs jours; et lorsque, enfin, on la revit, elle s'était creusé
un lit complètement nouveau.
Près de Seminara, un verger et une vaste plantation d'oliviers furent lancés à
une distance de 60", dans une vallée de 18™ de profondeur. En même temps
une cavité profonde s'ouvrit danâ une autre partie du plateau élevé d'où le
verger avait été détaché, et la rivière y entra aussitôt, laissant son ancien lit
complètement à sec. Une petite maison habitée, qui se trouvait sur la masse de
terre transportée dans le fond de la vallée, fut entraînée avec elle, entière, et
sans aucun mal pour les habitants. Les oliviers aussi continuèrent à croître sur
la terre qui avait glissé dans la vallée, et rapportèrent la même année une
récolte abondante. Deux portions de terrain, sur lesquelles reposait une grande
partie de la ville de Polistena, consistant en quelques centaines de maisons,
furent détachées et transportées à 800'» environ de leur emplacement primitif,
dans un ravin contigu, de manière à le couper presque entièrement; et ce qu'il
y a de plus extraordinaire c'est que plusieurs des habitants furent retirés sains et
saufs des décombres.
Près de Mileto, deux métairies, désignées sous le nom de Macini et de Vati-
cano, et qui occupaient une étendue de terre de 1600™ environ de longueur, sur
800» de largeur, furent entraînées à la distance de 1600™ dans une vallée. Une
chaumière, ainsi que de grands oliviers et mûriers, dont la plupart restèrent
debout, furent transportés intacts jusqu'à, cette distance extraordinaire. Suivant
Hamilton, la surface déplacée avait longtemps été minée par de petits ruisseaux,
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
127
qui se trouvèrent ensuite en pleine vue sur les terrains laissés à nu par la dispa-
rition des deux métairies.
Quelques-uns des gouffres qui s'ouvrirent semblent résulter de l'enfoncement
du sol dans des cavités souterraines. On en observa un qui se produisit sur la
pente d'une colline voisine d'Oppido, et dans lequel furent précipités des ter-
rains plantés de vignes et d'oliviers. Il n'en resta pas moins, après la secousse,
une vaste cavité, en forme d'amphithéâtre, de 150™ de longeur sur 60*» de pro-
fondeur (fîg. 53).
En 1692, à la Jamaïque, on vit deux ou trois cents crevasses s'ouvrir et se
Fig 53.
GoulTrc formé près d'Oppido (Calabre) en ITSiî.
refermer subitement. Un grand nombre de personnes furent englouties dans ces
fissures; quelques-unes ne furent ensevelies que jusqu'à moitié du corps, et ne
résistèrent pas aux étreintes du sol, plusieurs autres restèrent la tête hors de
terre; d'autres, enfin, après avoir été englouties, furent rejetées à la surface,
avec de grandes quantités d'eau. La dévastation fut telle, que, même à Port-
Royal, alors capitale de la Jamaïque, où l'on dit qu'il resta plus de maisons
<lebout que dans tout le reste de l'île, les trois quarts des constructions s'enfon-
cèrent entièrement sous Teau avec le sol qui les supportait et avec tous leurs
habitants. Elles y sont restées ; et dans notre siècle même plusieurs navigateurs
ont assuré les avoir parfaitement distinguées, au-dessous du navire, par la mer
calme.
Et pourtant, plus terribles encore sont les raz de marée qui ont été pro-
duits par certains mouvements du sol. Nos lecteurs se souviennent que, lors
128 L'ASTRONOMIE.
(le la récente éruption de Krakatoa, la mer se relira des ports d'Anjer et de
Tclokbetœng, revint, élevée à la masse formidable de 35" de hauteur au-
dessus de son niveau moyen,se rua sur ces deux cités (il étaitô heures du matin
et les habitants s'éveillaient), submergea la ville, et, en se retirant, emporta
demeures et habitants, à ce point que, quelques minutes plus tard, l'œil le
plus expérimenté ne pouvait plus même retrouver la place de ces deux villes
populeuses! Des navires furent jetés par-dessus la ville à plusieurs kilo-
mètres du rivage, lequel du reste changea absolument de configuration
géographique. Cette formidable commotion de la mer, s'étendit jusqu'au
Japon, jusqu'à Panama et jusqu'en Europe, jusqu'en France.
Lors du tremblement de terre de Lisbonne, en 1755, la mer s'éleva à plus
de 15" au-dessus du niveau moyen, redescendit de la même quantité au-
dessous de ce même niveau, remonta encore et oscilla ainsi quatre fois de
suite, en balayant tout sur les rivages. La propagation de ce mouvement se
fit sentir jusqu'en Irlande d'une part, jusqu'aux Antilles d'autre part.
Aucun signe précurseur, dit Lyell, n'avait averti les habitants du danger qui les
menaçait, lorsqu'un bruit semblable à celui du tonnerre se fit entendre sous
terre, et fut immédiatement suivi d'une violente secousse qui renversa la plus
grande partie de cette ville. En six minutes environ, 30 000 personnes périrent.
La mer se retira d'abord, et mit la barre à sec; puis elle se précipita sur le
rivage, en s'élevant à plus de 15™ au-dessus de son niveau ordinaire. Les mon-
tagnes d'Arrabida, d'Estrella, de Julio, de Marvan et de Cintra, qui sont au
nombre des points les plus élevés du Portugal, furent ébranlées violemment, et
pour ainsi dire, jusque dans leurs fondations. Quelques-unes d'entre elles s'ou-
vrirent à leur cime, qui fut fendue et brisée d'une manière vraiment étrange ;
d'énormes masses s'en détachèrent et tombèrent dans les vallées situées à leur
base.
Parmi les autres évéuements extraordinaires du tremblement de terre de
Lisbonne, on cite l'affaissement d'un nouveau quai tout en marbre et qui avait
été bâti à grands frais. Une multitude de personnes s'y étaient réfugiées, pen-
sant qu'elles y seraient à l'abri de la chute des décombres, lorsque tout à coup
le quai s'enfonça avec tous ceux qui s'y croyaient en sûreté, et Ton ne revit pas
un seul cadavre des victimes flotter à la surface des eaux. Un grand nombre de
bateaux et de petits bâtiments amarrés par là, et remplis de monde, furent
engouffrés comme dans un tournant, et jamais aucun débris n'en reparut à la
surfaco. Suivant quelques auteurs, la sonde, dans l'emplacement qu'occupait
l'ancien quai, n'aurait pu atteindre le fond de la mer.
Sans doute une cavité profonde et étroite s'est-elle ouverte et refermée ensuite
dans le lit du Tage, après avoir englouti tout ce qui se trouvait au-dessus
d'elle.
L'espace considérable sur lequel sévit cette convulsion est extrêmement
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
129
remarquable. On a estimé, dit Humboldt, que la portion de la surface du globe,
qui fut immédiatement ébranlée par le choc du l^*" novembre 1755, est égale à
quatre fois l'étendue deTEurope entière. La secousse se fit sentir dans les Alpes,
et, sur la côte de la Suède, dans les petits lacs intérieurs qui se trouvent sur les
bords de la Baltique, dans la Thuringe, dans la contrée plate de TAUemagne
septentrionale et dans la Grande-Bretagne. Les sources thermales de Toplitz
furent taries, et rejaillirent ensuite, en inondant tout le pays d'une eau couleur
d'ocre. Dans les îles d'Antigoa, dans les Barbades et à la Martinique, dans les
Antilles, la marée qui ne monte ordinairement qu'à la hauteur de 0",60, s'éleva
Fig. 54.
Navires jetés sur le rivage par la secousse de Krakatoa.
subitement à celle ùe 6™; l'eau avait perdu sa couleur naturelle et était noire
comme de l'encre. Le mouvement fut également sensible dans les grands lacs
du Canada. A Alger et à Fez, au nord de l'Afrique, l'agitation du sol fut aussi
violente qu'en Portugal; des milliers d'habitants furent engloutis.
Le 28 octobre 1724, Lima fut détruite par un tremblement de terre. La mer
s'éleva à 27'° au-dessus de son niveau moyen, à Gallao, port de Lima, se pré-
cipita sur la ville et Tenleva si radicalement qu'il ne resta plus une seule
maison. On retrouva des vaisseaux couchés sur la terre ferme, à une lieue
du rivage.
Le 13 août 1868 commencèrent les tremblements de terre qui désolèrent
les rives occidentales de l'Amérique du Sud. La violente secousse de ce jour
s'étendit d'Arica jusqu'à Gallao, au nord (4875"""^, et jusqu'à Cabijia, au sud
(2100^""). Le mouvement du sol communiqué à la mer produisit une vague
4-
130 L'ASTRONOMIE.
qui mesurait 13" de hauteur, à Iquique, et qui partit de là pour s'étendre sur
rOcéan tout entier, jusqu'aux îles Chatam, jusqu'aux îles Sandwich, etc.,
avec une vitesse dépendant de la profondeur de la mer (croissant avec la pro-
fondeur). Cette vitesse, mesurée de nouveau lors des vagues produites par
Téruption du Krakatoa, est de 200^'" à Theure pour une profondeur de 300",
de 500'" pour une profondeur de 2000", de 670'" pour une profondeur de
3500", et elle est la même que celle de la propagation des marées. Ainsi, par
exemple, le flot lunaire met 16 heures pour aller d'Arica aux îles Samoa : le
flot du tremblement de terre y est arrivé en 16 heures aussi; le flot lunaii*e
emploie 13 heures pour aller d'Arica aux îles Sandwich, et il en a été de
même de la vague produite par le tremblement de terre.
On ne connaît pas exactement le nombre des victimes des tremble-
ments de terre de l'Espagne, mais on sait que ce nombre dépasse 2000. La
catastrophe d'Ischia (28 juillet 1883) causa 2443 morts. Le cataclysme de
Krakatoa fit plus de 40 000 victimes. On a évalué au même chiffre les victimes
des tremblements de terre qui désolèrent le Pérou au mois d'août 1868, et
également celles du tremblement de terre de Riobamba, en 1797. Celui de
Lisbonne, en 1755, paraît avoir causé 30 000 morts, et celui de Sicile, en
1693, environ 60000. La fameuse éruption du Vésuve, de l'an 79, qui
engloutit Herculanum, Pompéï et Stables, ne paraît pas avoir atteint ces
dernières proportions; mais l'effroyable tremblement de terre de TAsie-
Mineure, de Van 526, est considéré comme ayant causé la mort de 120000
êtres humains.
*
Le sol sur lequel nous vivons ne possède pas, comme on le voit, les con-
ditions de sécurité et de stabilité que nous sommes généralement portés à
lui attribuer d'après l'expérience quotidienne de notre vie très éphémère. Il
ne se passe pas de jour, pas d'heure, qu'il ne soit plus ou moins agité sur
un point ou sur un autre. La configuration des côtes et le l'elief des mon-
tagnes se modifient continuellement, soit avec une lenteur visible, soit à la
suite de secousses brusques (fig. 55). Devons-nous en conclure, comme on
Ta fait pendant longtemps en géologie, et comme on le fait encore quelquefois
aujourd'hui, que le globe terrestre n'est pas solide lui-même dans sa consti-
tution intérieure, qu'il a conservé une température très élevée à laquelle
tous les minéraux sont en fusion; qu'il est encore presque entièrement
liquide, et que le sol sur lequel nous fondons notre histoire humaine et nos
espérances, n'est qu'une mince écorce de 50^" à 60^" d'épaisseur, une
pellicule recouvrant une fournaise?
Non. Notre planète n'a pas ce degré d'instabilité. Si elle était liquide,
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
131
rattraction du Soleil et de la Lune produirait des marées formidables dans
cette sphère mobile, et nous sentirions deux fois par jour ces marées nous
passer sous les pieds. De plus, la précession des équinoxes serait différente
de ce qu'elle est. Notre globe n'est pas une boule liquide entourée d'uno
mince pellicule.
Les mesures de température faites dans l'intérieur des mines montrent
que la chaleur augmente à mesure qu'on descend; mais la proportion de cet
accroissement diminue avec la profondeur, de sorte que les déductions rela-
Fig. 55.
Changements produits à la surface du sol.
tives H une chaleur de « deux cent mille » degrés au centre du globe ne sont
pas fondées. D'ailleurs, nos mines et tunnels ne sont que de superficielles
piqûres d'épingle sur Pépiderme de la planète.
D'autre part, la pression augmente avec la profondeur et elle ne tarde pas
à devenir considérable. Dans ces conditions, il est probable que le globe
terrestre n'est ni solide, ni liquide, ni gazeux, mais pâteux. Sa température
interne doit être encore de plusieurs milliers de degrés.
Mais il flotte dans l'espace, au sein d'un froid de 270° au-dessous de zéro
et n'est échauffé que par le Soleil. Il continue donc toujours à se refroidir.
En se refroidissant il se condense, se rapetisse, se rétrécit. L'écorce exté-
rieure repose, avons-nous dit, sur un noyau pâteux : elle est obligée de se
rétrécir en même temps que ce noyau. Delà des plissements, des dislocations.
Pour la planète, ce n'est rien, un simple petit frisson, moins encore, un
132 L'ASTRONOMIE.
clignement isolé. Pour rhumanitc qui bâtit ses demeures sur ce sol, c'est
beaucoup.
Cette condensation lente, graduelle, séculaire, fait qu'il se produit des
vides, des affaissements, des voûtes, des variations d'équilibre, des incli-
naisons de bancs de roche, etc. Les eaux des pluies descendent de la surface,
traversent les terrains perméables, glissent sur les couches d'argile qu'elles
rencontrent, ressortcnt lorsque ces couches imperméables viennent affleurer
le sol, et retournent à la mer par les sources, les ruisseaux, les rivières et
les fleuves. Mais ces eaux ne reviennent pas toutes, ne trouvent pas toujours
une couche de terre glaise qui les ramène. Elles pénètrent les terrains,
imbibent les roches les plus dui-es, continuent de descendre, forment des
courants souterrains, arrivent jusqu'à des régions très chaudes, donnent
naissance à des vapeurs, se combinent avec les minéraux, désagrègent
certaines bases, emplissent des cavernes, cherchent des issues, descendent
encore. Toute cette circulation intérieure ne s'opère pas sans donner nais-
sance à des gaz et à des vapeurs. Ajoutons à cela la chaleur du Soleil, qui
chauffe perpétuellement le côté de la Terre tournant dans ses rayons. Ajou-
tons aussi l'attraction de la Lune, qui agit quand même sur les couches
extérieures du noyau pâteux. Nous avons donc sous nos pieds tout un monde
en activité. Les mouvements du sol senties résultats de cette activité.
L'influence de la chaleur solaire est manifeste par ce fait que le plus grand
nombre des secousses arrive vers deux ou trois heures du matin, pendant
le froid de la nuit, et le plus petit nombre vers une heure et deux heures de
l'après-midi, au moment du maximum de la chaleur.
Elle est également confirmée par ce fait que le plus grand nombre des
secousses arrive en hiver, et le plus petit nombre en été.
L'influence de l'attraction de la Lune et du Soleil est démontrée par cet
autre fait qu'il y a un peu plus de tremblements de terre aux époques de
Nouvelle et Pleine Lune qu'aux époques de Premier et Dernier Quartier.
De même, ce nombre est plus grand quand la Lune est périgée que lors-
quelle est apo.qé«j, et lorsqu'elle est au méridien que lorsqu'elle est à
l'horizon.
L'influence de la pression atmosphérique se manifeste d'une manière plus
fréquente encore. Les plus violentes secousses de tremblements de terre de
l'Espagne ont coïncidé, comme nous l'avons vu, avec une période de pertur-
bation insolite. La mémo remarque a été faite un très grand nombre de fois,
ainsi que pour les explosions du grisou. La pression des gaz et des vapeurs
intérieures peut être telle que la moindre rupture d'équilibre décide des
explosions produisant des trépidations et des secousses formidables.
Ajoutons ici que tous les volcans en activité se trouvent ou dans l'Océan ou
LES TREMBLEMENTS DE TERUE. 133
le long des rivages, et que Tanalyse a démontré que la vapeur d'eau de mer
compose à elle seule presque tout entière la colonne de fumée qui jaillit des
éruptions. Nous pouvons donc en conclure que les volcans ne sont pas des
cheminées mettant un globe liquide incandescent en communication avec
l'extérieur, mais des phénomènes chimiques produits dans Técorce du globe
par l'arrivée de Peau des mers, en contact avec les roches profondes qu'elles
décomposent. Versez de Teau froide sur de la chaux froide et vous créez une
source de chaleur.
Ainsi, selon toutes probabilités, les temWements de terre sont produits par
les différentes causes que nous avons énumérées, en tête desquelles se
placent les dislocations dues à la contraction séculaire du globe. Les régions
montagneuses déjà disloquées et les régions volcaniques sont plus exposées
à ces commotions du sol. La France du Nord, la plaine de Paris, entre autres,
présentent au géologue de remarquables conditions de stabilité, et l'on n'a
point à redouter que la capitale du monde soit jamais renversée par des cata-
clysmes de cet ordre. On n'en pourrait pas espérer autant de l'Auvergne,
dont les volcans pourraient peut-être se réveiller, comme le fit le Vésuve qui,
dans l'antiquité, était éteint: les armées campaient dans son cratère endormi.
Ces volcans ne sont pas très éloignés de la mer. Nos ancêtres les ont vus en
ignition du temps de l'âge de pierre.
En résumé, la terrible catastrophe qui vient de fondre sur l'Espagne aura
donné à la science des aperçus nouveaux sur la solution de ce grand pro-
blème des tremblements de terre, et aura servi à soulever quelques-uns des
voiles qui nous cachent encore la constitution intérieure de notre planète.
C'est encore là une guerre, la guerre des éléments contre l'humanité, et ses
victimes innocentes sont comme des holocaustes au Progrès. Autrefois, ces
cataclysmes semaient la mort et la ruine sans offrir à l'homme la moindre
compensation. Aujourd'hui, leur étude peut nous donner l'espérance d'éviter
dans l'avenir une partie de ces pertes irréparables, en cessant de construire
les habitations humaines sur les points de plus grande instabilité. Eh! dans
notre douleur même, n'accusons pas trop la nature d'être une mère marâtre
et de détruire les enfants auxquels elle a donné le jour, quand nous voyons
que tous les tremblements de terre réunis, les cyclones, la foudre et toutes
les causes de destruction étrangères à l'humanité font incomparablement
moins de mal que cette humanité ne s'en fait à elle-même, de propos déli-
béré, par ses guerres perpétuelles, lesquelles versent le sang de quarante
millions d'hommes par siècle, soit plus de mille par jour, sans jamais
s'arrêter. Ainsi l'aveugle nature est beaucoup moins « aveugle » que nous,
134 L'ASTRONOMIE.
car elle ne détruit peut-être pas plus de cent mille hommes par siècle, c'est-
à-dire incomparablement moins que Thumanité ne s'en assassine volontai-
rement à elle-même.
Le seul moyen de connaître avec certitude la composition intérieure du
globe terrestre serait de creuser un puits gigantesque de plusieurs kilo-
mètres de profondeur. Un tel travail ne serait point au-dessus du pouvoir-
actuel de l'industrie. Ce puits serait une source de chaleur humainement
inépuisable. Si les divers gouvernements s'entendaient pour diriger vers ce
but tous les soldats de l'Europe, (chacun employé suivant son corps de
métier, etc. ) ils remporteraient une victoire supérieure à toutes les extermi-
nations passées, présentes et futures, en mettant au jour le mystère qui se
cache sous nos pieds. Et comme, pendant ce travail, on aurait perdu l'habi-
tude de se battre, l'humanité aurait gagné là un progrès en partie double,
progrès scientifique et progrès social.
Camille Flammarion.
APPENDICE
On a inventa divers appareils pour mesurer et enregistrer la direction et Tin-
tensité des secousses. Dans les uns, le mouvement du sol fait tomber une boule
suivant une direction déterminée par ce mouvement même, dans les autres un
pendule oscille selon les ondulations du sol; dans les autres encore une tige ver-
ticale suspendue de telle sorte qu'elle peut osciller dans toutes les directions,
porte à son extrémité supérieure une feuille de papier noirci au noir de fumée,
sur laquelle le contact léger d'une pointe dessinera une courbe à chaque oscil-
lation. Nous reproduisons ici (/îflf.56) le curieux enchevêtrement de courbes tracées
automatiquement par le sismographe de l'Observatoire météorologique de Manille,
le 18 juillet 1880, à midi 40™, pendant les 72 secondes de durée de ce funeste trem-
blement de terre. L'original de cette figure, que nous avons réduite, mesure
0™33 de diamètre. On voit que les ondulations de plus grande intensité se sont
efl'ectuées de l'Est à TOuest, suivant la direction bb'.
Comme nous l'avons vu, il y a lieu de partager les tremblements de terre en
deux catégories bien différentes, ceux qui sont dus, de près ou de loin, à des
phénomènes volcaniques, et ceux qui sont étrangers à ces phénomènes. Dans le
premier cas les trépidations du sol sont produites par les efforts que fait la vapeur
d'eau contre les parois intérieures des cratères volcaniques, pour s'échapper des
voûtes sous lesquelles elle est emprisonnée, et toutes les observations s'accor-
dent pour montrer que ces trépidations sont précisément en corrélation intime
avec les diverses phases des éruptions volcaniques. En général, ces tremblements
de terre volcaniques sont peu étendus. Les autres, au contraire, comme celui
dont le foyer vient d'être observé en Espagne, sont étrangers aux volcans, indé-
pendants de toute éruption, et leurs causes doivent être cherchées dans les cou-
LES TREMBLEMENTS DE TERRE.
135
ditions géologiques mêmes de Técorce du globe, qui ont été énumérées dès le
début de cette étude.
Cet état d'instabilité des couches souterraines se trouve par sa nature même
soumis aux influences extérieures, aux effets de la chaleur solaire, du froid noc-
Fig. 56.
N
dUscillations tracées par le pendule enregistreur des li-emblements de terre.
urne ox:^^ hibernal, aux oscillations de la pression atmosphérique, aux variations
^attrjtci-t;i^ii de la Lune et du Soleil selon leurs distances, leurs positions et le
inouv&xxx^nt de la Terre. Que ces influences extérieures aient un effet réel sur la
production ^^g mouvements du sol, c'est ce qui est démontré par les faits sui-
vants.
Par Iç^ comparaison de 696 secousses observées en Suisse (430 antérieures
l:JG
L ASTRONOMIE.
à 1857 et 266 de 1879 à 1881) dont les heures étaient connues, M. Fore! a publié
en 1884, dans cette Revue, le curieux résultat suivant :
VARIATION DU NOMBRE DES TREMBLEMENTS DE TERRE SUIVANT LES HEURES
DU JOUR.
Heures.
O*» (minuit) et !*• matin.
2 et 3
4 et 5
6 et 7
8 et îl
10 et 11
1879-81. Avant 1857.
5Î
61
20
0
0
49
55
43
31
31
36
Hoores,
lî»* (midi^ et 13''
14 et 1.")
16 et 17
18 et 19
20 et 21
22 et 23
1879-81.
Avant 1857.
7
18
9
27
13
31
13
24
23
42
31
48
En additionnant les nombres des deux séries d'observations, nous avons con-
struit, à leclielle de 1'»'" pour 10 tremblements de terre, la courbe suivante qui
Fig. 57.
Variation du nombre dos tremblements de terre suivant les heures du jour.
permet de saisir du premier coup d'oeil cette variation horaire, mieux que par
l'inspection des chiffres. On voit qu'il y a quatre fois plus de tremblements de
terre inscrits aux heures de la nuit qu'aux heures du jour. Sans doute le silence
de la nuit et la position horizontale du corps dans un lit sont deux conditions
subjectives en faveur de l'appréciation des légères oscillations du sol, qui passent
inaperçues au milieu des bruits du jour et pour des observateurs debout, en voi-
ture ou à cheval ; et il y aurait certainement une correction à faire, qui diminue-
rait l'amplitude de la courbe. Mais comme il ne s'agit pas ici seulement de légères
secousses, mais aussi de tremblements de terre plus ou moins retentissants, nous
pouvons admettre qu'en fait ces phénomènes présentent une variation certaine,
le maximum arrivant entre i*» et 4*» du matin, le minimum vers 1^ de l'après-
midi. Le premier correspond aux heures de froid, le second aux heures de cha-
leur.
Ce qui prouve que cette variation est bien réelle, c'est que Ton observe égale-
ment une périodicité mensuelle qui lui correspond en principe. Voici, d'après le
même auteur, et pour la morne série d'observations, les nombres relatifs aux
saisons.
V.\RL\TIONS DU NOMBRE DES TREMBLE.\IENTS DE TERRE SUIVANT LES SAISONS.
1879-81
Saisons. troinblemeiits.
Hiver (décembre à février) 18
Printemps (mars à mai) 10
Été (juin à août) 15
Automne (septembre à novembre).. 18
1879-81
Avant 1857
secousses.
secousses.
80
461
29
315
43
141
104
313
LES TREMBLEMENTS DE TERRE. 137
En additionnant ensemble les secousses des deux séries, on obtient également
la courbe (fig. 58) qui représente cette variation, tracée à l'échelle de 2«™ pour
100 secousses. On voit que le maximum arrive en hiver et le minimum en été.
Comme les nuits sont plus longues en hiver qu*en été, Tinfluence signalée tout à
rheure peut encore se faire sentir ici, mais, répétons-le, il ne s'agit pas seule-
ment de secousses légères. D'ailleurs, lors de la dernière série d'Espagne, à
laquelle tous les spectateurs ont porté jour et nuit une attention intéressée, on
a remarqué également que les secousses ont été beaucoup plus nombreuses la
nuit que le jour. On sent qu'il nous est impossible de faire la part de l'influence
tout humaine que nous venons de signaler (et qu'il nous surprend de ne pas
encore avoir vue signalée par personne). Les appareils enregistreurs seuls pour-
raient nous édifier complètement à cet égard. Mais jusqu'à présent ils sont trop
clairsemés.
L'influence de l'attraction lunaire n'est pas moins certaine que celle de la tem-
pérature. Mon ami regretté Alexis Perrey, professeur à la Faculté des sciences
FIg. 58.
Hiver PrtnUinpt Été Automne
Variation du nombre des tremblements de terre suivant les saisons.
de Dijon, a eu la patience de coUationner des milliers et des milliers d'observa-
tions de tremblements de terre. Dans un tableau comprenant les faits relevés un
peu partout, de 1851 à 1872, il a classé comme il suit les données relatives aux
phases de la Lune, en groupant dans la première colonne les deux semaines de
Nouvelle et Pleine Lune, et dans la seconde les deux semaines de Premier et
Dernier Quartier.
VARIATIONS DU NOMBRE DES TREMBLEMENTS DE TERRE SUIVANT LES PHASES
DE LA LUNE.
NottTelieB Lnnes Premier et
Périodes. et Pleines Lnnes. Dernier Quartier. Différence.
1751 à 1800 1901 1754 147
1801 à 1850 3434 3161 273
1843 à 1872 8838 8411 427
On voit que dans les trois séries la différence est affirmative en faveur d'un
plus grand nombre aux époques des Nouvelle Lune et Pleine Lune, comme dans le
cas des marées. Cette différence est faible, mais elle est réelle, et proportionnelle
aux nombres examinés.
Le groupement relatif aux distances de la Lune donne un résultat analogue :
il y a plus de tremblements de terre lorsque la Lune est au périgée, c'est-à-dire
lorsque son attraction est la plus forte, que lorsqu'elle est à l'apogée. Dans le
4**
138 L'ASTRONOMIE.
tableau suivant, dû également à Alexis Perrey, les nombres représentant les
tremblements de terre ont été obtenus en prenant des périodes de cinq jours
dont le périgée et l'apogée forment les milieux.
VARIATIONS DU NOMBRE DES TREMBLEMENTS DE TERRE SELON LES DISTANCES
DE LA LUNE.
Périodes.
1751 à 1800
An périgée.
526
A rapogée.
465
1113
3015
Différence.
61
1801 à 1850
1223
110
1843à 1872
3290
275
Les différences sont faibles, mais, comme on le voit, toujours dans le même
sens.
Avec le nombre beaucoup moins considérable de tremblements de terre obser-
vés en Suisse, M. Forel est arrivé à un résultat analogue. Il trouve :
Proportion.
Dans les sept jours avant et après la sizygie 0,53
Quadrature 0,47
Lune au méridien 0,53
Lune à rhorizon 0,47
Faible, mais toujours significatif. Nos lecteurs se souviennent peut-être de ce
que nous disions récemment à propos de l'influence de l'attraction de la Lune sur
le poids des corps. Un poids de lOOO^c est diminué de 0^,112 quand la Lune est
au zénitb ou au nadir et augmenté de Or, 056 quand elle esta l'horizon. Pour de
grandes masses, ce n'est pas insignifiant. Tous ces faits démontrent, sinon l'in-
stabilité absolue de notre planète errante, du moins son état de perpétuelle mobi-
lité et d'incessante transformation. C. F.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOME.
L'INSTRUMENT MÉRIDIEN ET LES OBSERVATIONS MÉRIDIENNES
Dans l'article que nous avons consacré à Téquatorial coudé de l'Observatoire
de Paris (Astronomie, t. III, n« 6, juin 1884, p. 216), nous avons été amené à dire
quelques mots des instruments installés à demeure dans le plan méridien. Nous
nous proposons aujourd'hui d'entrer dans quelques détails sur la construction de
ce genre d*appareils et les observations qu'ils permettent d'effectuer.
Nous avons déjà fait remarquer que les observations méridiennes sont actuel-
lement le seul moyen que possède l'Astronomie pour déterminer avec précision
la position des étoiles fixes. Les astronomes attachés aux grands observatoires
occupent la plus grande partie de leurs soirées à des mesures de cette nature,
et de temps en temps, on publie le catalogue des étoiles observées, résultat du
travail assidu de plusieurs années. Il importe de se rendre compte de l'utilité de
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 139
semblables travaux qui absorbent pendant si longtemps les forces et rintelli-
gence d*un nombreux personnel aussi instruit que dévoué. Une personne étran -
gère à TAstronomie qui parcourrait un de ces volumineux catalogues serait bien
tentée de se demander si de pareilles accumulations de documents contribuen t
réellement au progrès de la Science, et si tout Targent^ tout le temps, toute la
peine ainsi dépensés n'ont pas été consommés en pure perte.
En réalité, les catalogues d'étoiles sont actuellement la base de toute l'Astro-
nomie et le point de départ de toutes les recbercbes qui concernent les mbuve -
ments des astres. Ce sont eux qui permettent de découvrir les mouvements
propres des étoiles par la comparaison des observations effectuées à de longs
intervalles. Si Bessel n'avait pas eu entre les mains les catalogues de ses devan-
ciers, il n'aurait pu reconnaître, dans la 61« Cygne, lune des étoiles du ciel dont
le mouvement propre est le plus rapide; Tidée ne lui serait pas venue qu'elle
devait être, en conséquence, l'une des plus rapprochées du Soleil, et ses recher-
ches sur la parallaxe annuelle des étoiles seraient certainement restées infruc-
tueuses, comme l'avaient été autrefois celles de Bradley. Il a fallu qu'Herschel
compulsât de bien nombreuses observations anciennes, consignées dans les cata-
logues de son temps, pour reconnaître, dans le mouvement propre de toutes les
étoiles, une composante commune qui lui révélât le déplacement du système solaire
vers la constellation d'Hercule. Les variations d'éclat des étoiles, l'apparition
d'étoiles nouvelles et la disparition d'astres anciens ne peuvent être signalées
avec certitude que si l'on possède d'excellents catalogues. On sait que c'est à la
suite de l'apparition d'une étoile temporaire, et pour faciliter à la postérité l'étude
de semblables phénomènes, qu'un siècle avant Jésus-Christ, l'astronome grec
Hipparque résolut de consacrer le reste de sa vie à des observations astrono -
miques et à la confection d'un catalogue d'étoiles. C'est ce catalogue qui, corrigé
et complété plus tard par Ptolémée, nous a été transmis dans VAlmageste et
constitue encore de nos jours un document précieux.
Outre ces avantages généraux, et dont il est facile de se rendre compte^ les
catalogues d'étoiles en présentent un nouveau dont la portée philosophique est
peut-être encore plus haute. Depuis la découverte de Newton, l'un des plus grands
problèmes de l'Astronomie, sinon le plus important de tous, c'est de savoir si la
loi de la gravitation universelle suffit à expliquer les mouvements des planètes
et de leurs satellites, ou si les corps célestes se trouvent soumis à quelque autre
influence. Pour arriver à la solution de cette question, il faut, d'une part, multi-
plier les observations de position de planètes et augmenter la précision des
mesures, et, d'autre part, déterminer avec soin, d'après les principes de la Méca-
nique, les lieux que doivent occuper à chaque instant les planètes supposées sou-
mises à la seule action de l'attraction newtonienne, afin de comparer les résultats
du calcul avec les observations effectuées. Tant que les différences seront au-
dessous des erreurs inévitables des mesures, la théorie actuelle devra être con-
servée ; mais si l'on vient à rencontrer un désaccord plus considérable, il faudra
nécessairement en rechercher la cause, et Ton pourra se trouver ainsi sur la voie
140 L'ASTRONOMIE.
d'une grande découverte. Jusqu'à présent, la gravitation suffit à tout expliquer,
si ce n*est pourtant Taccélération du mouvement de certaines comètes, en parti-
culier celui de la comète d'Encke; mais la méthode qui vient d'être esquissée a
déjà conduit Le Verrier à la découverte deNeptune, et elle nous donne actuelle-
ment Tassurance qu'il existe entre Mercure et le Soleil un amas assez important
de corpuscules invisibles.
Quoi qu'il en soit, deux séries de travaux sont nécessaires au développement
des recherches astronomiques relatives au grand problème dont nous parlons.
L'une, toute de calcul et d'analyse mathématique, a pour objet la construction
des tables de planètes; nous n'en dirons rien, si ce n'est qu'elle exige une somme
énorme de fastidieux calculs numériques que les perfectionnements des procédés
de mesure rendent constamment plus pénibles, car il faut nécessairement
apporter dans les calculs une approximation au moins égale à celles des observa-
tions. L'autre, toute d'observations et de mesures, consiste à relever le plus sou-
vent possible, par des procédés sans cesse perfectionnés, la position apparente
des corps du système solaire. Or, de quelque manière qu'on fasse l'observation
d'une planète, aussi bien avec l'instrument méridien qu'avec l'équatorial, on ne
détermine jamais que les différences entre les coordonnées de la planète et
celles de quelques étoiles de comparaison qui servent de point de repère. Avec
l'équatorial, il faut prendre une étoile de comparaison très voisine de l'astre que
Ton veut observer, tandis qu'avec l'instrument méridien, la distance des points
de repère est indifTérente; mais, dans les deux cas, il faut le remarquer, on
n'obser^^e que des différences. Dès lors chacun saisira l'importance capitale que
l'on attache à la détermination précise et certaine de la position des étoiles qui
doivent servir de comparaison.
A ce point de vue toutes les étoiles observées ont été classées en deux groupes
fort inégaux. Le plus nombreux, qui renferme la presque totalité des étoiles
observées, fournit un nombre considérable de points de repère dont la position
est consignée dans les divers catalogues actuellement existants. C'est là qu'on va
choisir les petites étoiles de comparaison destinées aux observations équato-
riales des comètes ou des petites planètes. Pourtant, quel que soit le soin apporté
à la confection des catalogues, les positions qu'ils indiquent ne seront jamais
considérées que comme approchées, et toutes les fois qu'une de ces étoiles aura
servi de comparaison, on devTa l'observer plus tard à l'instrument méridien, pen-
dant deux ou trois nuits consécutives, pour bien s'assurer de son exacte position.
L'existence des catalogues est cependant nécessaire, afin que l'astronome qui
observe à l'équatorial puisse choisir, parmi tous les astres qu'il aperçoit dans le
champ de la lunette, celui qu'il veut prendre comme point de repère; il faut
même que la position donnée par le catalogue soit assez précise pour que cette
étoile puisse être distinguée de ses voisines lorsqu'on voudra plus tard l'observer
à l'instrument méridien; car le seul moyen de reconnaître les petites étoiles
réside dans la connaissance préalable de leurs coordonnées.
Le deuxième groupe ne comprend qu'un petit nombre d'étoiles choisies avec
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L ASTRONOMIE. 141
soin parmi les plus brillantes du ciel : ce sont celles qui ont été observées le plus
souvent et dont les observations se sont montrées assez concordantes pour que
Ton puisse considérer leurs positions comme définitivement connues. Ce sont elles
qui servent de points de repère dans les observations méridiennes des planètes et
des autres étoiles. On les nomme pour cette raison étoiles fondamentales.
L'Observatoire de Paris en a choisi 316, dont 16, très voisines du Pôle, servent à
des usages spéciaux sur lesquels nous aurons à revenir. Les positions apparentes
de ces étoiles rapportées à Téquateur et à Téquinoxe de chaque jour sont évi-
demment affectées de la précession et de la nutation qui font varier à chaque
instant le plan de Téquateur terrestre. Aussi leurs coordonnées apparentes sont-
elles calculées à l'avance et données dans la Connaissance des Temps pour
chaque jour de Tannée. Cette éphéméride, qui occupe 139 pages de ce recueil, est
indispensable aux astronomes des observatoires; c'est la base sur laquelle repo-
sent tous les résultats deleurs travaux.
Il nous resterait maintenant à dire comment on a pu déterminer la position de
ces étoiles fondamentales; mais, pour le bien faire comprendre, il est nécessaire
de décrire d'abord l'instrument et d'en expliquer l'usage. Nous supposons donc,
sauf à revenir plus tard sur la question, que cette position est absolument ceN
tainc et qu'il suffit d'ouvrir la Connaissance des Temps pour la connaître.
Les instruments méridiens se composent de deux parties essentiellement dis-
tinctes quoique pouvant être réunies sur un même appareil : la Lunette Méri-
dienne, qui sert à la mesure des ascensions droites, et le Cercle Méridien, qui
sert à déterminer les déclinaisons.
Les lecteurs de V Astronomie sont familiarisés avec les mots d*ascension droite
et de déclinaison. Ils savent que l'on appelle cercles horaires les grands cercles
qu'on peut tracer sur la sphère céleste en les faisant passer par les deux pôles.
L'un de ces cercles horaires, celui qui passe par Téquinoxe de printemps, a été
numéroté 0, et la position d'un cercle horaire quelconque est parfaitement déter-
minée dès qu'on connaît l'angle qu'il fait avec le cercle horaire origine. C'est cet
angle qu'on appelle Vascension droite du cercle horaire, de sorte que toutes les
étoiles situées sur un même cercle horaire ont la même ascension droite. Par
suite du mouvement diurne apparent du ciel, tous les cercles horaires du ciel
viennent successivement coïncider, dans la période d'un jour sidéral, avec le plan
du méridien. Les astronomes ont pris l'habitude de compter les ascensions
droites de 0« à 360« dans le sens inverse du mouvement diurne apparent, de
manière que les différents cercles horaires viennent successivement se placer
dans le plan du méridien, dans l'ordre de leurs ascensions droites. Enûn^ si l'on
remarque que la Terre tourne de 360» en 24^, on verra par une simple division,
qu'elle tourne de 15» en une heure, de manière que toutes les heures, le cercle
horaire qui se trouve dans le plan méridien est à 15» de distance de celui qui
occupait la même position une heure auparavant. De là vient que l'heure peut
être prise pour une unité d'angle 15 fois plus grande que le degré. Les astronomes
142 L'ASTRONOMIE.
ont en effet Thabitude d'exprimer les ascensions droites en heures, minutes et
secondes de temps au lieu de degrés, minutes et secondes d'arc, ce qui revient à
partager la circonférence de TÉquateur en 24 parties égales au lieu de 360.
L'avantage de cette manière de faire consiste à unifier pour ainsi dire la mesure
du temps avec la mesure des ascensions droites. On fait commencer le jour sidé-
ral au moment où le cercle horaire pris pour origine et numéroté 0 vient coïncider
avec le plan méridien, de manière qu'à i^ sidérale c'est le cercle numéroté 1^ qui
se trouve dans le plan méridien, à 2*» c'est le cercle numéroté 2'», et ainsi de
suite. La mesure de l'ascension droite d'un astre se réduit ainsi à la détermination
de l'heure exacte de son passage dans le plan méridien. Deux instruments seule-
ment sont nécessaires pour cette mesure :
lo Une lunette méridienne munie d'un réticule à fils verticaux pour apprécier
l'instant du passage de l'étoile dans le plan méridien, c'est-à-dire une lunette
mobile autour d'un axe horizontal perpendiculaire au plan méridien; celui-ci est
marqué par le centre optique de l'objectif et le fil moyen du réticule, de manière
que rétoile se trouve dans le plan méridien quand son image observée dans le
champ de la lunette passe derrière ce fil moyen.
2° Une horloge réglée sur le temps sidéral, afin de déterminer Theure exacte du
passage observé; c'est la Pendule sidérale [^).
On voit que la détermination des ascensions droites serait une chose fort simple
si la lunette pouvait être parfaitement orientée dans le plan méridien, et si
la pendule sidérale pouvait être rigoureusement réglée. Malheureusement ce
réglage absolu est une chose impossible ; il faut se borner à mesurer avec le plus
de précision possible les petits écarts inévitables, afin d'en tenir compte dans la
réduction des observations, et c'est dans cette détermination que réside la partie
la plus délicate des opérations.
Les erreurs auxquelles on est exposé dans la mesure des ascensions droites
sont donc de trois catégories :
l» Los erreurs inévitables de l'observation elle-même;
2o Celles qui tiennent à la position plus ou moins défectueuse de la lunette;
3* Celles qui tiennent à la marche imparfaite de l'horloge.
L Pour diminuer autant que possible les erreurs de l'observation elle-même, il
est indispensable que l'observateur se soit exercé pendant longtemps avant
d'entreprendre des mesures dignes de figurer dans les documents scientifiques.
(') On sait que le jour sidéral est un peu plus court que le jour solaire moyen; la diffé-
rence est d'à peu près 4"; il y dans Tannée un jour sidéral de plus qu'il n'y a de jours
solaires, de sorte que si les deux horloges solaire et sidérale marquent la même
heure un certain jour de Tannée, elles se retrouveront d'accord le même jour de Tannée
suivante; dans Tintervalle, Thorloge sidérale avance constamment sur Thorloge solaire
d'environ 4" par jour, soit en moyenne 2'' par mois, de manière que l'avance se trouve
exactement de 24'' à la fin de Tannée. Cet efifet tient à ce que le jour sidéral est unique-
ment basé sur la rotation de la Terre tandis que le jour solaire résulte de la combinaison
des deux mouvements de la Terre sur elle-même et autour du Soleil.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 14a
L'observation d'une étoile à la lunette méridienne consiste essentiellement à
saisir l'instant précis où l'image de l'étoile disparaît derrière le fil vertical du
réticule, et à noter sur un cahier 1 heure, la minute, la seconde et même la frac-
tion de seconde qui caractérise cet instant. L'horloge est disposée de manière que
le pendule exécute une oscillation par seconde, et chaqne oscillation est marquée
par un coup sec et bruyant. Après avoir placé sa lunette à la hauteur convenable
pour que l'étoile pénètre dans le champ, l'observateur inscrira sur son cahier
l'heure et la minute indiquées par l'horloge; puis il regardera le numéro indiqué
par l'aiguille des secondes, et, quittant l'horloge pour revenir à la lunette, il se
mettra à compter mentalement les battements du pendule à partir de ce numéro.
Quand l'étoile arrivera derrière le fil, il inscrira le dernier numéro qu'il vient de
compter et y ajoutera la fraction de seconde écoulée depuis l'instant où il a
entendu le dernier choc. Il peut paraître singulier qu'on puisse arriver ainsi à
apprécier assez exactement des fractions de seconde. On y parvient pourtant, et
plus facilement qu'on ne serait disposé à le croire. Disons d'abord qu'on se borne
toujours à apprécier les dixièmes de seconde. Divers procédés ont été imaginés
Fig. 59.
ObservattoQ du passage apparent d'uae étoile derrière l*uâ des fils du micromètre.
dans ce but par les astronomes; l'un des plus connus et des plus employés a été
indiqué par Bradley. Quand l'observateur voit l'étoile arriver près du fil, il
s'eflForce de bien noter la position a (fig. 59) qu'elle occupe à l'instant du dernier
battement qui précède le passage. Au battement suivant, l'étoile occupe une cer-
taine position b (fig. 59) de l'autre côté du fil. En comparant cette position avec
la précédente que l'on a conservée dans la mémoire, on voit le fil passer entre
les deux, et l'on apprécie le rapport des chemins décrits par l'étoile avant et après
le passage.
Du reste, quelle que soit la méthode qu'on ait employée au début, on arrive,
après quelques années de pratique, à apprécier les dixièmes de seconde directe-
ment, instinctivement pour ainsi dire, et sans faire usage d'aucun artifice. Quoi
qu'il en soit,. on comprend que ce genre d'observations soit difficile et exige une
longue préparation. Ajoutons qu'au lieu d'un seul fil, la lunette en porte cinq ou
six et qu'il faut observer le passage de l'étoile derrière chacun d'eux. Les erreurs
accidentelles de chaque observation se balancent ainsi en partie, et le résultat
est beaucoup plus précis que si l'on n'avait observé qu'à un seul fil; mais la tâche
de l'observateur est rendue bien plus pénible, car il a six instants à relever au
lieu d'un seul, et comme il n'a pas le temps de revenir consulter l'horloge entre
les passages de l'étoile à deux fils successifs, il doit continuer à compter les bat-
444 L'ASTRONOMIE.
tements du pendule pendant qu*il estime des fractions de seconde, et qu'il écrit
des nombres sur son cahier. Il ne cessera de compter que lorsque, ayant terminé
toute l'observation, il reviendra au cadran pour constater qu'il est resté d*accord
avec l'aiguille des secondes, et inscrire la minute finale qui doit servir de véri-
fication avec celle du début de l'observation. Un astronome exercé peut compter
machinalement les battements du pendule tout en accomplissant les opérations
les plus variées, et même, chose plus singulière, en parlant.
II. Nous venons de dire que l'on observe les passages des étoiles derrière plu-
sieurs fils verticaux et que Ton fait la moyenne des temps observés. C'est comme
si l'on observait le passage derrière un fil fictif placé dans une certaine position
moyenne par rapport aux fils réels. C'est ce fil fictif moyen qui détermine, avec le
centre optique de l'objectif, la ligne de visée de Tinstrument. Si la lunette était
parfaitement réglée, cette ligne de visée serait exactement perpendiculaire à
l'axe de rotation de l'instrument, et celui-ci serait parfaitement horizontal et
perpendiculaire au plan méridier». Comme ces conditions ne peuvent être réa-
lisées rigoureusement, on voit que les erreurs dues à l'installation défectueuse
de l'instrument sont de trois espèces :
i» L'erreur ù! inclinaison, due à ce que l'axe de rotation n'est pas parfaitement
horizontal, ce qui fait que la ligne de visée décrit un plan oblique au lieu du plan
vertical méridien.
2o L'erreur à'azimut, due à ce que l'axe de rotation n'est pas exactement dirigé
de l'Est à l'Ouest. Elle a pour effet de faire décrire à la ligne de visée un plan ver-
tical différant quelque peu du plan méridien.
3° L'erreur de collimationy tenant à ce que l'axe optique n'est pas rigoureuse-
ment perpendiculaire à l'axe de rotation, de sorte qu'il décrit dans l'espace un
cône au lieu du plan méridien.
Il est bien évident qu'on s'attache à réduire le plus possible ces trois causes
.d'erreurs; mais il faut pouvoir mesurer les imperfections qui restent après le
réglage, afin de corriger convenablement les observations.
i» L'inclinaison de l'axe de rotation se détermine à l'aide d'un niveau à bulle
d'air porté sur deux jambes de cuivre qui se terminent en forme de V renversé,
de manière à venir s'emboîter sur les tourillons qui terminent l'axe de rotation.
2» L'erreur d'azimut, c'est-à-dire le petit angle que fait l'axe de rotation de la
lunette avec la ligne Est-Ouest, se détermine k l'aide d'observations délicates
effectuées sur des étoiles voisines du Pôle. Nous ne pouvons entrer dans aucun
détail sur ce genre d'observations. Disons seulement que c'est en vue de ces
déterminations que la Connaissance des Temps publie les éphémérides de 15
étoiles voisines du Pôle. Du reste les opérations sont quelque peu simplifiées
dans la pratique par l'usage d'une mire éloignée que l'on place k une grande dis-
tance de l'instrument, dans le plan méridien. Outre les fils verticaux qui servent
à l'observation des étoiles ordinaires, le réticule de la lunette contient un fil ver-
tical placé dans un cadre que peut faire mouvoir une vis micrométrique. Le tam-
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 145
bour de cette vis est divisé en 100 parties égales, et peut tourner devant un index
fixe, de manière qu'une position quelconque du fil mobile peut toujours être
retrouvée quand on sait le nombre de tours et la fraction du tour de la vis qui
lui correspondent. En particulier, on peut amener le fil mobile en coïncidence
successivement avec tous les fils fixes et noter les indications correspondantes
du tambour. La moyenne de toutes ces indications fait connaître la position du
fil mobile qui correspond au fil fictif moyen. Cela posé, les observations des
étoiles circumpolaires et de la mire se font à l'aide du fil mobile, et l'on en déduit
la position du fil mobile qui marquerait exactement le plan méridien quand la
lunette est horizontale. On aura donc, par différence, la distance du fil fictif moyen
au plan méridien, exprimée en tours et fractions de tour de la vis micrométrique.
Comme on a déterminé une fois pour toutes à combien de secondes correspond
chaque tour de cette vis, on voit qu'on pourra calculer la distance angulaire du
fil moyen au plan méridien, c'est-à-dire l'azimut de l'instrument.
3° L'erreur de collimation se détermine par une méthode fort ingénieuse et
très générale qui est due à l'abbé Picard, le premier astronome qui ait songé à
employer les observations de passage des astres dans le plan méridien pour la
détermination de leur ascension droite. Picard était un savant dont le nom n'est
jamais devenu populaire : il doit cependant compter parmi ceux qui font le plus
d'honneur à la France : c'était un astronome du plus haut mérite, et, chose plus
rare, d'une extrême modestie. Peut-être même est-ce à son désintéressement de
toute préoccupation ambitieuse qu'il faut attribuer l'oubli relatif dans lequel est
tombé son souvenir, tandis que la gloire et la renommée s'attachaient à la mé-
moire de son directeur Cassini, quoique, à beaucoup d'égards. Picard fût réel-
lement supérieur à l'Italien fameux qui dirigea le premier l'Observatoire de
Paris.
La méthode de Picard est celle du retournement; quand nous l'aurons décrite,
on comprendra que les Astronomes et les Physiciens aient pu l'appliquer à une
foule d'opérations et d'appareils différente. Voici comment on la fait servir
actuellement à la mesure de la collimation des lunettes méridiennes :
Les tourillons en acier tourné qui terminent Taxe de rotation de la lunette
reposent simplement sur deux coussinets de cuivre en forme de V, installés à
demeure sur des piliers en maçonnerie, de manière qu'on puisse soulever la
lunette en retirant les tourillons de leurs coussinets. On peut alors retourner
tout le système de la lunette et de son axe de rotation et replacer celui-ci dans
ses coussinets en mettant à l'Ouest le tourillon qui était primitivement à l'Est et
inversement. Imaginons alors qu'on ait placé à une assez grande distance de
rappareil,du côté Sud, et le plus près possible du plan méridien, une mire formée
de deux fils de métal croisés éclairés par une lampe ou un bec de gaz. Pour fixer
les idées, nous supposerons que cette mire se trouve un tant soit peu à l'Est de
la perpendiculaire abaissée du centre optique de l'objectif sur l'axe de rotation
de la lunette. L'observateur visera la mire avec la lunette, et il amènera le fil
mobile sur l'image même de cette mire, puis il notera l'indication du tambour.
14C L'ASTRONOMIE.
D'après la position supposée de la mire, la ligne qui joint le fil mobile au centre
optique de la lunette se prolongea en déviant quelque peu à TEst, et le fil mobile
sera par conséquent à l'Ouest de la perpendiculaire. Supposons actuellement
qu'on retourne la lunette comme il a été expliqué tout à l'heure. A la suite de ce
retournement le fil mobile passera à TEst de la perpendiculaire et la ligne qui
le joint au centre optique de lobjectif déviera vers l'Ouest. Pour le replacer sur
rimage de la mire, il faudra donc le déplacer vers l'Ouest d'une quantité double
de celle dont il s'écarte de la perpendiculaire. Si donc on lit l'indication du tam-
bour après ce second pointé et qu'on fasse la moyenne entre les deux indications.
on obtiendra le nombre qui correspond à la position du fil mobile pour laquelle
la ligne de visée serait exactement perpendiculaire à Taxe de rotation de la lu-
nette, c'est-à-dire la position de coUimation nulle. La différence entre ce nombre
et celui qui correspond au fil fictif moyen (voir plus haut n° î) donnera la coUi-
mation exprimée en fractions de tour de la vis micrométrique. Il ne restera plus
qu'à la transformer en secondes d'après la connaissance que l'on a de la valeur
du tour de la vis micrométrique.
Telle est la méthode couramment employée dans les observatoires pour cette
détermination délicate. On voit qu'elle nécessite une opération matérielle, le
retournement, qui ne laisse pas que d'être peu commode quand il s'agit d'une
lunette de grandes dimensions. La difficulté deviendrait beaucoup plus considé-
rable si la lunette était ûxée à un grand cercle divisé qui devrait être retourné
avec elle. Telle est la raison pour laquelle on a longtemps construit les lunettes
méridiennes sans cercle divisé. Le cercle destiné à la mesure des déclinaisons
portait alors une lunette spéciale, et comme ici le retournement n'était pas néces-
saire, on pouvait fixer ce cercle le long d'un vaste pilier en maçonnerie, d'où le
nom de cercle mural donné à cet appareil. Les instruments classiques de Gambey
qui sont encore employés journellement à rObser>atoire, et dont on trouve la
description dans la plupart des ouvrages classiques d'Astronomie, 'ont été con-
struits d'après ces principes. Depuis lors, frappé des inconvénients de ce dédou-
blement.qui exige absolument la présence simultanée de deux observateurs pour
l'observation des deux coordonnées d'une mémo étoile. Le Verrier a fait construire
un grand instrument méridien plus puissant que ceux de Gambey, et formé d'une
seule lunette fixée à un cercle divisé; cet instrument fonctionne régulièrement
depuis de longues années; mais il n'est pas retoumable. On peut suppléer en
partie à ce défaut d'installation par des observations méthodiques d'étoiles voi-
sines du pôle; mais il est pourtant certaines déterminations qu'il ne peut donner
avec exactitude. Fort heureusement, M. Eichens est parvenu, il y a une diiaine
d'années, à construire des instruments méridiens munis de cercles divisés et
pouvant subir le retournement. Le premier appareil construit sur ce modèle était
destiné à l'Obser^'atoirc de Lima ; il a été expédié au Pérou ; mais j'ignore s'il a
jamais fonctionné. Les événements politiques qui ont récemment désolé cette
partie de l'Amérique du Sud ont empêché les Péruviens de donner suite aux pro-
jets de travaux scientifiques qu'ils avaient entrepris.
LE TORNADO DE L'ORNE. 147
Depuis 1877 TObservatoire de Paris possède un instrumeat méridien du même
type, qu'il doit à la générosité de M. Bischoffsheim. Nous en donnerons le dessin
et la description détaillée dans un prochain article.
Philippe Gérigny.
(A suivre.)
LE TORNADO DE L'ORNE.
Le lundi 16 février 1885, vers les trois heures de l'après-midi, les habitants de
Joué-du-Bois, commune qui occupe le point culminant des collines de Normandie,
entendirent quelques coups de tonnerre dans la direction du S.-O. Les coups de
foudre partaient d'un nuage épais, noirâtre, qui s'élevait avec vitesse au-dessus
de l'horizon. En même temps, deux appendices inégaux et en mouvement rapide,
partaient de ce nuage et semblaient menacer le sol. Le mont Thiébert, dont l'al-
titude est de 333™, sépara ce nuage en deux parties qui ne se rejoignirent qu'à
l'entrée du village de Bois-Morel, G"'"» plus loin.
Tout à coup, l'on vit l'appendice occidental s'allonger, toucher terre, à 500™ du
bourg, et renverser quatre pommiers : deux disposés au Nord, un vers l'Est et
le troisième au Sud; les deux plus rapprochés ont été renversés en sens con-
traire, parallèlement, l'un au Nord, l'autre au Sud* Après avoir brisé ces quatre
arbres, le tourbillon se maintint au même niveau, et comme le terrain est en
pente, il ne porta ses ravages que 700™ ou 800™ plus bas, dans le village du Theil.
Mais là, il s'attaqua d'abord aux maisons les plus élevées, enleva les toits de
chaume, et détruisit plusieurs milliers de tuiles qu'il brisa les unes contre les
autres et dont il transporta les débris dans les champs d'alentour. Dans ces der-
niers, les effets de la trombe sont encore bien plus sensibles : les arbres ren-
versés ont leurs pieds disposés circulairement, tandis que leur cime est jetée de
la façon la plus bizarre. C'est ainsi que l'on voit deux chênes voisins dont les
troncs forment un angle droit.
Du Theil au village du Vieil-Etre, le sol est en pente douce et l'on ne con-
state aucun dégât. Mais, au Vieil-Etre, cinq cents tuiles sont déplacées sur l'habi-
tation du sieur Manson, un pan de mur d'un bâtiment rural est arraché, rejeté en
avant, tandis qu'une partie de la couverture en chaume est enlevée. Deux arbres
sont brisés près du village.
Du village du Vieil-Etre à l'étang de la Fendrie, près du bourg du Champ-de-
la-Pierre, existe une profonde vallée que le tourbillon n'a pas atteinte.
Sur le versant septentrional de la vallée, se trouve le château du Champ-de-la-
Pierre appartenant à M. le comte d'Andigné. De magnifiques étangs ornent le parc
où l'on admire de be«iux arbres plantés il y a deux siècles. La tourmente a passé
sur l'étang en faisant entendre un bruit strident si effrayant que ceux qui l'ont
entendu se sont enfuis. Plus de soixante-dix pieds d'arbres ont été brisés et un
mur de 35™ a été renversé. Des chênes robustes ont été tordus et leur cime trans-
148
L'ASTRONOMIE.
portée à une grande distance. Des peupliers énormes ont été rompus par le
milieu, ainsi que plusieurs pommiers et poiriers.
Nous voici au Bois-Morel {voir la carte, fig, 60) sur Saint-Martin-r Aiguillon.
C'est dans ce village que la trombe a exercé ses plus effroyables ravages. Tous
les habitants racontent qu'ils ont vu deux colonnes blanchâtres se précipiter
Fig. 60.
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K.J^ORIEU Se.
EcheUo de 12"î"3 pour l Kilomètre.
Carte de la Région ravagée par l'ouragan du 16 février 1885.
Tune sur Tautre, enlevant tout, brisant tout sur leur passage. Partout Ton recon-
naissait le bruit de la foudre accompagnant Torage, éclatant par terre avec un
bruit sourd et mat. Des grêlons mesurant 0«,03 et 0"»,04 de circonférence ne
cessaient de tomber, pendant qu'une pluie diluvienne inondait la vallée de h
Meuse. La nuit était à peu près complète et les villageois si épouvantés qu'ils se
réfugiaient dans les recoins de leurs appartements, croyant leur dernier jour
arrivé. Pendant ce temps, les toits étaient enlevés, le chaume disparaissait, les
tuiles étaient brisées en menus fragments après avoir tourbillonné et voltige?
dans les airs, semblables aux feuilles desséchées que disperse le vent d'automne.
Quant aux portes et aux fenêtres, elles étaient courbées par la tourmente et
LE TORNADO DE L'ORNE.
149
rentraient de plus de deux pouces dans les appartements. Tout cela eut une
durée maximum de deux ndnutes.
Aux alentours du Bois-Morel, des centaines de pommiers et de poiriers sont
renversés, voir les fig. Gi, 62 et 63. La trombe a produit des effets extraordi-
Fig. 61.
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naires : c'est ainsi que des arbres ont été déchaussés et que leurs mottes ont
formé des élévations assez fortes attenantes au sol. Parfois les troncs ont été
renversés dans la direction de la marche do la trombe; ailleurs, ils sont jetés de
toutes les façons, quelquefois les uns sur les autres et si bien retournés que leur
cime regarde le Sud-Ouest, point de départ du Tornado. Plusieurs chênes ont
été brisés, tordus à moins de quatre pieds de hauteur, tandis que les deux parties
150
L'ASTRONOMIE.
du tronc étaient déjetées l'une au Sud et Tautre au Nord, à 4U« de distance. Au-
dessous de la partie brisée, le tronc était desséché et divisé en lattes minces,
allongées, dont les morceaux les plus gros n'avaient pas Fépaisseur d'un cra^'on
à dessin. Un gros chêne voisin a été arraché et reporté à 3™ en arrière.
Un hangar appartenant à M. Deshayes a été soulevé, ramené vers le Sud-
Fig. 62.
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EfTcts du tornado sur les arbres.
Ouest, renversé en écrasant les voitures qu'il abritait. Tout autour, des chênes
énormes ont été abattus, des pommiers et poiriers ont été brisés à 1°> de hauteur
et leur cime rejetée à 12™ vers le Nord. Le tourbillon a contourné un cerisier
qu'il a dépouillé de toutes ses branches : le tronc est demeuré absolument nu.
Au Bois-Morel, quatre-vingt-un pommiers ont été renversés et vingt-quatre
éclatés, vingt-trois poiriers ont été renversés et quatorze éclatés. C'est là une
perte irréparable.
LE TORNADO DE L'ORNE.
151
Entre le Boîs-Morel et les Ecorches, sur le plateau qui domine la vallée de la
Meuse, la trombe a continué ses ravages sur une largeur de 200" à 350*». Dans le
champ de la Gaze, le centre est seul resté intact. La plupart des arbres ont été
simplement renversés (fig, 62).
Au village des Ecorches, la foudre et la grêle ont fait rage. Les habitants de ce
lieu ont nettement vu une fumée blanchâtre, de forme conique, toucher le sol, les
Fig. 63.
Effets du tornado sur les arbres.
toits, les murs, en démollissant tout sur son passage. Comme au Bois-Morel,
ils ont remarqué que la nuit a été complète pendant deitoc minutes, que les
éclairs semblaient partir de nuages à terre et que le tonnerre, qui ne disconti-
nuait pas, avait un son étouffé. Plusieurs bâtiments ont été eflFondrés, un pan de
mur a été arraché de ses fondements, des couvertures de tuiles et de paille ont
entièrement disparu, ainsi qu'une partie des charpentes.
Le Tornado a continué sa route vers le Nord-Est en suivant la vallée de la
Meuse. Un peuplier a été rompu net à 5™ du sol, quatorze arbres dont huit
chênes, cinq poiriers et un pommier ont été frappés de la foudre et leur tronc
éclaté en menus fragments. Plusieurs cimes ont été portées à 30°" de distance.
Après avoir parcouru une distance de 2800°» la trombe s'est de nouveau séparée
152 L'ASTRONOMIE.
en deux tronçons qui ont perdu leur force et leur violence et qui n'ont plus
exercé leurs ravages que sur une longueur de 450°^ au plus, en passant l'un
auprès du village de la Couillardière et l'autre au-dessus du Perron.
La trombe de gauche a traversé l'étang du moulin de la Couillardière en fouet-
tant les eaux avec une telle puissance que, durant quelques instants, Ton n a vu
qu'une ligne écumeuse peu élevée, il est vrai, mais qui bruissait d'une façon si
étrange, si effrayante que plusieurs des spectateurs se sont enfuis, croyant que
leur dernière heure était venue.
Pour parcourir une trajectoire de 8200" environ, c'est-à-dire de Joué-du-Bois à
la Ck)uillardière, le Tornado n'a guère employé plus de dix minutes. Partout la
foudre a accompagné l'ouragan, et c'est aux derniers coups de tonnerre que la
trombe est passée très rapidement. Un déluge d'eau a tout inondé dans la région
ravagée.
Il résulte d'une enquête minutieuse faite sur place par deux instituteurs,
MM. Chauveau et Gauquelin, que près de cinq cents arbres ont été détruits ou
endommagés. Dans ce nombre, il y a deux cent vingt-trois pommiers renversés,
trente-trois éclatés; soixante-neuf poiriers détruits et trente-deux éclatés; trente-
neuf chênes renversés et seize éclatés et vingt-trois sapins brisés ou renversés.
Les dégâts matériels se montent à plus de 10 000 francs.
KUGÈNE VlMONT.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Inflaence des marées sur la durée de la rotation de la terre. —
M. le colonel H. Mathicsen a publié dans le dernier numéro de la Revue un article
fort intéressant sur les marées et les courants océaniques. L'auteur a cru pou-
voir conclure de cette étude que les marées n'ont aucune influence sur la
vitesse de rotation de la Terre. Comme il nous est impossible de partager cette
manière de voir, nous demandons à nos lecteurs la permission de revenir un
instant sur ce sujet.
<c Toutes les fois, dit le colonel H. Mathiésen, qu'on a traité des marées au point
« de vue de leur influence sur la rotation de la Terre, on a implicitement admis
n que leur mouvement était identique à celui d'un courant. »
Nous devons à la vérité de déclarer que personne n'a jamais posé une pareille
hypothèse. Il n'est pas un seul astronome ou géomètre qui n'approuverait pres-
que sans réserves les paroles suivantes du colonel H. Mathiésen :
« A tout prendre, le mouvement des marées ne peut être qu'un balancement
« ou oscillation vertical des eaux de la mer. Au large de la terre ferme, les
« marées n'engendrent pas de courants. »
Peut-être nous sommes-nous assez mal expliqué dans les deux articles consa-
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 153
crés aux théories de M. G. Darwin sur cette question {>) pour qu'on ait pu nous
attribuer une aussi grossière erreur; mais nous pouvons affirmer que l'idée d'un
courant maritime qui ferait le tour du globe avec la marée a toujours été fort
loin de notre pensée. Nous avons dit que la propagation du flux agissait à la
façon d'un frein, pour ralentir le mouvement de rotation de la Terre. (V. Astro-
nomie, T. I, p. 134-135.) C'est peut-être ce mot de frein qui a prêté à la fâcheuse
interprétation que nous sommes obligé de relever. Voici exactement ce que
nous avons voulu dire : Quoique la marée ne soit, qu'une oscillation verticale des
eaux de la mer, il est incontestable que le flux se propage de l'Est à l'Ouest.
Sans doute les molécules liquides ne voyagent pas le long d'un parallèle à tra-
vers. l'Océan; mais quand la vague de la marée commence à s'abaisser en un
point, la mer se gonfle à l'Ouest de ce point, et la propagation du flux est en tout
semblable à celle des vagues sur les fleuves ou les océans. On admettra bien
que de pareils mouvements ne peuvent pas s'eflfèctuer sans avoir à vaincre des
frottements de toute nature qui finiraient par faire disparaître complètement les
oscillations si la cause qui leur donne naissance n'était toujours présente, de
même que les vagues produites par le vent s'affaissent peu à peu lorsque l'atmos-
phère est redevenue calme. Mais ces frottements absorbent du travail, et d'après
la grande loi de la conservation de l'énergie il faut, de toute nécessité, qu'une
somme équivalente d'énergie disparaisse quelque part. L'analyse du phénomène,
montre que l'énergie ainsi dépensée dans les résistances de toutes sortes qui
s'opposent au mouvement du flux aussi bien au large qu'au voisinage des côtes,
ne peut être empruntée qu'aux mouvements de la Terre et de la Lune. Les cou-
rants maritimes n'ont rien à voir dans la question qui se réduit à ces simples
termes : les marées sont incontestablement une source d'énergie; d'où leur vient
cette énergie? Tant qu'on ne nous aura pas prouvé que cette énergie ne peut
PAS être empruntée au mouvement de rotation de la Terre, nous persisterons à
croire et à enseigner avec Kant, Delaunay, M. G. Darwin, et l'immense majorité
des astronomes et géomètres que les marées ont pour effet de ralentir la rotation
de la Terre.
Si l'on en veut une autre preuve, qu'on jette un coup d'œil sur la figure 4G
du T. I, p. 135, et l'on reconnaîtra facilement que les attractions de la Lune sur
les deux protubérances m et m' tendent nécessairement à ralentir le mouvement
de rotation de la Terre parce que l'attraction qui s'exerce sur m est plus grande
et plus inclinée que celle qui s'exerce sur m' : qu'on décompose ces deux forces
suivant la direction mm' et suivant une direction perpendiculaire, et Tefifet annoncé
deviendra évident. Il sera d'autant plus prononcé que la marée sera plus loin du
point qui a la Lune à son zénith, c'est-à-dire qu'elle éprouvera plus de résistance
à se propager.
(•) Ralenlissement du mouvement de rolalion de la terre sous l'influence des
marées (rAstronomie T. I N* de Juin, p. ISn. — La Naissance de la Lune (l'Astro-
nomie T. III N* de Novembre, p. 421),
154 L'ASTRONOMIE.
Il se peut que d'autres causes viennent agir en sens inverse et balancer l'in-
fluence des marées; il se pourrait même, quoique cela nous paraisse improbable,
que ces dernières causes fussent prépondérantes, de sorte qu'en fait le jour
sidéral se raccourcit au lieu de s'allonger; mais l'influence des marées sur la
rotation de la Terre n'^en reste pas moins Tune des vérités les mieux démontrées
de la science moderne. Philippe Gérigny.
Satellites de Jupiter visibles à Tœll nu. — Le 7 février dernier, à 8^30'"
du soir, en compagnie d'une autre personne déjà signalée dans la Revue de
décembre 1884 à propos de la planète Vénus, j'ai essayé de distinguer à l'œil
nu le III« satellite de Jupiter. Je n'y suis pas parvenu; mais cette personne a
exactement constaté la position, ainsi que le 27 février etlel«' mars. Il y a avan-
tage à diminuer le rayonnement de la planète en regardant à travers la main
fermée comme un cornet. M. de Lacerda.
Passage du IV« satellite de Jupiter. — Le 27 février dernier, j'ai observé le
passage du IV^^ satellite de Jupiter sur le disque de la planète. Il offrait l'aspect
d'un petit disque noi7\ comme déjà je l'avais observé le 12 marsde l'année dernière,
un peu moins foncé toutefois que son ombre qui était aussi noire que de l'encre.
William Coleman.
Magnétisme terrestre. — Valeur actuelle des éléments magnétiques à Paris.
— Le Bureau central météorologique a fait construire à l'Observatoire du parc
Saint-Maur, un pavillon destiné spécialement aux observations magnétiques. Ce
pavillon, situé au milieu d'un terrain boisé, d'une contenance de trois hectares,
est élevé sur des caves voûtées où sont installées deux séries d'appareils de
variations pour la déclinaison et pour les deux composantes de la force terrestre.
Dans Tune des caves, les appareils sont disposés pour l'observation directe; on y
fait des lectures toutes les trois heures. L'autre contient un enregistreur magné-
tique construit sur les indications de M. Mascart, et dans lequel les variations
des trois éléments magnétiques s'inscrivent simultanément sur la même feuille
de papier photographique.
L'appareil qui sert à déterminer la déclinaison en valeur absolue est un théo-
dolite-boussole de MM, Bruuner. Les pointes des barreaux sont rapportés à une
double visée sur le paratonnerre de la mairie de Nogent-sur- Marne, distante de
3700 mètres, et dont l'azimut, vérifié un grand nombre de fois et par différentes
méthodes, est connu très exactement.
Les coordonnées géographiques de l'observatoire du Parc Saint-Maur sont :
Longitude 0*9' 15" E. Latitude 48*48'34'.
Les valeurs des éléments magnétiques, au !•'' Janvier 1885, déduites de la
moyenne des observations horaires du 31 décembre 1884 et du 1«»" Janvier 1885,
qui n'ont pas eu de perturbation, sont les suivantes :
OBSEKVAÏIONS ASTRONOMIQUES. 155
Déclinaison 16* \0\ 2
Inclinaison 65» 16' , 8
Composante horizontale 0 194 40
Composante verticale 0 422 25
Force totale 0 464 85
La Revue a publié l'année dernière (mai 1884, p. 174) l'état de la déclinaison de
Taiguille aimantée, à Paris, depuis trois cents ans. Nos lecteurs peuvent ajouter
à ce tableau, pour le 1«^ janvier 1885, la valeur qui vient d'être transcrite, en
remarquant toutefois que l'observatoire du parc de Saint-Maur est un peu à l'est
de Paris, ce qui diminue un peu sa déclinaison. La valeur, à Paris, peut être
considérée comme étant de IG*» 14'. Th. Moureaux.
Ghate d'uranolithe, près d'Amiens. — Un ouvrier de l'imprimerie Rousseau-
Leroy, à Amiens, se trouvant le 10 septembre au soir sur les bords de la Somme,
avec un de ses amis, a tout à coup aperçu un caillou enflammé qui semblait venir
de très loin et qui est tombé dans la Somme non loin d'eux en produisant un
grésillement semblable à celui d'un fer rouge que l'on plonge dans l'eau. La route
parcourue par ce caillou leur parut verticale.
Uranolithe tombé & Hierschfelde, en Saxe. — Le dimanche soir, 22 février,
un météore est tombé sur une maison de la ville avec une telle violence que la
couverture du toit en a été en partie démolie. Le lendemain, dans le jardin
attenant à la maison, on a trouvé plusieurs fragments de ce bolide, pesant
jusqu'à une demi-livre. Leur couleur est d'un vert foncé, leurs formes sont irré-
gulières; leur aspect est celui d'une substance cristallisée, présentant des aspé-
rités et des enfoncements. La pierre offre une saveur rappelant celle du salpêtre.
Le plus curieux est que, dans certains de ces fragments on trouve encore des
parties molles. J. Mayer.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 AVRIL AU 15 MAI 1885.
Principaux objets célestes en évidence pour Tobservation.
1o CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette période de l'année, se reporter soit aux
cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descriptions données
dans Les Etoiles et les Curiosités du Ciel (pages 594 à 635). Les brillantes con-
stellations du ciel d'hiver disparaissent peu à peu pour faire place aux riches
constellations zodiacales. Jupiter auprès de Régulus, Saturne non loin d'Aldé-
baran, viennent encore augmenter l'éclat des belles soirées de printemps.
2° SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 avril 1885, le Soleil se lève à 5'» 11»» du matin et se couche à
6*» 50" du soir; le l»*" mai, l'astre du jour apparaît au-dessus de l'horizon à i^Ai^
du matin, pour disparaître au-dessous à T'^IS»" du soir; enfin, le lèvera lieu à
i:)6
I/ASTRONOMIK.
4*» 20" du matin, le 15 mai, et lo couchera 7»» 33'» du soir. La durée du jour est de
13*>39n» au 15 avril, de 14*»32« au l'^'' mai et de 15*»13"> le 15 mai. Les jours aug-
mentent, dans cet intervalle d'un mois, de 51™ le matin et de 43™ le soir, soit un
accroissement total de i*»34'».
Le 15 avril, le Soleil passe au méridien de chaque lieu k midi moyen. Avec un
cadran solaire, on peut donc régler facilement une montre ou une pendule.
Le Soleil continue à s'élever rapidement au-dessus de l'horizon : sa déclinaison
boréale est de 9<>55' au 15 avril et de 18o58' au 15 mai, soit une augmentation im-
portante de 9° 3'.
Il faut se hâter d'étudier la lumière zodiacale dans le courant d'avril, avant
son entière disparition.
Lune. — Notre satellite se trouve toujours dans d'excellentes conditions pour
l'observation. Sa hauteur au-dessus de l'horizon de Paris, lors de son passage au
méridien, est toujours considérable, surtout dans le voisinage du Premier Quar-
tier. Le 19 avril, au soir, la hauteur de la Lune sera de 59» 24'.
Le mince croissant lunaire pourra être aperçu le 15 mai au soir, moins de
28*> après la Nouvelle Lune.
^ PQ le 21 avril, à 11^30- soir. DQ le 7 mai, à 8''52- matin.
Phases...
( PL le 29
à 6 24 » NL le 14 » à3 27 soir.
Occultations visibles à Paris.
Trois occultations seulement pourront être étudiées dans la première moitié de
la nuit, depuis le 15 avril jusqu'au 15 mai.
X* \ Gémeaux (4* grandeur), le 20 avril, de il''iO- à 11"» 36- du soir. A l'inverse de ce
Fig. 64. Fig. 65.
Occultation do k Gémeaux par la Lune,
le 20 avril 1885, de 11»» 10- à 11>»36'».
Occultation de d Lion par la Lune,
le 24 avril 1885, de 11»» 21- à 12»» 15-.
qui se passe dans la plupart des occultations, cette remarquable étoile de 4» grandeur
disparaîtra à l'Ouest, à 3* au-dessous et à droite du point le plus élevé du limbe de la
Lune, et reparaîtra, toujours à l'Ouest, à 29* au-dessus du point le plus occidental. Cette
OBSERVATIONS ASTUONOMIQUES. 157
curieuse anomalie dans la marche apparente de Tétoile derrière le disque de notre satel-
lite tient à la position très inclinée qu'occupe dans le ciel de TOucst Tastre des nuits,
qui se couche ce soir-là à 12'» 40". L'occultation est représentée (/îg. 64); elle sera visible
dans la France, la Belgique, la Suisse, Tltalie et la péninsule Ibérique.
2* 7z Lion (5» grandeur), le 23 avril, de T^'S" à 7''54 du soir. La disparition se produit
au Sud, à 9" à gauche du point le plus bas, et la réapparition à l'Ouest, à 29* au-dessous
du point le plus à droite du limbe de la Lune. Le phénomène sera observable en France
et dans le Nord-Ouest de TEurope.
3* d Lion (5* grandeur), le 2i avril, de 11'» 21" à 12'' 15" du soir. La disparition de l'étoile
a lieu, comme le montre la pg. 65, à 44* à gauche et au-dessous du point le plus élevé
et la réapparition à l'Ouest, à 25* au-dessus du point le plus à droite. Cette occultation
sera visible dans la plus grande partie de l'Europe occidentale.
Occultations diverses.
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore observer, selon les con-
trées de la Terre qu'ils habitent, les occultations suivantes :
1* y Taureau (4* grandeur), le 17 avril, vers il*' 27" du soir. L'occultation sera visible
pour les habitants du Nord de TEurope.
2* Aldêbaran (!'• grandeur), le 18 avril, vers 6'' 54" du matin. C'est la quatrième fois
de Tannée que cette étoile si brillante est occultée. Le phénomène ne pourra être
étudié que dans la partie occidentale de l'Amérique du Nord.
3* a Cancer (4* grandeur), le 22 avril, à 4*' 14™ du soir, heure de Paris, temps moyen.
L'occultation sera observable dans le Nord de la Russie et dans la Scandinavie.
4* B.A.C. 4255 (6-5 grandeur), le 26 avril, de 8''37" à 9'' 48" du soir, occultation de cette
étoile. Le phénomène sera visible dans le Nord-Ouest de l'Europe.
5* p' Sagittaire (4* grandeur), le 4 mai, à 10'' 40" du soir. Cette belle étoile sera occultée
par le disque de la Luné et l'observation pourra être faite dans la partie orientale de
l'Europe.
Le 18 avril, à 3*» du soir, la distance de la Lune à la Terre est périgée : 365.900''»» ;
diamètre lunaire = 32'38',8.
Le 4 mai, à 10^ du matin, la distance de la Lune àla Terre est apogée ; 404.200''™;
diamètre lunaire = 29' 33', 2.
Mercure. — La planète Mercure est encore visible pendant quelques jours, le
soir, à l'occident. Son éclat est celui d'une étoile de première grandeur, ce qui
permettra de trouver facilement cet astre.
Jours. Passage Méridien . Coucher. Différence Soleil. Constellation.
15 Avril 0»'59" soir. 8''32" soir. l''42" Bélier.
17 » 0 53 »> 8 26 » 1 33 »
19 »' 0 44 » 8 15 » 1 19 0
20 » 0 40 » 8 10 »» 1 13 »
22 » 0 29 » 7 56 » 0 56 »
Le mouvement de Mercure est direct jusqu'au 17 avril. A partir de ce moment,
il devient rétrograde. Le diamètre de la planète est de 10', 8 au 2i avril, sa dis-
tance à la Terre, ce même jour, est de 91 millions de kilomètres, et sa distance
au Soleil est de 56 millions de kilomètres au J5 avril.
158 L'ASTRONOMIE.
Vénus. — Vénus ne cesse de se rapprocher du Soleil jusqu'au -4 mai, jour où
elle passe derrière lui pour devenir étoile du soir.
Mars. — Mars se lève à 3*^59" du matin, le 5 mai, précédant le Soleil de 36™.
Toujours invisible.
Petites planètes. — Cérès continue à se présenter dans d'excellentes condi-
tions pour l'observation. Elle est facilement reconnaissable à l'œil nu.
Jours. Lever de Cérès. Passage Méridien. Constellation.
16 Avril 4»'31'" Soir. 11''20'" soir. Vierge,
21 » 4 7 » 10 57 » »
26 » 3 44 » 10 33 » »
l-'Mai 3 22 » 10 11 » «
6 » 3 1 » 9 49 »
-11 » 2 40 » 9 27 u »
Le mouvement de Cérès est toujours rétrograde et très lent. Cette petite pla-
nète séjourne dans le voisinage de l'étoile de 3,5« grandeur s Vierge, au Sud de
laquelle on pourra la voir, le 22 avril, à la faible distance de l^So'.
Le \" mai, Gérés est éloignée de 257 millions de kilomètres de la Terre et de
388 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 21 avril : Ascension droite... 12''57". Déclinaison... 10* O'N.
» 7 mai : « » 12 48 » 9 33 N.
Pallas est toujours dans les meilleures conditions pour l'observation, puisqu'elle
est visible toute la nuit. Les astronomes doués d'une excellente vue pourront
aisément la reconnaître à l'œil nu dans la constellation du Lion, surtout à cause
de son voisinage de p, belle étoile de 2» grandeur.
Jours. Lever de Pallas. Passage Méridien. Constellation.
16 Avril 2''44'" soir. 10'' 4" soir. Lion.
21 • 2 17 » 9 43 » »
26 » 1 51 » 9 23 » i>
1" Mai 1 26 » 9 3 » »
6 » 1 05 » 8 44 « »
11 » 0 43 » 8 26 » i>
Pallas continue sa marche rétrograde dans la direction du Nord jusqu'au 28 avril.
A partir de ce moment, la petite planète reprend sa marche directe, vers le Nord-
Est. Le 21 avril, Pallas sera en conjonction avec p Lion, au Nord de l'étoile et à
ladistancede 1»52'. Le 5 mai, nouvelle conjonction, distance des deux astres 2« 38'.
Le 1*"^ mai, Pallas est éloignée de 247 millions de kilomètres de la Terre et de
355 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 21 avril : Ascension droite... 11*'43"'. Déclinaison... 17* 5'N.
• 7 mai : » » 11 44 » 19 14 N.
Junon passe au méridien, à minuit, le 18 avril. C*est la meilleure époque pour
rétude de ce petit astre, qui devra être suivi autant que possible avec une jumelle
marine ou une lunette astronomique.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 159
Jours. Lever de Janon. Passage Méridien. Constellation.
18 Avril 5' 57" soir. minuit Vierge.
21 » 5 39 » IIMT- soir. »
26 » 5 14 » Il 24 »> »
!•' Mai 4 48 « 11 0 » »
6 » 4 23 » 10 37 » »
11 » 3 59 » 10 14 » »
Le 10 avril, Junon se trouvera en conjonction avec l'étoile de 4« grandeur,
T Vierge, au Sud et à la distance de 2o2o . Dans son mouvement rétrograde, la
petite planète se rapproche peu à peu de Ç Vierge, de 3« grandeur; le 10 mai
elle en sera éloignée de moins de 3°.
La distance de Junon à la Terre est de 337 millions de kilomètres au l*»^ mai
et de 479 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 21 avril: Ascension droite... 13'' 48". Déclinaison... 0*57' N.
» 7 mai : » » 13 36 » 2 23 N.
V'es^a est toujours invisible.
Jupiter. — Cette admirable planète brille toujours du plus vif éclat dans le
Lion, au Nord-Ouest de Régulus. Sa marche est rétrogade jusqu'au 21 avril au
soir, moment où elle atteint sa plus grande distance de Régulus.
Jours. Passage Méridien. Coacher. Constellation.
15 Avril 8M8- soir. 3*'28" soir. Lion.
19 » ,... 8 2 » 3 12 » »
23 » 7 46 » 2 56 M
27 » 7 31 » 2 41 »
l" Mai 7 15 » 2 29 » »
5 » 7 0 » 2 13 » »
9 » 6 45 » 1 58 i> »
13 » 0 30 » 1 43 » »
Le diamètre de Jupiter est de 36',6 au l©*" mai, sa distance à la Terre est de
748 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de 800 millions de kilomètres.
Continuer Tétude des satellites de Jupiter, avec une lunette astronomique. Les
personnes douées d'une très bonne vue pourront distinguer à l'œil nu, le 3« satel-
lite, lors de ses plus grandes élongations. Voici les dates favorables : 16, 19, 23,
26, 27 et 30 avril, 3, 4, 7, 8, 11 et 14 mai.
Éclipses des satellites de Jupiter.
20 Avril 10'' 28" soir. Immersion du 1« satellite occulté.
22 » 8 23 » Emersion 1 » éclipsé.'
26 » 9 8 » » 2 » i,
27 » 8 45 » » 4 » »
29 » 10 18 i> » 1 » »
3 Mai 11 44 >j » 2 » »
6 ï) 8 41 » Immersion 1 » occulté.
» » 12 13 » Emersion 1 » éclipsé.
10 » 8 55 » Immersion 2 » occulté.
13 » 10 7 » » 4 » »
» » 10 34 » » 1 « »
» * 10 45 » Emersio » éclipsé.
160 L'ASTRONOMIE.
Remarque. — Les 18, 21, 25 avril, l^-" et 1 i mai, les satellites sont d'un même
côté du disque de Jupiter.
Une observation très rare pourra être faite le i3 mal, de 10^34™ à 10^45» du
soir :un seul satellile, le 2^, sera visible, à l'Ouest, dans une lunette astronomique.
C'est là un phénomène très rare et dont nos lecteurs devront profiter.
Jupiter passant au méridien avant minuit, les satellites qui doivent entrer dans
Tombre pénètrent à TOrient du disque.
Saturne. — Cette planète continue son mouvement direct dans la constellation
du Taureau.
Jours. Passage Méridien. Coacher. Constellation.
17 Avril 3''35"' soir. li>'29- soir. Taureau.
22 » 3 17 » 11 12 » »
27 w 3 0 » 10 55 » »
2 Mai 2 43 » 10 38 » «
7 » 2 25 » 10 21 »
12 . 2 8 « 10 4 » i>
Le diamètre de Saturne est de 15', 4 au !«•• mai, sa distance à la Terre 1.177 mil
lions de kilomètres et au Soleil 1,33G millions de kilomètres.
Uranus. — Uranus rétrograde dans la constellation de la Vierge où il est aisé
de le découvrir à la simple vue, à peu près à égale distance des étoiles r^ et?; son
aspect est celui d'une étoile de 6« grandeur.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
17 Avril 4'" 9" soir. lO*" 16- soir. Vierge.
22 » 3 48 » 9 55 » »
27 » 3 28 o 9 35 » »
2 Mai 3 7 » 9 15 » »
7 » 2 47 » 8 55 » ■
12 » 2 27 » 8 35 » u
Le diamètre d'Uranus est de 4', 2 au l**'" mai, sa distance à la Terre 2.597 mil-
lions de kilomètres et au Soleil 2.710 millions de kilomètres.
Coordonnées au !•' mai : Ascension droite : 11^59-. Déclinaison : 0*58' N.
Étoiles filantes. — Tous les ans, du 19 au 23 avril, on remarque un flux con-
sidérable d'étoiles filantes qui a provoqué plusieurs fois de nombreuses chutes de
météores. On trouve dans les annales chinoises, plusieurs siècles avant notre
ère, des renseignements intéressants sur ce phénomène. Les points radiants qui
se manifestent simultanément sont au nombre de douze à quinze, parmi lesquels
on en distingue quatre principaux. Le premier est situé au Sud de 0 Hercule,
dans le voisinage de Véga ; il paraît se rattacher à la cdmète I, 1861. Le second
est près de |x du Serpent; le troisième un peu au nord de p Bouvier et le qua-
trième au Sud-Est de l'Épi de la Vierge. Eugènb Vjmont.
Erratum : page 115, ligne 23, lire après au lieu de avant.
CORRESPONDANCE.
Halo at parhéliofi obsey^j^és à ^fa72e (Basses- Alpes). — Extrait d'une lettre adres?5(^e
par M. N. Michel au Président de la Société scientifique Flammarion, de Marseille.
* Le 8 mars 1885, à 4'''23"' du soir, par une brume assez élevée, l'atmosphère supérieure
♦•tant transparente avec quelques Cirrus au zénith, le disque solaire otTrant un très vif
éclat, on vit un arc de cercle de 20* de rayon et de 50* de longueur, se former dans la
partie Sud-Ouest du Soleil, avec les couleurs de Tarc-cn-ciel, mais moins nettes. L'ex-
térieur de l'arc était jaunâtre, et l'intérieur rougeâtre assez intense. Cet arc s'est ensuite
étendu graduellement jusqu'au cercle entier; les parties latérales situées aux extrémi-
tés d'un diamètre horizontal passant par le Soleil gagnent en intensité et en netteté de
couleur.
« A V'SO*" une tache jaunâtre mal définie se forma symétriquement de chaque côté
du Soleil, dans la partie la plus lumineuse de l'arc. Peu à neu, ces deux taches tour-
nent au blanc brillant, celle de l'Est moins intense que celle de J'Ouest qui atteint à
4'' 30"* une splendeur égale à celle du véritable Soled, et lançaAt à l'opposé de celui-
oi. une gerbe de rayon*^ ressemblant à une queue de comète.
a Le phénomène a persisté dans cet état environ pendant dix minutes; après quoi le<*
taches se sont effacées. Tare s'est affaibli no laissant de visible qu'un grand croissant
de chaque côté du Soleil. Ces croissants diminuaient de longueur, et à 4'' 50"' on ne voyait
plus de traces de ce magnifique spectacle. »
C'est le n\éme phénomène que M. Luzet a observé à Orléans et décrit dans la
Revue de Mars.
M. Ghapellier, au Raincy. — Nous avons reçu votre projet pour la réforme du Calen-
drier, qui a été réuni aux autres pièces relatives au concours.
M. B. Bellot. à Cognac. — Merci de votre intéressante communication, votre obser-
vation sera utilisée dans notre statistique annuelle des tremblements de terre.
M. Vèze, à Verteuil. — La durée de l'année tropique, 365 jours 2 422 166, donnée dans
l'Annuaire du Bureau des Longitudes, a été calculée par Le Verrier pour le l"' janvier
1850. Vous n'avez qu'à appliquer la correction — 0 jour 0 000 000 688 par an fd'après
M. Faye) pour obtenir cette durée pour une époque quelconque. Je dois cependant vous
faire remarquer que les deux dernières décimales du nombre de Le Verrier ne sont pas
absolument certaines, et que, en prenant une valeur moyenne de 365 jours 24 222, sans
rorrection proportionnelle au temps, l'erreur totale n'atteindrait pas un seul jour au
bon t de 5000 ans.
W, Charles Rive au, à La Groie. — M' Gay et M' Cuau, dont vous nous citez le zèle
pou r la science astronomique sont deux exemples remarquables de ce que peuvent le
travail et la persévérance unis à Tamour de la science. Puissent-ils avoir de nombreux
imitateurs! Nous vous prions de leur transmettre toutes nos félicitations.
L'article que vous demandez nous parait intéressant et utile: il sera tait.
M. Lamoulinette, à Soulignonne. — Merci de votre intéressante communication. Elle
sera utilisée dans notre statistique générale.
M. André Ganel, à Saint-Étienne. — Votre idée est ingénieuse; mais l'agitation qui
favorise le refroidissement doit être une agitation interne qui amène à la surface des
particules tirées de l'intérieur. Une pareille agitation existe sur toute la surface du
Soleil, comme le prouvent les protubérances. Votre expérience n'apprendrait rien rela-
tivement au Soleil, parce que les effets dus au mouvement seraient entièrement masqués
par J'action des couches d'air voisines du globe en mouvement.
M- M. .los. et Jan Fric, à Prague. — Le Directeurde la Revue, actuellement à Nice,
n'a pu encore examiner les photographies astronomiques envoyées à Paris. Il s'om-
pressera de le faire dès son retour et vous remercie de votre proposition, au nom de
tous les lecteurs de C Astronomie.
MM. Francisco Ch.wes et Mello, aux îles Açores. •— La manière de compter les taches
solaires est, en effet, très irrégulière. Aussi ne peut-on guère comparer entre elles que
les observations faites par un même astronome et par un même instrument. Dans
l'exemple que vous signalez, c'est dix taches qu'il faudrait compter. Voilà pourquoi
il importe d'indiquer l'instrument et le grossissement employés. La seule méthode
d'apïjréciation sérieuse est celle que nous avons adoptée dans la Revue de Tannée
dernière dans l'exposé des mesures de surface tachées prises à l'Observatoire de
Greenwich. — Le Directeur de la Revue, absent de Paris, n'a pu vérifier l'étoile
P. XU. 230 du planisphère. 11 le fera dès son retour.
M. GuiOT, à Soissons. — Recevez nos félicitations pour vos importantes observations.
Dès Sun retour à Paris, M. F. s'empressera de véritiei* les deux étoiles rouge et bleue
signalées dans le Grand Chien.
M. de Lacerda, à Lisbonne. — On peut certainement se servir d'un héliostat pour l'usage
d'un astre dans le champs d'une lunette horizontale; mais s'il s'agissait de mesures pré-
cises à prendre, il serait difficile d'obtenir un mouvement régulier. Pour étudier les
raies du spectre solaire, c'est la disposition la meilleure, et c'est celle qui a été adoptée
par M. Tnollon à i'Observatoir.e ae Nice. — Recevez nos remerciements pour vos
notifications relatives aux nouveaux tremblements de terre.
M. Wilfrid Marsan, à Montréal. — Nous vous remercions bien sincèrement de vos
nombreux témoignages de sympathie ainsi que des belles photographies et publications
illustrées que vous nous avez adressées.
M. Théodore Larcher, à Villars-los-Dombes. -^ Les calculs que vous nous avez
adressés constituent umexercice intéressant et utile pour l'Astronomie; ils nous ont paru
exacts; nous vous en félicitons. Mais où avez vous trouvé les données que vous em-
ployez relativement à Sirius ?
MM. Bruodière et Lthou, à Marseille, ont observé l'appulse d'Aldébaran, du 22 février,
ainsi que l'occultation de 38 Béher, le 20 février. Cette dernière occultation a duré, 19*" de
plus à Marseille qu'à Paris: 59"' au lieu de 40."*
Madame de Nevil, à Bordeaux. — Tous les penseurs partagent vos sentiments. La
réponse à ces dénégations est déjà à l'impression et sera publiée prochainement dans
la Revue.
M. GriOT, à Soissons. — La plaine basse que vous avez observée le !•' mars sur le
bord Ouest de la Lune, au Sud-Ouest de la mer des Crises, est la mer de Smyth. Le
Cin:|ue esc celui de Neper. La carte générale de la Lune, qui sera prochainement publiée
par MM. Flammarion et Gaudibert, contient tous ces détails.
A. BARDOU
CONSTRUGTEUI D1NSTIUIENTS rOPTHlUE
FOURNISSEUR DO MINISTÈRE DE LA GLERBE
(Circulaire ministérielle du 29 Juillet ix:j
55, me de Chabrol, & Paris.
Lunettes astronomlqnes, corps cuivre avec ehen^heur. tubt
tJ'ocMlairt' à cnjmaillere pour la mise an foyer. Mouture .quat',
riale a latitiùk- variable de O a IMh», cercle" horaire ei<\ivi, ,k
dèctinaiâan rloriiiaiît la minute par les verniers; pince [»oui li\rr
la luneite eu 'iicliuaisoD. Pied en fonte de ferreposaut paiiru.?
vl» cali^nteii 8ur trois crapaudincs (fig. 1 >.
L'oculairË Itî plus faible est muni duo réticule.
lllAMETRE
l.'s cercles.
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OCULAIRES.
Ci'lestCii.
Grossisscmeutiv.
100, IGO et '2:u
100, 150, -200 et 4J0
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cui\Tc nvr
chercheur, pii' J fer et soutien de stabilité senant a din>er li
luneito |tîir mouvement vertical lent au moven d'une cnniail-
*(^reî Lube «ïoculaire à crémaillère pour la mise au foyer. I.iQ-
^umeI^tîAî^ 2i eî ses accessoires sont calés dans unebcite< i
saplQ rouge.
V é
II
O-'.iJël
OCULAIRES.
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360
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Terres-
tres.
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80 et 150
75, 120 et 200
85, 130 et 240
100, 100 et 270
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Lunettes astronomiques et terrestres, corps c-ulvrt.iii
fer, mouvetnents prompts, tube d'oculaire à cremaillir»- pur'
mise au foyer. Linstrument et ses accessoires sontcaKsdat-
une boite en sapin rouge.
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tres.
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Grossis-
seineuts.
90
100
80 et 150
On peut ajouter et Ton ajoute généralement à ces Jiv.
modèles :
Monture À prisme pour observer facilement au 7.|}
Prix 35 1/
Ecran pour examiner les taches du Soleil. Prix i^
Paris. — Imp. Gauthier- Villars» 55, quai des Grands-Augustins
MAYlilfîR'^
4° Année.
N" 5.
Mai 1885.
REVUE' MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DONNANT LB TABLEAU PERMANENT DES DÉCOUVERTES ET DBS PROORBS RÉALISÉS
DANS LA GONNAISSANCB DE L'UNIVBRS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LE CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN:
Paris : 12 fr. — Départements : 13 fr. — Étranger : 14 fr.
Prix du Numéro : 1 tr, 20 c.
La Revue parait le !•'' de Chaque Mois.
PARIS.
6AUTH1ER-V1LLARS, IHPRIHËUR-LIBRAIRË
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE DU N» 5 (MAI 1885).
1«8 oondltlons de la vie dans rUnlTere. Réponse à, M. Faye, par M. C. Flamm/irio!!
(1 figure). ~ 1«8 grands Instromenta de 1* Astronomie. L'Instrument méridien et les
observations méridiennes (suite)^ par M. P. Gérignt (1 figure).-- Statistique destremble-
ments de terre, par M. C. Détaille (1 figure). — NouToUes de la Science. Variétés : Chute
d'un uranolithc en Turquie, par M, F. A. Mavrooordato (1 figure). L'appulse d*Aldébaran, photo-
graphiée à Prague, par MM* Jos et JA.of Fric (L figure). Sociôtù scientifique Flammarion, de Har-
Reille (1 figure). — Obseryatlons astronomiques, par M. E. Vimont (2 figures).
PRINCIPAUX ARTICXBS PUBUÉS DANS LA RBVUB.
A. D'ABBADIB, de l'Institut. — GhoU d*nn premier méridien.
ARAGO (V.). — Le soleil de Minuit.
BERTRAND (J.), de l'Institut. ^tA satellite de Vénus.
BOfi (A. De), astronome à Anvers. — Li'IBtolle polaire.
DAUBRÈB, Directeur de l'Ecole des mines. — tios pierres tombées du Ciel.
DENNIN6 (A.), astronome à Bristol. —Observations télescoplques de Jupiter,- de Vénus
de Mercure.
DBNZA (P.), Directeur de l'Observatoire de Moncalieri. — Gbute d'un uraaoUtlie en Italie.
DETAILLE, astronome. — L'atmosphère de Vénus. — Nouvelles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblements de terre.
FAYE, Président du Bureau des Longitudes. ^ Nouvelle théorie du SolelL — Distribution
des taches solaires. — Mourements lents du sol en Suisse. —Xa formation du sys-
tème solaire.
FLAMMARION. — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une flrûnése dans
le Clei. — Comment on mesuré la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de l'infini. --
D'où viennent les pierres qui tombent du Ciel? — Les étoiles doubles. — Chute d*un
corps au centre de la terre. — La conquête des airs et le centenaire de Montirotf er. —
Les srandes marées au Mont Saint-Michel. — Phénomènes mètèoroloflrlques^bser-
vès en ballon. — Une excursion mètèoiçoloclaiie sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations créplisoulalres et le cataclysme de Krakatoa. —
Lk planète transneptunlenne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
vlcâmes de la foudre. ^
FORBL (le Professeur). — Les tremblements de terre.
6AZAN (Colonel). — Les taches du solea
6ËRIONY, antronome. -- Gomment la lune se meut dans l'espace, r- Ralentissement du
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sèlènographi-
ques. — L'èquatorlal coudé de l'Observatoire de Paris. — L'héllomètre. — La nais-
sance de la Lune.
HENRT, de l'Observatoire de Paria. — Découvertes nouvelles sur Uranus.
HERSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranollthe en An^rleterre.
HIRN, correspondant de l'Institut. — Conservation de l'ènersie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par Tatmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Directeur de l'Observatoire de Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
HUGOINS, de la Société royale de Londres. ^ Les environs du Soleil.
J AMIN, de l'Institut — Qu'est-ce que la rosée 7
JANSSEN.de l'Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon. — La photo|tràpliie céleste. —
Résultat» de l'éclipsé de SoleU du 6 Mal ISSd.
LEMAIRE-TESTE, de l'Observatoire de RioiJaQeiro. — Choix d'un premier méridien.
LEPAUTE. — Quelle heure est-il? -^ Le temps vrai, le temps moyen et les cadrans
solaires. — La chaleur solaire et ses applications Industrielles.
LESSEPS (de). — Les vagues sous-marin^ii.
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris.— Travaux actuels de l'Observa
toire de Paris. — L'Observatoire du Pic du Midi.— Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
MOUREAUX (Th.), météorologiste au Bureau eentrai. — Les Inondations.
PARMENTIER (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PERROTIN, directeur de l'Observatoire de Nice. — La comète de Pons. — La planète Uranus
PROCTOR, astronome à Londres. — Le Vésuve et ISGHIA.
RICCd, astronome à l'Observatoire de Palermo. — La grande comète de 1SS2.— La tache
rouge de Jupiter. — Les taches du Soleil^
Les communications relatives à la rédaction doivent être adressées à M. C. Flammarion, Direc*
teur de la Revue, 86, avenue de l'Observatol^, à Paris, ou à l'Observatoire de Juvtsy
ou bien à M. Gèrlgny, Secrétotre de la Rédaction, 41, rue du Montparnasse, A Paris.
Le pl&n du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con-
tient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font pat
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant les
savants curieux de pénétrer de plus on plus le^ grands problèmes de la nature.
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Maison de campagne, rue des Jardies, n* 9, dite Observatoire de Bellevue, donnant
sur le cliemin de fer, avec jardin d'agrément devant et derrière, élevée sur cave et
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S'adresser : Pour visiter, à I'Aoenge des locations de Bellevue. Grande- Rue, n* 22.
Et pour traiter, à M* Pierre, notaire à Meudon.
MAYllT^'^
— L'ASTRONOMIE.
IGl
LES CONDITIONS DE L4 VIE DANS LTNIYERS.
RÉPONSE A M. FATE.
M. Faye a publié, depuis uue dizaine d'années, dans ses ouvrages, dans
YAnnuaire du Bureau des Longitudes, dans les conférences de VAssociation
Fijç. 66.
Les principaux mondes du système solaire.
scientifique, etc., diverses objections contre la doctrine scientifique et philo-
sophique de la Pluralité des Mondes, qui ont ému un certain nombre de
lecteurs, et auxquelles nous sommes depuis longtemps sollicité de répondre.
Nou8h ésitionsy d'une part, à cause du sympathique respect qui nous a tou-
IfAi 1885. 5
162 L'ASTRONOMIE.
jours personnellement attaché à Téminent astronome français, — à*autre
part, parce qu^il nous semblait que ces objections n'ébranleraient pas des
convictions établies sur l'étude directe de renseignement universel de la
nature. Mais aujourd'hui, après plusieurs centaines de lettres reçues de toutes
les parties du monde à ce sujet, notre devoir le plus strict est d'obéir à un
mandat devenu presque impératif.
Sans rappeler ici, comme excuse, que notre ouvrage La Pluralité des
Mondes habités est, depuis un quart de siècle, traduit dans presque toutes les
langues de la planète et a compté plus de cent mille lecteurs, que les idées
répandues dans le monde par notre Astroîiomie populaire et par nos Terres du
Ciel sont connues d'un nombre plus considérable encore, et que, par les
journaux, les revues et les conférences, nous avons depuis vingt-cinq ans
parlé à plusieurs millions^ d'auditeurs, nous devons reconnaître sans fausse
modestie qu'à tort ou a raison, on nous considère comme le représentant
actuel de la doctrine de la Pluralité des Mondes, comme le défenseur de la
vie ultra-terrestre. Certes, les habitants de Mars ou du système de Sirius ne
s'en portent pas plus mal, que nous croyions ou non à leur existence, et
très certainement l'opinion des homoncules terrestres à leur égai-d leur est
de la dernière indifférence. Mais nous sommes sur la Terre; nos amis com-
mencent à nous blâmer de notre silence et à nous accuser de n'avoir rien à
répondre aux éloquentes accusations portées coptre les habitants des autres
Mondes par le savant académicien français; et il serait de mauvais goût de
paraître vaincu, lorsqu'on reste vainqueur par la force même de la vérité.
Nous nous bornerons à reproduire textuellement les arguments de notre
antagoniste, et à établir qu'ils ne possèdent pas du tout l'importance que leur
auteur leur attribue.
Ceux qui chercheraient ici des sujets de personnalité perdraient leur
temps : il s'agit uniquement d'une question d'intérêt scientifique général.
S'il nous arrivait parfois d'être un peu vif dans ce combat à armes loyales,
notre savant maître sera le premier à nous pardonner ( * )^ et cela du reste
sans grand mérite : nous savons d'avance que nos démonstrations ne modi-
fieront en rien sa manière de voir, et nous avons la conviction intime
qu'après cette réplique comme avant, M. Paye continuera de déclarer que la
Terre est le meilleur des Mondes, et le seul digne d'être illustré par des Aca-
démies et des Observatoires. Cependant, ne restons pas sans espérance.
v') L'éditeur aussi, qui est en môme temps l'éditeur de M. Faye, d'autant mieux que
la première édition de l'Origine du Monde étant épuisée, notre réponse va tout de
suite servir à faire demander la seconde à ceux qui n'ont pas lu la première. Notre
bataille est, comme on le voit, à tous les égards, aussi courtoise que celle de Fontenoy.
Et elle aura de plus Tavantage de ne laisser ni morts ni blessés.
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L UNIVEUS. 163
Notre éminent contradicteur appartient à cette nature d*esprits d'élite qui
reconnaissent volontiers qu*ils se sont trompés. Ainsi, par exemple,
entre autres, depuis longtemps déjà nous regrettions, quelquefois avec une
certaine impatience, de le voir nier la connexion qui existe entre le magné-
tisme terrestre et les fluctuations de l'activité solaire : à Tune des dernières
séances de Tlnstitut, il a enfin déclaré qu'il changeait d'opinion et se rendait
à la vérité. Espérons qu'il en sera de même un jour pour le sujet qui fait
aujourd'hui Tobjet de notre discussion.
I.
Kepler, Galilée. Newton ont laissé dans la Science l'idée que la Terre n'a
pas l'importance que l'antiquité lui attribuait à l'époque où on la croyait
immobile au centre de l'Univers. « On s'est dit, écrit M. Faye (*), que
l'Univers doit se composer d'une infinité de Mondes ayant chacun, comme
le nôtre, un Soleil pour centre, et que ce vaste ensemble ne peut avoir été
créé pour rien: que la Terre, insignifiante sous tous les rapports, ne saurait
avoir seule le privilège de porter des êtres vivants et intelligents. Vous avez
vu cette idée poindre sous la plume de Newton. Les Mondes habités, la vie
répandue à profusion dans F Univers, sous les formes les plus variées : quel
vaste chîimp pour l'imagination !
« Pour l'imagination, soit; mais pour la science, non. Sur le point de fait
la Science est et restera muette. Même, dans notre propre Monde, les planètes
sont trop éloignées de nous pour que nos plus puissants télescopes nous y
fassent distinguer des êtres vivants, ou même des traces indirectes de leur
existence. Quant aux planètes qu'on se plait à attribuer à ces millions de
soleils, on ne les voit pas, on ne les verra jamais.
« Voici à peu près tout ce qu'un astronome peut affirmer à ce sujet.
Regardez le Ciel, et dites-vous bien que, de ces myriades d'astres, que les
lunettes vous y font voir, aucun n'est habité, puisqu'ils sont tous en état de
pleine incandescence; aucua ne le sera jamais, parce qu'à l'époque de leur
extinction, alors qu'un être vivant pourrait mettre le pied sur leur écorce
refroidie et solidifiée, il n'y aura pas pour eux, à cause de leur immense
éloigncment mutuel, de soleil voisin pour leur départir la chaleur et la
lumière. »
Telle est l'argumentation de M. Faye, et c'est dans ces paroles qu'il résume
sa pensée. Cette argumentation, que nous prions nos lecteurs de vouloir bien
relire mot h mot et peser comme le mérite la haute situation scientifique de
(») Sur VOrigine du Monde, p. 243.
iG4 LASTRONOMIË.
son auteur, pourrait être écrite sous une forme plus concise, sans rien perdre
de sa signification, dans les termes suivants :
Il n'y a dans TUnivers que ce que nous voyons. Nous ne voyons ni les
planètes qui pourraient exister autour des autres soleils, ni les habitants
qui pourraient exister sur les planètes de notre système. Donc la Terre est
le seul Monde habité.
Une telle argumentation est-elle bien sérieuse? Oui, si Fauteur veut dire
que, d'une part, les millions de soleils qui brillent dans l'espace infini ne
sont entourés d'aucun système planétaire, et que, d'autre part, les planètes
de notre système sont inhabitables. Occupons-nous d'abord du premier
point; nous réserverons le second pour la fin. Donc, sur le premier point»
l'auteur propose d'admettre que notre soleil seul a donné naissance à une
famille de mondes : nous sommes justement ici pour le savoir. Mais les
millions d'autres brillent sans rien éclairer, brûlent sans rien échauffer,
parcourent leurs cycles sans avoir rien produit. Si telle est bien la pensée de
l'auteur — et comment en douter, puisque dans le cas contraire son argu-
ment n'aurait aucune signification? — nous nous bornons à l'enregistrer, et
nous pensons que cela suffit.
Imaginer ce néant universel et le proclamer comme supérieur à la grande
doctrine de Kepler, Galilée, Newton, Laplace, Herschel, c'est assurément là
une idée originale; seulement, nous nous permettrons de dire à notre tour
que c est cette idée-là qui est sans fondement scientifique. De plus, elle a
contre elle l'analogie, puisqu'elle tend à poser la nature que nous con-
naissons, le système du Monde où nous sommes, comme une exception. L'idée
est en elle-même anti-scientifique, puisque depuis l'invention du télescope
et du microscope tous les progrès de la Science sont venus graduellement
démontrer que nos yeux ne connaissent, au contraire, presque rien de ce qui
existe en réalité.
Prétendre qu'il n'y a pas de planètes autour des autres soleils, parce que
nous ne les voyons pas, c'est laisser debout tout entier l'édifice que Ton croit
renverser par cette dénégation. M. Faye a voulu dire, sans doute, qu'il y en
a tout de même, mais que nous n'en savons rien. Dans ce cas, ce n'est que
très vaguement contredire ce qu'ont dit Kepler, Kant, Lambert, Laplace, etc.,
dont l'opinion estjudicieusementfondée sur l'aspect de 'notre système solaire
et sur la probabilité que les autres soleils ont pu produire ce que le nôtre
a produit. C'est cette probabilité qu'il faudrait renverser. Or, malgré l'impos-
sibilité matérielle dans laquelle nous sommes de voir les planètes apparte-
nant à d'autres systèmes, cependant les derniers progrès de l'Astronomie
confirment les pressentiments de Kepler et de ses émules, comme ils l'ont
fait pour les planètes situées entre Mai-s et Jupiter; et il est difficile de
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L^UNIVERS. 165
concevoir que Fauteur de l'ouvrage sur V Origine du Monde, auquel sont fami-
lières toutes les indications de la Cosmogonie, n'ait pas songé que les planètes
sont lumineuses avant d'être éteintes, et que nous ne pourrions voir dans le
Ciel que des planètes encore lumineuses. Mais s'il y avait songé, il aurait
vu son échafaudage d'arguments tomber tout d'une pièce, et c'eût été là
un moment désagréable. En effet, l'illustre président du Bureau des Longi-
tudes n'avait qu'à prendre un télescope et à le diriger sur Sirius. Il aurait
vu là une planète encore lumineuse, tournant autour de son étincelant soleil
en une période, de 49 ans et demi. Quand cette planète ne brillera plus par
elle-même (peut-être déjà brille-t-elle en partie d'une lumière réfléchie), ne
sera-l-elle pas un Monde analogue à Jupiter, Saturne ou la Terre?
M. Faye soutiendrait-il que le refroidissement n'ira pas plus vite dans ce
satellite de Sirius que dans son colossal soleil? Non, certainement. Eh bien,
on peut faire la même réflexion., malgré les différences d'excentricité, pour
tous les systèmes d'étoiles doubles dans lesquels l'une des composantes est
beaucoup plus petite que l'étoile principale. Quant aux corps célestes qui sont
déjà obscurs, comme la Terre, nous ne les voyons pas et voilà tout.
Mais de là à dire qu'ils n'existent pas il y a un abîme, la faiblesse de nos
yeiuL n'empêchant pas du tout la probabilité de rester en faveur de leur
existence.
Nous conclurons donc de ce premier point que M. Faye n a pas voulu dire
qu'il n'y a pas d'autres systèmes de planètes habitables que le nôtre, car
cette opinion serait trop en désaccord avec l'enseignement de l'Astronomie.
Il a seulement voulu dire qu'en fait, nous ne voyons ni ces planètes ni leurs
habitants : ce que nous savions déjà, et ce que nous admettons sans restric-
tion. Mais la probabilité de l'existence de systèmes solaires difi'érents du
nôtre n'est pas diminuée d'un iota par ce fait que nous ne les voyons pas.
II.
Cette probabilité reste si grande, si voisine de la certitude, que M. Faye
a écrit lui-même les déclarations suivantes, qu'il n'est pas sans intérêt de
placer en regard des précédentes :
« La vie ne peut se rencontrer que sur un corps déjà froid associé à un
autre corps chaud, plus ou moins voisin, qui lui fournit, à dose modérée,
la chaleur indispensable. Les soleils jouent précisément ce rôle-là par rapport à
leurs planètes. Tant qu'ils brillent, tant qu'ils possèdent l'enveloppe photo-
sphérique dont nous avons décrit l'an dernier les fonctions, ils sont merveil-
leusement organisés pour distribuer autour d'eux une lumière et une cha-
166 L'ASTRONOMIE.
leur constantes pendant une longue suite de siècles. Leur grande masse,
la fluidité de cette masse, la formation et l'entretien d'une photosphère
durable sont des conditions fréquemment réalisées dans TUnivers (*). »
On le voit, le savant astronome s'est chargé lui-même de nous faire en-
tendre que sa phrase citée plus haut : « Quant aux planètes qu'on se jplait ù
attribuer à ces millions de soleils, on ne les voit pas, on ne les verra jamais, »
ne dit pas du tout ce qu'elle a Tair de dire, car Tauteur, étant lui-même un
de ceux qui « se plaisent » à admettre l'existence de planètes autour d'autres
soleils « merveilleusement organisés » pour entretenir la vie à leur surface,
serait mal inspiré de traiter d'esprits superficiels ceux qui se plaisent égale-
ment à admettre cette existence. Au fond, il est donc entièrement de leur
avis. Nos lecteurs auraient donc le plus grand tort de croire que M. Faye
porte un coup mortel aux doctrines qui leur sont chères. C'est le contraire
qui reste après examen. Pour lui aussi, les soleils de l'infini illuminent des
planètes inconnues. Pour lui aussi, la lumière et la chaleur de ces lointains
foyers se répandent en flots de vie sur les séjours qui sont propres à les
recevoir. A moins de supposer que, pour M. Faye, il n'y ait que « de l'imagi-
nation » dans le passage textuel que nous venons de citer, nous penserons
qu'il y a aussi un peu de « science ». Nous ne comprenons donc plus du
tout ce qu'il a voulu dire à la page réfutée au § I. Notre réfutation même
devient superflue, puisque l'auteur a bien voulu se réfuter lui-même.
III.
Oui, en principe (et le moyen de faire autrement?) M. Faye, permet à la
nature d'avoir créé des planètes autour des soleils de l'espace, et il ne s'op-
pose pas à ce que la vie ait pu y apparaître. Mais, procédant aussitôt par
voie d'élimination, il s'efforce d'exclure tous les systèmes qui ne seraient
pas absolument identiques au nôtre. Et d'abord il condamne toutes les étoiles
doubles et multiples.
Or, examinons un instant cette élimination des étoiles doubles. Prétendre
qu'une planète circulant autour d'un soleil appartenant à un système d'étoiles
doubles serait inhabitable, revient à déclarer que toute la population de la
Terre disparaîtrait demain si Neptune brillait de sa propre lumière I
Que disons-nous là? C'est encore pis. C'est déclarer que dans ce cas la ne
elle-même, végétale, animale, humaine, ne serait pas née sur la Terre, si
Neptune brillait de sa propre lumière.
Or, — nous regrettons de l'affirmer aussi franchement — si Neptune bril-
(•) Annuaire du Bureau des Longitudes, 1874, p. 481.
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 167
lait de sa propre lumière, la vie serait exactement ce qu'elle est sur la Terre,
Thumanité elle-même ne s'en porterait pas plus mal, le Bureau des Longi-
tudes tiendrait ses importantes séances comme il le fait, et la seule diffé-
rence serait un intérêt de plus ajouté aux colonnes de chiffres, déjà^si élo-
quentes en elles-mêmes, de la Connaissance des Temps.
En effet, admettons pour Neptune-soleil, non pas un éclat minimum (nous
aurions trop beau jeu, et nous ne voulons pas triompher sans gloire), mais
une valeur calorifique et lumineuse relativement importante. Admettons que
ce soit là un soleil dont le diamètre égale le quart de celui du Soleil et dont
la masse égale aussi le quart de la masse totale de notre soleil. Les diffé-
rences sont parfois beaucoup plus grandes dans certains systèmes d'étoiles
doubles.
Eh bien \ dans ce cas même, le soleil neptunien serait égal au quart du
nôtre à la distance 1, au quart, en diamètre, ce qui donne comme sur-
face Y^. Il vogue à la distance. 30. Son disque serait donc égal à îyô, en dia-
mètre, de celui du Soleil, ou à 74700 ^^ surface. Nous en recevrions donc, en
le douant d'une valeur lumineuse et calorifique intrinsèquement égale à
celle du Soleil, 14 000 à 15 000 fois moins de lumière et de chaleur que
nous n'en recevons du Soleil. Il n'y aurait là qu'une seconde lune, moins
grosse mais plus brillante que la nôtre, qui, pendant quelques mois chaque
année, viendrait trôner au milieu des constellations zodiacales. Le chiffre de
la population n'en diminuerait sans doute pas d'une manière bien sensible.
Et qui sait? ce serait peut-être là au contraire un élément favorable à son
accroissement.
Soit ! répondra l'éminent critique, mais la masse de ce Soleil va bien nous
embarrasser. Impossible de s'en accommoder !
En effet, ce serait nouveau pour' nous. L'influence attractive de ce soleil en
opposition étant le quart de celle du Soleil à la distance 1, serait par consé-
quent gfj- de ce quart à la distance 29, ou -^j^. Or, le Soleil fait tourner la
Terre autour de lui en l'abaissant vers lui de 38'" par heui-e, pendant qu'elle
décrit une ligne de 106 000^™. Le soleil neptunien l'attirant 3364 fois moins,
dans sa position la plus favorable, la dévierait donc de 11 "29 dans ce même
temps. Déjà, dans l'état actuel des choses, Jupiter, dont la masse est égale
à ytjij de celle du Soleil, et qui arrive à la distance 4,2 de la Terre, agit sm-
nous dans la proportion de iotoxi7.64 ^^ ^^ tïtôô ^* dévie notre planète
de 2" 10 au maximum. Personne ne s'en aperçoit, assurément. Personne ne
s'apercevrait davantage de l'influence causée par Neptune, si sa masse était
même, comme nous l'avons posé, 81 000 fois plus considérable que celle de
la Terre, ou cinq mille fois plus grande qu'elle n'est en réalité.
168 L'ASTRONOMIE.
Ce raisonnement est établi pour le mouvement circulaire ou faiblement
elliptique. Dans Thypothèse d'une grande excentricité, lors même que les
perturbations seraient dix fois, cinquante fois, cent fois plus fortes, l'exis-
tence vitale de la Terre ne serait pas mise en péril pour cela. Celle de Vénus
et celle de Mercure le seraient encore moins. Nos saisons seraient un peu
différentes. Nous aurions parfois un petit soleil venant éclairer certaines
nuits ou ajouter sa lumière à certains jours. Les choses différeraient plus ou
moins de ce qu'elles sont actuellement. Mais, avec la meilleure volonté du
monde, il est impossible de trouver aucune raison suffisante pour déclarer
que, dans ces conditions, le protoplasma, origine delà vie végétale, animale
et humaine, n'aurait pu se former comme il l'a fait dans les eaux tièdes des
mers de Tépoque primordiale.
Il est vrai que les systèmes d'étoiles doubles présentent, en général, des
excentricités considérables, comparativement même à nos planètes les plus
excentriques, comme on peut se le rappeler par le petit tableau suivant :
Planètes. Excentricités
Mercure 0,21
Atalante 0,30
Polymnic 0,24
iEthra 0,38
. Étoiles doubles.
Yj Couronne boréale . . . 0,26
7 Couronne australe... 0,35
Ç Grande-Ourse 0,42
<i) Lion 0,54
r, Cassiopéc 0,62
Ç Bouvier 0,71
r Vierge 0,87
Celte dernière est la plus grande de toutes celles connues, et en terminant
la série, montre que tous les degrés d'excentricité sont représentés dans les
orbites d'étoiles doubles. Sir John Herschel en concluait, précisément à pro-
pos du beau système de y Vierge, qui a fait l'objet spécial de ses éludes, que
s'il y a des planètes autour de chacun de ces deux soleils « elles doivent êti-e
serrées sous l'aile protectrice de leur berceau. » Et c'est là, en effet, ce que
l'on peut et ce que l'on doit penser. N'oublions pas que la distance qui sépare
ces deux soleils l'un de l'autre est bien autrement vaste que celle qui sépare
Neptune du Soleil. Cette situation crée, sans contredit, des conditions toutes
différentes de celles qui sont réalisées dans notre système solaire; mais
pourquoi prétendre qu'il faut que les choses soient précisément telles qu'elles
sont ici, ou qu'elles ne soient pas du tout? L'enseignement universel de la
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 169
nature nous montre au contraire une tendance à une diversité presque infi-
nie. C'est du reste là un point de controverse fort important, sur lequel nous
reviendrons tout à l'heure.
Et quels merveilleux séjours que ceux des Mondes éclairés par deux soleils
d'inégal éclat ou de différentes couleurs ! De ce que nous nous chauffons
aux rayons d'un pâle soleil, M. Faye déclare que, partout où existent deux
brillants soleils de diverses nuances, la nature est restée stérile et inanimée.
C'est l'histoire de l'Esquimau transporté dans les bosquets d'or du rivage
napolitain, ébloui des ardeurs d'une trop vive lumière, se retournant vers le
Nord et regrettant la patrie.
lY.
Après avoir exclu les étoiles doubles, M. Faye élimine les étoiles variables,
les étoiles rouges et les étoiles refroidies. Dans le cas précédent, l'élimination
était fondée, comme nous venons de le voir, sur ce que nous nous permet-
trons d'appeler une erreur d'appréciation. Dans celui-ci, elle est fondée sur
une conception partielle et incomplète de l'un des plus grands facteurs de
l'œuvre cosmique, le Temps. Prouvons-le.
Les étoiles variables, les étoiles rouges et les étoiles oxydées sont les soleils
d'hier, comme les nébuleuses sont les soleils de demain. Mais c'est nous,
homoncules de l'atome terrestre, qui disons hier et demain. Ce sont là des
mots dénués de sens absolu. Si notre conception de l'Univers a la prétention
de s'élever à la réalité, il faut que, quoi qu'il lui en coûte, elle comprenne
que notre époque actuelle n'est pas plus importante que celles qui l'ont
précédée et que celles qui la suivront; il faut qu'elle embrasse la durée des
âges, qu'elle suive les soleils et les systèmes de mondes depuis leur nais-
sance jusqu'à leur mort. Lors donc que nous parlons d'un soleil ou d'une
planète, et que nous voulons apprécier son rôle dans la création, nous devons
considérer l'astre dans sa durée totale, et non dans le moment isolé et insi-
gnifiant où nous parlons de lui.
Eh bien! dans la théorie de l'Univers généralement reçue et admise par
M. Faye (*) comme par les autres astronomes, les étoiles rouges, les étoiles
variables, les étoiles oxydées chez lesquelles l'hydrogène est devenu rare,
sont des soleils refroidis, des soleils arrivés à leur dernière période. Objecter
à la doctrine générale de la pluralité des mondes que ces soleils ne sont
plus propres à entretenir la vie autour d'eux, c'est simplement dire qu'il n'y
a plus personne à Thèbes, à Memphis ou à Babylone. Que les lecteurs de
l'habile écrivain ne s'y laissent donc pas prendre. Personne n'a jamais exigé
(*) Annuaire du Bureau des Longitudes, 187 i, p. 482, note.
5*
170 L'ASTRONOMIE.
que les momies se lèvent de leurs sarcophages pour venir prêter serment
qu'elles ont réellement vécu. Les soleils oxydés sont de vieux soleils. Ils ont
été jeunes; et tout ce que M. Faye a accordé tout à l'heure à ceux qui sont
actuellement jeunes, il faut qu'il l'accorde pour le passé à ceux qui Tont été
autrefois. Cette nouvelle objection s'évanouit donc d'elle-même^ puisque la
doctrine de la vie universelle ne tient pas notre époque actuelle pour unique
et embrasse le temps comme Tespace.
V.
Descendant des régions sidérales aux régions planétaires, Tauteur rétrécit
encore davantage, s'il est possible, son mode d'argumentation, en avouant
qu'il ne comprend et n'admet aucune sorte d'êtres vivants, à moins qu'ils ne
soient absolument identiques à ceux que nous avons sous les yeux sur
la Terre. Et il qualifie de vulgaire le raisonnement suivant, dont, pour notre
part, nous acceptons pleinement la responsabilité :
« On avoue que, d'un monde à l'autre, les milieux varient, probablement
du tout au tout; mais, s'il s'agit de la vie, il ne serait pas rationnel, dit-on,
d'en juger par ce qui se passe sous nos yeux, sur notre propre globe. Nous ris-
quons fort de raisonner, dit-on, comme un individu qui n'aurait jamais vu de
fleuves, de lacs ou de mers : celui-là soutiendrait que la vie ne peut s'établir
hors d'une atmosphère respirable; pour lui, tout être pénétrant dans les
eaux devrait y être asphyxié. Et pourtant les eaux sont abondamment
peuplées. De même, ajoute-t-on^ la vie, avec sa flexibilité indéfinie, s'accom-
mode des circonstances les plus diverses; il n'est donc pas permis de
prononcer qu'elle est absente dans des régions éloignées de l'Univers, pai*
cela seul que les milieux ou les conditions seraient différents des nôtres.
« S'il en était ainsi, nous n'aurions qu'à clore ici ce chapitre ('). »
M. Faye a merveilleusement et très clairement posé là sa pétition de prin-
cipe. Psychologiquement, au surplus, c'est la même idée que celle dont il a
été question au début de cette discussion : « Il n'y a dans l'Univers que ce
que nous voyons, que ce que nous connaissons, que ce que nous compre-
nons, w II serait facile de retrouver dans la longue et belle carrière scienti-
liquc de M. Faye des afiirmations analogues qui ont été contredites, de son
vivant même, par les progrès si rapides de la Science moderne. Mais nous
SLTiou-s désolé de lui faire aucune peine, et, au lieu de citer ses propositions
anciennes personnelles, du même ordre que les précédentes, que la Science
a complètement renversées depuis, nous en emprunterons d'analogues à ses
collègues de l'Institut — et à ses collègues morts, pour éviter aussi là les
(V,i Sur VOrigine du Monde, p. 245.
f
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 171
moindres blessures d'amour-propre et laisser notre dissertation planer dans
les hauteurs impersonnelles où elle doit se tenir.
L'éminent astronome français nous paraît appartenir à la môme école que
les illustres naturalistes qui ont justement fait en ce siècle l'orgueil de
l'Académie, Cuvier et Flourexs. Ces deux grands hommes auraient pu dii*e
également :
« Nous ne voyons pas les espèces végétales et animales changer autour de
nous : donc elles ne changent pas; donc elles sont immuables; donc elles
ont été créées tout d'une pièce, telles que nous les voyons. »
Ils n'auraient pas seulement pu tenir ce langage, ils l'ont tenu en réalité.
Écoutons-les un instant ;
« Les espèces sont constantes et immuables. De quelque côté que Ton
envisage la question, l'immutabilité des espèces est le grand fait, le fait qui
ressort de tout et que tout démontre {*). »
« Pour concevoir la transformation d'une espèce en une autre, on serait
forcé d'admettre des modifications lentes et graduées, et par conséquent des
événements ou des causes qui aient agi graduellement aussi. Or, de telles
causes n'ont point existé. Les catastrophes qui sont venues détruire les espèces
ont été subites, instantanées ('). »
« Lors donc qu'on irait jusqu'à accorder que les espèces anciennes au-
raient pu, en se modifiant, se transformer en celles qui existent aujourd'hui,
cela ne servirait à rien, car, comme le dit M. Cuvier, elles n'auraient pas eu
le temps de se livrer à leurs variations ('). »
« Les espèces perdues ne sont pas des variétés des espèces vivantes. Pour-
quoi les races actuelles, me dira-t-on, ne seraient-elles pas des modifications
de ces races anciennes que l'on trouve parmi les fossiles, modifications qui
auraient été produites par les .circonstances locales et le changement de
climat, et portées à cette extrême différence par la longue succession des
années? On peut répondre que, si les espèces ont changé par degré, on devrait
trouver des traces de ces modifications graduelles, et que cela n'est point
arrivé. Donc, etc. (*)• »
Sans multiplier ces citations, qu'il nous suffise de dire que toutes ces
affirmations officielles de Cuvier et Flourens sont aujourd'hui renversées de
fond en comble par les progrès de la Science. Les révolutions du globe n'ont
pas été a subites, instantanées ». Les espèces n'ont pas été l'objet d'une
création directe du Pouvoir créateur : elles se tiennent toutes comme les
{*) Flourens. Histoire des travaux de Cuvier,
(«) id. id. id. id.
(•) id. id. id. id.
{*) Cuvier. Discours sur les révolutions du globe.
i72 L'ASTRONOMIE.
anneaux d'une chaîne. On a retrouvé des espèces intermédiaires. Les causes
ont agit graduellement et lentement. L'espèce n'est pas immuable, et même,
en fait, elle n'existe pas. Or, Guvier, Flourens et leurs émules se sont obstinés
à ne pas voir plus loin que leur horizon immédiat. Pour quelles raisons?
Nous ne le rechercherons pas. Mais la théorie naturelle de la transformation
des espèces avait été magistralement posée, dès le commencement du siècle,
par Lamarck, et elle a été éloquemment défendue contre Cuvier même,
en 1830, par Geoffroy Saint-Hilaire. Mais ces esprits sont restés volon-
tairement fermés à tout ce qui était en dehors du cadre de leurs idées quo-
tidiennes; ils se sont tenus surtout à la tête des honneurs et des places
officielles; Lamarck est mort méconnu et abandonné comme une nullité au
Muséum d'histoire naturelle; tous les partisans de la doctrine du transfor-
misme ont été traités de rêveurs, jusqu'au jour où le naturaliste indépendant
Darwin, reprenant l'œuvre de Lamarck, la répandit sur le monde et l'imposa.
Ne semble-t-il pas que, pour leur gloire, les négateurs de cette grande doctrine
eussent été mieux inspirés de voir un peu plus loin? S'appeler Cuvier et
fermer les yeux, n'est-ce pas là un exemple regrettable?
Il y a moins loin qu'on ne le supposerait du raisonnement de Cuvier à
celui de M. Faye : c'est le même principe. (Il serait superflu de déclarer que
nous n'établissons aucun parallèle entre les caractères scientifiques de notre
contemporain et celui de ses aînés : nous sommes aux antipodes d'une
pareille intention). Mais, en principe, M. Faye raisonne comme eux : il ne
veut rien admettre en dehors de l'observation immédiate, et pour lui la
faculté d'abstraire et de généraliser semble lettre morte.
Le pouvoir amplificateur des télescopes n'ira jamais plus loin qu'au-
jourd'hui. On n'inventera pas de nouvelles méthodes d'observation. On ne
verra « jamais » les planètes des autres systèmes.
Huygens, célèbre astronome aussi, avait déjà dit, en 1655, après avoir
découvert le principal satellite de Saturne : « Ce satellite est le seul, car,
comme il n'y a que six planètes il ne doit exister que six satellites. » Depuis,
on en a découvert sept autres à Saturne seul , quatre à Uranus, deux à
Mars, etc.
En 1828, MM. Thiers et Dupin ne déclaraient-ils pas que les chemins de
\ ter n'avaient aucun avenir et que les locomotives ne remplaceraient jamais
i les diligences, les roues devant tourner sur place ?» — Depuis, les chemins
f de fer ont transformé la face du monde.
(Nous ne parlerons pas de la manière dont Napoléon a traité l'invention de
Fulton, Napoléon n'étant pas un homme de sciences.)
Les naturalistes disaient, il y a vingt ans : « La pression et l'obscurité sont
deux obstacles insurmontables à l'existence d'êtres vivants à partir de trois
ir
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 173
cents mètres. L'Océaa est un désert. » — Depuis, on a trouvé les êtres les
plus ravissants et les plus délicats à sept et huit mille mètres de profondeur.
M. Faye écrit aujourd'hui : « La Science de nos jours se sait en possession
de méthodes qui la font pénétrer à la fois jusqu'aux derniers atomes des
corps et jusqu'aux dernières étoiles du Ciel. » — Quelle illusion!
Il dit encore : « On ne saurait croire que la vie puisse être jamais transmise
d'un globe à un autre par les météorites, qui, en entrant dans notre atmos-
phère, passent bi'usquement du froid de l'espace à la plus vive incan-
descence. » — Or, sans même prendre parti pour ou contre une telle hypo-
thèse, on peut répondre que cette incandescence ne serait pas un obstacle à
la conservation de germes quelconques, puisqu'il n'y a que la surface des
uranolithes qui s'échauffe et que l'intérieur reste glacé à un tel point, qu'on
s'est plus d'une fois brûlé les doigts en touchant cet intérieur mis à jour.
Et encore : « L'azote, l'oxygène et la vapeur d'eau sont par eux-mêmes
absolument insuffisants pour entretenir la vie. Si notre atmosphère et nos
eaux venaient à être privées des faibles traces d'acide carbonique qu'elles
contiennent, la vie ne tarderait pas à disparaître de la surface de ce globe.
Il en serait encore de même si la proportion de ce gaz dépassait certaines
limites (*). » — Eh bien, quoique notre atmosphère, constituée telle qu'elle
est, soit le milieu normal des êtres qui y respirent, il y a, sur la terre même,
des êtres qui peuvent vivre sans air, sans oxygène : ceux-là, l'oxygène les
tue ! Exemple le bacillns amylobacter.
« Il faut aussi un peu de chaux » (*). — Et les êtres qui n'en ont pas du
tout et qui la remplacent par la silice ?
Il faut encore que tout soit juste dans les proportions terrestres : « L'ana-
lyse spectrale montre que les éléments premiers des corps sont partout les
mêmes; partout on rencontre les mômes affinités, les mômes combinai-
sons. Mais ces éléments ne se retrouvent pas partout dans les mêmes propor-
tions ('). »
Il faut encore « exclure les globes qui, comme Saturne, sont entourés
d'anneaux opaques dont l'ombre, portée sur les régions les plus favorables
au développement de la vie, y produit çà et là, périodiquement, des éclipses
continuelles (*). »
Etc., etc. Nous ne voulons pas fatiguer le lecteur de citations trop multi-
pliées. Celles qui précèdent sufiisent amplement pour montrer que, dans la
pensée de M. Faye le seul mode d'existence qu'il accepte et qu'il permette à
(') Annuaire, 1874, p. 489.
(*) Sur VOrigine du Monde, p. 247.
(•) id. . id. p. 248.
*) Annuaire, p. 485
174 L'ASTRONOMIE.
la nature de réaliser est celui qui se rencontre actuellement sur notre planète,
dans les conditions actuellement connues de l'auteur. Tout séjour qui ne
ressemble pas au nôtre, ou, pour mieux dire encore, qui n'est pas identique
au nôtre, est fatalement condamné à la stérilité éternelle.
Dans cette opinion, il n'y a, par pétition de principe même, que la Terre
d'habitable. Ainsi, dans notre système solaire, Mars, avec ses saisons, ses
eaux, son atmosphère, ses météores, ses continents, ses mers, ressemble
tant à notre patrie, que notre sévère juge ne peut guère s'empocher de lui
permettre d'être habité comme notre globe, mais ce n'est encore qu'avec un
regret bien senti : « Encore faut-il avouer que l'aspect invariable de ses
continents rouges, contrastant avec ses mers légèrement verdâtres, n'est
guère favorable à l'idée d'une vie organique largement développée à sa
surface. » On le voit, pour un rien, l'auteur rejetterait aussi ce petit Monde
voisin dans le néant des solitudes infinies, et la Terre resterait seule, comme
au temps de Ptolémée, au milieu de l'immensité déserte et vide.
Eh bien, nous osons dire que la nature proteste tout entière contre cette
étroite interprétation de ses forces et de sa grandeur. Toutes les sciences or-
ganiques, la physiologie, la chimie organique, la paléontologie, la microgra-
phie s'unissent pour affirmer que l'on est mal fondé à enfermer les puissances
vitales dans le cadre minuscule de l'observation immédiate. Déjà nous avons
rappelé tout à l'heure l'éloquent démenti donné parles explorations sous-ma-
rines aux négations des naturalistes à courte vue qui refusaient doctorale-
ment toute possibilité d'existences dans les profondeurs océaniques. Nous
allons juger de la diversité de la vie et de ses variations prodigieuses dans le
cadre mome de la nature terrestre.
{La suite prochainement.) Camille Flammarion.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE.
L'INSTRUMENT MÉRIDIEN ET LES OBSERVATIONS MÉRIDIENNES
(Suite.) (')
III. — Il nous reste à expliquer comment on peut se mettre à Tabri des erreurs
qui tiennent à la marche imparfaite de l'horloge sidérale. Remarquons d'abord
qu'il ne faut pas s'exagérer le rôle de l'horloge dans les observations méridiennes;
ce serait une grave illusion que de voir dans l'horloge un instrument pouvant se
suffire à lui seul, et capable de donner en tout temps l'heure sidérale dès qu'il
aurait été bien réglé une fois pour toutes.
Sans aborder ici les difficiles questions philosophiques que soulèvent la mesure
(') Voir l'Astronomie, T. IV, N- 4 (Avril 1885), p. 138 et seq.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 175
du temps et le choix de Tunité, nous nous bornerons à rappeler que, d'un accord
unanime, les astronomes ont adopté pour unité de temps le jour sidéral, c'est-
à-dire le temps que met la Terre à faire une rotation complète autour de son axe.
Au point de vue de Tobseryation, c'est le temps qui s'écoule entre deux retours
consécutifs d'une même étoile dans le plan méridien. On voit déjà que l'horloge
devra être réglée d'après les observations, de sorte qu'en dernière analyse, c'est
dans le Ciel, et non sur le cadran qu'il faut aller chercher les indications fonda-
mentales propres à la mesure du temps. L'horloge ne sert que d'intermédiaire;
elle joue simplement le rôle d'un garde-temps. Si du moins on en pouvait réaliser
une assez parfaite pour que les battements du pendule fussent rigoureusement
isochrones pendant seulement un jour sidéral, les observations méridiennes
seraient singulièrement simplifiées, et les indications du cadran suffiraient à la
mesure des ascensions droites des astres, saujs qu'il soit nécessaire de connaître
au préalable les ascensions droites d'un certain nombre d'étoiles fondamentales.
On pourrait, en effet, observer à la lunette méridienne, à 24*» d'intervalle, deux
passages successifs d'une même étoile dans le plan méridien, et noter les heures
correspondantes indiquées par la pendule. On devrait retrouver exactement la
même minute et la même seconde; mais comme un réglage rigoureux est impos-
sible, il y aura toujours une petite différence; supposons que, lors de la seconde
observation, on trouve ls3 en plus que lors de la première. On en conclura que
le mouvement de la pendule est un peu trop rapide et qu'en une période de 24»> le
mouvement des aiguilles indique 24^0'» 1*, 3. Dès lors, une simple règle de trois
permettrait de déterminer avec exactitude le temps qui s'est écoulé entre deux
époques relevées avec soin sur l'horloge, et par suite entre les passages au méri-
dien de deux étoiles quelconques. On pourrait ainsi connaître les différences
d'ascensions droites de toutes les étoiles observées, et il ne resterait plus qu'à
déterminer l'heure indiquée par l'horloge au moment où le cercle horaire choisi
pour origine viendrait à coïncider avec le plan méridien, pour en déduire les
ascensions droites de toutes les étoiles observées.
Malheureusement, trop de causes diverses influent sur la marche des meilleures
pendules pour qu'il soit possible de compter sur la régularité absolue de leur mou-
vement, même pendant une courte période de 24»». Il est bien évident qu'on s'at-
tachera à atténuer autant que possible l'effet de ces causes d'erreurs, parmi les-
quelles il faut citer en première ligne les variations de la température et de la
pression atmosphérique. Les variations de la température produisent des dilata-
tions et des contractions qui modifient la longueur du pendule et par suite la
durée de ses oscillations ; les variations de la pression et de l'état hygrométrique
ont pour effet de modifier la poussée de l'air et, par conséquent, le poids appa-
rent du pendule, d'où résultent encore des inégalités dans la durée des oscil-
lations. On remédie à ces inconvénients en compensant le mieux qu'on peut la
tige du balancier, à Taide de tringles en métaux inégalement dilatables, disposées
de manière que le pendule conserve la même longueur malgré les variations de
la température. De plus, on place l'horloge dans une cave assez profonde pour
170 1/ASTKONOMIE.
que la température y reste constante pendant toute la durée de Tannée, et on
renferme dans une caisse de tôle épaisse hermétiquement fermée, afin de la sous-
traire aux variations de pression. Enfin on introduit dans cette caisse une sub-
stance hygrométrique qui absorbe de la vapeur d'eau quand celle-ci est en excès
et qui en abandonne quand l'atmosphère environnante est trop sèche. On avait
d'abord songé à employer une substance desséchante, comme le chlorure de cal-
cium, l'acide phosphorique anhydre ou la pierre ponce imbibée d'acide sulfurique,
qui absorbent complètement la vapeur d'eau contenue dans une enceinte fermée;
mais on a reconnu que, soit à cause d'unépaississement trop rapide des huiles,
soit pour toute autre raison, les rouages ne pouvaient fonctionner et s'arrêtaient
fatalement dans un air absolument sec. Par des communications électriques l'hor-
loge ainsi renfermée commande tous les compteurs de l'Observatoire.
Malgré toutes ces précautions, le mouvement de l'horloge ne présente pas encore
une régularité suffisante pour que l'on puisse compter sur ses seules indications
pendant la période de 24^ qui serait nécessaire à Tapplication de la méthode qui
vient d'être décrite. Il n'y a pas lieu de s'en étonner, dès que l'on songe que les
observations doivent être faites avec une précision d'au moins un dixième de
seconde. On est alors obligé de contrôler la marche de la pendule pendant la
durée même des observations, et c'est ici qu'intervient le rôle des étoiles fonda-
mentales qui servent précisément à ce contrôle. On observe un certain nombre
de ces étoiles en même temps que celles dont on veut déterminer la position, et
c'est l'observation de ces étoiles fondamentales qui fait connaître la correction et
la marche de l'horloge, de sorte qu'en définitive on ne peut déterminer autre
chose que les différences entre les ascensions droites des étoiles inconnues et
celles des étoiles fondamentales. On ne fait donc que des observations différen-
tielles, comme nous l'avons annoncé dans notre précédent article. Voici du reste
le procédé généralement suivi ; une série d'observations dure de trois à quatre
heures, pendant lesquelles on peut compter sur la marche régulière de l'horloge.
On observera au début et à la fin de la série quatre ou cinq étoiles fondamentales
dont l'ascension droite bien connue est donnée dans la Connaissance des Temps
pour tous les jours de l'année. La différence entre l'ascension droite d'une de ces
étoiles et l'heure indiquée par l'horloge au moment de l'observation fait connaître
la correction qu'il faut appliquer à ce moment aux indications de la pendule.
On fera la moyenne de ces différences pour les quatre étoiles du début, et la
moyenne pour les quatre étoiles de la fin. Le plus souvent, ces deux moyennes ne
seront pas identiques et leur différence montrera si la pendule marche trop vite
ou trop lentement. Il ne restera plus qu'à répartir cette différence proportionnel-
lement au temps pour trouver la correction qu'il faut appliquer à chacune des
observations de la série. 8i la série d'observations se prolongeait plus longtemps,
il faudrait la fractionner en plusieurs parties de trois à quatre heures comportant
chacune les observations de quatre ou cinq étoiles fondamentales au début et à
la fin, et que l'on réduirait séparément ensuite.
On voit d'après ce qui précède que les calculs multiples que nécessite la cor-
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 177
rection, ou, pour employer le mot consacré, la réduction des observations, ne lais-
sent pas que d'être assez pénibles : ils exigent un temps qui dépasse de beaucoup
celui des observations. Cependant les réductions des observations d'ascension
droite sont rapides et commodes quand on les compare à celles des observations
de déclinaison dont il nous reste à parler.
La détermination de la déclinaison d'une étoile se fait au moyen d'un cercle
divisé, installé dans le plan méridien et fixé à une lunette dont le réticule porte
un fil horizontal. Le tout forme un système mobile autour d'un axe horizontal
perpendiculaire au plan du méridien. En face du cercle divisé se trouve un index
immobile fixé au pilier de pierre qui supporte tout l'appareil. Une pince avec vis
de pression permet de fixer le cercle dans une position invariable, et une vis de
rappel peut lui imprimer un mouvement très lent. Pour observer une étoile, on
cale le cercle à l'aide de la pince dès que l'on voit l'étoile arriver dans le champ
de la lunette, puis, en agissant sur la vis de rappel, on amène l'étoile à être bis-
sectée par le fil horizontal au moment où elle se trouve au milieu du champ. La
lecture de la division du cercle qui se trouve en face de Tindex fixe définit com-
plètement la direction du rayon visuel de l'étoile. Si le pôle du ciel était visible
dans le ciel et pouvait être observé comme une étoile ordinaire, on pourrait de
la même manière déterminer la division du cercle qui se trouve sous Tindex
quand l'axe optique est dirigé vers le pôle, et la différence des deux lectures
ferait immédiatement connaître la distance angulaire de l'étoile au pôle; d'où Ton
déduirait facilement la déclinaison, c'est-à-dire, la distance à Téquateur. On
comprend que l'observation ne puisse pas être aussi simple puisque le pôle du
ciel est naturellement invisible. La véritable difficulté du problème consiste à
déterminer avec le plus de précision possible la division du cercle qui corres-
pond au pôle. L'observation d'une étoile fondamentale en donnera immédiatement
la solution : puisque la déclinaison de cette étoile est connue, sa distance au pôle
l'est également; il suffira de pointer cette étoile et de lire la division qui se
trouve en face de l'index. Comme les divisions du cercle vont en croissant quand
on le fait tourner du pôle vers l'équateur, on comprend qu'en retranchant de
cette lecture la distance polaire de l'étoile on pourra calculer la lecture qu'où
aurait obtenue si l'instrument avait pu être directement dirigé vers le pôle. Pour
augmenter la précision, on observera plusieurs étoiles fondamentales au lieu
d'une seule, et l'on prendra la moyenne des résultats qu'elles fournissent isolé-
ment. On pourra juger de la qualité des observations de la série par Taccord
plus ou moins grand de tous ces résultats. Maïs on voit clairement que, par ce
procédé, on ne détermine, en fait, que les différences entre les déclinaisons des
étoiles observées et celles des étoiles fondamentales.
Les erreurs auxquelles on est exposé dans ce genre d'observations sont de
quatre espèces :
1® Celles qui tiennent à l'imperfection du pointé. Il n'est pas aussi facile qu'on
peut le croire d'amener une étoile à être bissectée par un fil, surtout lorsque,
178 L'ASTRONOMIE.
Tatmosphère n'étant pas très calme, l'image de l'étoile parait animée de petits
mouvements irréguliers dus à la marche irrégulière et changeante des rayons
lumineux à travers des couches d'air d'inégale densité, dont la disposition varie
incessamment. Deux observateurs différents n'effectuent pas le pointé de la même
manière, de sorte qu'il est indispensable de ne jamais réunir en une seule série
les observations de plusieurs observateurs.
2» Les erreurs tenant à ce que le pointé aurait été foit un peu avant ou après
le passage de l'étoile au méridien; on trouverait alors une distance polaire trop
grande. L'observateur doit donc connaître quelle est la position du champ de la
lunette qui correspond bien au plan méridien : ce n'est pas toujours le milieu.
Lorsque le cercle divisé est fixé à la lunette méridienne elle-même, c'est le même
observateur qui fait les deux genres d'observations. Dans la lunette méridienne,
toujours réglée avec soin, la position du méridien est facile à connaître. Lorsque
les deux instruments sont séparés, il y a toujours un observateur à chacun d'eux,
et la lunette du cercle mural est toujours beaucoup moins bien réglée que celle
qui ne sert qu'aux observations de passage. Aussi, l'observateur d'ascension droite
indique à son aide le passage de l'étoile dans la région qui correspond au méri-
dien, en comptant à ce moment la seconde à haute voix. Du reste, les observations
faites en dehors du méridien ne sont pas nécessairement perdues; elles
peuvent être utilisées moyennant correction, si l'on a noté l'instant du pointé, car
on connaîtra d'après cette indication combien de secondes en avance ou en
retard le pointé aura été fait, ce qui permettra de calculer l'erreur commise, à
l'aide de procédés qu'il ne nous est pas possible de décrire.
3^ Les erreurs dues à la réfraction des rayons de lumière dans son passage à
travers l'atmosphère. Cette question de la réfraction est d'une importance consi-
dérable. Au point de vue théorique, elle présente des difficultés insurmontables,
car il faudrait connaître la loi suivant laquelle varie la densité de l'air avec 1 alti-
tude pour pouvoir calculer la déviation des rayons lumineux. Heureusement,
toutes les lois que Ton peut raisonnablement imaginer conduisent à des conclu-
sions à peu près identiques tant que les astres observés sont à plus de 20 à25ode
hauteur au-dessus de Thorizon. On a pu construire des tables qui font connaître la
déviation des rayons de lumière quand on connaît la hauteur de l'étoile, ainsi que la
température et la pression barométrique dans le voisinage du sol. Ces tables per-
mettent de corriger les observations des effets de la réfraction, mais il faut noter la
température et la hauteur du baromètre tous les quarts d'heure environ pendant la
durée des observations. Il importe aussi que la température de la salle d'observation
soit la même qu'à l'extérieur, afin que les rayons ne subissent pas une réfraction
particulière dans le tube même de la lunette. Il faudra donc ouvrir largement les
trappes et les fenêtres quelque temps avant de commencer les observations. Enfin,
il faudra s'abstenir d'observer des astres trop près de l'horizon. On admet que les
couches d'air d'égale densité sont disposées horizontalement les unes au-dessus
des autres, de manière que la réfraction ne peut dévier les rayons que dans le
plan vertical. Mais cette hypothèse, très légitime pendant les temps calmes, ne
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE.
Fig. 07.
179
Instrument méridien donné par M. BischoCTsheim à TObservatoire de Paris
180 L'ASTRONOMIE.
peut plus guère être acceptée pendant les nuits de grand vent; alors il peut se
produire des réfractions latérales qui dévient les images à droite, et à gauche et
affectent par conséquent les observations d'ascension droite, ce que ne peut faire
en aucune façon la réfraction normale. Il est impossible, faute de données, de
tenir compte de ces réfractions anormales. On ne peut que se borner à
suspecter les observations effectuées pendant une grande agitation de Tatmo-
sphère.
40 Les erreurs qui tiennent à l'installation même de Finstrument. On s'attache
évidemment à les diminuer le plus possible, et le détail des dispositions adoptées
à cet eflfet nous conduit naturellement à la description de l'instrument. Nous
allons décrire celui qui a été donné à l'Observatoire de Paris par M. Bischoffsheim,
dont nous avons déjà parlé dans notre précédent article, et qui est représenté
(fig, 67). Mais auparavant, il importe de dire quelques mots des microscopes qui
servent d'index fixes pour relever la position du cercle.
Nous avons raisonné dans ce qui précède comme si l'instrument était muni
d'un simple index en face duquel viendraient successivement se placer, dans le
mouvement de rotation de l'instrument, toutes les divisions du cercle. Il est bieu
évident qu'une pareille disposition serait tout à fait insuffisante. Le cercle eu
cuivre est divisé sur sa face plate de cinq minutes en cinq minutes. Un micro-
scope fixé au pilier de marbre que l'on voit sur la gauche du dessin porte un fil
horizontal dans son plan focal, et représente un premier index ûxe. Il permet de
lire la dernière division du cercle qui a passé derrière ce fil, et donne par consé-
quent le degré et les cinq minutes. Pour apprécier les minutes elles-mêmes et
les secondes, on emploie un autre microscope d'un pouvoir grossissant plus con-
sidérable et dont le réticule est formé de deux fils horizontaux parallèles fixés à
un cadre mobile à l'aide d'une vis micrométrique. Deux traits du cercle sont tou-
jours visibles à la fois dans le champ du microscope, et Ton peut, en faisant tour-
ner la vis, amener les deux fils parallèles dans une position telle que l'un de ces
traits paraisse entre les deux fils à égale distance : c'est ce qu'on appelle faire le
pointé d'un trait. Le pas de la vis est calculé de telle sorte qu'il faut lui faire faire
cinq tours complets pour amener les fils d'un trait sur le suivant. Il s'ensuit
que chaque tour de la vis correspond à une minute. Un tambour Û-Lé à cette vis
et divisé en 60 parties égales tourne devant un index ûxe. Chaque division du
tambour correspond donc à une seconde, et comme on peut apprécier à l'oeil les
dixièmes d'une division, on voit que les observations peuvent se faire au dixième
de seconde. Un peigne en cuivre placé sur le côté, dans le plan focal du micro-
scope, et découpé de manière que l'écartement de deux dents consécutives corres-
ponde à un tour de la vis, permet de compter les tours. Il suffira donc de pointer
le trait du cercle et de noter le nombre de tours et la fraction de tour de la vis
micrométrique, comptés à partir de sa position normale, pour obtenir le terme
complémentaire à ajouter à la lecture de l'index. Au lieu d'un seul microscope, on
en dispose six symétriquement tout autour du cercle divisé; on augmente ainsi
la précision des lectures et surtout on fait disparaître, ou tout au moins on atté-
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 181
nue considérablement, les erreurs tenant à un défaut de centrage, à la flexion et
aux déformations du cercle. Ces six microscopes doivent être lus à chaque obser-
vation, et c'est la moyenne de leurs indications qu'il faut ajouter au numéro de la
division notée derrière l'index fixe.
Il y a ainsi sept microscopes disposés en rond, tout autour du cercle divisé et
fixés à une pièce circulaire de fonte; ils sont visibles sur la gauche de notre gra-
vure, en dehors du pilier de marbre qui supporte instrument. Le cercle divisé
est à rintérieur de ce pilier, et le marbre est percé de trous qui permettent
d'apercevoir les divisions à l'aide des microscopes inférieurs. Le tourillon de la
lunette est percé pour recevoir la lumière d'un bec de gaz qui pénètre ainsi
dans l'intérieur de la lunette^ se réfléchit sur un appareil spécial placé dans
le cube et vient éclairer les fils du réticule, Tout autour de ce tourillon, de petits
prismes à réflexion totale renvoient la lunoière du même bec de gaz sur les régions
visées par les microscopes.
L'instrument étant retournable, le cercle divisé peut se trouver tantôt à l'Ouest,
tantôt à l'Est de la lunette. Il aurait donc fallu installer sur le pilier occidental
des microscopes et un appareil d'éclairage semblables à ceux du pilier oriental.
On a préféré construire deux cercles divisés, un de chaque côté de la lunette,
de manière que, dans chaque position, il y en a toujours un en face des
microscopes. Deux autres cercles se trouvent encore à. l'intérieur des deux pre-
miers. Ils sont divisés plus grossièrement sur la tranche convexe et servent à
l'observateur d'ascension droite à placer d'avance la lunette à la hauteur conve-
nable pour que l'étoile apparaisse dans le champ. Il y eu a deux, pour que, dans
chaque position, il s'en trouve toujours un en face du microscope spécial servant
d'index et placé à portée de l'observateur, sur sa gauche. C'est ce cercle qui se
trouve serré par la vis de pression quand on veut caler l'instrument. Cinq ou six
manettes en bois qui servent à manœuvrer les vis de pression ou de rappel pen-
dent entre les piliers, de manière que l'observateur en ait toujours une à sa por-
tée, quelle que soit sa position. Une autre manette lui sert à ouvrir plus ou moins
l'orifice qui donne accès à la lumière dans l'intérieur de la lunette, afin de modi-
fier à son gré l'éclairage du champ. Enfin de nombreuses poignées rendent très
commode la manœuvre de l'instrument quand on veut lui imprimer de grands
mouvements.
On peut encore voir sur notre gravure le niveau placé au-dessus de la lunette
et qu'on manœuvre à l'aide d'un petit treuil visible sur la droite, et l'appareil qui
sert au retournement. Ce dernier se compose d'un plateau qu'on peut soulever à
l'aide d'une vis actionnée par une manivelle, et qui peut tourner autour d'un axe
vertical. Pour faire l'opération, on fait glisser cet appareil sur ses rails, de manière
à l'amener au-dessous du cube de la lunette placée horizontalement; puis, les
coussinets ayant été débarrassés de leurs couvercles, on soulève le plateau, qui
bientôt rencontre la lunette et la soulève également. Lorsque les tourillons sont
dégagés, on fait glisser de nouveau le tout sur les rails de manière à faire sortir
l'instrument d'entre les piliers; puis on lui fait faire un demi-tour autour de Taxe
182 L^ASTRONOMIE.
vertical ; après quoi on ramène tout le système entre les piliers ; on fait descendre
lentement la lunette dont les tourillons viennent se replacer dans les coussinets;
le plateau continue à descendre seul, et quand il est suffisamment éloigné de la
lunette, on fait reculer l'appareil et l'on recouvre les tourillons. 11 faut opérer
avec beaucoup de soin et de délicatesse pour éviter les chocs.
Grâce aux dispositions adoptées, un seul observateur peut suffire à toutes les
déterminations; mais le plus souvent, pour la commodité et la rapidité des
mesures, l'astronome qui observe les ascensions droites et effectue les pointés en
déclinaison est aidé par un assistant qui lit les microscopes. Afin de lui laisser
plus de temps pour cette lecture, on immobilise l'instrument dès le début de
l'observation et l'on effectue le pointé en déclinaison à l'aide d'un fil horizontal
fixé dans yn cadre mobile à l'aide d'une vis microméf rique ; la valeur du tour de
cette vis a été déterminée une fois pour toutes ; elle est à très peu près d'une
minute et le tambour est divisé en 60 parties égales qui donnent les secondes et
les fractions de secondes. La lecture de cette vis micrométrique, corrigée d'après
la valeur du tour, doit être ajoutée à la moyenne des lectures des microscopes.
L'observation de passage se fait généralement à six fils disposés symétriquement
par rapport au plan méridien. Pendant que l'étoile traverse l'intervalle compris
entre les deux fils du milieu, un observateur exercé a le temps d'effectuer deux
ou trois pointés avec le fil mobile horizontal et d'inscrire les indications corres-
pondantes du tambour.
En résumé, on voit que les observations méridiennes comportent un grand
nombre d'opérations diverses et délicates, sans compter les calculs de réductions
qui doivent les suivre. Pour en finir avec les déterminations des déclinaisons,
disons que les tours de vis des microscopes ne valent pas exactement une minute,
comme nous l'avions supposé pour simplifier l'explication; leur valeur est même
essentiellement variable, car les moindres influences modifient la distance du
cercle aux microscopes et par suite la grandeur des images fournies par ceux-ci.
Aussi doit-on déterminer la valeur de ces tours de vis au commencement et à la
fin de chaque série d'observations, ce qui se fait en pointant deux traits successifs,
car on obtient ainsi le nombre de tours et la fraction de tour correspondant à
cinq minutes. Enfin la division du cercle n'est pas parfaite. L'étude de ce cercle
a été faite avec le plus grand soin, par des procédés qu'il nous est impossible de
détailler, et qui ont exigé plusieurs mois de travail. On a pu dresser de la sorte
une table contenant la correction qu'il faut appliquer à l'observation d'après le
trait qui a été lu sous l'index. On comprendra facilement combien sont longues
les réductions d'observations de distance polaire, quand on se rappellera le
nombre de moyennes et de corrections qu'il faut calculer pour éliminer l'infiuence
de toutes les causes d'erreur que nous venons de passer en revue.
Il ne nous resterait plus maintenant qu'à expliquer comment on a pu déterminer
avec précision la position des étoiles fondamentales. Ce sera le sujet d'un prochain
article. Philippe Gérigny.
STATISTIQUE DES TREMBLEMENTS DE TERRE.
STATISTIQUE DES TREMBLEMENTS DE TERRE.
183
Nous publions ici notre liste annuelle des tremblements de terre. L'appel que
nous avions fait Tannée dernière à nos lecteurs a été entendu, et c'est grâce à
leur concours effectif que nous avons pu avoir des renseignements de toutes les
parties du globe. Nous remercions donc tous ces zélés collaborateurs, notamment
MM. Trouvelot, à Meudon, Belly, à Valparaiso, Mavrogordato, à Constantinople,
Towne, à Sens, Mayer, à Mulhouse, général de Nansouty, Créoncides de Castro,
Bruguière et Lihou, à Marseille, Belmonte, à Carthagène, Vallaure, à Linarès,
Leyba, à Coro, Stoel, à IJarlem, dont nous avons utilisé les documents fort utiles
et même indispensables dans une œuvre de statistique comme celle-ci.
Tous les lecteurs sentiront qu'il s'agit ici d'une question d'intérêt général et
savent d'avance qu'ils nous rendront le plus grand service en nous faisant part de
toutes les observations de ce genre qui arriveraient à leur connaissance.
TREMBLEMENTS DE TERRE RESSENTIS. EN 1884
Dates.
Heures.
LocaUtés.
Observations.
1884
t Janv.
e'^lS- matin.
Bucharest.
l chocs N.-S. précédés de bruits souterrains.
2 »
3^10- matin.
Valparaiso.
Une forte secousse avec bruit souterrain.
4 »
Sadickli (Anatolie).
Un choc occasionnant divers dégâts.
5 ))
3"» soir.
Valparaiso.
Longue secousse.
7 »
3^8"" matin.
id.
3 secousses distinctes, durant chacune
quelques secondes; mer tranquille.
7 »
8^18- soir.
id.
Secousse assez forte mais de courte durée.
12 D
Fjinguaglossa et Gastiglionc.
Forte secousse. — Chocs du 10 au 14.
14 »
7'» 30" matin.
•
Montevideo.
Bruit sourd. — La mer se retire et revient
en engloutissant 50 personnes sur la plage.
16 »
3^50- matin.
Archena (Espagne).
11 chocs jusqu'à 6^ du matin.
16 »
Murcie.
Secousses à Alcantarilla et Bemsgan.
23 »
Constantinople. •
Chocs dans le district de Kalah-Jik (prov.
de Gostamboul), de nombreux chocs ont été
ressentis dans cette quinzaine, quelques
minarets ont été renversés.
25 »
7»»24- soir.
San-Francisco.
Ondulations de 3' d'amplitude notées à
l'Observatoire et durant 20 minutes.
27 »
Grenade.
Léger tremblement de terre.
5 Fév.
3^ matin.
Valparaiso.
Une forte secousse.
7 »
O^SO- matin.
id.
Assez forte secousse.
9 »
0»'3O- matin.
id.
Forte secousse.
10 1)
Boivari (Billis, Turquie).
Choc violent — maisons détruites.
14 »
3'' 30- matin.
Valparaiso.
Une forte secousse.
18 )>
Angora.
Une secousse, aucun dégât.
18 9
Alger.
Tremblement de terre dans le département.
19 »
Angora.
Une secousse.
29 »
4^ matin.
Ghio, Tschesmé, Voula.
Choc violent.
3 Mars.
a^'Sô- matin.
1 Valparaiso.
Une forte secousse.
184
L'ASTRONOMIE.
Dates.
Heares.
Localités.
Observations.
3 Mars.
soir.
Potenza.
Une forte secousse.
13 »
10''30- matin.
Carthagène, Alicante, Murcie.
Secousse, direction S.-E. — N.-O.
13 »
11''25- soir.
Valparaiso.
Une forte secousse.
La secousse a été forte à Alicante.
14 »
4"» matin.
Constantinople.
Forte secousse, bruit souterrain.
14 »
11"» soir.
Valparaiso.
Forte secousse.
18 »
matin.
En mer.
Navire « Stella », capitaine Horner, une
secousse. Long. Ouest 23«5r. La t. Nord J7»21 .
22 »
matin.
Cambridge (Angleterre).
Très légère oscillation.
22 »
5'' 15" soir.
Valparaiso.
Forte secousse.
23 »
4*" matin.
id.
Deux secousses; une autre à 5^ soir.
24 ..
4** matin.
id.
Faible secousse.
25 •
5"» matin.
id.
Secousse assez forte.
25 «
soir.
San-Francisco.
Une secousse.
25 »
Sud-Hongrie.
Tremblement de terre senti à Essegg, Wiu-
kowze et Fûnfkirchen, légère à Djakovar
27 »
Il*» soir.
Vukovar.
Plusieurs chocs.
28 «
4** soir.
Valparaiso.
Très forte secousse.
28 »
Ischia.
Léger tremblement de terre.
29 »
soir.
Sinope (Turquie).
Forte secousse au soleil couchant.
Édifices détruits à Gostamboul.
y Avril.
3''45«.
Valparaiso.
Deux fortes secousses.
9 »
8"» matin.
Urbino.
Forte secousse durant 5 secondes.
y »
soir.
Ghio.
4 secousses entre 2*30- et 11* soir-
10 »
10"» matin.
Belpasso (près Catane).
Secousse.
Il »
2'' 15" matin.
Valparaiso.
Roulement et forte secousse.
14 »
7M5" matin.
id.
Faible secousse.
15 »
3*30- matin.
id.
Une forte secousse suivie de 2 moins fortes.
18 »
10''50» soir.
id.
Secousse forte et prolongée avec tonnerre,
durée 30 secondes.
19 )>
soir.
Palamos et frontière française.
Tremblement de terre de quelques secondes.
20 »
3''22- matin.
Bagnères-de-Bigorre.
Tremblement de terre — barom. 709—,
therm. H- 2»,8. — Trépidation des meubles.
22 »
9''20- matin.
Est- Angleterre.
Forte secousse de 30 secondes à Ipswich.
La tour de Téglise de Golchester, de 150 pied>
de haut, s'écroule. — Grand bruit souterrain.
— Gette secousse a été ressentie dans tout
l'Est de l'Angleterre. Elle a été remarquée
à Londres.
25 »
7*15- matin.
Valparaiso.
Forte secousse venant du Sud, précédée
d'un bruit souterrain.
29 »
4"» 15- matin.
id.
Trois secousses très légères.
3 Mai.
3*40- soir.
id.
Très longue et forte secousse.
5 »
5*15- soir.
id.
Légère secousse.
8 »
6*10- soir.
id.
Faible secousse. — A 7*44- secousse trè>
forte et verticale.
9 »
Ghio.
4 secousses entre 2*30- et 11* soir.
10 »
9*50-.
Gosenza.
Léger choc N.-O. — S.-E; plus fort à Paola.
STATISTIQUE DES TREMBLEMENTS DE TERRE.
185
Dates.
12 Mai.
13
»
13
»
H
»
19
»
23
»
2G
u
6 J
uin.
23
»
24
4 Juiil.
5-G »
8-9
»
13
»
15
»
15
»
18
»
18
19
»
19
»
20
»
23
»
24
u
3 Août.
7 »
8 M
Heures.
Localités.
Presqu'île Cyzique, Erdek-
Constantinople.
Panderma.
3'' 45" matin.
Valparaiso.
6"» 30- matin.
id.
Kishm (Golfe Persique).
Il»' soir.
Palamos (Esp.) et frontière franc.
Monte Alegre (Para).
9^55- matin.
OMO- matin.
Alep.
Tùbingen (Wurtemberg)
et Hechingen (Hohenzollern).
7^30- soir.
Markolsheim (Alsace)
et Kenzingen (duché de Bade).
4'' 20- matin,
nuit.
Pouso Alegre (Brésil).
Oberderdingen (Wurtemberg).
S"» 15- matin.
Valparaiso.
nuit.
id.
Massouah (Abyssinie).
10»" soir.
5^ matin.
Almeria.
Valparaiso.
Nicaragua.
lO'-SO- soir.
Valparaiso.
7** matin,
nuit.
Nicaragua.
Agram (Autriche).
6^ matin.
midi 40-,
nuit.
Nicaragua.
Forio d'Ischia.
Ems (Nassau).
Massouah.
Foca (Bosnie).
minuit,
matin.
Réunion.
Frascati Albano Rocca di Papa.
•
Observations.
Tremblement de terre accompagné de bruits.
Forte secousse, sentie légèrement à
Gonstantinople.
Secousse très forte et très prolongée; durôe
30 secondes.
Très long tremblement sans grande secousse .
12 villages détruits ; 200 tués et grand
nombre de blessés.
Léger tremblement de terre.
Tremblement de terre durant 3 à 5 secondes.
Direction : N.-0.-8.-E.
Forte secousse de 6 secondes.
3 secousses se succèdent rapidement.
Direction N.-O.-N.-E.
Tremblement de terre et secousses vio-
lentes. A 10** soir nouvelles secousses moins
fortes.
Une secousse N.-S. de quelques secondes.
Tremblement de terre à 12'' 30-. — Choc
assez fort durant quelques secondes; bruit
souterrain.
Forte secousse courte précédée d'un roule-
ment sinistre.
Très longue secousse, pas très forte, à 12^15-.
Tremblement de terre qui détruit ou lézarde
toutes les maisons.
Deux secousses.
Deux secousses courtes, mais assez fortes.
Forte secousse. Aussi à 8^. du matin. —
Bruit souterrain.
Une secousse très longue et très continue
durant environ une minute.
Une secousse à7^matin^ uneautreàS^ matin.
Choc de tremblement de terre de 4 secondes.
Direction O.-E.
Une secousse &" matin.
Bruit violent et forte secousse. — Mer agitée.
Faible secousse de quelques secondes au 8.*E .
Maisons détruites. Navires du port secoués.
Plusieurs chocs forts durant chacun plus
de 2 secondes.
Une secousse.
Quelques secousses entre 2"» et 4"» matin.
Grondement souterrain prolongé le long de
la chaîne des Colli. Sens S.-O. à £.-N.
186
L'ASTRONOMIE.
Dates.
Heures.
Localités.
Observations.
8 Août.
Ô'-SO-.
Alacheïr (Turquie d'Asie).
Violente secousse.
9-10 »
nuit.
Smyrne.
Assez forte secousse.
10 »
4''7- soir.
Nice.
Légère trépidation.
10 »
Maine, Maryland M** Alleghanx .
Tremblement de terre durant 10 secondes à
Gonnecticut, 6 secondes à Boston. Baltimore
. et Brattleborough (Vermont) semblent
marquer la limite.
10 »
2''8» soir.
New Haven, Cambrigde.
Secousse durant 2 à 3 secondes, S-.O.àN-.E.,
12 »
accompagnée de grondements souterrains.
12. »
Librilla(près Murcie).
Fort tremblement de terre de 5 à6 secondes.
Pas de dégâts.
14 «>
6''28- soir.
Ghio.
Assez forte secousse. A Kerkouk (Mossou!)
une maison écroulée.
15 0
En mer.
75» long. Ouest, 17 lat. Nord. Une secousse
sentie à bord du Charles-Dennis.
17-18
nuit.
Rhodes.
Légères secousses. Oscillations N-.S.
19 »
Gosenza.
Une secousse de plusieurs secondes; plus
forte à Rossano.
20 »
2^54- soir.
Ghio.
Légère secousse.
20 .>
3'»30- soir.
Smyrne.
Secousse assez forte.
26 >i
matin.
Jersey.
Plusieurs fortes secousses.
26 »
après-midi.
Nantes.
Légère secousse.
27 »
Smendon (près Gonstantine).
Secousse de 5 secondes O-.E.; légère.
31 1,
après-midi.
Nantes.
Légère secousse.
Tschesmé (Turquie).
Nombreux tremblements de terre pendant
le mois d'Août.
3 Sept.
2»' 30 matin.
Athènes.
Secousse renouvelée le môme jour à midi.
4 »
l''30- matin.
Ghio.
4 légères secousses.
6 »
Autriche basse et méridionnale.
Violente secousse. — A Voslau la tempe-
rature des sources thermales augmente.
17 »
Détroit de la Sonde.
On constate la disparition de deux îles
formées pendant l'éruption du Krakatoa
d'Août 188i.
19 ))
Windsor (Ontario), Grass Lakc
(Michigan), Toledo (Ohio).
Une forte secousse de 15 secondes s'est
fait sentir en Indiana, Ohio, Michigan,
Sowa, Ontario, Kentucky. La secousse a
été légèrement perceptible à Cincinnati et
à Fortuvagne. Oscillations des édifices.
24 .>
Jaen.
Léger tremblement de terre.
2.-) .)
4^6- soir.
Iquique (Pérou).
Tremblement de terre fort et prolongé
S.-N. durée 35 à 40 secondes. Les cloches
de la cathédrale ont sonné et la croix a tn
un mouvement marqué.
27 »
2"» 5- matin.
Jaen.
Tremblement précédé d'un bruit prolonge.
29 »
midi 30-.
Blidah (Algérie).
Deux secousses N.-S.
1 Cet.
7^20- matin.
Smyrne.
Légère mais longue secousse.
STATISTIQUE DES TREMBLEMENTS DE TERRE.
187
Dates.
Heares.
LocAlités.
Observations.
1 Oct.
nuit.
Tschesmô.
Forte secousse.
3 »
Massouah.
Léger choc.
(> »>
0**45- matin.
Valparaiso.
Très longue et très forte secousse, peu
dangereuse.
a »
soir.
Tschesmô.
Secousse.
15 »
Kerkouk (Mossoul).
Forte secousse.
15 »
Tucuman (Répub. Argentine).
Fort tremblement de terre. Panique.
20 »
!»• matin.
Linarès (Espagne).
Assez fort tremblement de terre durant
4 secondes, direction E.-O.
22 «
lO** ipatin.
Ghio
Faible secousse suivie dans 4 minutes
d'une très forte secousse.
24 .)
2»' 55- matin.
id.
Forte secousse.
25 «
2"» 45- matin.
Guelma.
Plusieurs légères secousses.
28 »
id.
Léger tremblement de terre.
Valparaiso.
Plusieurs chocs fin Octobre.
2 Nov.
6*24- matin
Chio.
Deux secousses.
\ »
Smyrne.
Légère secousse suivie de près d'une forte.
Oscillations précédées de bruits souterrains
pendant 5 minutes — direction S.-N. sentie
à Menemen, Eudemich, Aïdin, Baïndir,
légèrement à Tschesme et Voula.
4 »
3''25» matin.
Guelma (Algérie).
Une secousse.
5 »
id.
Léger tremblement de terre.
7 »
6"» 10- matin.
Chio.
Forte secousse.
12 D
9"» 30- soir.
id.
Légère secousse.
13 »
3*45- matin.
id.
id.
13 «
9* matin.
Janina.
Forte secousse de 4 secondes.
13 »
2»' 30- matin.
Crète.
Une secousse.
14 »
6*30- matin.
Smyrne.
Forte secousse.
14 »
5*10- soir.
Clitheroe et Lowmoor
(Angleterre).
Bruit suivi d'une forte trépidation. —
Panique.
18 »
Valence.
Léger tremblement de terre E.-O. précédé
d'un grondement; trépidation des meubles.
21 »
7*35-.
Eu.
Léger tremblement de terre.
23 .1
4* soir.
Nice.
Légère secousse.
24 »
Gratz (Styrie).
Plusieurs secousses
24 »
Hautes-Alpes.
Secousses à 4* 15 matin, 10* soir et 11*45 soir.
24 0
10*30- soir.
Valparaiso.
Grand roulement suivi d'une secousse.
27 »
10*30- soir.
Lélen (Aisne)
Deux secousses à 2 minutes d'intervalle.
La dernière plus forte.
27 »
11* soir.
Nice, Menton, Cannes, Antibes,
Grenoble, Draguignan, Voiron,
Chambéry, Marseille, Vienne,
Saint-Étienne, Lausanne, Turin.
Secousse de tremblement de terre à 11*5".
(Temps moyen Nice) durant 15 secondes.
28 »
Turin.
Tremblement de terre senti légèrement
dans le S.-E. de la France.
188
L'ASTRONOMIE.
Dates.
28 Nov.
29 »
30 »
3 Dec.
4 »
18 0
22 »
23 »
Heures.
S*" matin.
Il"» 30-.
24
25
25
2(>
27
28
29
30
30
30
31
W^ soir.
2''15"' matin.
2'' matin.
8''53'" soir.
Localités.
Obsenrations.
Ghambéry, AP Genis, H*" Marne.
Nice.
Inebort (Aïdin)
Valparaiso
Scio (Archipel Grec).
Smyrne.
En mer.
Iles Açores, Madère, Lisbonne.
En mer.
Séville.
Sud de l'Espagne.
11''44-.
Jaen.
8M7- soir.
Zernez (Grisons).
Malaga, Grenade.
2^ matin.
Estepona, Périana, Torrox
Alhama.
Périana.
après-midi.
Herlûfsholm,
( Seeland, Danemark ; .
9'' matin.
Linarès.
1"* soir.
id.
9'' soir.
Archidona (Grenade)
midi.
Vêlez, Torrox.
Secousse.
Tremblement.
4 secousses assez fortes. — Sol secoué
toute la nuit à Dermendjik.
Nombreuses secousses tout le mois de
Novembre.
Forte secousse.
Forte secousse.
Brick a Isabel » 29*55 lat. Nord 28^51 long.
Ouest de San Fernando.
Secousses légères senties aussi à Vigo.
Ponte vedra et plusieurs régions du Portuf:.iI.
33* lat. Nord 12* 30» long. Ouest de
San Franando. NouvelJe secousse 17
minutes après; orage et tonnerre.
Secousse légère.
Très violente secousse à Alhama.
Albunuelas, Arenas del Rey, Malaga,
Grenade. Secousses assez fortes à Littarè>.
légères à Madrid, très légères à Lisbonne,
sensibles jusqu'en Angleterre.
Secousse assez forte
Secousses ( heure de Berne) à lissoir.
Huit secousses.
Secousse, et à 6M5 matin.
Destruction complète de la yiUe.
Éboulement d'une montagne sur ce village.
Deux vibrations ressenties dans les foréi
Légère secousse,
id.
Grevasse dans la montagne de Puerta-SL'I.
renversement de la ville de Jaeyna.
Secousses. Destruction de Torroi.
ADDENDUM A L ANNÉE 1883.
17 Mars.
5M0- matin.
Harlem, Amsterdam, Leyde.
6 Oct.
Guelma.
8 1)
Alaska.
11 >.
1** matin.
San-Francisco.
18 !>
Ghio et environs.
22 ..
2^ matin.
Malte.
22 ..
3»» 35" matin.
Trieste.
y
Oasis de Ghadamès.
Secousse assez forte.
Forte secousse.
Grande éruption du mont S^- Augustin;
pluies de ponce, raz de marée, formation lii
deux lies, etc.
Deux secousses violentes.
Continuation des secousses (faibles)
Légèra secousse.
Léger tremblement de terre.
Violent tremblement de terre.
il-
STATISTIQUE DES TREMBLEMENTS DE TERRE.
189
Dates.
Heares.
Localité».
Observations.
2 Nov.
2»' 50- matin.
Vienne (Isère).
Quelques secousses durant 4 secondes S.-N.
13 »
Baza (Grenade).
Tremblement de terre. — Quelques
maisons effrondrées.
15 »
Patras.
Une secousse. — Pas de dégâts.
23 i>
Maracaïbo, Curaçao,
Churuguara.
Tremblement de terre avec bruit souterrain.
Aussi le 26.
25 »
Coro (Venezuela).
Fort tremblement de terre de 7 à ,8 secondes.
30 >i
nuit.
Forio, Panza (Ischia).
Bruits souterrains. La température des
eaux minérales augmente.
22 Dec.
3^29- matin.
Lisbonne.
Une secousse.
Nous ne nous croyons pas encore autorisé, par cette trop courte statistique de deux
années, à tirer aucune déduction relative aux régions, aux dates et aux heures.
Nos lecteurs remarqueront cependant certaines contrées qui semblent particuliè-
rement éprouvées, notamment l'Asie Mineure, et surtout la presqu'île Erythrée avec
les îles de la côte. Notre colonie algérienne ressent souvent des mouvements du sol qui
sont parfois accompagnés de dégâts considérables.
L'Australie, le Japon, la Chine et l'Inde ne figurent pas dans notre liste, ni dans celle
de Tannée dernière; cependant nous ne manquons pas de communications avec ces pays.
Distribution des volcans. — Il ne sera sans doute pas sans intérêt de mettre
sous les yeux de nos lecteurs une carte générale de la distribution des volcans
sur notre globe; ils pourront ainsi comparer les régions atteintes par les trem-
blements de terre et les régions volcaniques.
On compte 323 volcans actifs. L'Europe en possède une quinzaine. Le Vésuve
(hauteur 1190"), qui domine la baie de Naples, TEtna (3315"), en Sicile, le
Stromboli et le Volcano dans les îles Lipari. En Islande, outre les nombreux
geysers qui lancent de l'eau bouillante jusqu'à r»0 mètres de hauteur, nous trou-
vons huit volcans en activité, dont le principal est l'Hécla ( 1690"). Dans l'Archipel
Grec l'île Santorin et ses voisines, la petite et la nouvelle Kameni. Ces deux der-
nières ont surgi à la surface de la Méditerranée respectivement en 1573 et 1707.
Il arrive souvent que ces îles volcaniques ne font qu'une très courte apparition.
Tel est le cas de l'île Julia, qui s'éleva en juilUet 1831 au Nord-Ouest de la Sicile
et qui disparut vers le mois d'octobre de la môme année.
En France, on ne rencontre que des volcans éteints ; la chaîne des Puys, en
Auvergne.
11 y a peu de volcans sur le Continent africain. Par contre les Açores, les
Canaries, les îles du Cap Vert sont volcaniques. Le Pic de Ténérifife (3710"),
montagne des plus redoutées dans le passé à cause de ses formidables éruptions,
est en repos depuis un siècle.
Les deux côtés sud de la mer Rouge nous offrent quelques volcans.
Le Continent asiatique est également pauvre en volcans, mais il n'en est pas
de même des îles côtières et de TOcéanie'.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 191
Les archipels océaniens sont fort riches en pics éruptifs. Il faut citer notam-
ment le Mauna Loa (Iles Hawaï), qui s'élève à 4800™, avec le cratère Kilaueaqui
présente un véritable lac incandescent de plus d'une lieue en diamètre.
Le cataclysme de Java est encore trop récent pour qu'il soit nécessaire
d'insister sur le caractère volcanique des îles de la Sonde. L'île de Java possède
à elle seule quarante-cinq volcans.
En Amérique on remarque les chaînes de la côte Ouest que Ton a quelquefois
appelées « Téchine du Nouveau-Monde » . Cette longue suite de montagnes comprend
de nombreux volcans, en descendant du Nord au Sud ; nous rencontrons le mont
Saint- Augustin (Alaska), le mont S'-Elie (5800"); au Mexique, le Popocatepelt
(5100"). Suivant M. Vélain, (*) l'Amérique centrale compte à elle seule plus
de quatre-vingt-deux volcans, dont vingt-cinq en activité.
Les cordillières équatoriales sont fort remarquables au point de vue volcanique.
C'est là qui se trouve le Pichincha (4780"), le Cotopaxi (5940"). Plus au Sud,
près Valparaiso, l'Aconcagua élève sa cime imposante à une hauteur de 7150".
La plupart des volcans en série et des chaînes volcaniques peuvent se relier
par une ligne continue remarquable que nous pourrons tracer ainsi: île de
Sumatra, Java. Sumbawa, Timor, îles Philippines, île Formose, Japon, îles
Kouriles, presqu'île de Kamtchatka, îles Aléou tiennes, presqu'île d'Alaska, chaînes
côtières Ouest des deux Amériques, cap Horn, monts Erèbe et Terrer (Continent
Antarctique).
C. Détaille.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Ghnte d'un uranolithe en Turquie. — a Le i 3 zilcadé (4 septembre 1884)^ par
un Ciel très pur et sans aucune trace de nuages, à 11*»40" du soir (heure turque)
(5*» 45" p. m.) et à une demi-heure de distance de Kara-Denik, près d'Aïntab, il
est tombé sur une petite éminence un uranolithe qui produisit un bruit semblable
à un coup de canon. La détonation fut d'une telle violence, qu'à Kara-Denik et
dans les bourgs environnants, hommes et bêtes, dans leur frayeur, se sont mis à
courir pour s'abriter du danger mystérieux qui les menaçait.
Pendant dix minutes après la chute on entendit dans l'atmosphère un bruit
semblable au bourdonnement des abeilles.
Trois paysans qui se trouvaient non loin du point où le météore est tombé
ont osé s'approcher et ont constaté que Vobjet tombé était noir et ressemblait
à une tortue. L'uranolithe était tellement chaud qu'ils ont dû attendre quelque
temps avant de pouvoir le toucher; et lorsque, à la fin, un des trois paysans l'eut
pris dans ses mains pour le transporter, il était encore si chaud qu'il fut obligé de
le porter dans son habit, lequel, à son grand étonnement fut brûlé.
L'uranolithe a été transporté en entier au village, où, par suite d'une super-
(•) Le« Volcans (Paris, Gauthier-Villars).
192 L'ASTRONOMIE.
stition qu'une pierre tombée du Ciel a la propriété de guérir la fièvre, tous les
paysans présents la brisèrent pour en garder des fragments.
Un trou circulaire de 0°>,25 de profondeur et de 0°>,80 de diamètre, avait été
fait dans le sol pour la chute de cette pierre céleste. »
Grâce à l'amabilité de S. E. Hamdi Bey, le Directeur du Musée Impérial
Ottoman, il m'a été permis de le voir, de le peser et d'en prendre le dessin.
Fig. 69.
l
Uranolithe tombé à Aïntab (Turquie).
Aucune analyse n'en a été faite; mais je crois pouvoir affirmer que l'urano-
lithe d'Aïntab appartient à la classe des météorites pierreux.
Sa forme est plutôt arrondie et ressemble à un boulet de canon de grandeur
moyenne, la croûte est d'un noir mat.
Poids 2 >^g. 560.
Masse dure. Il y a des traces de nickel, manifestées parles particules argentées
qui se voient dans les veines de la pierre. F. A. Mavrogordato.
L'appulse d'Aldôbaran photographiée à Prague. — L'appulse d'Aldébaran
a eu lieu chez nous dans des conditions généralement favorables. En nous aidant
d'un de nos petits modèles de télescopes d'amateurs (0", 12 d'ouverture, 1°»,50 de
distance focale) sans mouvement d'horlogerie — une série die 20 photographies
de ce beau phénomène a pu être parfaitement réussie.
La fig (70) est la reproduction (imparfaite) de l'excellente épreuve obtenue au
moment du plus grand rapprochement de l'étoile avec notre satellite.
A la suite de nombreux essais, nous avons observé que la photographie céleste
si pénible et infructueuse, tant qu'on se sert de lunettes ou d'un réflecteur com-
biné avec lentilles quelconques, devient incomparablement plus facile si l'on pose
la jilaque sensible directement dans le plan focal d'un miroir parabolique. L'image,
r]uoique petite, est tout à fait nette; la mise au point à cause de l'identité focale
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 193
des rayons chimiques et optiques est^ facile et exacte; les plaques au gélatino-
bromure d'argent permettent une très courte exposition. Voilà les conditions
dans lesquelles nous sommes parvenus à des résultats très satisfaisants.
Pour nos épreuves nous avons choisi avec dessein un instrument de petite
taille avec miroir, de 0™,12 de diamètre sur l"*-,50 de distance focale et sans
mouvement d'horlogerie. Les phases de la Lune, depuis 6 jusqu'à 23 jours, les
Fig. 70.
L'appulse d'Aldébaraa photographiée à Prague.
grandes planètes, les étoiles, au moins de première grandeur, laissent une trace
sur la plaque sensible en une fraction de seconde, ce qui suffit, pour reproduire
fidèlement tous les détails de 10* à 20' de dimension angulaire.
A cause de la faible impression produite sur la plaque par l'étoile, il est néces-
saire de prolonger l'exposition jusqu'à 0%75 ou 1*, puis de renforcer le cliché
ultérieurement, ce qui est la cause d'une certaine incertitude de contours sur la
Lune même et d'un petit allongement de l'étoile.
Jos. et Jan Fric,
à Prague.
Société scientifique Flammarion, & Marseille. — A son retour de Nice, le Di-
recteur de la Revue a été reçu à la gare de Marseille par les membres du comité de
la Société scientifique de Marseille. Le 16 mars, répondant à de pressantes sollicita-
tions, M. Flammarion a donné, pour les sociétaires seuls, une conférence intime sur les
origines de la vie à la surface de notre planète. Le lendemain, un splendide banquet
de soixante couverts lui a été offert au Grand-Hôtel Noailles. Par une délicate atten-
tion du comité, chaque menu portait en tête un délicieux portrait de l'astronome, dû au
burin de M. Bérengier. Sur la table, on admirait, parmi les corbeilles de fleurs des
194 L'ASTRONOMIE.
pièces montées auxquelles on avait donné la forme de Saturne, de Jupiter et de diverses
constellations.
Parmi les toasts qui ont été portés, on a beaucoup applaudi celui du Président de la
Société, M. Bruguière, à l'infatigable propagateur de la plus belle des Sciences et de sa
haute philosophie, et celui du vice-président, M. Dubois, à son secrétaire dévoué
M"» Camille Flammarion, récemment décorée des palmes d'officier d'académie.
M. Flammarion s'est alors levé et a prononcé l'allocution suivante :
En me faisant le grand honneur de donner mon nom à votre Société naissante,
ce n'est point, comme vous le pensez, un sentiment d'admiration personnelle
pour mes travaux ou de reconnaissance pour les services que j'ai pu rendre à
l'instruction' publique qui vous a inspin'S.
Non. Comme vos sœurs aînées les Sociétés Flammarion d'Argentan, de Belgique,
d'Espagne et d'Amérique, vousavezéto inspirésparun sentiment général plus grand
et plus noble. Vous avez voulu prendre pour drapeau celui de l'apostolat scienti-
fique, celui de l'indépendance et du progrès. Mes travaux n'ont jamais eu d'autre but.
Les hommes passent, nous ne vivons que quelques jours. Mais les idées restent,
et vous avez compris que la grandeur de l'homme ne consiste ni dans les titres
retentissants, ni dans les dons plus ou moins aveugles de la fortune, mais seule-
ment dans la valeur intollectuello ot morale. Pour nous tous, le premier bien
est de savoir penser.
Si les âmes qui vivent de l'idéal sont reconnaissantes envers l'Astronomie, c'est
parce que cette science sublime a ouvert devant elles des horizons nouveaux
sur l'infini et sur l'éternité.
Aimant la science comme vous l'aimez, soucieux de voir l'instruction positive
se répandre partout, vous êtes tous des apôtres du progrès, de la lumière et de
la vraie liberté. Laissez-moi vous féliciter du magnifique résultat accompli en
moins d'une année. Au milieu de la plus ancienne cité de notre beau pays de
France, vous avez fondé un cercle scientifique, un cercle intellectuel, qui n'aura
pour se soutenir ni les odieuses ressources fournies dans les autres cercles par
la passion du jeu, ni même les attractions mondaines, qui sont les fleurs de la
vie, mais seulement la générosité des esprits d'élite, qui aiment la science pour
elle-même et apprécient à leur valeur les plaisirs intellectuels. Vous possédez
en vous la vie, vous êtes nés humblement, comme tout ce qui doit grandir;
vous vivrez.
Déjà, par vos conférences, vous savez merveilleusement vous tenir au courant
des progrès si rapides accomplis dans les diverses branches du savoir humain.
Bientôt, nous pouvons l'espérer, vous posséderez une bibliothèque scientifique
populaire, qui rendra les plus grands services. Plus tard, le magnifique empla-
cement de votre siège social vous permettra d'installer un observatoire domi-
nant la ville et la mer. Vous avez donc entre les mains tout ce qu'il faut pour
réussir et, heureusement, vous ne portez dans votre sein aucun germe de rivalité
ou de discorde, comme en sont trop souvent affligés certains établissements
officiels.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 195
Il n'est point nécessaire, Messieurs, d'être astrologue pour tirer dès aujourd'hui
l'horoscope de votre bonheur et pour porter un toast convaincu à la prospérité
assurée de la Société scientifique Flammarion, de Marseille. Vous êtes aujourd'hui
phalange ; demain vous serez légion.
Fig. 71.
Siège de la Société scientifique Flammarion, de Marseille.
La Société vient d'entrer dans sa seconde année d'existence. Elle possède déjà un
local à elle (dont nous reproduisons l'aspect, fîg. 71). C'est un excellent emplacement
pour servir un jour d'observatoire populaire.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 MAI AU 15 JUIN 1885.
Principaux olDjets célestes en évidence ponr robservation,
1o CIEL ÉTOILE :
Pour Taspect du Ciel étoile durant cette période de Tannée, il faut se reporter
soit aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descriptions
données dans les Étoiles et les Curiosités du CteZ (pages 594 à 635). La longueur
des jours qui précèdent l'époque du solstice d'été ainsi que la durée du cré-
puscule retardent l'heure des observations astronomiques à faire au commence-
ment de chaque soirée.
196
L'ASTRONOMIE.
2« SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 mai 1885, le Soleil se lève à 4*»20™ du matin et se couche
à 7"» 33» du soir; le l»»" juin, l'astre du jour apparaît au-dessus de l'horizon à 4*» 3"»
pour disparaître au-dessous à 7*»53™; enfin, le lever a lieu à 3*»58™, le 15 juin,
et le coucher à 8*» 3™ du soir. La durée du jour est de 15*» 13» au 15 mai, de 15*» 50"»
au l»»" juin et de 16*»5°> le 15 juin. Les jours augmentent, dans ces trente jours, de
22«» le matin et de 30™ le soir, soit un accroissement total de 52».
Le 14 juin, le Soleil passe au méridien de chaque lieu à midi précis. Avec une
lunette méridienne ou un cadran solaire, on peut donc régler facilement UDe
montre ou une pendule.
Le Soleil continue à s'éloigner de l'équateur céleste : sa déclinaison boréale
est de 18«58', au 15 mai, et de 23**20' au 15 juin, soit une augmentation de k^'2'2'.
Le 9 juin, le diamètre solaire est de 3i'34',26.
Lune. — La Lune continue à se présenter dans de bonnes conditions pour
l'observation, principalement dans le voisinage de la nouvelle Lune, au moment
où notre satellite nous montre le soir ou le matin son mince croissant. Les 16
et 17 mai, sa hauteur, lors du passage au méridien sera d'environ 59<»30'.
fHASEs... I pi^ igog j> à 8 40 soir.
DQ le 6 juin, à 0^ 14* matin.
NL le 12 » à 10 51 soir.
Occultations visibles à Paris,
Deux occultations seulement seront visibles à Paris dans la première moitié de
la nuit, depuis le 15 mai jusqu'au 15 juin. Une autre sera visible dans la seconde
moitié de la nuit. Nous la signalons parce que l'étoile occultée est de 4,5 grandeur.
1* a Écrevisse (4* grandeur), le 19 mai, de 11''9' à ll''24" du soir. L'étoile disparait
Fig. 72. Fig. 73.
Occultation ilc a Ecrevissea par la Lune, Occultation de • Balance par L
le 19 mai 1885, de ll»'^» a 11»»24 du soir. le 28 mai 1885, de 2»'22" à S"!» du matin.
Occultation de • Balance par la Lune,
dans la partie inférieure du disque unaire, à 43* au-dessus et à gauche du point le plus
bas et reparaît du môme côté, à 9* au-dessus du même point. Cette anomalie, qui est
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 19
représeatée {fig. 72), tient à ce que la Lune est près de l'horizon occidental, sur le point
de se coucher.
Ce curieux phénomène pourra être également étudié dans le Nord-Ouest de TËurope.
Dans le Sud de la France, dans les péninsules ibérique et italique, il y aura simple
appulse ou occultation d'une très faible durée, suivant la position du lieu d'observation.
2* 35 Sextant (6« grandeur), le 21 mai, de Q'-S- à 9''29"du soir. La disparition se pro-
duit dans la partie méridionale du limbe de la Lune, à 24* à gauche du point le plus
bas et la réapparition à 9* à droite de ce même point. Gomme la précédente, cette occul-
tation ne pourra être aperçue que dans le Nord-Ouest de l'Europe.
3' 6 Balance (4-5« grandeur), le 28 mai, de 2'»22- à 3»*l» du matin. Cette brillante
étoile disparaîtra, ainsi que l'indique la fig, 73, dans la partie septentrionale du limbe
de la Lune, à 32* à gauche du point le plus élevé et réapparaîtra à 10* au-dessus du
point le plus occidental. Cette occultation sera visible dans la plus grande partie de
l'Europe.
Occultations diverses.
Les nombreux lecteurs de VAstronomie pourront encore voir, suivant les
contrées de la Terre qu^ils habitent, les occultations suivantes :
1* 130 Taureau (G- grandeur), le 16 mai, de 6** 40" à 7»'36" du soir, heure de Paris,
temps moyen. Cette occultation pourra être étudiée dans la plus grande partie de
l'Europe.
2* Uranus, le 23 mai, vers 10^ du matin, temps moyen de Paris. Cette planète sera de
nouveau occultée et l'observation pourra être faite, en Océanie, dans le voisinage des
lies de la Nouvelle-Zélande.
Le 16 mai, à 10^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
360.900»^'^; diamètre lunaire = 33'6',2.
Le 31 mai, à minuit, la distance de la Lune à la Terre est apogée : 405.100>"»;
diamètre lunaire = 29'35',4.
Le 13 juin, à 4*» du soir, la distance de la Lune à la Terre est périgée : 357.400^™;
diamètre lunaire = 33'25',2.
Mercure. — Du 16 mai au 14 juin. Mercure se présentera le matin, avant le
lever du Soleil, dans le ciel de l'Orient. Pour les habitants de l'hémisphère
boréal, la rapide planète sera difficilement observable, bien que sa distance au
Soleil, le 25 mai, vers 1*» de l'après-midi, lors de sa plus grande élongation occi-
dentale, soit de 24''45'. Cela tient à la lueur crépusculaire alors très intense et à
la différence si considérable des déclinaisons des ileux astres : à ce moment, la
déclinaison boréale du Soleil est de 2l«2' et celle de Mercure de 11*23' seulement.
Mais les lecteurs de la Revue, qui observent dans l'hémisphère Sud de notre
globe, auront là une excellente occasion pour distinguer à loisir, la brillante
planète.
Jours. Lever. Pasamge Méridien . Différence Soleil. CoDStellatioa.
16 Mai 3^44» matin. 10"'32- matin. 0'»35- Bélier.
20 » 3 35 » 10 25 » 0 39 •.
24 » 3 26 » 10 21 » 0 44 »
28 » 3 19 »» 10 21 ». 0 47 u
!•' Juin 3 12 » 10 23 » 0 51 »
198 L'ASTRONOMIE.
Jouri. Lever. PMsage Méridien. Différence Soleil. Conitellation.
5 Juin 3^ 9* matin, 10^30- matin. 0^52- Taureau.
9 ). 3 7 » 10 39 » 0 52 »
12 » 3 8 M 10 49 « 0 50
14 ») 3 9 « 10 56 .) 0 40 «
Le mouvement de Mercure est direct, pendant cette période d'un mois. Le 13 juin,
la planète se trouve en conjonction avec e Taureau, de 3,5 grandeur; Mercure est
au sud de l'étoile et à une distance de l<>2r. Le diamètre de Mercure est de 8','2
au 25 mai, sa distance à la Terre au !«'' juin est de 140 millions de kilomètres, et
sa distance au Soleil, le même jour, est de 60 millions de kilomètres.
Vénus. — Cette belle planète commence à se présenter le soir, dans les brumes
de l'Occident, peu après le coucber du Soleil. Malgré le crépuscule, il sera facile
de reconnaître l'éclatante Vesper.
Jours. Passage Méridien. Coucber. Différence Soleil. Constellation.
24 Mai O»» 19- soir. 8^ 12- soir. 0*28- Taureau.
26 » 0 22 » 8 17 »> 0 31 »
28 » 0 24 -> 8 22 « 0 33 »
30 » 0 27 u 8 27 » 0 36 «
1«'Juin 0 30 » 8 32 » 0 39 >»
4 » 0 34 « 8 39 « 0 44 •>
7 » 0 38 » 8 44 » 0 46 »
10 » 0 42 .• 8 49 « 0 i9 Gémeaux.
13 j> 0 47 » 8 55 w 0 53 »
VÉtoile du Berger a un mouvement direct. Son diamètre est de 9',6 au !«' juin,
sa distance à la Terre, ce même jour, est de 254 millions de kilomètres, et sa
distance au Soleil est de 106 millions de kilomètres. •
Mars. — Le 5 juin, cette planète se lève à 2*»47« du matin, précédant le soleil
de 1*'14". Toujours très difficile à observer à cause de la lueur crépusculaire.
Petites planètes. — Cèrès est toujours facilement observable le soir, soit à
l'œil nu, soit à l'aide d'une jumelle marine.
Jours. Passage Méridien. Oouclier de Gérés. ConsteUation.
16 Mai 9*6- soir. S*» 51- matin. Vierge.
21 » 8 45 » 3 28 »» »
26 » 8 25 » 3 5 » »
31 « 8 6 « 2 44 »
5 Juin 7 47 » 2 21 » «
10 » 7 29 » 2 1 » V
Du 15 au 26 mai, le mouvement de Cérès est rétrograde, dans la direction de
TEst à rOuest ; mais à partir du 26 mai, le mouvement devient direct et la petite
planète se dirige sensiblement vers le Sud-Sud-Est, vers l'étoile de 3« grandeur,
0 Vierge.
Le 1®'' juin, Cérès oet éloignée de 302 millions de kilomètres de la Terre et
de 391 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 26 mai : Ascension droite... 12*43-. Déclinaison... 7*59' X.
» 11 juin : » » 12 46 » 5 53 N.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 199
Pallas continue à se présenter dans de bonnes conditions et est visible pendant
une partie de la nuit. Cette petite planète sera très facile à reconnaître dans le
Lion et la chevelure de Bérénice, à cause de son voisinage des étoiles P Lion
de 2« grandeur et 98 Lion de 6" grandeur. Pallas ne cessera de former le sommet
d'un triangle dont la base sera la droite qui unit ^ à 98 Lion.
Jours. Passage Méridien. Coucher de Pallas. CoDsteUation.
16 Mai S** S" soir. S^SS" matin. Lion.
21 » 7 51 » 3 36 » »
26 » 7 34 » 3 19 » »>
31 .) 7 17 .' 3 2 M ^
5 Juin 7 1 ») 2 45 » Ghev. de Bérénice.
10 » 6 46 » 2 29 » »
15 .i 6 31 » 2 14 « »
Pallas continue sa marche dans le sens direct, de l'Ouest à l'Est, en dehors
du chemin que suivent les autres planètes.
Le i«' juin, Pallas est éloignée de 312 millions de kilomètres de la Terre et
de 367 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 25 mai : Ascension droite... 11''51'". Déclinaison... 19*58' N.
» 11 juin : » » 12 4 » 19 31 N.
Junon est toujours facile à trouver, le soir, dans la constellation de la Vierge,
à cause de sa grande proximité de l'étoile ( de 3« grandeur. Le 20 mai, ces deux
astres seront en conjonction et la petite planète se trouvera au Nord de l'étoile,
à moins de S^B'. Une jumelle marine ou une lunette astronomique sera nécessaire
pour distinguer Junon.
Jours. Passage Méridien. Cooclier de Janon. Constellation.
16 Mai 9''52- soir. 4'* 8" matin. Vibrqe.
21 » 9 30 » 3 47 » »
20 » 9 8 u 3 26 w »
31 M ... 8 47 » 3 5 » »
5 Juin 8 27 » 2 47 « »
10 « 8 7 « 2 29 » «
15 » 7 48 M 2 8 » »
Le mouvement de Junon est rétrograde jusqu'au 12 juin. A partir de ce mo-
ment, la marche de la petite planète redevient direct.
La distance de Junon à la Terre est de 380 millions de kilomètres au !«'' juin
et de 484 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 25 mai : Ascension droite... 13*' 27*". Déclinaison... 3*10* N.
» 11 juin : » » 13 24 » 3 7 N.
Vesta est toujours invisible, bien que se levant près de deux heures avant le
Soleil.
Jupiter. — Cette belle planète brille toujours du plus vif éclat dans le voisi-
nage de Régulus. Le 30 mai, au soir, Jupiter et Régulus sont en conjonction et
leur distance n'est que de 42'.
200 L'ASTRONOBI)k
Joor«. PMsain Méridien. Coodier. ConatellAtion.
17 Mai 6'' 15- .soir. 1 '•27- matin. LiOK-
21 » G 1 » 1 12 » »
25 >» 5 47 » 0 57 » »
29 « 5 32 . 0 42
2 Juin 5 18 » 0 27 », »
6 » 5 4 » 0 12 » »
10 » 4 5t ■ » 11 54 soir.
U * 4 37 » 11 39 • y
Jupiter continue son mouvement direct dans la constellation du Lion. Le !•' juin,
le diamètre de la planète est de 33',4, sa distance à la Terre est de 820 millions
de kilomètres et sa distance du Soleil 800 millions de kilomètres.
Employer une bonne jumelle marine pour Tobservation des satellites de
Jupiter. Les personnes douées d'une très bonne vue pourront essayer de distinguer
le 3" satellite à l'œil nu, lors de ses plus grandes élongations qui auront lieu aux
dates suivantes : 18, 21, 22, •^),"^28 et 29 mai, i«r, 2, 5. 8, 9 et 12 juin.
Éclipses des satellites de Jupiter.
17 Mai Il'' 30** soir. Immersion du 2* satellite occulté.
20 » 9 42 » Emersion 3 » »
V » 1120 • Immersion 3 m éclipsé.
22 » 10 32 » Emersion 1 » »
27 » 10 6 » Immersion 3 » occulté.
28 » 8 48 V Emersion 2 - éclipsé.
4 Juin 11 23 » » 2 » »
5 » 10 52 » Immersion 1 » occulté.
7 » 8 51 » • Emersion 1 » éclipsé.
14 » 10 47 » » 1 » »
Remarque. — Les 15, 21 et 27 mai, 4 et 10 juin, les satellites de Jupiter sont
d'un même côté du disque de Jupiter.
Saturne. -— Saturne devient de plus en plus difficile à reconnaître, le soir, à
l'Ouest, peu après le coucher du 'Soleil. Cette belle planète va bientôt disparaître.
Le l**" juin, son diamètre est de 15" seulement.
Uranus. — Le mouvement d'Uranus est rétrograde jusqu'au 6 juin et la planète
se dirige vers p Vierge, étoile de 3,5 grandeur. A partir de ce jour, il reprend sa
marche vers l'Est, toujours sous l'aspect d une étoile de 6« grandeur.
Jours. Passage Méridien. Coucher. ConsteUation.
17 Mai , 8M5'" soir. 2'' 24- matin. Vierge.
22 » 7 55 » 2 4 » »
27 » 7 35 » 144 » »
2 Juin 7 U « 1 20 I. »
7 » 6 51 » 1 » « »
12 » 6 32 » 0 41 » »
Coordonnées au l"juin : Ascension droite : ll''56"48'. Déclinaison : VQ'Z^' N.
Eugène Vimont.
CORRESPONDANCE.
Curieux effets de la foudre, — M. V. -Pépin, de Saint-Brieuc, nous adresse Tintéres-
santo relation suivante, à la date du 15 mars 1885. J'ai de mes propres yeux vu les dégâts
accasionnés par la foudre, dans une ferme du village de Villecherel ( canton de Pleine-
Fougères). L'électricité suivant la cheminée qu'elle démolit, arracha une pierre du foyer,
fit un trou dans la muraille, tua une vache couchée de l'autre côté et revinC dans la
maison. C'est là que se passa une %teène épouvantable :
Il était une heure du matin — l'horloge arrêtée à une heure juste, sert de témoin. Le
fermier et sa femme dormaient; un de leurs tout petits enfants était couché dans un berceau
auprès du lit. La foudre, en un instant, arrache au fermier son oreiller de dessous la
tête, brise les portes, les fenêtres, en projette les éclats à 10 ou 15 mètres dans le jardin,
enfonce les meubles, casse la vaisselle ; puis, se faisant un passage dans la partie supé-
rieure d'un buffet et dans le plafond, traverse un tas de paille sans y mettre le feu et
sort enfin, on ne sait par où, remplissant la maison de gaz à odeur sulfureuse. Ces gaz
étaient si irrespirables que les trois ou quatre enfants étaient suffoqués; les parents furent
obligés de les porter dehors: le plus jeune resta même longtemps sans connaissance.
Lorsque je les visitai, à huit heures du matin, ils étalent tous bien pâles, ou plutôt verts !
Aucun métal n'a étéattaaué; ainsi les armoires, les buffets, sont ornés ordinairement;
dans nos campagnes de plaques de cuivre: pas une n*a été touchée. On peut aussi
remarquer que la foudre n'a point allumé d'incendie eu passant dans le foin et la paille.
M. E. Blot, à Glermont (Oise). — Nous avons reçu votre intéressante épure de Toccul-
tation d'Aldébaran par la Lune, le 1*' septembre prochain. On ne saurait trop vous féli-
citer de la précision que vous avez su apporter dans cette détermination graphique de
toutes les phases du phénomène.
M. Bruquièrb, à Marseille. — Merci pour vos observations des taches solaires- Vous
savez qu'elles sont collectionnées avec soin et nous sont très utiles pour la statistique
des phénomènes solaires.
M. J. GoLOMBAT, à Montagny. — Merci de vos intéressantes observations^ dont
plusieurs seront prochainement publiées. Une lunette équatoriale de 108*" comblera
vos vœux. Votre lunette de 40"'" peut parfaitement y être adaptée comme chercheur.
M. Barthelont, à Quimper. — Nous regrettons que la nature de nos occupations ne
nous permette pas d'apprécier, comme il le mérit« sans doute, votre intéressant travail.
Quant à la demande que vous adressez à M. G. F., il lui est impossible de la satisfaire,
car il est tout à fait incompétent dans les questions de viticulture.
M. Lucien Sol, à Paris. — La Lune est en effet attirée plus fortement par le Soleil
que par la Terre, elle tourne eflfectivement autour du Soleil en un an puisqu'elle parti-
cipe au mouvement annuel de la Terre, ce qui ne Tempêche pas de tourner autour de la
Terre dans la période d'un mois. Voyez l'article de M. Gérigny : Comment la Lune se
meut dans l'Espace. ( V Astronomie T. L 1882 n" 2, avril p. 65.)
M. Oranger, à Auneau. — Votre observation de Jupiter est intéressante. Il est en
effet assez rare qu'on observe sur cet astre des points noirs : il serait utile de savoir si
vous avez revu ces points noirs et si vous avez pu les suivre ; leur observation faite
d'une manière systématique serait utile pour la détermination de la durée de la rotation.
Vous av6z bien raison de regretter q^ue tant de travail et d'intelligence se dissippont
en pure perte dans des spéculations oiseuses ou des intrigues condamnables. Que l'hu-
manité deviendrait vite puissante et instruite, si les hommes savaient employer utile-
ment les facultés intellectuelles dont ils ont le bonheur d'être doués !
M. Henri Mullbr, à Lischert. — La question que vous soulevez est fort intéressante,
mais fort difficile. Il ne suffit pas de tenir compte des densités des corps célestes : il
faut aussi avoir égard â la loi de l'attraction; on ne peut juger à première vue aes
mouvements de la matière soumise à d'aussi nombreuses innuences, et il faut de toute
nécessité avoir recours à l'analyse mathématique.
Un abonné, à Beaumont (Jersey). — Votre sismographe est en effet fort simple et
pourrait rendre de grands services. La grande difficulté consiste à l'installer dans un
endroit où il se trouve à l'abri des agitations accidentelles; trépidations du sol sous
l'influence des voitures, oscillations des murs, des planches ou des pUjkfonds produites
par le vent ou les pas d'une personne marchant dans la maison, etc, etc. — II faut des
précautions toutes spéciales pour être sûr d'observer véritablement un phénomène géo-
logique et non une agitation artificielle.
M. PÉROCHE, à Lille. — Vos réflexions sont très judicieuses. Il est bien certain que si
l'attraction de la Lune a quelque influence sur les .tremblements de terre, et les farts
intervenir dans la production des oscillations plus fréôuentes en cette saison. Mais
l'influence de la température paraît être révélée nar l'accroissement des secousses
Sondant la nuit, elle doit aussi se faire sentir en niver dans le même sens, et il est
ifficile de faire la part de ce qui est dû 1* à la diminution de la température 2* à la
proximité relative du Soleil.
M. Mavroqordato, à Constantinople. — Merci pour vos documents au sujet des
tremblements de terre ressentis en Grèce; ils seront certainement utilisés.
M. Ghailloux, à Paris. — Vous trouverez dans VAstronomie populaire, p. 591, et
dans les Terres du Ciel, p. 736, tous les documents relatifs au satellite de Neptune. II
n*a pas encore reçu de nom,
M. Emile Baudry, à Blois. — Veuillez recevoir nos vives félicitations. Vos Douze
sonnets astronomiques sont profondément pensés. L'édition en est élégante et digne
d'une œuvre consacrée au Ciel.
M. Pierre Sindigo, à Paris. — Les questions que vous nous adressez sont rédigées
de telle sorte qu'il est impossible d'y répondre sans entreprendre au préalable une
longue discussion sur leur énoncé même. La signification même de ces questions est
souvent fort obscure, et nous ne comprenons pas Jaien ce que vous voulez dire.
M. Frank Allan Curtis, de San Remo, écrit que le tremblement de terre dont il est
question au tableau publié dans la Revue de Mars a. eu heu, non le 25 janvier, mais le
samedi, 24, à la même heure (9^ 3" de Rome). La durée a été de 4*. La direction était
S. E. à N. W.
Le lundi 16 février, on a ressenti un autre tremblement qui a duré 2% à 11'' 10*"
(heure de Rome, — même direction) et qui s'est terminé par une forte secousse rappe-
lant celle d'un train subitement arrêté.
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N» 6.
Juin 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DONNANT LB TABLEAU PERMANENT DES DÉCOUVERTES ET DES PR00RB8 RÉALISAS
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La Revue parait le t*^ de chaque Mois.
PARIS.
GAUTHIER-YILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE L*OBSERVATOIRE DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE DU N» 6 (JUIN 1885).
La photographie directe du Ciel, par MM. Paul et Prospkh Henrv (2 figureai). — L'Observa-
toire de Nice et l'Astronomie en France, par M. Camille Flammahion (4 flgures). — Murs
ënigmatiqaes observés 4fc la surface dé la Lune, par M. L. Tbouvelot (1 flgure). —La
hauteur des lueurs crépusculaires, par M. Cii. Dufour (2 flgures). — NouTelles de la
Science. Variétés : Le» saints de glace et le mois de mai 1885. Phénoméoes solaires et aurores
boréales. Lueurs crt'pu oculaires eklnmière zodiacale» par M. J. Colombat. Visibilité de Mer-
cure. Vénus visible en plein jour. Etoile double voisine de p du Capricorne. L'éclipsé partiell<^ 1
de Lune, du 30 mars, observée par MM. O. et S. Broune. Observations curieuses sur la Lune, La i
Lune h l'envers. Aurores boréales. Eruption du Vésuve. Poussières de fer dans Tatmosphère. (
Gréions remarquables (1 figure). Les vi<^times de la foudre. L'acide carlwniquc de Tair. Mouve-
ments lents du sol. Acoélération thermodynamique du mouvement de rotation de la terre. Den-
sité de la terre. Sur le mouvement relalif do la terre et de l'éther. Légers tremblements de terre-.
Les volcans et les mesures magnétiques. L'inventeur des jumelles. Statue à Giordano Bruno.
I/Astronomie popularisée. Un cadran solaire de plus de deux mille ans. — Observations as-
tronomlqueSf par M. E. Vimont (2 figures) .
ARTICLES SOUS PRESSE
POUA PARAITRE DANS LES PROCHAINS NUMÉROS DE LA REVUE.
FLAMMARION. — Les conditions de la vie dans TUnivers iauHe el fin).
DAUBRËE. — Découverte au Grofotand de masses de fer natif, d'oH^lne terrestre
et analogue au fer natif d*origine eattra-terrestre.
BERTHELOT. — Sur les slg^nes des métaux rapprochés des signes des planètes.
CHANTRE. — Les anciens glacto|S« des Alpes.
VAN SANDIGK. — L'AstronomJIe clica les Javanais.
ERICSON. — Nouvelle mesure de la température du Soleil.
TOTJNG. — Les problèmes actuels de T Astronomie.
Jules BON JE AN. — La réforme du calendrier.
BARRA (D'). — La météorologie en Australie.
FENET. — Les curiosités sidérales vues dans les instruments moyens.
VIMONT. — Instructions pour Tnsage des instruments.
JACKSON. -- Tableau des diverses vif esses.
DETAILLE. — L'Astronomie des anciens Egyptiens.
ROSSI DE GIUSTINIANI. — L'AstrononUe des anciens philosophes grecs.
G. HERMITB. — Détermination du nombre des étoiles.
LESPIAULT. — Démonstration élémentaire des lois de Newton.
FLAMMARION. — L'origine des constellations.
GALLT. — Eclipses de Soleil et de Lune ^1 arriveront de l'an 1 886 k Tan 2000
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DA,NS LA REVUE.
A. D'ABBADIE, de l'Institut. — Choix d'un premier méridien.
ARAGO <V.). — Le soleU de Minuit.
BERTRAND <J.), de l'Institut. —Le satellite de Vénus.
BOË (A. De), astronome à Anvers. — L'Etoile polaire.
DAUBRÉB, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNING <A.), astronome à Bristol. — Observations télescopiques da Jupiter, de Vésas
de Mercure.
DBNZA (P.), Directeur de l'Observatoire de Monoalleri. — Chute d'un uranolithe en Italie.
DETAILLE, astronome. — L'atmosphère de Vénus. — Nouvelles mesures des anneaux
de Saturne. — Les tremblem^^s de terre.
FATE, Prét^idont du Bureau des Longitudes. — NouTelle théorie du Soleil. — Distribution
des taches solaires. ~ Mouvements lents du sol en Suisse. — La formation du sys-
tème solaire.
FLAMMARION. — Les carrières astronomiques en France. -- Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une cenèse dans
le Ciel. — Gomment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de l'InllnL—
D'où viennent les pierres qui tombent du Ciel ? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre — La conquête des airs et le centenaire de MoAtsolfler. —
Les grandes marées au Mont Saint- Michel. — Phénomènes mètéorologiqus obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. -^ Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa.—
La planète transneptunlenne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
victimes de la foudre.
FOREL (le Professeur). — Les tremblements de terra.
GAZAN (Colonel). — Les taches du soleil.
GÂRIGNT, astronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. — Ralentissement dv
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Études sélénographi-
ques. — L'èquatorial coudé de l'Observatoire de Paris. — L'hèllomètre. — La nais-
sance de la Lune. «
HENRT, de l'Observatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur Uranns.
HERSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranolithe en Angleterre.
HIRN, correspondant de l'Institut. — ConsèrTation de l'énergie solaire. — Phénomènes
produits sur les bolides par l'atmosphère. — La température du Soleil.
HOUZEAU, Dirortcur de l'Observatoire de Bruxelles. — Le satellite de Vénus.
^ L'ASTRONOMIE. —
LA PHOTOGRAPHIE DIRECTE DU CIEL.
201
VAsironomie a fait connaître (année 1884, p. 370) les premiers essais que
nous avons obtenus dans la photographie directe des étoiles à l'aide d'un
Fl^ 74.
L*ama8 de Persée, photographié directement,
Obseryatolre de Paris. Dorée de la pose = 50 minnlcs. 550 étoiles de la 7* & In J8* griindear,
Bctaelle 1* = 139««. (Cliché du 10 octobre 1884).
objectif de 0", 16 et d'un appareil provisoire. Ces premiers essais ayant donné
de bons résultats, M. le Directeur de l'Observatoire a bien voulu faire cou-
Juin 1885. 6
202 L'ASTRONOMIE.
struire immédiatement un appareil spécial dont la partie mécanique a été
exécutée d'une façon remarquable par M, Gautier et dont nous avons nous-
mêmes construit l'objectif.
Ce nouvel instrument se compose de deux lunettes juxtaposées, renfer-
mées dans un tube métallique unique en forme de parallélipipède et sépa-
rées dans toute la longueur par une mince cloison; l'un des objectifs,
de 0*", 24 d'ouverture et 3", 60 de distance focale, est destiné à Tobservatiou
visuelle et sert de pointeur; l'autre, de 0">,34 d'ouverture et de 3", 43 de
foyer, est achromatisé pour les rayons chimiques et sert à la Photographie.
Les axes optiques de ces deux lunettes étant parallèles, tout astre maintenu
au centre du champ de l'oculaire de la première produit son impression
au centre de la plaque sensible de l'appareil photographique.
L'équatorial est monté dans la forme dite anglaise, c'est-à-dire que le
centre du tube reste toujours dans Taxe polaire de l'instrument. Cette dis-
position permet de suivre un astre depuis son lever jusqu'à son coucher,
sans qu'il soit nécessaire de retourner l'instrument dans le voisinage du méri-
dien ; elle a, de plus, l'avantage de donner, pour toutes les régions du ciel la
position directe et la position inverse, ce qui permet d'éliminer certaines
erreurs de décentrage.
Il est muni, comme les équatoriaux ordinaires, de cercle horaire, de
cercle de déclinaison et d'un mouvement d'horlogerie qui peut faire mar-
cher l'appareil pendant trois heures sans être remonté.
Il existe des mouvements indépendants de rappel très lent permettant de
maintenir Taxe de la lunette dans une position parfaitement déterminée,
malgré quelque légère irrégularité dans le mouvement d'horlogerie ou rorien-
tation de la lunette.
L'objectif photographique, le plus grand qui ait encore été exécuté, est
formé d'un système achromatique simple, et, quoique d'un rapport focal
extrêmement court, il peut couvrir très nettement, sans l'emploi d'aucun
diaphragme, le champ très considérable de 3* de diamètre.
Bien que cet appareil ne soit pas encore entièrement réglé, nous avoub
déjà pu obtenir, en une heure de pose, l'épreuve reproduite ici (fig. 7.5) : sur
une surface représentant une étendue du ciel d'environ 5* carrés, on peut
compter 2790 étoiles comprises entre la 5* et la 14* grandeur aussi nettement
venues sur les bords qu'au centre de l'épreuve ; on peut même distinguer
sur le cliché les traces des étoiles de 15« grandeur, mais trop faiblement
impressionnées pour supporter le report sur papier;. elles seront certaine-
ment obtenues par une pose plus longue ; les étoiles de 14* grandeur se pré-
sentent sous un diamètre de xô de millimètre.
La construction d'une telle carie, obtenue en une heure, aurait certai-
LA PHOTOGRAPHIE DIRECTE DU CIEL. 20Î
nement exigé plusieurs mois d'un, travail assidu par les procédés ordi--
naires.
Voici la durée de pose nécessaire pour obtenir l'image des étoiles :
!>-• étoiles.
!'• grandeur 0%003
2* 0 ,01 3 >
3- 0,03
4- : 0,08
5- 0,2
6% dernières étoiles visibles à l'œil nu 0 ,5
?• 1,3
8* 3
9- 8
10- \ . 20
11* l grandeur moyenne des astéroïdes ' 50
12- ) ) 2-
13- 5
14* 13
15" i dernières étoiles visibles avec la moyenne des i 33
16* j grands instruments \ 1^23
Tous ces chiffres représentent un minimum; pour obtenir de bonnes
reproductions sur papier, il faudra tripler ce temps de pose.
On voit par ce tableau que, entre la première et la dernière grandeur
d'étoiles, la durée de pose varie de 1 à 1 000 000. (Le rapport adopté entre
Téclat de deux grandeurs consécutives est 2,512).
Nous nous sommes servis pour ces expériences des plaques au gélatino-
bromure de Monckoven, préparées par M. Bernœrt, de Gand.
Remarquons en terminant que ces nouveaux progrès ont sensiblement
augmenté la puissance de la vue humaine, puisqu'ils permettent d'obtenir
l'image d'une étoile ou le tracé de la route d'un astre qui resterait invisible
avec des lunettes de môme ouverture que celles qui servent à la photographie.
La persistance de l'impression rend la plaque photographique plus sensible
que la rétine.
Paul bt Prosper Henry
Astronomes-adjoints de robservatoire de Paris.
Ce sont là de magnifiques résultats, et, nous éprouvons le plus vif bonheur
à les présenter à nos lecteurs du globe entier. « Tous les astronomes dirong-
nous avec M. l'amiral Mouchez, tous les astronomes attacheront certainement
un grand intérêt aux résultats qui viennent d'être obtenus à l'Observatoire
de Paris; ils justifient cette remarque déjà ancienne, que les astronomes qui,
suivant l'exemple illustre des Galilée et des Herschel, s'appliquent à con-
Î04 L ASTUONOMIB.
Btruire eux-mêmes leui^ insU*uments, deviennent les plus habiles artistes et
font faire le plus de progrès à l'Astronomie d'observation. Ces résultats sont
d'une importance considérable pour l'Astronomie. La photographie céleste
avait sans doute déjà produit quelques résultats intéressants, mais ils n'of-
fraient guère jusqu'ici qu'un objet de pure curiosité, aucun fait nouveau
dans la connaissance du ciel ne leur étant encore dû; il en est tout autre-
ment aujourd'hui avec les nouveaux grands objectifs photographiques de
MM. Henry.
« Le piemier grand problème qui va pouvoir être résolu en quelques années
est le construction exacte de la Carte du ciel, c'est-à-dire le dénombrement,
le classement et la position de toutes Içs étoiles visibles avec les grands in-
struments, problème qui a longtemps préoccupé les plus célèbres astronomes
et était considéré comme insoluble jusqu'ici.
» Herschel, après la construction de son grand télescope, consacra de bien
longs travaux à la solution d'une parlie seulement de la question, le dénom-
brement des étoiles. Mais il trouva, par les procédés de sondage ou de jauge
qu'il avait imaginés, qu'il lui faudrait quatre-vingts années de travail
pour arriver à l'exploration complète du ciel; cependant, après plusieurs
années d'observation, il crut pouvoir fixer approximativement le nombre des
étoiles visibles avec son grand télescope, c'est-à-dire jusqu'à la 14« ou 15*
grandeur, à vingt millions et demi. Par une remarquable coïncidence, nous
arrivons à peu près au même chiffre avec notre épreuve obtenue en une
heure de pose. La surface de la sphère contenant 41 000* carrés environ, si
l'on admet que notre épreuve représente une région de densité moyenne du
ciel, les 2790 étoiles contenues dans ces 5* carrés donnent à peu près 22 mil-
lions et demi d'étoiles pour l'ensemble de la voûte céleste.
» Comme autre étude très importante, devenue aujourd'hui possible par la
Photographie, nous pouvons signaler la découverte des astéroïdes. Les petites
étoiles s'inscrivant sur le cliché comme un point pour ainsi dire mathéma-
tique, les planètes s'en distinguent par un petit trait parfaitement net indi-
quant leur mouvement propre en grandeur et en direction pendant la durée
de la pose : c'est ainsi que nous avons déjà obtenu, avec l'appareil provisoire
de l'année dernière, le mouvement propre de Palias au milieu des étoiles fixes.
» On pourra étudier de même le mouvement des satellites autour de leur
planète : sur les épreuves de Jupiter prises de dix minutes en dix minutes, on
voit nettement s'accentuer la marche de ces petits corps autour de Taslie
piincipal.
» L'étude des étoiles doubles et multiples, quand ces groupes ne seront pas
trop serrés, en sera grandement facilitée; et Ton pourra également appliquer
la Photographie à la recherche des parallaxes ; j'ai déjà eu l'occasion de dire
LA PHOTOGRAPHIE DIRECTE DU CIEL. 20^
qu'avec un microscope ordinaire et un grossissement de quinze à vingt fois,
j'ai pu faire sur les clichés des pointés à un ou deux dixièmes de seconde
près.
» Enfin il faut citer la photométrie comme une des branches de l'Astronomie
FijT. 75.
Photographie directe de cinq degrés carrés du ciel.
ÎO"»»" à 20»» 16"; -+- 35» 0' à -f-' 37«»80'. 2800 étoiles d« la 5* & la H* grandeur.
(Cliché du 23 avril 1885).
physique, qui pourra recueillir maintenant de très utiles documents de
l'emploi de la photographie. »
Celte question si intéressante de la valem* photométrique des étoiles reçoit
de la photographie une interprétation différente de celle de ToBil humain,
mais qui n'en est pas moins précieuse. On sait que le bleu vient blanc en
206 LASTRONOMÎE.
photographie, tandis que le jaune et le rouge viennent noir. Les étoiles
blanches et bleuâtres de 15* et 16' grandeurs se laissent photographier sans
peine ; les étoiles jaunes, orangées ou rougeâtres ne sont pas photogéniques.
Dans l'amas de Persée {fig. 74) il y a notamment une étoile de %• grandeur
et demie qui ne produit sur le cliché que la trace d'une étoile de 11*. Les étoiles
rouges les i)lus brillantes, Aldébaran, par exemple, ne donnent pas, comme
on pourrait le croire, des disques grands et ternes, mais de minuscules petits
points. La variabilité de couleur se décèlera par la photographie.
Il existe d'ailleurs des plaques isochroraatiques (entre autres celles de
MM. Glayton et Atout-Tailler) qui permettent de photographier toutes les
étoiles, quelles que soient leurs couleurs, avec leur intensité lumineuse réelle.
Mais ce sont surtout les mouvements propres des étoiles qui se manifeste-
ront par les comparaisons périodiques des aspects célestes. Les positions rela-
tives très précises substituées aux positions absolues mettront en dix ou vingt
ans en évidence des déplacements que cent années d'observations méri-
diennes n'auraient pas signalés. Toute équation personnelle étant élimin^'O
dès le principe, les résultats obtenus seront dignes delà plus haute confiance.
En résumé, les ingénieux travaux de MM. Paul et Prosper Henry sont de
ceux qui illustrent à la fois un établissement et un pays. Ils font le plus grand
honneur à l'Observatoire de Paris et contribuent tout particulièrement à sa
prospérité scientifique et à sa gloire.
L.V RÉDACTION DE LA ReVUE.
L'OBSERVATOIRE DE MCE ET L'ASTRONOMIE E> FRANCE.
Nous venons de visiter, dans les ateliers du célèbre constructeur Eiffel, la
plus grande des coupoles tournantes qui aient jamais été construites. Cett^
merveille flottante ne mesure pas moins de 22", 40 de diamètre à l'inté-
rieur; c'est-à dire qu'elle surpasse de 2 mètres celle du Panthéon. Elle pèse
95 000'«, est construite en fer, composée de 620 feuilles, assemblées entre
elles par 55 000 rivets. Elle est simplement posée sur de l'eau, flotte comme
un bateau, si légèrement que la main d'une Parisienne peut la faire tourner
à l'aide d'un petit treuil. En moins de quatre minutes, elle fait un tour
complet sur elle-même. Un vent un peu fort suffit même pour la mettre eu
mouvement.
Cette coupole est destinée à TObservatoire de Nice.
Le résultat obtenu par le hardi constructeur auquel on doit le projet de la
tour de 300" destinée à couronner l'exposition séculaire de 1889 est aussi
merveilleux qu'inattendu. Les ingénieurs invités par le Ministre des travaui
L OBSERVATOIRE DE NICE ET L'ASTRONOMIE EN FRANCE.
207
publics à examiner les projets de concours pour la coupole de 20"" que
l'Observatoire attend toujours — et attendra malheureusement longtemps
encore — se déclarèrent contre cette idée nouvelle et originale de faire
porter une coupole astronomique sur de l'eau. Cependant, ils la discutèrent,
pour la repousser par quatre voix contre trois. Elle avait pourtant un pro-
tecteur puissant, Tamiral Mouchez, Directeur de TObservatoire, juge ausâi
éclairé qu'indépendant.
M. Charles Garnier, Tarchitccte de TOpéra, qui venait de terminer TObser-
Fig. 76.
Plan général de l'Observaloire do Nice.
vatoire de Nice, dû à la générosité scientifique sans seconde en France do
M. Bischoffsheim, faisait partie de la commission des sept et était Tun des
trois partisans du projet Eiffel. Ayant une coupole à placer sur la magni-
fique base égyptienne qui domine si splendidement le mont Gros à Nice,
Phidias décida Mécène à choisir la coupole flottante, de préférence à tous les
anciens systèmes. S'il se fût agi d'un établissement de TEtat, par exemple de
l'Observatoire de Paris, on eût été obligé de suivre l'avis de la commission
officielle, et, au lieu de ce dôme aérien, qui n'est plus qu'un jeu dans la
main de l'observateur ou de son assistant, on aurait construit un édifice
massif analogue à celui de la terrasse de l'Observatoire, à cette coupole de
la tour de l'Est construite du temps d'Arago et qui a lassé la patience des
rares astronomes qui se sont astreints à observer le ciel sous cette lourde
carapace.
208
L'ASTKONOMIE.
Je me souviens pour ma part que, dans le cours de rannée 1877, ayant
eu à passer là quelques nuits d'observation, la coupole était si dure à
tourner que plusieurs hommes d'équipe étaient nécessaii*es pour la mettre
en mouvement; il ne fallait pas moins de trois quarts d'heure de travail
pour lui faire faire un seul tour. Quant aux trappes, deux hommes devaient
se pendre aux cordages destinés à les ouvrir et encore n'y réussissaient-ils
pas toujours.
Dans la coupole de Nice, le système d'ouverture est complètement nou-
Fig. 77.
1 i ;
i ! i
r
La coupole flottanto de 22» de diamètre.
veau. Il se compose simplement de deux volets, régnant sur toute la hauteur
de la coupole, depuis la base jusqu'au sommet, qui s'écartent l'un de Tautre,
parcourant chacun 1'",50, et donnent à l'ouverture destinée aux observa-
lions un espace complètement libre de 3'" de largeur et de toute la hauteur
de la coupole. Ajoutons que les volets, une fois fermés, le sont hermétique-
ment, et que les gouttes de pluie chassées par le vent ne risquent pas d'aUer
détériorer l'instrument.
Nous l'avons dit tout à l'heure, l'innovation de cette construction consiste
dans l'application du principe d'Archimède : tout corps plongé dans l'eau
perd une partie de son poids, équivalente à celui de l'eau qu'il déplace. La
coupole pesant 95 000^», on a donc construit une cuve circulaire destinée
à la soutenir, pouvant contenir plus de 95 000 litres d eau. La base de la
coupole s'enfonce d'une certaine quantité dans celte eau, ne pose pas sur le
L'OBSERVATOIRE DE NICE ET L'ASTRONOMIE EN FRANCE.
209
fond, ilbtte tout simplement, comme un oateau. Cette cuve annulaire mesure
par conséquent 22°*, 40 de diamètre intérieur, comme la coupole elle-même;
sa hauteur est de t™,50, sa largeur de l'",20.^ur le flotteur est fixée une
armature de seize fermes en acier, qui forme en quelque sorte la base et la
charpente du dôme mobile. Au besoin, en cas de réparation de la cuve, par
exemple, la coupole peut tourner sur des galets, comme on le voit sur la
fig- 77.
Ce n'est pas de Teau pure qui remplit la cuve, car chacun sait que l'eau
Fig. 78.
- -*7s^ - '
La coupole sur son piédestal .
gèle à zéro et que, même sur la montagne de Nice, il serait imprudent de
s'exposer à voir la coupole immobilisée précisément pendant les belles nuits
d'hiver. M. Eiffel a choisi une dissolution de chlorure de magnésium,
laquelle ne se gèle qu'à 40° au-dessous de zéro, froid sans exemple à Nice, à
Paris et dans tout le monde habitable. On a objecté que le chlorure de
magnésium pouvait attaquer les métaux. Mais M. Pictet l'emploie depuis dix
ans dans ses appareils frigorifiques et n'a jamais remarqué aucune dété-
rioration.
Voici maintenant ce beau projet réalisé. La coupole va être démontée et
portée sur la base qui l'attend à Nice. Elle abritera un équatorial colossal de
18" de longueur, dont l'objectif, de O^TO de diamètre, a été parfaitement réussi
par M. Feil et va recevoir la savante courbure qui lui convient, par les soins
6*
210
L'ASTRONOMIE.
de MM. Henry frères, de l'Observatoire de Paris, célèbres par leurs décou-
vertes astronomiques comme par leurs travaux en optique, qui en ont fait
depuis longtemps déjà les émules et les continuateurs de Foucault.
Là, sur la montagne qui domine dans les hauteurs aériennes la ville du
bruit et des plaisirs, au sein du silence solennel des rochers et des bois, en
face de l'un des plus grandioses tableaux de la nature qui se puissent voir,
entre la Méditerranée au miroir resplendissant et les Alpes couronnées de
leurs neiges éternelles, les astronomes de TObservatoire de Nice vont conti-
Flg. 7'J.
Coupe du flotteur de la coupole.
nuer et développer encore les recherches ingénieuses et les belles décou-
vertes qui ont déjà signalé leur avènement. Déjà, à Taide des premiers
instruments mis à leur disposition par une générosité scientifique qu'on ne
saurait trop louer, les étoiles doubles, les planètes de notre système, les
comètes errantes ont été minutieusement étudiées, examinées, mesurées par
M. Pen-otin, le directeur de l'Observatoire, et par son aide assidu, M. Char-
lois; déjà aussi, à l'aide d'un appareil merveilleux dû tout entier à son inven-
tion, M. Thollon a pu pénétrer le mystère de la constitution chimique du
Soleil, en obtenant un spectre solaire de 15" de longueur, sur lequel il a
compté et mesuré plus de dix mille raies spectrales, dont un grand nombre
appartiennent à l'atmosphère même de la Terre. Par la comparaison de ces
raies solaires et terrestres, on obtient des données précieuses, non seulement
sur la constitution du Soleil, mais sur celle de notre propre planète. Par sii
situation, par la valeur des savants qui y travaillent, par l'excellence de ses
L'OBSERVATOIRE DE NICE ET L'ASTRONOMIE EN FRANCE. 211
instruments, TObservatoire de Nice peut être désormais considéré comme
l'un des premiers du monde entier.
Un jour, quittant Nice pour Paris, je n*ai pu m'empêcher d'exprimer mon
admiration, en des termes que je demande la permission de rappeler ici,
précisément parce qu'ils n'auront peut-ctré pas toujours la même raison d'être.
« Dans ce sanctuaire d'Uranie règne un esprit de libéralisme scientifique,
déloyale confraternité, de sincérité et d'aménité, que l'on n'est pas accou-
tumé à rencontrer dans les Observatoires. On y respire un air de liberté qui
s'harmonise bien avec la supériorité lumineuse des hauteurs. Tous les astro-
nomes qui visitent l'Observatoire de Nice s'en aperçoivent dès le premier
jour et ne peuvent s'empêcher d'en féliciter le directeur. Le Verrier était ua
grand génie, mais il faut avouer que la tradition qu'il a laissée à l'Observa-
toire de Paris et ailleurs est déplorable.
a Quand donc les savants comprendront-ils que les places officielles ne
signifient rietij absolument rien, et que la seule valeur de l'homme consiste
dans sa valeur personnelle ?
« L'homme de cœur est heureux de rencontrer sur sa route une RépubUque
de travailleurs comme celle de l'Observatoire de Nice, et, dût la modestie de
ces scrutateurs des mystères célestes en être blessée, il croit juste et même
opportun de signaler son existence.
« Tous les vrais amis de la science admireront la libéraUté scientifique de
l'heureux député des Alpes-Maritimes, et ils le féliciteront surtout de la
manière dont son œuvre a été réalisée (M- »
Ces paroles, je pourrais les répéter aujourd'hui même. Mais l'Observatoire
de M. Bischoffsheim gardera-t-il son indépendance dans l'avenir?
L'éducation française est ainsi faite, depuis la centralisation opérée par
Louis XIV, que l'officiel, le fonctionnarisme régnent sur l'ensemble des esprits.
C'est à un tel point qu'en général l'homme le mieux doué, au lieu de se
contenter d'être quelqu'un, s'imagine qu'il est préférable d'être quelque chose.
II semble que la consécation officielle d'une valeur soit un titre de garantie.
Et pourtant, au fond, chacun sait qu'il n'en est rien, que l'on rencontre à
chaque pas de hauts et puissants fonctionnaires dépourvus de toute valeur
personnelle, véritables crustacés de la civilisation, et qu'à côté agissent des
savants, des industriels, des littérateurs, des artistes incomparablement plus
forts et qui ont en plus le mérite d'être affranchis de toute attache officielle.
Derâande-t-on ce qu'étaient Christophe Colomb, Copernic, Newton, Pascal.
Leibniz, Herschel; s'ils étaient académiciens ou s'ils portaient des galons?
L'Observatoire de Nice est dd tout entier à l'initiative privée, à la noble
C) 1j Astronomie, mai 1884.
212 L'ASTRONOMIE.
générosité d'un ami de la Science et du progrès. M. Bischoffsheim y a consacré
plusieurs millions, tant pour l'achat du terrain que pour les constructions,
les instruments et le personnel. C'est lui. qui subvient à toutes les dépenses;
son intention est certainement d'aww?Yr Vavenir comme le présent. Jusqu'ici,
il a tout créé en dehors de l'Etat. Aussi, depuis trois ans seulement
qu'il est possible d'y travailler, les résultats sont-ils déjà merveilleux, tandis
que nous pourrions aligner ici, si nous le voulions, des colonnes de chiffres
représentant des centaines de mille francs et même des millions, pris sur
nos impôts toujours croissants, versés dans les établissements de l'État, et
qui ne rapportent rien, absolument rien à la science. Ce magnifique exemple
d'initiative privée, fréquent aux États-Unis et en Angleterre, mais si rarissime
en France qu'il est unique, inaugure-t-il pour notre pays une ère d'émulation
et de progrès? Allons-nous cesser de rester endormis sur Toreiller de TÉtat?
Allons-nous faire preuve d'existence, de personnalité, d'indépendance,
d'énergie, comme nos modèles du Nouveau Monde et de TAngleterre? Il est à
craindre que non.
On dit que M. Bischoffsheim lui-même n'apprécie pas à sa valeur le carac-
tère de son œuvre, qu'il ne tient pas à donner ce grand exemple à la France
et qu'une fois l'Observatoire entièrement terminé, il fera comme tout le monde
et abandonnera sa création au grand fleuve qui doucement coule, à l'État.
On dit que son intention est de profiter de l'inauguration qui doit être faite
au mois d'octobre prochain pour offrir les clefs de l'Observatoire au Bureau
des Longitudes !
Ce serait infiniment regrettable, à tous les points de vue.
Camille Flammarion.
MURS ÉNIGMATIQUES
OBSERVES A LA SURFACE DE LA LUNE.
Le 20 février 1877, entre 9'"30" et lO^SO", temps moyen de Cambridge
(Etats-Unis), j'observais le cratère Eudoxe à l'aide d'un réfracteur de 0,162""',
quand mon attention fut éveillée par un phénomène inusité que je n'avais
jamais remarqué auparavant. A ce moment, les conditions atmosphériques
étaient très favorables pour l'observation, et la ligne du terminateur passait
par les cratères Aristillus et Alphonse. Le phénomène consistait en un mince
filet lumineux qui traversait la partie méridionale du cratère (fig. 80) et
s'avançait en ligne droite, allant d'un bord à l'autre en conservant une lar-
geur uniforme.* A l'Ouest, son extrémité n'atteignait cependant pas tout à fait
le bord du cratère qui, en cet endroit, forme une petite dentelure (A), mais
en était séparée par un petit intervalle. A l'Est, le filet lumineux s'avançait
MURS ÉNIGMATIQUES OBSERVÉS A LA SURFACE DE LA LUNE.
213
jusqu'au bord du cratère, en B, et aboutissait à une sorte de fracture ou de
ravin sinueux, qui se continuait au delà, du côté du Sud-Est.
La moitié occidentale de ce filet lumineux était entourée d*ombre de chaque
côté, tandis que sa partie orientale en était dépourvue sur son côté sud. Au
Nord, l'ombre, formant une bande assez large, suivait parallèlement le bord
du filet lumineux jusqu'au point où elle rencontrait le talus incliné qui
forme le mur du cratère; après quoi elle allait en s'effilant, et se terminait
en pointe aiguë à son extrémité. Ce filet lumineux paraissait plus brillant
que les parties de la surface qui recevaient la lumière solaire et qui lui
étaient contiguës, car il se détachait sur elles avec netteté. Ce trait lumineux,
avec le large ruban d'ombre qui le longeait au Nord, produisit sur moi l'im-
Fifç. 80.
Mur rectiligne traversant le cirque lunaire d'Eudoxe.
pression très décidée que le cratère était traversé en cet endroit par un mur
étroit et très élevé qui surgissait au-dessus de l'ombre portée par son contre-
fort ouest, et, sans plus y songe», je me contentai de celte explication.
Pliis d'une année s'écoula avant que je n'eusse occasion d'observer de nou-
Yeau ce cratère. Le 31 décembre 1878, par une vue excellente, et bien que
la ligne du terminateur passât non loin d'Aristillus, je ne pus rien dé-
couvrir qui ressemblât à ce que j'avais étudié en 1877. Cependant, on distin-
guait dans le fond du cratère quelque chose qui donnait l'idée d'une fracture,
justement à l'endroit où j'avais vu le filet lumineux. Le 4 mai 1881, on voyait
briller dans l'ombre du cratère un point un peu allongé du Nord au Sud,
précisément à l'endroit où se terminait l'extrémité occidentale du trait lumi-
neux reconnu en 1877. Depuis, j'ai observé ce cratère chaque fois qu'il se
présentait dans les. mêmes conditions d'illumination, mais jamais je n'ai
revu le même phénomène. Dernièrement, le 23 avril 1885, j'ai examiné avec
beaucoup de soin le fond de ce cratère alors exposé aux rayons, du Soleil,
mais je n'ai rien remarqué qui ressemblât à un mur, sinon qu'à l'Ouest on
214 L'ASTRONOMIE.
voyait quelques rocs et débris disposés en ligne droite sur le trajet même
du filet lumineux observé en 1877.
Il serait plus naturel d'expliquer le phénomène observé en supposant qu'il
existe une fracture étroite et très profonde dans le mur ouest d'Eudoxe, et
que la lumière solaire, en passant à travers cette ouverture, illuminait le fond
du cratère, et formait ainsi Tétroit filet lumineux que nous avons observé.
Mais plusieurs objections s'élèvent contre cette hypothèse. D'abord, si le
rayon lumineux observé était dû au passage des rayons solaires à travers une
fente étroite, on ne voit pas pourquoi ce filet lumineux aurait été plus
brillant que les parties de la surface qui lui étaient contiguës et recevaient
également la lumière solaire. De plus, on ne conçoit pas comment l'ombre
du lalus occidental du cratère aurait pu être prolongée aussi loin et jusqu'au
sommet du talus opposé, alors que le Soleil était déjà élevé de plus de 20* au-
dessus de Thorizon do ce lieu.
D'un autre côté, si le phénomène observé était un mur travereant le
cratère, comment expliquer pourquoi cenuu», si facilement reconnaissable le
20 février 1877, a passe inaperçu et ira jamais été observé auparavant?
Nous sommes ici placés en présence d'un dilemme quïl n'est pas facile de
résoudre.
Du reste, il existe sur notre satellite des murs naturels aussi longs, aussi
étroits et aussi élevés que celui qu'il faudrait supposer avoir existé dans
Eudoxe pour expliquer les phénomènes observés, et nous connaissons plu-
sieurs de ces murs que nous avons dessinés et observés un grand nombre de
fois. Chose curieuse, les murs lunaires que nous avons observés se trouvent
précisément- comme celui d'Eudoxe, sur le trajet de certaines rainures dont
ils forment une partie en relief; ou bien, les rainures venant y aboutir, ils
les prolongent à des distances quelquefois considérables.
Ainsi, la grande rainure tj de la carte de Neison, qui commence au nord
du cratère Burg, s'avance vers le Sud-Est jusqu'à un massif mon tueux où
elle semble se terminer, noyée dans la lumière éclatante d'un petit craterlel
qui occupe le sommet de la chaîne montagneuse. Mais elle se continue au
delà, et on la retrouve au pied opposé de la montagne, s'avançant en ligne
droite à travers un méandre du Lac du Sommeil; puis, pénétrant de nou-
veau dans la montagne, elle s'élance, toujours en ligne droite, à travers les
terrains si étendus et si accidentés de cette région, passant à l'ouest
d'Alexandre, et vient déboucher à travers le Mont Caucase et se terminer
dans la Mér de la Sérénité, au nord d'un très petit cratère isolé, située non
loin de la chaîne caucasienne. Cette longue ligne, allant de Burg à la Merde
la Sérénité, ne se présente pas sous le même aspect sur tout son parcours.
En effet, le 4 avril 1881, je reconnaissais avec toute l'évidence désirable que
MURS ÉNIGMATIQUES OBSERVÉS A LA SURFACE DE LA LUNE. 515
là où elle traverse le méandre du Lac du Sommeil, et d'une chaîne de
montagnes à l'autre chaîne^ elle n'apparaissait pas comme une rainure, mais
plutôt comme un mur étroit et élevé projetant son ombre sur son côté septen-
trional, et s'avançait parallèlement avec le mince filet lumineux qui consti-
tuait son sommet. La rainure qui s'avance au delà de ce mur vers la Mer de
la Sérénité a été observée par nous le^ 20 mars 1877, et, depuis cette époque,
nous l'avons retrouvée plusieurs fois.
Le 23 janvier 1880, à S^'SS", temps moyen de Cambridge, je reconnaissais
un mur long et étroit qui partait de la bordure ouest d'un petit massif mon-
tueux situé à une très faible distance du sommet sud de l'ellipse formée par
le cratère Aristarque. Le trait lumineux que formait ce mur avançait vers
l'Est, et se dirigeait en ligne droite sur le cratère Hérodote dont il atteignait
la bordure occidentale et la dépassait même un peu, projetant comme un
petit point lumineux sur l'ombre dont ce cratère était alors envahi. La partie
occidentale de ce mur, qui traversait le petit massif montueux qui vient
d'être décrit, se montrait seulement comme un trait lumineux, mais dès
qu'il l'avait dépassé, et s'avançait à l'Est à travers la vallée profonde qui
sépare les deux cratères; on voyait Tombre projetée par le contrefort sud-
est d'Aristarque s'arrêter nettement au filet lumineux; mais, plus loin, vers
l'Est, l'ombre qui longeait le mur, devenue plus étroite, semblait être celle
de ce mur, portée au Nord. Vers son extrémité orientale, le mur qui traver-
sait le contrefort ouest d'Hérodote n'était accompagné que d'un mince filet
d'ombre interrompu par place.
Sur le terrain montueux qui s'étend à l'est du grand cratère Rhœticus
on rencontre un de ces murs singuliers, qui présente une longueur consi-
dérable. Cette formation, que j'ai reconnue depuis plusieurs années et ob-
servée plusieurs fois, semble être un prolongement de la rainure Z qui
appartient au système de Triesnecker. Cette rainure, comme l'on sait, com-
mence au nord-ouest de Triesnecker et s'avance au Sud vers le petit cratère
Rhœticus B, et se termine au pied du massif montueux déjà cité. Le mur en
question commence à l'extrémité de cette rainure, et se prolonge vers le
Sud, en contournant la bordure orientale de Rhœticus, s'avançant parallèle-
ment à ce bord, traversant ce terrain accidenté de pics élevés et de ravins
profonds, et, dépassant ce cratère, va se terminer au Sud, dans une petite
vallée, non loin d'un très petit cratère situé entre Rhœticus et Horrocks.
Dans son trajet, ce mur traverse plusieurs ravins profonds qu'il coupe à
angle droit. En ces endroits, il apparaît comme un mince filet d'argent, situé
comme il Test entre deux ombres : Tune portée par le mur est de Rhœticus,
qui vient s'arrêter contre sa bordure ouest, et l'autre par ce mur lui-môme
qui emplit d'ombre et fait la nuit le long de sa bordure orientale. Là où il
216 L'ASTRONOMIE.
traverse les ravins, Tombre que ce mur porte à l'Est est très large, mais elle
est très étroite et quelquefois absente là où le mur traverse les crêtes qui
séparent ces ravins, indiquant ainsi que le mur n'est pas plus élevé qu'eux.
La longueur considérable de ce mur, qui dépasse 3°, sa régularité parfaite,
et la courbe hardie qu'il décrit autour du cratère, (semblerait-il) pour
l'éviter, font de cette formation lunaire un objet tout à fait remarquable, qui
ressemble à s'y méprendre à quelque viaduc gigantesque dont plus d'un
ingénieur serait fier.
E.-L. Trouvelot.
Observatoire de Mcudon.
LA HAUTEUR DES LUEURS CRÉPUSCULAIRES.
Les magnifiques lueurs crépusculaires, qui ont signalé l'hiver 1883-1884, durè-
rent plus d'une année. On les a observées en Suisse pour la première fois le
26 novembre 1883 ; elles ont notablement diminué au commencement de décembre,
pour reprendre une splendeur exceptionnelle à la fin du même mois ; elles ont été
remarquables pendant tout le mois de janvier, ont diminué pendant le mois de
février, sans toutefois disparaître entièrement; et, jusqu'à la fin de l'année 1884,
lorsque le temps était favorable, le soir, après le coucher du Soleil, ou le matin,
avant le lever de cet astre, on voyait le ciel illuminé comme par une aurore
boréale. Et même les plus belles aurores n*ont pas un éclat comparable à celui
qu'avaient ces lueurs pendant les mois de décembre et de janvier.
Son aspect variait un peu d'un jour à l'autre, probablement suivant le degré de
sérénité des couches que traversaient les rayons du Soleil.
Mais, en somme, les principales phases du phénomène se reproduisaient jour
après jour.
Dans tous les cas, elles constituent un fait si remarquable et si nouveau dans
l'histoire de la Science qu'il valait la peine d'y prêter une grande attention, et
d'en faire une description détaillée pour ceux qui viendront après nous, et qui
n'auront pu jouir de ce magnifique spectacle.
Voici, par exemple, le relevé de quelques-unes des notes que j'ai prises sur
la marche du phénomène ; toutes ces observations ont été faites à Morges, en un
point situé par 46° 29' de latitude Nord et 4o8' de longitude à l'est de Paris.
Le 10 janvier 1884 :
Le matin, le rouge commence à paraître vers 6^, temps moyen de Morges.
A 6*> 30°>, il est dans toute sa splendeur.
A 6^45™, il commence à diminuer.
A 1^, il y a une zone cramoisie très mince au-dessus des montagnes, où le Soleil
va paraître.
A 7^5", il y a une zone verte au-dessus des montagnes, le rouge est plus haut.
LA HAUTEUR DES LUEURS CRÉPUSCULAIRES. 217
A 7*» 15™, la zone près de Thorizon est d'un vert livide, le rouge est au-dessus.
A 7*>20™, il n*y a plus de rouge appréciable.
A 5*» du soir, le ciel est jaune.
A 5^6» du soir, le rouge est très sensible.
A 5*» 15», les neiges des Alpes sont rougies par les lueurs crépusculaires.
A 5^50», les lueurs du couchant donnent encore de l'ombre.
A 6^15», les lueurs rouges avaient disparu.
Le 11 janvier, les observations du matin ont été gênées par les nuages. Voici
celles du soir :
A 5^, tout le ciel devient jaune.
A 5^23™, tout l'horizon est coloré en rouge même à l'Est.
A 5*» 25», il y a à l'Ouest une zone cramoisi près de l'horizon.
A 5*>36», le rouge devient très intense à l'Ouest sur un grand secteur dont le
Soleil paraît occuper le centre.
A 5*>45», les neiges des Alpes qui, jusqu'alors, avaient paru rouges, cessent
d'avoir cette couleur. Mais les lueurs de l'Ouest sont encore assez intenses pour
qu'un bras tendu projette de l'ombre sur un mur.
A 5*>50", quelques stratus situés à l'orient du méridien sont gris et ne parais-
sent plus être éclairés par les lueurs crépusculaires.
A ô'^lG», les dernières lueurs du rouge ont disparu.
Le 12 janvier :
A 4^50™ du soir, le ciel devient jaune.
A 4^55», un ciel d'un rouge brique, mais d'une couleur peu intense, com-
mence 7o au-dessus de l'horizon et s'étend du côté du zénith. La neige des Alpes
est encore blanche.
A 5^, le jaune du ciel est plus prononcé.
A 5*» 2», du côté de l'Occident, le ciel est vert à l'horizon, le rouge commence h*
au-dessus de l'horizon et atteint presque le zénith. La neige des Alpes, à une
altitude de 1000» à 1200*^, commence à devenir rouge.
A 5^8», le Couchant devient très brillant et les murs tournés à l'Ouest com-
mencent à (ievjnir rouges.
A 5*» 10», le rouge s'arrête à 25° au-dessus de Fhorizon.
Depuis lors, les phénomènes sont la répétition de ceux de la veille.
Le 25 décembre 1883, j'ai noté :
A 4*>30», la neige des montagnes est d'un blanc terne. Aucune rougeur n'apparaît
sur elles.
A 4»>40», elles commencent à devenir rouges. En ce moment, le ciel paraît vert
où le Soleil a disparu, le rouge est sensiblement plus haut.
A 4^50», le rouge commence 4^30' au-dessus de l'horizon, le vert est au-
dessous.
A 5^, le rouge du Couchant est tellement prononcé que tous les objets projettent
une ombre sensible.
Le clocher de Morges semble cramoisi, il est plus rouge qu'il ne Tétait pendant
6-*
218
L'ASTRONOMIE.
le violent incendie de l'Arsenal, le 2 mars 1871, et cependant alors le feu était
à 600" du clocher.
A 5^, Vénus paraissait verte dans les régions embrasées du Couchant.
Et plusieurs fois le croissant de la Lune semblait d'un vert prononcé lorsqu'on
le voyait parmi les lueurs.
J'ai cherché à déterminer la hauteur à laquelle ces lueurs existaient, en admet-
tant, ce qui du reste paraissait incontestable, qu'elles étaient produites par des
molécules éclairées par le Soleil. On pouvait bien admettre aussi que cet éclai-
rement était direct et non produit par une série de réflexions; car il semble
qu'alors le phénomène aurait présenté de plus grandes variations d'un jour à
l'autre, et surtout que le rouge aurait été moins intense.
J'ai pris comme point de départ les observations faites à Morges dans la soirée
Fig. 8!.
du 10 janvier 1884, jour où les lueurs disparurent à l'horizon occidental à 6ï>15"»
du soir, temps moyen de Morges, ou 6^7«>>, temps vrai.
Pour trouver quelle était en ce moment la position du Soleil, il y avait lieu de
considérer un triangle sphérique dont les trois sommets étaient : i» le zénith;
2o le Soleil; 3<» le pôle céleste.
Comme le Soleil avait alors une déclinaison australe de 210 58', la distance du
^Soleil au Pôle boréal était de lilo58'. La latitude du point d'observation à Morges
était de 46o29', donc la distance du pôle au zénith, qui est le complément de la
latitude, était de 43«3r.
Enfin, comme l'observation avait lieu 6^7" après le passage du Soleil au méri-
ilien, l'angle au pôle était de 91o45'. La distance zénithale du Soleil est le troisième
côté de ce triangle sphérique dont on connaît deux côtés et l'angle compris. Pour
trouver ce troisième côté, j'ai utilisé la formule
cosa = cos6cosc4-sin6sinccosA;
on trouve alors pour le côté a 106o54'. Donc, le Soleil était 16o54' au-dessous de
l'horizon, et l'on trouve, dans le même triangle, que l'angle au zénith est de i04«2t';
c'est l'azimut du Soleil compté à partir du Nord en passant par l'Ouest.
LA HAUTEUR DES LUEURS CRÉPUSCULAIRES. 219
On voit facilement aussi qu'au moment de l'observation, le Soleil était au
zénith d*un point situé par 21«>58' de latitude australe, et 87<>58' de longitude à
l'Ouest de Paris. C'était, sur l'Océan Pacifique, 1569"^™ à l'ouest de la limite mé-
ridionale du Pérou.
Pour trouver quel était le point de la Terre où étaient tangents les rayons du
Soleil qui produisaient les dernières lueurs visibles depuis Morges, il fallait
déterminer, sur l'arc de grand cercle qui joignait Morges et ce point-là, quel
était celui pour lequel en ce moment le Soleil se couchait.
A cet effet, soit le triangle sphérique terrestre PMS, (fig. Si), dans lequel P est
le pôle boréal, M Morges, S le point situé dans l'Océan Pacifique qui a le Soleil
à son zénith. Le côté SM vaut donc 106«54', car ce triangle sphérique terrestre a
les mêmes éléments que le triangle sphérique céleste dont il a été question plus
haut; et il est clair que sur l'arc de grand cercle SM, le Soleil se couche en un
point O situé à 90« de S. Pour trouver sa position, il faut résoudre le triangle OPM,
dans lequel PM=43o29', c*est le complément de la latitude de Morges, OM
= 106o54'— 90*> = 16054', et l'angle M est l'azimut du Soleil, soit 104o21. On trouve
alors que le côté OP = 49o53'30'; et que l'angle OPM = 21 «S?'. Donc, le point O
est à 40'>6'30' de latitude Nord, et à 21<»37' de longitude à Touest de Morges, soit
17<»29' à l'ouest de Paris; c'était sur l'Atlantique à peu près à mi-chemin entre
Oporto et les Açores. Là était la tangence des rayons qui, en continuant leur route,
éclairaient dans les hautes régions de latmosphère les éléments qui formaient
les lueurs crépusculaires au moment où elles disparaissaient pour Morges.
Dès lors, il était facile de déterminer la hauteur de ces éléments. Soit C, (fig, 82),
le centre de la Terre, O le point de tangence des rayons du Soleil, M la position de
Tobservateur.OK et KM sont les deux tangentes, le point Kest le siège des lueurs
Dès que l'angle OCM vaut 160 54', XCM vaut 8o27'.
On a donc OK = 00, tang 8o27'. OC est le rayon de la Terre compté à 6366''«.
On trouve ainsi que OK ou KM valent 9457"^»» ; et pour trouver KX, on a :
ÔÎC* =KX(KX-+-2.0C>.
220 L'ASTRONOMIE.
On trouve ainsi que KX = 70^»».
Et en résolvant un nouveau triangle sphërique analogue au précédent, on trouve
que le point X est à 43o48' de latitude Nord, et 7» 13' de longitude à Touest de
Paris; c'est dans la partie méridionale du golfe de Gascogne, 274''» à l'ouest de
Bayonne. C'est donc au-dessus de ce point que se trouvaient les régions du fir-
mament où nous apercevions les dernières lueurs crépusculaires dans la soirée
du 10 janvier 1884.
Dans ces calculs, je n'ai pas tenu compte de la réfraction qui n'aurait pas
beaucoup modifié les chiffres ci-dessus; mais je n'ai pas non plus tenu compte du
fait que, de tous côtés, notre horizon est limité par des montagnes qui s'élèvent
à 2» ou 3o. Cette correction aurait agi en sens inverse de la précédente, et j'ai le
sentiment qu'elle l'aurait dépassée, de façon que la hauteur de 70^» doit être con-
sidérée comme un minimum.
Et cela d'autant plus que j'ai pris pour la fin du phénomène l'instant où la vive
couleur rouge avait disparu; mais peu après, en y faisant attention, on voyait
encore quelques lueurs qui provenaient peut-être d'un éclairement par réflexion,
ou peut-être aussi de ce que quelques éléments de la substance qui les pro-
duisait étaient plus élevés que les autres.
Les observations faites dans les jours voisins du 10 janvier, ont donné des
résultats analogues à celui que je viens de cit^r; mais j'ai été curieux de refaire
les calculs pour une époque antérieure.
Le i8 décembre 1883, les lueurs avaient cessé à 6^^ du soir temps moyen de
Morges; en refaisait les calculs comme je l'ai exposé plus haut, je trouve pour
résultat 73'^».
Enfin, j'ai voulu utiliser un renseignement d'une autre nature. Le 9 jan-
vier 1884, à r>^30>» du soir, j'avais noté que le rouge arrivait au zénith. Je consi-
dérais cette indication comme d'autant plus précieuse qu'il n'y avait pas d'erreur
causée par l'élévation des montagnes qui bornent notre horizon du côté de
rOuest. C'est ce qui m'avait engagé à négliger la réfraction qui produisait un
effet inverse. Mais pour l'observation du 9 janvier, cette raison n'existait pas,
j'ai eu égard à la réfraction.
Au moment de l'observation, le Soleil était au zénith du point situé par 22«9'
de latitude australe et 80® 45' de longitude à l'ouest de Morges. Dans cette
direction, si l'on n'avait pas égard à la réfraction, la tangence des rayons lumi-
neux aurait lieu à. O^ôO^SO* de Morges. Mais la réfraction horizontale est en
moyenne de 34' 47"; par conséquent, les rayons solaires arrivaient déjà plus près
de l'observateur de cette quantité-là. Ensuite, les lueurs étaient^ en tout cas,
dans des régions où l'air était tellement rare que les rayons y étalon réfractés
autant que ceux qui passent dans le vide depuis une atmosphère qui aurait la
densité ordinaire; par conséquent, les rayons arrivaient au zénith comme s'ils
avaient été tangents en un point encore plus rapproché de 34'47'. U faut ainsi
considérer la tangente comme si elle partait d'un point situé à 8<>40'56' du lieu
d'observation^ on trouve alors qu'elle avait une longueur de 9721^, ce qui donne
LA HAUTEUK DES LUEURS CRÉPUSCULAIRES. 221
pour la hauteur des lueurs au zénith, 74>^». On voit donc que les trois résultats
auxquels je suis arrivé pour trois observations différentes sont assez rapprochés
pour qu'on puisse les considérer comme exacts.
L'écart qu'il y a entre eux ne présente rien d'extraordinaire pour un phénomène
dont Tobservation ne pouvait pas comporter une très grande précision. On peut
donc admettre soixante-dix kilomètres environ pour la hauteur de ces lueurs si
remarquables.
Elles ont diminué d'éclat et de durée. Cependant, elles ont encore été fort belles
le 27 septembre 1884, où elles ont disparu à 7*>15» du soir. Pour ce soir-là, j'ai
refait des calculs analogues à ceux du 10 janvier, et j'ai trouvé pour la hauteur
des substances qui produisaient les lueurs 61^™. Elles auraient baissé de 10^°™,
à peu près, en huit mois.
En général, ces lueurs étaient centrées sur le Soleil, toutefois il y a eu quelque»
exceptions; la plus remarquable, parmi celles que j'ai observées, est celle
du 23 janvier 1884. Pendant cette soirée, les colorations étaient beaucoup plus
faibles que les jours précédents, et leur centre ne correspondait pas avec l'azimut
du Soleil, il était 30o plus au Sud.
Il est probable que c'était une conséquence de l'absence des lueurs dans
Tazimut du Soleil et dans les régions situées plus au Nord, absence qui peut
être attribuée à des nuages dans cette direction. En effet, le 23 janvier, un vio-
lent cyclone accompagné d'une forte dépression barométrique existait au large
de l'Irlande et avançait contre la Suède qu'il atteignait les 24 et 25 janvier.
Il peut paraître extraordinaire que les substances qui produisaient les lueurs
aient pu rester suspendues à une hauteur de 70'»^"; car, à cette altitude, et sans
même tenir compte de l'abaissement de la température qui aurait encore pour
conséquence de diminuer le résultat, on trouvera que la pression de l'air doit
être seulement de 0»»,12. C'est bien peu pour tenir en suspension des matières
quelconques; cependant ce n*est pas là une impossibilité absolue; et, dans tous
les cas, quelle que soit la cause qui a produit les lueurs, d'après les calculs
indiqués plus haut, cette cause a dû se manifester à une altitude de 70^» au
moins.
La Lune produisait aussi des lueurs, mais naturellement plus faibles que celles
du Soleil; je les ai observées plusieurs fois du 9 au 16 janvier, soit avant la
Pleine Lune, quand elle se couchait vers 4 ou 5^ du matin, soit après la Pleine
Lune, quand elle se levait dans la soirée.
Maintenant, quelle a pu être la cause du phénomène extraordinaire qui nous
occupe?
Parmi les explications présentées, il faut d'abord éliminer toutes celles qui
l'attribuent à une origine astronomique, telle que le passage de la Terre dans la
queue d'une comète; dans ce cas, tous les points du globe les auraient eues
le même jour; tandis que certains pays les ont eues au commencement de
septembre, d'autres en octobre, en Suisse elles ont commencé seulement le
26 novembre.
222 L'ASTRONOMIE.
Il me semble que, dans Tëtat actuel de nos connaissances, la cause la plus
probable à laquelle on peut attribuer les beaux crépuscules de l'hiver de 1883-1884,
c'est l'éruption du Krakatoa arrivée dans le détroit de la Sonde le 27 août 1883.
Avant cette éruption, il n'est question nulle part de ces lueurs; immédiatement
après le 27 août, elles apparaissent, d'abord dans le voisinage de l'île de Java,
ensuite dans les localités plus éloignées.
C'est ce que M. Flammarion a surabondamment prouvé dans cette Revue
même (»).
On peut bien admettre qu'une éruption comme celle dont le détroit de la Sonde
fut le théâtre, a pu projeter dans les hautes régions de l'air des corpuscules que
les vents ont ensuite dispersés sur le globe entier, et qui ont causé les remar-
quables lueurs que nous avons eues les mois suivants. Ce qui confirme cette
manière de voir, c'est que l'analyse faite en quelques localités des poussières
tombées pendant Thiver a montré qu'elles étaient de même nature que les débris
lancés par le volcan.
On a rappelé qu'en 1831, après les phénomènes volcaniques qui accompagnèrent
l'éruption de l'île Julia, on avait eu en Europe des brouillards et même des lueurs
analogues à celles de l^iver de 1883-1884.
On aurait pu ajouter qu'en 1783, précisément un siècle avant l'éruption du
Krakatoa, mais encore après de violentes éruptions des volcans de l'Islande et
après les terribles tremblements de terre de la Calabre, on avait eu aussi des
brouillards secs encore plus intenses que ceux de 1831.
Je me souviens d'avoir entendu parler de ces brouillards par un habitant de
Vevey qui les avait vus dans sa jeunesse. Et 72 ans plus tard, en 1855, il en
parlait avec beaucoup d'animation. On voyait que ce phénomène avait fait une
vive impression sur ceux qui en furent témoins. Il racontait que, dans l'été de 1783,
pendant plusieurs jours, depuis Vevey on ne pouvait pas distinguer les mon-
tagnes de la Savoie dont la distance n'est cependant que de 10 à 12*^.
En présence de ce brouillard étrange qui existait malgré une grande sécheresse
de l'air, et qui différait complètement des brouillards ordinaires, on supposa
d'abord que la Terre passait dans la queue d'une comète; mais on renonça à cette
explication quand on apprit que ce brouillard n'existait pas sur tout le globe, et
que, dans les pays où il était visible, il n'avait pas paru partout en même temps.
On l'attribua alors à la fumée jetée par les volcans qui avaient fait de violentes
éruptions quelque temps auparavant; cette idée a prévalu jusqu'à nos jours, et
tout ce que l'on a appris dès lors tend à la confirmer.
D'après cela, les brouillards secs de 1783 et de 1831, et les lueurs de 1883
seraient des phénomènes du même ordre, ou du moins qui auraient la même
origine, des éruptions volcaniques. Il est vrai qu'en 1883 et 1884 nous avons eu
des lueurs et non des brouillards; cette différence s'explique par la plus grande
;«) Voir VAstronomie, janvier 1884, p. 19 — février, p. 65 — avril, p. 147 — mai,
p. 189 — juillet, p. 200 — octobre, p. 390 — novembre, p. 430 — décembre, p. 464 —
mors 1RR!k n. 113.
LA HADTEUK DES LUEURS CllÉPUSCULAIKES. 223
distance du point d'éruption et par la différence d'intensité de celle-ci : après une
éruption volcanique, les débris les plus lourds tombent dans le voisinage, tandis
que les parties les plus ténues sont emportées au loin.
Or, réruption du Krakatoa, en août 1883, a été d'une violence extraordinaire,
peut-être la plus forte que l'histoire ait jamais enregistrée (*).
J'ai peu de goût en général pour certains calculs que l'on base sur des données
tellement incertaines, qu'à la fin, il y a un rapport considérable entre le résultat
auquel on arrive et celui auquel on devait arriver. Cependant, ces calculs ne sont
pas toujours inutiles; ils peuvent souvent donner au moins une idée de Tordre
de grandeur des quantités cherchées.
On peut placer dans ce genre de questions les calculs faits pour le Krakatoa.
En supposant que la partie disparue avait un nombre de kilomètres cubes que
l'on évaluait approximativement; en faisant la part de ce qui avait pu tomber de
gros matériaux dans le voisinage immédiat du volcan; et en supposant que la
matière ainsi lancée dans l'atmosphère eût été répandue sur tout le globe; on a
cherché à déterminer quelle aurait été l'épaisseur de la pellicule formée de tous
ces débris, afin de voir s'ils avaient pu troubler la transparence de l'air et pro-
duire les lueurs crépusculaires. On a ainsi apprécié cette épaisseur à 0«>™,01.
Alors les hypothèses ont commencé. Un voile opaque de cette épaisseur, mais
divisé en très petits fragments, peut-il produire le phénomène que nous avons
admiré? Ici, diflPéreutes manières de voir se sont fait jour.
Sur ce point, je ne voudrais pas me prononcer; cependant il est certain que la
fumée peut se diluer à un degré extraordinaire et troubler encore la transparence
de Fair. En 1802, la combustion d'une forêt près de Sierre en Valais, a donné
une fumée qui a recouvert une surface d'environ 3000'»^™''.
Si Ton considère la quantité de houille que l'on jette dans le foyer d'un bateau
à vapeur, on est étonné de l'étendue de la fumée qui s'en échappe.
J'avais souvent été témoin de ce fait sans y attacher d'importance, lorsque les
calculs dont je viens de parler sur l'opacité qu'avait pu produire l'éruption du
Krakatoa m'engagèrent à y prêter un peu plus d'attention.
Les 4 et 6 février 1885, j'observai la fumée de deux des bateaux à vapeur du
lac Léman, le Dauphin et le Simplon, pendant leurs traversées, entre Morges
et RoUe ; quelques-unes des observations ont été faites depuis le bateau à vapeur,
d'autres depuis le rivage. Chaque fois on mettait dans le feu environ 50^s de
houille; et par un temps très calme il est vrai, le panache de fumée qui en
résultait était visible sur une étendue de plus de 1^™. En sortant de la cheminée,
il avait environ 1™ de large, et à la fin au moins 5™. Ici, il était sans doute très
peu intense, cependant il troublait d'une manière appréciable la sérénité du Ciel.
Je sais bien que le nuage qu'il produisait n'était pas continu, il paraissait plutôt
formé de bouffées de fumée; mais les espaces vides étaient peu de chose relati-
(*) On a vu dans la Revue que la quantité de matières rejetées par l'éruption du
Krakatoa. est évaluée à 18 kilomètres cubes.
224 L'ASTRONOMIE.
vement aux espaces pleins. En somme, je suis certain que je reste au-dessous de
la vérité en comptant que ce trapèze de fumée avait 5™ à la grande base, 1™ à la
petite et 1000«» de hauteur, ce qui ferait une surface de 3000"fl. Et si, à la fin, il
était peu sensible, à son origine, il arrêtait presque complètement les rayons du
Soleil.
Les 50^ de houille mis dans le feu étaient certainement en grande partie
brûlés et réduits en gaz invisibles ; la plus petite partie seulement demeurait à
l'état de charbon et s'échappait en fumée.
Que Ton fasse maintenant le calcul, en exagérant beaucoup si Ton veut, c'est-
à-dire en admettant que les bO^e de houille étaient entièrement convertis en
fumée. On verra néanmoins combien était mince la couche opaque qui en était
formée, et qui, cependant, même là où elle était la plus diluée, produisait encore
un voile sensible sur le Ciel.
Il n'y aurait donc rien d'étonnant à ce que la fumée du Krakatoa, réduite à
l'épaisseur indiquée, ait produit des phénomènes visibles. Toutefois, ce sera
toujours un phénomène d'une puissance bien exceptionnelle que cette éruption
du 27 août 1883 dans le détroit de la Sonde, qui a lancé dans l'atmosphère une
quantité de matériaux suffisants, non seulement pour recouvrir de cendres et de
pierre ponce les régions voisines sur une grande étendue; mais pour produire
encore une quantité de fumée qui, pendant plus d'une année, a été visible sur
toute la surface du globe.
Ch. Dufour,
Professeur à rAcadémie de Lausanne.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Les saints de glace et le mois de mai 1885. — Les 11, 12, et 13 mai oot été
très froids cette année à Paris et dans tout le nord de la France, la Belgique,
l'Allemagne, etc : ils continuèrent une période de froids tardifs. Le printemps
avait paru commencer à la fin d'avril, mais le mois de mai nous a ramené une
température de mars, avec giboulées et pluies. Les 11, 12, 13 et 14 mai, froid
intempestif. Du 13 au soir au 14 à midi pluie glaciale avec vent du Nord. Le 15 au
matin beau soleil et relèvement de la température ; le soir, abaissement. Le 16,
pluie et grande fraîcheur.
Les fleurs des marronniers de l'avenue de l'Observatoire de Paris n'ont com-
mencé à s'épanouir qu'aux premiers jours de mai, leur pleine expansion a eu
lieu du 17 au 25; elles ont duré jusqu'en juin. Retard de plus d'un mois sur la
moyenne.
Les choses se sont passées d'une toute autre façon l'année dernière.
Il a fait chaud du 8 au 17, et le froid est revenu le 18 pour sévir jusqu'au 2Î.
En 1883, temps froid et pluvieux jusqu'au 12. Élévation de température à partir
du 13; léger abaissement le 20. En 1882, après plusieurs journées chaudes, vent
du nord du 13 au 18, froid intempestif comme cette année.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 225
En résumé cette période reste remarquable. Mais elle n'a rien d'astronomique^
ne se caractérise par aucune régularité. Elle est essentiellement météorologique,
probablement liée à la fonte des glaces des contrées boréales et aux courants de
la mer du Nord. Quoi qu'il en soit, cette année, la température de mai a été celle
de mars. Le 16, neige en Autriche, en Allemagne et en Belgique; au Puy-de-
Dôme, etc ; à Paris, pluie et froid, les 17, 18 et 19 froid avec giboulées; les 20 et
21 pluie, vent, tempête, froid; le 22, bourrasques et éclaircies, grand vent;
le 23 et le 24, soleil et ondées; le 25, amélioration; le 26, commencement de la
chaleur; le 27, première journée d'été.
L'année 1885 n'a pas eu de printemps.
Phénomènes solaires et aurores boréales. -- L'Observatoire du collège de
Stonyhurst vient de publier le résultat de ses observations solaires et magnétiques
faites en 1883, renfermant les dessins du Soleil, les observations spectroscopiques
de la chromosphère et des protubérances, ainsi que les observations des instru-
ments magnétiques et des aurores boréales. On a signalé des aurores aux dates
des 3 et 24 avril, 11 et 14 mai, 30 août, 8 septembre, 4 et 5 octobre. La compa-
raison de ces observations avec les dessins du Soleil et avec les courbes magné-
tiques conduit aux remarques suivantes :
Les productions d'aurores coïncident chaque fois avec des époques de pertur-
bations solaires, et l'on n'a encore remarqué aucune aurore pendant les périodes
de calme et de repos. Semblablement, pour chaque aurore, les instruments magné-
tiques manifestent des mouvements insolites, quoique les perturbations corres-
pondantes aux aurores des 11 mai, 30 août et 8 septembre n'aient pas été d'un
violent caractère. Les aurores d'avril et mai coïncident d'une manière remar-
quable avec un large groupe de taches apparues au bord oriental du Soleil le
11 avril et suivies jusqu'à la fin de mai. Les aurores d'août et octobre correspon-
dent de même avec une tache qui a été suivie depuis le 29 août jusqu'en octobre.
L'aurore intermédiaire du 8 septembre paraît avoir correspondu avec une forte
tache observée d'abord le 9 septembre, et qui se divisa pour s'évanouir vers le
13 novembre.
On peut aussi remarquer que les déplacements des* lignes brillantes dans le
spectre de la chromosphère favorisent l'idée d'une connexion entre les aurores et
les agitations solaires. Ainsi, les observations des 2 et 25 avril montrent, surtout
celles de la première date, des déplacements considérables de la ligne C.
A ces faits intéressants, ajoutons la remarque que les aurores et les tempêtes
magnétiques correspondent plutôt avec certaines classes particulières de taches
qu'avec les manifestations solaires considérées dans leur ensemble.
Lueurs crépusculaires et lumière zodiacale. — Déjà, en janvier et dans les
premiers jours de février, j'avais remarqué presque tous les soirs les lueurs
crépusculaires rouges de Tannée dernière. Mais depuis, elles ont été remplacées
plusieurs fois par le magnifique phénomène de la lumière zodiacale, que j'ai pu
226 L'ASTRONOMIE.
admirer dans toute sa beauté. Le 8 février, elle avait une forme étrange; au lieu
d'une ellipse allongée, elle dessinait un triangle très large, et dont la pointe supé-
rieure atteignait presque le zénith. On distinguait facilement à travers les
étoiles de première grandeur. Ce cône offrait, sur son parcours, des lignes
complètement droites, et la condensation lumineuse augmentait graduellement
vers le centre. Sa teinte était blanchâtre, peu accusée, et le centre du météore
était exactement à angle droit avec la direction de Taiguille aimantée. Elle a
duré de six heures et demie à neuf heures environ. Le lendemain, je l'ai revue
de la même forme, mais moins étendue. Les jours suivants, lueurs rougeâtres au
coucher du soleil. Le 12 mars, cette lueur crépusculaire était blanche, très
étendue, eti bordée à sa partie supérieure d'une bande rouge sang, qui formait à
peu près un quart de la largeur totale. Le 13, vers huit heures, la lumière zodia-
cale reparait, avec sa forme ordinaire, et surmontant une lueur crépusculaire
rose. Le 14, elle est remplacée par ces mêmes lueurs, absolument couleur de
sang. Mais, vers la fin du phénomène, la lumière zodiacale reparait encore, con-
tiguë à une lueur semblable qui lui était à peu près parallèle au Nord ; cette
seconde lueur était plus faible que l'autre, élevée à peu près à la moitié de la hau-
teur de celle-ci, mais plus large à sa base, et sans inclinaison vers le Sud.
J. COLOMBAT,
à Montagny (Loire).
Visibilité de Mercure. — Les 6 et 9 avril dernier, MM. Bruguière, Codde et
Vian, membres de la Société scientiflque Flammarion, de Marseille, ont pu recon-
naître Mercure à l'œil nu, après le coucher du soleil. La planète brillait, dans le
crépuscule lumineux, à 20» environ de hauteur, comme une étoile de première
grandeur. Dans l'excellente lunette prêtée par M. Tarry à la Société, la planète
offrait une phase prononcée.
Vénas Tisible en plein Jour. — A propos do la visibilité de Vénus en plein
jour à l'œil nu, permettez-moi de vous rappeler une aventure qui m'est arrivée,
le 29 février 1884, lors de l'occultation de Vénus par la Lune, annoncée dan**
la Revue (1884 p. 72). Je suivais attentivement la sortie à l'aide de ma lunette,
lorsque j'entendis derrière moi ces paroles: t Comme elle s'écarte vite! t —
Qui? Quoi? Qu'est-ce qui s'écarte vite? répliquai-je.... Mon étonnement nefutpa<
de longue durée, car je fus forcé de reconnaître que tout le monde voyait distinc-
tement Vénus à Vœil nu en plein soleil.
L. H AU VILLE,
Observateur à Ktretat.
IJ toile double voisine de ^ da Capricorne. — Au mois de novembre 1883.
M. Barnard, observant l'occultation d'une étoile de 1^ grandeur qui précède P du
Capricorne, remarqua que cette occultation n'était pas instantanée et attribua ce
fail à ce que cette étoile était problablement double, et que ses deux composantes
avaient été occultées successivement. M. Burnham dirigea la grande lunette dd
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 227
*
0">745 de Chicago vers cette étoile pour vérifier Thypothèse, et constata qu'en effet
cette étoile est double, et que son compagnon, de 9" grandeur, est à lOô» et 0*85.
L'Ëclipse partielle de Lune, du 30 mars, observée à. Odessa. — Le ciel est
resté pur jusqu'à la fin de l'éclipsé. A cause de la brume, la Lune a pu être distin-
guée lorsqu'elle était à 10» environ au-dessus l'horizon ; l'échpse était à son juaxi-
mum. A l'œil nu, la ligne de séparation d'ombre et de lumière était très mince.
Dans une lunette de 0"» 12 (grossissement = 45), l'espace éclairé passait peu à peu
au sombre; on ne pouvait distinguer aucune échancrure ni aucune irrégularité,
comme on l'a vu dernièrement. Les cratères Kepler et Aristarque brillaient comme
d'ordinaire. La partie du disque éclipsée était de la couleur bleu sombre de tout
le ciel. Ni dans une jumelle, ni dans la lunette on ne pouvait distinguer le limbe
éclipsé, même tout près de l'espace clair. A 6*» 10", lorsqu'il ne restait que dix mi-
nutes pour arriver à la sortie de l'ombre, on ne pouvait encore deviner la partie
manquante de la circonférence.
A 6^20", le disque était devenu clair. O. et S. Broune.
à Odessa.
Observations curieuses sur la Lune. — Dans la soirée du 21 février dernier,
j'eus la bonne fortune d'observer à l'aide de ma longue- vue de campagne de
0",075 d'ouverture un singulier phénomène qui apparaissait sur le cratère Cassini.
Cette montagne étant encore en dehors des rayons du Soleil, je vis distinctement
au-dessus d'elle une lueur rougeâtre, présentant un aspect quelque peu obscur
qui attira vivement mon intention. Je continuai à l'observer pendant environ une
demi-heure, et comme cette espèce de fumée rougeâtre ne cessait d'être visible,
je priai, sans la prévenir de rien, une personne voisine d'observer avec attention
le disque de la Lune. Au bout de dix minutes, cette personne me fit remarquer
qu'elle voyait une lueur rouge-sombre « semblable à la lumière d'une lampe dont
on a trop levé la mèche, au point de la faire fumer » et cela dans la même région
où je l'avais déjà remarquée, près de la ligne de séparation d'ombre et de lumière,
mais dans la région obscure.
Un ami étant précisément alors venu me rendre visite, je le priai également
d'examiner le disque lunaire, et, quelques minutes après je l'entendis s'écrier
qu'il y avait une tache rougeâtre d'un aspect étrange « qui brillait comme une
étoile de 4« grandeur, et illuminait tout le voisinage ». Satisfait de ce qu'il avait
vu, je lui tendis une carte de la Lune, ^en lui demandant de me faire voir l'en-
droit où il avait remarqué cette lumière. A mon grand étonnement, il mit immé-
diatement le doigt sur Cassini. Le lendemain, 22, cette tache était encore plus
brillante que Saturne quoiqu'elle reçût déjà les rayons du Soleil. Ne serait-ce
pas une éruption d'un volcan lunaire dont j'aurais eu le bonheur d'être témoin?
Je serais curieux de savoir si d'autres personnes ont observé un phénomène
semblable.
LoRENzo Kropp,
A.stronoino à Paysandu ( Uruguay ï .
228 L'ASTRONOMIE.
L'observation suivante de M. William Gray que nous extrayons deKnov^ledge
semble confirmer celle de notre correspondant. Ne se serait-il pas passé quelque
chose d'anomal dans la réfraction de la lumière à la surface de la Lune?
« En observant la Lune, le 19 février dernier, avec un réfracteur de 0">,095, je
remarquai que le petit cratère à côté d*Hercule, au lieu d'être rempli d'une ombre
noire, brillait d'une lueur rouge sombre. Le grossissement employé était de 100
fois. Je changeai Toculaire pour obtenir un grossissement de 180 et plus tard 250,
sans observer de modifications dans l'aspect particulier du cratère. Je pus aussi
comparer l'ombre de ce petit cirque avec celles des objets auxquels il ressemble
le plus d'ordinaire, et spécialement avec tous les cratères que je pus trouver dans
des conditions semblables do dimensions, d'éclairage et de position: je fus vive-
ment frappé du contraste. Il était entre sept et huit heures du soir, et le cratère
était très voisin du terminateur. La coloraUon était bien visible, et sautait aux
yeux même dans un champ très vaste.
« Le soir suivant (20 février), je réitérai l'observation du même point; mais je
n'y vis plus rien d'anormal. »
William Gray.
La Lune à renvers. — Vous avez maintes fois signalé les grossières inadver-
tances auxquelles tout le monde reste condamné tant qu'on n*enseignera pas
l'Astronomie dans les écoles, — j'entends la science compréhensible, simple,
V raie, vivante, et non des formules vides de sens, — et tant que les plus simples,
éléments des vérités cosmographiques continueront à être aussi généralement
ignorés qu'ils le sont encore.
Au Salon de cette année, salle 18, n» 1297, on voit un tableau qui, certes, ne
manque pas de valeur : c'est un panneau décoratif destiné à la salle des mariages
du 15« arrondissement de Paris; c'est donc une œuvre à peu prè3 offîcielle^
Elle est intitulée : « la /tn de la journée ». Nous sommes donc au soir; le peintre
a mis le croissant de la Lune à droite, près de l'horizon, fort bien!... mais les
cornes tournées vers le couchant, c'est-à-dire éclairé du côté de rorienti
Voyez-vous un bambin de l'école communale qui regardera ce tableau-là et qui
voudra en profiter pour bien comprendre les phases de la Lune !
Un lecteur de Fontaiiiebleau.
Remarque. — Tous les ans, au Salon, il y a deu;K ou trois tableaux de ce genre.
Il est très rare que les peintres mettent le croissant éclairé de la Lune du côté
du Soleil.
Aurores boréales. — On nous signale plusieurs aurores boréales, Tune a été
observée à Amsterdam, le 10 mai dernier, de 11»* 50" à 12»»30">, et a succédé à un
violent orage; la seconde, de durée minuscule, a été visible à Dublin dans la nuit
du 13 au 14 mai, de 10»» 30« à 10»» 35°».
Émptions volcaniques. — Le Vésuve, qui depuis la terrible éruption del87ô
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. • 229
n'était pas revenu- à son état normal, est entré le 2 mai dernier dans une nouvelle
crise d'éruption. Depuis ce jour, la lave sort en grande quantité, surtout du côté
de Torre del Greco et do Pompéi. — L'Etna est en éruption depuis le 5 avril.
Poussières de fer dans Tatmosphëre. — Dans des recherches sur la compo-
sition de l'air de la ville d'Alger, M. Chairy vient de constater la présence de
sel marin et de fer en quantité notable dans cet air, comme dans l'eau de pluie,
après le siroco. La proportion du fera été, en moyenne, de 0K^ 00016 par gramme;
celle du sel a été de Og^OOi à 0k"^,002 par mille litres ou par mètre cube d'air.
L'auteur conclut que le fer doit être entraîné paV les vents de l'intérieur, et
en première ligne par le siroco. Au moyen d'une aiguille aimantée, il a recherché
l'oxyde de fer magnétique dans les poussières que transporte le siroco. Il en a
trouvé jusqu'à 06^008 dans un petit sac de poussière recueillie à Djelfa. Il est
porté à croire que ce fer magnétique est d'origine terrestre, surtout à cause
de son aspect microscopique.
Grêlons remarquables. — Un phénomène assez rare dans nos contrées s'est
produit, le 2 avril 1885, à Philippeville (Algérie).
Un orage très violent s'est abattu sur la ville, vers 3 heures de l'après-midi,
accompagné de pluie, de grêle et de violents éclairs.
Les grêlons étaient très gros, mais, chose remarquable, affectaient tous la
Fig. 83.
Grêlon tombé à PhUippcviUe (grandeur natureUe.)
même forme; ils étaient pyriforraes et delà grosseur d'une petite noix; quelques-
uns avaient une forme plus géométrique, ainsi que le montre la figure 83 qui
représente un de ces grêlons en grosseur naturelle.
Cet orage a duré pendant près d'une heure. Sa direction était N. 0. — S. E.
Ch. Duprat.
Les Tictimes de la foudre. — Nous avons publié, dans la Revue de décembre
dernier, la statistique générale de tous les coups de foudre mortels relevés en
France depuis l'année 1835. Pour étendre cette statistique aux pays voisins, le
D*" de Pietra Santa nous écrit que, pendant la période décennale 1872-1881, le
nombre des foudroyés a été de 1200 en Italie (population 28.459.451 habitants),
et que le dernier recensement porte 117 cas pour l'année 1883.
L'acide carbonique de l'air. — Tous les traités de chimie et [de météorologie
230 L'ASTRONOMIE.
enseignent que Pair atmosphérique contient une quantité d'acide carbonique
comprise entre 4 et 6 dix-millièmes de son volume. Des expériences aussi nom-
breuses que précises faites depuis plusieurs années à Paris, en Normandie, au
Pic du Midi et dans les régions les plus variées, ont conduit séparément
MM. Reiset, Schulze, Aubin et Mûntz, à constater que cette assertion est inexacte,
et que la proportion de Tacide carbonique de l'air varie, au maximum, entre
28 et 35 cent-millièmes. C'est donc désormais, en nombre rond, trois dix-millièmes
qu'il faut adopter pour cet élément.
Mouvements lents dn sol. ~ La Revue a publié (1883, p. 297, et 1885, p. 95)
deux curieux exemples de mouvements lents du sol observés, l'un en Suisse, à
Neuchâtel, l'autre en Normandie, où une cheminée se montre aujourd'hui éclairée
par le Soleil à une époque où elle ne l'était pas autrefois. J'ai le souvenir de
l'indication de deux faits du même genre. L'un, si j'ai bonne mémoire, a été
publié dans le compte rendu de la réunion de la Société géologique de France k
Chambéry, en 1844; l'autre est dans le Bulletin de la même Société, 3"« série,
tome IV, pages 736 à 738, et concerne Saint-Sernin ^Saône-et-Loire). Nous avons
donc là, entr'autres, et sous les yeux pour ainsi dire, quatre faits prouvant la
déformation lente du sol, indépendamment des déformations brusques qui pro-
duisent les secousses de tremblement de terre.
Tardy,
Géologue à fiourg-en-Bresse.
Même sujet. — Le fait suivant nous est signalé de Montagny (Loire) par
M. J. Colombat.
D'après les témoignages des « anciens » de notre commune, on voit maintenant du
village une habitation située à 2 kilomètres environ dans la campagne, qui en était
invisible il y a trente ans. La crête du monticule qui la cachait, et qui n'en est qu'à
300 ou 400 mètres, se serait abaissée de cinq mètres environ. Le sol où est bâtie
la maison ne paraît pas avoir lui-même changé de niveau, et l'érosion de la col-
line ne peut avoir eu qu'une faible part à cette dénivellation; car dans les champs
labourés qui couvrent ce monticule on trouve toujours à peu près la même épais-
seuf de terre végétale reposant sur des couches continues de roches assez
diverses, mais en général calcaires ou triasiques. La variété des terrains est très
grande dans toute cette partie orientale du Roannais, et cette diversité peut
entrer pour quelque chose dans les mouvements de l'écorce terrestre.
Accélération thermodynamique da mouvement de rotation de la Terre. —
Le Journal de Physique a publié un travail fort intéréressant de sir William
Thomson sur l'influence de l'oscillation diurne de l'atmosphère sur le mouvement
de rotation de la Terre. Les observations barométriques montrent qu'il y a chaque
jour une oscillation de l'atmosphère due à réchauffement solaire. C'est une marée
atmosphérique, qui n'est pas causée par l'attraction du Soleil, mais par la chaleur.
Or, tandis que les marées de l'Océan ont pour effet de ralentir le mouvement du
globe, en agissant comme un frein les marées thermiques de l'atmosphère, qui
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 231
arrivent vers 10*», ont pour effet de Yaccèléror. D'ingénieux calculs, établis sur
les formules de Laplace et de Fouricr, conduisent à la conclusion que la marée
lunaire océanique retarde le mouvement de la Terre de 25 secondes par siècle
et que la marée solaire atmosphérique accélère le même mouvement de 2», 7 dans
le même temps. Le résultat final est un retard de 22», 3, ou, en nombre rond, de
22 secondes par siècle, chiffre concordant avec le résultat trouvé par Adams.
Densité de la Terre. — M. Mendenthall a exécuté, au commencement du mois
d'août 1S80, des observations comparatives sur la durée d'oscillation d'un même
pendule à TUniversité de Tokio et au sommet du Flusiyama, la célèbre montagne
volcanique dont la forme est presque exactement celle d'un cùne ayant un angle
au sommet de 138o et une hauteur de près de 3800»»». L'accélération de la pesanteur
à Tokio étant 9",7984, on trouva, pour le sommet du Flusiyama : 9°>,7886.
D'autre part, Fauteur a déterminé la densité moyenne des roches qui forment
la montagne, et l'a trouvée égale à 2,12; on connaît donc les dimensions de la
montagne et sa densité, ce qui permet de calculer aisément l'attraction qu'elle
exerce sur le pendule placé au sommet. De la comparaison de ce nombre et des
valeurs de (/ à Tokio et au sommet, on déduit la densité moyenne de la Terre.
M. Mendenthall a trouvé ainsi 5,77, nombre un peu plus fort que celui que l'on admet
d'ordinaire ; pour ramener ce nombre à la valeur de Baily (5,67), il suffirait d'ad-
mettre que la densité moyenne de la montagne est seulement 2,08 au lieu de 2,12 ;
l'auteur préfère cependant attribuer cet écart, non à une erreur sur la densité,
mais à un défaut réel d'attraction, tenant probablement à la structure même de la
montagne.
Sur le moavement relatif de la Terre et de l'éther. — Dans la théorie de
l'aberration de la lumière, on suppose que la Terre se meut seule au travers de
Téther qui reste en repos. Pour contrôler cette hypothèse, M. Michelson a essayé
de faire interférer l'un avec l'autre deux rayons qui ont traversé une même lon-
gueur dans l'air, mais l'un dans la direction du mouvement de la Terre, l'autre
dans la direction perpendiculaire.
Avec une longueur do 1™, 2 seulement et en employant de la lumière jaune, ou
trouve, dans l'hypothèse de l'éther immobile, que le rayon qui a voyagé dans
la direction du mouvement de la Terre a dû parcourir -^ de longueur d'onde do
plus que l'autre.
En faisant tourner de 90° le plan des deux rayons, on fait porter la différence
sur l'autre rayon; d'une position à l'autre, les franges d'interférence devraient
donc se déplacer de 0, 08 de frange, quantité mesurable.
L'expérience a donné un résultat absolument négatif; ou doit donc en conclure
que l'hypothèse d'un éther immobile n'est pas exacte, et qu'il faut, par suite,
abandonner l'explication que l'on donne ordinairement du phénomène de l'aber-
ration. A. ANaoT («).
(') Journal de'Physique.
232 L ASTRONOMIE.
Légers tremblements de terre. Un grand nombre de légers mouvements du
sol doivent passer inaperçus. Nous lisons dans le rapport de TObservatoire de
Cambridge (Angleterre) que le matin du 22 avril 1884, Miss Walker se préparait à
faire à la lunette méridienne l'observation du bain de mercure pour le nadir, lors-
qu'elle s'aperçut que l'image des fils du micromètre, au lieu d'être réfléchie tran-
quillement, était agité par de violentes oscillations : on dut attendre plusieurs
minutes avant de pouvoir faire l'observation. Quelque temps après, on apprit
qu'un léger choc de tremblement de terre avait été ressenti précisément au
moment même où ce trouble du bain de mercure avait été reconnu d'une façon si
exceptionnelle.
Les volcans et les mesures magnétiques. — Le professeur Ciro Ghristoni a
recherché toutes les variations magnétiques qui se produisent dans la Sicile ; il
a dressé un tableau des données fournies par ses instruments et s'est aperçu tout
de suite que la Sicile ne suit pas la règle vraie pour l'Italie, que la déclinaison
va décroissant de l'Ouest à l'Est. L'angle maximun se trouve à Catane, qui est
un des lieux les plus à l'Est de l'île; il a encore une valeur considérable à Gir-
genti. A Caltanisetta, la déclinaison est inférieure à celle de Girgenti, supérieuro
î\ celle de Palerme et de Tripani. Un coup d'œil jeté sur la carte de la Sicile don-
nera l'explication de ce phénomène, qui trouve sa raison d'être dans la nature
volcanique de l'île. A Catane on peut ainsi observer la puissante action des laves
de l'Etna, action qui se fait ressentir jusqu'à Messine. L'Etna a donc une influence
magnétique incontestable. A Messine, cette influence est contrebalancée par celle
des îles Lipari, qui sont au Nord, tandis que l'Etna est au Sud. A Girgenti, on a
un second maximun de déclinaison ; ce fait s'accorderait avec les mesures que
Perry obtint pour Malte en 1874. L'augmentation de la déclinaison est due sans
contredit au terrain volcanique qui se trouve dans les environs de Sciarra, et il
n'est pas problable que, sous la mer, il y ait des points qui influent sur Taiguille
aimentée. En effet, contre Girgenti, Malta et Pantellaria, la mer a toujours pré-
senté des phénomènes volcaniques, et c'est là précisément qu'est apparue l'Ile
Ferdinandea.
D"^ A. Battandier.
L'inventeur des Jumelles. •— Presque tous les écrivains de l'histoire des
Sciences attribuent au P. Schyrl, capucin de Bohême, né vers 1597, mort à
Ravenne en 1660, l'invention des lunettes d'approche binoculaires. C*est dans la
première partie de l'ouvrage publié à Anvers en 1645, sous le titre bizarre
d'Oculus Enoch et Elias, sive radius sidereomyslicus, qu'il traite, p.336-356, de la
lunette d'approche binoculaire. Cette invention n'appartient pas au capucin
Schyrl, mais bien à un opticien de Paris, du nom de Chorez, qui en 1625 vendait
des binocles dans Tîle Notre-Dame, à renseigne du Compas. C'est ce qui résulte
d'une lettre imprimée trouvée en septembre 1880 par M. Gilberto Govi, le savant
physicien italien, dans le manuscrit n» 9531 du fonds français, correspondance de
Peiresc. La pièce est intitulée : « Les admirables lunettes d'approche réduites en
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 233
petit volume avec leur vray v^age et leur utilitez, préférables aux grandes, et
le moyen de les acomoder à Vendroit des deux yeux, le tout mis^ en pratique,
et dédié au roy, Tan 1625, par D. Ghorez. > Cette lettre est adressée au roi
Louis XIII; elle commence ainsi : « Sire, il y a près de cinq ans que je receu
l'honneur de présenter à vostre Maîesté les prémices de mon travail, en ce qui est
communément appelé lunettes d'approche, etc. » Les avis et directions pratiques
formulés par Chorez dans cette sorte de lettre-manifeste sont très utiles, selon
M. Gilberto Govi qui, dans le Bullettino du prince Boncompagnî, a rendu justice
à l'habile opticien et l'a retiré de l'injuste oubli dans lequel il était tombé (<).
Statue à Giordano Bruno. — Suivant l'appel fait l'année dernière par M. Flam-
marion, dans Les Terres du Ciel (p. 716), la jeunesse romaine, les étudiants
italiens, les amis du progrès viennent de former un groupe qui prépare dès
aujourd'hui le projet de l'érection d'une statue au philosophe martyr brûlé vif à
Rome le 17 février de l'an 1600. Rappelons ces lignes des Terres du Ciel:
« Au nom de la Liberté de conscience, au nom de l'humanité, au nom du
Progrès, nous demandons à l'Italie d'élever, avant la fin de notre dix-neuvième
siècle, deux statues au sein de la ville de Rome; la première sur la place de la
Minerve : Galilée à genoux, renonçant à l'hérésie du mouvement de la Terre; la
seconde au champ de Flore : Giordano Bruno sur son bûcher, expiant le crime de
croire à la vie éternelle dans l'univers infini. »
Nous adressons aux promoteurs de la statue de Bruno toutes nos félicitations
et tous nos vœux en faveur de cette glorification tardive de leur immortel compa-
triote. Une adresse collective des étudiants de Madrid au Directeur de VAstro-
nomiCy annonce que la jeunesse espagnole se joint à la jeunesse italienne dans
une même confraternité pour la glorification du philosophe martyr.
L'Astronomie popularisée. — Voici un petit fait de détail qui ne manque pas
de signification. Une importante manufacture de brosserie de Paris vient de
choisir les marques de fabrique suivantes pour ses produits :
Marque principale de la maison Rennes et fils :
Les étoiles de la constellation du Renne.
Marques du détail :
Lune, premier quartier.
Soleil,
Comète.
Tête d'ange avec soleil et rayons.
Tous nos compliments pour cette innovation.
On nous communique d'autre part une gravure dorée détachée d'une boîte de
« fil de lin extra » qui n'est autre que la reproduction de la première figure de
[<) Bulletin des Sciences m,athématiques.
234 L'ASTRONOMIE.
VAstronomie populaire, avec la légende même : a Emportée par le temps,
poussée vers un but qui fuit toujours, la Terre court avec rapidité dans l'espace. »
Quelques étoffes commencent aussi à porter dans leurs tissus des Saturnes, des
comètes et des étoiles associées. — Signe du temps.
Un cadran solaire de plas de deux mille ans. — A Palestrîne, l'antique
Préneste, il y avait une horloge solaire {solarium) dont Varron parle comme d'un
monument très ancien. M. Cicerchia a pensé qu'il fallait la chercher sur le mur
de face de l'église de Saint-Agapit. Cette église, construite au moyen âge,
s'élève sur un édifice antique, où Ton voit encore, sur les blocs qui le portent, une
ouverture que ferme un mur moderne. Selon M. Cicerchia, cette ouverture
donnait passage aux rayons du Soleil, qui marquaient l'heure sur un dallage inté-
rieur. Nul n'avait tenté de vérifier cette supposition. M. Marucchi, ayant fait
enlever du mur antique l'enduit moderne, a retrouvé les traces du solarium
d'une forme différente de celle qu'on avait imaginée.
Le mur présente quatre rainures obliques, disposées deux par deux en éventail
de chaque côté. La verticale, entaillée sans doute entre elles, devait être tracée
sur la partie disparue que ferme aujourd'hui la maçonnerie moderne. A l'extré-
mité supérieure de chaque rainure se trouvaient, dit M. Marucchi, des tiges
métalliques plantées dans des trous que l'on voit encore. La direction des rainures
correspond aux ombres que projetaient ces sortes de gnomons sur les heures 3',
4«, 8* et 9* des anciens (9^, 10^» du matin, 2*» et 3^ de l'après-midi).
Pensées. — On trouve souvent dans les écrits d'Edgar Poe une divination
originale des progrès accomplis en ces dernières années par la philosophie
astronomique. En fetiilletant dernièrement ses Contes grotesques, l'un de nos amis
a remarqué la pensée suivante, digne d'être méditée. Elle date de 1848, mais
appartient plutôt au siècle prochain qu'à celui-ci.
a II y a une infinité d'écrivains qui font leur chemin en philosophie, grâce à
rhabitude qu'ont les hommes de se considérer comme les citoyens d'un monde,
d'une planète individuelle, au lieu de se représenter, ne fût-ce que de temps en
temps, leur condition littéralement cosmopolite d'Habitants de VUnivers, »
Cette autre n'est pas moins remarquable :
« 11 n'est nullement irrationnel d'imaginer que, dans une existence future, nous
puissions considérer cette vie comme un songe. »
11 avait déjà dit dans Eurêka :
« La Terre no doit pas être considérée comme une individualité, mais dans ses
rapports planétaires. De ce point de vue général, un homme devient l'humanité,
et l'humanité un membre de la famille cosmique des intelligences. »
OBSEKVATIONS ASTUONOMIQUES. 235
OBSERYATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 JUIN AU 15 JUILLET 1885.
Principaux oliijets célestes en évidence pour Inobservation.
I« CIEL ÉTOILE ;
Pour l'aspect du Ciel étoile durant cette période de l'année, il faut se reporter
soit aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descriptions
données dans les Étoiles et les Curiosités du Ciel (p. 594 à 635). La longueur des
jours atteignant en ce moment sa plus grande valeur ainsi que la durée du cré-
puscule, rheure des observations astronomiques se trouve chaque soir naturel-
lement retardée.
2» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 juin, le Soleil se lève à 3'»58>" du matin et se couche à 8*» 3»»;
le 1«' juillet, l'astre du jour se montre au-dessus de Thorizon à 4»>2™, pour dispa-
raître à 8'>5"» du soir; enfin, le lever a lieu à 4^14™, le 15 juillet, et le coucher
à 7^57"». La durée du jour est de 16'»5™ au 15 juin, de IG^M'" au !«' juillet et
de 15>»43"> au 15 juillet. Du 15 juin au 21 juin, la durée du jour s'accroît de 2»» le
soir; mais du 21 juin au 15 juillet, les jours diminuent de 16«» le matin et de 8°*
le soir, soit une diminution totale de 22™ pour l'intervalle compris entre le 15 juin
et le 15 juillet.
La déclinaison boréale du Soleil est de 23'>20'9'' au 15 juin et atteint 23o27'5''
le 21 juin, à midi moyen. C'est à 7*»l™29s7 du mâtin, le 21 juin, que la déclinaison
solaire atteint son maximum et que commence IKté (») et non à 7'»0™ comme
l'indique V Annuaire du Bureau des Longitudes. Cette époque de l'année s'appelle
solstice d'été, car le Soleil paraît séjourner quelque temps dans la même partie
du Ciel, en conservant sensiblement la même déclinaison et par suite les jours
leur môme longueur. Le crépuscule est assez considérable pour qu'il reste visible
toute la nuit dans la partie septentrionale de la France : on peut dire que là il
n'y a pas de nuit complète.
(') La Connaissance des Temps pour 1885 et le NauUcal Alnianac donnent, tout
en tenant compte des différences de longitude des Observatoires de Paris et de Greeu-
wich, des valeurs différentes pour la longitude du Soleil, et cette différence va sans
cesse en croissant.
Pourquoi les Calculateurs du Bureau dos Longitudes se sont-ils servis jdu Nautical
pour le calcul de l'instant où commence chaque saison ? Voici un tableau qui nous
montre nettement ces différences :
Saisons.
L'Ét^. commence le 21 juin
L'AUTOMNE commence le 22 septembre.
L'Hiver commence le 21 décembre
Connaissance
Nautical Almanac.
des Temps.
Différence.
7h 0» 1»,2 matin.
7k l«29-,7
i-28',5
Dh^b- 3%7 soir.
Oï^ai- 7-,3
6- 3%6
3»«36«34«,4 soir.
3V46-27«,9
9-53«,5
E. V.
230
L'ASTRONOMIE.
A partir du 21 juin, la déclinaison du Soleil décroît; le 15 juillet, elle est
de 21o28'3r.
La Terre passe à Taphélie le 3 juillet, à 11*» du soir. C'est alors qu'elle atteint
sa distance maximum du Soleil. Cette circonstance se présente lors des plus
grandes chaleurs de Tannée, parce que le Soleil est en ce moment très élevé au-
dessus de l'horizon.
Le 4 juillet, le diamètre solaire mesure 3i'31'96.
Lune. — Bien que Tété soit peu favorable aux observations lunaires, on pourra
étudier néanmoins le mince croissant que nous offre notre satellite, dans le voi-
sinage du Premier et du Dernier Quartier.
Phases..
PQ le 19 juin, à 1^58- soir.
PL le 27 » à 11 27 matin.
DQ le 5 juillet, à C-SS- soir.
NL le 12 » à 5 25 matin.
Occultalions et appulse visibles à Paris,
Deux occultations et une appulse seront visibles à Paris dans le voisinage de
minuit.
!• t' Capricorne (6« grandeur), le 29 juin, de 12''8- à 13''22- du soir. L'étoile disparaît
subitement derrière la partie éclairée du disque de la Lune, en un point situé à 22» au-
dessus du point le plus à gauche, et reparaît tout à coup en un point placé à 24* au-
Fig,
Fig. 85.
OccuUatioDS de i* et t* Capricorne par la Lune,
le 29 juin 1885, de 12>'8- â 13^22- du soir,
etdel3«'43"àl4^41-.
Appulse de \i Poissons,
le 6 juillet, à 2'' 46- du mati
dessus du point le plus â droite du disque. Cette occultation, qui est représentée
(fig. 84) pour Paris, sera observable dans l'Europe occidentale.
2* T* Capricorne (5* grandeur), le 29 juin, de IS'-iS" à 14''4i-. Cette seconde compo-
sante de la double t sera occultée à son tour, bien qu'elle ce soit éloignée que de 32'
de la première, 21" après la fin de l'occultation de t*. L'étoile disparait en un point du
disque lunaire situé à 30* au-dessous et à gauche du point le plus élevé et reparait en
un autre point situé à 22* au-dessus du point le plus à TOuest. L*occultation sera
observable dans TËurope occidentale.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 237
3* |i Poissons (5* grandeur), le 6 juillet, à 2^46" du matin. Appulse à r,7 du bord de
la Lune. L'étoile s'approchera à cette faible distance d'un point qui se trouve à 12* à
droite du point le plus bas du disque de notre satellite. Il y aura occultation pour le
Nord et les Iles britanniques.
Occultations diverses.
Les lecteurs de VAstronomie qui habitent les diverses parties de la Terre
pourront encore observer les importantes occultations suivantes :
1* Uranus, le 19 juin, vers 3''33" du soir, temps moyen de Paris. Les latitudes ex-
trêmes de l'observation sont 20* S. et 89* S.
2* Y Balance (4-5* grandeur), le 23 juin, vers 10''57" du soir. Limites de latitude:
3* N. et 61- S.
3* Aldébaran (1'* grandeur), le 8 juillet, à 111*33-' du matin. Les limites de latitude
sont 20- N. et 90* N.
Le 28 juin, à 6^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
405 600»^; diamètre lunaire = 29'27',2.
Le 12 juillet, à 2^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
365 500^"»; diamètre lunaire = 33'30',2.
Mercure. — Du 15 au 20 juin, Mercure pourra être aperçu le matin, plus d'une
heure avant le lever du Soleil, par les habitants de l'hémisphère sud de notre
globe. Le 27 juin, cette rapide planète sera en conjonction supérieure avec le
Soleil, puis elle deviendra visible le soir, malgré la lueur crépusculaire, dans les
premiers jours de juillet.
Jours. Passage Méridien . Coucher. Différence Soleil. Constellation.
5 Juillet 0''45* soir. 8''47- soir. 0''44* Gémeaux.
7 » 0 54 » 8 52 » 050 Cancer.
9» 13 a 8 55 * 0 54 »
11 1» 1 11 » 8 58 » 0 58 V
13 » 1 18 » 8 59 » 11 »
15 a 1 24 »> 8 59 » 12 w
Le mouvement de Mercure, du 5 au 15 juillet, est direct parmi les constel-
lations des Gémeaux et du Cancer. Le 5 juillet. Mercure sera au Sud et à 1» en-
viron de X Gémeaux. Les 1 1 et 12 juillet, la planète traversera Tamas du Cancer,
la Crèche. Une lunette astronomique permettra de suivre aisément ce passage.
Le 10 juillet, le diamètre de Mercure est de 5'4 sa distance à la Terre de 186 mil-
lions de kilomètres et sa distance au Soleil de 55 millions de kilomètres.
Vénus. — Cette admirable planète brille du plus vif éclat jdans le ciel de
rOccident, aussitôt après le coucher du Soleil. Il est très facile de l'apercevoir à
la simple vue, malgré la lueur crépusculaire en ce moment très intense.
Jours. Passage Méridien. Coucher. Différence Soleil. Constellation.
16 Juin O'-Sl'" soir. 8'' 59- soir. 0''56* Gémeaux.
19 » 0 55 » 9 2 » 0 58 »
22 » 0 59 if 9 4 » 0 59 •
25 >•-... 1 4 » 9 7 » 12 »
29» 19 a 98 a 13 a
2 Juillet 1 13 " 9 8a 14 Cancer.
5 » 116 a 97 . 14 »
238 L'ASTRONOMIE.
Jours. Passage Méridien. Gooclidr. Différence Soleil Constellation.
8 Juillet 1^20- » O" 6- » l»» 4- Cancer.
11 s 1 23 » 9 4 » 14 s
14 » 1 27 » 9 3 p 16 »
Le mouvement de VÉtoile du Berger est toujours direct. Le 24 juin, l'écla-
tante planète passera à lo20' au nord de l'étoile de 3,5 grandeur, o Gémeaux.
Le 9 juillet, Vénus traversera l'amas du Cancer.
Le 1*" juillet, le diamètre de Vénus est de 10'2 la distance de Vesper au Soleil
est de 106 millions de kilomètres.
Mars. — Mars est facile à découvrir le matin, à TOrient, près de deux heures
avant le lever du Soleil. Le plus souvent, une lunette astronomique de moyenne
puissance sera nécessaire pour Tétude de cette planète.
Jours. Lever. Passnire Méridien. Coiisteltntiun.
25 Juin 2' 8- matin. 9'' 56- matin. Taureau.
1" Juillet 1 58 » t) 51 » ••
5 »' 1 51 » î) 47 » '»
9 '• l 45 « 9 43
13 » 1 39 » 9 39 «
Mars continue son mouvement direct à travers la constellation du Taureau.
Le 28 juin, la planète passe à 2° 30' au nord de l'étoile de 3,5 grandeur, e Taureau.
Le l^^-" juillet, le diamètre de Mars est de 5'; sa distance à la Terre de 333 mil-
lions de kilomètres et sa distance au Soleil de 218 millions de kilomètres.
Petites planètes. — Cérès est toujours facile à reconnaître dans la constel-
lation de la Vierge. Seulement, il faut se hâter d'étudier ce petit astre pendant
que cela est encore possible, car il va bientôt disparaître. Il sera bon de se
servir d'une jumelle marine.
Jours. Pnssage Méridien. Coucher de Cérës. Constellation.
15 Juin î**!!" soir. l*" 39" matin. Vierge.
20 « 6 54 » 1 19 »
25 » 6 37 »> 0 58 »
30 •> 6 21 » 0 39 »
5 Juillet 6 5 « 0 20 » -
10 s 5 49 » minuit. •
Le mouvement de Cérès est direct et sensiblement vers le Sud-Est. Le 19 juin.
la petite planète est en conjonction avec 8 Vierge, de 3,5 grandeur; elle n'est
éloignée que de 52' de l'étoile. Pendant plusieurs jours, Cérès séjourne un peu au
nord et à une faible distance de 3, ce qui permettra de la découvrir rapidement.
Le premier juillet, Cérès est éloignée de la Terre de 357 millions de kilomètres
et de 394 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 20 juin : Ascension droite... 12''50". Déclinaison... 4*44' N.
» 5 juin. : s » 13 0 » 2 25 N.
Pallas est encore facile à distinguer, durant la première moitié de la nuit,
dans la Chevelure de Bérénice ; mais il faut aussi se hâter de Tétudier avant sa
disparition. Une bonne jumelle marine ou une lunette astronomique seront
indispensables.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 239
Jours. Passage Méridien. . Coneher de Psllas. Constellation.
20 Juin 6M6- soir. l'*59- matin. Chev. de Bérénice.
25 s 6 1, s 1 41 s s
30 » 5 47 » 1 22 - »
5 Juillet 5 33 « 15»* »
10 » 5 19 « 0 49 » w
15 » 55 j» 0 32 i> V
Pallas est en mouvement direct dans la Chevelure de Bérénice, elle se dirige
vers e Vierge.
Le l»»- juillet, Pallas est à 375 millions de kilomètres de la Terre et à 378 mil-
lions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 21 juin : Ascension droite... 12'' 13". Déclinaison.. 18*54' N.
» 10 juin. : » » 12 34 » 17 15 N.
Junon peut être observée très facilement le soir, avec une lunette astrono-
mique, non loin de Tétoile de 3,5 grandeur, Ç Vierge. Le 5 juillet, Junon sera
en conjonction avec cette étoile, à i'^bW seulement et au nord de Ç. On peut
remarquer que les trois petites planètes Cérès, Pallas et Junon séjournent à peu
près dans le même coin du Ciel.
Jours. Passage Méridien. Coneher do Janon. GonsteUation.
20 Juin 7*28- soir. l'*48- soir. Vierge.
25 » 7 10 » 1 29 » »
30 » 6 51 » 1 09 » »
5 Juillet 6 33 » 0 50 »
10 M 6 16 ^ 0 31 « M
15 I» 5 59 » 0 12 y *
La marche de Junon est directe dans la constellation de la Vierge.
La distance de Junon à la Terre est de 438 millions de kilomètres, au 1<^'- juillet,
et de 488 millions du Soleil.
Coordonnées au 21 juin : Ascension droite... 13'*25". Déclinaison... 2*46' N.
» 12 juin. : s » 13 32 » 1 29 N.
Vesta pourra être vue dans la constellation du Taureau, un peu au nord de X,
suivant la ligne qui unît l'étoile de 4« grandeur y ^ Aldébaran. Une lunette sera
nécessaire pour se livrer à cette observation.
Jours. Lever de Vesta. Passage Méridien. Constellatioh.
!•' Juillet 1*53- matin. 9* 6- matin. Taureau.
6 » 1 39 » 8 54 » »
11 » 1 25 s 8 42 » »
Le mouvement de Vesta est direct.
Le !«■' juillet, Vesta est à une distance de 473 millions de kilomètres de la
Terre et de 375 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 10 juillet : Ascension droite : 4^14". Déclinaison : 15*22' N.
Jupiter. — Cette belle planète brille toigours d*un vif éclat dans la constel-
lation du Lion, dans le voisinage de Régulus. Le 12 juillet, au soir, Jupiter sera
en conjonction avec p Lion, de 4« grandeur. La planète sera au Nord et à 58' de
rétoile.
240 L'ASTRONOMIE.
Joart. Passsfv MMdi«D. Coticta«r. ContUllattoa.
18 Juin 4*23- soir. 11*25- soir. Lion.
22 » 4 10 » Il 10 » »
26 » 3 57 » 10 58 » »
30 » 3 43 • 10 41 » »
3 Juillet 3 33 1 10 30 » »
7 » 320 " 10 16 » »
11 » 3 7 10 1 » »
La marche de Jupiter est directe, c'est-à-dire de TOuest à TEst.
Le !•' juillet, le diamètre de la planète est de 31', sa distance à la Terre est de
884 millions de kilomètres et sa distance au Soleil 801 millions de kilomètres.
Il faut continuer l'étude des satellites de Jupiter avec une jumelle astrono-
mique. Les astronomes doués d'une excellente vue pourront encore apercevoir à
l'œil nu le 3« satellite lors de ses plus grandes élongations qui auront lieu aux
époques suivantes : 16, 19, 22, 23, 26, 27 et 30 juin, 1", 4, 7, 10, 11 et 14 juillet.
Éclipses des satellites de Jupiter.
16 Juin 10** 34* soir. Immersion du 4* satellite éclipsé.
30 » 9 6 » Emersion 1*' » t»
Remarque. — Le 14 juin, à 9'»45™ du soir, le l*»* satellite est occulté et le 3* sur
le disque de Jupiter. Le 24 juin, le 4« satellite est sur le disque et les trois autres
d un même c(^te. Le l»»" juillet, à 9^ du soir, les quatres satellites sont à l'est de
la planète.
Saturne. «^ Cette planète est absolument invisible. Elle passe derrière le
Soleil le 18 juin à 11^ du soir et atteint en ce moment sa distance maximum à la
Terre : 1486 millions de kilomètres; sa distance au Soleil est de 1336 millions de
kilomètres.
Uranus. — Uranus est toujours facile à trouver dans la constellation de la
Vierge, entre les étoiles de 3,5 grandeur r^ et p, vers le milieu de la ligne qui
unit ces deux jolies étoiles. Uranus est très facile à reconnaître soit à l'œil. nu
soit avec une jumelle marine.
Jours. Passage Méridien. Coucher. ConsteUaUon.
17 Juin 6»» 12- soir. 0*21- matin. Vierge.
22 » 5 50 » 0 01 » u
27 » 5 33 » 11 41 soir. »
2 Juillet 5 14 ). 11 22 » • »
7 » 4 55 1» 11 3 » •
12 » 4 36 » 10 43 0 »
Le mouvement d'Uranus est direct.
Le l*"' juillet, la distance de la planète à la Terre est de 2731 millions de kilo-
mètres et au Soleil de 2710 millions de kilomètres.
Coordonnées au 1" juillet : Ascension droite : 11*57-48'. Déclinaison : IM'43'N.
Eugène Vimont.
CORRESPONDANCE.
Tachos du Soleil. — Nous avons reçu de MM. Guillaume à Péronnas, Bruguière et
Lihou à Marseille, Courtois à Muges, Giniéis à S^-Pons, de remarquables séries d'obser-
vations et de dessins de taches solaires, qui nous seront de la plus grande utilité lorsque
nous exposerons à nos lecteurs In tableau définitif du dernier maximum.
M. José, A. y BonillAj D' de TObservatoire do Zacatecas (Mexique). — Veuillez agréer
nos regrets de l'impossibilité dans laquelle nous avons été jusqu'ici de publier vos excel-
lentes observations. La première place en dehors des actualités urgentes sera pour elles.
M. H. Gally, astronome, à Eu. — !• Le diamètre apparent de la Lune est exactement
celui gui est donné dans le passage de TAstronomie populaire auquel vous faites allusion.
Son diamètre réel en kilomètres, est exactement aussi celui qui est donné dans le même
ouvrage. Nous ne voyons pas ce qui embarrasse votre ami dans la conception de l'angle
soutendus par le diamètre lunaire.
2» La lunette Bardou de 108"" supporte un grossissement de 250 fois et son prix ost
do 650 francs. Le modèle au-dessus, de IS?-"*, supporte un grossissement de 400 fois, et
son prix est de 1500 francs.
3* Le Monde avant la création do Vhomme paraît en livraisons et en séries chez
tous les libraires.
M. GoMMAiLLEAU, à Oulmcs ( Vendée. ) — Cette idée ingénieuse a déjà été essavée.
Mais l'eau est inférieure au verre, comme propriétés optiques, transparence et stabilité :
de plus, les deux immenses verres de montre entre lesquels on l'enfermerait donne-
raient toujours quatre surfaces à traverser.
M. Théodore Mahler. — Veuillez excuser le retard de cette réponse. Vous êtes dans
le vrai : le détroit de Gibraltar est de formation relativement moderne et est dû à une
irruption de l'Océan, soit à la suite d'un tremblement de terre qui aura séparé les deux
côtés d'Europe et d'Afrique, soit seulement par la détérioration graduelle des roches et
la formation d'un passage qui s'est lentement agrandi. Le détroit est. néanmoins, anté-
rieur aux premiers hommes.
M. Arthur Rion, à Reims. — On ne peut parvenir à construire soi-même un télescope
qu'après une série d'études très longues et très laborieuses, il n'y a rien de surprenant
à ce qu'on ne réussisse pas du premier coup. Nous ne pouvons vous donner aucun conseil
sur ce point, si ce n'est celui d'étudier à la fois la théorie et la pratique.
M. Adolphe d'AssiER, à Tarascon. — Veuillez recevoir nos sincères félicitations pour
vos beaux articles relatifs à la vie sur les diverses terres qui peuplent l'espace. — Le
temps nous a manqué jusqu'ici pour lire l'ouvrage de Boucheporn. La distance de la
planète transneptunienne ne peut pas être très différente de celle que nous avons trouvée
par l'aphélie de la comète de 18G2 et les étoiles filantes du 10 aoftt (Revue, 1884, p. 88),
M. ZACGONe, à Passy. — Chaque face de l'anneau de Saturne restant tour à tour quinze
ans dans la lumière du Soleil et dans Tombre, il y a bien quinze ans de jour et quinze
ans de nuit pour chacune de ces faces. Gela n'empêche pas cet anneau de tourner autour
d« la planète dans la période rapide indiquée aux Terres du cieL
M. D, Neuville, à Paris. Cette dissertation est du plus haut intérêt. Nous espérons
la publier prochainement.
M. A. GuNziGER, à Oldham, près Manchester. — Nous n'avons pas la liste complète
des observatoires actuellement existants, en Angleterre, n'en ayant pas rédigé depuis
celle qui a été publiée dans le tome VIII des Etudes et Lectures de V Astronomie. Mais
le secrétaire de la Société royale astronomique de Londres pourra certainement satisfaire
votre désir.
M. G. H., à Neufchatel. Veuillez recevoir nos vifs remerciements. Cet intéressant
article est composé à l'imprimerie et paraîtra aussitôt que possible.
M. Tramblay, à Orange, nous adresse de bonnes photographies de la Lune obtenues
à l'aide d'une petite lunette de SI""", sans mouvement d'horlogerie, et un article destine
aux astronomes amateurs, que nous serons heureux de publier aussitôt que possible.
M. Peltier, à Condé (Ardennes). — Vos pages de Philosophie transcendante sont
très profondes, et nous regrettons que le cadre déjà si vaste de cette Revue ne nous
permette pas de traiter ces hautes questions. Peut-être, pourtant, serons-nous conduits
à les étucfier quelque jour.
M. Vallée, à Boisguillaume. — Veuillez recevoir tous nos remerciements. Un am
inconnu nous a déjà envoyé une liste d'errata que nous avons été très heureux de rece-
voir. Dans des ouvrages qui se tirent à trente et quarante mille exemplaires, il n'est pas
rare qu*au moment du clichage une vérification trop rapide du correcteur ne donne nais-
sance même à de nouvelles fautes.
• M. Paul Gay, à Nancy. — Votre jugement sur la barbarie des guerres est digne d'un
penseur. Recevez toutes nos félicitations. — Vous trouverez toutes les données acquises
a la Science sur l'atmosphère de Jupiter, dans les Terres du Ciel, p. 599 à 610. — La
nutation est causée par l'attraction de la Lune sur le renflement équatorial de la
Terre. Voy. Astronomie populaire, p. 58 et Terres du Ciel, p. 412. Si la Terre était
parfaitement sphérique, il n'y aurait ni nutation ni précession.
M. Lihou, à Marseille. — La tache noire si curieuse que vous avez observée le 21 avril
sur le disque de Jupiter n'était-elle pas l'ombre d'un satellite?
M. Charles Gauthier, à Lons-le-Saulnier. — Merci de vos précieux encouragements.
Le nouvel ouvrage de Tissandier, les Ballons dirigeables, vient de paraître chez Gau-
thier-Villars. C'est assurément le meilleur traité que l'on ait publie sur ce sujet tout
d'actualité.
^^■^^F
Fig. i
A. BARDOU
CONSTRUCTEUR D'INSTBUIENTS ITOrniK
FOURNISSEUR DU MlMSTtRE DE LA GUEtiE
(Circulaire ministérielle du 29 Juillet ÎS'J
65, rue de Chabrol, & Paris.
Lunettes astronomiques, corps cuivre avec chercheur, tnlv
(l*oculaire à crémaillère pour la mise au foyer. Monture équai.»-
riale à latitude variable de 0« à 90», cercle horaire et c^^ercle .::
déclinaison donnant la minute par les verniers; pince pour ilitr
la lunette en déclinaison. Pied en fonte de fer reposant par trr<^
vis calantes sur trois crapaudines {fia- ^ >-
L'oculaire le plus faible est muni d'un réticule.
« 9
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ocula'ires.
2 s
Célestes.
Grossissements
100, 160 et 270
100, 150, 200 et 4M)
^/j
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuifre ave
chercheur, pied fer et soutien de stabilité servant à diriger Ia
lunette par mouvement vertical lent au moyen d*nne crémail-
lère; tube d'oculaire à crémaillère pour la mise'au foyer. L'iD-
slrument (/2g. 2) et ses accessoires sont calés dans une boite ea
sapin rouge.
oculaires.
3 «» Ti ••
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s»
Terres-
tres.
Célestes.
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1».60
1
80
3
100, 160 et 270
65C)
35
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuivre, pie^i
fer, mouvements prompts, tube d'oculaire à crémaillère poorlâ
mise au foyer. L'instrument et ses accessoires sont raies dàr>
une boite en sapin rouge.
0»,057
0-,OHl
0",075
PS
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OCULAIRES.
Célestes.
Grossis-
sements.
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80 et 150'
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PRIX.
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135
•< —
25
140
175
25
190
225
25
On peut ajouter et l'on ajoute généralement à ces divers
modèles :
Monture à, prisme pour observer facilement au zénith.
Prix 35 fr
Ecran pour examiner les taches du Soleil. Prix 15 fr
Paris. — Imp. Gauthier- Yillars, 55, quai des Grands-Augustins.
yo. I4u..>i
4° Année.
N» 7.
Juillet 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLORE,
D01llfl.NT LE TABLEAU PERMANENT DES DÉCOUVERTES ET DES PROGRES RÉALIS&t
DANS LA CONNAISSANCE DE L'UNIVERS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LE CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ETRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN :
Paris : 12 fr. — Départements : 13 fr. — Étranger 14 fr.
Prix du Numéro : 1 fr. 20 o.
La Revue parait le {•' de chaque Mois.
PARIS.
6AUTH1ER.VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
CORRESPONDANCE.
;j > M. P., à Nancy. — Les Astronomes font généralement commencer Tannée tropique
an moment de l'équinoxe du^printemps, ou plus exactement, à l'instant où la longitude
du Soleil est 0. L'année civile, au contraire, commence au premier janvier. De plus,
l'intercalation d'un jour tous les quatre ans ne rétablit qu' approximativement l'accord
entre les durées de ces deux espèces d'années. Aussi, pour cette double raison, est-il
presque^impossible de répondre d'une manière précise a votre question.
M. B. L. à Paris. — Le terminateur sur le disque de la Lune ou d'une planète est
la ligne de séparation de Fombre et de la lumière.
M. Lamoulinette, à Soulignonne ((iharente Inférieure), a obser\'é le 27 avril dernier
vers 11 heures 1/2 du matin dn assez fort tremblement de terre au milieu d'un violent
orage. Les trépidations ont été ressenties à Royan et à Saintes.
M. Gabriel Martin, à Guéret. — L'observation à laquelle vous faites allusion est
celle de la scintillation remarquable d'un point brillant au sud de Platon. Il serait dif-
ficile d'assigner la cause de ce phénomène si rarement observé sur la Lune.
M. Dautrebande, à Huy (Belgique). — Les questions que vous nous adressez sont
résolues d'une manière très satisfaisant-e par la ^Science moderne, et les réponses sont
longuement développées dans les traités d'Astronomie et de Cosmographie. Quant à votre
théorie sur la chaleur solaire, nous Tavons déjà entendu émettre plusieurs fois; mais
elle ne paraît pas s'accorder facilement avec les faits les 'mieux étatlis.
MM. Vallaure, à Linarès, Lamoulinette, à Soulignonne, Arnold ScHAACK,àWillz.
— Merci de vos communications, que nous insérerons bientôt.
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DÉCOUVERTE AU GROENLAND
241
DE MASSES DE FER NATIF, D'ORIGINE TERRESTRE, ANALOGUE
AU FER NATIF D'ORIGINE EXTRA-TERRESTRE.
Le fer n'est pas seulement un métal des plus abondants ; il est répandu
dans toutes les parties de l'écorce terrestre. Il n'est, pour ainsi dire, pas de
Fig. 86
Blocs de fer natif trouvés au pied d'une falaise du Groenland.
roches qui n*en renferment, au moins en petite quantité. Ce métal s'y ren-
contre à l'état de combinaisons diverses et nombreuses, parmi lesquelles
prédominent les oxydes, les silicates, les carbonates et les sulfures. En présence
de cette profusion et de cette extrême dissémination, il est très remarquable
que le fer ne se montre pas isolé, c*est-à-dire à l'état natif, suivant le langage
minéralogique. S'il n'a pas ce privilège, comme d'autres métaux incompara-
blement moins répandus, tels que le cuivre, le bismuth, l'antimoine, Targent,
Tor et le platine, il le doit sans doute à sa sensibilité à l'égard des agents
chimiques, particulièrement de l'oxygène, qui est en grand excès dans notre
Juillet 1885. 7
242 L'ASTRONOMIE.
atmosphère et qui forme presque la moitié en poids des masses pierreuses
constitutives de Técorce terrestre.
Mais les espaces célestes nous envoient, de temps à autre, des blocs de fer
natif qui viennent échouer sur notre globe, avec le cortège de phénomènes
d'incandescence et de bruit qui caractérisent l'arrivée des météorites. Telle
est la chute qui a eu lieu le 26 mai 1751, h. Hraschina près Agram, en
Croatie, et qui a apporté deux blocs, l'un dé 40'«'', l'autre de 9'»', tombés à
700" l'un de l'autre. Telle est aussi la chute du 14 juillet 1847, à Braunau, en
Bohême, qui fut accompagnée de deux violentes détonations et nuage noir et
persistant, causé sans doute par la réduction en poussière d'une partie des
masses dans l'atmosphère.
Ces fers, ainsi que d'autres qu'on a également vus tomber des espaces, sont
alliés de nickel, et leur surface polie, soumise à l'action d'un acide, mani-
feste des réseaux de lignes parallèles, connues sous le nom de figures de
Widmafistaetten, conséquence à la fois de la cristallisation et de la juxtapo-
sition de lamelles formées d'alliages différents les uns des autres.
Bien des blocs de fer natif ont aussi été rencontrés à la surface du sol,
isolés des masses minérales qui les supportent. C'est par centaines qu'on
pourrait les citer. A part celui de Caille, dans le département du Var, qui
est déposé au Muséum d'histoire naturelle , qu'il suffise de rappeler les
blocs trouvés en un grand nombre de points des Étals-Unis et du Mexique.
Ils offrent une si complète ressemblance de composition chimique avec les
fers que l'on a vus tomber des espaces, qu'il y a lieu de les leur assimiler.
Non seulement ils renferment du nickel, mais leur texture donne aussi les
figures géométriques dont je viens de parler. D'ailleurs, ils sont, en général,
d'une nature toute différente du sol qui les supporte, ce qui confirme dans
l'idée que la formation en est absolument indépendante, et qu'ils n'avaient
rien de commun avec lui avant d'y avoir été apportés.
Des parcelles de fer natif ont été, il est vrai, parfois rencontrées dans la
masse même des roches terrestres; mais très rarement, et en des points où le
métal avait été isolé d'un oxyde par la présence de matières charbonneuses,
c'estrà-dire réduity stiivant l'expression consacrée, par des réactions acciden-
telles, telles que des incendies de houillères.
Pour compléter ce que l'on savait jusque dans ces derniers temps sur le
fer natif d'origine terrestre, il convient d'ajouter qu'un chimiste très dis-
tingué, M. le professeur Andrews, de Belfast, avait reconnu, dès 1852, que des
fragments de certains basaltes du comté d'Antrim, en Irlande, jouissent de
la propriété de précipiter le cuivre de ses dissolutions à Pétat métallique.
Cette réaction, qui fut reproduite avec des roches basaltique de la Bohême
et de la Saxe, paraissait bien déceler dans ces roches la présence du fer
DÉCOUVERTE AU GROENLAND. 243
natif; mais ce métal y était invisible, sans doute parce qull y était à l'état
d'extrême division. D'ailleurs, on ignorait s'il était allié de nickel.
Tel était l'état de la question, quand le sol du Groenland a révélé, h ce
sujet, des faits très concluants, qui intéressent à la fois l'histoire de notre
globe et celle des corps célestes.
I.
John Ross, en 1818, rapporta de son voyage dans la baie de Baffln quel-
ques couteaux en os, dont le tranchant était formé de morceaux de fer pro-
venant, au dire des Esquimaux, de quelques blocs détachés et rencontrés à
Sovallick, au sud-est du cap York. L'analyse de ce fer ayant indiqué la pré-
sence du nickel, on lui attribua une origine météoricjue. C'est la première
mention qui ait été faite de fer métallique au Groenland. Giesecke avait, il
est vrai, déjà trouvé, dans le séjour qu'il fit dans cette contrée, de 1806 à
1813, un morceau de fer, mais sans qu'on y attachât d'importance. Plus tard,
pendant son séjour dans le nord du Groenland, de 1848 à 1851, M. Rinck se
procura une masse de fer provenant de Niakiornak, près de Jacobshavn, et
Forchhammer y ayant constaté la présence du nickel et du cobalt, en même
temps que les figures de Widmanstaetten, on le considéra aussi comme étant
d'origine météorique. En 1852, le médecin Rudolph envoyait un autre mor-
ceau de fer de la baie de Fortune, dans l'île de Disko. Ces divers échantillons,
qui furent déposés au Musée de l'Université de Copenhague, attirèrent l'atten-
tion de M. le professeur Nordenskiôld et lui inspirèrent le désir d'en décou-
vrir l'origine, lorsqu'en 1870 il fit un voyage d'exploration dans le nord du
Groenland.
Ce fut en vain que M. Nordenskiôld chercha d'abord dans la baie de For-
tune, d'où avait été apporté l'échantillon du docteur Rudolph. Mais, d'après
des indications fournies par les indigènes^ ainsi que par ses propres recher-
ches, il fut amené quelques mois plus tard sur un autre point du littoral de
l'île de Disko, à Blaafjeld, Uifak ou Ovifak (colline bleue), où il rencontra
enfin Tobjet de ses investigations : Ovifak, située par 69** 19' W de latitude
nord, est d'un accès des plus difi&ciles.
Des blocs de fer gisaient sur le rivage, entre le niveau de la haute et de la
basse mer, parmi les blocs de granit et de gneiss roulés et au pied d'une
grande falaise, présentant une série de nappes horizontales de basalte et de
dolérite qui alternent avec des conglomérats. A 1 6 mètres du plus grand bloc, se
montrait un rocher de dolérite; dans une autre masse de dolérite était empâté
du fer nickelé. Sur une superficie qui ne dépasse pas 50 mètres carrés, M. Nor*
24i L'ASTRONOMIE.
(lenskiôld recueillit plus de vingt masses de fer et de basalte, renfermant
environ SijOOO*"»' de métal natif. Il convient d'ajouter avec quelle libéralité il
s'empressa d'en offrir des échantillons au Muséum d'histoii'e naturelle de
Paris.
L'idée qui se présenta tout naturellement fut que ces masses de fer étaient
d'origine météoritique, puisqu'elles contenaient du nickel et qu'elles mon-
tr^iient les figures de Widmanstaetten, qui, jusqu'alors, avaient paru caracté-
riser exclusivement les fers météoriques.
Comme quelques-uns des échantillons de fer étaient solidement incorporés
dans les roches basaltiques, M. Nordenskiôld fut contraint de supposer que
des météorites étaient tombées des espaces au milieu de ces roches, avant
qu'elles fussent consolidées, c'est-à-dire pendant la période miocène.
Malgré la complication de cette hypothèse, plusieurs naturalistes crurent
devoir l'adopter. Dans ce nombre il faut particulièrement citer M. Nauckhoff,
dont l'opinion avait d'autant plus de poids qu'elle s'appuyait sur une obser-
vation de visu : il avait cru voir lei fer nickelé associé à d'autres substances
météoriques, l'eukrite et le protosulfure de fer ou troïlite.
Ayant été informé que M. Nordenskiôld désirait faire transporter ces masses
de fer en Suède, M. le professeur Johnstrup intervint auprès du gouverne-
ment danois pour que l'enlèvement n'eût pas lieu sans qu'on étudiât
préalablement les conditions dans lesquelles ces masses se présentaient.
M. Steenstrop, qui fut chargé de cette mission, ne parvint pas d'abord à
découvrir le fer dans le basalte en place, même à Asuk, en Waigat, ou
cependant des blocs épars en indiquaient des indices. Mais lorsque, de
retour en Danemark, ce savant se livra à l'examen microscopique des échan-
tillons qu'il avait rapportés, il y reconnut de petits grains de fer métaUique.
Il examina alors plus de deux cents préparations de basalte provenant de plus
de quarante localités du nord du Groenland, mais dans aucun d'eux, ceux
de Blaafjeld exceptés, il ne vit le fer métallique, quoique plusieurs d'entre
eux précipitassent de ses dissolutions le cuivre à l'état métallique. M. le pro-
fesseur Jôrgensen examina les grains visibles à l'œil nu dans le fer d'Asuk:
il y trouva des traces de cobalt et de nickel, métaux que l'on avait crus jus-
que-là caractéristiques du fer météorique. Or, l'origine terrestre du fer d'Asuk
ne pouvait être douteuse.
Plus tard, en 1879, un savant très distingué des États-Unis, connu par
l'exactitude de ses travaux de minéralogie chimique, et dont on déplore la
mort récente, Laurence Smith, analysa les roches associées au fer natif, et
montra, contrairement aux déterminations de M. Nauckhoff, que les sub-
stances qualifiées de troïlite et d'eukairite étaient simplement de la pyrite
magnétique (pyrrhotinne) et de dolérite. Il reconnut, en outre, que le fer du
DÉCOUVERTE AU GROENLAND. 245
Groenland, malgré ses analogies avec le fer météorique, en diffère à certains
égards 5
Cependant, avec une persévérance qui lui fait honneur, M. Steenstrup avait
voulu retourner une troisième fois au Groenland, tant afin de poursuivre
Tétude géologique de cette région remarquable, que pour étudier le régime
de la glac^ continentale. Il passa alors dans ces contrées presque désertes
les cinq années de 1876 à 1880. Distrait par d'autres études, ce n'est que dans
l'été de 1880 qu'il put de nouveau visiter le basalte ferrifère d'Asuk. Cette
fois, il y trouva le fer natif dans le basalte, non plus en parcelles microsco-
piques, mais en grains de toutes grosseurs, depuis une fraction de milli-
mètre jusqu'à une longueur de 18""", et, sur ces derniers, apparaissent nette-
ment, après polissage, les figures de Widmanstaetten. Ce savant rencontra
également le basalte à fer natif sur la côte occidentale de l'île de Disko, et
sur la côte nord de cette même île, en deux localités du Mellemfjord. Ainsi,
le basalte à fer natif était retrouvé, de même qu'à Ovifak, sur diverses par-
ties des côtes de Tîle de Disko, dont la superficie n'est pas moins de 8,000 ki-
lomètres carrés?
Pendant l'automne de 1879, M. Steenstrup fit une autre découverte inté-
ressante à plus d'un titre. Après avoir fouillé plusieurs centaines de tombeaux
groënlandais, il trouva dans Tun d'eux, à Ékaluit, sur les bords du fjord
d'Umanak, où il s'était rendu afin d'étudier la marche des grands glaciers de
cette région, des couteaux semblables à ceux que, soixante ans auparavant,
avait rapportés Ross. Avec ces couteaux se trouvaient des outils en pierre,
dans lesquels on avait mis en œuvre du cristal de roche, de la calcédoine et
du quartz lydien. Or, à ces produits de l'industrie humaine étaient associés
neuf morceaux de basalte contenant du fer métallique, ainsi que des morceaux
irréguliers du même métal, tout à fait semblable à celui des couteaux. Cette
intéressante trouvaille montrait d'abord avec quels matériaux les Esquimaux
fabriquaient leurs couteaux, avant qu'ils reçussent du fer des Européens;
d'autre part, elle confirmait que le fer ainsi élaboré n'était pas d'origine
extra-terrestre, comme l'avait fait supposer son alliage de nickel, mais de
provenance terrestre.
11 convient de remarquer que, dans les diverses localités où il a été ren-
contré, le fer natif est accompagné de graphite et de pyrrhotine. Le carbone
entre également en combinaison avec le fer lui-môme, constituant une sorte
de fonte^ comme Forschammer l'avait reconnu déjà en 1854. Mais d'autres
échantillons de fer sont doux et ne renferment que peu de carbone ; c'est cette
dernière variété qui ressemble particulièrement au fer météorique. Le géo-
logue suédois, D"" Tôrnebohm, a constaté aussi, comme compagnon du fer
natif, une roche à base d'anorthite avec graphite.
I
246 L'ASTRONOMIE.
En résumé, la présence au Groenland, dans des roches terrestres, du fer
nickelé avec la texture cristalline que caractérisent les figures de Widmans-
taetten est devenue incontestable. Il importe d'ajouter que ce métal n'est pas
un accident isolé et fortuit, mais qu'il se montre en de nombreux points et
sur des étendues considérables.
En rendant succinctement compte des observations qui ont amené à ce
résultat important, il est de toute justice de rendre hommage au dévouement
et à la persévérance avec laquelle plusieurs savants, dont les noms viennent
d'être signalés, ont affronté, à cette occasion, les fatigue», les difficultés et
les périls.
IL
Au point de vue de sa constitution .géologique, le Groenland septentrional
est particulièrement remarquable par le développement de roches éruptives
modernes, principalement de nature basaltique. C'est peut-être le plus grand
massif de cette nature que l'on connaisse, avec ceux du Deccan dans l'Inde,
de l'Afrique australe et des montagnes Rocheuses. Il conunence au 69* 14' de
latitude, occupe la grande île de Disko et la côte orientale du Waïgat, et, vers
le 76% il disparaît sous le glacier continental qui empêche toute exploration.
Beaucoup d'îles au nord de Disko sont formées de basaltes, qui s'étendent sur
une partie de la côte orientale du Groenland. Ces roches, qui contiennent une
grande proportion de fer combiné, agissent fortement sur l'aiguille aimantée.
Comme dans beaucoup de pays, les basaltes dont il s'agit sont souvent amyg-
daloïdes et pénétrés de zéolithes variés, stilbite, mésotype, analcime, ainsi
que de leurs compagnons habituels, calcédoine, opale, quartz, dolomie et
aragonite.
Ces roches basaltiques se présentent souvent en filons; mais le plus sou-
vent elles se sont épanchées en nappes horizontales épaisses, alternant avec
des conglomérats, et se sont superposées à des roches stratifiées de divers
âges, et quelquefois aussi à des roches cristallines, gneiss et micaschiste.
Dans l'île de Disko, en particulier, ces nappes recouvrent, avec une épaisseur
de plus de 400", des couches de grès, contenant des lits de lignite que Ton
y exploite parfois.
Si Ton se demande quelle peut être l'origine du fer natif, l'idée qui se
présente tout d'abord, en voyant que les roches ferrifères, dans lesquelles le
fer natif est engagé, ont percé à travers des couches charbonneuses, c'est que
ces dernières auraient exercé une action réductrice sur les roches basalti-
ques, qui auraient ainsi abandonné de leur fer, à l'état métallique. Le gra-
DÉCOUVERTE AU GROENLAND. 247
phite qui, tantôt est combiné au fer, tantôt se présente à côté de lui, serait
une confirmation de cette idée.
Mais on peut aussi supposer, et cela avec plus de probabilité, que les
roches basaltiques qui sont sorties, en cette région du globe, avec une abon-
dance exceptionnelle, ont arraché ce fer à des masses de même nature, à
proximité desquelles elles se sont trouvées, avant d'arriver au jour. Elles
attesteraient la présence, dans ces profondeurs, de masses de fer plus
volumineuses, dont elles seraient en quelque sorte les avant-coureurs.
Il est inutile de faire ressortir l'importance que présente ce fait, au point
de vue de la théorie du magnétisme terrestre.
III.
Une des plus belles conceptions qui aient jailli du génie de Descartes, c'est
que tous les corps de l'Univers sont régis par les lois de la mécanique, et, en
outre, qu'ils sont de môme nature.
Cette idée, dont nous ne pouvons aujourd'hui apprécier la profondeur et
le caractère qu'en nous reportant aux notions étroites qu'on se faisait alors
sur l'Univers, est aujourd'hui admise par tous : l'analyse spectrale, appliquée
au Soleil et aux Étoiles, a trouvé dans ces astres des caractères semblables à
ceux que nous présente le globe teiTestre.
Ce que l'analyse spectrale ne peut nous apprendre relativement à ces simi-
litudes, nous est révélé et précisé par l'étude des météorites. Ces débris
d'astres brisés, qui viennent fréquemment échouer sur notre globe, sont
de nature minéralogique variée, depuis le fer métallique allié au nickel
jusqu'à des matières pierreuses, qui consistent principalement en silicates.
Malgré les distances considérables qui séparent les astres dont ces combi-
naisons proviennent, leurs fi'agments se ressemblent entre eux beaucoup
plus qu'il n'arrive souvent pour des morceaux détachés d'un môme bloc de
nos roches cristallines.
Cependant, les recherches chimiques les plus] habiles et les plus minu-
tieuses n'ont pu faire découvrir dans les météores aucun corps qui n'appar-
tienne à notre planète. Il n'est pas inutile d'ajouter que les trois <:orps qui
prédominent dans les météorites, savoir : le fer, le silicium et l'oxygène,
prédominent aussi dans l'écorce terrestre.
Il y a plus : les combinaisons chimiques et minéralogiques dans lesquelles
ces corps sont engagés, présentent, de part et d'autre, des traits de similitude
frappants. Le silicate magnésien, connu sous le nom de péridot, les autres
silicates appartenant aux espèces pyroxène, enstatite, anorthite, tous possé-
dant des formes cristallines identiques avec celles des espèces terrestres.
248 L'ASTRONOMIE.
nous révèlent des ressemblances intimes dans les réactions qui leur ont
donné naissance.
Les observations qui ont été faites sur la gangue, de nature péridotique,
qui accompagne le platine natif dans TOural, ainsi que sur la présence du
nickel dans le fer métallique qui est allié au platine, ont apporté une confir-
mation de ces similitudes.
Après avoir fait ressortir les traits de ressemblance nombreux et étroits qui
unissent les météorites à certaines de nos roches profondes, et avoir montré
comment les météorites du type commun peuvent être imitées par une désoxy-
dation partielle des roches terrestres, particulièrement du péridot, j'ajou-
tais : a Rien ne prouve qu'au-dessous de ces masses alumineuses qui ont
fourni en Islande, par exemple, des laves si analogues au type des météorites
de Juvinas, qu'au-dessous de nos roches périoditiques dont se rapproche tel*
lement la météorite de Chassigny, il ne se trouve pas des massifs dherzoli-
tiques, dans lesquels commencent à apparaître le fer natif, c'est-à-dire sem-
blables aux météorites du type commun ; puis, en continuant plus bas, des
types de plus en plus riches en fer, 'dont les météorites nous présentent une
série, de densité croissante, depuis ceux où la quantité de fer représente à peu
près la moitié du poids de la roche jusqu'au fer massif. »
Cinq années après que ces lignes étaient écrites, les grandes masses de fer
natif allié de nickel, dont il vient d'être question, étaient découvertes par
M. Nordenskiôld. Les doutes et les discussions qui ont eu lieu d'abord sur
leur origine, que Ton hésitait à reconnaître comme terrestre, suffisent pour
faire ressortir mieux encore des analogies très instructives au point de vue
de la philosophie naturelle.
Aujourd'hui, aucun doute n'est plus possible : le fer nikelifère avec la
texture cristalline, que manifestent sur une place polie les figures de Wid-
manstaetten, paraissait naguère un caractère exclusif des météorites; voilà
aujourd'hui ce fer nikelifère, avec la même disposition cristalline, reconnu
dans les roches éruptives de notre globe.
Celte dernière démarcation s'efface donc, et un lien, déplus en plus intime,
s'établit entre les roches poussées des régions profondes de notre planète et
les corps célestes dont les météorites nous apportent des épaves.
A. Daubrée.
Membre de l'Institut.
A'o^e de la ïièdaction, — Cette identité des fers météoriques avec les roches
éruptives terrestres qui viennent d'être découvertes à la surface du sol est peut-
être plus éloquente encore que ne l'indique Téminent auteur de l'article qui pré-
cède. Ne vient-elle pas confirmer l'hypothèse qui attribue les fers météoriques à
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS LTNIVERS. 249
des éruptions terrestres antiques qui les auraient lancées dans les espaces inter-
planétaires d'où ils retomberaient sur Torbite terrestre ? [ Voir l'Astronomie, 1883,
p. 129-141]. En même temps que cette identité est établie, Téruption de Krakatoa
est venue montrer à la Science que, sous nos yeux, un volcan actuel a lancé des
projectiles poussiéreux à plus de soixante-dix kilomètres de hauteur. [L'Astro-
nomie, 1885, p. 221]. N'y a t-il pas là deux nouveaux documents, d'une puissante
valeur, à ajouter à ceux sur lesquels l'hypothèse que nous rappelons a été fondée ?
Cette hypothèse nous paraît bien près de mériter le titre de théorie.
LES CONDITIONS DE U VIE DANS L'UNIVERS.
{Suite et fin.) (•)
VI
La nature elle-même a pris soin de. proclamer sa puissance, en nous
montrant que notre sphère de perception immédiate n'embrasse qu'un néant
d'étendue, comparativement à l'infini qui nous environne. Supposer, pré-
tendre, affirmer que la vie et la pensée ne peuvent briller à la surface des
autres mondes qu'à la condition d'y trouver un état physique, chimique
et physiologique identique à celui qui existe autour de nous, ce n'est point
traduire les paroles de la nature, c'est dire absolument le contraire de ce
qu'elle a pris soin d'enseigner en notre propre séjour.
Et d'abord, n'existe-t-il pas sur la Terre même doux ordres de vie tout à
fait distincts l'un de l'autre? Notre planète n'offre-t-elle pas deux éléments
séparés, l'eau et l'air, dont chacun possède ses organismes spéciaux? Les
êtres qui vivent par la respiration aérienne meurent asphyxiés dans l'élé-
ment au sein duquel vivent les êtres à respiration aquatique, et réciproque-
ment. Les espèces végétales et animales qui habitent la mer, les lacs, les
fleuves et les rivières, ne sont pas moins nombreuses que celles dont la
terre ferme est animéei Comment un tel fait ne frappe-t-il pas, à lui seul.
brutalement, et sans qu'il soit nécessaire d'invoquer aucun des milliers
d'autres qui viennent le compléter et en multiplier l'éloquence, comment
un tel partage de la nature terrestre en deux mondes étrangers l'un à l'autre,
ne suffit-il pas pour ouvrir les yeux aux négateurs de la vie extra-terrestre
et pour leur montrer la souplesse, la flexibilité, la variabilité infinie des
forces vives de la nature?
(») Voir la Revue de mai 1885.
250 L'ASTRONOMIE.
Tous les êtres qui habitent la Terre sont des descendants transformés des
organismes aquatiques primordiaux. Il fut un temps où aucun continent,
aucune île n'avait élevé son front au-dessus des eaux sans bornes de la mer
universelle. Alors, la vie était entièrement confinée au monde océanique. On
n'a trouvé dans les fossiles de l'époque cambrienne aucun animal à respira-
tion aérienne, aucune plante qui ait vécu à l'air libre. Tous les organismes
sans exception, plantés et animaux, étaient des êtres aquatiques, rudimen-
taires, sans tête, sans cerveau, sans cœur, soui'ds, muets, aveugles et dépour-
vus de sexe. C'étaient des monères (dont on connaît déjfi une quinzaine
d'espèces différentes), des amibes, des foraminifères, des diatomées, des
galionelles, des baciUariées, des bilobites, des zoophytes de divers ordres,
des éponges, des polypes, etc., etc. Et quels êtres? S'ils existaient encore
seuls, qui pourrait deviner la possibilité de l'existence de l'homme? Ce ne
seraient pas, assurément, ceux qui ne voient rien au delà de leur horizon.
Quel enseignement de la nature, et comment est-il possible qu'on reste
aveugle devant un tel témoignage!
Oui, quels êtres! Et pourtant aucun de nos sens : ni vue, ni audition, ni
odorat: à peine un rudiment de goût; le toucher seul tient lieu de tout, mais
cette sorte de toucher n'est en rien comparable à la nôtre. Les diatomées
sont de la géométrie vivante : tout est géométrie chez elles et il semble
qu'elles ne soient qu'un produit chimique formé suivant les règles de l'ar-
chitecture des atomes. Les polypes, au contraire, semblent la première affir-
mation de la force vitale, affirmation spontanée, énergique, perpétuelle.
Coupez un polype en autant de morceaux que vos ciseaux vous permettront
de le faire (Trembley est allé jusqu'à cinquante!) vous ne lui faites aucun
mal pour cela, il se complète en quelques jours, et vous créez simplement
ainsi deux, quatre, dix, cinquante polypes. Retournez-le comme un gant,
son épiderme extérieur devient estomac, et réciproquement, et il se porte à
merveille. On peut faire avaler un polype par un autre : l'avalé n'est pas
digéré, continue de vivre, ne tarde pas à se débarrasser de sa prison, se
rince en s'agitant dans l'eau, et vit ensuite aussi tranquillement que si rien
ne lui était arrivé. Si pourtant, avant de faire avaler un polype par l'autre
on a pris soin de retourner celui qui doit entrer dans le corps de son con-
frère, les deux surfaces internes se trouvant en contact se soudent à un tel
point que les deux êtres n'en font bientôt qu'un seul, — et le nouveau
polype continue de vivre désormais comme si rien ne lui était arrivé...
La force vitale s'est affirmée avec une énergie que nul esprit n'oserait
soupçonner si l'observation directe n'était pas là pour la constater. Après
avoir envahi les mers, elle est sortie des eaux et s'est incarnée en êtres
d'abord amphibies, puis exclusivement terrestres. La multiplication des êtres
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 25!
â cessé de s'effectuer par simple flssiparité où par bourgeonnement; l'œuf
est apparu, un nouveau mode de génération a remplacé le mode primitif et
va régner sur la vie. Les méduses, qui sont des transformations de polypes,
Fig. 87
Respiration aquatique et respiration aérienne. L'axolotl sort de l'eau, perd ses branchies
et les remplace par des poumons.
se reproduiseul déjà par œufs : ceux-ci donnent naissance à des polypes
hydraires d'où sortiront de nouvelles méduses, et ainsi de suite. Quels argu-
ments plus précieux pourrait-on invoquer en faveur de la mutabilité des
formes spécifiques? Les polypes hydraires nous montrent déjà comment un
252 L'ASTRONOMIE.
organisme simple peut revôtir les, formes les plus diverses, redescendre
réchelle de Torganisation ou la remonter; ils nous permettent de suivre pas
à pas cette merveilleuse métamorphose.
Les protozoaires, les mollusques, les crustacés, les poissons, se sont suc-
cédé dans les eaux avant Tapparition des êtres à respiration aérienne. Ceux-
ci descendent des premiers. Les branchies ont précédé les poumons. Un
animal à respiration aquatique peut, encore de nos jours, se transformer en
un animal à respiration aérienne. On en a douté jusqu'en 1865. Cette année-
là, le muséum d'histoire naturelle ayant reçu du Mexique des axolotls, ou
têtards à branchies extérieures, vivant dans un lac voisin de la ville de
Mexico, les professeurs du Muséum furent stupéfaits de voir un beau jour
ces êtres sortir de Teau : ils avaient perdu leurs branchies qui s'étaient trans-
formées en poumons! Depuis, on a fait des observations confirmatives sur
d'autres êtres, même sur la petite grenouille verte que tout le monde connaît;
cette petite rainette pond des œufs d'où sortent des têtards qui se transfor-
ment en grenouilles, ce qui est Tordre habituel dans ces espèces; mais on a
observé une espèce des Antilles chez laquelle la métamorphose s'accomplit
dans l'œuf même : celui-ci contient un têtard muni d'une queue et de bran-
chies, et pourtant au bout de dix jours il en sort une rainette sans queue,
sans branchies et respirant par des poumons. Ces faits, réunis à toutes les
preuves que nous possédons aujourd'hui sur le transformisme, témoignent
que la nature sait varier la forme et la structure des êtres pour les adapter
aux changements de milieux en apparence les plus opposés et les plus hété-
rogènes.
Mais Thomme est obstiné dans ses préjugés, et d'autant plus fermement
qu'ils sont plus étroits et plus obscurs. On a dit qu'il serait beaucoup plus
facile de donner de l'esprit à un sot que de lui persuader qu'il en est dé-
pourvu. Ce sot, c'est, en principe, tout le monde, car rien ne nous est plus
difficile que de nous affranchir de tous les préjugés de notre fausse éduca-
tion. J'ai à côté de moi, au moment où j'écris ces lignes, un ami d'enfance
qui est tout fier de descendre de François I". Son père a fait mille efforts
pour, s'assiu-er de la réalité d'une scène oubliée du a roi s'amuse » et pour
constater que son aïeule avait été « favorisée » d'une attention royale. Jamais
il n'a pu comprendre qu'il n'y avait rien là de superlativement sublime et
que la moindre qualité personnelle aurait plus de valeur qu'une telle noblesse.
Non, dans cette famille, ils se sentent nobles, et cela leur suffit. Aussi, tout
ce^ que mon noble ami et son noble père ont pu faire depuis un demi-siècle
a-t-il été d'apprendre... un peu d'équitation... Encore laisse- t-elle beaucoup
à désirer !
Plus la sphère dans laquelle on vit est étroite, moins il semble qu'on en
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 253
puisse sortir. Pour nous, qui vivons au-dessus du monde de la mer et de ses
acéphales, nous devons savoir qu'il y a dans Torganisation vitale de notre
planète même, deux grands ordres essentiels d'existences, absolument dis-
tincts l'un de l'autre, et que les ôtres appartenant à l'un ou à l'autre de ces
deux règnes sont dans une erreur complète lorsqu'ils prennent leur élément
pour l'univers entier. Un habitant des eaux ne peut pas comprendre qu'on
puisse vivre hors de l'eau. Un être à respiration aérienne n'admet pas faci-
lement qu'on puisse vivre dans Feau. Cependant, en fait, on vit hors dé l'eau
tout aussi bien que dedans. Seulement les organes sont différents.
Ce partage de la vie terrestre en deux modes d'existence absolument sépa-
rés l'un de l'autre est un enseignement considérable de la nature. Il devrait
suffire par lui-même pour réfuter les objections des savants qui voudraient
effacer les autres mondes du livre de la vie, par la raison qu'ils ne sont pas
identiques au séjour que nous habitons. Eh vain répliquerait-on que dans
l'eau comme dans l'air c'est l'oxygène qui entretient la vie et partirait-on de
là pour prétendre que l'eau ne diffère pas essentiellement de Tair comme
milieu vital. La réponse serait facile : entre les deux éléments la différence
est telle que les habitants de Tun meurent dans l'autre, tout simplement.
Il faut, pour vivre dans l'un, des organes différents de ceux qui servent à
vivre dans l'autre, et ces organes existent. Toute la question est là pour le
sujet en litige. La nature elle-même a répondu.
Et elle a répondu doublement en montrant qu'elle se charge de modifier
les organes pour transformer les ôtres aquatiques en êtres aériens, et réci-
proquement.
VII
Mais la nature nous fait bien d'autres réponses non moins péremptoires.
Nous venons de parler des habitants des eaux. Conmient ne pas nous sou-
venir des affirmations récentes des naturalistes à comte vue qui naguère
encore déclaraient doctoralement que la vie était impossible au fond des
mers? L'énorme pression des eaux, l'absence complète de lumière, étaient
deux arguments irréfutables. En effet, quels organismes pourraient résister
à une telle pression? Des canons n'y résisteraient pas! Et puis, la lumière
n'est-elle pas indispensable aux phénomènes de la vie végétale et animale?
Comment le carbone se fixerait-il, en de telles conditions? Comment des
plantes pourraient-elles se former? Et les animaux eux-mêmes! que feraient-
ils, éternellement plongés dans une obscurité absolue? — Des naturalistes
indépendants commencent à douter de ces affirmations entreprennent des
voyages d'exploration sous-marine et vont jeter la sonde à deux, trois, quatre,
254 L'ASTRONOMIE.
six, huit mille mètres de profondeur (Angleterre, 1868, France 1880);
ils en rapportent des êtres singuliers, bizarres, incompréhensibles, mais
en défîninive organisés pour vivre en ces noires profondeurs? Sont-ils,
comme on essayait de le prévoir, enveloppés de carapaces épouvantables,
bardés d'airain, vêtus de granité ou de fer? Nullement. Ce sont des mol-
lusques d'une extrême délicatesse, des organismes pareils à des fleurs,
presque des papillons que le doigt ose à peine effleurer. Leurs organes
intérieurs sont là en parfait équilibre avec la pression du milieu extérieur,
et lorsqu'on les remonte ils meurent d'apoplexie longtemps avant d'arriver
à la syrface de la mer. On constate encore là une admirable adaptation. Et
quelles ressources infinies dans le laboratoire de la nature! Ne recevant pas
le plus lointain reflet de la lumière solaire, vivant au sein d'une obscurité
complète, ils fabriquent eux-mêmes la lumière qui leur manque! Plusieurs
d'entre eux sont phosphorescents et répandent dans l'abîme une vague clarté
I)our laquelle leurs yeux sont construits : leur lampe est leur soleil et elle
leur suffit; s'ils pouvaient deviner la lumière qui se joue dans l'ombre de
nos rivières, ils seraient éblouis des trous noirs où se cache .l'écrevisse et
comprendraient moins encore l'existence de la truite ou du goujon qui
glissent alertes et frétillants comme des rayons d'argent dans le cristal des
ruisseaux limpides. Et qui sait? cette phosphorescence personnelle n'est-elle
pas un élément de plaisir, susceptible de nuances infinies, et qu'ils n'échan-
geraient peut-être pas contre notre mode impersonnel d'illumination. Ils
ont réalisé sans le savoir le mystère de cet anneau des contes de fées qui
rendait son heureux possesseur à volonté visible ou invisible; une telle fa-
culté n'est peut-être pas tout à fait à dédaigner. Quoiqu'il en soit, ceux qui
connaissent le moûde des profondeurs sous-marines par les ouvrages des
explorateurs anglais et français savent quelle inimaginable variété y est
répandue; ils apprécient mieux les ressources de la nature; ils en concluent
que nous n'avons pas le droit de déclarer inhabitables des mondes différents
du nôtre et que la nature elle-même est plus féconde que toute notre ima-
gination.
VIII
Sans doute, répliquent les adversaires de la doctrine de la vie universelle,
mais enfin, il y a des conditions telles que la nature, malgré toute sa puis-
sance, ne les dominera pas. On ne peut plus croire aujourd'hui aux sala-
mandres, que les anciens faisaient vivre dans le feu. Nous n'asseyons plus
d'anges dans le vide. Nous n'imaginons plus de diables dans l'intérieur du
globe. La nature est logique avec elle-même. Elle ne crée pas de monstres.
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS.
255
Oui, répondrons-nous, il y a des limites à la possibilité de la vie; mais ces
limites reculent à mesure que la science grandit, et nous ne les connaissons
pas. Des monstres? On en rencontre partout, — monstres pour nous, mais
non pour eux — nous ne parlons pas ici des êtres atrophiés ou arrêtés dans
leur développement embryogénique, nous prenons l'expression dans son sens
vulgaire général et nous disons que la nature a réalisé dans ses œuvres ter-
Kig. 88.
L'eurypharynx pelecanoldes.
restres les formes les plus extraordinaires et les plus extravagantes au point
de vue de la sagesse d'un professeur d'histoire naturelle. Nous pourrions en
faire apparaître ici, dix, cent, mille. Contentons-nous d'un exemple, soit
YEurypharynx pelecanoldes que la mission du Travailleur a péché à 2300" de
profondeur, non loin des côtes du Maroc. L'astronome, explorateur télesco-
pique des profondeurs d'Uranus et de Neptune, demande au naturaliste du
Muséum si cet animal est un poisson, un batracien ou un reptile, et il n'en
reçoit qu'une vague réponse. Le matelot qui l'a retiré du filet sur le pont du
navire a pu croire que c'était seulement un entonnoir^ et peut-être est-ce lui
qui a raison. Spécimen d'une faune jusqu'ici inexplorée, cet être noir se com-
pose essentiellement d'une énorme mâchoire sans dents réelles, d'un enton-
noir et d'une queue. La tête mesure trois centimètres de longueur, dont deux
pour la mâchoire seule, et son corps quarante-quatre centimètres. Il respire
à l'aide de cinq branchies et est organisé pour vivre sous cette pression de
256 L'ASTRONOMIE.
plusieurs centaines d'atmosphères. « L'existence de la vie en de semblables
conditions, avait été niée jusqu'à présent, écrivait à ce propos M. Rousseau,
dans V Union scientifique; quel eût été le mortel assez osé pour dire que Ton
pouvait vivre dans un tel milieu ? La découverte de TEurypharinx Peleca-
noïdes vient de porter un grand coup à la théorie de ceux qui, se basant sur
les prétendues limites restreintes de la vie, refusent d'accepter comme réelle
l'habitation des autres mondes. M. Faye, en 1874, se faisant le champion de
cette opinion, nous montrait la terre inhabitable en dehors d'une petite zone,
la découverte de l'Eurypharinx pelecanoïdes lui a donné un premier démenti;
espérons que de nouvelles découvertes aussi intéressantes, quoique d'un
autre genre, viendront bientôt montrer l'inanité des prétentions de ceux qui
veulent renfermer en de petits espaces le pouvoir du Créateur de toute
vie (M- »
L'océan est peuplé de ces êtres qui défient toute classification méthodique:
chacun des organismes nouvellement découverts a reculé les limites entre
lesquelles on avait enfermé jusqu'ici les conditions de la vie. Mais que serait-
ce si nous passions en revue les êtres qui nous ont précédés comme habi-
tants du globe pendant la longue série des siècles antédiluviens?
IX
Ici aussi, ne prenons qu'un exemple, car notre but n'est pas d'écrire un
traité d'histoire naturelle : nous devons seulement envisager le cosmos au
point de vue vivant et appliquer les enseignements de la nature terrestre à
notre conception générale de l'Univers.
Cet exemple, prenons-le à l'époque de la formation jurassique, il y a
quelques millions d'années. Nous voici (fig. 89) («) en face d'un paysage
d'araucariées et de cycadées, au milieu duquel se présente le gigantesque
stégosaure au corps revêtu de plaques osseuses et d'épines lui formant une
puissante armure, aux membres antérieurs singulièrement courts, — le
compsonote, autre dinosaurien non moins grotesque, — et les étranges rep-
tiles volants, les ptérodactyles.
N'est-ce pas là un monde tout différent du nôtre ? Q\ii l'eût osé inventer si
Ton n'en avait découvert les fossiles ? Ces habitants de l'époque secondaire
ont tous disparu avec la fin des temps crétacés. Sur le globe entier régnait
alors le climat de la zone torride actuelle ; on a retrouvé jusqu'aux plus hautes
( ' ) On peut lire aussi dans V Avenir de Foix une remarquable réfutation due à la
plume de M. Adolphe d'Assier.
(') D'après Brehm, Reptiles, édition française, par E. Sauvage, aide naturaliste au
Muséum.
LES CONDITIONS DE LA VIB DANS L'UNIVERS.
257
latitudes les mômes plantes et les mêmes animaux. C'est l'âge des reptiles,
et quels reptiles! Le brontosaure atteignait une taille de près de 16 mètres et
Fier. 89.
Les habitants de la période jurassique.
devait peser trente mille kilogrammes ! Chaque empreinte de ses pas mesure
90 centimètres carrés. Un autre herbivore, le morosaure mesurait 13 mètres ;
ses dents nombreuses n'avaient pas moins de 16 centimètres de longueur. Le
cétiosaure d'Europe ne le cédait guère en puissance aux deux précédents, qui
habitaient l'Amérique : on en juge facilement quand on sait que Tos de la
258 L'ASTRONOMIE.
cuisse atteint jusqu'à l^TO de haut, et que ce que Ton connaît de la tête et
de la colonne vertébrale a 12 mètres, ce qui donne un animal d'environ
16 à 17 mètres. Les stégosaures étaient moins gigantesques et ne dépassaient
sans doute pas 10 mètres. Les iguanodons, découverts en Belgique il y a quel-
ques années, mesurent de 10 à 14 mètres; le plus grand porte une tête de
l'"20 et ses pattes de devant surpassent 2»50 de hauteur. « Que l'on se
représente de tels animaux, écrit M. Zaborowski, reposant sur leur train de
derrière. Leur tôte devait atteindre la cime des arbres. Quel aspect terrifiant
aurait leur masse prodigieuse se mouvant dans le monde rabougri, étriqué,
de nos climats, à peine dépasserions- nous leur cheville ». — « C'est dans
Tordre des sauropodes, écrit d'autre part M. Brehm, que se trouvent proba-
blement les plus gigantesques de tous les animaux terrestres; à en juger
par les débris qu'on en connaît, certains d'entre eux devaient atteindre
35 mètres de long du museau à la queue ».
Sans ressusciter tout l'ancien monde des ichtyosaures, des plésiosaures,
des labyrinthodons, des paléothériums et de leurs émules delà faune antique,
la période des dinosauriens, que nous venons de rappeler, suffît pour nous
témoigner, sous un aspect encore tout différent des précédents^ de la variété
et de la diversité des productions de la force vitale, même sur notre seule
et médiocre petite planète. Ici encore la nature répond elle-même à ceux qui
mettent en doute sa fécondité, et nous n'avons rien à ajouter à ses propres
paroles.
X
Mais que parlons-nous de fécondité ! La fécondité visible n'est rien à côté
de la fécondité invisible. L'air est rempli d'une vie invisible. En traversant la
cour de l'Institut pour aller présider le Bureau des Longitudes, M. Faye res-
pire une atmosphère qui ne renferme pas moins de trois à quatre mille mi-
crobes par mètre cube. Chacun d'eux lui dit en son langage que la vie se
multiplie au-delà de toutes les bornes de notre entendement. Et l'air de l'Ins-
titut n'est pas le plus riche en infiniment petits. A l'Observatoire de Mont-
souris, le docteur Miquel a compté 7420 bactéries par mètre cube. Tout cda
n'est rien encore. L'air des vieilles maisons parisiennes en a donné 36,000,
celui du nouvel Hôtel-Dieu de Paris 40,000, celui de l'hôpital de la Pitié 79,000 !
Et tout cela vit et ne demande qu'à se multiplier.
Voilà pour l'air pur, je veux dire transparent. Mais si nous passons auprès
d'une maison en démolition, nous avons beau suspendre notre respiration,
c'est bien autre chose. Des légions d'êtres ^norts viennent s'ajouter aux pré-
cédentes. La pierre à bâtir, le calcaire, la craie, contiennent des fossiles d'or-
ganismes en quantité véritablement formidable. Les foraminifères, les dia-
LES CONDITIONS DE LA. VIE DANS L^UNIVERS.
259
tomées, les galionelles, les bacillariées sont entassés par myriades de myriades
dans les terrains calcaires et siliceux, à tel point que, d'après Ehrenberg, un
pouce cube peut en contenir jusqu'à quarante miUiomt Alcide d'Orbigni a
trouvé trois millions huit cent quarante mille organismes microscopiques
dans trois grammes de sable de la mer des Antilles! Paris n'est bâti que de
coquilles; les pyramides sont des tombeaux de nummulites, et les momies
Fig. 90.
1^^
Ce que nous respirons dans l'air transparent.
des pharaons sont sans importance à côté. Il n'y a pas fort longtemps encore
dans l'histoire de la géologie, ceux qui ne voulaient pas entendre les voix de
la nature assuraient que les tas de nummulites tombées au pied des sphinx
et des pyramides par le désagrégement des siècles étaient des restes de lentilles
abandonnées par les maçons constructeurs, et pétrifiées! Cependant Strabon
déjà avait refuté cette grossière interprétation et attribué à ces minuscules
fossiles leur origine véritable.
Ainsi, l'air est plein de germes, de vie, de fécondité. Depuis des millions
de siècles, la vie s'entasse dans les pierres elles-mêmes. L'eau nous donne le
260
L'ASTRONOMIE.
piéme enseignement depuis Tinvention du microscope. On se souvient qu'il
y a justement deux siècles, en 1685, Leenwenhœck, examinant une goutte
d'eau de pluie, y découvrit les premiers inf usoires et que deux ans plus tard,
ayant versé de l'eau sur des grains de poivre, il fut plus surpris encore de
voir apparaître des créatures animées (les fameux pipéricoles dont s'entre-
tenaient Leibniz et Bernouilli, précisément à propos de la question de la
Pluralité des mondes). Ce fut là le résultat de la première infusion faite dans
Ce que nous respirons près d'une maison en démolition.
un but scientifique. Depuis, que de découvertes merveilleuses ! Que d'espèces
observées! Que de genres ponctuellement classés par la micrographie. Ces
êtres habitent les eaux douces aussi bien que les eaux marines, et l'eau pure
aussi bien que l'eau corrompue, pullulent partout par myriades de myriades
et se multiplient avec une fécondité inimaginable.
Nous reproduisons ici {fig. 92), d'après Brehm, une collection d'organismes
observés dans une goutte d'eau de puits ordinaire, telle qu'on l'emploie géné-
ralement dans Talimontation^ et dessinés d'après nature. Les grossissements
employés ont varié de 100 à 500 fois. Quelle bizarre collection de formes et
d'organes I Tout cela vit et se multiplie par bourgeonnements et fissiparité.
Quelques jours suffisent pour produire des millions. Un grand nombre d'entre
eux ne vivent que quelques heures. S'ils pouvaient raisonner, ne voulant
pas sortir de leur sphère d'observation, ils déclareraient que, personne de
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS.
261
leur société n'ayant jamais vu le Soleil àe toucher, ceux qui osent prétendre
qu'il y a des jours et des nuits sont dans l'erreur d'une imagination trop
exaltée. L'Océan est animé de ces atomes vivants jusqu'en ses noires profon-
deurs. Ce sont eux qui produisent les beaux phénongiènes de la phosphores-
cence. Les eaux de nos fleuves et de nos^étangs en sont remplies. Le Gange
Fig. 92.
Les infusoires de Teau de puits.
transporte, dans l'espace d'une année, une masse d'infusoires égale à six ou
huit fois le volume de la plus haute pyramide d'Egypte. La vie ! la vie partout I
la vie toujours ! Voilà le cri suprême, le cri perpétuel de la nature. Et il y a
des hommes qui ne l'entendent pas !
XI
Mais la nature n'admet pas cette surdité, elle n'admet pas cet aveuglement,
elle impose sa puissance; et, comme l'homme faisait des réserves philoso-
262 L'ASTRONOMIE.
phiques et essayait de n'écrire l'histoire de la vie qu'avec les manchettes de
dentelles de Buflfon et sous mille précautions oratoires, elle lui a donné.., le
tœnia.
« Ah ! semble-t-elle nous dire, vous voulez in 'imposer des bornes, vous
n'avez pas assez de mon enseignetnent extérieur pour vous prouver ma
puissance, vous prétendez qu'il faut à tous les ôtres Tair pur des champs et
des bois, l'eau des limpides fontaines, les parfums des fleurs, une nourriture
délicate, fraîche et de premier choix ; vous voulez décréter la proportion
d'oxygène, d'acide carbonique, d'azote, hors desquelles, selon vous, la vie est
impossible. Eh bien! tiens, savoure ce ver solitaire, et vois s'il a la vie dure.»
Alors cette très habile nature a généreusement octroyé à l'homme un choix
remarquable de parasites, le grand ver solitaire, tœnia solium, qui habite
Tintestin et peut atteindre jusqu'à 20 mètres de longueur, voire même 30 et 40
(Dujardin) ; le tœnia moyen, qui ne mesure que 4 mètres et habite le même
palais; le petit tœnia échinocogue, qui préfère le foie, la rate et les poumons,
et toute une série de petits vers, cestoïdes et autres, pour lesquels les conditions
d'existence sont absolument différentes de toutes celles que nous avons énu-
mérées jusqu'ici. Du reste, l'homme n'est pas privilégié à cet égard. Chaque
espèce animale possède ses « propres » vers intestinaux ; l'homme peut seu-
lement en acquérir un peu plus que les autres, parce qu'il mange de tout.
Mais on connaît ceux du bœuf, du mouton, du porc, du cheval, des pois-
sons, etc., etc. Sans doute, nul ne peut s'empêcher de convenir que ce soit là
un singulier mode d'existence, et il semble bien qu'il serait préférable de ne
pas naître plutôt que d'être condamné à vivre dans un tel milieu. Mais enfin
ces êtres existent. Plutôt que de s'arrêter, la nature entasse la vie parasitaire
sur la vie normale, et multiplie l'existence aux dépens de l'existence elle-
même.
Comment donc encore excuser le raisonnement de ceux qui prétendent lui
imposer des bornes! Poussé jusque dans ses derniers retranchements, un tel
raisonnement ne se voit-il pas désagrégé pièce par pièce? En reste-t-il quelque
chose ? Oui, comme le ver solitaire, il lui reste encore la tête. Certes, si un tœnia
pensait, quelle idée se ferait-il des habitants de tous les mondes? Pour lui,
il ne devrait exister partout que des vers intestinaux, car, évidemment, c'est
là pour lui le mode normal de l'existence. En dernière analyse, les négateurs
de la vie ultra-terrestre se retranchent dans le peu d'oxygène qui reste à
l'animalcule du fond des mers ou au ver intestinal. L'oxygène ! voilà le sau-
veur. C'est une fenêtre ouverte sur l'espace. Notre sceptique va s'envoler et
crier victoire.
Certes, toute planète a ses conditions normales de vitalité, et nul ne peut
contester que sur la Terre l'oxygène joue le premier rôle dans l'entretien de la
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L'UNIVERS. 263
vie. Il n'y aurait donc rien de surprenant à ce que, sur la Terre^ cet élément
fût l'origine et restât la condition, essentielle de Texîstence des êtres vivants,
ce qui n'empêcherait nullement le penseur d'admettre que sur les autres
mondes cet élément peut être remplacé par un autre, caractéristique de ces
autres séjoui*s. Mais la Nature n'a pas même voulu laisser cette porte de sortie
à ceux qui affectent de ne pas la comprendre. « Vous voulez m'imposer l'oxy-
gène! s'écrie-t-elle. Détrompez-vous. On ne m'impose rien. »
XII
On trouve, en effet, dans le beurre, une espèce fort insiructive à cet égard,
le baciUus amylobacter. Non seulement ce petit être n'a pas besoin d'oxygène
pour vivre, mais il n'en veut à aucun prix. Il y a plus : cet élément est mortel
pour lui. L'oxygène le tue au simple contact. L'amylobacter est le ferment du
beurre; il s'attaque aux substances les plus diverses, produisant toujours de
l'acide butirique, et se développe spécialement dans les milieux antipathi-
ques aux autres êtres vivants. Or, ce microbe aérophobe est répandu à pro-
fusion dans la nature.
Un autre microbe, étudié à l'Observatoire de Montsouris par le docteur
Miquel, s'attaque au caoutchouc et le décompose en dégageant de l'acide
sulfhydrique.
Et quelle vitalité dans tous ces êtres! Us ont gardé toute celle des protistes
de l'origine du monde. On rencontre parmi eux de véritables protées qui
changent complètement de formes en quelques minutes. Ils changent aussi
de nature à volonté. M. Pasteur en a montré un exemple remarquable lors-
qu'il a fait connaître la singulière propriété du mycoderma vini, qui respire
comme un animal quand il vit à la surface du vin, mais qui, submergé, vit
à la manière des ferments, décompose le sucre et le transforme en alcool et
en acide carbonique. M. Marion, professeur à la Faculté des Sciences de
Marseille, a montré d'autre part que l'artemia saliva change de forme et de
nature suivant les conditions d'existence auxquelles on le soumet, devenant
tantôt crustacé marin, tantôt animal d'eau presque douce, et cela en quel-
ques générations! Etc., etc., etc.
XIII
Arrêtons-nous ici. La victoire est trop complète pour que nous la procla-
mions . Lorsque le vainqueur reste seul vivant sur le champ de bataille, il
ne songe pas à prouver son triomphe, et ne rédige pas, comme Napoléon, à
la retraite de Russie, de bulletins de la grande armée. Aussi bien, d'ailleurs,
n'avons-nous aucun mérite, puisque la nature seule a fait tous les frais : des
264 L'ASTRONOMIE.
pierres sont tombées du ciel sur la tête de leurs négateurs. C^est ce qui arrive
dans toutes les circonstances analogues. Jusqu'en 1804, l'Académie des
Sciences n'a-t-elle pas refusé d'admettre l'authenticité des uranolithes? Cette
année-là trois mille pierres furent précipitées du ciel sur le département de
rOrne ; Biot eut Tidée d'aller les ramasser, et n'eut qu'à rapporter à l'Aca-
démie celles que les paysans voulurent bien lui céder. Jl y a quelques
années encore, j'assistais à la séance de l'Institut, dans laquelle M. duMoncel
présenta le phonographe. Un savant académicien, le docteur Bouillaud, se
leva de son fauteuil et s'élança sur M. du Moncel, en le traitant de... ventri-
loque, a Jamais, jamais, s'écria-t-il, vous ne nous forcerez à croire à une
pareille invention. » Depuis, M. Bouillaud est mort : on va lui élever une
statue. 11 faut dire qu'en général les savants spécialistes compliquent consi-
dérablement les choses, au lieu de laisser resplendir la grande simplicité de
la nature.
Au sujet de la Pluralité des mondes, un souvenir de Fontenelle ne sera
peut-être pas hors de propos. C'était à l'époque où Ton discutait assez fiévreu-
sement le newtonianisme et le cartésianisme, la traniSmission de la lumière
et de la chaleur par émission ou par ondulation. Un jour, après déjeuner, il
conduisit ses amis de l'Académie vers une petite boule placée sur un piédestal
au milieu du jardin. « C'est étrange, fit-il, exposée comme elle est aux
rayons du soleil, elle est plus chaude en dessous qu'en dessus. » Était-ce
uneréflexion du piédestal? Etait-ce une réfraction des rayons à travers la
boule? Les explications se suivaient sans guère s'accorder. « Non, dit-il, c'est
seulement qu'avant de vous la montrer je l'avais retournée. »
En fait, tout est très simple, dans la nature comme dans la Science. La
plupart du temps nous créons à la nature des difficultés qui n'ont jamais
existé. Toutes les voix de l'univers chantent l'hymne de la vie. Cette élo-
quence des choses devrait suffire à notre entendement.
A l'argumentation de M. Paye, que les conditions de la vie sont confinées
au champ étroit de nos observations immédiates, nous avons répondu par
l'enseignement direct de la nature entière : la diversité profonde des condi-
tions d'existence aquatique et aérienne, sur notre planète même ; — la transfor-
mation des organes et des êtres, pour s'adapter aux changements de milieux;
— l'énergie et la souplesse infinie de la force vitale, surtout chez les êtres
primitifs; — la vie dans les profondeurs océaniques; — la vie pendant les
époques géologiques; — la diffusion et la fécondité de la vie microscopique
dans les airs et les eaux ; — la vie parasitaire qui s'exerce dans les milieux
les plus étranges et aux dépens de la vie normale; — la vie même en dehors
du principe de vie terrestre, l'oxygène. Nous avons prouvé que la vie déborde
de la Terre comme d'une coupe trop étroite pour la contenir, et que, plutôt
LES CONDITIONS DE LA VIE DANS L UNIVERS. 265
que de s^arrêter, elle se développe aux détrimeuts de Texistence elle-même.
Telle est la loi suprême de la nature. Nier cette loi est contraire à l'enseigne-
ment tout entier de toutes les sciences réunies.
Certes, on pourrait écrire tout un volume pour cette seule exposition. Mais
nous avons déjà dépassé de beaucoup les limites dans lesquelles nous avions
espéré nous restreindre, d'autant plus qu'en apparence cette question sort
du cadre de V Astronomie. Nous disons v en apparence », car, en fait, la question
de la vie céleste est le complément, ou, pour mieux dire, le but suprême des
études astronomiques. Quel serait l'intérêt de l'observation des astres s'il ne
s'agissait que deblocs plus ou moins lourds lancés sans but dans l'espace aveu-
gle ? D'ailleurs, dans la nature il n'y a point ce sectionnement de Sciences que
l'homme a inventé pour mettre un peu d'ordre dans les petites cases de son
intellect. Il n'y a, en réalité, dans l'univers, ni mécanique céleste, ni astro-
nomie physique, ni météorologie, ni géologie, ni paléontologie, ni physique,
ni chimie, ni botanique, ni zoologie, ni physiologie, ni aucune des sections
de sciences imaginées par le travail humain. Il y a ce qu'il y a, c'est-à-dire
un grand tout, une immense unité, le cosmos dans sa sublime harmonie,
mais rien de nos petites divisions. Faire de l'histoire naturelle à propos des
conditions d'habitabilité des diverses planètes de notre système et des mondes
inconnus qui gravitent dans la fécondité des autres soleils, c'est encore faire
de l'Astronomie — quoi qu'en puissent penser les pygmées myopes. Et en cela
notre éminent contradicteur appartient à l'ordre de ces grands esprits qui,
comme Pascal et Leibniz voient au delà de la matière les entités cachées sous
son voile. Si nous avons discuté ses propositions, si nous avons fait tous nos
e£forts pour les saper par la base, c'est parce que nous estimons à un haut
degré les tendances de sa méthode. La distance semble considérable entre ses
opinions et les nôtres. M. Paye, pourtant, saura sans peine la franchir. A ces
hauteurs les horizons se rapprochent.
Que l'éminent astronome interprète VŒuvre du Temps. Il reconnaîtra que
notre époque actuelle n'embrasse pas l'universalité de la vie; qu'elle n'a pas
plus d'importance, dans l'histoire de l'univers, que les siècles d'autrefois ou
les siècles futurs ; qu'il n'y a aucune raison pour supposer que tous les
mondes de la création soient habités en ce moment ; que si la Terre, Mars,
Vénus, peut-être Saturne, le sont actuellement, la Lune paraît plutôt en déca-
dence et Jupiter en préparation pour les âges futurs. Le ciel aussi a ses
berceaux et ses tombes. Mais restreindre l'œuvre de la nature à la sphère
minuscule de notre observation immédiate, c'est mal interpréter son langage,
et nier que la vie soit le but suprême de la création, c'est nier la lumière en
plein midi. Camille Flammarion.
2«6 L'ASTRONOMIE.
TABLEAU DE DIVERSES VITESSES.
Mètm
par saeonde.
Marche du Colimaçon 0,0015
Petite tortue terrestre 0,026
Un homme au pas, 4^" à l'heure 1,11
Un homme à la nage (J.-B. Johnson, 5 août 1872), 805" en douze minutes 1 ,12
Un homme au pas, 6^" à l'heure , 1>66
Vol du mâle du ver à soie {Attacua paphia), d'après Pettigrew 1,86
Le Mahari de Si Ali Bey en 1864, 206^- en vingt-quatre heures, d'après WolfiF
, et Blachère 2,38
Course en akidor (patins à neige), 227'"» en îl"* 22-, d'après Nordenskiôld 2,95
Comète de Halley en aphélie , 3 »
Tramways de 2 à 3,50
Rivière à cours rapide 4 •
Navire, 9 nœuds à l'heure (9 x 1852-) 4 ,63
Chameau (Hedjeïn), 185^- en 10'»20-, d'après Burckhardt i . 4,97
Vitesse maximum du train d'inauguration du chemin de fer de Manchester à
Liverpool, 15 septembre 1830 5,36
Course à pied(W. G. George en 1884), 2 milles anglais en 9- 17* { 5,T7
Vent ordinaire de 5 à 6 »
Navire, 12 nœuds à l'heure (12 x 1852-) 6,17
Vitesse, par rapport à Tair ambiant, du ballon dirigeable des capitaines Krebs
et Renard; ascension de Meudon, 8 novembre 1884 6,39
Vague de 30- d'amplitude par une profondeur de 300" 6,82
Course à pied, d'après G. et E. V^eber ." 7,10
Vol ordinaire de la mouche {Musca domestica), d'après Pettigrew 7,62
Bon vent pour moulin à vent 7,62
Renne tirant un traîneau 8,40
Navire, 17 nœuds à l'heure (17 x 1852-) 8,75
Course en vélocipède (R. H. English, 10 septembre 1884], 2 milles anglais en
5-33- 1 9,65
Vitesse de la périphérie d'une meule de moulin de 6,50 à 10 ■
Brise fraîche 10 »
Gouttes de pluie, d'après Rozet| 11 »•
Baleine franche, d'après Lacépède 11 »
Torpilleur, 21,76 nœuds à l'heure 11,19
Patineur exercé ; 12 »
Cheval de course (trotteur américain, 1881), 1 mille anglais en 2" 10' j 12,36
Torrents des Hautes-Alpes, d'après Surell 14,28
Pierre lancée avec force 16 »
Train express de 60^" à l'heure 16,67
Cheval de course (galop); Little Duck, Paris, 25 mai 1884, 2400- en 2-22' 16,90
Vol de la caille 17,80
Train rapide de 75^- à l'heure 20,83
Vague de tempête dans l'Océan 21,85
Lévrier 25,34
Vol du pigeon voyageur, d'après Gobin 27 »
Déplacement de la trombe du 14 février 1884,' de Lynchburg à Washington,
d'après Hazen 27,70
Train éclair de 100^- à l'heu re 27,77
TABLEAU DE DIVERSES VITESSES. 26?
. . Mètres
par seconde.
Vol du faucon 28 ».
Tempête .....; ...de 25 à 30 »
Vitesse moyenne des boîtes dans les tubes de la télégraphie pneumatique.. 30 »
Vol de Taigle 31 »
Bateau à patins sur les rivières gelées de l'Amérique du Nord 31
Transmission des sensations dans les nerfs humains 33 »
Essai d'un train de chemin de fer de Jersey City à Philadelphie (Bound Brook
Road) 35,75
Ouragan , 40 »
Ouragan déracinant les arbres 45 »
Chute sur le sol d'un aérolithe du poids d*environ 1''» et de forme cubique,
d'après John Le Conte 48,45
<3uatre pigeons voyageurs du comte Karolyi en 1884.de Paris à Pesth (1293^"
en sept heures) 51,31
Vitesse théorique maximum de la périphérie du volant d'une machine à
vapeur '. 52,50
Vol maximum de la mouche (Muaca dômes tica), d'après Pettigrew 53,35
Déplacement de Torage du 21 septembre 1881, de Cahors à Pradelles (194^'"
en une heure) 54 , 17
Chute sur le sol d'un aérolithe du poids d'environ 1^* et de forme sphérique,
d'après John Le Conte 60 »
Vol de l'hirondelle 67 »
Vol d'un oiseau des plus fins voiliers (le martinet) 88,90
Cyclone de Wallingford (Connecticut), 22 mars 1882, d'après Hazen 115, 78
Vitesse initiale d'une balle de fusil à vent (compression de 100 atmosphères). . 206 »
Propagation de la marée due au tremblement de terre d'Arica, 13 août 1868;
d'Arica à Honolulu, d'après von Hochstetter 227
Vitesse d'un point à l'équateur de Mars 244 »
Propagation du choc d'une explosion dans le sable humide, d'après Mallet... 290 »
— de la marée due au tremblement de terre de Krakatoa, 27 août 1883 ;
de Krakatoa à Colon, d'après Bouquet de la Grye 294 »
Vitesse d'un point situé à la latitude de Paris (rotation autour de l'axe ter-*
restre) 305 »
Vague atmosphérique due au tremblement de terre de Krakatoa, 27 août 1883 ;
de Krakatoa à Saint-Pétersbourg, d'après Rykatcheff. de 303 à 334 »
Vitesse du son dans l'air (-t-10*C.)(' ) 337 »
Jet de vapeur à la pression de 1 ^ atmosphère s'échappant dans l'air 343 »
Vitesse initiale d'une balle de fusil (fusil Martini-Henry) 385 »
Air à la pression de 1 atmosphère s'échappant dans le vide 395 »
Pierres lancées par le Vésuve, d'après Vézian 406 »
Vitesse initiale d'une balle de fusil (fusil Mauser) 425 »
— — (fusil Gras, modèle 1874) 430 »
Vitesse d'un point à l'équateur de Vénus 454 »
— — de la Terre 463 »
Vitesse initiale d'un boulet de canon (canon de l'armée de terre) 500 »
Jet de vapeur à la pression de 3 atmosphères s'échappant dans l'air 500 »
— — 5 — — ~ 562 »
— — 1 — — dans le vide 582 »
C) La vitesse du son dans Tair augmente de 0-,626 pour chaque degré centigrade d'élévation de
température.
268 L'ASTRONOMIE.
Mètrei
par a«eondc.
Vitesse initiale d*un boulet de canon (canon de marine) de 605 à 700
Propagation du mouvement des marées dans TOcéan Pacifique septentrional;
maximum d'après Whewell 800
Secousse du tremblement de terre de Viège, 25 juillet 1855; _de Viège à Stras-
bourg, d'après Otto Volger 872
Révolution de la Lune autour de la Terre (apogée) 970
Pierre lancée par le volcan de Ténériflfe, d'après Vézian 975
Vitesse d'un point à Téquateur de Mercure 1 034
Vitesse du son dans Téther sulfurique (4- 10» C!) 1 039
Révolution de la Lune autour de la Terre (Périgée) — ". 1 080
Vitesse du sol dans l'alcool ( 4- 10* C. ) 1 157
Révolution du !!• satellite de Mars (Deimos) 1 157
Vitesse du son dans l'acide chlorhydrique (+ 10* C.) 1 171
-— dans l'essence de térébenthine (-+- 10* C.) 1276
— dans l'eau (+ 8%1 G.), d'après Sturm et GoUadon I 435
— dans le mercure (4-10*G.) : 1484
— dans l'acide azotique 1 535
Révolution du !•' satellite de Mars (Phobos) 1 833
Vitesse du son dans Peau saturée d'ammoniaque .' 1 842
Vitesse d'un point à l'équateur du Sal^il 2 028
Vitesse du son dans le fanon de baleine 2 246
Explosion du gaz tonnant (hydrogène et oxygène), d'après Berthelot 2 500
Vitesse du son dans Tétain 2 550
— dans l'argent 3 060
Révolution du IV* satellite d'Uranus (Obéron) 3 300
Vitesse du son dans la fonte 3 540
— dans le bronze, dans le bois de chêne 3 628
Vitesse théorique d'une onde séismique dans le granité compact, d'après
Ewing de 2 450 à 3650
Révolution du VIII* satellite de Saturne ( Japet) 3 738
Révolution du III* satellite d'Uranus (Titania) 3 814
Vitesse d'un point à l'équateur d'Uranus 3 904
Vitesse du son dans le cuivre rouge 4 080
— dans le bois de hêtre 4 250
Révolution du satellite de Neptune 4 505
Vitesse du son dans le bois de frêne, d'orme ." 4 896
Révolution du II* satellite d'Uranus (Umbnel ) 4 906
Vitesse du son dans le bois de tilleul 5 100
Révolution de Neptune autour du Soleil 5 390
Vitesse du son dans le bois de pin 5 440
— dans le fer, l'acier, le verre 5 668
Révolution du I*' satellite d'Uranus (Ariel) 5763
Explosion du coton-poudre, d'après Abel et Nobel de 5180 à 5 790
Révolution du VII* satellite de Saturne ( Hypérion) 5 794
Vitesse du son dans le bois de sapin 6 120
Révolution du VI*satellite de Saturne (Titan) 6398
Vitesse du son à la surface du Soleil ( » ) 6 591
Révolution d'Uranus autour du Soleil 6 730
{') En attribuant, d'après Roselti, à la surface du Soleil une température de 10 000» C.
TABLEAU DE DIVERSES VITESSES. 269
Mètres
par soconde.
Vitesse probable du Soleil vers la constellation d'Hercule (entre ic etit).. . . 7 642
Révolution du lYr satellite de Jupiter ( Galisto ) 8 359
Bévolution de Saturne autour du Soleil 9584
— du Y* satellite de Saturne(Rhéa) 9741
Vitesse d'un point à Téquateur de Saturne ..•...'.>; 10 541
Révolution du lll^ satellite de Jupiter (Ganymède) 10 869
Mouvement propre télescopique de Véga.., — 11 000
Révolution du IV satellite de Saturne (Dioné).... 11516
Vitesse d'un point à l'équateur de Jupiter 12 491
Révolution de Jupiter autour, du Soleil. 12 924
— du III- satellite de Saturne (Téthys) 13038
— du IP satellite de Jupiter (Europe) 13 999
-- du II« satellite de Saturne (Encelade) 14 568
Mouvement propre télescopique de Sirius, d'après Gill et Elkin.. .... — 15 449
Révolution du !•' satellite de Saturne (Mimas )... 16 425.
— !•' satellite de Jupiter (lo) 17 667
Bolide du 14 mai 1864; aérolithe d'Orgueil, d'après Laussedat... 20 000
Mouvement spectroscopique de la Chèvre, d'après Ghristie et Maunder. ... + 20 000
Mouvement spectroscopique de a du Centaure, d'après.Gill et Elkin (').*.• 23 174
Révolution de Mars autour du Soleil V'.«. 23 863
Mouvement propre spectroscopique de Régulus, d-a^ès Huggins 27 000
Révolution de la Terre autour du Soleil 29 516
Révolution de Vénus autour du Soleil 34 630
Mouvement propre spectroscopique de Sirius, d*après Huggins. + 35 000
Mouvement propre spectroscopique de Bételgeuse, d'après Huggins -+- 35 000
Mouvement spectre de p Grande Ourse, d'après Ghristie et Maunder + 38 000
Mouvement propre télescopique de Sirius 38 600
Mouvement propre spectroscopique de Castor, d'après Huggins • 4- 40 000
Mouvement propre télescopique de la Chèvre. : 47 100
Révolution de Mercure autour du Soleil 47 327
Mouvement spectroscopique de Régulus, d'après Ghristie et Maunder 4- 48 000
Aérolithe de Pultusk, 30 janvier 1878, d'après Schiaparelli 54 000
Mouvement spectr. de a d'Andromède, d'après Ghristie et Maunder — 56 000
Mouvement spectr. de a de la Couronne, d'après Ghristie et Maunder +58000
Mouvement spectr. d'Arcturus et de Véga, d'après Ghristie et Maunder — — 62 000
Bolide du 14 mars 1863, visible dans l'Europe centrale et occidentale 63 000
Mouvement propre' Spectroscopique de Déneb, d'après Huggins — 63 000
Mouvement spectrôsc. de Procyon, d'après Ghristie et Maunder + 64 000
Mouvement propre télescopique de la 61* du Cygne 64 300
Mouvements ordinaires de l'atmosphère solaire de 30 000 à 65 000
Mouvement spectroscopique de Déneb, d'après Ghristie et Maunder — 65 000
Étoiles filantes, d'après A. Newton et Schiaparelli de 12 000 à 71 000
Bolide du5 septembre 1868, d'après A. Tissot 79000
Mouvement propre spectroscopique de Pollux, d'après Huggins — 79 000
Mouvement propre télescopique d*Arctupus. . .....!...;..) 83 200
— — spectroscopique de Véga, d'après Huggins — 85 000 "
— — — d'Arcturus, d'après Huggins — 88000
Bolide du 5 septembre 1868, d'Autriche en France 88 000
(^)La lumière met environ 4 ans à nous parvenir de cette étoile qui est la plus rapprochée de nous.
270 L'ASTRONOMIE.
Mètres
par seconde.
Mouvement spectroscopique de a Grande Ourse, d'après Huggins — 90 000
Mouvement propre télescopique de e de l'Indien, d'après Gill et Ëlkin. .. 101 000
— spectroscopique de y du Lion, d'après Christie et Maunder . . . — 102 000
Mouvement propre télescopique de e de l'Éridan, d'après Ëlkin * 103 000
— — — de o« de l'Érîdan, d'après Gill 1 11 000
— — — de Lacaille 9352, d'après Gill 1 17 000
Mouvement spectroscopique de Bételgeuse, d*après Christie et Maunder. . . + 121 000
Mouvement propre télescopique de C du Toucan, d'après Ëlkin 163 ÎDOO
— -- — de 1830 Groombridge d'après Bail 333 000
Gonaète de Halley au périhélie , 393 000
Tempête de l'atmosphère solaire, d'après Young 402 000
La grande comète de 1882 au périhélie, d'après Schiaparelli 480 000
— ^ 1843 au périhélie, d'après R. S. Bail 521 000
Vitesse qu*il faudrait imprimer à un corps à la surface du Soleil pour
le projeter hors de l'attraction solaire,- d'après Flammarion 608 000
Éruption solaire, d'après Secchi 90O600
Électricité : fil télégraphique sous-marin 4 000 000
Gourant voltaîque dans un circuit télégraphique. 1 1 690 000
Courant d'induction 18 400 000
Électricité : fil télégraphique aérien 36 000 000
Éclairs dans une tache solaire, d'après Peters (Naples, 1845) 200 000 000
Vitesse de la lumière, d'après Cornu 300000000
Gourant électrique provenant de la décharge d'une bouteille de Leyde
dans un fil de cuivre- de 0-,0017 de diamètre 463 500000
CALCULS RELATIFS A LA PESANTEUR.
Chute d'un corps à la surface de Mars 3*,43
— — — Vénus 4,41
— — — Neptune 4 ,67
— — — Mercure 5 ,28
— — — Uranus 10 ,30
— — — Saturne.., 10,80
— — — Jupiter 24,47
— — — du Soleil 269,77
Chute d'un corps à la surface de la Terre après 1 seconde de chute 9 ,81
— — — — après 2 secondes de chute 19 ,62
— — — — après une chute de 50 mètres 31,33
— — — ~ après une chute de 100 mètres 44 ,29
— — — — après une chute de 200 mètres 6i ,63
— — — — après une chute de 300 mètres 76 ,72
Chute d'un corps après 10 secondes de chute 98 ,09
Vitesse qu'il faudrait imprimer à un corps pour le projeter hors de l'attraction
delà Lune, d's^irès L^lace 2 396
Vitesse théorique d'un corps qui arriverait au centre de la Terre après une
chute de 19-10', d'après Flammarion 9 546
Vitesse qu'il faudrait imprimer à un corps pour le projeter hors de l'attraction
de la Terre, d'après Flammarion 11 700
James Jackson.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
271
Nuages singnUers. — J'ai constaté, le 24 avril dernier, un phénomène météo-
rologique qui mérite, je crois, d'être signalé dans la Revue.
Ce jour-là, le temps avait été beau toute la matinée. Dans l'après-midi, le ciel
devint nuageux (cirri-cumuli), et le soir, avant 7^30™, heure à laquelle commence
le phénomène, des nuages de formes différentes couvraient le ciel en tous sens.
A 1^ 35", l'horizon Nord-Ouest s'éclaircit presque subitement sur une longueur
de 25» environ sur 15o de hauteur formant demi-lune, et, en fort peu de temps,
Fig. 93.
je vis tous les nuages, de 1 Ouest à l'Est et jusqu'au zénith, se séparer et prendre
la forme conique. La pointe tronquée vers le point de convergence, le Nord-Ouest.
C'était alors un immense éventail, composé de dix-huit pièces, dix-huit nuages
gris-foncé, à l'exception des deux du milieu, très noirs et composés de cirri super-
posés, conservant néanmoins dans l'ensemble la forme allongée des autres. Ces
deux-là atteiignaient le zénith; les autres, d'ailleurs, do même longueur et les
deux formant les côtés de l'éventail rasant l'horizon. Entre tous ces nuages, se
touchant presque, le fond du ciel était plutôt gris que clair. Vent Nord-Est assez
fort. Baromètre tombant de 757 le matin à 750 à l'heure du phénomène, lequel
persista ainsi une demi-heure.
Mais rien de bien extraordinaire encore jusqu'ici; cette orientation des nuages
n'est pas rare. Le plus curieux est ce qui se produisit eusuite.
A 8*», voyant les nuages se déformer, j'allais me retirer, lorsque je m'aperçus
que ces mêmes nuages se déplaçaient tout d'une pièce. Ceux qui formaient la
moitié Ouest de l'éventail s'ei^ allant converger vers Sud-Ouest, où s'était produite
une éclaircie horizontale, comme tout à l'heure au Nord-Ouest. Un nouvel éven-
tail se formait avec le concours de nuages venus du Sud. Les lamelles inférieures
•272 L'ASTRONOMIE.
de celui-ci étaient plus étroites que dans le premier et conséquemment plus nom-
breuses en approchant de Thorizon.
En même temps, un semblable phénomène se produisait à TEst de la même
façon, mais tous deux ne durèrent que 15 à 18 minutes.
La direction du vent n'avait pas changé, et, avant 9^, les nuages n'avaient plas
de formes régulières.
J. QUÉLIN,
Directeur de l'Observatoire populaire des Ponts-de-Cé.
Taches solaires visibles à Tœil nv. — - Deux taches solaires étaient visibles
à l'œil nu le H juin dernier ; M. Maurice Jacquot au Havre, M. A. Gunziger en
Angleterre, MM. Bruguière et Lihou à Marseille les ont suivies avec soin et en
ont adressé d'excellentes descriptions à la direction de la Revue. Nous publierons
prochainement la curieuse allure de la décroissance de Tactivlté solaire.
Iinenrs crépusculaires, aurores ]>or6ales, taches solaires. — On a remar-
qué à Juvisy, au Havre, à Orgères, à Orléans, à Argentan à Marseille, etc, au
milieu de juin, notamment le 12» une nouvelle recrudescence dans les lueurs
crépusculaires. Notre correspondant du Havre, M. Jacquot, qui observe assidû-
ment les taches solaires, émet l'idée que peut-être ces lueurs ont été prolongées
par des aurores boréales. Or, on nous écrit précisément d'Amsterdam que préci-
sément le 12, a après un coucher de soleil splendide et d'une incandescence rare
dans les pays du nord » une magnifique aurore boréale a illuminé Thorizon
pendant toute la nuit, c'est-à-dire de 10*» à 2*». Ce même jour une énorme tache
solaire était visible à l'œil nu. Il y a là une coïncidence remarquable constatée
par deux correspondants de l'Astronomie, Tun au Havre, l'autre à Amsterdam
Fausse alerte. — Le 15 juin dernier, nous recevions la dépêche suivante, datée
de Praïa San Thiago .
« Bruit court que vous avez prédit un tremblement de terre qui ferait dispa-
raître une partie des îles du Cap Vert. Population consternée. Chargé de m'infor-
mer si vous avez fait semblable pronostic. »
« HiPOLITO Andrade. »
Nous avons répondu que jamais nous n'avions rien annoncé de pareil, que
d'ailleurs personne ne peut connaître d'avance l'arrivée d'un tremblement de
terre, et que par' conséquent les craintes des habitants des îles du Cap Vert sont
entièrement chimériques. Quelle peut être l'origine de cette funèbre prédiction?
On nous intéresserait en nous l'apprenant. Déjà, il y a quelques années (Voir la
Revue, 1883, N® 106), on nous avait fait annoncer dans l'Amérique du Sud et à Tîle
de la Réunion, l'arrivée d'une grande comète qui devait rencontrer la Terre sur
son passage. Nous nous sommes empressé de démentir ce bruit dès qu'on nous
l'eût fait connaître. Mais à peine notre démenti était-il publié que la grande
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 273
comète de 1882 faisait effectivement son apparition sur Thémisphère austral.
Malgré tout, on a persisté à croire que nous Tavions annoncée.
Espérons qu'il n'en sera pas de même cette fois-ci pour un tremblement de
terre des îles du Cap Vert. C. F.
La Terre et rHomme. — Dans une note bien curieuse et bien originale
{Astronomie, .1884, p. 267) on compare les traditions des indigènes de Bantam avec
celles des anciens Grecs. Voulez-vous me permettre de compléter ce renseigne-
ment? Atlas est plutôt le porte ciel que le porte terre :
Gœlifer Atlas
Axem humero torquet stellis ardentibus aptum.
{Enéide, VI, 796.)
Mais les volcans et les hautes montagnes (de Sicile) ont en quelque sorte pour
base le corps foudroyé d'un géant (Eryx, Encelade). Ces géants, las de reposer suf
un côté, se retournent parfois, et ,en se retournant, ébranlent les montagnes :
Fama est Enceladi semiustum fulmine corpus
Urgeri mole bac, ingentemque insuper ^tnam
Impositam ruptis flammam exspirare caminis,
£t fessum quoties mutât latus, intremcre omnem
Murmure Sicaniam et cœlum subtex^re fume.
{Enéide, III, 580.)
Tout y est : le géant qui porte la montagne, « ^tnam insuper impositam », dont
les mouvements « mutât latus » produisent les tremblements de terre « intre-
mere », les bruits souterrains « murmure », et l'éruption « cœlum subtexere
fumo. i>
On ne peut accuser Virgile d'avoir copié les indigènes de Java : il n'a fait que
transcrire fidèlement, comme toujours, les légendes grecques ou pélasgîques.
Mais quelle conclusion en tirer?
Pendant que FAstronomie nous montre Tunité physique et chimique du monde,
la comparaison entre les légendes des peuples nous donne une preuve de plus de
Tunité de l'esprit humain : unité partout, mais dans quelle admirable et infinie
variété !
Un lecteur assidu de l'Astronomie,
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 JUILLET AU 15 AOUT 1885.
Dans notre article du mois de juin (p. 235), à propos du commencement des
saisons, nous avons signalé la différence qui existe entre les chiffres de la
Connaissance des Temps et ceux du Nautical Almanac, et nous avons accusé
les calculateurs du Bureau des Longitudes de s'être servis de la publication anglaise
pour leurs opérations. M. le Président du Bureau des Longitudes a adressé sur ce
274 L'ASTRONOMIE.
point à la Direction de la Revue une rectification que nous nous empressons
d'insérer.
Monsieur le Directeur,
Dans le n» 6 (juin) de l'Astronomie, je lis des critiques mal fondées à l'adresse
du Bureau des Longitudes, de son Annuaire et de la Connaissance des Temps.
Ces critiques résultent de la confusion que l'auteur de l'article a faite entre les
longitudes du Soleil qui sont données dans la Connaissance des Temps pour 188j,
p. 36-44, sous les titres Équinoxe moyen et Équinoxe apparent. Ce sont les
secondes longitudes et non les premières qui doivent servir au calcul deTiastant
où commence chaque saison.
J'espère qu'il suffira de vous signaler cette méprise pour que vous vous em-
pressiez de la reconnaître dans le prochain numéro de votre Revue, et de déclarer
qu'aucune erreur n'est à relever à ce sujet dans la Connaissance des Temps ni
dans VAnnuaire.
Agréez, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments les plus distingués.
Le Président du Bureau des Longitudes,
H. Faye.
Principaux oitfets oélesCes en évidence pour robserration.
1o CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du Ciel étoile durant cette période de l'année, il faut se reporter
soit aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descrip-
tions données dans Les Étoiles et les Curiosités du Ciel (p. 594 à 635). La lon-
gueur des jours décroissant déjà rapidement ainsi que la durée du crépuscule,
les observations astronomiques deviennent plus agréables et plus faciles, sur-
tout durant les douces soirées d'août.
2» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 juillet, le Soleil se lève à 4*» 14™ du matin et se couche à
7*»57« du soir; le i*»" août, le lever a lieu à 4*» 35» et le coucher à 7*»37«; enfin, le
15 août, l'astre du jour se montre au-dessus de l'horizon à 4*>54", pour dispa-
raître à 7'>14«n.'La durée du jour est de 15*» 43»» au 15 juillet, de 15^2" au !«' août
et de 14*»20™ au 15 août. Du 15 juillet au 15 août, les jours décroissent de 40" le
matin et de 43™ le soir, ce qui donne une diminution totale de 1^23™ pour cet
intervalle d'un mois.
La déclinaison boréale du Soleil continue à diminuer : elle est de 21o29' au
15 juillet et de 13'' 56' seulement au 15 août, ce qui fait une diminution consi-
dérable de 7o33'.
Le solstice d'été est l'époque où la chaleur solaire possède son maximum d'ac-
tion, puisque le Soleil atteint alors sa plus grande hauteur aurdessus de l'horizon;
mais ce moment ne coïncide pas avec les plus grandes chaleurs de l'année. En
eflfet, plus le sol s'échauffe par pénétration des rayons solaires, plus aussi il se
refroidit par rayonnement, durant le jour et durant la nuit. Or. au solstice d'été,
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
275
il n'y a pas encore équilibre entre le gain et la perte. Jusqu'au 15 juillet, bien
que la quantité de chaleur reçue aille en diminuant, le gain reste sans cesse
supérieur à la perte. Puis l'équilibre établi se maintient jusqu'au 20 juillet, pour
se rompre ensuite au profit des pertes journalières causées par le rayonnement.
Dans nos climats tempérés, le mois le plus chaud de Tannée est le mois de
juillet, de sorte que le véritable été correspond aux mois de juin, juillet et août.
Lune. — Ce n'est guère que vers les époques du Premier et du Dernier Quar-
tier que la Lune se présente dans de bonnes conditions pour l'observation; dans
le voisinage de la Pleine Lune, le 26 juillet, la hauteur de notre satellite n'est
que de 25o30' au-dessus de l'horizon de Paris, lors du passage au Méridien. Rap-
pelons qu'une lunette astronomique, de moyenne puissance, est indispensable
pour l'étude si intéressante, si captivante de la surface lunaire.
Phases.
( PQ le 19 juillet, à 0''29- matin.
*' PL le 27 » à 2 32 »
DQ le 3 août, à 10'' 5- soir.
NL le 10 » à 0 23 »
Occultations et appulse visibles à Paris.
Deux occultations et une appulse seront visibles à Paris, dans la première
moitié, du 15 juillet au 15 août 1885.
f m Vierge (6* grandeur), le 18 juillet, de 10*$0- à 10M8- du soir. L'étoile s'éteint
en un point situé à 6* à gauche du point le plus élevé, dans la partie obscure du disque
de la Lune, et réapparaît en un autre point placé à 43*" au-dessus du point le plus occi-
dental, dans la partie éclairée. Cette occultation, qui est représentée (fig, 94 pour Paris,
FlR. 04.
Fig. 95.
Occultation de m Vierge par la Lune,
le 18 juillet, de lOi^-iO- à 10'»48« du eoir.
Appulse de 29 Ophiuchus,
le 22 juillet, à il'»!- du soir.
pourra être observée dans la plus grande partie de l'Europe occidentale. A Londres, le
phénomène n'aura qu'une durée de 17".
2" o' Balance (u-5 grandeur), le 20 juillet, de li''ii- à 12'* 16" du soir. Cette seconde
composante de la double o sera occultée par le disque de la Lune. Elle disparaîtra dans
la partie obscure du disque^ à 40* au-dessus du point le plus à gauche (Est) et réappa-
raîtra dans la partie éclairée, à ?• au-dessous du point le plus à droite (Ouest). A Paris
276 L'ASTRONOMIE.
la sortie de l*étoile ne sera pas observable, attendu que la Lune sera depuis une minute
au-dessous de l'horizon. Mais dans Touest de la France, la fin du phénomène pourra
être observée, de môme qu'à Greenwich.
3» 29 Ophiuchus (6* grandeur), le 22 juillet, à 11'' 1" du soir. A Paris, il y auraappulse
et Tétoile ne fera que frôler le bord lunaire (voir la fig, 95), en un point situé à 20* à
gauche et au-dessus du point le plus bas. La distance minimum ne sera alors que de
(y,l. Mais au nord de la capitale, même à très faible distance, il y aura occultation
complète, et la durée de la disparition de Tétoile sera d'autant plus considérable que
l'astronome sera plus éloigné de l'Observatoire national. A Londres, le phénomène ne
durera pas moins de 30".
Occultations diverses.
Les lecteurs de Y Astronomie qui habitent les diverses parties de la Terre
pourront encore observer les importantes occultations suivantes :
!• (Jranus, le 16 juillet, vers 12'" du soir. Les latitudes extrêmes des lieux entre les-
quels l'observation pourra être faite sont 2»B et 75* A.
2* p* Capricorne (3* grandeur), le 26 juillet, à II*" du soir. Les limites de latitude sont
4-A et69«A.
3» Aldébaran (1" grandeur), le 5 août, vers S*» du soir. Cette curieuse occultation
pourra être observée dans le Mexique, les États-Unis et la Nouvelle-Bretagne.
i* Uranus, le 13 août, vers 11*" du matin, temps moyen de Paris. L'observation pourra
être faite dans Tlndo-Chine et l'archipel de la Sonde.
Le 25 juillet, à 9^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
405 500^°»; diamètre lunaire = 29'27'6.
Le 9 août, à 10^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
358400»^; diamètre lunaire = 33' 19' 6.
Mercure. — Cette brillante et rapide planète continue à se présenter dans des
conditions assez bonnes pour Tobservation, dans notre hémisphère. Mais les
astronomes de Thémisphère sud seront beaucoup mieux favorisés que nous, car
ils pourront voir la planète près de deux heures après le coucher du Soleil. Le
plus souvent, une jumelle marine sera nécessaire pour bien distinguer Mercure
dans le Ciel de FOccident.
Jours. Passage Méridien . Coucher. Différence Soleil. ConstellatioB.
17 Juillet l''30- soir. 8»'59'" soir. 1»» 4- Cancbr.
21 » 1 39 » 8 55 u 14 Lion.
25 » 1 45 « 8 48 » 12 »
29 » 1 49 » 8 41 » 10 »
1" Août 1 50 « 8 33 » 0 56 •
5 0 l 49 » 8 21 « 0 50
7 » 1 48 u 8 15 . 0 48 •>
9 » 1 45 î» 8 8 » 0 44 •
Du 15 juillet au 15 août, le mouvement de Mercure ne cesse d'être direct. Le
6 août, à 3*» du matin, cette planète atteindra sa plus grande élongatîon orientale:
27o21'. Malgré cette élongation importante, nous ne voyons Mercure que pendant
une heure. Cela tient à ce que la déclinaison boréale de cet astre est inférieure
de plus de 8<> à celle du Soleil.
Le 17 juillet, à 2^ de l'après-midi. Mercure et Vénus seront en conjonction, à
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 277
la faible distance de 11'. Le soir, on pourra reconnaître les deux astres dans le
champ d'une même lunette, Mercure au sud de Vénus. Le 26 juillet, à 1^ du
matin, nouvelle conjonction : Mercure se trouvera à 12' au sud de l'étoile de pre-
mière grandeur, Régulus du Lion. Le 4 août, autre conjonction avec Jupiter, la
planète étant visible à 2od2' au sud du géant de notre système solaire. Enfin, le
B août, seconde conjonction de Mercure et de Vénus, VÉtoile du Berger se mon-
trant à 3o42' au sud du rapide Mercure.
On peut donc remarquer que, pendant trois semaines au moins, quatre astres
des plus brillants : Mercure, Vénus, Jupiter et Régulus seront visibles dans un
coin très restreint du Ciel, peu après le coucher de Tastre du Soleil. C'est là un
fait très rare et dont les lecteurs de la Revue devront se hâter de profiter. Une
jumelle marine sera nécessaire chaque soir.
Le {•' août, le diamètre de Mercure est de 6'8; sa distance à la Terre de
142 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de 65 millions de kilomètres.
VÉNUS. — Vénus se rapproche rapidement de nous. Du 15 juillet an 15 août,
cette planète se couche sensiblement une heure après le Soleil. Elle parait sta-
tionnaire. Il est très facile de l'apercevoir, malgré la lueur crépusculaire, peu
après la disparition du Soleil.
Joars. Passage Méridien. Goacber. Différence Soleil. Constellation.
17 Juillet l^aO- soir. O»" 0- soir. l"" 5- Gancbr.
20 p 1 32 » 8 57 » 15 Lion.
23 » 1 35 « 8 53 - 15 »
26 p l 37 » 8 49 ». t 4 »
29 » 1 40 » 8 45 - 14 »
!•' Août 1 42 H . 8 40 . 13 »
4 . 1 44 » 8 35 ^ 13 p
7 » 1 46 p 8 30 p 13 p
10 p 1 47 p 8 25 p 13 p
13 p 1 49 p 8 19 p 12 p
Comme celui de Mercure, le mouvement de Vénus est direct. Le 28 juillet,
à 3*» du matin, conjonction de Régulus et de Téclatante Vesper^ celle-ci étant
à 1®4' au nord de l'étoile de première grandeur. Le 6 août, à 7'» du matin, con-
jonction de ÏÉtoile du Berger avec Jupiter; la distance des deux astres est de
26' seulement. Le 8 août, à 5*» du soir, conjonction de Vénus et de Mercure.
Quatrième conjonction de la planète le 12 août, à midi; Vénus se trouvera
& 2ol3' au nord de la Lune.
Le l«'août, le diamètre de Vénus est de 11'; sa distance à la Terre est de
225 millions de kilomètres et de 107 millions de kilomètres du Soleil.
Mars. — Cette planète est de plus en plus facile à trouver le matin, dans le
ciel de TOrient, à travers les constellations du Taureau et des Gémeaux.
Joars. Lever. Passage Méridien. Constellation.
17 Juillet l''33" matin. 9'' 35- matin. Taureau.
21 » 1 27 p 9 31 p «
25 p 1 22 » 9 27 » «
29 118 p 9 23 » p
278 L'ASTRONOMIE.
Jonrs. Lever. Passage Méridien. Gonstellatioii.
2 Août l*» 13" » 9»» 19" » GÉMEAUX.
6 » 19 » 9 15 » »
10 » 16 >i 9 11 » »
14 » .. 11 i) 9 6 » »
Le mouvement de Mars est toujours direct et dirigé vers TEst. Le 21 juillet,
on distinguera la planète à 2o30' au nord de Ç Taureau. Le 6 août, au soir, Mars
se trouvera à lol6' au nord de l'étoile de 3« grandeur, jjl Gémeaux, et à lo20' au
nord de Saturne. Le 7 août, au matin, on pourra placer les trois astres dans le
champ d'une même lunette.
Le !•»* août, le diamètre de Mars est de 5*2; la distance de la planète à la
Terre est de 319 millions de kilomètres et de 224 millions de kilomètres du
Soleil.
Petites planètes. — Cérès est encore facile à reconnaître dans la Vierge,
au-dessous et dans le voisinage de Ç, étoile de 3-5 grandeur. Mais la petite pla-
nète s'éloigne de nous et va bientôt cesser d'être visible.
Jours. Passage Méridien. Coucher de Gérés. ConsteUation
15 Juillet 5'»34* soir. 11»» 41" matin. Vierqb.
20 » 5 19 » 11 22 >» »
25 » 5 4 » 11 4 » «
30 « 4 50 • I» 10 45
4 Août 4 36 » 10 27 «
9 » 4 22 » 10 9 >'
14 » 4 8 » 9 51 » »
Le mouvement de Cérès est toujours direct, dans le sens du Sud-Est. Le
4 août, la petite planète sera en conjonction avec Ç Vierge, à 2o37' au sud de
l'étoile.
Le l*»»" août, Cérès est éloignée de la Terre de 416 millions de kilomètres et de
398 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 20 juill. : Ascension droite... ISi^lS". Déclinaison... 0* 2 S.
p 9 août : » » 13 47 » 3 29 S.
Pallas est aisée à découvrir, avec une jumelle marine, dans la chevelure de
Bérénice, puis dans la Vierge. Gomme la précédente, il faut se hâter de l'étudier,
avant sa complète disparition, un peu au nord de s Vierge, étoile de 3« grandeur.
Jours. Passage Méridien. . Coucher de Pallas. ConstellatioB.
20 Juillet 4''52- soir. O"» 15- matin. Chev. de Bérésicb.
25 » 4 39 » 11 59 » »
30 « 4 26 » 11 42 I) »
4 Août 4 13 » 1126 » Vierge.
9 » 4 0 » 11 9 » »
14 » 3 48 » 10 54 » »
Pallas continue son mouvement direct vers le Sud-Est.
Le 1«' août, la distance de Pallas à la Terre est de 437 millions de kilomètres
et sa distance au Soleil est de 490 millions de kilomètres.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 279
Coordonnées au 29 Juin. : Ascension droite... 12'' 46*. Déclinaison.. 16M0' N.
» 9 Août : » » 13 13 » 13 50 N.
Junon continue sa marche dans la constellation de la Vierge, un peu au nord
et dans le voisinage de Cèrès, à la distanc,e de 3«> à 4^ au plus. Du 15 au 22 juillet,
elle séjourne auprès de Ç Vierge.
Jours. Passage Méridien. Coocher de Janon. Constellation.
20 Juillet 5'»42- soir. 11»'49'" soir. Vierge.
25 » 5 26 « 11 31 » )»
30 » 5 9 u 11 12 » M
4 Août 4 53 » 10 54 - »
9 » 4 37 » 10 36 » »
14 » 422 » 10 19 i» »
La marche de Junon est toujours directe.
La distance de Junon à la Terre est' de 505 millions de kilomètres, au 1" août,
et de 493 millions du Soleil.
Coordonnées au 20 juin. : Ascension droite... 13''36-. Déclinaison... 0*51' N.
» 9 août : » » 13 50 » 0 59 N.
Vesta, sera observable avec une jumelle marine dans la constellation du Tau-
reau. Du 19 au 31 juillet, elle passera au travers des Hyades, au nord de y, 6 et
a et au sud de S et e.
Jours. Lever de Yesta. Passage Méridien. Constellation.
16 Juillet 1"» 12- matin. 8"* 31" matin. Taureau.
21 » 0 58 » 8 19 » »
26 » 0 44 • 8 6 »
31 » 0 31 »> 7 54 » »
5 août 0 17 » 7 42 » »
10 » 0 3 »> 7 29 » »
Le 20 juillet, à 2*» du matin, Vesia. sera visible à 41' au nord de Fétoile de
4« grandeur y Taureau. Le 30 juillet au matin, la petite planète sera en coiyonc-
tion avec Aldéba.ra.n dont elle ne sera éloignée que de 16'.
Le mouvement de Vesta est toujours direct.
Le !«' août, Vesta est distante de 431 millions do kilomètres de la Terre et de
378 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 20 juillet : Ascension droite. . . 4'* 14". Déclinaison. . . 16* 3' N.
» 9 août : » » 4 44 » 17 2 N.
Jupiter. — Cette brillante planète continue à s'éloigner de Régulus et à se
montrer chaque soir dans le ciel de TOccident. On pourra la voir dans le voisi-
nage de Régulus, de Mercure et de Vénus. Jupiter va bientôt disparaître derrière
le Soleil.
Joart. Passage Méridien. Goncher. Constellation.
15 Juillet 2*54- soir. 9'' 48- soir. LrON.
19 » 2 41 » y 33 » »
23 » 2 29 » 9 19 » »
27 » 2 16 » 9 5 » »
280 L'ASTRONOMIE.
Joan. Pasf^ge Méridien. Cooclier. Constellation.
31 Juillet 2*" 3- soir. 8''51"' soir. Lion.
3 Août i 54 » 8 40 » »
7 » 1 41 .• 826 •
Il » 1 28 » 8 12 » »
La marche de Jupiter est encore directe.
Le l**" août, le diamètre de la planète est de 29' 4; sa distance à la Terre de
930 millions de kilomètres et du Soleil de 802 millions de kilomètres.
L'observation des éclipses des Batellites de Jupiter est devenue impossible.
Saturne. — Saturne redevient visible dans les Gémeaux, le matin, à rOrient.
Deux conjonctions fort curieuses seront observables : le 20 juillet, Saturne db
sera distant de Tétoile de 3-5 grandeur, y) des Gémeaux, que de 30'. A la simple
vue, rétoile et la planète, qui sera au sud, confondront leurs rayons; une lunette
astronomique munie d'un fort oculaire devra être employée pour séparer les
deux astres. Le 5 août, vers 5*> du soir, l'on apercevra Saturne à 4'17' au sud de
jA Gémeaux, belle étoile de 3« grandeur. ,
Jonri. ' Lever. Passage Méridien. ConatellaUon.
16 Juillet 2^31- matin 10*28- matin. Gémeaux.
21 » 2 t4 » JO 11 » »
• 26 » 1 57 » 9 54 « »
31 » 1 40 »' 9 37 » ■
4 Août 1 26 *• 9 23 » »
9 » 19 » 9 6 u »
14 » 0 51 » 8 48 « I)
Le l^'' août, le diamètre de Saturne est de 15'4 ; sa distance à la Terre est de
1454 millions de kilomètres, et au Soleil de 1336 millions de kilomètres.
Uranus. — Cette planète ne se coucbe plus que deux heures après le Soleil, à
la fin de juillet, et par suite devient presque impossible à découvrir.
3« ÉTOILES FILANTES :
Tous les ans, du 26 au 29 juillet, on remarque un riche courant de météores
avec des centres d'émanation répandus sur toutes les parties de la sphère céleste.
Dans nos latitudes boréales, aucune de ces sources ne se distingue d'une ma-
nière particulière; mais les habitants de Thémisphère austral aperçoivent, au sud
de Fomalhaut du Poisson austral, un point radiant d*où se sont répandus, en 1840
et en 1865, une multitude de ces projectiles lumineux.
C'est du 9 au 14 août qu'apparaît le plus riche essaim de corpuscules qui a
pris le nom de Larmes de Saint-Laurent; en l'honneur du saint dont la fête se
célèbre à cette date de l'année. Le nombre des points de divergence visibles est
très élevé et atteint le chiffre de 40. Les centres d'émanation sont un point voisin
de ti Persée, ce qui leur a fait donner le nom de Perseïdes. Il existe d autres
centres : entre ? Cassiopée et o Andromède, 8 et 6 du Cygne.
Eugène Vimont.
A. BARDOU
CONSTRUCTEUR D1NSTRUMENTS irOPTIQUE
FOURNISSEUR DU MINISTÈRE DE LA GUERRE
Circulaire ministérielle du 29 Juillet 1872.
55, me de Chabrol, & Paris.
Lunettes astronomlqnes, corps cuivre avec chercheur, tube
d'oculaire à t; lémaillero pour la mise au foyer. Monture équato-
riate à latituiLe variable de O à 90«, cercle horaire et cercle de
docLinalson donnant la minute par les verniers; pince pour Axer
la lunetlc en déclinaison. Pied en fonte de fer reposant par trois
vis caUintea sur trois crapaudines {fig. 1).
L'o^uiairi; la plu^ faible est muni d'un réticule.
DIAMETRE
des cercles.
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OCULAIRES.
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Terres-
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1
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100, 150, 200 et 4bO
2500
Lunettes astronomlqnes et terrestres, corps cuivre aveo
chcjrohourT |>iud fer et soutien de stabilité servant à dirieer la
lunette par mouvement vertical lent au moyen d'une crcmail-
ItTis tiibo d'oculaire à crémaillère pour la mise aii foyer. L'in»
Bt ru ment [fiff. 'il\ et ses accessoires sont calés dans une botte en
«apiu rougo.
il
5 .
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OCULAIRES.
H
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275
360
465
650
Augmentation pour
pied de rechange en
chêne permettant
d'observer debout.
Terres-
tres.
Célestes.
1
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50
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Grossissements.
O-,07;î
o-.oei
1»,6()
80 et 150
75, 1!?0 et 200
85, 130 et 240
100, 160 et 270
25
35
35
35
Lonettes astronomlqnes et terrestres, corps cuivre, pied
rer, [noiiVÊiucntj^ prompts, tube d'oculaire à crémaillère pour la
mise au foyer. J /instrument et ses accessoires sont cales dans
une boilfl en snpin rouge.
OCULAIRES.
Célestes.
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IX.
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pied de
chône
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100
135
85
140
175
25
100
2-25
25
90
100
80 et 150
On peut ajouter et l'on ajoute généralement à ces divers
modèles :
Montnre & prisme pour ob8er^'er facilement an zénith.
Prix 86 fr.
Ecran pour examiner les taches du Soleil. Prix 15 fr.
MAISON LEREBOURS ET SECRÉTAN
G. SECRÉTAN, Successeur
MAGASINS, 13, place du Pont-Neuf. — ATELIERS, 54, rue Daguerre.
Les instruments équatoriaux désignés ci-dessous sont des instruments complets, à
monture très stable, avec micromètre de position, mouvement d*horlogerie isochrone,
cercles divisés sur argent, divisions de calage, rappel dans le sens horaire sur la lunette,
double éclairage, etc., etc.
Pour les basses latitudes, le pied en fonte de l'instrument aura la forme rectanjru-
laire et le mouvement d'horlogerie âera logé dans le pied; pour les hautes latitudes, lo
Fied sera en général une colonne ronde et le mouvement d'horlogerie sera adapté à
extérieur de la colonne. — La lunette sera pourvue d'un chercheur de grande ouver-
ture et aura au moins trois oculaires sans compter celui du micromètre et du chercheur.
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Spetlroscope avec
vis 111 kromé trique
et prisme k vision
Uirecle,...- 660
Spectroscope à 2 prismes en flint de
48-», objectif de 27"" et 192""' de dis-
tance focale, lentille cylindrique achro-
matique,prisme de comparaison, loupe
pour observer l'image sur la fente, vis
micrométrique avec tambour divisé sur
argent, second tambour servant àcnre-
fistrer les observations faites dans
obscurité, arrantrement jnour fixer
avec facilité des tubes de ôeisslcr ou
despointesmélalliçiues entre lesquelles
on lait jaillir l'étincelle électrique, 3 '•■
oculaires 1 .000
Le même avec adjonction d'uu prisme à '■•
vision directe 1.100
Chambre noire pour adapter à rin^tru-
ment et pourvue d'un obturateur instan-
tané suivant la grandeur de l'instru-
ment aOOà 400
Oculaire a grand champ et faible gros-
sissement laissant toute la lumière que
la lunette comporte * 40
Hélioscope 800
Oculaire à. lame de verre divisée en
mailles carrées de petit niveau pour
prendre des mesures avec l'hélioscope. 60
Paris. — Imp. Gauthier- Villars, 55, quai des Grands -AuguBtîna.
•. «' ■■ I
4' Année.
N" 8.
Août 1885.
. REVUE MENSUELLE ,
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
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DANS LA CONNAISSANCE DB t'UNlVBRS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
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La Rbtub parait le l*»* de chaque MoiR.
PARIS.
gâuthier-yillars, imprimeur-libraire
DE l'observatoire DB PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
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MAISON LEREBOURS ET SECRÉTAN
G. SECRÉTAN, Successeur
MAGASINS, 13, place du Pont-Neuf. — ATELIERS, 54, rue Daguerre
-< s
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monture très stable, avec micromètre de position, mouvement d'horlogerie isochnD?,
cercles divisés sur argent, divisions de calage, rappel dans le sens horaire sur la lune !'
double éclairage, etc., etc.
Pour les basses latitudes, le pied en fonte de l'instrument aura la forme recUngi-
lairç et le mouvement d'horlogerie sera logé dans le pied; pour les hautes latit^d^.
Pied sera en général une colonne ronde et le mouvement d'horlogerie sera adapté .
extérieur de la colonne. — La lunette sera pourvue d'un chercheur de grande ouv^
ture et aura au moins trois oculaires sans compter celui du micromètre et du cherchf-
Lniffb qiîlirialf*
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Speclroacope à 1 prismes on fliut de
48—, objectif de 27— ■ et 19-2'— de dis-
tance focale, lentille cylindrique achro-
matique,prisme do comparaison, loupe
pour observer l'image sur la fonte, vis
microraélrique avec tambour divisé su r
argent, second tambour servant aenre-
Pistrer les observations faites dans
obscurité, arrangement pour fixer
avec facilité des tubes de ôeissier ou
detpointes métalliques entre leiquellea
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— j:.'ASTROnomie. —
281
LE MASCARET.
La Pleine Lune brillait, suspendue dans le ciel, comme une sphère écla-
tante; son pâle visage semblait regarder la Terre en répandant sur elle une
clarté éthérée; dans le miroir de la Seine indolente ses rayons d'argent glis-
saient en scintillant sur chaque petite vague. Au bord du fleuve, l'antique et
Fig. Ofi
Le mascaret, à Caudebec.
si pittoresque petite ville de Caudebec était endormie, resserrée autour du
vieux clocher gothique qui la domine; on n'entendait que le bruissement,
léger comme un souffle, du vent dans les marronniers, les ormes et les til-
leuls séculaires qui bordent le fleuve. Enveloppé de calme et de silence, le
contemplateur pouvait se ci'oire transporté sur les rives solitaires d'un lac
oublié au fond des campagnes.
Ce cours de la Seine à son embouchure est peut-être unique au monde par
Août 1885. 8
282 L ASTRONOMIE.
son caractère. C'est une ondulation de serpent, nonchalamment étendu,
endormi dans ses plis. De Rouen au Havre, il n'y a, à vol d'oiseau, que
soixante-dix kilomètres, tandis que les sinuosités de la Seine en décrivent
plus de cent vingt, avec une pente de 5" 74 seulement. C'est vraiment un lac.
dont les rives vont en s'écartant insensiblement Tune de l'autre, jusqu'au
large estuaire de l'embouchure.
Le clair de lune agrandit to;it. Les ombres sont plus intenses, Les murs
paraissent plus élevés, les arbres plus noirs. Nous suivions en silence les
rives du fleuve dont les vagues légères venaient mourir à nos pieds ; les bos-
quets, les silhouettes des maisons normandes aux balcons échancrés, la
flèche de l'église aux noires ogives dessinaient un paysage humain nous
rappelant que nous appartenions encore à la terre ; mais nos pensées flottant
sur les ondes, bercées entre ciel et terre, descendaient comme en un rêve
vers la mer, vers l'horizon vague où le ciel et la terre se confondent.
Toute mystérieuse qu'elle soit, la clarté de la lumière lunaire est encore
d'une grande intensité. Un monde éclairé seulement par une lumière égale
à celle de notre clair de lune ne serait point un séjour nocturne. Peut-être
serait-il plus tempéré, moins rude, moins cru, que le nôtre, composé non de
durs contrastes, mais de tons et de nuances; les yeux auraient acquis une
faculté de perception plus puissante, l'oreille serait plus délicate et plus sen-
sible, le système nerveux tout entier étant plus impressionnable; mille
nuances indécises qui nous échappent formeraient la base de nos impres-
sions, de nos idées, de la double vie, physique et morale, matérielle ei
intellectuelle, qui constitue l'elre humain. Et, qui sait? les sens qui nous
manquent sont-ils nés, peut-ôtre, sur les mondes éclairés par de pâles soleils,
— mondes affranchis de ces éléments disparates qui nous plongent tour à
tour dans les feux du solstice, dans la neige des hivers, dans l'éblouissaut
éclat du Soleil, dans la nuit profonde, dans l'orage aux tonnerres retentis-
sants, dans les tempêtes et les inondations, dans les volcans et les tremble-
ments de terre, — mondes affranchis de ces impressions trop brusques,
trop grossières, et dans lesquels les premiers organismes vivants ont donné
naissance à des êtres délicats et sensibles, de plus en plus perfectionnés.
Si le clair de lune double l'intensité des ombres, le calme de la nuit
développe singulièrement aussi la faculté d'entendre. Qui d'entre nous
n'a remarqué combien, dans cet universel recueillement des choses, deux
êtres rapprochés s'entendent sans se parler, môme à voix basse? Ne semble-
t-il pas que, dégagés des bruits et des diversions du jour, les cœurs battent
mieux à l'unisson, et qu'une pression de mains sufflse pour mettre en com-
munication subite et profonde les sources d'électricité nerveuse qui circulen
en nous? Le Soleil est un astre splendide, la lumière du jour est pénétrante
LE MASCARET. 283
et féconde; mais les cordes les plus intimes de la lyre humaine vibrent avec
plus d'intensité dans les harmonieux silences de la nuit. L'astronome peut
regretter que les habitants de Vénus ne connaissent pas la calme et mélan-
colique beauté des clairs de lune.
Alors on sent mieux l'attraction qui, dans la nature entière, gouverne les
mondes et les êtres, les atomes et les âmes. L'espace est une nuit. C'est à
travers la nuit que les astres s'attirent, à travers la nuit qu'ils voguent en se
cherchant, à travers la nuit qu'ils exercent les uns sur les autres les
influences auxquelles leurs destinées sont suspendues. Jl n'y a de jour qu'à
la surface des mondes, et seulement dans le voisinage de leur moitié éclairée ;
l'espace n'est pas visible : il laisse passer la lumière des soleils et reste noir,
obscur, transparent, à midi comme à minuit. La Terre n'a pas d'yeux jwur
voir Jupiter glisser dans les cieux à 155 millions de lieues d'elle; pourtant
elle le sent, elle le devine, et lorsqu'il passe, à cette immense distance même,
elle subit son attraction et, au lieu de suivre directement l'orbite qu'elle doit
décrire autour du Soleil, elle s'écai'te, malgré sa masse si énorme, elle s'é-
carte de sa route et se laisse dévier par lui. — La déviation est de 2" 10 pen-
dant cette heure de plus grand rapprochement de Jupiter et de la Terre. —
L'aiguille aimantée enfermée dans une cave de l'observatoire ne voit pas le
régiment qui passe sur le boulevard voisin; pourtant elle est toute troublée,
agitée, contrariée de la perturbation apportée par les bayonnettes, et elle
oscille sans repos tant que la cause n'a pas disparu. — La foudre ne voit pas
la clef portée dans la poche d'un paisible habitant de la maison voisine
tranquillement assis dans son fauteuil; pourtant l'orage passe, la foudre
éclate et va justement frapper sa victime en lui arrachant ses vêtements. —
La mer ne voit pas la Lune planant dans les cieux; mais elle la sent, ses
eaux la cherchent, la désirent, s'élèvent vers elle, et, avec la Lune, la marée
formidable fait le tour du monde.
Le spectacle des grandes marées, surtout aux époques où le Soleil et la
Lune se réunissent pour appeler les eaux sur un même diamètre du globe
terrestre, est éminemment propre à nous faire concevoir la grandeur et la
puissance de l'attraction. Ainsi, en ce moment, par exemple, la pleine Lune
attire les eaux de ce côté-ci du globe et la mer entière est soulevée vers le
ciel par la puissance d'une main invisible. Mais ce n'est pas seulement la mer
qui est soulevée, c'est la terre entière, à ce point qu'en ce moment même, de
l'autre côté du globe, l'Océan reste au-delà de ce déplacement de la Terre
vers la Lune et produit précisément chez nos antipodes une marée symé-
284 L'ASTRONOMIE.
irique de celle-ci. Le Soleil ajoute son influence. L'équilibre est d'une telle
délicatesse que les nuances les plus légères en modifient rharmonie. Loin
• d'être pesante et grossière, la création est pour ainsi dire immatérielle.
Aux époques de mascaret, c'est-à-dire à chaque marée de Pleine Lune et
de Nouvelle Lune, mais surtout aux jours de grandes marées d'équinoxe, le
fait si bizarre et si paradoxal de la rétrogradation de la Seine impétueusement
poursuivie par les eaux de la mer qui la forcent à remonter son cours est
l'un des plus curieux spectacles qui se puissent voir. Ce grand et émouvant
spectacle n'a qu'un tort : c'est d'être aux portes de Paris. C'est si près, que
personne ne va le voir et qu'il n'y a pas un Français sur mille qui l'ait con-
templé. Si c'était en Suisse, en Italie, sur le Rhin ou sur le Danube, tout le
monde y courrait.
Spectacle merveilleux, en effet, surtout pour celui qui sait le comprendre.
Dans le silence de la nuit, sous la rosée lumineuse du clair de lune, on
entend d'abord, on perçoit un vague murmure, comme un frisson dans
l'atmosphère, comme un frémissement dans le feuillage. En cherchant à le
définir, on croit distinguer des froissements de vagues, cette sorte de bruit
sinistre précurseur des inondations. Pourtant la Seine coule tranquillemenl
à nos pieds, calme, paisible, silencieuse. Le bruit grandit, et là-bas, sachant
que la mer va arriver, nous commençons à reconnaître des crêtes de vagues.
Oui, les voici qui s'avancent! Cavales à la blanche crinière, éclairées par
l'astre des nuits, elles sautent là-bas, au loin, bondissant et disparaissent.
Les voici qui approchent... Le bruit grandit, devient tumulte. Une muraille
liquide, haute, houleuse, agitée, arrive avec la vitesse d'un cheval au galop;
déjà une partie des flots a bondi sur la rive opposée, paraissant jeter toute
la barre aquatique sur les campagnes riveraines; mais elle s'est reformée,
la muraille liquide; elle occupe la largeur entière du fleuve et semble
précédée par un long sillon noir. Quel torrent! Quelle avalanche! C'est la
mer! C'est la mer! La Seine a fui, disparu, la mer est arrivée avec un
niveau supérieur à elle de plusieurs mètres, et maintenant à nos pieds
s'agitent les vagues immenses et courroucées. Elle a passé comme un
torrent, bondissant toujours en- avant, et, sans arrêt, elle continue son
cours, poursuivant les eaux du fleuve comme un escadron de cavalerie
poursuit les fuyards.
Etrange et grandiose dans le silence de la nuit, sous la froide clarté de la
Lune qui semble se désintéresser des effets qu'elle produit elle-même, le
mascaret est, à la lumière du jour, moins mystérieux, mais plus vivant. On
LE MASCARET.
285
en saisit mieux les multiples détails, et les gracieux paysages qui l'enca-
drent mettent en lumière tout son mouvement et toute sa beauté. Le rouleau
d'eau jaillissante semble tourner en avançant à travers le fleuve, comme un
serpent gigantesque, et derrière lui arrivent les vagues avant-courrières de
la grande nappe de marée. Tous les obstacles placés sur sa marche Texaspè-
rent et augmentent son élan. Il bondit sur les rochers de la rive, les quais et
les digues, et s'élance aveuglément vers un but qu'il ignore. Malheur à la
barque qui s'aventure à traverser le fleuve à cette heure! Plus d'un voyageur
a payé de sa vie l'imprudence d'un instant. Personne n'a oublié la fin si
tragique de la fille de Victor Hugo, de son jeune mari, Charles Vacquerie,
Fig. 97.
Plan de l'embouchure de la Seine.
qui voulut mourir avec elle, du marin et de l'enfant qui conduisaient la
barque. (Villequier, 4 septembre 1843.)
Le mascaret a tant bouleversé le lit du fleuve, les courants changent si
souvent en cette région, que nul ne peut s'y fier. Cette grève enchanteresse,
parfumée tour à tour par les brises du rivage et de la mer, s'est mille fois
couverte d'épaves et de cadavres. Les naufrages y sont plus nombreux que
sur les rives de la mer voisine. Que de souvenirs endormis dans le cimetière
de Villequier !
Mais le flot passe devant nous avec une vitesse terrifiante. En un instant
le fleuve a fait place à la mer. Le contemplateur reste stupéfait de la transfor-
mation soudaine qui vient de s'accomplir sous ses yeux et du tumulte des
eaux profondes, il se souvient de l'impression si juste du berger de Virgile.
Stabat, et ingénie motu stupefactus aquanim !
286 L'ASTRONOMIE.
Ce grandiose phénomène est produit par la marée qui arrive du large dans
rcmbouchure de la Seine, dont le fond va en s'élevant graduellement et dont
les rives vont en se resserrant. En vertu d'une loi mécanique bien connue,
les ondes se propagent d'autant plus vite que Teau est plus profonde. Les
premières vagues de marée arrivant dans une eau moins profonde, sont
ralenties ; celles qui viennent derrière elles les poussent, les dominent, les
dépassent, et ainsi de suite (*). La Seine immense coulait tranquillement; mais
insensiblement l'Océan la refoule, opposant son courant au sien. Elle lutte,
résiste, paraît s'étonner, combat, fait des concessions, glisse le long des
rivages et des plages, cherche à s'échapper; mais, sourd, TOcéan se fait mur
et avance. Confiante en sa destinée, elle hésite longtemps encore et change
son cours. Elle semble s'interroger. « Ne sommes-nous pas dominés parfois
par des lois inconnues, par des forces supérieures?... Pourtant les fleuves
ne remontent pas vers leur source. Sa destinée, sa fin, n'est-elle pas de
descendre toujours, de marier ses ondes aux flots de l'Océan, de se fondre et
de mourir en lui? Pourquoi donc la repousse- t-il aujourd'hui? Non, ce n'est
pas possible : ce n'est qu'un orage. » Mais à l'embouchure la mer s'est fermée;
un mur dense, lourd, impénétrable s'est mis à marcher, poussé par la marée.
Il marche, il s'élève, et toutes les eaux du fleuve réunies n'arriveront pas à
passer par dessus. A mesure qu'il avance en remontant, il acquiert plus de
force et plus d'énergie. La marée augmente encore, Le flot s'épaissit, se sou-
lève, s'irrite des dernières résistances de la Seine, qui descend toujours.
Alors, il semble qu'emporté par une implacable fureur, l'Océan saisisse
la rivière tout entière, la repousse avec violence et la force, sans trêve ni
merci, à reculer vers sa source à la vitesse de vingt-cinq kilomètres à l'heure
et sur une longueur de cinquante kilomètres! Deux heures plus tard, elle
revient, fidèle, calme, oublieuse du passé, s'abandonner à l'abîme immense.
Mais à chaque marée, deux fois par jour, le même phénomène se reproduit.
Aux jours de faible marée, il est peu sensible. Aux jours de grandes marées,
il se présente tel que nous venons do le décrire. Lorsqu'il est contrarié par
le vent, il est plus formidable encore.
La Seine devenue mer était encore houleuse et agitée, lorsque les douze
coups de l'heure de minuit s'envolèrent du clocher de la vieille église. Nous
avions suivi le rivage au loin, en causant de cette mystérieuse attraction
(') Le volume moyen d'eau de mer refoulé parla marée est d'environ trente millions
de mètres cubes; le volume moyen des eaux douces descendantes est de vingt millions
de mètres cubes. La différence entre ces deux volumes s'accroît avec l'intensité des
marées.
RÉFORME DU CALENDRIER. 287
lunaire qiii agit ainsi sur notre monde, et de l'harmonie générale des
mouvements célestes qui régit la grande œuvre de T univers. Qui sait, pen-
sions-nous, si, en dehors des bruits d'ici-bas, la gravitation rapide de toutes
les sphères dans l'espace ne produit pas une sorte de mélodie simple et gran-
diose aux modulations variées! Ce tumultueux bouleversement du fleuve
dont nous venions d'être témoins, est lui-même un produit de Tharmonie,
une complication d'ondes, et sa cause originaire n'est autre que l'attraction
elle-même, car c'est elle qui fait descendre l'eau des fleuves, comme c'est
elle qui fait monter les marées. Singulière antinomie!... Et nous nous de-
mandâmes si; dans l'humanité comme dans la nature, dans le cours de la vie
comme dans l'océan des âges, tous les actes n'auraient pas pour origine, en
dernière analyse, une loi suprême : l'attraction.
Camille Flammarion.
P. S. — Les plus grandes marées de cette année seront celles du il août et du
0 septembre prochains. Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à choisir
Tune ou l'autre de ces dates pour aller contempler le mascaret, soit à Caudebec,
soit à Villequier.
RÉFORME DU CALENDRIER.
Monsieur le Directeur,
J'ai lu avec le plus vif intérêt, dans la Revue astronomique que vous dirigez,
deux articles touchant une des questions les plus intéressantes qui existent
certainement au point de vue pratique, — je veux parler de la réforme du
calendrier civil.
Dans une première communication en date du mois de septembre dernier, vous-
même, monsieur le Directeur, faisiez appel à toutes les bonnes volontés, pour
hâter la solution d'un problème que vous considérez à si juste titre comme essen-
tiel, au point de vue des relations sociales de toute nature, et surtout en ce qui
concerne les rapports entre personnes appartenant à des nationalités diffé-
rentes.
Votre appel fut entendu , et, dans le numéro de l'/lsf ronomie du mois de
novembre, j'ai suivi avec une grande satisfaction les progrès de la grande cam-
pagne scientifique dont vous vous êtes fait l'instigateur.
11 ne m'appartient pas de décerner à l'auteur anonyme du remarquable article
auquel je fais allusion tous les éloges qu'il mérite, et qu'il obtiendra certainement
de la part du public et du monde savant. ^ Je n'entreprendrai pas non plus de
revenir sur les curieux détails historiques contenus dans cet intéressant mémoire.
— Mais j'espère, monsieur le Directeur, que vous me permettrez d'apporter ma
288 L'ASTRONOMIE.
modeste pierre à l'édifice dont vous êtes Tarchitecte, et que vous voudrez bien
accorder l'hospitalité de vos colonnes aux quelques observations qui vont suivre.
Veuillez agréer, etc..
Jules Bonjean,
Docteur en droit, Avocat à la Cour d'appel.
§ l<^ — Bases essentielles d'un calendrier normal.
Si ron analyse d'une manière générale les différents systèmes qui ont été
successivement adoptés, tant dans Tantiquité que dans les temps modernes,
pour régler la computation du temps, on s'aperçoit, non sans étonnement, que
les plus illustres réformateurs n'ont obtenu que des résultats relativement
très imparfaits. Et pourtant, il semble à première vue que rien ne soit plus
facile à un législateur, disposant d'un pouvoir souverain, que d'imposer aux
populations des règles absolument méthodiques et parfaitement satisfaisantes
à tous égards en ce qui concerne le calendrier.
A quoi tiennent donc ces difficultés si considérables, que les plus beaux
génies de toutes les époques n'ont pu les surmonter entièrement? Pourquoi
n'est-on jamais arrivé jusqu'à ce jour à établir un système de computation
du temps, qui donnât satisfaction à tous les intérêts et à toutes les
exigences?
La cause de ces perpétuels changements et de ces constants insuccès est, à
notre avis, facile à dégager : c'est la multiplicité des points de vue auxquels
le législateur peut et doit se placer, pour régler les diverses divisions du
temps. — Et en effet, il doit tenir compte tout à la fois : 1** De la durée des
principales évolutions astronomiques ; 2° Des mœurs, voire même des préju-
gés invétérés de la population; 3*» Enfin et surtout, des nécessités de la vie
pratique.
Or, dans la plupart des cas, il est impossible de donner en même temps
satisfaction à ces différents ordres d'idées, et le créateur d'un nouveau calen-
drier se voit souvent obligé d'opter entre des considérations également res-
pectables et pourtant opposées. — 11 s'en suit nécessairement que, dans ce
conflit d'intérêts de diverses natures, un point de vue se trouve presque tou-
jours sacrifié à un autre; ce qui explique les lacunes et les imperfections qui
se rencontrent fatalement dans tous les calendriers.
En présence de cette impossibilité d'arriver à un résultat absolument satis-
faisant à tous égards, quelle est donc la ligne de conduite que doit suivre le
réformateur ? — Faut-il qu'il se retranche exclusivement dans le dimiaine
de la science pure, qu'il ne prenne en considération que les seules cvoi niions
(les planètes, en n'envisageant que le point de vue astronomique? — Doit-il
au contraire, imitant en cela les Pontifes romains, se laisser influencer par
RÉFORME DU CALENDRIER. 289
le respect de la tradition, au point de laisser subsister des procédés de com-
putation que répudient à la fois la science pure et le bon sens pratique? Doit-
il, en un mot, se placer exclusivement au point de vue traditionnel ? — Ou
bien, dédaignant également les principes de la science et les considérations
historiques les plus respectables, faut-il qu*il n'ait d'autre souci que de
créer des divisions commodes, appropriées aux besoins de la vie, et qu'il ne
s'attache qu'au point de vue pratique ?
A notre avis, aucune des trois méthodes que nous venons d'indiquer ne
peut donner à elle seule des résultats satisfaisants; et, pour se convaincre
de l'exactitude de cette proposition, il suffit d'envisager les conséquences
absurdes auxquelles on arriverait, en adoptant exclusivement un des trois
systèmes que nous avons mentionnés.
Supposons, en effet, que l'on envisage uniquement le point de vue astro-
nomique. — On se trouve dès l'abord en présence de difficultés insurmon-
tables; car le commencement et la fin de chacune des évolutions planétaires,
dont il faut nécessairement tenir compte, ne coïncident pas exactement :
l'année solaire ne se compose précisément ni d'un certain nombre de mois
lunaires, ni même d'un certain nombre dejours. Bien plus, les jours solaires
ne sont pas rigoureusement égaux entre eux. — S'il fallait donc s'attacher
exclusivement aux phénomènes sidéraux, il serait nécessaire de rédiger des
tables astronomiques, dont l'usage ne serait accessible qu'aux seuls savants,
et qui ne pourraient en aucune façon constituer un calendrier, dans le véri-
table sens du mot. — Mais là n'est pas le seul inconvénient d'un tel système :
quand bien môme les évolutions astronomiques les plus longues seraient
exactement des multiples des plus petites, on n'obtiendrait pas encore un
résultat satisfaisant à tous égards. Imaginons en effet, pour un instant, que
l'année solaire se compose précisément de 365 jours et de 5 mois lunaires,
ayant chacun 73 jours ; quelles seraient les conséquences d'une hypothèse si
favorable? — Nous obtiendrions des divisions très scientifiques peut-être,
mais à coup sûr inapplicables aux besoins divers de la vie sociale. Comment,
en effet, pourrait-on se contenter d'un système où aucune des périodes ne
serait facilement fractionnable; où l'on ne pourrait distinguer ni demi-année
comprenant un nombre exact de mois, ni demi-mois comprenant un nombre
exact de jours ; surtout si l'on considère l'énorme distance qui séparerait
une année de 365 jours d'un mois de 73, et un mois de 73 jours d'une
simple journée ? — On voit donc par cette simple hypothèse que, môme on
supposant une coïncidence parfaite entre les diverses évolutions des astres,
on ne saurait encore se retrancher exclusivement dans le domaine delà science,
sous peine de produire une œuvre absolument inapplicable aux néces-
sités de la vie pratique; sans parler du bouleversement qu'une telle inno-
8*
290 L ASTRONOMIB.
vation apporterait dans les mœurs et dans les habitudes de la population.
Faut-il donc, rejetant toute idée scientifique, et désespérant d'arriver
jamais à une solution méthodique de la question, nous contenter d'appliquer
aussi exactement que possible les règles que nous ont transmises nos devan-
ciers, et nous borner à suivre la tradition ? Une telle opinion ne saurait, à
notre avis, être sérieusement défendue. — Sans doute, il existe dans notre
calendrier actuel certaines dispositions qui, bien que peu justifiables au
point de vue logique, sont néanmoins respectables en raison de leur concor-
dance avec des mœurs et des usages profondément ancrés dans l'esprit de la
population; mais, par contre, il faut bien reconnaître que plusieurs autres
règles, qui n'ont également d'autre fondement que la tradition, pourraient
être réformées sans blesser aucunement les habitudes nationales. — C'est
ainsi, par exemple, que, si Ton conçoit que Ton recule devant la suppression
de la semaine, période traditionnelle par excellence, on ne s'explique guère
que par un esprit de routine vraiment singulier la persistance qu'on a mise
à n'assigner que 28 jours au mois de février, alors que le nombre des mois
de 31 jours dépasse d'autre part celui des mois de trente.
En présence de cette impossibilité où nous nous trouvons de nous guider
uniquement d'après les données de la science, ou d'après les usages tradi-
tionnels, il semble au premier abord que le seul parti à prendre soit de se
restreindre dans les bornes àes considérations pratiques ; mais ici encore, nous
tomberions sur un autre écueil.— Supposons, en effet, que Ton fasse abstrac-
tion de toute idée scientifique ou historique ; qu'arrivera-t-il ? On se conten-
tera de constituer des périodes factices, d'un usage absolument commode,
facilement divisibles les unes par les autres : on créera, par exemple, une
année de 100 jours, comprenant 10 mois de 10 jours chacun; ou bien encore
une année de 240 jours, se subdivisant en 12 mois de 20 jours, fractionnés
chacun en petites périodes de 5 jours. — Il est inutile d'insister sur les incon-
vénients que présenterait un pareil calendrier : très commode sans doute
pour la supputation des délais, des échéances, du temps réellement écoulé
depuis une date déterminée, il ne procurerait aucun élément d'appréciation
touchant le retour des phénomènes les plus essentiels môme au point de vue
pratique; et d'autre part, il ne serait nullement approprié aux mœurs et aux
habitudes d'esprit de la population.
Quels sont donc les principes que l'on doit adopter, pour fonder les bases
d'un calendrier véritablement bon et utile, sinon parfait? —Nous venons de
voir qu'il était impossible de se placer exclusivement à lun des trois points
de vue astronomique, traditionnel ou pratique. Il faut donc combiner entre
eux ces divers éléments, en sacrifiant le moins possible chacun d'eux.
Mais, en cas de conflit entre des considérations d'ordres différents, quel
RÉFORME DU CALENDRIER. 291
sera le critérium à adopter ? — A notre avis, c'est le poiat de vue pratique
qui devra toujours prévaloir. Et en effet, quel est le but essentiel du calen-
drier ? Est-ce de faire connaître aux savants le moment précis où doivent se
produire les phénomènes astronomiques ? Est-ce de perpétuer le souvenir
d'usages et de préjugés depuis longtemps disparus ? On ne saurait le soute-
nir sérieusement. — Il faut donc avant tout, quand on entreprend de réfor-
mer le calendrier, se préoccuper des nécessités de la vie usuelle : chercher à
créer des divisions simples, facilement fractionnables, concordant autant que
possible entre elles, et suffisamment variées pour que l'une ou l'autre cor-
responde presque toujours à une durée d'un usage commode pour régler nos
affaires, nos travaux, ou notre repos. Sans doute, par suite même de ces con-
sidérations utilitaires, il faut aussi tenir compte des données de la science,
et respecter dans une certaine mesure la tradition ; mais on ne doit renoncer
aux divisions simples et commodes qu'à la dernière extrémité, et qu'autant
qu'il est absolument démontré qu'un inconvénient pratique sérieux résulte-
rait de l'omission d'une considération astronomique ou traditionnelle.
§ 2. — Critique des diverses subdivisions du calendrier grégorien.
Le calendrier grégorien, actuellement en vigueur chez la plupart des
nations civilisées, est incontestablement l'un des meilleurs, sinon le meilleur
de ceux qui ont été usités jusqu'à nos jours. — Nous n'entreprendrons donc
pas de remonter le cours des âges, et nous ne nous livrerons pas à l'analyse
des difTérentes méthodes qui ont été adoptées à toutes les époques, pour sup-
puter le temps. Poursuivant un but essentiellement pratique, nous nous bor-
nerons à étudier en particulier chacune des subdivisions de notre calendrier
actuel, en les appréciant conformément aux principes que nous avons expo-
sés dans notre paragaphe premier.
1^ Le jour. — Le jour est la base même, l'unité primordiale de tout calen-
drier. La succession de la lumière et des ténèbres, au moins dans presque
tous les climats habitables, fait du mouvement de rotation de la Terre la sub-
division du temps la plus nécessaire de toutes, en ce qui concerne la vie
usuelle. — Il est vrai que le jour astronomique ne coïncide pas rigoureuse-
ment avec le jour moyen sur lequel se règlent nos horloges ; mais la diffé-
rence qui les sépare restant toujours dans des limites très étroites, on peut
dire que cette première divison est tout à la fois conforme aux données de la
science, aux exigences de la vie pratique, et qu'elle est de plus sanctionnée
par le consentement universel des nations.
2* La semaine. — 11 en est différemment de la semaine. — Cette période
292 L'ASTRONOMIE.
ne correspond précisément à aucune évolution astronomique r elle présente
de plus le double inconvénient : d'une part, de comprendre un nombre de
jours indivisible; et d'autre part, de n'être pas une fraction exacte de Tannée.
— Néanmoins, nous croyons qu'ici, même au point de vue pratique, le respect
de la tradition s'impose impérieusement. Et en effet, les trois défectuosités
que nous venons de signaler ne sont pas aussi graves qu'elles le paraissent
au premier abord. En premier lieu, si la semaine n'offre aucun intérêt
comme indication du retour de certains phénomènes climatériques, il faut
bien avouer qu'aucune période astronomique d'une durée à peu près sem-
blable n'offrirait plus d'avantages à cet égard; et pourtant il est indispensable
de créer des subdivisions intermédiaires entre le jour et l'année, seuls élé-
ments scientifiques absolument nécessaires par suite des profondes modifi-
cations qu'ils apportent aux conditions de la vie usuelle. Quant à la seconde
objection qu'on peut faire contre la période de 7 jours, elle ne doit pas plus
nous arrêter que la première : car, s'il est vrai de dire que le nombre 7.
essentiellement indivisible, paraît assez mal choisi pour une subdivision
pratique du temps, il ne faut pas oublier qu'un usage constant, corroboré
chez la plupart des peuples par les prescriptions religieuses, consacre au
repos un^des jours de la semaine ; en sorte que les jours ordinaires se trouvent
réduits à six, nombre commode et facilement fractionnable. — Nous nous
trouvons donc en présence d'un seul inconvénient vraiment sérieux : le
défaut de concordance entre la durée de l'année et un nombre entier de
semaines. C'est là sans doute un défaut des plus graves et qu'a parfaitement
fait ressortir l'auteur du remarquable article publié dans cette Revue au
mois de novembre dernier ; mais ce même auteur a placé le remède à côté
du mal, en exposant une méthode artificielle destinée à supprimer l'incon-
vénient qu'il signalait. A notre avis, l'expédient mis en avant par lui serait
parfaitement acceptable; toutefois, au paragraphe suivant, nous nous permet-
trons de proposer à notre tour un procédé empirique d'une autre nature, qui
pourrait peut-être atteindre le même but, sans présenter les mêmes désa-
vantages.
On voit donc que la semaine offre moins d'inconvénients qu'il ne semble
au premier abord, tant au point de vue scientifique qu'au point de vue pra-
tique. — Que si maintenant nous considérons la nécessité de respecter autant
que possible la tradition, aucune période peut-être ne s'impose d'une façon
plus absolue que celle de 7 jours. Et, en effet, chez la plupart des peuples
civilisés, les mœurs, les usages anciens, les doctrines religieuses,, font de
cette subdivision du temps une des bases de réglementation les plus essen-
tielles pour les travaux, les pratiques des divers cultes, les affaires, ou les
plaisirs. Il faut donc renoncer à substituer à la semaine une autre période
UÉFORME DU CALENDRIER. 293
plus méthodique de 5, 6 ou 10 jours, par exemple, sous peine d'apporter un
trouble profond dans les habitudes de la population et de ne créer qu'une
œuvre destinée à périr promptement, comme le calendrier de la Convention
nationale française, si excellent pourtant à d'autres égards.
3** Le mois. — A proprement parler, le mois du calendrier grégorien n'est,
de môme que la semaine, qu'une subdivision purement factice. — Et d'abord
il ne correspond exactement à aucune évolution astronomique. Do plus, les
mois ne sont pas égaux entre eux, et chacun d'eux ne présente pas même
l'avantage d'être une fraction déterminée de l'année. Cet inconvénient est
rendu plus saillant encore par l'inconcevable esprit de routine qui a fait
attribuer seulement 28 jours à février, tandis que d'autre part le nombre des
mois de 31 jours dépasse celui des mois de 30 jours. Enfin, si 4 mois de
l'année présentent bien l'avantage de comprendre un nombre de jours
simple et facilement divisible, il faut remarquer que les 8 autres, c'est-à-dire
le plus grand nombre, sont composés de 31, 28 ou 29 jours, et sont au con-
traire très défectueux à cet égard.
Nous croyons donc qu'une réforme s'impose impérieusement sur ce point.
— Sans doute, nous ne regrettons pas que le mois du calendrier ne corres-
ponde pas au mois lunaire. A la différence des mouvements de rotation et
de translation de la Terre, le mouvement de la Lune autour de notre planète
n'entraîne aucune conséquence pratique suffisamment importante pour qu'on
doive sacrifier au désir d'en tenir compte la simplicité et l'utilité d'un autre
mode de computation. — Nous admettons donc que le mois civil puisse ne
pas concorder avec le mois lunaire, et ne doive être qu'une division artifi-
cielle, qu'un douzième d'année, — Mais, ceci posé en principe, et toute consi-
dération scientifique étant écartée, au moins faut-il que le côté pratique de
la question reçoive autant que possible satisfaction. En effet, nous ne sommes
plus ici, comme en ce qui concerne la semaine, contraints par la nécessité
de respecter des traditions enracinées dans l'esprit de la population ; car les
anomalies qui se rencontrent dans la durée des différents mois ne peuvent
s'expliquer que par le souvenir d'usages et de préjugés depuis longtemps dis-
parus. Il faut donc s'en tenir sur ce point aux seules règles du bon sens, et
restituer au mois son caractère de division factice, mais pratique et com-
mode, de l'année. — Nous verrons au paragraphe suivant comment, à notre
avis, ce résultat pourrait ôtre obtenu.
4« L'année. — A la différence de la semaine et du mois, l'année est une
période pour laquelle on doit soigneusement tenir compte des données de
TAstronoraie. — Si nous avons pu, en effet, négliger de prendre en considé-
294 L'ASTRONOMIE.
ration les phases delà Lune, qui n'apportent pas d'importantes modifications
aux conditions de la vie usuelle, nous ne saurions agir de môme en ce qui
concerne le mouvement de notre planète autour du Soleil. De même que la
rotation de la Terre impose nécessairement le jour comme élément fonda-
mental de la division du temps, en ramenant successivement les ténèbres et
la lumière, de même la course de notre planète autour du Soleil entraîne
périodiquement, sous la plupart des latitudes, le retour de phénomènes cli-
matériques d'une extrême importance au point de vue pratique. Toutefois,
Tannée solaire ne comprenant pas un nombre exact de jours, il devient
nécessaire d'user de procédés empiriques pour établir la concordance entre
ces deux éléments essentiels du calendrier. Nous n'entreprendrons pas
d'examiner les diverses méthodes qui ont été usitées jusqu'ici pour atteindre
ce but; mais il nous semble que le calendrier grégorien peut être considéré
comme aussi satisfaisant que possible à ce point de vue, sauf toutefois en ce
4jui concerne la place bizarre qui est assignée au jour complémentaire, et qui
n'a d'autre fondement qu'un respect excessif de la tradition.
§3.— Flan de réforme du calendrier.
Nous venons de voir quels sont les avantages et quelles sont les lacunes
que présente le calendrier grégorien ; il nous reste maintenant à examiner
comment on pourrait arriver à conserver les uns tout en comblant les
autres. — Nous n'avons pas, sans doute, la prétention de présenter un projet
parfait de tous points : nous nous contentons de soumettre aux lecteurs te
modifications qui nous semblent pouvoir et devoir être apportées à notre
calendrier actuel ; mais, pour plus de clarté dans l'exposition, nous sommes
obligés de donner à cette dernière partie de notre travail le caractère d'uii
plan d'ensemble.
A notre avis, le calendrier réformé devrait être établi sur les bases sui-
vantes :
L'année serait de 365 jours, avec des jours complémentaires introduits
conformément aux principes du calendrier grégorien.
Elle se diviserait en 12 mois, ayant alternativement 30 et 31 jours, de telle
sorte qu'on aurait :
Janvier 30 jours.
Février 31 —
Mars 30 —
Avril 31 —
Mai 30 -
Juin 31 —
JuiHet 30 -
Août 31 —
RÉFORME DU CALENDRIER. 295
Septembre 30 jours.
Octobre 31 —
Novembre 30 —
Décembre 30 —
Total 365 —
Dans les années bissextiles, le mois de décembre recevrait un 31' jour, ce
qui porterait à 6 le nombre des mois de 31 jours de même que celui des mois
de 30.
Le premier jour de Tannée serait toujours un dimanche; puis les jours de
la semaine se succéderaient dans leur ordre actuel jusqu'au 30 décembre,
dernier jour de Tannée dans notre système, qui se trouverait être également
un dimanche; en sorte que le premier et le dernier jour de Tannée seraient
jours de repos.
Dans les années bissextiles, le 31 décembre, jour complémentaire, rece-
vrait une désignation spéciale, ou serait simplement qualifié dimanche.
Enfin lejour civil resterait soumis aux règles qui le régissent actuellement,
sans aucune modification.
11 nous semble qu'un tel calendrier présenterait des avantages considé-
rables, et serait à divers points de vue supérieur au calendrier grégorien.—
Quelles sont, en effet, les réformes que nous proposons ?
En ce qui concerne les mois, le calendrier actuel divise Tannée en 7 mois de
31 jours, 4 mois de 30 jours, et 1 mois de 28 ou 29 jours; et de plus il intercale
les mois de 31 jours d'une façon tellement singulière qu'on est souvent forcé
(le recourir à des procédés empiriques pour savoir si tel ou tel mois a 30 ou
31 jours. Le mois de février, démesurément écourté, oblige à augmenter le
nombre des mois de 31 jours, et à faire du mois de 30 jours l'exception, alors
qu'il devrait constituer la règle. On voit donc que la méthode actuellement
suivie manque absolmnent de logique. — Au contraire^ dans notre système,
les mois de 30 jours, de beaucoup les plus commodes, sont en majorité, et se
trouvent régulièrement alternés avec les mois de 31, ce qui permet de les
distinguer facilement les uns des autres. De plus, la singularité d'un mois
tronqué, comme le mois de février actuel, disparaît complètement. Enfin, le
jour complémentaire des années bissextiles vient s'encadrer tout natu-
rellement à la fin de Tannée, en faisant du douzième mois un mois de 31 jours.
Sur ce premier point il nous semble que la réforme que nous proposons
ne saurait offrir beaucoup de prise à la critique. — Quant au système que
nous avons énoncé plus haut touchant les semaines, nous admettrions plus
volontiers la discussion. Nous ne nous dissimulons pas, en effet, le caractère
empirique de la théorie que nous avons mise en avant, et nous savons qu'on
pourra nous accuser d'avoir créé une semaine de deux dimanches, ou même
296 L'ASTRONOMIE.
de trois dimanches, proche parente de la fameuse « semaine des quatre jeu-
dis ». Mais nous avons été séduits par la perspective de faire concorder entre
elles les diveraes subdivisions du calendrier. N*est-il pas en effet regrettable
de voir ce défaut de connexité qui existe aujourd'hui entre le jour de la
semaine et le jour de Tannée? Qui n'a senti à maintes reprises les inconvé-
nients théoriques et pratiques d'une telle méthode? — Sans doute, on peut
reprocher au système que nous proposons de faire de la dernière semaine de
Tannée une semaine qui n'en est pas une, une semaine de 8 ou même de
9 jours, et de rompre ainsi la chaîne des périodes de 7 jours. C'est là incon-
testablement une critique fondée; mais nous pouvons répoudre à cette objec-
tion par des arguments également sérieux.
Et d'abord, on remarquera que nous employons, pour faire coïncider la
durée de Tannée avec celle d'un nombre exact de semaines, un procédé abso-
lument analogue à celui qui est déjà usité pour faire concorder les années
solaires avec des nombres entiers de jours. De môme que, tous les 4 ans, on
ajoute un jour complémentaire à Tannée bissextile, qui devient ainsi une
période de 366 jours, tandis que Tannée normale n'en comprend que 365:
de même nous faisons de la 52* semaine de chaque année une semaine spé-
ciale comprenant 8 jours au lieu de 7. On voit donc que ces deux proœdés
se valent, et que Tun n'est ni plus empirique ni plus étrange que l'autre. —
De plus, il faut considérer que cette légère perturbation, qui se produirait
dans les habitudes de la population, par suite du rapprochement immédiat de
deux dimanches, se placerait précisément à une époque de Tannée consaci'ée
généralement à des réjouissances exceptionnelles, d'après les coutumes elles
mœurs de presque tous les peuples. — Enfin, quand bien même la réforme
indiquée par nous présenterait certains désavantages, ne vaudrait-il pas
mieux encore se résigner à accepter ces légers inconvénients, plutôt que de
laisser subsister un état de choses éminemment défectueux ?
En résumé, le nouveau calendrier dont nous proposons Tadoption l'empor-
terait sur le calendrier grégorien par les qualités suivantes : concordance per-
pétuelle des jours de ravinée avec les jours de la semaine; égalité et régularité
aussi gi'andes que possible des mois; absence de toute singularité injusti-
fiable autrement que par l'esprit de routine. — De plus, il offrirait cet im-
mense avantage de respecter presque absolument les habitudes invétérées de
la population ; de telle façon que la réforme ne jetterait aucun trouble dans
le cours ordinaire des choses delà vie usuelle, et réaliserait des améliorations
considérables tout en passant pour ainsi dire inaperçue.
Jules Bonjean.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE.
297
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMffi.
L'INSTRUMENT MÉRIDIEN ET LES OBSERVATIONS MÉRIDIENNES
(Suite.) (')
Détermination de la position des étoiles fondamentales.
On a vu, dans les deux articles que nous avons consacrés aux instruments
méridiens le rôle considérable que jouent les étoiles fondamentales dans les
observations méridiennes. La fig, 98 montre la disposition dans le ciel des étoiles
Fig. 98.
Carte des Etoiles fondamentales de la Connaissance des Temps, dans rhémisphëre boréal
et jusqu'à 25* de déclinaison australe.
fondamentales adoptées par le Bureau des Longitudes et dont les coordonnées
sont données pour toute Tannée de 10 en 10 jours dans la Connaissance des Temps. ,
A cause de la latitude boréale de Paris, la plupart d'entre elles sont dans Thémi-
(•) Voir VAstronomie, T. IV, n* 4 (Avril 1885), p. 138, et n^ 5 (Mai 1885). p. 174.
298 L'ASTRONOMIE.
sphère Nord; aussi nous sommes-nous bornés à limiter la carte de la fig. 98 au
250 degré de déclinaison australe. On se rappelle que ces étoiles constituent les
points de repère du ciel auxquels on rapporte en définitive toutes les observations
des autres astres. On comprend alors l'importance qu'attachent les Astronomes à
la possession de catalogues qui leur fassent connaître, avec toute la précision dont
la Science moderne est susceptible, la position exacte de ces étoiles. La con-
struction d'un pareil catalogue est à coup sûr l'opération la plus importante et eu
même temps la plus délicate de l'Astronomie d'observation. De Texactitude plus
ou moins complète de co catalogue dépendra la précision de toutes les autres
mesures astronomiques; l'incertitude qui pourra subsister dans les positions des
étoiles fondamentales se retrouvera tout entière dans les positions de tous les
autres astres et limitera par cela même nos moyens d'investigation relativement
aux mouvements des planètes ou des étoiles. C'est donc avec raison que ces
étoiles ont reçu le nom de fondamentales, puisque la connaissance exacte de
leurs coordonnées est la 6âse sur laquelle reposent toutes les conclusions qu'on
pourra tirer des observations, et par suite, toutes les études qu'on pourra entre-
prendre sur les phénomènes naturels qui interviennent dans le mouvement des
corps célestes.
La méthode employée pour arriver à cette précision si désirable et, en même
temps si difficile à réaliser, est celle qui est connue dans les Sciences mathé-
matiques et expérimentales sous le nom de méthode des âpproxima/ ions «ucces-
sives. Elle consiste à déterminer d'abord des valeurs approchées des quantités
qu'on veut connaître, puis à se servir de ces valeurs mêmes pour en calculer de
plus approchées, et ainsi de suite. Mais, tandis que dans les questions de Mathé-
matiques pures, cette méthode, convenablement appliquée, permet, en général,
d'obtenir une approximation aussi étendue qu'on le désire et qui n'est limitée
en pratique que par la longueur des calculs qu'il faudrait effectuer; dans les
Sciences d'expérience et d'observation, au contraire, l'approximation finale que
l'on peut espérer est toujours limitée par l'imperfection des mesures et les
erreurs inévitables des opérations. Pour augmenter la précision du résultat
définitif, il faudra donc s'attacher à réduire le plus possible ces erreurs inévi-
tables, à déterminer avec le plus grand soin les petites imperfections de réglage
de l'instrument afin de pouvoir corriger les observations des erreurs de cette
nature, et enfin, quand viendra le moment de réunir et de discuter les obser-
vations faites et réduites, pour en tirer une conclusion, on devra les combiner de
telle sorte que les erreurs qu'il aura été impossible de calculer à l'avance s'éli-
minent d'elles-mêmes dans le résultat final. Sur les deux premiers points nous
n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit à propos des observations méri-
diennes ordinaires, si ce n'est que la confection d'un catalogue d'étoiles fonda-
mentales, demandant une précision toute particulière, on devra apporter dans ce
travail encore plus de soin que d'habitude. Il faudra choisir le meilleur instru-
ment dont on puisse disposer et confier les observations aux Astronomes
reconnus les plus habiles et les plus attentifs.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. '399
La manière de combiner et de discuter les observations exige une connaissance
approfondie de toutes les causes qui peuvent influer sur la précision des mesures,
et une étude attentive de la manière dont agissent ces diverses causes. Il est
facile de reconnaître, avec un peu de réflexion, que les erreurs auxquelles on
est exposé dans les sciences d'observations sont de deux espèces bien différentes :
les unes dépendent de causes essentiellement variables et de circonstances qui
se modifient à chaque instant; telles sont les erreurs de pointé ou celles d'appré-
ciation d'un dixième de seconde de temps, celles qui sont dues à de très faibles
trépidations de Tinstrument, à la marche irrégulière des rayons lumineux à tra-
vers une atmosphère plus ou moins agitée, etc., etc. Ces causes multiples et
indéterminées agissent tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, sans aucune
préférence; les erreurs auxquelles elles donnent lieu se produisent pour ainsi
dire au hasard, et l'on peut leur appliquer les règles du calcul des probabilités.
On les a nommées les erreurs accidentelles. Celles de l'autre catégorie tiennent
à des causes bien déterminées, et se reproduisent dans le même sens et avec la
même grandeur toutes les fois qu'on se retrouve dans certaines circonstances
analogues; on les appelle les erreurs systématiques. Elles présentent ce caractère
particulier qu'elles dépendent d'un ou de plusieurs éléments qu'il est quelquefois
possible d'assigner, de telle sorte qu'on peut prévoir la marche qu'elles suivront
d'après les variations des phénomènes qui les font naître. Nous pouvons citer
comme exemple les erreurs dues à la flexion des cercles ou des lunettes, et celles
qui tiennent à un défaut de centrage, c'est-à-dire à ce que le centre du cercle sur
lequel est tracée la division ne se trouve pas rigoureusement sur l'axe de rotation
de l'appareil : toutes ces erreurs dépendent de la position de instrument et
se retrouvent les mêmes toutes les fois que la lunette reprend la même direction.
Les variations de la température ont une influence considérable sur la précision
<ie3 observations astronomiques, à cause des contractions et dilatations qu'elles
produisent dans le métal des instruments ou dans le balancier de la pendule, si
bien compensé qu'il soit. De là résulte une série d'erreurs systématiques qui
suivront les variations diurnes et annuelles de la température, et se présenteront
avec un caractère de périodicité bien marqué. Il existe, du reste, une foule d'erreurs
qui dépendent de circonstances météorologiques, et qui affectent la marche de
la pendule, l'inclinaison et l'orientation de l'axe de la lunette méridienne, la
position du cercle, la distance des divisions aux microscopes qui servent à les
observer, etc. Ajoutez-y les réfractions qui ne sont calculées qu'approximati-
vement; il est bien certain que les erreurs des tables de réfraction dépendent de
l'état de l'atmosphère, et que les tables, justes dans telles ou telles circonstances,
se trouveront plus ou moins erronées dans d'autres. Toutes ces erreurs qu'on
pourrait appeler météorologiques, dépendent évidemment des perturbations
accidentelles de l'atmosphère, de l'heure du jour, et de la saison de l'année. On
peut donc en faire trois parts : une première qui rentrera dans la catégorie des
erreurs accidentelles, une deuxième qui présentera la périodicité diurne, et une
troisième qui présentera la périodicité annuelle.
300 L'ASTRONOMIE.
11 existe aussi plusieurs phénomènes astronomiques qui font varier les coor-
données apparentes des étoiles. Telles sont la précession des èquinoxes et la
nutalion de Taxe de la Terre, qui consistent dans un déplacement continu, quoique
très lent de Taxe de la Terre, et par suite du pôle céleste, Vaberration de la
lumière, et les petits déplacements apparents de perspective qu'on observe dans
les étoiles les plus voisines de nous, à cause du mouvement annuel de la Terre
autour du Soleil. Ces phénomènes sont très bien connus, et Ton peut corrigeras
observations des effets dont ils sont la cause; mais toute incertitude qui pourrait
subsister sur les constantes numériques qui les caractérisent se retrouvera néces-
sairement dans les corrections calculées et par conséquent dans les conclusions
qu'on pourra tirer des observations. Remarquons, toutefois, que le phénomène de
la nutation présente une période de 18 ans environ; ceux de l'aberration et des
déplacements de perspective dits de parallaxe ont évidemment la périodicité an-
nuelle, et les erreurs qui peuvent résulter d'une connaissance imparfaite de ces
phénomènes, et par suite d'une correction inexacte des observations, seront donc
dos erreurs systématiques dépendant d'une période de temps bien connue.
Enfin, il faut encore ajouter une autre source d'erreurs beaucoup plus difficiles
à écarter. Les étoiles, on le sait, ne sont pas fixes dans l'espace; elles se meuvent
au contraire avec des vitesses souvent considérables. Heureusement, leur éloi-
gnement est tel que les déplacements qu'on peut observer du point où nous
nous trouvons restent toujours très petits et se réduisent à quelques secondes
seulement, même après un intervalle de temps embrassant un grand nombre
d'années. Néanmoins, il en résultera que les observations d'une même étoile
faites à des époques notablement différentes n'indiqueront pas la même position.
Il faudra donc déterminer avec le plus grand soin le mouvement propre de chaque
étoile, pour ramener les observations à ce qu'elles auraient été si on les avait
toutes faites à une même époque arbitraire, mais fixe.
On voit combien sont multiples et complexes les causes qui influent sur la
précision des observations, et combien se complique le problème de la détermi-
nation exacte des coordonnées d'un certain nombre d'étoiles, en dehors des dif-
ficultés qu'il peut présenter par sa nature même. Fort heureusement, une grande
partie des nombreuses erreurs auxquelles on est exposé peuvent s'éliminer faci-
lement par une disposition convenable du travail et un choix judicieux des
observations qu'on devra combiner pour en tirer des conclusions.
A l'égard des erreurs accidentelles, il n'y a qu'un moyen d'en atténuer l'effet,
c'est de multiplier les observations d'une même étoile, et de faire la moyenne
des résultats qu'elles fournissent isolément. Il est clair que ces sortes d'erreurs
se produisant indifféremment tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, se détrui-
ront en partie d'elles-mêmes dans la moyenne qui se trouvera généralement de
la sorte beaucoup plus précise que n'auraient pu l'être les observations isolées.
Remarquons toutefois qu'il ne faut pas trop compter sur la puissance des
moyennes. D'abord, on ne saurait évidemment espérer que les erreurs acciden-
telles se détruiront rigoureusement dans la moyenne; il serait bien improbable
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 301
que la compensation se fît exactement et Ton doit s'attendre à trouver encore une
légère incertitude dans la moyenne; il est bien vrai que le calcul des probabilités,
d'accord en cela avec les prévisions du sens commun, montre que la compensa-
tion des erreurs sera d'autant plus près d'être rigoureuse que le nombre des obser-
vations sera plus grand; mais il ne faut pas oublier non plus que Terreur qui peut
subsister dans la moyenne dépendra évidemment de la grandeur des erreurs des
observations isolées ; il faut donc s'attacher h effectuer celles-ci avec toute l'exac-
titude possible et ce serait un bien mauvais raisonnement que de compter sur
la vertu des moyennes pour se dispenser d'apporter au travail tout le soin et
Xi oute l'attention nécessaires. Un petit nombre d'observations précises, faites avec
soin avec un bon instrument bien réglé, seront toujours préférables à un grand
nombre d'observations douteuses. Enfin, et c'est là le point capital, le procédé
des moyennes n'est légitime qu'autant que les erreurs qu'il s'agit d'éliminer sont
bien accidentelles, et se sont effectivement produites indifféremment dans les
deux sens. S'il se trouvait une erreur systématique affectant également ou à peu
près également toutes les observations, il est clair qu'elle ne disparaîtrait pas
de la moyenne. Les exemples ne sont pas rares, dans l'histoire des Sciences, de
nombres qui ont été acceptés avec une confiance presque absolue à cause du
grand nombre d'observations qu'on avait fait intervenir dans leur calcul, et qui
ont été reconnus plus tard notablement erronés. L'inexactitude tenait à la pré-
sence d'une erreur systématique qui n'avait pas été prévue, de sorte qu'aucune
précaution n'ayant été prise pour l'éliminer, elle restait tout entière dans le ré-
sultat final.
On devra donc s'attacher, avec le plus grand soin, à découvrir toutes les causes
capables d introduire des erreurs systématiques. Lorsqu'on connaît bien la cause
d'une certaine catégorie d'erreurs, on peut prévoir comment elles se comporteront
et dans quel sens elles se manifesteront suivant les circonstances, de sorte
qu'il deviendra quelquefois possible, en choisissant convenablement les obser-
vations, de les répartir en groupes tels que Terreur considérée s'élimine d'elle-
même dans la moyenne de chaque groupe. D'autres fois, Terreur systématique
se produira toujours dans le même sens sans qu'il soit possible de la faire se
manifester en sens inverse. Dans ce cas, il sera nécessaire de la calculer, et Ton
pourra presque toujours y parvenir; la loi de cette erreur étant connue, il suffi-
rait en effet de connaître les constantes numériques dont elle dépend, pour qu'on
pût calculer la correction à apporter, de ce chef, à chaque observation. Or ces
constantes numériques constituent le plus souvent un petit nombre d'inconnues
qui viennent s'ajouter à celles en vue desquelles les observations ont été instituées;
leur détermination complique évidemment le problème, mais elle est relativement
facile parce que les observations, ayant été fréquemment renouvelées sont en
nombre beaucoup plus considérable qu'il ne serait mathématiquement néces-
saire. Nous allons rencontrer des exemples de ces sortes de déterminations en
passant en revue les principales sources d'erreurs que nous avons énumérées.
. Occupons-nous d'abord des erreurs que nous avons appelées météorologiques;
302 L'ASTRONOMIB.
nous avons vu qu'elles sont réglées sur le jour solaire et sur Tannée. Si donc od
faisait une certaine observation tous les jours à la même heure, il est visible que
la partie de l'erreur qui se règle sur la saison se serait produite dans toutes les
circonstances possibles, et que, par conséquent, elle se serait trouvée dans
un certain sens pendant une certaine saison et dans Tautre à la saison opposée,
de sorte qu'elle disparaîtrait presque complètement de la moyenne. 11 n*en serait
pas de même de la partie qui se règle sur Theure; celle-là affecterait chaque
observation isolée de la même manière. Mais il importe de remarquer que les
observations méridiennes d'une même étoile se font toujours au moment où
Tétoile passe dans le plan méridien, c'est-à-dire à la même heure sidérale;
comme le jour sidéral est plus court que le jour solaire, et qu'il y a dans l'année
juste un jour sidéral de plus que de jours solaires, il en résulte qu'un phénomène
qui se reproduit tous les jours à la même heure sidérale paraît avancer chaque
jour de 4™ environ sur le temps moyen, de sorte qu'au bout de Tannée, il s'est
présenté à toutes les époques possibles du jour solaire. On comprend alors que
si les observations sont affectées d'une erreur systématique dépendant de l'heure
solaire, cette erreur s'éliminera dans la moyenne d'une série d'observations méri-
diennes choisies à des époques réparties symétriquement tout le long de Tannée.
De là résulte l'obligation de répéter les observations d'une même étoile fonda-
mentale pendant au moins une année, et comme dans cette période, Tétoih*
passera au méridien tantôt dans le jour, tantôt pendant la nuit, on voit qu'il faut
nécessairement choisir les étoiles fondamentales parmi celles qui peuvent être
aperçues dans les lunettes malgré la lumière du Soleil, c'est-à-dire parmi les
plus brillantes. Ainsi, un groupement convenable des observations permettra
d'éliminer à la fois toutes les erreurs que nous avons appelées météorologiques,
ainsi que toutes celles qui dépendent de la parallaxe des étoiles, de Taberration
de la lumière, etc.
Nous avons aussi mentionné l'influence de la nutation de Taxe do la Terre sur
les positions apparentes des étoiles, et nous avons dit qu'une petite erreur sur
les constantes numériques de ce phénomène entraînerait une erreur systéma-
tique dépendant d'une période de dix-huit ans. On éliminera cette erreur en
choisissant pour les grouper ensemble des observations réparties symétriquement
dans cette période de dix-huit ans; mais comme cet intervalle peut paraître un
peu long, il faudra, si Ton veut tirer des conclusions d'un ensemble d'observations
effectuées en moins de temps, profiter des observations mêmes pour déterminer
à nouveau les constantes de la nutation. Les lois du phénomène sont parfaitement
connues, et la grandeur de l'écart dépend de treize constantes numériques. On
supposera que les valeurs déjà connues de ces constantes ne sont qu'approchées,
et Ton se proposera de déterminer les corrections qu'il faut leur appliquer. Or,
il est évident que chaque observation des deux coordonnées d'une étoile, fournit
deux relations entre l'ascension droite et la déclinaison inconnue de Tétoile et
les treize constantes à déterminer. On sait que pour résoudre un problème à
plusieurs inconnues, il suffit d'avoir autant d'équations que d'inconnues. Il suffi-
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 303
raît donc, à la rigueur, d'effectuer sept observations complètes plus une obser-
vation d'une seule coordonnée, pour obtenir les quinze équations nécessaires. Les
corrections ainsi déterminées serviraient ensuite pour toutes les autres étoiles.
Il faut cependant remarquer que les équations n'apprendraient rien si les obser-
vations étaient trop rapprochées les unes des autres. Il vaut beaucoup mieux
choisir plusieurs étoiles dans des régions différentes du ciel, et effectuer un
nombre d'observations tel que Ton ait à sa disposition un nombre d'équations
égal au double du nombre des étoiles, plus treize ; mais en réalité, chaque étoile
étant observée un très grand nombre de fois, le nombre des équations surpasse
toujours de beaucoup celui des inconnues à déterminer, et la véritable difficulté
consiste à tirer le meilleur parti de cette masse de documents en les combi-
nant de manière à en faire sortir les valeurs les plus probables des éléments
inconnus.
Un procédé analogue pourrait être employé pour rectifier les valeurs dev»
constantes de tous les autres phénomènes qui influent sur la position apparente
des astres, tels que la précession des équinoxes, l'aberration, la parallaxe, etc.,
de sorte qu'un ensemble d'observations soigneuses effectuées en vue de la
confection d'un catalogue d'étoiles fondamentales constitue un recueil de docu-
ments des plus précieux pour la Science astronomique, d'où l'on peut tirer une
foule de déterminations qui auraient pu paraître, tout d'abord, étrangères au but
poursuivi primitivement.
Remarquons aussi que toutes ces constantes étant déjà connues très approxi-
mativement, il n'y aura jamais à déterminer que des corrections fort petites. Les
personnes qui ne sont pas étrangères aux études mathématiques savent combien
cette circonstance facilite les calculs, puisqu'on peut préparer les équations, à
l'aide de développements en séries où l'on néglige les puissances supérieures
de ces petites inconnues, de telle sorte que celles-ci n'entrent jamais qu'à la pre-
mière puissance. Nous trouvons encore ici un nouvel exemple delà méthode des
approximations successives, qui rend de si grands services dans les sciences
expérimentales.
Les mouvements propres des étoiles constituent un phénomène qui doit être
étudié avec soin pour chaque astre. En raison dé l'immense éloignement qui
nous sépare des étoiles, ces mouvements propres nous apparaissent toujours
très lents, et les déplacements qui en résultent sont fort petits, même après un
grand nombre d'années. Aussi, peut-on, sans aucun inconvénient, admettre que,
pendant une période fort longue, la vitesse du mouvement propre reste constante,
comme si l'étoile se mouvait uniformément sur une ligne droite, ou mieux sur
une circonférence dont nous occuperions le centre. Dès lors deux observations
complètes d'une même étoile suffiront à déterminer son mouvement propre,
puisqu'elles feront connaître la position de Tétoile à deux époques différentes.
Ici encore le nombre des équations dépassera de beaucoup celui des inconnues.
La flexion des cercles et des lunettes mérite d'attirer quelques instants
Tattention. Nous ferons d'abord observer que le genre d'erreurs qui en résulte
304 L'ASTllONOMIE.
affecte aussi bien les observations d'étoiles ordinaires que celles des étoiles fon-
damentales. Il y a cependant un moyen de la faire presque entièrement dispa-
raître dans les observations ordinaires : les flexions dépendant évidemment de
la position de la lunette, on n'observera dans une même série que des étoiles
passant au méridien à la même hauteur, et Ton choisira pour points de repères
des étoiles fondamentales passant aussi à peu près à la même hauteur. De la
sorte toutes les observations se feront dans une même position de la lunette, et
Terreur de flexion restant la même pour toutes les étoiles, ne modifiera pas les
différences entre les coordonnées des étoiles fondamentales et celles des autres
étoiles. Mais, outre qu'il n'est pas toujours possible de disposer ainsi le travail,
on conçoit clairement qu'un pareil procédé est tout à fait inapplicable à la déter-
mination des positions des étoiles fondamentales elles-mêmes. Il faut donc ou
déterminer à l'avance la flexion dans les différentes positions de la lunette, afin
d'en corriger les observations, ou diriger le travail de manière à éliminer cette
source d'erreurs. Lorsqu'il s'agit d'une lunette fixée à un cercle mural au moyen
de colliers placés non loin de la circonférence, la flexion de la lunette et celle du
cercle sont solidaires, et des considérations fort simples de géométrie montrent
que les déformations ainsi produites sur le cercle divisé sont sans grande influence
sur la moyenne des lectures effectuées au moyen d'un nombre suffisant de micro-
scopes disposés symétriquement tout autour du limbe. Nous avons déjà eu roccasion
de dire que c'était pour cette raison qu'on plaçait six microscopes autour du cercle
de déclinaison, aux six sommets d'un hexagone régulier inscrit. Mais il en est
tout autrement de la flexion d'une lunette qui n'est reliée au cercle divisé que
par une pièce centrale, et c'est le cas de l'instrument que nous avons décrit dans
notre dernier article. Alors en effet, la flexion de la lunette est tout à fait ind^
pendante de celle du cercle et doit être étudiée à part. En général, l'effet de cette
déformation est d'abaisser à la fois l'objectif et l'oculaire; si les deux moitiés de
l'instrument fléchissaient également, l'axe optique serait simplement déplacé
parallèlement à lui-même ce qui n'introduirait aucune erreur dans les obser-
vations; mais on comprend qu'il n'en puisse pas être ainsi le plus souvent et
l'erreur dépendra de l'excès de l'une des deux flexions sur l'autre. Il peut même
arriver que le tube, en fléchissant, se trouve déjeté à droite ou à gauche, d'où
résulte une déviation de l'axe optique capable d'affecter les observations d'ascen-
sion droite, ce que ne peut faire en aucune façon la flexion verticale ordinaire
({ui n'a d'effet que sur les observations de déclinaison. En tous cas, cette flexion
latérale est toujours beaucoup plus petite que l'autre, et je ne sache pas qu'il en
ait jamais été tenu compte, quoique à vrai dire, il conviendrait de l'étudier avec
soin pour les observations de haute précision. Quant à la flexion verticale elle
peut se déterminer expérimentalement pour chaque instrument à l'aide d'un pro-
cédé très délicat que nous ne décrirons pas et qui est dû à M. Lœvy. Ce procédé
a été appliqué à Paris aux deux grands instruments que possède l'Observatoire
et l'on a pu dresser une table qui fait connaître la correction de flexion pour
chaque position de la lunette.
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 305
Après avoir indiqué les moyens de se mettre à l'abri des nombreuses causes
d'erreurs qui pourraient vicier les observations et rendre illusoire la recherche
do la précision que l'on prétend atteindre, il nous reste à faire connaître comment
on peut appliquer la méthode des approximations successives à la détermination
des positions des étoiles fondamentales. Nous examinerons à part les observations
d'ascension droite et celles de déclinaison, en nous bornant à donner le principe
des opérations, sans entrer dans les détails minutieux que comporte un travail
aussi considérable.
Il y a deux parties bien distinctes dans la détermination des ascensions droites
des étoiles. La première est la mesure exacte des différences d'ascensions droites
des étoiles les unes des autres par rapport aux autres; l'autre est la détermi-
nation des positions de leurs cercles horaires par rapport à celui qu'on est con-
venu de prendre pour origine. Il est très clair que ce cercle horaire origine étant
arbitraire et choisi par une simple convention, cette deuxième partie présente
une importance relativement moindre que l'autre. Nous nous bornerons à rap-
peler que les astronomes ont choisi pour origine des ascensions droites le cercle
horaire qui passe par Téquinoxe de printemps, de sorte que la détermination de
cette origine revient à la recherche de la position de l'équinoxe par rapport aux
étoiles et dépend par conséquent des observations du Soleil. Nous ne nous y
arrêterons pas, d'autant plus que cette question d'origine revient à fixer Tinstant
précis où la pendule doit marquer 0^0*^0% puisque c'est au commencement du
jour sidéral que le cercle horaire numéroté 0 passe dans le plan méridien. On
conçoit clairement que les positions relatives des étoiles seront tout aussi bien
connues si la pendule avance ou retarde d'une quantité quelconque mais con-
stante.
En admettant que l'on ne connaisse absolument rien sur les coordonnées des
étoiles, on commencera les observations en suivant la marche que nous avons
indiquée dans notre précédent article et qui suppose le mouvement de l'horloge
uniforme pendant une période de vingt-quatre heures. On se rappelle que deux
observations d'une même étoile faites à un jour sidéral d'intervalle permettront
de reconnaître si la pendule marche trop vite ou trop lentement, et qu'en répar-
tissant la différence proportionnellement au temps sur toutes les observations
intermédiaires on obtiendra déjà des valeurs approchées des ascensions droites
de ces étoiles. Au lieu d'une seule étoile, on en réobserve plusieurs à vingt-
quatre heures d'intervalle, et l'on prend la moyenne des différences des heures
indiquées lors des deux observations, ce qui augmente la précision. En répétant
ainsi les observations d'un petit nombre d'étoiles toujours les mêmes, autant de
fois que cela sera possible pendant toute une année, et en faisant la moyenne
de tous les résultats obtenus pour chacune d'elles l'influence des écarts de
marche de la pendule sera éliminée en grande partie comme nous l'avons
expliqué à propos des erreurs météorologiques, et l'on se trouvera, & la fin de
l'année en possession d'un catalogue d'une vingtaine d'étoiles par exemple dont
les positions seront déjà connues avec une grande exactitude. L'année suivante
306 L'ASTRONOMIE.
ces étoiles joueront le rôle d'étoiles fondamentales par rapport à un plus grand
nombre d'autres dont les observations seront poursuivies pendant l'année entière.
De plus, ces nouvelles observations permettront de rectifier les positions des
vingt premières, et cela de la manière suivante. Imaginons que dans chaque série
d'observations, on ait observé cinq des étoiles primitives au commencement et
cinq à la fin ; les deux moyennes des observations du début et de la fin feront
connaître la marche de la pendule pendant la série des observations, et l'on en
conclura la correction qu'il faut apporter aux indications du cadran lors de
chaque observation. Cette correction étant appliquée aux observations des étoiles
primitives elles-mêmes, on ne retrouvera pas exactement pour celles-ci le même
nombre qui avait été adopté; mais il y a lieu de supposer que le nouveau nombre
est plus approché que l'ancien parce qu'il repose sur les résultats des observa-
tions de dix étoiles effectuées pendant l'année précédente. A la fin de l'année on
fera la moyenne des corrections à apporter aux positions des étoiles primitives,
et de plus, le catalogue se sera enrichi de toutes les étoiles observées pendant
cette seconde année. Une troisième année d'observation permettra d'enrichir
encore le catalogue, et en même temps de rectifier les positions des étoiles des
deux premières années, et ainsi de suite.
Pour les observations de déclinaison, il est relativement facile de mesurer les
différences des déclinaisons des étoiles les unes par rapport aux autres; la grande
difficulté consiste dans la détermination de la position du pôle par rapport aux
étoiles. Il n'existe qu'un moyen d'effectuer cette détermination : c'est d'observer une
étoile circumpolaire, c'est-à-dire une étoile assez voisine du pôle pour tourner
autour de lui sans descendre au-dessous de l'horizon lors de ses deux passages dans
le plan méridien au-dessus et au-dessous du pôle. La bissectrice des deux positions
correspondantes de l'axe optique de la lunette est la direction du pôle. Si donc
on fait la moyenne des lectures des microscopes aux deux observations, on aura
la lecture qui aurait été obtenue si l'instrument avait été pointé directement vers
le pôle, en même temps que la moitié de la différence des deux lectures obtenues
fera connaître la distance polaire de l'étoile observée. Ce procédé est extrême-
ment simple en théorie; malheureusement, il comporte un grand nombre de
causes d'erreurs. Tout d abord les deux observations ne sont pas faites à la
même hauteur, puisque dans l'une l'étoile est au-dessus du pôle, et dans l'autre
au-dessous. Il en résulte que les erreurs de réfraction et de flexion ne retrouvent
pas les mêmes et ne s'éliminent pas. Si donc la table de réfraction n*est pas par-
faitement exacte et si l'erreur de flexion est mal connue ou incomplètement éli-
minée par l'emploi de six microscopes, la détermination du pôle se trouvera
erronée. On atténue autant que possible cet inconvénient en choisissant des
étoiles très voisines du pôle, de sorte que ce sont surtout ces étoiles très voisines
du pôle qui devront attirer l'attention pendant la première année, d'autant plus
qu'elles jouent également un rôle fort important dans les observations d'ascen-
sion droite, puisqu'elles servent à la détermination de l'azimut de la lunette. Uû^
seconde cause d'erreurs beaucoup plus difficile à éliminer provient de ce que
LES GRANDS INSTRUMENTS DE L'ASTRONOMIE. 307
les deux observations méridiennes d'une même étoile circumpolaire doivent
nécessairement se faire à douze heures d'intervalle. Or il n'est pas permis
d'admettre que la stabiHté du cercle ait été parfaite pendant une aussi longue
période. Heureusement les variations de positions du cercle dépendent de
causes météorologiques ou purement accidentelles, de sorte que Teffet qu'elles
peuvent produire fînit par s'éliminer à la fin de Tannée et par le grand nombre
des observations. Enfin, toujours à cause de cet intervalle de douze heures, Tune
des observations se fait généralement pendant le jour, et l'autre pendant la nuit,
et le même observateur n'effectue pas le pointé d'une même étoile absolument
de la même manière dans les deux cas, à cause de la grande différence d'aspect
d'une étoile vue dans une lunette pendant le jour ou pendant la nuit. Pour obvier
à cet inconvénient, on déterminera, par des observations de nuit, les différences de
distances polaires entre une étoile circumpolaire à son passage supérieur et un
certain nombre d'étoiles ordinaires passant au méridien un peu plus tôt ou un
peu plus tard. Le lendemain, on observera les différences de distances polaires
entre ces étoiles et d'autres, toujours par des observations de nuit. On pourra
ainsi de proche en proche finir par obtenir au bout de plusieurs mois à Vaide des
seules observations de nuit, la différence entre les distances polaires de deux
étoiles circumpolaires tellement placées dans le ciel que l'une traverse le
méridien à son passage supérieur, et l'autre à son passage inférieur, dans la
même nuit. Le pointé de ces deux étoiles à leurs deux passages fournira une
détermination du pôle effectuée par de seules observations de nuit. Il en résultera
encore l'avantage que la position du pôle pourra être obtenue par des obser-
vations peu éloignées Tune de l'autre, de sorte qu'on pourra compter sur la sta-
bilité de l'instrument pendant l'intervalle de temps qui les sépare (*).
On voit ainsi qu'en combinant convenablement les observations, on finira par
se mettre à l'abri des principales causes d'erreurs et par atteindre une précision
considérable. Cependant, même après l'achèvement complet du catalogue
d'étoiles fondamentales, l'astronome doit se préoccuper de le perfectionner sans
cesse, et les observations courantes fournissent les éléments nécessaires à cet
objet. Nous savons en effet que dans toutes les séries d'observations méridiennes,
il faut nécessairement comprendre un certain nombre d'étoiles fondamentales
qui servent de points de repère. C'est par la moyenne des résultats que four-
nissent les observations de ces étoiles fondamentales qu'on calcule la cor-
( ' ) La détermination des coordonnées des étoiles circumpolaires est un des problèmes
Jes plus difficiles de l'Astronomie d'observation. Nous devons nous borner aux courtes
indications ci-dessus, quoique nous soyons les premiers à reconnaître combien elles sont
incomplètes. Ajoutons que dans ces derniers temps, M. Lœwy, Sous-Directeur de
l'Observatoire de Paris, a publié dans les Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences
la description d'une méthode nouvelle et très ingénieuse qu'il a imaginée pour obtenir,
à l'aide d'observations faites dans une seule soirée, les coordonnées des étoiles circum-
polaires. Cette méthode paraît bien supérieure à celle que l'on suivait autrefois ; mal-
lieureusement, les considérations délicates et les calculs mathématiques sur lesquels elle
repose, nous empêchent de la résumer ici.
308 L'ASTIiONOMIE.
rection et la marche de la pendule, ainsi que la collimation polaire du cercle
de déclinaison. Mais, une fois ces constantes connues, on peut s'en servir
pour déduire des observations de nouvelles positions des étoiles fondameD-
tales elles-mêmes. Les écarts entre ces nouvelles positions et celles qui sont
inscrites au catalogue permettent de juger non seulement de la qualité de la
série d'observations considérée, mais encore de la perfection du catalogue lui-
même. Au bout d'une année, par exemple, on pourra discuter les valeurs de ces
écarts, et, par l'étude approfondie des circonstances qu'ils présentent, on verra
s'il y a lieu d'attribuer certaines corrections aux positions adoptées. C'est tou-
jours la méthode des approximations successives que l'on applique pour ainsi
dire indéfiniment, afin d'obtenir une précision de plus en plus élevée. Il faut seu-
lement remarquer que les observations les plus soignées et les séries qui pi^-
sentent l'accord le plus satisfaisant doivent seules entrer dans ce travail de
correction ; mais les Astronomes ne doivent jamais se désintéresser de la préoc-
cupation d'améliorer continuellement leurs catalogues. Malheureusement, malgré
toutes les précautions qui ont pu être prises et dont nous avons indiqué les prin-
cipales, les positions d'une même étoile fondamentale admises par les différents
observatoires présentent encore des différences qui s'élèvent quelquefois jusqu'à
une demi-seconde d'arc et qui indiquent par cela même la limite de précision
qu'il a été impossible de dépasser par les procédés actuels. Pour aller plus loin,
il faudrait employer des méthodes nouvelles qui sont encore inconnues et
dont la découverte dépendra des progrès que l'avenir réserve à la Science.
Philippe Gérigny.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Points sombres énlgmatiques observés dans les cratères lunaires. —
Dans le courant de Tannée 1881, j'ai signalé l'existence de plusieurs points
sombres sur la montagne lunaire Copernic. Ces points, qui ne se montrent que
lorsque le Soleil a atteint une certaine élévation et que toute ombre a disparu, ne
sauraient certainement être des ombres. J'ai poursuivi l'observation de ces objets.
malheureusement d'une manière beaucoup moins suivie que je n'aurais voulu
le faire, à cause du temps défavorable qui a amené de fâcheuses lacunes dans ce
travail. Je le regrette d'autant plus que M. J. Schmidt, auteur de la découverte
des points sombres, et moi-même, sommes jusqu'ici les seuls observateurs qui
les aient remarqués. Secchi lui-même, qui a dessiné Copernic et ses environs au
grand réfracteur de Rome, avec beaucoup de détails, ne fait soupçonner aucune
trace de ces mystérieux points.
Il y en a surtout deux qui sont faciles à reconnaître quand on examine les dépen-
dances internes de la muraille sud du cratère sous un éclairage élevé et par un
temps calme. Au dessous de ceux-ci, du côté de la surface intérieure de la mon-
tagne se trouvent encore plusieurs autres points beaucoup plus petits et, par
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VAUIÉTÉS. 309
conséquent, beaucoup plus difficiles à voir. Ce ne sont pas, toutefois, des objets
difficiles pour un observateur expérimenté, même avec un instrument de gros-
seur moyenne.
Sous un éclairage très oblique je n'ai rien pu voir de particulier à Tendroit où se
trouvent les deux gros points. Le plus important des deux semble être situé dans
une vallée ou dépression en forme de ravin, découpée dans la terrasse intérieure.
En Texaminant avec un plus fort grossissement, ce point se montre bien rond,
sombre, sans être absolument noir, assez mal défini vers le bord. Les deux points
sont également visibles, en général, mais je soupçonne de légères variations de
temps à autre. Il serait très désirable que ces objets fussent étudiés avec un
réfracteur de premier ordre et par un astronome bien exercé aux observations
de la surface de notre satellite.
Les remarques de J. Schmidt, au sujet de ces points, dans le texte accompa-
gnant sa carte lunaire, ne sont pas nombreuses. Les voici :
1851. — Février 13, 1 i. — Sur la muraille sud de Copernic, qui est absolument
sans ombre, se trouvent deux points sombres, le plus gros à TEst.
1851. — Février 15. — Outre les deux points ci-dessus, j'en ai encore vu trois
autres plus petits sur la muraille sud de Copernic.
1851. — Février 16. — Les points sombres ne sont pas bien visibles.
1868. — Juin 3. — Il n'y a qu'un point sombre, rond, sur la muraille sud de
Copernic. Le terminateur passe par Grimaldi,
1868. — Juillet 10. — Aucune trace des points sombres. Il y a déjà de l'ombre
sur la muraille sud.
1869. — Juillet 20. — Un point sombre s'est montré sur la muraille sud de
Copernic quand le terminateur a eu dépassé Aristarque.
1873. — Avril 10. — Le terminateur est à Grimaldi; le point noir de la muraille
sud est verdâtre. Au sud-ouest de Copernic jusqu'au voisinage de Gambart se
trouvent environ trente très petits points, d'un gris noir, qui nepeuveiit certai-
nement pas être des ombres. Deux d'entre eux sont sur la muraille sud-ouest de
Ganabart. Il n'y en a pas entre Stadius et Copernic. L'altitude du Soleil était
de 52o-o5o. Ils ressemblaient aux points que j'ai déjà vus dans la muraille sud
de Copernic, puis au sud-ouest du cratère et au sud de Gay-Lussac. Je les ai
dessinés ; mais ils ne figurent pas sur ma carte, parce que je n'ai pas pu fixer
leurs positions depuis. La plupart sont par 15o de longitude et 46o de latitude.
J'ai pu faire des observations plus récentes de ces objets.
D»- Klein.
M. Ivlein a fait, en effet, une série d'observations qui s'étendent du mois d'oc-
tobre 1881 au mois d'octol)re 1883. Les remarques de cet astronome sont fort inté-
ressantes, car elles confirment les premières données de Schmidt. M. Klein s'est
surtout servi pour ces observations d'un réfracteur de six pouces. Il conclut
ainsi : « Les points noirs que l'on voit sur Copernic, lorsque le Soleil est très
élevé, sont de très petits cratères dont l'intérieur est rempli d'une matière qui
310 L'ASTRONOMIE.
semble noire lorsqu'on la compare aux autres formations lunaires. Lorsque les
ombres ont disparu par l'élévation du Soleil au*dessus de l'horizon, ce ton sombre
ressort nettement à la vue, par un effet de contraste, ce qui n'a pas lieu quand
Fig. 99.
Le cratère lunaire de Copernic, d'après Secchi.
l'éclairage est plus oblique. Quelle que soit la nature de cette substance, elle est
fort rare à la surface de notre satellite.
« Il faut bien se garder de confondre les objets en question avec certaineî>
taches sombres que Ton voit entre Copernic et Gambart, sous un éclairage très
élevé y et qui ont un diamètre quarante ou cinquante fois plus considérable. >
Il y a encore là un beau champ de travail pour les observateurs, car il serait
intéressant de pouvoir préciser la nature de ces points. Nous nous permettrons
d'appeler tout particulièrement l'attention de M. Gaudibert sur ces points sombres
énigmatiques.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 311
Ni J. Schmidt ni M. Klein ne donnent le dessin des positions de ces petites
taches. Nous reproduisons ici le dessin général du cratère de Copernic, d'après
Secchi. C'est sur la muraille sud, c'est-à-dire supérieure, de ce grand.cirque, que
ces points ont été observés.
C. Détaille.
Nouvelles mesures de distances d'étoiles. — La science de l'infini poursuit
graduellement son œuvre. Ici elle vérifie les mesures antérieures pour en conso-
lider les bases ; plus loin elle marche à de nouvelles conquêtes. Le devoir de cette
Revue est d'enregistrer ces œuvres importantes.
Parallaxe de Véga. — M. Hall, le laborieux astronome de l'observatoire de
Washington auquel la Science est redevable de la découverte des satellites de
Mars vient d'appliquer le grand équatorial de cet établissement à la vérification
de la parallaxe de cette étoile qui a, comme la suivante, déjà tant exercé la saga-
cité des observateurs. Les observations ont commencé en mai 1880 et ont été
closes en décembre 1881 et ont employé, les premières 77 nuits, les secondes 6G.
Les mesures micrométriques ont donné : 1° celles faites avec des fils noirs sur
un champ brillant, 0',1556dzO',00764; 2'> celles faites avec des fils éclairés, sur
champ obscur 0',2080 ±: 0'',00827. La combinaison de ces deux résultats, de valeurs
diverses, donne pour la parallaxe la plus probable :
Parallaxe de Véga = 0^1797 dr 0%(K)5612.
Elle à été prise à l'aide de la petite étoile de 10" grandeur qui est à côté de
Véga, au Sud.
La 61« du Cygne. — Le môme astronome a voulu vérifier aussi cette parallaxe
en se servant du premier genre d'illumination; l'étoile de repère est l'étoile de
'J,5 grandeur qui se trouve à 3',3 au sud de cette étoile double. Le résultat est :
Parallaxe de la 61- du Cygne --O^4788±=0^01 38
A ces nouvelles déterminations, il est intéressant de comparer les anciennes :
VÉGA.
Airy or,m
W. Struve 0 261
C. A. F. Peters 0 142
.lohnson * 0 14
O. Struve 0 161
Main 0 154
Brunnow 0 212
Hall 0 180
Aldébaran. — En réduisant récemment (1884) les mesures micrométriques
faites de 1850 à 1857, à l'observatoire de Pulkova, sur le compagnon d'Aldébaran,
pour la préparation du tome X des Annales de cet observatoire, M. Otto Struve
a remarqué dans ces mesures une oscillation périodique semi-annuelle faisant
6I» DU Cygne.
Bessel 0%348
G. A. F. Peters 0 360
Pogson 0 384
Johnson 0 397
Woldstedt 0 523
O. Struve 0 509
Auwers 0 564
Hall 0 478
312 L'ASTRONOMIE.
soupçonner un mouvement parallactique de la brillante étoile du Taureau. Uu
jeune astronome de Tobservatoire, M. Shdanow, chargé de la discussion de ces
mesures à ce point de vue spécial, a reconnu que ce soupçon était fondé et que
cette étoile présente une parallaxe sensible.
La valeur de cette parallaxe s'élève à 0*516, et l'erreur probable n'est que
de (fObl.
Cette parallaxe est relative à la petite étoile voisine avec laquelle nos lecteurs
ont déjà fait connaissance (V Astronomie , mars 1885, p. 102), et suppose que cette
petite étoile n'a elle-même aucune parallaxe. C'est assez probable, quoiqu'elle
soit animée d'un mouvement propre surprenant pour une aussi faible étoile.
Quoi qu'il en soit, on peut désormais ajouter Aldébaran à la liste des étoiles les
plus proches de la Terre. Elle plane à peu près à la même distance que la 61'
du Cygne, c'est-â-dire à 15 mille milliards de lieues de notre séjour actuel.
Étoile 1618 Groombridge. — M. Robert Bail, directeur de l'observatoire de
Dunsink (Dublin), vient de publier le tome V des Annales de cet observatoire, qui
renferme les résultats obtenus dans les mesures de parallaxe d'un certain nombre
d'étoiles. 409 étoiles ont été observées dans ce but, à six mois d'intervalle,
pendant les années 1879 et 1880, afin de voir quelles sont celles qui manifeste-
raient des symptômes de déplacement de perspective dû au mouvement annuel do
la Terre autour du Soleil. Dans ce nombre, deux ont oflFert des signes évidents de
mouvement parallactiques, et l'on a fait toutes les mesures requises pour détei -
miner la valeur précise de ce mouvement. Ces deux étoiles sont la 1618« du cata-
logue de Groombridge et S 2486 = Cygne 6 Bode.
L'étoile 1618 Groombridge est une étoile de 6«,8 grandeur à mouvement propre
rapide, dont la position est : AR = 10»» 3« 54»; D = -[-ôOo 4' 14' (1878). Une étoile
Je 8«,8, située dans son voisinage, à 198' de distance et 201'> 43', a servi à déter-
miner sa parallaxe, qui a été trouvée de :
0',322 =h 0',023.
Étoile 2: 2486, Cygne 6. — C'est une belle étoile double, en mouvement
orbital très lent (6,0 — 6,5, 220» 10') et à mouvement propre rapide, située par
I9^9«0> et -t-49o37' de déclinaison. A l'aide d'une petite étoile de 10« grandeur
située à 170' de distance, et qui ne participe pas au mouvement propre de l'étoile
double, M. Bail a pu, par de nombreuses observations faites en 1880 et 1881, obte-
nir un résultat important pour le chiffre de la parallaxe, qui a été trouvée de
O',482±0',054.
D'après ce résultat, cette étoile du Cygne serait aussi rapprochée de nous que la
célèbre 0i«.
Cette étoile double se trouve à droite, où à l'ouest de 8 du Cygne, à la distance
de 5° environ, par 19*»9» et 49^37' de déclinaison. Ses deux composantes sont à
10' l'une de l'autre (Voy. le Catalogue de Flammarion, p. 125).
La 61« du Cygne. — M. Bail a terminé, le 2 octobre 1879, les mesures commun-
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 313
cées par Brunnow, le 18 septembre 1878, pour vérifier la parallaxe de cette célèbre
étoile. A l'aide d'une étoile de comparaison différente de celles qui ont servi à
Bessel et à Struve, il a trouvé :
0% 467 ±0', 032.
A l'observatoire de Washington, M. Hall a trouvé également en 1879 :
C, 478 ±0', 014.
On voit que les résultats adoptés pour cette distance sont surabondamment
confirmés.
Occnltatlon d^Aldébaran. — Comme le 22 février dernier, la ligne de simple
contact passe encore entre Londres et Paris ; mais, cette fois, c'est Paris qui voit
Toccultation et Londres l'appulse.
Voici quelles seront les phases du phénomène pour les trois lieux d'observation
Fiif. too.
6o 8q 100 120 )<»c
Carte pour Toccultation d'Aldébaran par la Lune, le 2 Septembre 1885.
suivants: Londres, Paris et Marseille, — dans la nuit du mardi 1" au mercredi
2 septembre 1885:
Londres Appulse : l''40'", heure de Greenwich.
Paris Entrée 1 31 , heure de Paris.
» Sortie 2 02 , —
Marseille Entrée 1 28 , heure de Marseille.
» Sortie 2 19 , —
Pour Paris, la Lune se lève, le l*"" septembre, à 10"* 18»» du soir, et Aldébarau
passe au méridien le 2, à 5*» 43™ du matin. Le phénomène y sera donc observable
dans de bonnes conditions de hauteur au-dessus de l'horizon. D'ailleurs, pendant
l'occultation, l'observation du disque de notre satellite lui-même ne manquera
pas d'intérêt, sa phase étant exactement au dernier quartier.
314 L'ASTRONOMIE.
A minuit, la libration a pour valeurs moyennes :
En latitude, 6* 26' dans le sens N — S. En longitude, 5» dans le sens E — 0.
Edouard Blot.
Verrerie d^optiqne de M. Feil. — Nous apprenons avec plaisir que l'impor-
tante verrerie de M. Feil, dont la fondation, à Choisy-le-Roi, date de 1827 (Henri
Guinand, grand-père maternel de M. Feil) et qui a rendu pendant plus d'un demi-
siècle tant d'éminents services à l'astronomie et à la physique, vient d'être
reconstituée à Paris par M. Feil père lui-même, qui s'est associé M. Mantois et
conserve la collaboration de son fils. Les deux disques de l'objectif destiné au
grand équatorial de l'observatoire de Nice (0™ 76) est depuis un mois déjà entre
les mains de MM. Henry frères, qui se sont chargés du travail optique et l'auront
probablement terminé en octobre. Ces jours derniers MM. Feil et Mantois vien-
nent de livrera M. Alvan Clark de Cambridgeport (États-Unis) le disque Crown
qui restait à faire, (M. Feil fils ayant déjà livré le disque Flint) destiné au grand
équatorial de 0" 97 de l'observatoire du mont Hamilton (legs de vingt et un mil-
lions de James Lick). C'est le plus grand objectif qui ait jamais été construit, et
la maison Feil était la seule qui pût s'en charger.
Essai des lunettes. — Un honorable correspondant nous signale les résultats
suivants obtenus avec la lunette de 95™ de M. Bardou :
Antarès dédoublé le 10 juin 1884, à 10»» 30™, la Lune étant levée depuis 9'».
Le même observateur déclare avoir dédoublé avec le même instrument (grossis-
sement =200) e Bouvier, Ç Orion et même Rigel. La liste d'étoiles doubles pu-
bliée à la p. 689 des Etoiles a servi de base pour cet essai et témoigner de l'ex-
cellence de cette lunette.
Occnltatlons. — M. Louviot, à Melun, a observé, le 9 mai, roccultation de
rétoile V» Balance par la Lune. Au moment où cette étoile touchait le bord
lunaire, l'observateur la vit passer derrière un pic (monts Leibniz), reparaître
dans une échancrure, puis disparaître définitivement.
Petite comète télescoplque. — Une petite comète télescopique vient d'être
découverte par M. Barnard, des États-Unis. Mais elle n'est que de 10« grandeur
et son éclat va en diminuant. Réservée aux grands instruments, ëa position sera,
le 4 août.
^ = 16" 38-41' ;(D = 20M',5
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 AOUT AU 15 SEPTEMBRE 1885.
Principaux dijets célestes en évidence pour robserratlon.
io CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du Ciel étoile durant cette période de Tannée, il faut se reporter
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 315
soit aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descrip-
tions données dans Les Étoiles et les Curiosités du Ciel (p. 594 à 635).
Nous sommes arrivés à l'époque la plus favorable pour les observations astro-
nomiques : le soir, le ciel est généralement pur et la température douce,
agréable. C'est le moment de l'été où les habitants des villes émigrent à la cam-
pagne, se rendent au bord de la mer. Aussi engageons-nous vivement les
personnes qui aiment la Science d'Uranie, à se munir d'une forte jumelle marine,
d'une bonne lunette terrestre ou mieux encore d'une lunette astronomique.
2* SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 août, le Soleil se lève à 4*>54" du matin et se couche à
7hi4m du soir; le l*"" septembre, le lever a lieu à 5i'18™ et le coucher à 6*>41";
enftn, le 15 septembre^ l'astre du jour se montre au-dessus de Thorizon à 5^38",
pour disparaître au-dessous à 6^12" du soir. La durée du jour est de 14»>20™ au
15 août, de 13'>23« au 1«' septembre et de 12^34" au 15 septembre. Du 15 août au
15 septembre, les jours décroissent de 44» le matin et de 1^2™ le soir, ce qui
donne une diminution totale de 1^46«.
Le 31 août 1885, midi tombe au milieu du jour, puisque le Soleil se lève à
5^17™ du matin; il passe au méridien 6'*43°» plus tard, pour se coucher ensuite à
6h43m du soir. Cette curieuse coïncidence ne se produit que quatre fois par an :
vers les 45 avril, 14 juin, 31 août et 24 décembre, le midi moyen et le midi vrai
coïncident, ce qui donne un moyen facile de construire un cadran solaire.
La déclinaison boréale du Soleil qui est encore de 13»56' au 15 août, de 8o,8
au l^*" septembre, n'est plus que de 2o52' le 15. C'est cette diminution considé-
rable de llo4' qui est cause de la diminution rapide de la durée du jour.
La lumière zodiacale commence à se montrer le matin, à l'Orient, environ
deux heures avant le lever du Soleil.
Une éclipse totale de Soleil aura lieu le 8 septembre 1885, dans la soirée;
mais elle sera tout à fait invisible à Paris.
A 6'>45™ du soir (temps moyen de Paris), le cône de pénombre arrive en con-
tact avec la Terre, un peu à Test de l'archipel des Nouvelles-Hébrides; à cet
instant, le Soleil se lève pour ce lieu qui est en plein Océan Pacifique et
Véclipse partielle commence. A 8"» 4", le cône d'ombrée est en contact avec notre
planète en un point situé à Test de la Terre de Van Diémen; c'est le commen-
cement de Yéclipse totale.
Uombre de la Lune se déplace alors rapidement vers l'Orient, recouvrant un
étroit espace qui est plongé dans une profonde obscurité: en même temps, elle
coupe les extrémités des deux principales îles de la Nouvelle-Zélande et le
détroit de Cook qui les sépare, passe près de l'île Broughton, continue sa
marche à travers l'Océan Pacifique, l'Océan Glacial Antarctique et les Terres
Australes. L'éclipsé totale finit à 9»»58»». Enfin, à 11^17™, le cône de la pénombre
disparaît à son tour, au coucher du Soleil, un peu à l'ouest des côtes de la
Patagonie.
316
L'ASTRONOMIE.
Comme on le voit, Téclipse totale sera difficilement observable. Quant aux
diverses phases du phénomène, elles pourront être observées dans quelques îles
ot îlots de la partie méridionale de la Polynésie.
Lune. — Notre satellite se présente toujours dans de mauvaises conditions
pour Tobservation. C'est ainsi que le 17 août, jour du Premier Quartier, la Lune
n'est élevée que de 26o9' au-dessus de l'horizon de, Paris, lors de son passage au
Méridien.
Phases..
( PQle 17 août, à PSG™ soir.
) PL le 25 » à 5 35 »
DQ le 2 septembre, à .5''24" matin.
NL le 8 » à 8 53 soir.
Occultalions et appulse visibles à Paris,
Cinq occultations et une appulse seront observables à Paris, dans la première
moitié de la nuit. A ce nombre, il faut ajouter l'occultation d'une étoile de
4« grandeur et celle (ÏAldébaran qui ont lieu quelque temps après minuit.
!• B.A.C. 6287 (6* grandeur), le 20 août, de il''50- à 12'' 52- du soir. L'étoile disparaît
en un point du disque lunaire situé à 21** à gauche et au-dessous du point le plus au
Nord, et réapparaît en un autre point placé à il* au-dessous du point le plus occiden-
tal, dans la partie éclairée. A Londres, la durée de l'occultation n'est que de 56".
2* p' Sagittaire (4« grandeur), le 21 août, de 12''47- à 13^53". Cette brillante étoile.
dont l'occultation est représentée (fîg. 101), s*éteint en un point placé à 29* au-dessou-^
et à gauche du point le plus élevé du disque lunaire, pour se montrer en un autre point
Fig. 101.
Fig. lOî.
Occultation de 9' Sagittaire par la Lune,
le 21 août, de 12»» 47- à 13*«53".
Occultation de •* et ** Taureau par la Lune,
le 1««- septembre de 10^6" à lO^bG" du soir.
situé à 28* au-dessous du point le plus occidental. A Paris, la Lune sera couchée depuis
4" à l'instant où finira le phénomène. Mais dans l'ouest de la France et des lies Britan-
niques, la Lune sera encore au-dessus de Thorizon lorsque l'étoile fera sa réapparition.
Les observateurs du nord de l'Europe pourront étudier, en outre, l'occultation de la
composante p' Sagittaire, qui se trouve à près de 28' au sud de la première.
3* 0' Taureau (4" grandeur), le 1" septembre, de 10»' 6-^4 à 10''56-,2 du soir. Cette ^emâ^
quable étoile disparaîtra, voir la pg. 102, à 16* au-dessous du point le plus oriental du
OBSEKVATIONS ASTRONOMIQUES. 317
disque de la Lune et réapparaîtra en un autre point situé à 40* au-dessus du point le
plus occidental. A Paris, le commencement du phénomène ne sera pas visible, l'étoile
double 0 Taureau étant encore au-dessous de l'horizon. Mais dans les lieux dont la lon-
gitude Est dépasse 3% en Alsace-Lorraine, en Suisse, en Allemagne, l'occultation tout
entière pourra être vue. A Londres, la fin de l'occultation seule sera observable.
4* 6* Taureau {\* grandeur), le !•' septembre, de 10''6*,7 à 10''56-,8du soir. Cette belle
composante disparaîtra et réapparaîtra en môme temps que 6' : ce sera là un phéno-
mène bien intéressant. Une simple jumelle ou une faible lunette seront nécessaires.
Comme le montre la fîg. 102, les trajectoires des deux composantes seront parallèles :
0' s*éteindra et reparaîtra en deux points situés à 20* au-dessous des points où 6' dis-
paraîtra et reparaîtra.
b* B.A.C. 1391 (5« grandeur), le i*' septembre, de il'* 2- à li''41'" du soir. A peine si
les deux composantes de la double 0 Taureau se seront présentées à nos regards que
deux autres étoiles disparaîtront successivement. L'étoile de 5* grandeur disparaît en
un point situé à 15* au-dessus du point le plus occidental du disque lunaire et reparaît
à 15* à droite du point le plus élevé. A Londres, la durée de l'occultation n'est que
de 3I-.
6* 81 Taureau (6* grandeur), le !•' septembre, à 11"»!!" du soir. A Paris, il y aura
simple appulse : l'étoile ne fera que frôler le disque de notre satellite, en un point
placé à 30* à droite et au-dessus du point le plus bas. Dans le nord de l'Europe, il y
aura occultation.
?• 85 Taureau (6,5 grandeur), le 1" septembre, de ll''29- à 12^3- du soir. L'étoile
s'éteindra en un point situé à 8* à gauche du point le plus méridional du disque
de la Lune, pour réapparaître en un autre point placé à 21* au-dessous du point le plus
occidental. Cette observation pourra être faite dans le nord de TEurope. A Londres,
Toccullation durera 40"*.
8* Aldébaran (!'• grandeur), le 2 septembre, de l''30"5 à 2''2"' du matin. C'est la
sixième observation à faire dans cette môme nuit du 1" septembre. A Paris, l'étoile
disparaîtra en un point du disque situé à 31* au-dessus du point le plus à l'est du disque
lunaire et réapparaîtra à 1* à droite du point le plus au Nord. Pour plus de détails,
nous prions les observateurs de se reporter à Taiticle spécial de M. Blot.
Occultations diverses.
Les Lecteurs de V'Astronomie qui habitent les diverses parties de la Terre
pourront encore observer les occultations suivantes :
1* p Capricorne (3* grandeur), le 23 août, vers b^ du matin, temps moyen de Paris.
Cette remarquable occultation pourra être observée dans la partie occidentale de l'Amé-
rique du Sud.
•2* 117 Taureau (6* grandeur), le 2 septembre, de 10'' 43- à 11*'29 du soir. Cette occul-
tation sera visible dans le nord de la France et dans les Iles Britanniques.
$• 1 Gémeaux (3* grandeur), le 4 septembre, vers S** du soir. L'occultation sera visible
dans le centre et le nord-est de l'Europe.
Le 21 août, à 6^ du soir, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
404 SCO"^"»; diamètre lunaire = 29'30''8.
Le 6 septembre, à 2^ du soir, la distance de la Lune k la Terre est périgée :
362 700»^™; diamètre lunaire = 3-2'56'2.
Mercure. — Mercure brillera, pareille à une étoile de première grandeur, le
matin, dans le ciel de TOrient. Le mois de septembre sera le plus favorable de
Tannée pour Fétude de cette rapide planète. Seulement, Tastronomc ne devra pas
318 L'ASTRONOMIE.
craindre de se lever une heure et demie avant le Soleil. L'emploi d'une bonne
jumelle marine sera toujours très utile.
Jours. Lever. Passage Iféridieu. Différence Soleil. Constellation.
9 Sept 4*32- matin. IIMI- matin. 0*57- Liox.
10 » 4 26 » 11 7 a 15 a
12 » 4 15 • 10 59 » 1 19 a
14 » 4 7 a 10 53 a l 29 a
Le mouvement de Mercure est rétrograde, du 19 août au 11 septembre; à
partir de cette dernière date, la marche de la planète redevient directe. C'est le
2 septembre que Mercure passe entre le Soleil et la Terre.
Le 8 septembre, à 5*> du matin, Mercure et le mince croissant lunaire seront
en conjonction et visibles dans le champ d'une même lunette astronomique. La
planète se trouvera au sud de la Lune et à la faible distance de 1 S' du bord mé-
ridional. Le 13 septembre, conjonction de Mercure et de p Lion; Tétoile ne sera
éloignée que de 42' de la planète.
Le 10 septembre, le.diamètre de Mercure est de 9', 2; sa distance à la Terre de
109 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de 47 millions de kilomètres.
VÉNUS. — Bien que Vénus passe au méridien deux heures en moyenne après
le Soleil, elle ne se couche qu'environ une heure après lui. Cela tient à ce que la
déclinaison de VEtoile du Berger est australe, tandis que celle du Soleil est
boréale et que la dififérence de ces déclinaisons varie entre 11» et 14». Vesper a
un tel éclat qu'on peut l'apercevoir, à l'Ouest, aussitôt après le coucher du Soleil.
Joars. ^ Passage Uéridien. Coocber. Différence Soleil. Constellation.
16 Août l''50- soir. 8^14- soir. 1*2- Lion.
19 » 152 a 8 8 » 12 Vierge.
22 a 1 53 » 8 3 a 12 »
25 » 1 54 a 7 56 a 11 »
28 a 1 56 a 7 50 » 11 »
31 » 1 57 a 7 44 . 11 )»
1" Sept 1 58 a 7 43 » 12 »
4 » 1 59 «^ 7 37 » 12
7p 20 a 7 31 a 13 a
10 » 2 2 a 7 26 a 14 »
13 a 2 3 a 7 20 a 14 a
Le mouvement de Vénus continue à être direct à travers la constellation de la
Vierge. Le 19 août, à 6»» du soir, la planète sera visible à 26' au nord de P; le
24 août, à 13' au nord d'Uranus; le 25 août, à 39' au sud de tj; le 31 août, à 2«30
au sud de y; le 6 septembre, à lo30' au nord de 6; le 10 septembre, à 2«30' au
nord de l'Épi. Le M septembre, vers iO*> du matin, Vénus sera en conjonction
avec la Lune : la planète se trouvera à 2<»27' au sud de notre satellite.
Le !•' septembre, le diamètre de Vénus est de 12'2. La distance de cet astre à
la Terre est de 200 millions de kilomètres et de 107 millions au Soleil.
Mars. — Mars se rapproche de nous et se lève dans les environs de minuit. II
est très facile de le distinguer dans la constellation des Gémeaux, avec sa teinte
rougeâtre, non loin des étoiles e, 1^, 8 Gémeaux.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 319
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
18 Août O^'SS- matin 9^ 2- matin. Gémeaux.
22 » 0 55 » 8 58 » »
26 » 0 52 » 8 53 » » '
30 » 0 49 )' 8 48 » »
3 Sept 0 46 )• 8 43 » »
7 » 0 43 - 8 38 » »
11 » 0 41 » 8 33 » Cancer.
15 » 0 38 » 8 28 » »
La planète continue sa marche directe vers l'Est. Le 21 août, Mars se trouvera
en conjonction avec Ç Gémeaux et le 26 avec S, de 3« grandeur, à 56', au Nord.
Le l<^r septembre, le diamètre de Mars est do 5',6; la distance de la planète à
la Terre est de 299 millions de kilomètres et au Soleil, de 230 millions.
Petites planètes. — Cérès continue son mouvement vers TEst dans la con-
stellation de la Vierge; mais elle devient plus difficile à observer. Une lunette
astronomique est indispensable pour la reconnaître dans la ligne de prolonge-
ment de la droite qui unit les étoiles e et Ç de la Vierge.
Le 19 août, Cérès se couche à 9»»33°> du soir; le 29 août, à 8^59°» et le 8 sep-
tembre, à 8^25™. Le 8 septembre, Cérès est éloignée de la Terre de 486 millions
(le kilomètres.
Coordonnées au 29 août : Ascension droite... U"* 0-. Déclinaison... 6* 55' S.
» 8 sept. ; » » 14 14 » 8 37 S.
Pallas est toujours facile à découvrir avec une jumelle marine, à la limite des
constellations du Bouvier et de la Vierge, en dehors des constellations zodiacales.
Elle continue sa route à 20» au nord de Técliptique, dans le quadrilatère que
forment les étoiles e et î Vierge, v et Ç Bouvier.
Jours. Passage Méridien. Coucher de Pallas. Constellation.
19 Août 3»'35'" soir. 10'' 38- soir. Vierge.
24 » 3 22 » 10 22 » Bouvier.
29 » 3 10 » 10 7 » »
3 Sept 2 57 » 9 51 » »
8 » 2 45 » 9 36 » »
13 » 2 33 » 9 21 i> »
Le 8 septembre, la distance de Pallas à la Terre est de 503 millions de kilo-
mètres et sa distance au Soleil est de 404 millions de kilomètres.
Junon demeure dans la constellation de la Vierge et se meut parallèlement à
Cérès, un peu au Nord et à une distance de 4^30' environ. Elle séjourne dans le
voisinage du triangle que forment les étoiles |jl, cp et i Vierge, puis traverse ce
triangle au commencement de septembre.
Jours. Passage Méridien. Coucher de Junon. Constellation.
19 Août 4'* 7" soir. lO** 1- so'ir. Vierge.
24 » 3 52 » 9 44 » »
29 » 3 37 » 9 27 » »
3 Sept 3 23 » 9 10 » »
Coordonnées au 29 Août. : Ascension droite,.. 14*'9". Déclinaison.. 3M'S.
320 L'ASTRONOMIE.
Vesta, se rapproche rapidement de nous. Elle poursuit sa marche vers l'Est,
dans la constellation du Taureau, où il est facile de la reconnaître, suivant la
ligne qui unit Aldëbaran à x Gémeaux.
Jours. Lerer de Vesta. PssMce Méridien. Constellation.
15 Août 11^47* soir. 7'' 16- matin. Taubeau.
20 » Il 32 » 7 3 p »
25 • Il 18 » 6 49 »
30 • Il 4 • 6 36 » •
4 Sept 10 49 » 6 22 *> »
9 » 10 35 » 6 7 »
14 » 10 20 ». 5 52 »
Le 8 septembre, Vesla est éloignée de 361 millions de kilomètres de la Terre
et de 379 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 19 août. : Ascension droite... 4''57-. Déclinaison... 17*22' N.
» 8 sept. : » » 5 20 » 17 42 N.
Jupiter. — Jupiter est devenu absolument invisible. C'est le 8 septembre,
jour de Téclipse totale, à 10*» du soir, que cette planète arrive en conjonction avec
le Soleil, c*est-à-dire passe derrière cet astre et atteint sa distance maximum à
la Terre.
Saturne. — Cette belle planète est de plus en plus intéressante à obsener.
avec ses admirables anneaux. Nous rappelons que le 5 août, au soir, les rayons
de la planète se confondront sensiblement avec ceux de Tétoile de 3« grandeur.
{X Gémeaux.
Joars. Lever. Passage Méridien. ConstellaUon.
19 Août 0''34- matin. 8^31- matin. Gémeaux.
24 » 0 16 » 8 13 » »
29 » 1 1 56 w 7 55 » »
3 Sept 11 38 » 7 37 » »
8 » 11 20 » 7 19 » •
13 M 11 2 I. 7 t » »
Lo l«r septembre, le diamètre de Saturne est de 16'; la distance de la planète à
la Terre est de 1395 millions de kilomètres, et au Soleil de 1336 millions de kilo-
mètres.
Uranus. — Uranus est toujours invisible.
Eugène Vimont.
ERRATA.
. Dans le tableau des diverses vitesses publié dans le dernier numéro de la Revue, on
lit que les éruptions solaires, d'après Secchi, peuvent atteindre 900,000"* par seconde.
II y a là une erreur de traduction. La plus grande vitesse quç Secchi ait constatée est
de 370,000 mètres. Prière de corriger ce chiffre et de le rétablir à sa place.
CORRESPONDANCE,
M. D. LuzET, à Orléans, signale une recrudescence des lueurs crépusculaires, à la
date du 19 juillet. A 9** du soir, il faisait encore grand jour.
M. H. Barrât, à Rilley, par Anzain. — Votre proposition est noble et généreuse. Mais
nous n'osons pas vous y encourager. Le monde en général, reste encore, malgré les succès
que vous voulez bien nous rappeler, fort indifférent aux choses du ciel; nous craignons
que vous n'obteniez pas un résultat compensant vos efforts.
M. HouDBiNE père, à Amiens. — Les sujets que vous traitez s'écartent un peu du
cadre de l'Astronomie. Cependant nous espérons pouvoir les faire connaître à nos lecteurs.
M. JuiLLARD, à Valentigney. — M. le directeur de la Revue était absent de Paris à
l'époque de la lettre dont il s'agit. Peut-être a-t-elle été égarée. Il vous serait reconnais-
sant de vouloir bien lui en rappeler le sujet.
M. Maurice Jacquot, au Havre. — Pour le rapport entre les taches solaires et les
facules, voir la Revue, première année, p. 50.
M. E. MoRGAND, à Eu. — L'installation d'un équatorial est une opération délicate
dont nous ne pouvons indiquer tous les détails. Bornons-nous à dire que l'instrument
a^ant d'abord été placé d'après la connaissance qu'on a de la latitude et du méridien du
heu, on en rectifie ensuite la position à l'aide des observations mômes. — Le pied de
i'équatorial, figuré à la page 221 du 3' volume de la Revue d'Astronomie empêche en
effet que l'on puisse faire faire un tour complet à l'instrument quand il est pointé non
loin du pôle : mais l'inconvéniant est minime, car aucune observation ne (Jnre 24**. —
Le prix des lunettes, dans les dimensions que vous dites, varie un peu moins vite que
le cube du diamètre de l'objectif. Vous pouvez vous faire par là une idée du prix de co
que vous demandez.
M. Epaminondas Polydore, à Smyrne. — Votre projet relatif à la réforme du calen-
drier a été classé avec les envois analogues, pour être présenté au concours.
M. le D"" B. L. GoNDSMiT, à Zutphen. — Vous pouvez toujours vous adresser en toute
confiance aux constructeurs d'instruments astronomiques cités dans Les Etoiles et choi-
sir Tun des instruments décrits.
M. GuNziGER. Ce nouveau réticule est ingénieux, mais ne trouvez-vous pas que le
plus léger petit coup donné à la lunette suffit pour faire reparaître Tétoile cachée der-
rière les fils et constater qu'elle est bien à la croisée. N'y a-t-il pas à craindre aussi
de diminuer par cette coupure la stabilité des fils.
M. E. Renneteau, à Rouen. — Nous espérons que notre réponse à la dépêche do'
M. Andrade et la déclaration publiée dans le dernier N« de la Revue auront prouvé la
fausseté de cette absurde prédiction et rassuré les populations des îles du cap Vert.
M. MoNiER, à Paris. — Votre question sera le sujet d'un petit article dans notre pro-
chain Numéro.
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— 38, — et tableaux pour renseignement 0 75
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liUnette^ astronomiques, corps cuivre avec chercheur, tnbe
(i'ocul&ire a ci^malllère pour la mise au foyer. Monture équito-
riale a Jatitude variable 4e 0* à 90*, cercle honore et cercle de
Uéclinaiâon donnant la minute par les verniers;.piiice|K>Qrûxer
la luneite en décUnaison. Pied en fonte de ferrepountptrtrob
vis calantes sur n'ois crapaudines (^.1).
I/oenlaire le plus faible est muni d'un réticule.
DIAMETRE
II*** cercles.
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0",18
0«,15
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OCULAIRES.
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100, 160 et m
100, 150/200 et 4a0
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuivre are
chercheur, pied fer et soutien de stabilité servant a dinf^er U
lunette par mouvement vertical lent au moyen d'une crémail-
lère; tube d'oculaire à crémaillère pour la mise au foyer. Lis-
strument {fig. 2) et ses accessoires sont calés dans une belle es
sapin rouge
II
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Grossissements.
80 et 150
75, 120 et 200
85, 130 et 240
100, 160 et 270
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuivre, pi^J
fer, mouvements prompts, tube d'oculaire à crémaillère pour U
mise au foyer. L'instrument et ses accessoires sont cales ilas^
une boite en sapin rouge.
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25
90
100
80 et 150
On peut ajouter et l'on ajoute généralement à ces divers
modèles :
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'^ iU
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REVUE MENSUELLE
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1885
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moHtnre très stable, avec micromètre de position, mouvement d'horlogerie isochroa€,
cercles divisés sur argent, divisions de calage, rappel dans le sens horaire sur la luneite.
doublç. éclairage, etc,, etc.
-Pour leç hassps latitude^?, le pied en fonte de Tinstrument aura la forme rectangi-
lairo et le mouvement d'horlogerie sera logé dans le pied; pour les hautes latitudes" 1-
pied sçra eii générai une colonne ronde et le mouvement d'horlogerie sera adapi? ^
rextéricur do la colonne. — La lunette sera pourvue d'an chercheur de grande uUTcr-
ture et aura au moins trois oculaires sans compter celui du micromètre et du chercheur
Laoêltes ^gialtrâks
J>e 9^»" d*ouver- ''
ture libre. a.&OG
Do 108** d'ouver-
turo libre 4 000
Dû 135"» d*ouTer-
lure libre.. 6.500
De 160"* d'ouver-
ture libre 9.000
loifUies nériéicaes
Do 55"* d« diamè- *»
tre.ccrcledell"».. 850
DefiO** ave<: appa-
reil de ïxtouroe-
pieût,.,, 1-500
Cercle mérldien,ob-
jtsctir do 67-■
d'o«vert1lrtî, très
complet, retour-
nement mécani-
que.,,,.... 4.OO0
Lunettemurale, ob-
jectif do 55 —
trouverlure 250
Ippireib icff^ioires peu b
réfradeurï équtenau.
Spectrosoûpe stel- ''
lairô de S&cchi. . . 2O0
Spectroscope à 2
prîsftiôs 500
Spectrosc4ïpe avec
vis microni étriqué
et pdstfiô ii visioa
ilifti^lâ.. . .. ... 650
■ ■ - ' * ■ 1 -
\\;
^'H, ,
Spectroscope à 2 prismes en flint de
48'»'», objectif de 27"« et li«"» de dis-
tance focale, lentille cylindrique achro-
matique, prisme de comparaison, loupe
pour observer IMmage sur la fente, vis
micrométrique avec tambour divisé sur
argent, second tambour servant à enre-
gistrer les observations faites dans
l'obscurité, arrangement pour fixer
avec facilité des tubes de ôeissler ou
des pointes métalliques entre lesquelles
on fait jaillir l'étincelle électrique, 3 '-
oculaires i .000
Le même avec adjonction d'un prisme à ''
vision directe 1.100
Chambre noire pour adapter à l'instru-
ment et pourvue d'un obturateur instan-
tané suivant la grandeur de l'instru-
ment 800d 4O0
Oculaire a grand ctiamp et faible gros-
sissement laissant toute la lumière que
la lunette comporte 40
Hélioscope 300
Oculaire à lame de verre divisée en
mailles carrées de petit niveau pour
prendre des mesures avec TliéUosoope. 60
— L'ASTRONOMIB. — 321
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION
DE L'OBSERVATOIRE DE JUVIST, ET LE MIRACLE ^D'iaâilE.
On lit dans la Bible, au quatrième livre des Rois^ ch. xx :
En ce temps-là Bzéchias fut malade à la mort, et le prophète Isaïe, fils d'Amos,
Fig. 103.
Cadran solaire à rétrogradation de l'Obsorvatoiro de Juvisy.
vint le trouver, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Mettez ordre à votre
maison, car vous ne vivrez pas plus longtemps.
Alors Ezéchias, tournant le visage contre la muraille, fit sa prière au Seigneur.
Le Seigneur parla à Isaïe et lui dit : Retournez et dites à Ezéchias : Le
Seigneur a entendu votre prière et a vu vos larmes; vous allez être guéri, vous
irez dans trois jours au temple. J'ajouterai encore quinze années aux jours de
votre vie.
Septembre 1885. 0
822 L'ASTRONOMIE.
Alors IsaTe dit aux serviteurs du roi : Apportez-moi une masse de figues. Os la
lui apportèrent et la mirent sur l'ulcère du roi. Et il fut guéri.
Mais Ezéchias avait dit d'abord à IsaYe : Quel signe aurai-je que le Seigneur me
guérira ?
Isaïe lui répondit : Voici le signe que le Seigneur vous donnera pour vous
assurer de sa parole. Voulez-vous que l'ombre du Soleil avance ou qu'elle rétro-
grade de dix degrés?
Ezéchias lui dit : Il est aisé que l'ombre s'avance de dix degrés, et ce n'est pas
ce que je désire que le Seigneur fasse; mais qu'il la fasse retourner en arrière
de dix degrés.
Le prophète Isaïe invoqua donc le Seigneur, et il fit que Vombre retourna en
arrière sur Vhorloge d'Achaz par les dix degrés par lesquels elle était déjà
descendue.
Tel est textuellement Tépisode rapporté par la Bible. Ce récit est intéres-
sant au double point de vue historique et philosophique. D'une part, il nous
montre que les cadrans solaires étaient en usage en Judée l'an 709 avant
notre ère (le premier cadran solaire grec a été construit à Athènes en l'an — 433
par Méton, et le premier cadran solaire romain a été construit à Rome par
Papirius Cursor en — 306) ; d'autre part, il nous rappelle que, pour la cour
théocratique du roi de Judée, le Soleil pouvait être arrêté dans sa marche
^comme au temps de Josué), ralenti ou accéléré. Toutefois, il y avait des
nuances dans la difficulté du miracle et par conséquent des degrés dans sa
valeur : « Il est aisé que l'ombre s'avance, » pense le roi; il serait bien plus
difficile de la faire reculer! Cette simple réflexion ne donne-t-elle pas la note
de l'idée tout humaine, tout anthropomorphique que Ton se formait alors
sur le Créateur et son œuvre?
Quoi qu'il en soit, la Bible assure que l'ombre du Soleil rétrograda de dix
degrés sur le cadran solaire d'Achaz.
Cette histoire nous avait toujours paru sujette à caution. Peut-être a-t-on
tort d'enseigner aux enfants que la Bible est un livre écrit sous la dict^ de
Dieu, véridique et infaillible en tous ses points. On accoutume ainsi notre
enfance à envelopper toutes les parties du récit biblique dans un même
respect, depuis Adam jusqu'à Jésus. Lorsque, ayant acquis l'âge de raison,
nous savons que ni Josué ni Isaïe n'ont arrêté le Soleil, nous n'osons pas
nous afl'ranchir de l'interprétation littérale, et, en reconnaissant l'erreur
d'un épisode, nous sommes conduits à rejeter en même temps le livre tout
entier, du conunencement à la fin.
Il en serait autrement, si l'on enseignait que la Bible est une œuvre impor-
tante au point de vue historique, respectable comme monument de l'une des
plus anciennes civilisations, supérieure à beaucoup d'autres épopées, mais
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION. 323
œuvre humaine, dans laquelle on peut garder ce qui est bon et oublier ce
qui est mauvais ou erroné. Le jeu perpétuel des miracles, entre autres, qui
est si intimement lié à toute Thistoire du peuple juir, qui met à chaque
instant en scène, à propos d'un roitelet ou d'un massacreur quelconque, la
toute-puissance du Créateur de l'Univers et qui rabaisse et compromet si
puérilement l'idée de Dieu, ne devrait-il pas être présenté comme le témoi-
gnage d'une époque d'ignorance et de crédulité, au lieu d'être défendu
comme un fait réel? Nous livrons ces réflexions aux défenseurs futurs de la
Bible.
Comme beaucoup d'autres, nous avions rejeté le miracle d'Isaïe ainsi que
celui de Josué sur le compte d'une exagération de l'imagination orientale,
admettant que, dans le cas de Josué, les combattants ont pu croire sincèrement
la journée plus longue que d' habitude (le même fait s'est reproduit sous Charle-
magne, à Roncevaux,) et que^ dans le cas d'Isaïe, le prophète avait, par un
<c pieux mensonge > et dans un « bon motif », dérangé le cadran solaire sous
les yeux du roi ou de quelques personnages de la cour envoyés par lui : on
sait que les cours, en général, ont toujours été de remarquables réunions
d'ignorants.
Un jour de l'année 1880, nous reçûmes à Paris la visite d'un ingénieur bien
connu, M. Etienne Guillemin, colonel du génie à Lausanne, venant nous
exposer que le miracle d'Isaïe pouvait être renouvelé, et qu'il l'avait été dès
le seizième siècle par Nonius, l'inventeur du « vernier », né en 1492, mort
en 1577. M. Guillemin lui-même l'avait répété à Taide d'un cadran solaire
provisoire, d'après les indications données dans le Dictionnaire des amme-
ments des Sciences mathématiques et physiques^ publié, sans nom d'auteur, en
1792. Malheureusement, dans sa démonstration, Nonius ne donnait aucun
calcul et commettait des erreurs, si bien que le renouvellement de son exj>é-
rience était une affaire assez laborieuse.
L'année suivante, le il août 1881, nous fîmes, à Lausanne môme, en
compagnie du savant et sympathique colonel Guillemin, l'essai d'un cadran
solaire à rétrogradation, et quelques mois après nous écrivions les lignes
suivantes dans notre ouvrage, Les Etoiles (p. 760), au chapitre des Annales de
l'Astronomie :
An 709 avant Jésus-Christ. — Les cadrans solaires étaient en usage, et depuis
longtemps sans doute, sous le règne d'Ezëchias. Quinze ans avant la mort de ce
roi de Juda, la Bible rapporte que le prophète Isaïe ût rétrograder Tombre de
dix degrés sur le cadran solaire d'Achaz. C'est là une opération que Ton a taxée
jusqu'à ce jour de miraculeuse, mais qui peut se faire sans miracle, si Ton donne
au cadran une inclinaison calculée suivant la latitude du lieu. Nous avons nous-
324 L^ASTRONOMIB.
même renouvelé le miracle d'Isale, Tété dernier, à Lausanne. Nous ferons con-
naître la manière de renouveler ce fameux miracle d'Isale, dans l'un des premiers
numéros de notre Revue astronomique.
Des travaux plus urgents ont retardé jusqu^ici la rédaction de cet article.
Un vieux proverbe nous excuse, en assurant que tout vient à point à qui sait
attendre.
En établissant un petit cadran solaire horizontal à TObservaloire de Juvisy,
nous l'avons organisé de telle sorte qu'il peut servir à la fois de cadran
solaire ordinaire et de cadran solaire extraordinaire pour la reproduction du
miracle d'Isaïe.
Voici les éléments du problème :
Prenons une planchette rectangulaire ABCD munie d'un style perpendicu-
laire. Plaçons cette planchette horizontalement et orientons-la de telle sorte
que la ligne SN soit dans la direction Sud-Nord. A midi, l'ombre du -style s^e
dirigera suivant la ligne ON.
Maintenant, au lieu de laisser la planchette horizontale, inclinons-la, en
prenant la ligne ABpour charnière, Vers le Soleil, qui est au Sud. L'ombre
du style se raccourcira à mesure que l'inclinaison augmentera, et elle arri-
vera à être nulle à l'heure de midi. Alors le style est pointé juste vers le Soleil.
Continuons encore l'inclinaison de la planchette : l'ombre du style, au
lieu de se projeter au Nord, comme tout à l'heure, va se projeter au Sud.
C'est dans cette position que Ton peut observer la rétrogradation de l'ombre.
A midi, l'ombre du style se projette suivant la ligne OS. Puis on la voit mar-
cher très rapidement vers la gauche ou vers l'Est jusqu'à un certain angle.
Là elle s'arrête. Ensuite elle revient sur ses pas et rétrograde jusqu'au cou-
cher du Soleil.
Il va sans dire que c'est le Soleil seul qui fait tout. Une fois l'inclinaison
de notre planchette trouvée, nous la fixons, et nous n'y touchons plus. Il ne
s'agit pas d'uu tour d'escamotage. C'est un fait cosmographique qui s'opère
et que l'on observe.
Pour établir un cadran solaire qui donne ces résultats, on peut procéder
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION. 325
de la manière suivante. Nous prendrons celui de l'Observatoire de Juvisy (*)
comme modèle.
Construisez un cadran solaire horizontal de 0'",20 environ de diamètre. Le
style de ce cadran solaire est, naturellement, incliné suivant ta latitude du
lieu : il marqpie les heures et sert aux usages habituels, c'est là votre cadran
solaire normal. Ne vous en préoccupez pas autrement.
Au centre, vissez une aiguille de 0'",20 de longueur environ, bien pçrperir
diculaire au plan du cadran.
Au lieu de fixer ce cadran par ses quatre angles, montez-le à charnière,
par son côté sud (le côté AB de la fig. 104) sur une plaque fixée au pied,
plaque sur laquelle il est simplement rabattu lorsqu'il est horizontal.
Deux points sont maintenant à considérer. D'une part, il faut trouver
l'inclinaison convenable pour que le phénomène se produise ; d'autre part,
cette inclinaison trouvée, il faut y fixer le cadran. Ces deux points seront
réalisés en plaçant deux arcs de cercle divisés de 0* à 90** entre lesquels le
cadran s'élèvera à volonté, et, en adaptant sur chaque côté une petite plaque
latérale munie d'une vis dont le serrage maintiendra le cadran à l'inclinaison
voulue.
Nous avons vu que le style doit être dipgé un peu au sud du Soleil à midi,
de telle sorte que son ombre se projette au Sud. C'est dire que la déclinaison
du style doit être inférieure de 3<» à 4*» à celle du Soleil.
Prenons, par exemple, le jour du solstice d'été, à Juvisy.
A cette date, la déclinaison du Soleil est de 23*^ j, celle du style sera donc
de 20^
L'inclinaison du cadran sera celle de la latitude du lieu, moins la décli-
naison du style, soit 48*» 42'— 20**, soit 28*»22'. Une précision à un demi-
degré près suffit.
Nous élevons donc notre cadran en le faisant tourner autour de sa char-
nière jusqu'à ce que son plan passe par 28** \ au-dessus de la ligne horizontale
de zéro des arcs de cercle. Comme il convient d'opérer à midi, on trouvera
cette inclinaison, indépendamment des divisions gravées sur les arcs de
cercle, tout simplement par l'ombre du style. Plus cette ombre à midi est
courte, plus la rétrogradation est grande. Pour un style de 0™,20, il convient de
prendre un ombre de 0",0i, à midi, et de fixer le cadran à cette inclinai-
son-là.
Cela fait, l'ombre s'éloigne de la ligne méridienne S N en se dirigeant vers
(<) Ce nouveau genre de cadran solaire, représenté fig. 103, a été construit par
M. Molteni, l'ingénieux opticien qui a fait faire de si rapides progrès à l'art des pro-
jections.
Rétrogradation de l'ombre sur le cadran solaire.
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION. 327
TEst et en s'allongeant. Au bout d'un certain temps, elle s'arrête. Puis elle
revient sur ses pas et rétrogade jusqu'au coucher du Soleil.
Nous avons représenté {fig. 105) le plan du cadran solaire de Juvisy observé
le jour du solstice d'été. Ce plan est de grandeur naturelle (on a supprimé,
dans ce but, la partie de droite qui, du reste n'ajoutait rien à la démons-
tration).
Les lignes d'ombre sont tracées de quart d'heure en quart d'heure depuis
midi jusqu'à P30" : elles sont dessinées à leurs positions etàleurs longueurs
précises. A partir de l^^SO"" l'ombre continue à peine son cours; elle avance
encore un peu, mais pour rester stationnaire de 1*^50" à 2*» 34. Le milieu de
cet intervalle, soit 2*" 12", représente l'heure de l'angle maximum.
Alors comme chacun peut s'en assurer, l'ombre forme un angle de 78<»,7
avec la méridienne.
Dès lors, l'ombre rétrogade, tout en continuant de s'allonger. A 2*" 50" elle
repasse par la ligne de l'^SO™ ; à 3*» 10, elle arrive vers celle de 1* 15", à 4 heures
vers celle de 1 heure, à 5** 10" vers celle de 12*' 45 et à 6 heures à la ligne où
elle passait à 12'» 37". Le Soleil se couche vers six heures pour le plan du
cadran ; mais on peut suivre la rétrogradation plus longtemps en recevant
l'ombre du style sur le cadre du cadran, s'il dépasse son plan, ou sur un
écran perpendiculaire à ce plan. C'est ainsi que nous avons marqué la trace
de l'ombre à sept heures, en dehors du cadran.
De 2** 12" au coucher du Soleil, l'angle de rétrogradation est de 11° j. C'est
un peu plus que la rétrogradation rapportée par la Bible (en supposant qu'ils
aient eu la même division du cercle que nous).
Il convient de faire cette expérience dans les conditions précédentes et vers
le solstice d'été; parce qu'à cette époque la rétrogradation est à son maximum:
aux équinoxes elle est nulle.
De Téquinoxe d'automne à Téquinoxe de printemps, on ne peut pas obser-
ver toute la rétrogradation, parce que le Soleil se couche trop tôt.
Ces conditions se rapportent à notre hémisphère. Appliquées à l'hémisphère
austral, elles sont de sens contraire.
Dans l'expérience précédente, faite au solstice d'été, notre cadran est
parallèle à un cadran horizontal placé à 20* de latitude boréale, comme au
sud de La Mecque, au nord de Bombay, ou au Tonkin, à Cuba (Santiago), à
Mexico, Saint-Domingue, etc. Tout cadran solaire à style vertical placé hori-
zontalement à cette latitude doit montrer la même rétrogradation. Tout
cadran horizontal à style vertical observé entre les tropiques doit montrer
une rétrogradation analogue pendant notre été pour les latitudes boréales et
pendant l'été austral pour l'autre hémisphère. En thèse générale, la rétrogra-
dation est d'autant plus grande que la déclinaison du Soleil est elle-même
328 L'ASTRONOMIE.
plus grande et que la déclinaison du style se rapproche davantage de celle
du Soleil. II est singulier que Ton n'ait jamais remarqué le fait sous les tro-
piques; il faut croire qu'on n*a jamais eu la curiosité d*y observer un
cadran solaire horizontal à style vertical.
Pour un cadran horizontal, la rétrogradation est nulle à Téquateur; elle
augmente jusqu'au tropique, quand la déclinaison du Soleil est supérieure à
la latitude du lieu. Au delà, elle est de nouveau nulle; mais pour la produire
il suffit d'incliner le cadran sur l'horizon d'une quantité égale à la latitude
du lieu, moins la déclinaison du style lorsque le Soleil est dans le même
hémisphère, et de cette latitude, plus la déclinaison du style quand il est dans
l'hémisphère opposé; dans ce dernier cas, la rétrogradation n'est pas com-
plète, le Soleil disparaissant de l'horizon du lieu avant de s'abaisser au-
dessous de celui du cadran.
Tout ce qui vient d'être dit pour la marche de l'ombre dans l'après-midi
s'applique en sens contraire aux heures de la matinée; nous aurions pu tra-
cer sur le cadran des lignes symétriques du lever du soleil à 9*» 48", et de
cette station jusqu'à la progression rapide de midi ; mais pour plus de sim-
plicité et plus de clarté, nous nous en sommes tenu à l'inscription du mou-
vement à partir de midi.
Maintenant, le cadran solaire d'Achaz était-il analogue à celui que nous
venons de décrire? L'hypothèse est plausible. Achaz, père d'Ezéchias, roi de
Juda, régnant à Jérusalem, avait des astrologues dans sa cour, comme
Ezéchias et comme Josias, son petit-fils : il suffit de lire le « Livi*e des Rois »
pour sentir combien l'astrologie était alors intimement liée à la religion et
quels rôles jouaient les astrologues et les prêtres. Presque à chaque règne on
les extermine pour les remplacer! Achaz « sacrifia sur les hauts lieux » selon
l'expression de la Bible. Son petit-fils Osias « détruisit les autels qui étaient
sur la terrasse de la chambre d'Achaz » (Rois y TV, 23). « Il extermina aussi les
augures, qui avaient été établis par les rois d'Israël pour sacrifier sur les
hauts lieux dans les villes de Juda et autour de Jérusalem, et ceux qui
offraient de l'encens à Baal, au Soleil^ à la Lune, aux douze signes et à toutes
les étoiles du ciel. »
On ne saïu-ait être plus explicite, et il n'y a rien de surprenant à ce que les
prophètes eux-mêmes aient combiné certains phénomènes célestes de façon
à agir sur l'esprit des princes et à les ramener dans le droit chemin. Aujour-
d'hui même on en voit bien d'autres en politique.
Pour faire rétrogader l'ombre de 10°, il faut donner au style une inclinaison
de 18*25'. A Jérusalem, dont la latitude est de 3i''46', le cadran doit être
incliné sur l'horizon de 31*46' — 18*25' soit de 13*21'.
Quoi qu'il en soit, il nous a paru intéressant d'établir dans notre nouvel
LE GADRIK SOLAIRE A RÉTROGRADATION.
Z»
observatoire ua cadran solaire à rétrogradation et d'en offrir à nos lecteurs la
description prise sur nature.
Camille Flaicmariox.
P. S. — Nos lecteurs mathématiciens ou géomètres trouveront ci-dessous la
théorie, les formules et les épures, que M. le colonel GuiUemin a bien voulu
rédiger spécialement pour V Astronomie.
THÉORIE, FORMULES ET ÉPURES DE LA. RÛTROGRADATIOX DE l'OMBRB.
Soit fig. iOQ une sphère céleste ayant son centre en G; HHq : plan horizontal ; en O :
style vertical dont le zénith est en Z; PPo : ligne des pôles; EEo : plan de
réquateur; SSo parallèle décrit par le Soleil; ZHjZo : plan vertical tangent au
Fig. 106.
H
parallèle solaire, (soit plan de Técliptique aux solstices), dans lequel pourra
toujours se trouver le style.
PHiDPo: méridien passant par le point d'intersection H) du plan horizontal
avec le parallèle solaire.
A, Ae, A' = déclinaison du Soleil.
l = déclinaison du style.
HiOflJ = direction de Tombre au lever du Soleil.
T
3S0 L'ASTRONOMIE.
^ HsOH^ =^ direction de Tombre au moment de son plus grand écart du méridien.
HGHs = azimut maximum de Tastre.
R = angle de rétrogradation = arc HiHi.
r = arcHiHs compris entre les intersections de Técliptique et du plan de
réquateur avec le plan horizontal.
r est le complément de l'azimut maximum du Soleil.
( R + r) == arc HiHs, compris entre les intersections du parallèle solaire et
de réquateur avec le plan horizontal.
Détermination de (R-*-r).
Considérons le triangle H1DH3 rectangle en D, le côté HiD = A = déclinaison
du Soleil, l'angle opposé = 90» — Z = complément de la déclinaison du style.
On a, d'après les formules trigonométriques connues ;
' ,T% ^ sinA sinA
(•) ^"""-^'•^-sin(90--<)=-3^-
Détermination de r.
Considérons le triangle AHtHj, rectangle en H». — Les angles A et (90«— /
sont connus et Ton a :
cosA CCS A
Observation. — La formule (2) permet de déterminer la latitude d'un lieu
quelconque, en observant l'azimut maximum d'une étoile dont la déclinaison est
connue et supérieure à la latitude du lieu d'observation.
Soit 6, l'azimut maximum observé, cosr = sinO d'où :
cos / = . . •
smO
Cette formule présente l'avantage d'être indépendante de la réfraction.
11 faut choisir une étoile dont la déclinaison ne soit pas trop supérieure à la
latitude du lieu d'observation, sinon on est exposé à de grandes variations
de [, par de petites de r.
Formule générale donnant directement la valeur de R,
R étant égal à (R + r) — r, on a :
(3) sinR = sin(R-t-r)co8r — co8(R-+-r)sinr,
. / r» \ sin A / r» X i/cos* l — sin* A
8m(RH-r)= — --r> co8(R-hr) = ^ — , ^,
«^o* CQsA . v^sin«A — sin*l
cos r = ■ , » sinr= ^ ' , .
cos l cos L
En remplaçant les sinus et les cosinus par leurs valeurs :
..^T> _ sinA cos A v/( cos» L ^ sin» A ) Çsin» A — sin» î)
"°" " cos»Z SSStî '
. o sin A cos A. Vsin» A cos» A — sin» / cos» l
C08»t ' C08*l
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION.
331
(4)
sinR =
sin2A — v/sin«2 A — sin«2 f
2cos«Z
Il est en général plus simple de calculer les valeurs de R, au moyen des
formules |1 ) et (2) et en faisant la différence (R -h r) — r = R.
TABLEAU DES VALEURS DE R,
au solstice d'été et pour les différentes déclinaisons du style.
l
(R + r)
r
•
R
0*
23*.28'
23*. 28'
0<».00'
2*
23*. 29'
23*. 23'
0'.06'
4-
23*.32'
23-. 09'
0-.23'
6*
23'.36'
22*. 44'
0«.52'
8-
23-. 43'
22-. 08'
1-.35'
10*
23*. 51'
21-.20'
2».3l'
12*
24«.01'
20*. 19'
3«.42'
14*
24*. 14'
19-.02'
h\ 12'
16*
24*. 28'
17*.24'
7-.04'
18*
24*. 45'
15M9'
9\26'
20*
25-. 04'
12-. 32'
12*. 32'
22*
25*. 26'
8*. 23'
17\03'
23*. 28'
25*. 44'
O-.OO'
25-. 44'
A = i
>3*.28'
TABLEAU DES VALEURS DE R,
pour différentes déclinaisons du Soleil, la différence (A — 0 des déclinaisons
du Soleil et du style étant constante et égale à : 3% 28'.
(R + r)
r
R
A= 7*.28'
7-. 29*
11-.35'
15% 49'
20*. 17'
25*. 04'
6M9'
8M5'
9-. 50'
11M4'
12% 32'
1*. 10'
3«.20'
5*. 59'
9% 02'
12-. 32'
i - 4- (
A = 11*. 28' /
i = 8- )
A = 15*.28' )
Z =12* i
A=l9-.28' ;
Z =16* i
A = 23*. 28'
i =20* ( •••••••••;
332
L'ASTRONOMIB.
TABLEAU DES VALEURS MAZIMA DE R,
pour différentes déclinaisons du Soleil,
8in(R-+-r) =
A-
sinA
/
cosA
sinR = tangA
cosr =
cosA
cosA
A
R
0*
0*
4*
4». 41'
8*
8*. 05'
12»
12*. 16*
16*
16\40'
20*
2f.21'
23*. 28'
25».44'
La longueur d'ombre à midi est
égale à 0.
La fig. 107 représente les différentes courbes ;
Fig. 107
10* «• w* »• 10» 20» trtyn»'
Les déclinaisons l, se mesurent sur l'abscisse, et les angles de rétrogradation R,
sur leg ordonnées. * '" '
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION. ;383
La courbe des R a été tracée en prenant les dififérences des ordonnées de la
courbe des (R-4- r) et de celle des r. On voit dans la courbe des R, pour A = 23»28',
qu'elle diffère très peu du cercle qui a été tracé en pointillé. Les autres courbes
Fig. 108.
w>i — , — . — '■ ^ — . — . — . ^ -.00*
pour des déclinaisons A = 20, 16o, i2o, sont simplement tracées avec des arcs do
cercles, raccordés à la courbe des maximum par des tangentes.
Les longueurs d*ombre sont représentées en vraie grandeur pour un style
de 0",20; elles se mesurent sur les ordonnées, au moyen d'une échelle métrique.
Projection verticale.
Au centre de la sphère céleste G s'élève un style vertical, dont le zénith est en Z.
HHo = trace du plan horizontal.
OE = trace du plan de Téquateur.
PPo = ligne des pôles — axe.
SK = trace du parallèle décrit par le Soleil.
KNTS = rabattement du plan KS, divisé en heures indiquées en chiffres
romains.
L'angle SOE = A = déclinaison du Soleil.
L'angle ZOE := l = déclinaison du style.
a =: angle horaire (compté à partir du méridien) du plus grand écart de Tombre.
. p =: angle horaire (compté à partir de 6^), du. lever au coucher du Soleil.
«34
L*ASTRONOMIE.
En projection horizontale :
HHo est la trace du plan méridien.
MTN' = projection de Tare SK décrit par le Soleil au-dessus de l'horizon.
T' OT; = trace du plan vertical tangent à la projection N'TM de SK.
Fig. 109.
X.
MU
>->
:v-,.-::^
■■^:-^
<if
i
T4^
U l"
[ ! ;
î i !
• qT^
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w
^T*
./^
n«i
r- "-#1
Oi L
B,
«h
.i liw
2*» 2*j^m 3,H
N'O, direction du rayon lumineux au coucher du Soleil, et dont le proIong:e-
ment indique la direction de l'ombre.
t; 12»» Ti . . . 4»> = trace de l'ombre de l'extrémité d'un style vertical. — Les
heures sont indiquées en chiffres arabes.
BB^i . . . indique les longueurs d'ombre aux différentes heures, à partir de B, et
pour un style dont la vraie grandeur serait = OB.
L'aire du plan horizontal balayée par l'ombre du style est teintée en noir. La
partie balayée deux fois est plus foncée.
. La .ligne O 12^, prolongement de MO indique la direction et la grandeur
d'ombre à midi. Celle-ci s'écarte peu à peu du méridien jusqu'en OT^ prolongement
LE CADIAlf' SOLAIRE A RÉTROGRADATION. «35
de TO, tangent' à Tellipse N'T'O. Dès lors, Tombre se rapproche du méridien
jusqu'à ce qu'elle ait prit la direction du prolongement de N'O. N' étant le lieu
du Soleil au moment où il s'abaisse au-dessous de Thorizon du cadran.
(solstice)
R = 10-.
Commencement de la rétrogradation après midi
a = 2''40-, p = 0''33-.
Coucher du Soleil = 6^33-.
Expérience du 11 août 1881, faite par Af. Camille Flammarion
k Lausanne {fig. 110).
A =15* 10' i = n%
longueur d'ombre à midi, la longueur du style étant de 0'»,20 :
tang(A — 0= tang3»10 = 0,055 x longueur du style
longueur d'ombre = 0,055 x 20 = l^™,!.
Inclinaison du cadran sur l'horizon :
Latitude de Lausanne = 46*31 .
Inclinaison^ 46*31' - 12* = 34'31'.
Rétrogradation de l'ombre :
sin(R -h r,) = 0,26747
i
cosr = 0,98 673
(R+r) = 15*31', r = 9*2r
(R + r) — r = R = 6*10'.
Conmiencement de la rétrogradation après midi :
co8,= -i2îig|L = 0,78415
tang 15*10
a = 38*2r = 2''33-'.
Coucher du Soleil pour le cadran :
8inp = 0,05365
p = 3*-f-4'à5'=12-.
= 6»» 12».
La trace de l'ombre de l'extrémité du style de 0°»,20, tel qu'il a servi pendant
l'expérience, est indiquée en ligne ; tandis que la trace de l'ombre
figurée dans l'épure est celle d'un style égal à OB = 0»,5.
A = 70* Z = 40*
R = 26*31'
a = ,4M9-.
336
L'ASTRONOMIE.
Le Soleil ne disparaît pas de l'horizon et la direction de l'onibre est la même à
midi et à minuit.
A =45- l = ib\
Fig. 110.
.**
V
N.
li -i \ \ \
# r* » ft cosA - rt
cos(R-+-r) = 0, cosr=-— T- = l, r = 0.
COS A
sinR = cosr = 1
90-.
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION.
337
On remarque ici, que la rétrogradation est continue, Tombre faisant un angle
droit avec le méridien immédiatement avant et après midi.
Détermination des heures du commencement et de la fin de la rétrogradation.
Soit e = rayon de l'arc STPN décrit du centre I (parallèle solaire)
e = IS:= OD = cosA
ZT 7A
seca = -r- = -
e cosA
Fiff. 111.
vm
M'*m
ZI, considéré comme faisant partie du triangle,
ZIO = OIcotg/;
mais
Donc
OI = DS = sinA.
ZI = sinAcotgZ
338
et
on a aussi
(5)
L'ASTRONOMIE.
. ZI sin A . , . 4 4 I
séca —---=: ^ cotg/ = tangA cotg /.
cosA
%écoL —
cosa
I
langA cotg/
_ tang/
* ~" tang A
égal heure de l'azimut maximum, en réduisant les degrés en minutes, et en divisant
par 15, pour avoir des minutes de temps.
Heure du lever et du coucher du Soleil pour le plan du cadran,
. ^ NC KT KT
' e e cosA
Kl =: 01 tangl = sin A tang/
Kl sin A,
sinB =^ — = jT
*^ e cosA
tang/
( 6 ) sin p = tang A tang /.
L'heure du commencement de la rétrogradation à partir de la ligne méridicuuc
et de midi est donnée par la formule
cosa= . ^V »
tang A
LE CADRAN SOLAIRE A RÉTROGRADATION. 339
dans laquelle l représente la déclinaison du style, et A la déclinaison du Soleil.
Dans l'exemple du texte, (Juvisy), solstice d'été, on a
Dans Texpérience faite à Lausanne, le 11 août 1881, on a
cosa = , ^^"fr!.Tn> = 9.89439 = 38«21' = 2" 33-.
tangl5'l0
La valeur de la rétrogradation peut se calculer par la formule suivante :
Soit A = déclinaison du Soleil.
/ = déclinaison du style en latitude géographique du lieu pour lequel le cadran
serait horizontal.
R = angle de rétrogradation de Tombre, les valeurs de R peuvent être calculées
eu fonction de Z et de A :
. Ti sin2A — v/smrrÂ^^^sîn*T7
2cos' /
l']u mettant sin2 A en facteur commun et en faisant
sin?/
sin2A
: smç>
la formule devient
sin2Asin*
sinR =
(I)
si l'on suppose
Au solstice d'été
cos* /
i = 0% on a R = 0*
/ — A, on a sinR = tangA.
sinR = tang23'28'
R=^ 25*44'.
Tel est l'angle maximum décrit par l'ombre du style pendant son mouvement
de rétrogradation.
L'heure du lever et du coucher du Soleil pour le plan du cadran est donnée
par la formule
sin0 — tangA tang/.
Lever du Soleil — C* -+- ^ •
io
Coucher du Soleil =^ e*" -h ^ •
Durée du jour = 12'' -\~ p-
340 L'ASTRONOMIE.
Exemple. — Calcul du plus long jour de Tannée, à Paris :
A r^ 23-28' i = 48*50'
tangArr 0.43412
tang/--- 1.14363
sinp-r 0.49 647
p -20M0'
2p = 59*32' ---3572'
2|P -^238- -3^58-
Durée du jour r-. lî" -h- 3''58- = 15''58"
Réfraction ^ - 9-
Durée totale du jour du lever au coucher du Soleil = 16''7'".
A Taide de ces formules et des épures, nos lecteurs ont maintenant entre les
mains toute la théorie du cadran solaire à rétrogradation.
Etienne Guillemin.
Colonel du génie, à Lausanne.
L^ÉPOQUE GLACIAIRE
ET LES ANCIENS GLACIERS DES ALPES.
Pour le touriste, si fier d'atteindre sur nos Alpes ces masses immenses de
glace, devant lesquelles il est saisi d'admiration et d'effroi, rétonnemenl
S3rait bien plus grand encore s'il pouvait se représenter l'étendue et le vo-
lume gigantesques de ces glaciers au commencement de l'époque quaternaire.
La Science nous explique parfaitement aujourd'hui ce phénomène, au
moyen des données les plus positives déduites de l'observation des faîls
anciens, comparés avec ceux qui s'opèrent journellement autour de nous.
Les glaciers anciens, comme les glaciers actuels, ont laissé partout des
traces de leur passage, et un rapide coup d'œil jeté sur la longue chaîne des
Alpes et dans les vallées qui s'ouvrent à leur pied, suffit pour nous montrer
le développement de ces mers de glace et les espaces parcourus qui, pour
quelques-unes, ont été de plus de 400^"*.
Il faut se représenter, avant tout, les cimes de nos montagnes beaucoup
plus élevées qu'elles ne le sont actuellement. L'une des dernières oscilla-
tions du sol, vers le déclin de l'époque tertiaire avait achevé l'exhaussement
le plus important de notre système de montagnes. Le calcul du volume des
roches que les courants fluviatiles et surtout glaciaires ont arrachées à ces
sommets pour aller combler au loin de pi-ofondes vallées, donnerait à ces
monts une élévation que l'on a évaluée le double de celle qu'ils présentent
actuellement.
L'origine des anciens glaciers a été attribuée à des causes multiples. La
précession des équinoxes, le plus ou moins d'excentricité de l'ellipse ter-
LtPOQUE GLAGAIRE ET LES ANCIENS GLACIERS DES ALPES.
341
restre, une déviation probable du grand courant le Gulf-Stream, les vents
humides provenant du Sahara, alors vaste mer intérieure de l'Afrique» sont
autant de causes distinctes, mais insuffisantes pour expliquer Timmense
étendue d'un pareil phénomène, et surtout sa longue durée. Les causes les
plus vraisemblables sur lesquelles repose la théorie de la formation et de
Fig. nn.
CARTE DES
AftCUNS OLACtCRS
DES AtPES
rORT , MART1K &.DF. KORTTl-LKT
FALRAN et CUAWTR£
Tex tension des anciens glaciers sont : une évaporation constante à la sur-
face du sol, favorisée par une température relativement douce et uniforme:
la condensation de ces vapeui's sur les sommets élevés; leur transformation
en brouillards, en pluies et en neiges abondantes, enfin Tinfluence de l'ir-
radiation solaire sensiblement atténuée par ces masses de vapeurs suspen-
dues dans l'atmQsphère.
Le sol ainsi peu à peu refroidi, ces neiges finirent par se changer en
342 L*ASTRONOMIB.
glace. Du Mont-Viso, -du Mont-Cenis, du Mont-Blanc, du Mont-Rose, du
Splugen, du Gothard, du Bi*cnner, en un mot, de toute la chaîne des Alpes,
ces glaces sont descendues et ont envahi les vallées et les plaines en vertu
de leur force propre d'expansion. La nature du sol pouvait offrir des obstacles
à la marche d'un glacier et môme en faire dévier le cours; dans ce cas, le
sol résistant apparaît profondément creusé parfois, mais surtout rayé, poli
et moutonné par le frottement de ces débris de roches dures que la glace
relient enchâssés et qu'elle entraîne dans son cours. Mais lorsque le terrain
n^était formé que d'anciennes alluvions, les ondes glacées se sont facilement
frayé un passage et ont atteint des distances énormes.
Ces courants de glace, pareils aux courants des eaux, ont déposé à leurs
côtés et à leur extrémité ces amas de boue, dite glaciaire, qui forment de
vraies collines ou moraines, et ont semé çà et là sur leur parcours les blocs
erratiques, énormes parfois, dont la présence dans nos contrées a été de tous
temps l'objet des plus étranges légendes.
Les anciens géologues désignent encore tous ces matériaux erratiques sous
le nom de diluvium^ terme légué par la théorie ancienne et erronée du déluge
universel auquel leur transport était attribué.
C'est en suivant ces dépôts morainiques, qui diffèrent essentiellement des
alluvions anciennes par le manque absolu de stratification et par ces pierres
anguleuses et striées qu'ils contiennent, que l'on peut tracer, avec certitude,
rétendue des anciens bassins glaciaires. Par les rayures qu'ils ont gravées
sur les rochers sous-jacents ils ont marqué eux-mêmes les directions qu'ils
ont suivies dans leur progression.
Aujourd'hui, on sait avec précision quels ont été les anciens glaciers des
deux versants de la chaîne alpine, et quel a été leur parcours. Sans parler
des glaciers de la Reuss, de la Linth étudiés surtout par M. Favre, et de tant
d'autres de l'intérieur de la Suisse, citons l'immense glacier du Rhône qui,
depuis le Valais, s'est étendu jusqu'aux collines lyonnaises.
Il a été, pour ainsi dire, le centre de tout le réseau glaciaire formé par les
glaciers inférieurs de l'Arve, de l'Isère, du Drac et de la Romanche, et a
environné tout le versant Ouest-Nord et Nord-Est des Alpes. Il s*est en outre
étendu, d'un côté, jusqu'au-delà de Lyon, et par une autre branche projetée
au Nord, il s'est rapproché des Vosges parle Jura. Sa masse de glace, après
avoir rempli les vallées entre les Alpes et le Jura, au sortir de l'étroit débou-
ché du Bugey et du Dauphiné, s'est étendue en éventail, et sa dernière mo-
raine frontale s'est étalée en demi-cerde depuis Bourg, au plateau de la
Bresse, aux collines lyonnaises, aux environs de Vienne, jusqu'à la Côte-
Saint- André. (Anciens glaciers, par MM. Falsan et ChaJttre).
Sur le versant italien, les anciens glaciers ont été très nombreux, mais
L'ÉPOQUE GLACIAIRE ET LES ANCIENS GLAQERS DES ALPES. 343
aucun d'eux n'a atteint les proportions gigantesques du glacier du Rhône,
puisque la glace n'a jamais dépassé les bords du Pô.
Les glaciers de la Stura, de la Maira, de la Vraita, du Pô, du Pellice, en
partant des Alpes-Maritimes, sont plus considérables si on les compare à ceux
des régions du Nord et du Nord-Est. La Doire Ripaire a porté ses moraines
jusqu'à Rivoli, près de Turin; la Doire Baltée s'est avancée jusqu'à Ivrée,
où ses moraines terminales forment presque un cercle. Le glacier du Tessin,
au cours tortueux, s'est étendu depuis le Gothard jusqu'au delà du lac
Majeur; celui de l'Adda s'est prolongé jusqu'à Monza; le glacier de FOglio
a atteint le petit lac d'Iseo, et enfin, tout à fait à l'extrémité orientale de la
chaîne des Alpes italiennes, on signale les glaciers de TAdige, de la Brenta,
de la Piave et du Tagliamento dont le premier, le plus considérable, réunis-
sait à lui seul tous les glaciers du Tyrol, et, depuis le Brenner, s'étendait
jusqu'au Sud du lac de Garde. (MM. Gastaldi, Stoppani, Mortillet, etc.)
Quoi de plus imposant que cette masse mouvante de glace, descendant le
Fig. 114.
Rochers moulonnés, polis et striés, à Montagnole (Savoie).
long'des pentes de ces monts gigantesques, gagnant peu à peu les vallées et
les plaines, n'étant arrêtée par aucun obstacle, moutonnant (fig. 114) et rayant
les roches inférieures, et laissant sur son passage, semblables à des digues im-
menses, cette suite de collines morainiques latérales et frontales, qui montrent
jusqu'à quel niveau elle a pu s'élever? Et quelle force devait avoir ce cou-
rant glaciaire pour traîner à des distances prodigieuses des blocs énormes de
pierres granitiques et autres, arrachés au mont où ils avaient pris naissance!
n n'est pas rare de rencontrer à de grandes distances de nos sommets alpins
des roches cubant plusieurs centaines de mètres, gisant sur un sol de nature
bien différente, telles, par exemple, la pierre de la Mule du Diable^ (fig. 115)
bloc erratique de 624 mètres cubes, provenant de la Morienne, et gisant à
Artas, entre Bourgoin et Lyon; la Pierre de Rancé, à Villards-les-Dombes,
:U4
L'ASTRONOMIE.
bloc de granit de cent mètres cubes, pi'ovenant du col du Bonhomme, à la
base sud du Mont-Blanc, et tant d'auti*es parsemés sm* toute l'étendue gla-
ciaire, dont Torigine et la nature sont parfaitement reconnues.
De môme que le naviresillonne la mer porté par les flots, les blocs erra-
tiques atteignaient les plaines, les vallées et le sommet des collines, portés
par les ondes de glace.
D'ailleurs quel autre agent assez puissant aurait pu opérer un tel dépla-
cement? Toutes les autres données que Ton a invoquées pour l'expliquer,
n*ont point résisté à Tobservation exacte, et encore moins celle qui attribuait
Fiff. 115
La Pierre de la Mule-du-Diable. — Bloc de schiste cblorileux de la Maurienne
(624 mètres cubes). Dans la moraine frontale d'Artas (Isère).
le transport de ces matériaux glaciaires aux déluges ou à des débâcles de
lacs.
En effet, quelle masse d'eau assez colossale, au cours assez torrentiel,
aurait pu faire glisser ces blocs le long des hautes montagnes, les poussera
travers des espaces immenses, et les hisser souvent sur les plateaux et au
sommet des collines, où on les voit encore fréquemment, perchés les uns
sur les autres, en équilibre, formant de véritables pyramides? Quelque vio-
lente qu'elle eût pu être, toute la fureur d'une mer n'aurait pu obtenir un
pareil résultat. Mais pendant que des savants de toutes les écoles rompaient
des lances pour faire triompher leurs théories plus ou moins étranges, de
simples bergers donnaient la clé du grand problème.
Uhumble chasseur de chamois, le montagnard Perraudin, de la vallée de
Bagnes dans le Valais, révélait le premier à M. de Charpentier que les gb-
ciers avaient dû ôtre anciennement beaucoup plus grands, et étaient descen-
dus de la cime et des flancs des montagnes en transportant avec eux ces
masses de roches granitiques qu'ils y avaient arrachées.
Plus tard, de simples bûcherons explicjuaient la môme théorie comme on
explique un fait très naturel. Donc rien d'anormal dans la marche des gla-
L'ÉPOQUE GLAGAIRE ET LES ANOENS GLAGERS DBS ALPES. 345
ciers. Cette révélation fut la base des recherches et des études de M. de Char-
pentier, et servit de guide sûr à tous ceux qui entreprirent depuis de déve-
lopper et d'approfondir cette importante question.
Le climat devenu plus sec, moins uniforme, Tévaporation moins abondante,
les glaciers furent de moins en moins alimentés; par suite, leur volume di-
minua peu à peu, et atteignit les proportions qu'on leur connaît actuellement.
Ce travail de retrait, lent et intermittent, a donné lieu à la formation d'au-
tres moraines secondaires, parallèles aux terminales, qui marquent les
différentes stations de ces mers.de glace dans leur marche en arrière.
Suivant M. de Morlillet, ces moraines secondaires étaient bien inférieures
aux autres, parce que la boue glaciaire, au lieu de s'amonceler, allait com-
bler les sillons, les bassins que la glace avait creusés; souvent même ces
Fig. 116.
Bloc erratique perché. — Brèche triarique de la Carentaire (40 mètres cubes). — Bourget (Savoie).
dépôts furent un remblai insuffisant, et c'est alors que se formèrent les lits
des fleuves et les bassins des lacs actuels. Mais ce n'est là qu'une simple
hypothèse.
Si quelques points de détail restent incertains, l'ensemble des faits est
suffisamment démontré pour qu'il soit impossible de nier qu'à l'aurore de
l'époque quaternaire, il s'est produit, surtout au centre de l'Europe, une
grande extension glaciaire. En présence de la théorie rationnelle et positive,
basée sur cette démonstration de faits purement physiques, les traditions
bibliques, la légende du Déluge universel érigée en théorie diluvienne, ne
se soutenant que par l'intervention du surnaturel, de l'incompréhensible,
sont enfin tombées. Faut-il encore croire à l'extermination de la race
humaine pendant cette époque (à l'exception cependant des hôtes privilégiés
de l'arche miraculeuse) et à la submersion totale par consé(ïuent de tout ce
qui germait et vivait dans le sein et à la surface de la terre? En réponse à
cette antique légende, la Paléontologie nous montre l'homme vivant par-
346
L'ASTRONOMIE.
tout aux bords de ces masses de glace, chassant le renne, Tantilope saïga, le
cheval et même le mammouth. Partout, à la limite des régions glaciaires, on
retrouve des traces de son séjour et des débris nombreux de son petit mobi-
lier primitif répondant aux besoins principaux de la vie. De son côté, la
paléontologie végétale et animale a prouvé, par ses dernières découvertes,
qu'à cette époque, faune et flore vivaient en face de ces glaciers, et témoi-
gnaient même d'un climat relativement tempéré.
La grande extension des glaciers quaternaires s'explique donc par le
concours de causes climatériques et telluriques parfaitement démontrées.
Elle a été commune à toutes les régions du globe, et de nos jours encore,
Fitr. m.
Bloc de gneiss amphilolique de l'Oiseau (95 mètres cubes). — Vallon de Thodure.
d'importants et de nombreux glacière se forment et se meuvent dans des
conditions identiques, sinon dans des proportions aussi vastes, sur toutes les
grandes chaînes de montagnes, non seulement de l'Europe, mais du monde
entier : principalement au Caucase, à l'Himalaya, aux Andes de Patagonie,
où le fleuve de glace s'étend jusqu'à la mer, et à la Nouvelle-Zélande, où les
blocs de glace qui se détachent du glacier tombent au milieu d*une végéta-
tion luxuriante de fougères arborescentes. Notons encore que la latitude de
toutes ces contrées ne dépasse guère 40*. Un froid excessif n'est donc pas
nécessaire pour produire et alimenter un glacier, et sa présence n'influe pas
sur les contrées environnantes au point d'y paralyser toute la vie organique.
Les glaciers dominant toujours le sommet de nos monts, il suffirait d'une
légère modification dans la température pour leur faire reconquérir leurs
anciennes proportions.
PASSAGE SUR LE DISQUE SOLAIRE. 347
Toutefois, il n*6St pas probable que nous soyons jamais les témoins d'un
tel fait, étant donné la lenteur d'un coiiraht de glace relativement à la rapi-
dité si grande du courant de la vie humaine. C'est peut-être là une des causes
les plus puissantes qui nous empêchent, trop souvent, de concevoir les phé-
nomènes les plus grandioses de la nature.
Ernest Chantre,.
Directeur-adjoint du Muséum d'Histoire
naturelle de Lyon.
PASSAGE SUR LE DISQUE SOLAIRE
D'UN ESSAIM DE CORPUSCULES, VU A L'OBSERVATOIRE
DE ZAGATEGAS (MEXIQUE).
J*ai institué à TObservatoire de Zacatecas, situé à 2502°> au-dessus du nivea u
de la mer, robservation quotidienne de Fëtat de la surface solaire, en dessinant
par voie directe et par projection les taches, facules et granulations, ainsi que
les protubérances de la chromosphère solaire, au moyen du spectroscope.
A cet effet, j'adapte à l'ëquatorial de 0",1G d'ouverture un appareil de projec-
tion qui reçoit sur une feuille de papier une image du Soleil de 0"',250 de dia-
mètre, le champ de la lunette no se projetant lui-même que sur une surface peu
éclairée de 0™,260. Lorsque le disque solaire offre un certain intérêt, je prends
des photographies de 0%067 de diamètre, au moyen de plaques instantanées au
gélatinobromure d'argent.
La coupole de TObservatoire a de petites fenêtres et d'épais rideaux noirs, de
sorte qu'il ne pénètre à travers l'objectif que l'image seule du Soleil. Cette dis-
position permet de noter toujours avec précision et clarté les facules et les
moindres détails des taches ainsi que les granulations, grâce à la transparence
de l'atmosphère, à l'altitude à laquelle se trouve situé l'Observatoire, sous un
ciel tropical (22o46'â4'9 de latitude Nord).
Le 12 août 1883, à 8*> du matin, je commençais à dessiner les taches solaires,
lorsque j'aperçus tout à coup un petit corps lumineux qui pénétrait dans le champ
de la lunette, se dessinait sur le papier me servant à reproduire les taches et
parcourait le disque du Soleil en se projetant comme une ombre presque cir-
culaire.
Je n'étais pas revenu de ma surprise que le même phénomène se reproduisit
de nouveau et cela avec une telle fi'équence que, dans l'espace de 2*», je pus
compter jusqu'à 283 corps traversant le disque du Soleil.
Peu à peu les nuages gênèrent l'observation qui ne put être recommencée
qu'au moment du passage du Soleil par le méridien et seulement durant 40" ;
pendant cet intervalle, on compta de nouveau le passage de 48 autres corps.
Les traces suivies par ces corps indiquent un mouvement direct do l'Ouest à
l'Est plus où moins incliné au Nord ou au Sud du disque. En quelques minutes
d'observation, j'ai noté que ces corps, qui paraissaient noirs et sombres,
348
L'ASTKONOMIE.
les uns parfaitement ronds et les autres plus ou moins élargis, en se projetant
sur le disque solaire, offraient des images lumineuses en quittant les bords et
en traversant le champ de la lunette.
Les intervalles des passages étaient variables : tantôt il en passait un ou deux,
n'employant qu'un tiers, une demi-seconde, au plus une seconde pour trar
verser le disque solaire, et une ou deux minutes s'écoulaient avant qu'il en
apparût d'autres; tantôt il eu passait 15 ou 20 presque à la fois, de sorte qu'il
Lignes suivies par les corpuscules devant le disque solaire.
PP' Cercles de df^clinAlson.
DD' Cercles parallèles.
EO Equateur solaire.
KS Diamètre polaire du Soleil, diamètre solaire ap-
parent = 1899'.
AA'» BB' tone de la tr«Jectoire des eorpaieiiles sur le
disque solaire.
Les lignes intermédiaires ont été sniviet par plu*
sieurs corpuscules.
était difficile de les compter. J'ai pu fixer la trajectoire de plusieurs de ces corps
sur le disque solaire, en notant l'entrée et la sortie sur le papier qui me servait
à dessiner les taches; ce papier^ ainsi que la lunette de léquatorial, suivait, au
moyen d'un mouvement d'horlogerie, le mouvement diurne apparent du Soleil
sur la voûle céleste. La fig, 118 est une copie réduite du dessin que j*ai fait du
disque solaire ce jour-là (de 250«™ de diamètre) avec les trajectoires des corps
et les taches solaires.
PASSAGE SUR LE DISQUE SOLAIUE.
349
Prenant souvent des photographies du Soleil, quand son disque présente de
notables taches et facules, je me mis en mesure de photographier également le
phénomène rare et intéressant du passage de ces corps par le disque solaire.
A cet effet, je remplaçai, dans le même équatorial, l'objectif de 0»',16 par un
autre d'égale force, mais à foyer chimique, auquel j'adaptai Toculairc et la
chambre photographique. Après divers essais pour mettre parfaitement au point
les corps, je réussis à prendre diverses photographies, dont j'adresse à VAstro-
nomie la plus intéressante. Pendant que je prenais ces photographies, un aide
comptait les corps au chercheur de Téquatorial. La photographie a été prise au
collodion humide au ^jô ^^ seconde. Cette rapidité ne me laissa pas le temps de
filtrer et de préparer convenablement les bains : aussi le négatif est-il un peu
Fipr. ito.
Photographie du SoleU et de l'un des corpuscules.
voilé par le révélateur. L'image du Soleil n'est pas au foyer, mais bien celle du
corps, qui m'offrait à ce moment plus d'intérêt.
Bien que, dans la projection et à simple vue, tous les corps parussent ronds
ou sphériques, on remarque dans les diverses photographies que les corps ne
sont pas sphériques, mais pour la plupart de formes irrégulières.
J'ai dit que, dans la projection du champ de la lunette, ces corps paraissaient
lumineux et dégageaient comme des traînées brillantes; mais qu'en traversant le
disque solaire, ils paraissaient opaques. En observant avec attention la photo-
350 L'ASTRONOMIE.
graphie et le négatif, on note un corps entouré d'une nébulosité et de traînées
obscures qui, dans le champ de la lunette et en dehors du disque, paraissaient
brillantes. Cela me ferait croire que les traînées brillantes au passage du corps
par le disque absorbaient la lumière actinique du Soleil ou diminuaient sa puis-
sance photogénique.
Dans raprès-midi, les nuages m'interdirent toute observation.
Je pris donc mes mesures et établis tout un plan d'observations dans le cas où
le phénomène se reproduirait le jour suivant.
Le 13 août, les deux premières heures du jour m'ofiFrirent un ciel nuageux
jusqu'à 8^ du matin; puis les nuages s'effacèrent un peu et je pus observer.
Aussitôt le même phénomène m'apparut de nouveau, et durant les 45 minutes
d'observation que nous permit l'état du ciel, nous comptâmes dl6 corps traver-
sant le disque solaire.
Aussitôt après l'observation du 12, j'avais télégraphié aux Observatoires de
Mexico et de Puebla pour les prier d'observer ce phénomène, mais il fut invi-
sible de ces Observatoires. En vue de vérifier d'une façon indirecte la distance
approximative de cet essaim de corps, je mis avec soin au point le chercheur
de la lunette, l'équatorial et une lunette à miroir argenté de Foucault de 0".10 de
d iamètre, en les dirigeant sur le disque solaire et sur les corps ; en outre,
j'eus dans la nuit l'occasion de les diriger également vers les planètes et la
Lune, qui était depuis depuis deux jours dans son premier quartier, sans
changer le foyer, et la Lune seule se voyait presque au foyer.
Cette circonstance, jointe à l'invisibilité du phénomène à Mexico et à Puebla
ou ailleurs, me fait croire que ces corps étaient assez proches de la Terre, à une
moindre distance que la Lune, et que leur parallaxe considérable était cause
qu'à Mexico et à Puebla ils étaient projetés hors du disque solaire.
José A. y Bonilla.
Directeur de l'Observatoire de Zacatecas (Mexique).
Note de la Rédaction. — L'observation de M. Bonilla est fort intéressante,
mais n'est pas facile à expliquer. La date des 12 et 13 août fait songer au courant
d'étoiles filantes de cette époque; mais il serait singulier qu'on n'eût rien vu à
Mexico ni à Puebla. Seraient-ce des oiseaux? Nous avons examiné avec beau-
coup d'attention la photographie dont la fig, 119 est une reproduction : le corps
noir est ovale, précédé et suivi de légères traînées; sa longueur est de 0"",9, sa
largeur de 0«",6 à 0««,7, le diamètre solaire est de 66™», (l'astre n'est pas au
foyer, mais le corpuscule). En dehors du Soleil, les traînées paraissaient bril-
lantes» — Nous serions portés à croire qull s'agit là d'oiseaux, d'insectes, ou de
poussières supérieures, en tout cas de corpuscules appartenant à notre atmos-
phère.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 35i
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS,
OBSERVATION D*UNB TROMBE MARINE.
Monsieur le Directeur,
Quelques détails sur une des trombes marines dont votre numéro du mois de
mars donne des esquisses pouvant intéresser les lecteurs de la Revue , je crois
utile de vous adresser l'esquisse que j'ai faite moi-même de ce phénomène.
Ma villa, à San Rémo, se trouve à la hauteur de 15«> au-dessus du niveau con-
Fig. 120.
Trombe marine observée à San Remo.
stant de la Méditerranée, cette élévation, à l'horizon de la mer coupe la vue à
une distance d'environ 8 milles anglais, soit 13"^°». La trombe s'est développée
exactement sur la ligne de l'horizon. C'est ainsi que la distance de la trombe en
ligne directe m'étant connue, j'ai pu tirer parti de ce fait pour en déterminer les
dimensions.
Avant d'aborder cette partie de mon sujet, permettez-moi de décrire ce que
j'ai observé.
De ma chambre j'ai une vue étendue de la mer. Selon mon habitude, je prends
note des vaisseaux qui passent. Le 13 janvier dernier, à 11^ 10"" (heure de Rome),
j'ai remarqué un objet noir sur l'horizon. Je crûs d'abord qu^un bateau à vapeur
projetait une mince colonne de fumée; mais elle était si nettement dessinée qu'il
352 L'ASTRONOMIE.
m'est venu immédiatement à l'idée que c'était une trombe marine. Je cours appeler
ma famille pour venir la regarder; à mon retour, moins d'une minute après, je
vois la trombe en forme de serpent depuis la mer jusqu'aux nuages. Il est à
remarquer que la trombe a commencé par le bas. Je m'enferme chez moi pour
l'étudier et je braque mon télescope sur elle. Par un aperçu rapide» je remarque
un mouvement rotatoire dans la colonne d'eau, ainsi que de petits jets en dehors.
Je prends note en même temps de la portion du champ visuel occupée par le
diamètre de ce que j'appelle le tuyau. Le champ visuel de mon télescope étant
trop restreint, je prends alors une lorgnette, pour mieux voir Tensemble. Je
l'examine attentivement d'un bout à l'autre, commençant par les nuages pour-
pres et chiffonnés qui cachent l'extrémité : cependant je constate un faible élar-
gissement en forme de trompette là où l'extrémité se perd dans les nues; pour le
reste du tuyau, il me paraît à peu près cylindrique. La ligne centrale du tuyau est
claire, les bords sont noirs. Le tuyau se termine en pointe noire à une petite
distance de la mer et parait s'insérer au milieu d'un cylindre transparent dont
les bords verticaux ressemblent aux mâts d'un navire. On ne peut pas se rendre
compte de la jonction du tuyau avec le cylindre; mais on remarque que parfois il
y a de petits jets en dehors du cylindre, ainsi que du tuyau, produit apparem-
ment par la force centrifuge. Le cylindre s'élève au milieu d'une corbeille noire,
d'eau bouleversée, toujours en tourbillon. La corbeille grandit de plus en plus,
et finalement présente l'aspect d'un brouillard. A ce moment-là je constate un
mouvement de descente tout le long du tuyau et tout s'évanouit. Le phéno-
mène dura dix minutes.
Il me reste maintenant à dire quelques mots sur la manière dont j'ai procédé
pour calculer les dimensions.
Ayant pris note du diamètre apparent de la trombe, comme je l'ai vu à travers
mon télescope, j'ai pris une règle subdivisée en 40'^"*" d'un pouce [anglais, je
la place contre un meuble, je me retire à une distance de 36 pieds anglais où je
plante mon télescope et je constate que le diamètre apparent du tuyau de la
trombe a dû couvrir 25 de ces subdivisions. Donc : la base (36) est à | comme la
base connue est au diamôtre :
0.625X506,8^0 ._ .^ ci • J i. rr-r^r
jrry = 733 pouces 35 = 61 pieds 11 = 5' 59*.
Le tuyau de la trombe avait donc un diamètre de près de 20 mètres. A la dis-
tance de 8 milles, chaque degré d'arc correspond à 737 pieds anglais (soit
225"). L'extrémité supérieure du tuyau se perdait dans les nues à une élé-
vation de i5<» au-dessus de l'horizon soit, à une élévation de .plus de 3^".
L'inclinaison du tuyau était comme l'hypoténuse d'un triangle rectangle dont les
petits côtés auraient eu chacun une longueur de 3^« au moins. Donc le tuyau
devait avoir une longueur de 4 kilomètres et demi environ.
Quant à la corbeille, son diamètre était en moyenne de 240 mètres. J.'ai pu véri-
fier ce diamètre en le comparant avec un objet terrestre se trouvant tout près
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 353
de la ligne visuelle. A la un, le tourbillon d'eau formant la corbeille f&t projeté en
Tair à une hauteur presque incroyable; mais pendant le phénomène la couronne
de la corbeille mesurait une hauteur d'environ 150™.
J'ai vérifié plus tard toutes ces dimensions par l'emploi d*un sextant, braqué
sur des objets terrestres qui m'avaient servi de comparaison de grandeur lorsque
la trombe se trouvait presque en ligne directe avec ces objets.
Pour se former quelque idée des forces énormes de la Nature qui se mani-
festent par des effets si prodigieux, on peut faire la comparaison suivante.
Le tuyau de la trombe avait un diamètre cinq fois plus grand que la colonne
Vendôme, à Paris. La superficie de la corbeille dépassait de beaucoup celle de
la place Vendôme. La couronne de la corbeille se formait à une hauteur quatre
fois plus élevée que la colonne même. Quant à la longueur du tuyau, on peut
s'en faire une idée par l'avenue des Champs-Elysées : la trombe était deux fois
plus longue que la distance qui s'étend de TArc-de-Triomphe à la place de la
Concorde. F. A. Curtis, à San Remo.
Taches solaires visibles àrœll nu. —MM. Gunziger à Oldham (Angleterre),
Jacquot, au Havre, Bruguière et Lihou à Marseille signalent plusieurs taches
solaires visibles à Vœil nu :
26 juin, 8*» 30™ du soir, à Oldham, une tache se voit parfaitement à l'œil nu, au
soleil couchant, sans qu'il soit utile de se servir d'un verre noirci. Visible aussi
les 27, 28 et 29.
30 juin. — La grande tache du 11 juin est revenue et on la distingue fort bien
à l'œil nu. *
8 juillet. — Un beau groupe de taches, apparu le l®** au bord oriental du Sol eil,
est visible à l'œil nu le 8 et le 9. Le 10, à la jumelle.
21 juillet. — Belle tache type, régulière, arrivée le 17. Visible à l'œil nu.
Distances des étoiles. Nouvelles mesures. — U Astronomie a publié da ns
son dernier numéro les nouvelles mesures obtenues sur plusieurs étoiles remar-
quables. Voici une étoile à ajouter aux précédentes.
Étoile 2398 2 Dragon. — C'est une étoile double non physique, un groupe
de perspective, dont on trouve les mesures dans le catalogue de Flammarion,
p. 120. D'après les observations qui viennent d'être faites par M. Lamp, l'étoile
principale, mesurée pendant les années 1883 et 1884 avec deux étoiles de compa-
raison de 9«,4 et 7^,8 grandeurs, situées, la première à 24' à l'Ouest, et la seconde
à 2'44'' à l'Ouest (à peu près sur la même déclinaison) l'étoile principale du couple
2 2398 a offert pour parallaxe :
0,''84 ± 0%034.
Cette étoile peut donc être ajoutée à la liste des étoiles les plus proches de la
Terre.
Chute d'un uranolitlie à Valls, Tarragone (Espagne). — Le 7 juillet dernier,
vers dix heures du matin, a eu lieu dans la ville de Valls, sur la prison, et dans
354 L'ASTRONOMIE.
la cour de cet établissement, la chute d'un uranolithe qui tomba du ciel comme
une étoile filante, en faisant un bruit semblable à celui d'un papier qu'on déchire,
mais beaucoup plus fort.
Pendant ce même jour, on a entendu des tonnerres lointains, mais à Theure de
la chute le ciel était presque pur.
Cet uranolithe que j'ai eu entre les mains, et dont j'ai l'honneur de vous
Fig. 121.
Uranolithe tombé le 7 juillet 1885 à YaUs (Espagne).
adresser un dessin très exact et de grandeur naturelle, s'était enfoncé jusqu'à
W centimètres de profondeur dans le sol durci. Un prisonnier se précipita pour
le déterrer : il était très chaud. Il est un peu plus gros qu'une noix et son poids
est de 70 grammes. Il est constitué de particules de fer réunies dans une sub-
stance pierreuse, et il me paraît appartenir au groupe des sporadosidères, sous
groupe des poly sidères, de M. Daubrée. \ José Comas.
Retour de la Comète de Tnttle. — La petite comète télescopique de Tuttle.
dont la période est de 13 ans 10 mois, et dont le dernier passage au périhélie a
eu lieu le 30 novembre 1871, vient de revenir comme le calcul l'annonçait. A
l'Observatoire de Nice, MM. Perrotin et Charlois l'ont découverte le 8 août, nébu-
losité faible, sans condensation, de 2' de diamètre, sans queue. Positions observées :
8 août 7»'20-25' -+- 28-37'
13 — 7 37 1 4- 25 29
Réservée aux grands instruments.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 SEPTEMBRE AU 15 OCTOBRE 1885.
Principaux oliJetB célestes en évidence pour Tobservation.
I» CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du Ciel étoile durant cette période de Tannée, il faut se reporter
soit aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descrip-
tions données dans Les Étoiles et les Curiosités du Ciel, pages 594 à 635.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 355
Les soirées encore chaudes et toujours calmes de la un de la seconde moitié de
septembre doivent être employées par les astronomes à Tétude toujours agréable,
toujours nouvelle, des étoiles multiples, des amas et des nébuleuses qui peuplent
la voûte céleste. Vénus brille dans le Ciel du couchant, dans le voisinage du
brillant Antarès. Mais ce sera surtout le matin, vers cinq heures, qu'il faudra se
livrer à l'observation des brillantes planètes Mars, Mercure, Jupiter et Saturne.
2<» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 septembre, le Soleil se lève à 5^38» du matin et se couche à
ghiim du soir; le i»»" octobre, le lever a lieu à G*»!" et le coucher à 5"» 37»; enfin,
l'astre du jour se montre au-dessus de Thorizon à 6^22» du matin, pour dispa-
raître au-dessous à 5^ 9» du soir. La durée du jour sera donc de 12^33™ le d5 sep-
tembre, llï»36™ le l*' octobre et 10*»47« le 15 octobre : les jours diminuent, dans
cet intervalle d'un mois, de 44" le matin et de i^^"^ le soir.
La différence entre l'instant du midi vrai et celui du moyen va sans cesse en
augmentant. Le 15 septembre, la matinée dure 6'»22" et la soirée 6ï>il™ seule-
ment, différence 11»; le 1»' octobre, matinée 5^*59», soirée 5^37», différence 22«;
le 15 octobre, matinée 5^ 38», soirée 5"» 9", d'où une considérable différence de 29".
La déclinaison boréale du Soleil est de 2^52' à midi moyen, le 15 septembre.
Cette déclinaison devient nulle le 22 septembre, à 9^25» du soir : à cet instant,
le Soleil change d'hémisphère et c'est alors qu'a lieu Véquinoxe d'automne,
ainsi appelé parce qu'il y a égalité absolue entre la durée du jour et celle de la
nuit. En ce moment, finit Yété et commence la saison d'automne. La déclinaison
australe du Soleil est de 3<»21' aAi l»** octobre et de 8o4r au 15 octobre. C'est cette
diminution de 11» 33' qui produit la décroissance rapide de la longueur des jours.
La lumière zodiacale devient de plus en plus intéressante à admirer le matin,
à rOrient, environ deux heures avant le lever du Soleil.
Lune. — Du 15 au 24 septembre, le croissant lunaire se présentera dans des
conditions défavorables pour l'observation, attendu que le 16 septembre, jour du
Premier Quartier, la Lune ne s'élève que de 23» au-dessus de l'horizon de Paris,
lors de son passage au méridien. Mais du 24 septembre au 5 octobre, notre
satellite s'offrira, le matin, dans de bonnes conditions pour l'étude des curiosités
que notre savant confrère, M. Philippe Gérigny, a si bien décrites dans les
années 1883 et 1884 de cette Revue.
La plus forte marée de l'année 1885 sera celle du 10 septembre au matin. La
haute mer aura lieu à 6*>48» du matin à Saint-Malo et au mont Saint-Michel. Le
mascaret, à Quillebœuf ou à Caudebec, sera le plus imposant vers 10^30» du
matin. Nous invitons les nombreux lecteurs de VAstronomie à profiter des
billets d'aller et retour à prix réduit que la Compagnie des chemins de fer de
l'Ouest met à la disposition des excursionnistes pour aller visiter à ce moment-
là le mont Saint-Michel et l'embouchure de la Seine.
p < PQIe 16 septembre, à 6''24- matin. DQ le l" octobre, à Ui'SS- matin.
PHASES... ) p^j^ 2^ » à 8 4 » NLleS » à 7 41 »
356 L ASTRONOMIE.
Eclipse partielle de Lur\e, le 24 septembre 1885, en partie visible à Paris.
Dans la nuit du 23 au 24 septembre, il y aura une éclipse partielle de Lune.
Malheureusement, le phénomène ne pourra être observé à Paris ni en Europe,
sauf en Portugal, car Tombre de la Terre ne pénétrera sur le disque lunaire qu'à
6'»24" du matin et que le coucher de la Lune a lieu à 5**45™. Mais les astronomes
des deux Amériques et de TOcéanie pourront étudier toutes les phases de
réclipse partielle.
L'entrée de la Lune dans la pénombre, temps moyen de Paris, aura lieu à
5*»12°> du matin; Ventrée dans Vombre à 6»» 24" et le milieu de Véclipse à 7^58=;
la sortie de Vombre h 9*» 31™ et la sortie de la pénombre à 10*» 44". La grandeur
de l'éclipsé sera de 0'n,784, le diamètre de la Lune étant 1.
Pendant la durée de Téclipse, la Lune passera au zénith des lieux situés sen-
siblement sur réquateur depuis Quito (81«3' de longitude Ouest) jusqu'à l'ile
Christmas (161» 32' de longitude Ouest).
Occultations et appulse visibles à Paris,
Sept occultations seront observables à Paris, dans la première moitié de la
nuit. A ce nombre, il faut ajouter une appulse et une occultation d'étoiles de
4« grandeur qui ont lieu après minuit.
!• T* Capricorne (6,5 grandeur), le 19 septembre, de 8"» 15" à 9'* 37" du soir. Cette com-
posante de la double t disparaîtra en un point du disque lunaire placé à 27* au-dessus
du point le plus à r£st et réapparaîtra en un autre point, à 14* à droite et aunlessous
du point le plus au Nord, dans la partie éclairée. A Greenwich, la durée de roccuUation
ne diffère que d'une minute en moins de celle de Paris.
2* X* Capricorne (5,5 grandeur), le 19 septembre, de 9*' 44- à 10'*57- du soir. La dispa-
rition s'effectue à 33* au-dessous et à gauche du point le plus au Nord du disque de la
Lune et la réapparition à 10* à droite du même point. A Londres, la composante n'est
occultée que pendant l''8".
Les deux étoiles qui composent la double t sont distantes de 31' tandis que le diamètre
lunaire, au même moment, n'est que de 29'40'. C'est à cause de cette distance de 31'
que la différence entre le commencement des deux occultations est de 1*29*.
3* 18 Verseau (5,5 grandeur), le 20 septembre, de 6*'59*' à 8'"3- du soir. L'étoile s'éteint
dans la partie obscure du disque de notre satellite, en un point situé à 42* au-dessus et
à gauche du point le plus bas, pour se rallumer subitement en un point de la partie
éclairée, placé à 40* au-dessous du point le plus occidental. A Greenwich, l'étoile est
occultée pendant l'-S-.
4» B.A.C. 7774 (G.5 grandeur), le 21 septembre, de 10M8 à 11''37- du soir. La dispari-
tion se fait à l'Orient, à 41* au-dessus du point le plus à gauche du bord de la Lune et
la réapparition au Nord, à 26* au-dessous et à droite du point le plus élevé. La durée
de l'occultation, à Londres, n'est que de l''8".
5* T] Poissons (5* grandeur), le 25 septembre, de 8'' 16- à 9'* 17 du soir. L'étoile disparait
à gauche du bord de la Lune, à 4* au-dessous du point le plus à l'Est, et reparaît à
droite, à 34* au-dessus du point le plus à l'Ouest. A l'Observatoire de Greenwich, la
durée de l'occultation n'est que de 57".
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
357
6* 48 Taureau (6* grandeur), le 28 septembre, de 10*'3'" à 10*» 49" du soir. La disparition
de Tétoile a lieu au Sud, à 23* à gauche du point le plus bas et la réapparition à TOc-
cident, dans la partie obscure du disque de la Lune, à 8* au-dessous du point le plus à
droite. Cette occultation sera visible dans le nord de TEurope.
7* T Taureau (4* grandeur), le 28 septembre, de 11*'55" à 12*' 47- du soir. Cette belle
étoile, dont Toccultation est représentée fig. 122, disparait à l'Orient, à 24* à gauche du
point le plus bas et reparaît à l'Occident, à 10* au-dessous du point le plus à droite.
Flflr. 122.
Fier. 123.
Occullalion de 7 Taureau par la I^uno, Occultation de X Gémeaux par la Lune,
le 28 septembre, de ll'>5ô'» à 12'>47'" du soir. le l" octobre, de 12»'47'» à 13*' 37"» du soir.
Cette remarquable occultation pourra être étudiée dans tout le nord-ouest de l'Europe.
8* 6* Taureau (4* grandeur), le 29 septembre, à 5*'2l" du matin. A Paris, il y aura
simple appulse : l'étoile ne fera que frôler le bord lunaire, à la très faible distance de
(^2 et en un point situé à l'Est, à 33* à gauche du point le plus bas. Mais les observateurs
qui se trouveront au nord-ouest de l'Observatoire de Paris, verront disparaître la bril-
lante étoile derrière le disque de notre satellite, et la durée du phénomène sera d'autant
plus longue que le lieu d'observation sera plus éloigné de notre Observatoire national.
C'est ainsi qu'à Londres, l'occultation sera complète pendant 38 minutes.
9 X Gémeaux (4* grandeur), le l" octobre, de 12'' 46" à 13*'37 du soir. La disparition
s'efifectué au Sud, à 18* à gauche du point le plus bas du disque lunaire, et la réappa-
rition à rOuest, à 15* au-dessus du point le plus à droite. Les occultations d'étoiles de
4* grandeur sont rares, c'est pour cela que nous recommandons particulièrement l'ob-
servation de X Gémeaux. L'occultation est représentée fig, 123. Le phénomène se pro-
duisant le jour du Dernier Quartier, on verra l'étoile arriver en contact avec le limbe
éclairé de la Lune et reparaître subitement dans le vide, à une certaine distance de la
partie visible de notre satellite.
Les nombreux lecteurs que V Astronomie compte dans . les diverses régions
de notre globe terrestre, pourront encore ' observer les diverses occultations
suivantes :
Occultalions diverses.
!• p Capricorne (3' grandeur), le 19 septembre, vers l"» du soir, temps moyen de
Paris. Cette occultation pourra être observée dans toute l'Amérique méridionale.
358
L'ASTRONOMIE.
2* Aldébaran {{'• grandeur), le 29 septembre, vers 8^ du matin. La Lune se couchant
à 11*23- du matin, l'occultation sera visible, à l'aide d'une lunette astronomique de
moyenne puissance, dans les observatoires de TËurope.
Le 18 septembre, à iO*> du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
404 000«^-; diamètre lunaire = 29'34',6.
Le 3 octobre, à 11*" du soir, la distance de la Lune à la Terre est périgée
367 800^» ; diamètre lunaire = 32' 28',8.
MERCunE. — Durant la seconde moitié du mois de septembre, la planète Mer-
cure sera facilement visible à Toeil nu, le matin à rOrient, sous l'aspect d'une
étoile de première grandeur. Le 18 septembre, à 7^ du soir, la planète atteint sa
plus grande élongation occidentale à 17° 51' du Soleil. Bien que cette distance du
Soleil soit peu importante, Mercure se lève néanmoins 1 heure 41 minutes avant
Tastre du jour. Cela tient à ce que la déclinaison de la rapide planète ne cesse
d'être boréale et diffère en moyenne de 7o30' de celle du Soleil.
L'emploi d'une jumelle marine sera souvent indispensable aux personnes qui
ont la vue faible.
Jours.
Lei
rer.
Passage]
tféridten.
Différence
16 Septembre...
4" 3-
matin.
10" 50-
matin.
l''36'
19 »
4 3
11 49
1 41
21 H
4 6
10 50
l 40
24 ).
4 18
10 55
l 33
28 »
4 36
11 3
1 21
1" Octobre
4 54
Il 11
l 7
4 *.....
5 5
11 16
0 59
5 »
5 17
11 21
0 50
Lion.
Vierge.
Le mouvement de Mercure ne cesse d'être direct, dans la période de temps
comprise entre le 15 septembre et le 15 octobre 1885.
Le 22 septembre, vers minuit. Mercure sera en conjonction avec x Lion ; h
planète se trouvera au sud de Tétoile, à la faible distance d'environ 20*. Le 25, à
1»> de l'après-midi, Mercure se trouvera à 3' au nord de (x Lion. Le 27, à 9^ du
matin, nouvelle conjonction : Mercure sera visible à 52^ au nord de Jupiter. Le
30, la planète Mercure se présentera à lol2'au nord de p Vierge.
Le 5 octobre, entre 1*»30"> et 2^» du matin, Mercure sera en conjonction avec
7) Vierge, à 18° au nord de l'étoile et avec Uranus, à 2^V au nord de cette
dernière.
Le 18 septembre, le diamètre de Mercure est de 7',2 ; sa distance à la Terre de
138 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de 46 millions de kilomètres.
Vénus. — Bien que se couchant peu de temps après le Soleil, on peut aperce-
voir l'éclatante Vénus, chaque soir, dans le ciel de l'Occident. Avec une lunette
astronomique, on pourra distinguer la phase accentuée que présente le disque de
VÉtoile du Berger, dont les j seulement sont éclairés, vers le 20 septembre. La
grandeur de la phase va sans cesse en diminuant, à mesure que la planète se
rapproche de la Terre et que, par suite, son diamètre va en augmentant.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 359
Jours. Passage Méridien. Coucher. Différence Soleil. Constellation.
16 Septembre... 2^ 5- soir. 7*15- soir. 1*» 6- Vierge.
19 » 2 7 » 7 11 » 18 »
22» 28 » 76 » 19 »
25 » 2 10 » 7 0 » 110 Balance.
28 » 2 12 » 6 56 d 1 12 »
2 Octobre 2 15 » 6 50 ■ 1 15 »
5 » 2 18 » 6 47 » 1 18 .
8 » 2 21 >; 6 44 » 121
Il » 2 23 » 6 40 » 123 Scorpion.
14 » 2 26 » 6 38 » 127 »
Vénus continue sa marche rapide et directe à travers les constellations zodia-
cales de rhémisphère austral. La planète se trouvera six fois en conjonction avec
des astres remarquables, dans Tintervalle compris entre le 15 septembre et le
15 octobre. Le 21 septembre, vers minuit, Vénus sera éloignée de 1<» de X Vierge,
au sud de Tétoile; le 28 septembre, à 1^ du matin, à 1»18' au sud de Fétoile de
2® grandeur, p Balance; le 11 octobre, à midi, à 6<»23' au sud de la Lune, et vers
minuit, à lo46' au sud de X Balance; le 13 octobre, à 14' au nord de 8 Scorpion;
le 14 octobre, vers midi, à 2® 51' au sud de p Scorpion.
Le l»' octobre, le diamètre de Vénus est de 14',2. La distance de cet astre à la
Terre est alors de 172 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de 108 mil-
lions de kilomètres.
Mars. — Mars continue à se rapprocher doucement de la Terre et se lever aux
environs de minuit. Mars est très facile à distinguer, à cause de sa teinte rou-
geâtre et de sa ressemblance avec une étoile de première grandeur, dans son
mouvement direct à travers la constellation du Cancer, à peu près à égale distance
de Procyon et de Castor.
Jours. Leyer. Passage Uérldicn. ConstelUtion.
19 Septembre 0*35" matin. 8*» 22* matin. Cancer.
23 » 0 33 » 8 17 » •
27 » 0 30 » 8 11 »
1»' Octobre 0 27 *• 8 5 »
5 p 0 25 - 7 59
9 » 0 22 » 7 53 » n
la » 0 18 » 7 46 * »
Le 23 septembre. Mars traversera Tamas du Cancer et le 27, la planète passera
au nord de Tétoile S.
Le l»»" octobre, le diamètre de Mars est de 6* ; sa distance à la Terre est de
272 millions de kilomètres et au Soleil de 235 millions de kilomètres.
Petites planètes. — Cérès se couche deux heures après le Soleil et s'éloigne
constamment de nous. Cérès devient absolument invisible.
Comme la précédente, P&llas et Junon s'éloignent de nous et restent tout à
fait invisibles.
Vesta se rapproche assez vite de la Terre. Elle poursuit sa marche directe à
360 L'ASTRONOMIE.
travers la constellation du Taureau, où il est aise de la suivre, à l'aide d'une
jumelle marine ou d'une lunette astronomique munie d'un faible oculaire. Le
18 septembre, au soir, le petite planète se trouvera en conjonction avec l Tau-
reau. I^ planète sera au sud de l'étoile, à la distance de 3« 20'.
Joars. Lever de VetU. PasMge Méridien. GonstelUtioa.
19 Septembre 10* 4" soir. 5*'37* matin. Taureau.
24 » 9 48 • 5 21 • »
29 » 9 32 • 5 5
4 Octobre 9 15 » 4 48 - »
9 » 8 57 » 4 31 »
14 n 8 39 » 4 12 . I.
Le 8 octobre, Vcsta est éloignée de 305 millions de kilomètres de la Terre et
de 380 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 28 sept. : Ascension droite... 5*'37*. Déclinaison... 17M5'S.
» 8 cet. : » » 5 43 » 17 43 S.
Jupiter. — Jupiter est visible le matin, dans le ciel de l'Orient, environ deux
heures avant le lever du Soleil.
Jours. Lever. Patsafçc Mi'ridien. ConsteUatioD.
5 Octobre 4** 13- matin. lO** 35- matin. Lion.
9 » 42 » 10 23 » B
13 » 3 51 » 10 10 » »
Le mouvement de Jupiter est direct. La planète se rapproche de ^ Vierge. Le
10 octobre, le diamètre de Jupiter est de 29',2; sa distance à la Terre est de
937 millions de kilomètres et au Soleil de 804 millions de kilomètres.
L'étude des éclipses des satellites de Jupiter redevient possible. C'est ainsi quo
le 12 octobre, à 4*>i6™ du matin, ou pourra observer Vimmcrsion du 4* satellito
et le 13 octobre, à 5*>1™ du matin, Vimmersion du !«•' satellite.
Saturne. — Cette brillante planète est visible durant une partie de la soirée.
Elle continue sa marche vers TEst, dans la constellation des Gémeaux, suivant
la ligne |xS. Il faut observer ses remarquables anneaux qui se présentent sou?
leur forme la plus large, bien qu'ils se resserrent déjà depuis plusieurs mois.
Jonrt. Lever. Passage Méridien. Constellation.
18 Septembre 10'' 43- matin. G** 43- matin. Gémeaux.
23 » 10 25 » 6 24 » »
28 i) 10 6 » 6 0 • »
3 Octobre 9 47 » 5 47 >. »
8 » 9 28 • 5 28 » •
13 i> 9 9 » 5 8 » »
Le !•»• octobre, Saturne a un diamètre de 16',8; la distanoe de la planète à la
Terre est de 1327 millions de kilomètres et au Soleil de 1336 millions de
kilomètres.
Uranus. — Uranus se lève le matin, deux heures avant le Soleil.
Eugène Vimont.
CORRESPONDANCE.
M. DuMÉNiL, à Yébleron (Seine-Inférieure) a observé, le 17 juillet dernier, à S** 40" du
soir, Vénus et Mercure réunis dans le champ de la même lunette (50"*" d'objectif). C'est
là une conjonction assez rare. Nous avons reçu sur ce point un certain nombre d'obser-
vations qui seront résumées dans notre prochain numéro.
. M. Rbnoult, à Paris. — L'idée d'une société scientifique populaire à Paris est certai-
nement excellente, et tous les amis de la science applaudiraient de grand cœur à sa
fondation. Par sa nature comme par son but elle différerait complètement de l'associa-
tion scientifique ainsi que de l'association française, qui de leur côté ont déjà rendu
d'éminents services. Le point capital est de trouver les moyens de la réaliser pratique-
ment.
M. José Comas, en Espagne. — Mille remerciements. Nous regrettons de ne pas con-
naître votre adresse. Une lettre envoyée à Valls (Tarragona) nous est retournée avec la
mention a inconnu ».
M. Charles Sburbau, à Angers. — Vous trouverez tous les renseignements demandés
dans VAstroyiomie populaire et dans cette Revue môme.
. MM. RÉGHiD et Nahmias-Bey, à Constantinople. ■-- Nous ne pouvons pas comprendre
l'infini. 11 s'impose à nous dans son écrasante réalité, et l'Astronomie tout entière n'est
au'une dissertation de fourmi sur l'éternel poème. Superflu de chercher ce qu'il v a au-
delà du dernier monde. Superflu d'imaginer aucune fimite à l'espace. Superflu de sup*
puter les millions d'années comme Us milliards ^e kilomètres. Les questions ultimes
restent sans solution. Mais, comme le signataire de ces belles pages, l'auteur des Récits
de l'Infini pense qu'au-delà de la science positive, ce qu'il y a de plus divin dans
l'homme c'est le rêve.
L'idée des sphères concentriques est. grandiose dans son immensité. Mais nous n'at-
teignons toujours pas l'infini.
M. D. D. Howard, à Auburn. — Tous les projets reçus relativement à la Réforme du
Calendrier ont été classés pour être lus et examinés lors du concours.
M. Lassalle, à Paris. — Merci de votre intéressante communication. Le grand pro-
blème de la direction des ballons est en partie résolu, comme vous pouvez vous en
rendre compte par cette Revue même (n« d'octobre 1884). Placer les aéronautes au-
dessus du ballon ne^ pourrait qu'accroître les difficultés.
M. A. Saval, à Elbeuf. — Tout n'est pas vrai, mais tout n'est pas faux, dans cet
ordre d'idées. Il se prépare là, comme dans le magnétisme, une nouvelle branche dans
l'arbre toujours grandissant des connaissances humaines. Mais il faui n'avancer qu'avec
précaution et se défier des expérimentateurs. Jusqu'à présent on y a perdu beaucoup de
temps pour un médiocre résultat.
lÂISON HOLTENI
FONDÉE A PARIS EN 1782
ATELIERS ET MAGASINS
44; me da Châtean-d'Ean, 44
PARIS
CONSTRUCTION D'INSTRUMENTS
d'optique, de physique, de
mathématiques et de marine.
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Instructions pratiques sur l'emploi des appareils de projection. Broch.,240p., 108 fig. 2'^50
Guide pratique spécialement destiné aux instituteurs. Brochure avec fleures 0
Les projections lumineuses et l'enseif^nement primaire, conférence faite aux membres
du congres pédagogique, par M. Stanislas Meunier. Brochure O
Deux conférences sur les aérostats et la na navigation aérienne, par M. Gaston Tis-
sandier. Brocliurc 1
Lies glaciers, confôrenco par M. Stanislas Meunier. Brochure 1
Gataloerue 32, photographies d'après nature, vues, paysages, monuments 0
— 38, — et tableaux pour renseignement 0
39, appareils et tableaux dé commerce » »»
— 40, — accessoires pour l'enseignement et les conférences publiques. » »
— 41 , tableaux simples et à, mouvement pour les appareils du catalogue 40 » »
Photoerraphies sur verre des figures de la présente Revue (Reproductions autorisées par
l'éditeur) 1 50
25
76
60
w
76
76
Lunettes terrestres et astronomiques. — Jumelles de théâtre et de campagne
Fournitures photographiques. — Onjectifs. — Appareils. — Produits et accessoires
ENVOI FRANCO DE DIVERS PROSPECTUS
DIAMÈTRE
des cercles.
M*
m
«i-Z.
s .
■Il-
o o
-i
II
0-.1Û8
i-,60
0«,15
0-,18
0-,135
l-;90
0«,i5
0-,18
A. BARDOU
COHSTRUCTEIA l*tllS1IMKinS HPHIK
FOURNISSEUR DU MINISTÈRE DE LA ODEIllE
Circulaire ministérielle du 29 Juillet 1812,
55, rae de Chabrol, à Paris.
Lnnettes astronomiques, corps cuivre avec chercheur, tuLc
d'oculaire à crémaillère pdur la mise au foyer. Monture equato-
riale à latitude variable de 0* à 90*, cercle hocaire etcerck^ d»
décliDf9.i8on donnant la minute par les verniers; pince pour 6xer
la lunette en déclinaison.' Pied en fonte de fer reposant par troia
vis calantes sur trois crapaudines (fig. 1 ).
L'oculaire le plus faible est muni a'un réticule.
OCULAIRES.
Célestes.
Orosslssemenu.
100, 160 et 270
100, 150, 500 et 4bô
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuirre av»:
chercheur, pied fer et soutien de stabilité servant à diri^r U
lunette par mouvement vertical lent au moyen d*ane cremiil*
ière; tube d'oculaire à crémaillère pour la mise au fojer. Lia-
strument {fig. 2) et ses accessoires sont calés dans une boite ea
sapin rouge
Célestes.
Grossissements.
60 et 150 '
75, 120 et 200
85, 190 et 240
100, 100 et 270
: 9 £ 6
c - = ï
Lunettes astronomiques et terrestres, corps cuivre, |i<|'
fer, mouvements prompts, tube d'oculaire à crémaillère pour la
mise au foyer. L'instrument et ses accessoires sont cales dans
une boite en sapin rouge.
M é
m
II
s.-
§8
< o
|fi
a o
^
•a
0-,057
0«,85
0-,061
Ç.,90
0«,075
Terres-
tres.
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—
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35
1
1
40
1
1
50
2
OCULAIRES.
Célestes.
Grossis-
sements.
90
100
80 et 150
100
140
190
On peut ajouter et l'on ajoute généralement à ces Jiv^'rs
modèles :
Monture à prisme pour obser\'er facilement an zenità.
Prix 86 r.
Ecran pour examiner les taches du Soleil. Prix lo ^
Paris. — Imp. Gauthier-Villars, 55, quai des Grands- AuRUBlias.
4° Année.
N» 10. 0CTH\885 Octobre 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
DONNANT LB TABLEAU PERMANENT DES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS RÉALISÉS
DANS LA CONNAISSANCE DE L'UNIVERS
PUBLIÉE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LB CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ETRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN :
Paris : 12 fr. — Départements : 13 fr. — Étranger 14 fr.
Prix du Numéro : 1 fr. 80 o.
La Revue paraît le l**^ de chaque Mois.
^ PARIS.
GAUTHIER-VILLARS, IHPRIHEUR-LIBRAIRË
DE L*OBSERVATOIRE DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
SOMMAIRE DU No 10 (OCTOBRE 1885).
Apparition d'ane étoile dans lanébnlense d'Andromède, parM. C. Flammarion {1 figure).-
L'Astronomle chez les Javanais, par M. R. A. Van Sandick (3 figures). — Théorie de la
variation séculaire de l'aiffaille aimantée, par M. Diamilla Muller .—Éclipse partteUe
de Inné dn 30 mars 1886, par M. Ed. du Buisson (2 figures). —L'Astronomie des anciens
philosophes greoa, par M. £. Rossi de Giustiniani. — Le cataclysme de Krakatoa en-
tendu aux antipodes. — Nonvelles de la Science. Variétés : La grande marée du Mont
Saint-Michel, par M. C. Gabillot (2 figures). La rétrogradation de Tombre, par M. A. Blain
Môme sujet, par M. Paul JoiTô. Curieux effets de la foudre (1 figure). Bolide lent ou bradyte. -
pbserTations astronomiques, par M. E. Vimont (2 fleures).
ARTIGUES SOUS PRESSE
POUR PARAITRE DANS LES PROCHAINS NUMÉROS DE LA REVUE.
FLAMMARION. — L'oriflrine des constellations. — L'étoile double (i du Dragon.
BERTHELOT. — Sur les sifi^nes des métaux rapprochés des simples des planètes.
ERICSON. — Nouvelle mesure d^la température du Soleil.
TOUNG. — Les problèmes actuels de r Astronomie.
BARRÉ (DO. — La météorolofirie en Australie.
FENET. — Les curiosités sidérales vues dans les instruments moyens.
VIMONT. — Instructions pour Tusag^e des instruments.
DETAILLE. — L'Astronomie des anciens Egyptiens. — La périodicité des éléments
magnétiques.
6. HERMITE. — Détermination du nombre des étoiles de la voie lactée.
LESPIAULT. — Démonstration élémentaire des lois de Newton.
6ALLT. — Eclipses de Soleil et de Lune qui arriveront de l'an 1886 h l'an 2000.
6. TRAMBLAT. — Photographie lunaire dans les instruments de moyenne puis-
sance.
H. RAPIN. — Le Jour sidéral et la rotation de la Terre. .
LBMSTRONE ET NORDENSKIŒLD. — Les aurores boréales.
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIAS DANS LA REVUE.
BERTRAND (J.), de l'Institut. —Le satellite de Vénus.
DAUBRAE, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNIN6 (A.), astronome à Brûtol. — Observations télescopiques de Jupiter, de Venu
de Mercure.
FATE, Président du Bureau des Longitudes. —Nouvelle théorie du Soleil. — DistribntloB
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. — La formation du sys-
tème solaire. *
FLAMMARION. — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une genèse dans
le Ciel.— Comment on mesure la distance du soleil.— Les étoiles, soleils de rinflni.-
D'où viennent les pierres qui tombent du Ciel? — Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre. — La conquête des airs et le centenaire de Montgolfler. -^
Les grandes marées au Mont Saint-Michel. — Phénomènes météorologiques obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa.-
La planète transneptunienne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
vicumes de la foudre. — Les conditions de la vie dans l'univers.
GÉRI6NT, astronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. — Ralentissement do
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sélènographl-
qnes. — L'èquatoriai coudé de l'Observatoire de Paris. — L'hèUomètre. — La nais-
sance de la Lune. — Les grands instruments de l'Astronomie.
HENRT, de l'Observatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur UranuB. — La photo*
graphie céleste.
HERSGHEL (A.-S.). — Chute d'un uranolithe en Angleterre.
JAMIN, de l'Institut. —Qu'est-ce que la rosée?
JANSSBN,de Tlnstitut, directeur de l'Observatoire de Meudon. — La photographie céleste. -
Résultats de l'éclipsé de Soleil du 6 Mai 1888. '
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de l'Observa-
toire de Paris.— L^Observatoire du Pic du Midi.— Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
PARMENTIER (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PERROTIN, directeur de rObservatoirede Nice.— La comète de Pons. — La planète Uranns.
SCHIAPARELLI, directeur de TObservatoire de Milan. — Les canaux de la planète Mars.
TROUVELOT, de l'Observatoire de Meudon. — La comète de Pons. — Ombres observées
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
Les communications relatives à la rédaction doivent être adressées A M. G. Flammarion, Direc-
teur de la Revue, 40, avenue de l'Observatoire, À Paris, ou k l'Observatoire de Juvisy ;
ou bien k M. Gèrigny, Secrétaire de la Rédaction, 41, rue du Montparnasse, À Paris.
Le plan du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con-
tient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font pu
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant le»
savants curieux de pénétrer de plus en plus les grands problèmes de U nature.
OCT 141885
— li'ASTRON^OMIE. — 361
APPARITION D'UNE ÉTOILE
DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE.
Le 31 août dernier, nous recevions la dépêche suivante :
[De Reims, pour Juvisy. — Déposé sous le N® 22401, le 31 août, à l»» 55" du soir.)
« Observez étoile condensée au centre de la nébuleuse d'Andro-
a mède. » « P. Lajoye. »
L'observation de l'auteur de ce télégramme avait été faite, au plus
FiR m.
La nébuleuse d'Andromède et son étoile nouveUe.
tard, la \eille, c'est-à-dire le 30, et, en effet, la soirée du dimanche
30 août a été admirablement belle. Le mauvais temps du lundi 31 em-
pêcha la vérification immédiate de cette curieuse annonce. Mais, quel-
ques jours après, la sérénité du ciel nous permit de constater qu'un
Octobre 1885. 10
3Ô2 L'ASTRONOMIE.
changement remarquable s'était réellement opéré dans la nébuleuse
d'Andromède.
Notre première impression toutefois (et elle nous est restée) a été que
ce n'était pas le noyau de la nébuleuse qui s'était condensé, mais que
c'était une étoile variable qui se trouvait là, — soit dans la nébuleuse
elle-même, soit devant elle. Il ne se manifestait aucune nébulosité dans
cette étoile, aucun disque : elle se présentait avec l'éclat d'une étoile
de 7" à 8® grandeur, brillante comme un point lumineux, sans scintil-
lation toutefois et un peu jaune.
Voici quelques remarques extraites du registre d'observations df
l'observatoire de Juvisy :
6 septembre. 10^. — L'étoile est la plus brillante de toutes celles du champ do
Toculaire N» 1 . Environ 7« \ grandeur. Elle est moins brillante que les deux étoiles
qui sont au-dessous de v. surtout moins éclatante. Relativement à la nébuleuse
elle-même, son éclat est si grand, toutefois, qu'il empêche de bien distinguer !♦•
noyau de la nébuleuse. On croit voir une étoile au travers du brouillard.
9. 10^. — L'étoile est du môme éclat, et les conditions restent les mêmes. EHlr^
diffère par sa netteté du noyau de la petite nébuleuse (M. 3?) qui se voit à un
champ au sud de la grande (M. 31). La petite nébuleuse (H. v. 18) qui existe à
un champ et demi au nord-ouest est très pâle.
11. 10^. — L'étoile est brillante mais un peu jaune. Atmosphère très pure aprê-
la tempête.
14. 10^. — On distingue mieux le noyau de la nébuleuse, à côté de l'étoile.
Celle-ci est un peu plus faible. Paraît de 8 \.
16. 10*>. — L'étoile offre le même éclat que celle de Tangle inférieur du qua-
drilatère de la petite nébuleuse du Sud, surtout lorsqu'on les regarde fixement
Tune et Tautre; en regardant obliquement, l'étoile nouvelle parait plus brillante.
Quand on regarde de face les deux autres du quadrilatère, surtout celle du haut.
elles disparaissent (lunette de 108, grossiss. = 52). Éclat = 8 j à 9« gr.
Comme on le voit, l'impression est tout entière en faveur de la varia-
bilité d'une étoile et non d'un changement arrivé dans la nébuleuse.
Le 4 septembre, nous recevions par l'utile circulaire de Lord Craw-
ford, la copie d'un télégramme expédié de l'Observatoire de Kîel, le
31 août à minuit, annonçant la même découverte faite à Dorpat, par
M. Hartwig. L'annonce de M. Hartwig avait été envoyée de Dorpat à
10** 13" du soir, et telle est la date de sa première observation. Or, à
cette heure-là, nous avions reçu depuis huit heures le télégramme de
M. Lajoye, dont l'observation est antérieure d'un jour à celle de Tas-
APPARITION D'UNE ÉTOILE DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE 363
tronome russe. Aussi nous empressâmes-nous, dès le reçu de la cirou-
laire,d'envoyer à Lord Grawford un télégramme lui signalant la priorité
de notre correspondant. La circulaire suivante (5 septembre) a par con-
séquent inscrit M. Lajoye parmi les « découvreurs » du changement
arrivé dans la nébuleuse. Entre l'obserA^ateur français et l'observateur
russe, c'est le premier qui a la priorité.
D'après la même circulaire, toutefois, il aurait été précédé lui-même, dès
le 19 août, par une observation de M. IsaacW. Ward. D'après le Journal
du Ciely la nouvelle étoile a été observée, le 30, par M. Thibault;
« Avec la lunette de 75"»"» et un oculaire de 15 à 20 diamètres, écrit-il, la vue
était, il y a quelques jours, splendide comme lumière, mais je n'avais rien vu que
ce qu*en disait, autrefois Simon Marins : « Elle ressemble à une chandelle vue à
travers un morceau de corne. » L'apparence était exactement ce que figurent les
deux dessins donnés dans Touvrage Les Étoiles de Flammarion, comme repré-
sentant ce que l'on peut voir avec une lunette de 75™°* ou de 108"". Ce so/r.
dimanche, vers 8^20", je me mets à observer cette nébuleuse, et, à mon grand
étonnement, je vois juste au centre un point brillant comme une étoile de
6« grandeur, mais un peu plus terne. »
D'autre part, M. L. Gulley nous mande de Rouen que le 17 août, un
télescope Foucault de 0 "^20 « montrait une étoile à la place du noyau
habituel. »
Quelle que soit la date précise du changement, il vient certaine-
ment ( * ) de se passer là, dans les profondeurs du Ciel, un phénomène
du plus haut intérêt. Ce n'est pas que le noyau de l'immense nébuleuse
se soit subitement condensé en soleil (ce serait là une merveille plus
fantastique encore que toute variation dans Téclat d'une étoile); mais
c'est la constatation de la variabilité d'une étoile singulièrement située.
Elle n'est pas tout à fait au centre de la nébuleuse, et ne coïncide pas
avec le noyau. Elle le précède d'une quantité qui a été estimée par
M. Ralph Copeland à 1%6 (et à 5'' au sud), par M. Bigourdan à l',2.
D'après les observations faites à l'Observatoire de Paris, la com-
paraison de l'étoile nouvelle avec une voisine (154 B,D + 40*^ = 969
Weisse 20**) l'étoile a diminué d'éclat dans la proportion suivante :
6 septembre 7,3
11 — 8,2
IV. — 9,0
(») C'est-à-dire que nous venons de recevoir l'ondulation lumineuse partie de là à
364 L'ASTRONOMIB.
A l'Observatoire de Palerme, la nébuleuse a été examinée par notre
savant correspondant M. Riccô. « Le nouveau noyau, nous écrit-il, est
à peu près au milieu de la nébuleuse; avec Tillumination du champ, il
ressemble tout à fait à une petite étoile. Son spectre est semblable à
celui des étoiles. En remplaçant la lampe qui sert à Tillumination du
champ par une lampe à alcool salé, j'ai trouvé que ledit spectre s'étend
seulement du côté le plus réfrangible de la raie D du sodium (X= 589). »
Parmi les observations faites à Paris, nous remarquons celles de
M. SchmoU, à l'aide d'une petite lunette Bardou de 7S"".
« Depuis vos derniers conseils^ nous écrit-il à la date du 7 septembre, je tiens
un journal spécial de toutes mes observations, quelles qu'elles soient, et voici ce
que j'y relève :
a 12 août. 9^. — Nébuleuse d'Andromède : noyau très clair, mais petit, comme
une étoile. Oculaire grossissant 80 fois. — Avec le grossissement de 150, noyau
plus grand, mais moins lumineux, sauf le centre, qui brille très vivement. La
forme elliptique est difficile à saisir.
« 6 septembre. 9*». — Ciel très pur. La forme elliptique est visible avecle gros-
sissement de 80, surtout si Ton remue un peu l'instrument. Il y a certainement
une étoile au centre du noyau.
« Aussi jugez de mon étonnement ce matin en recevant le journal annonçant
qu'on vient de découvrir à l'Observatoire de Vienne une étoile de 7« grandeur
dans cette fameuse nébuleuse. »
Sans connaître le changement arrivé, M. Lihou le remarquait à Tob-
servatoire de la Société scientifique Flammarion, de Marseille, et, nous le
signalait dans les termes suivants :
La nébuleuse d'Andromède se présente actuellement avec une belle étoile
de l'* grandeur au centre même du noyau. Ce ne peut guère être une petite pla-
nète. Ce n'est point là leur région. Je croirais plutôt à la présence derrière la
nébuleuse d'une étoile qui tout d'un coup aurait augmenté d'éclat.
Le 10 août dernier, M. Codde et moi, nous nous trouvions sur la tour de la
Société pour voir les étoiles filantes. Il faisait un fort clair de lune. Les étoiles
de 2« grandeur étaient juste visibles dans la région est du ciel, nous avions à
notre disposition la petite lunette de 75«°> grossissant 35 fois environ.
Je cherchai, ce soir-là, si, malgré la présence de la Lune, je ne pourrais pas voir
la nébuleuse d'Andromède. A sa place même je trouvai une belle nébuleuse ronde,
avec étoile de 7« grandeur au centre; elle n'ofl'rait pas son aspect ordinaire.
l'époque de la variation, laquelle est antérieure à notre observation terrestre de tout le
temps que la lumière emploie pour franchir la distance qui nous sépare de cette région
céleste.
APPARITION D'UNB ÉTOILE DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE. 365
M. Codde fut de mon avis, mais vu la présence de la Lune, la faiblesse de l'in-
strument employé, nous n*y portâmes pas grande attention.
A la Société astronomique de Nantes, M. Le Biboul signale de son côté
la constatation de l'étoile nouvelle par les observateurs de cette Société.
Nos lecteurs trouveront dans notre ouvrage Les Étoiles l'histoire de
cette curieuse nébuleuse, depuis sa première inscription dans les cata-
logues d'étoiles, faite par l'astronome persan SûG, au dixième siècle de
notre ère, jusqu'aux observations télescoplques faites par Bond et Trou-
velot aux États-Unis. Nous ne reviendrons pas ici sur ces détails. Mais
nous rappellerons que d'une part quinze cents étoiles ont été relevées
dans l'observation télescopique de cette nébuleuse et que d'autre part
son spectre étant continu, dépourvu de raies, sa constitution reste in-
connue, de sorte que nous ne savons pas encore si elle est gazeuse ou
si elle est composée d'un amas d'étoiles. Pourtant, comme ce spectre est
rogné du côté du rouge, la nébuleuse serait plutôt stellaire que gazeuse.
Néanmoins nulle résolvabilité! Mais quelle étendue ! En ne la supposant
pas plus éloignée que les étoiles les plus proches, elle ne mesurerait pas
moins de cinq cent cinquante-cinq milliards de lieues de diamètre ! ! Si
c'est une agglomération d'étoiles, une voie lactée, elle est incompara-
blement plus vaste. William Herschel pensait, d'après son aspect (lui
qui avait tant étudié les nébuleuses), qu'elle devait être deux mille fois
plus éloignée que Sirius. Nous n'aurons pas l'audace d'écrire quelle
grandeur correspond à cette distance. L'aspect parle en faveur d'une
nébulosité; mais nul n'ignore qu'il faut se déûer des apparences.
Il ne s'agit certainement pas ici d'une condensation de noyau, mais
d'une étoile temporaire. Cette, étoile variable est-elle en connexion avec
la nébuleuse, ou bien se trouve-t-elle, par perspective, juste devant elle?
Deux faits viennent nous ordonner la plus grande circonspection.
Et d'abord, ne serait-il pas bien singulier qu'une étoile variable se
trouvât précisément en perspective devant ce point du ciel? Il n'y
a pas beaucoup d'étoiles variables. Qu'il s'en trouve une justement près
du centre de cette nébuleuse, ce serait bien extraordinaire. Que cette
variable n'appartienne pas à la classe générale des variables (puisque
depuis trois cents ans qu'on observe la nébuleuse au télescope on ne l'a
jamais vue), mais à la classe, beaucoup plus rare, des étoiles tempo-
raires: c'est ce qui augmente encore la difficulté.
Le second fait qui nous jette absolument dans la perplexité, c'est que
366 L'ASTRONOMIE.
ce n'est pas la première fois que pareil événement arrive dans une né-
buleuse.
Entre le 9 et le 21 mai 1860, l'amas d'étoiles du Scorpion, connu sous
le nom de 80 Messier, s'est transformé, en apparence, de nébuleuse en
étoile. Jusqu'alors, il avait offert l'aspect d'une pâle nébulosité comé-
taire, bien définie, graduellement condensée vers le centre, et William
Herschel voyait en lui un beau type d'amas d'étoiles. Le 9 mai 1860, il
offrait le même aspect que d'habitude, comme on le voit par les observa-
tions de M. Pogson. Le 21 mai, M. Luther, à l'Observatoire de Kœnigs-
berg, et le 28, M. Pogson à l'Observatoire d'Hartwell, constatèrent chacun
de leur côté, et sans être en rapport l'un avec l'autre, que cette petite
nébuleuse avait disparu, et qu'à sa place on voyait une étoile de
V grandeur l
Était-ce là une condensation de la nébuleuse en étoile? NuUementj
Le 10 juin, l'étoile avait disparu à son tour, et la nébuleuse était reve-
nue ! Elle y est toujours. Tout près de là, il y a déjà deux étoiles varia-
bles, S et T du Scorpion. En est-ce une troisième, qui se trouve juste
entre l'amas nébuleux et nous? C'est possible; mais il faut avouer que
ce serait bien extraordinaire. Et ce qui l'est encore plus, c'est que le
même fait vienne de se produire juste devant la nébuleuse d'Andromède,
en une tout autre région du ciel. C'est même d'une telle invraisemblance
que nous admettrons que l'étoile d'Andromède comme celle du Scorpion
doivent appartenir à ces nébuleuses, mais sans être pourtant une con-
densation subite et incompréhensible du noyau.
Quelque inattendue qu'elle soit, cette conclusion est confirmée par un
troisième fait. Dans la nébuleuse du Navire, l'étoile y) subit des fluctua-
tions qui la portent de l'invisibilité jusqu'à l'éclat même de Sirius. On
en a vu la description détaillée (deux siècles d'observations) dans Les
Étoiles [p. 548].
La même conclusion est encore confirmée par un quatrième fait :
l'étoile qui apparut dans le Cygne en 1876 est actuellement remplacée
par une nébuleuse planétaire.
Ajoutons encore que sur les 24 étoiles temporaires observées depuis
les origines de l'astronomie, presque toutes sont apparues dans la Voie
lactée; celles des années 123, 1012 et 1876 n'en sont pas éloignées:
une seule est un peu loin, celle de 1876, dans la Couronne boréale.
Ainsi, selon toute probabilité, la nébuleuse d'Andromède est un amas
L'ASTRONOMIE CHEZ LES JAVANAIS. 367
d'étoiles (de 20" à 30" grandeur?) et l étoile qui vient de briller vers
son centre est un de ses soleils dont la photosphère a subi une soudaine
conflagration... soleil immense, sans doute des milliers de fois plus
gigantesque que le nôtre ! Le ciel est grand; l'homme est imperceptible.
Camille Flammarion.
L'ASTRONOMIE CHEZ LES JAVANAIS.
Chez les peuples peu civilisés, les idées de religion ont partout pour base
les notions d'Astronomie plus ou moins précises que Thomme acquiert en
observant journellement, sans les comprendre, les mouvements du Soleil, de
la Lune et des astres. Ainsi, pour approfondir l'Astronomie des peuples de
Textrême Orient, il est absolument nécessaire d'étudier leur religion, car
Tastronome est prêtre d'abord, et ses idées d'Astronomie sont cachées dans
les allégories religieuses et les légendes préhistoriques qui se propagent de
génération en génération, de père en fils.
Parmi les peuples qui habitent TArchipel Malais, nous allons considérer
d'abord les Dajacs, indigènes encore sauvages de Tîle de Bornéo. Le Révérend
D"" Abé, de la Mission anglaise, qui a étudié la religion des habitants du nord
de l'île, nous raconte qu'elle a pour base a la peur des puissances célestes »
qui demeurent dans les étoiles. Pour les Dajacs, le centre de l'univers et la
résidence du Créateur « Fapa » se trouve dans la Constellation des Pléiades.
L'origine de la Constellation des Pléiades est racontée dans une légende,
très populaire chez les peuples Dajacs. Elle est si curieuse, qu'elle intéres-
sera certainement vos lecteurs des deux mondes.
Dans les temps reculés, les habitants de Bornéo étaient pauvres et mal-
heureux. Ils se nourrissaient de fruits et d'herbes, car ils ignoraient la cul-
ture des champs. Un jour, après une inondation terrible, huit Dajacs furent
sauvés miraculeusement : après avoir flotté très longtemps sur des eaux
inconnues, ils eurent le bonheur d'aborder une île déserte. En errant, ils
découvrent là un escalier, qui touchait au Ciel, et qui les conduisit jusque
dans les étoiles, où ils trouvèrent des arbres, des plantes, des rivières, des
animaux et des hommes célestes.
Ces hommes célestes se nourrissaient de riz, cultivé dans des rizières vastes
et magnifiques. Les huit Dajacs apprirent là l'usage et la culture du riz.
Renvoyés à la Terre pour instruire leurs frères, le Créateur « Fapa » leur
permit d'emporter rdme du riz. Sous leur direction l'île de Bornéo fut
bientôt couverte de rizières ; de peuple nomade les Dajacs devinrent agricul*
teurs. Les huit Dajacs, bienfaiteurs de leur peuple, après leur mort, rappelés
368
L'ASTRONOMIE.
par le Créateur « Fapa », furent changés en étoiles. Par une cause quelconque
un des huit tomba du Ciel et fut changé en pierre. Les sept autres forment
la constellation des Pléiades ou « Sekerah » qui, en effet, chez les Dajacs de
nos jours, règle la culture des rizières. Car les prêtres Dajacs observent la
position des Pléiades par rapport à Thorizon et à la Lune, et c'est ainsi
qu'ils fixent non seulement les dates pour les fêtes religieuses, mais aussi
les dates pour la plantation et la récolte du riz.
Cependant les Pléiades ne sont pas la seule constellation connue par les
Fig. 125.
?iAe
•tf**"»*
Le calendrier javanais.
Dajacs. Ils connaissent Orion, qu'ils nomment Pite Perenuk^ Sirius ou Surieu,
et la Grande Ourse. Parmi les planètes ils distinguent spécialement Tétoile du
soir, Vénus, qu'ils nomment Shirwanuh. il est intéressant de remarquer
que les Dajacs ont sur l'origine du monde des notions qui offrent cer-
taines ressemblances avec le récit de la création exposé dans le premier
livre de la Genèse. Ils gardent notamment encore la tradition d'un déluge
qui aurait causé la mort de tous les êtres vivants, à l'exception de
quelques Dajacs, élus par Dieu. Comme tous les peuples sauvages, ils ont
encore le culte des fétiches ; ils adorent et vénèrent des morceaux de pierre
noire. Ils croient que ces pierres sont tombées des étoiles comme messages ou
incarnations des dieux. Quelques exemplaires de ces dieux de pierre sont en
effet des uranolithes, et les indigènes, supposant qu'ils sont originaires des
Pléiades, leur attribuent une force surnaturelle plus grande qu'aux autres.
L'île de Java, située entre les parallèles de 5° 30' et de 8** 30' de latitude aus-
trale, est habitée par des peuples d'origine malaise, qui sont agriculteurs
depuis des dizaines de siècles. Nous avons à Java les restes d'une civilisatioa
très développée, importée par les Indous, mais à peu près détruite plus tard
L'ASTRONOMIE CHEZ LES JAVANALS.
369
par Tadoption de nslam. Devenus mahométans, les Javanais employent ordi-
nairement le calendrier arabe ou le Hidjrah, qui est basé sur Tannée lunaire
de douze mois et dont la durée totale est de 354 à 355 jours* La date du
nouvel an par exemple, dans un espace de trente-trois ans, parcourt toute
Tannée grégorienne ou tropique. On conçoit aisément que, pour l'agriculteur,
Tannée lunaire soit fort peu pratique, s'il veut calculer une époque quelconque
des saisons, ou des moissons, qui dépendent de Tannée solaire. Aussi les
Javanais ont-ils gardé leur année solaire, et Tappliquent-ils pour résoudre
les questions de date qui se rencontrent dans l'agriculture.
M. Oudemans nous décrit les méthodes dont se servent les Javanais pour
Méthode des ombres pour diviser l'année solaire en douze mongso ou mois.
se procurer la connaissance d'une époque déterminée de Tannée solaire ou
tropique. La méthode la plus en vogue à Java mérite une description plus
détaillée. Le Javanais observe les ombres projetées, pendant toute Tannée, à
midi, par un bâton vertical ou bien par un homme debout. Pour fixer les idées,
prenons la moyenne entre les parallèles de 5^30*» et de 8*» 30' de latitude Sud,
entre lesquelles est située Tlle de Java, (soit 7**). L'inclinaison de Técliptique
étant 23^30', nous trouvons deux valeurs extrêmes pour les distances de
zénith du Soleil à Java à midi (fig. 126) :
A JAVA, LATITUDE AUSTRALE 7'.
Distance zénithale maximum Z 1, 21 juin, solstice d'été 30%5 Nord.
Distance zénithale maximum Z D, 22 décembre, solstice d'été . . 16*,5 Sud.
La figure nous donne directement :
Longueur maximum de l'ombre à midi le 21 juin = AF
^ AB tang. 30%5 = 0,5890 x AB
Longueur maximum de l'ombre à midi le 22 décembre -^ AG
= AB tang. 16%5 = 0,2962 x AB
10*
370 L ASTRONOMIE.
d'où Ton déduit approximativement :
AF = 2 AC.
Les Javanais ont découvert d'une manière tout à fait empirique la relation :
AF = 2AC.
En divisant AG en deux parties égales et AF en quatre parties égales,
la ligne CF, comprise entre les deux maxima de longueur d'ombre, se trouve
partagée en six parties égales. Dans un an solaire, l'ombre du point B se
déplace de F à C et vice versa de G à F, tandis que les points J et D coïnci-
dent avec les solstices d'hiver et d été. Le temps nécessaire à parcourir une
des parties égalesrs'appelle un mongso ou mois.
On comprendra que : 1"* la longueur de chaque mois n'est pas égale :
2*» les 12 mongso constituent l'année solaire ou tropique; 3* les points
F en G correspondent aux solstices.
Les douze mongso forment le calendrier javanais, fondé, comme on le
voit, sur l'année tropique.
Les Hollandais, dans leurs relations avec les indigènes, ne font usage que du
calendrier grégorien; le calendrier arabe est employé dans le calcul des
fêtes de rislam. Mais les Javanais, conservateurs par excellence, ont con-
tinué de préférer leur division en mongso. Dans les derniers temps, les Java-
nais eux-mcmes ne savaient plus calculer leurs mongso d'une manière bien
exacte. Dans les calendriers javanais on trouvait une différence notable entre
la longueur du même mongso et, en ajoutant la durée des 12 mongso, pris
du même calendrier, quelquefois l'addition était 360 ou 362 jours, ce qui est
évidemment fautif; car la somme doit donner nécessairement la durée totale
de l'année solaire, soit trois cent soixante-cinq jours un quart.
M. le D^ A. B. Gohen Stuart, a proposé en 1855, au Sultan ou Sousouliounan
de Soura, Karta, Pakou Bouwono VII, de régler l'année des mongso d'une
manière définitive. Le Sultan, chef titulaire des Javanais en toute matière
concernant la religion ou les usages (adat), a adopté la méthode de
M. Gohen Stuart, qui est acceptée universellement depuis cette époque. Le
premier jour de Tan I a été le 22 juin 1855, les mongso ont successivement
une longueur de 41, 23, 24, 25, 27, 43, 43. 26 (dans une année bissextile :?7;.
25, 24, 23, 41 jours. L'addition nous donne 365 ou 366 jours.
Les années bissextiles ne coïncident pas avec les années bissextiles
grégoriennes; ainsi le commencement du môme mongso ne cori-espond
pas toujours à une certaine date de notre calendrier, mais peut en différer
d'un ou deux jours; le nouvel an javanais solaire correspond, par exemple,
au 21 ou 22 juin de notre année.
La deuxième méthode employée par les Javanais pour calculer une époque
L'ASTRONOMIE CHEZ LES JAVANAIS. 371
déterminée de Tannée solaire est l'étude des astres. Chez eux comme chez les
Dajacs, chez les Grecs et chez les Égyptiens, nous trouvons les pléiades
cocnme régulatrices de l'année, et ensuite, en second lieu, Orion.
Pour déterminer les époques de la culture des rizières, Tagriculteur
javanais observe deux constellations : lintang wolouh ou les Pléiades, et lintang
loukouh ou Orion [fig. 127).
Les Trois Rois sont 8, e et Ç Orion. Près de cette constellation il y a trois
Fig. 127.
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CoDstellatioDs observées par les Javanais pour les époques de la culture du riz.
I. CoDStellation : « lintang loukouh * ou la Charrue,
C, >, è Orion (les trois Rois) La Charme.
c, •, i Orion La sellette.
X et p (Rigel) Les Karban ou boaufs de charrue.
II. Conatellatlon : lintang wolouh (les Pléiades) se oompose de six étoiles des Pléiades.
petites étoiles dirigées du Nord au Sud, c, 6 et i Orion, et encore deux
grandes étoiles qui sont situées au Nord-Est et au Nord-Ouest de ces petites
étoiles, X et p Orion. (Rigel) Dans les Trois Rois, 8, e et Ç Orion, le Javanais
voit la Charrue, dans les trois petites étoiles c, 6 et t Orion, la Sellette, et dans
les deux grandes étoiles, x et p Orion, les bœufs de charrue, La constellation
entière se nomme la Charrue (loukouh).
Le laboureur calcule la hauteur de ces étoiles au-dessus de l'horizon et leur
position par rapport au méridien, soit une demi-heure après le coucher du
Soleil, soit le matin une demi-heure avant Taube, et, par l'expérience,
372 L'ASTRONOMIE.
ces positions lui donnent les mongso, sans intermédiaire de la méthode des
ombres. M« Oudemans a vérifié les résultats javanais, et il en tire la consé-
quence que 1^ méthode employée est peu précise et bien imparfaite.
Comme nous, les Javanais emploient des semaines de sept jours; mais ea
même temps ils ont des semaines de cinq jours, de sorte que le même jour
peut être désigné par deux mots.
Le jour javanais commence au coucher du soleil, et non à minuit comme
chez nous. A une latitude de 7^ les jours sont à peu près égaux ; le soleil se
couche tous les jours à peu près à six heures, c'est le moment choisi pour
changer la date. C'est-à-dire que chez eux le soir du V décembre, par
exemple, précède le matin de la même date.
Quant à la division du jour, c'est-à-dire de la période entre deux couchers
successifs du soleil, il paraît que, dans les temps reculés,, les Javanais divi-
saient cette période en seize heures. Aujourd'hui, ils suivent généralement la
division européenne en vingt-quatre heures. Mais il faut ajouter que les
heures fixées par les rites des prières de Tlslam arabe (cinq par jour) sont
également très répandues.
Tout Javanais est quelque peu astronome. On voit partout des cadrans
solaires, composés d'un demi-cercle de bois divisé en 12 et placé dans un
plan vertical; au centre du cercle est fixée une aiguille de bambou ou de fer
perpendiculaire au plan du cercle et bien orientée au méridien. Pour exécuter
cette opération le Javanais n'a pas besoin de compas. Le premier enfant venu
connaît le Nord, et si on lui demande quelle heure il est, un seul coup d'œil
en haut suffit pour répondre. Tout Javanais vous dira l'âge de la Lune et
par suite la date de l'année lunaire, sans avoir consulté de calendrier.
R. A. Van Sandick,
Ingénieur des ponts et chaussées aux Indes Néerlandaises.
THÉORIE DE LA VARIATION SÉCULAIRE
DE ^AIGUILLE AIMANTÉE.
On ne saurait douter que les oscillations séculaires du courant magnétique ne
fassent partie d'un cycle dont la durée correspond avec celle de quelque grand
phénomène astronomique.
Mais quel peut être ce phénomène?'
Trente années d'études et d'observations me conduisent aux déductions sui-
vantes.
Je partage en trois points distincts le phénomène général du magnétisme ter-
restre : La cause, la forme, la période totale du phénomène.
lo La cause productrice du phénomène émane incontestablement du Soleil,
THÉORIE DE LA VARIATION SÉCULAIRE DE L'AIGUILLE AIMANTÉE. 373
qui influence la Terre comme toutes les planètes. Cette force n'est qu'une modi-
fication de l'attraction. Attraction solaire, électricité, magnétisme, toutes forces
qui se transforment harmonieusement les unes dans les autres, et concourent à
modifier et à rétablir l'équilibre de notre système planétaire, et l'équilibre de
rUnivers.
Cette cause, du reste, ressort d'une manière absolue de la solution du troisième
problème, c'est-à-dire de la démonstration de la durée périodique.
2® La forme que présente le phénomène sur la surface terrestre est la résul-
tante complexe de l'obliquité de Taxe du monde par rapport au Soleil; delà
distribution irrégulière de la matière qui constitue la masse du globe; de l'acti-
vité plus ou moins grande de la surface du SoleiL
Par le fait de l'obliquité de Taxe terrestre a lieu la période de 24 heures connue
sous le nom de variation diurne, et la période des saisons appelée variation
annuelle.
Parle fait de la distributioa irrégulière de la matière qui constitue la masse
terrestre, et de la distribution accidentée des continents et des mers, a lieu l'irré-
gularité du réseau magnétique, c'est-à-dire le défaut de parallélisme relatif entre
les différentes lignes isogones, isoclines et isodynamiques^ et le défaut d'opposi-
tion des pôles magnétiques.
L'activité plus ou moins grande de la surface solaire règle tous les phéno-
mènes des perturbations dans la circulation magnétique, les différences d'inten-
sité, les déviations accidentelles de l'aiguille, les décharges lumineuses des
aurores polaires, etc.
30 La période vraie, la période totale, proprement dite séculaire du magné-
tisme terrestre n'est que la conséquence directe des lois du mouvement de la
Terre dans l'espace; ou, pour être plus précis, la conséquence du grand phéno-
mène astronomique de la précession des équinoxes et de la nutation de Vaxe de
la Terre.
C'est sur ce fait unique que j'appelle l'attention des astronomes et des physi-
ciens, parce que, à mon avis, il nous conduit à résoudre l'important et difficile
problème de la variation séculaire du magnétisme terrestre et même de la cause
du magnétisme.
Il faut examiner l'ensemble général du mouvement de l'aiguillo aimantée.
En 24 heures, l'aiguille accomplit sa courbe diurne pour revenir à son point de
départ, qui toutefois n'est pas le même point de la veille.
En 12 mois, la même aiguille parcourt sa courbe annuelle, contenant 365 courbes
diurnes, pour rechercher la même position occupée l'année précédente à la
même date; n^ais cette ancienne position recherchée n'est pas le même point
qu'elle avait quitté.
En une longue série d'années, dont nous ne pouvons pas établir le nombre, la
même aiguille, après avoir coïncidé avec le méridien, se déplace vers TEst,
jusqu'à former un angle maximum de déclinaison; ensuite elle rebrousse chemin,
repasse par le méridien, décline vers l'Ouest jusqu'à former un angle maximum
374 L'ASTRONOMIE.
donné; puis revient de nouveau sur ses pas, se déplace toujours vers l'Est, et,
selon toute probabilité, elle s'arrête avant d'arriver à Vangle primitif, ou elle le
surpasse.
Et ce mouvement se répète et se renouvellera tous les jours, tous les ans, sans
cesse, pendant des années, pendant des siècles, jusqu'à ce que l'aiguille ait
accompli son grand cycle, renfermant toutes les centaines de milliers de courbes
des siècles, des années, des jours.
Quel est donc ce grand cycle?
Les observations établissent que si le pôle magnétique, observé d*un point
quelconque du globe, employait, à l'Est du méridien, le même temps employé
à VOuest, la période totale de la révolution du pôle, c'est-à-dire la variation
séculaire, serait d'environ 650 ans, en supposant que ce mouvement représentât
la période séculaire.
S'il en était ainsi, on devrait admettre que le déplacement du pôle magnétique
aurait lieu suivant un cercle autour du pôle terrestre, soit à latitude invariable,
soit à latitude variable. Dans ce cas, on pourrait supposer, par analogie, que la
période d'environ 650 ans devrait se rapporter à la même cause qui produit la
période décennale des perturbations, des taches solaires et des aurores polaires,
savoir à l'activité de la surface du Soleil.
En effet, comme on a remarqué qu'un premier cycle des perturbations
magnétiques et des taches solaires correspond à la période de dix à onze
années; comme ensuite on a vérifié que le cycle des aurores polaires est d'en-
viron 60 ans (période que l'on doit nécessairement subdiviser en six périodes
moindres, de dix à onze ans chacune, correspondantes aux alternatives régu-
lières que présentent les taches du Soleil) ; ainsi Ton pourrait conclure que la
période de 60 ans représente à son tour une subdivision d'une période plus grande
de 650 ans, correspondante au cycle que nous venons de supposer propre de la
variation séculaire de l'aiguille aimantée.
Si, dis-je, il en était ainsi, la cause de la variation séculaire du magnétisme
terrestre serait toute trouvée, car elle serait la même qui règle les différentes
périodes décennales et sexagénaires, qui dans ce cas cacherait une autre grande
période encore inconnue, c'est-à-dire l'activité même de la surface du Soleil.
Mais, malheureusement, nous avons constaté que le pôle magnétique, dans sa
révolution séculaire, ne suit pas un cercle, mais une courbe irrégulîère, à double
courbure, qui, tout en marchant, pourra se modifier, suivant la nature des lieux
qu'il devra parcourir, et dont l^a périphérie pourra seulement être vérifiée par
les observateurs de l'avenir. Par conséquent la période sus-indiquée de 650 ans
comme variation séculaire est purement et simplement hypothétique.
En outre de cela, lorsqu'on examine le mouvement général de la circulation
magnétique; lorsqu'on voit que l'aiguille aimantée ne revient jamais exacte-
ment à la même place sur un point quelconque de la surface du globe; lorsq[u on
sait que les pôles, l'équateur et les méridiens magnétiques se déplacent sans
cesse; lorsqu'on yoit que tout le réseau des lignes magnétiques varie toujours.
THÉORIE DE LA VARIATION SÉCULAIRE DE L'AIGUILLE AIMANTÉE. 375
comme varie sans cesse la position relative des astres dans les deux; lorsque
d'un autre côté Ton admire le travail sublime de la nature dans Tunité de ses
forces physiques, en face des phénomènes les plus différents; on est conduit à
appliquer au phénomène magnétique la même cause qui produit le même effet,
c'est-à-dire la loi qui règle le mouvement de la Terre dans l'espace, sauf les
modifications de détail, inhérentes à la nature même du phénomène, essen-
tiellement mobile.
Voyons donc si réellement nous avons trouvé le grand phénomène astrono-
mique qui se rapporte d'une manière complète à roscillation diurne, annuelle et
séculaire du magnétisme terrestre.
Avec rinfluence directe du Soleil, on peut expliquer le phénomène tout entier
de la circulation magnétique de la Terre.
Avec les fluctuations plus ou moins accentuées de la surface solaire, on peut se
rendre compte de tous les phénomènes des perturbations et des orages magné-
tiques.
Avec les lois du mouvement de la Terre, on a la clef de toute la marche régu-
lière, diurne, annuelle, séculaire, de l'aiguille aimantée.
La vérification en est facile et à la portée de tout le monde; elle met en évi-
dence un fait nouveau de l'unité harmonieuse des forces de la nature.
En effet, comme la période de dix à onze ans des perturbations magnétiques
et des taches solaires est une subdivision de la période de 60 ans ; comme
celle-ci est probablement, à son tour, une subdivision d'une autre période plus
étendue de 650 ans; cette dernière doit être une subdivision du grand cycle final,
proprement dit séculaire, qui correspondra à celui de la précession des équinoxes.
Il faut bien se rappeler que le fait de la précession a été dévoilé aux astro-
nomes bien longtemps avant qu'ils aient pu en découvrir la cause.
En résumé : je ne sais pas qui oserait aujourd'hui mettre en doute l'influence
directe du Soleil sur Taiguille aimantée, qu'il y a à peine trente ans on niait
absolument; je ne sais pas non plus qui pourrait méconnaître la coïncidence des
périodes des taches solaires, des perturbations magnétiques et des aurores polaires.
De la même manière je ne crois pas qu'il soit facile de contredire, avec des argu-
ments solides, l'idée que je publie aujourd'hui pour la première fois, savoir :
La cause de la variation séculaire du magnétisme terrestre se trouve dans
les lois mêmes du mouvement de la Terre dans V espace, dans les lois de la
précession des équinoxes et de la nutation;
Et l'autre idée, qui en est la conséquence nécessaire, c'est-à-dire :
La cause de tous les phénomènes magnétiques est la même que celle de la
gravitation universelle.
DiAMILLA MULLER.
Milan, août 1885.
376 L'ASTRONOMIE.
ÉCUPSE PARTIELLE DE LUNE DU 30 MARS 1885.
Observations prises de la gare de Saint-Denis, lie de la Réunion (>).
Le temps, menaçant depuis quelques jours, fut splendide le 30 au lever de la
Lune, qui nous trouva prêts, à 6^»,
J'observais avec uue lunette de 108™™, de Secrétan, oculaire terrestre, champ
de 35',
La Lune sort de Thorizon avec une couleur rouge brique clain
Marche de la Lune dans Tombre de la Terre pendant l'écUpse du 30 Mars
observée à TUe de la Réunion.
O'^lô^ûO». Le bord Sud-Est, quoique plus sombre que le reste, semble s'iriser
légèrement. Le Nord- Est très clair relativement.
6^26°k Le bord Sud-Est s'assombrit sensiblement.
6'>29". Sous l'influence de la pénombre, les cirques se détachent plus nettement,
Platon est noir, on le voyait à peine tout à l'heure.
6*» 32™. Kepler sombre, bien visible. Aristarque toujours très brillant.
6^ 35™. Remparts de Tycho brunissent.
5h 41m 50». lor contact. Le bord de l'ombre transparente arrive presque au bord
de Schickard.
6^47". L'échancrure s'avance, Hainzel va entrer dans l'ombre transparente. Le
bord éclipsé disparaît.
6*» 50™ 30^ Le bord redevient visible.
(*) Chronomètre réglé temps moyen de Saint-Denis sur l'état absolu d'un autre dont
la marche n'avait pas été vérifiée depuis six mois. Je ne crois pas, cependant, à une
erreur de plus d'une minute environ.
M. Auguste Mestres, à qui je témoigne ici toute ma reconnaissance pour avoir mis
son bureau à ma disposition, comme observatoire, a bien voulu prendre part à mon
petit travail, en tenant le chronomètre et la plume.
ÉCLIPSE PARTIELLE DE LUNE DU 30 MARS 1885. 377
6^ 52". L*ombre transparente rase la mer des Humeurs.
gb 57ni Tycho et Kepler dans l'ombre transparente. Le bord disparaît au centre
de Tare éclipsé et forme deux cornes claires.
Le bord de Tombre est mal déâni; l'ombre transparente est certes égale à bien
deux fois le diamètre de Tycho,
7*> 3« 3». Contact Tycho, qui est en plein dans l'ombre transparente.
7^ 10" 7». Contact Arisiarque.
7h 12» 15», 5. Contact Copernic. Toute la partie éclipsée complètement invisible ;
Fig. 129.
Nord
Marche de l'ombre sur le disque lunaire pendant Téclipse du 30 Mars
observée & File de la Réunion.
Aristarque seul paraît comme un promontoire blanchâtre dans l'ombre, et très
bien visible (oculaire terrestre).
7*» 16™. A nsiarque toujours visible.
7*> 17"». L'ombre coupe Ptolémée en deux.
7b 25™ 18*. Les Apennins entrent dans l'ombre,
7*» 32™ 51». Contact Manilius, Bord éclipsé toujours invisible.
7^ 34™ 30*. Le bord de l'ombre sur le bord est du golfe des Iris, celui de l'ombre
transparente sur les monts Hémus.
L'ombre transparente ne me paraît pas de beaucoup plus large que 1 minute.
7^4i™. L'ombre s'avance sensiblement de l'Ouest au Nord et presque pas de
l'Est; elle glisse.
7b 42». Bord éclipsé absolument invisible.
7b 44m 50s. Contact de la pointe Nord, golfe des Iris.
7h 48». Platon, Posidonius et Proclus à égale distance de l'ombre.
7*» 53™. Contact de Tombre transparente avec Posidonius.
7b 53m gs. Contact Proclus avec ombre.
7b 55m 25». Contact Posidonius avec ombre.
10-
378 L'ASTRONOMIE.
7h 56m /ii9^ 5, Contact mer des Crises,
7^ 58™ 20». Bord éclipsé toujours invisible.
8^ 2°» 30«. Une petite étoile très brillante paraît brusquement au bord supérieur
Vrai diamant tremblottant sur le bord absolument invisible de la Lune.
8^ 4" 20». Les cornes s'allongent. Merdes Crises, éclipsée jusqu'au bord septen-
trional, reste visible néanmoins. Platon reste sur le bord extrême de l'ombre.
8^. 10". Mer des Crises dans l'ombre, mais toujours visible. Cirque de Posido-
nius redevient visible. Platon marque toujours la limite de l'ombre.
8*» 11™. Bord éclipsé reparaît faiblement.
8^ 12™. L'ombre passe par la pointe nord de la mer des Crises, Egède, Platon
et le milieu du golfe de la Rosée.
8'>14™. Platon semble s'éclairer.
8^ 17™. Le disque s'éclaire par l'Est vers le Sud-Est.
8*> 19™ MAXIMUM. Golfe des Iris reparaît dans l'ombre transparente, et les alen-
tours de Platon s'éclairent.
8^ 23™ 20». Le bord Sud-Est s'illumine.
gh 24™ 45». Aristarque apparaît déjà comme un point dans l'obscurité (ocul. terr.i.
8^ 27™ 32». Ombre rase le fond du golfe des Iris,
8^ 39™ 25». Contact extérieur Posidonius (retour).
gh Qm 48s. Contact extérieur Copernic.
9^ 12™. Le bord éclipsé visible à l'œil nu.
9*» 14" 50». Contact intérieur mer de la Sérénité, extérieur mer des Crises (celle-ci
invisible).
N. B. L'ombre est bien plus nette dans son contour qu'à l'entrée; l'ombre
tran^arente bien accentuée. L'estimation de sa largeur = 1 fois 1/2 diamètre
Platon du Nord au Sud, me paraît la plus exacte.
A partir de 9*» 15™, la Lune étant à 45» et ma lunette n'ayant qu'un pied à six
branches et une distance focale assez grande, l'observation devint très pénible,
et je dus attendre la fin de l'éclipsé pour noter la sortie.
gu 45in 34». Pétavius sort de Tombre.
9*» 53™ 12». Sortie. L'ombre transparente marquée sur le bord.
Mon attention s'est portée tout particulièrement sur l'estimation de Vombre
transparente, signalée par M. Flammarion, à propos de Téclipse du 4 octobre 1884,
et qu'il a si ingénieusement appliquée à la détermination de l'épaisseur de l'atmo-
sphère terrestre. Dans l'éclipsé du 30 mars, elle ne nous a pas paru aussi large
que deux fois Platon, mais environ une fois et demie.
Ed. Du Buisson.
(Saint-Denis, Réunion.)
P. S. Avec le mois d'avril, les lueurs crépusculaires sont revenues avec une
intensité inouïe. Chaque soir l'Occident est en feu, et les rougeurs vont colorer
les nuages jusqu'au Sud-Est : cest le cas du 12 avril.
L'ASTRONOMIE DES ANCIENS PHILOSOPHES GRECS. 379
L'ASTRONOMIE DES ANCIENS PHILOSOPHES GRECS.
La Revue a publié, en avril 1884, une petite description poétique concer-
nant le véritable système du monde, chanté par Proclus.
L'Hymne au Soleil est, en effet, remarquable non seulement au point de
vue poétique; mais, ce qui est le plus étonnant encore, au point de vue
scientifique.
Il est certain que les grands philosophes de l'antiquité avaient parfaite-
ment connu la véritable organisation de notre système planétaire, mais la
réserve et les réticences commandées alors par les lois établies obligeaient
souvent ces savants à cacher, sous des emblèmes et des figures, toutes leurs
connaissances acquises dans le domaine de la Science. Les vérités astrono-
miques étaient de ce nombre. Si, trois mille ans plus tard, Galilée eut à
rétracter la vérité, à plus forte raison les savants d'alors devaient-ils
cacher aux profanes, sous peine de persécutions, les mystères de la Science.
Dans le siècle où il écrivait ; Proclus, le célèbre néo-platonicien, n'avait pas
de réserve à garder pour décrire, d'après les idées de Pythagore et d'Orphée,
en y associant celles de Plotin, de Jamblique et de Syrianus, son maître, la
véritable organisation du Cosmos. Un peu mystique de sa nature et plaçant
Textase au-dessus de la raison, Proclus, emporté par la fougue de son
imagination, décrit sous l'inspiration des Muses et chante dans la langue
des dieux la danse des planètes autour du Titan aux rênes d'or qui tient la clé
des sources de la Vie,
Les appréciations des modernes concernant les astronomes de l'antiquité
ne sont pas toujours justes. On ne doit pas trop prendre à la lettre ce que
nous disent Plutarque, Diogène de Laerce, Elias Spartien et bien d'autres
encore, car, tout bons historiens qu'ils soient, ils n'étaient pas toujours très
compétents pour juger les hypothèses hardies de ces grands explorateurs du
Ciel, hypothèses pour la plupart vérifiées de nos jours. Toutes ces questions
de la philosophie ésotérique pouvaient être en dehors de leur domaine, ou
bien, ne voulant pas attaquer les croyances reçues, ils acceptaient, malgré
eux, les enseignements de la philosophie populaire.
Peut-on sérieusement supposer qu'Anaxagore, appelé le génie par ses con-
temporains, ôv oî TOTe vouv TTpocTfiYopeuffav, ait pu croire et enseigner que le Soleil
était une pierre enflammée^ fiuSpo; Sia7rv»po(;,pas plus grande que le Péloponèse?
Une pareille absurdité de la part de celui qui donna les premiers germes à la
philosophie de Kepler et de Newton paraît inadmissible. Qu'Anaxagore ait
soutenu une telle opinion devant les ignorants, je n'en doute pas. Le maître
d'Euripide, .d'Archélaûs et de Socrate devait, plus ou moins, respecter les
croyances populaires. Malheureusement pour lui, l'amour de la vérité fut
380 L'ÂSTHONOMIE.
quelquefois chez lui plus grand que la crainte. Il osa enseigner publiquement
quelques vérités de l'École ionienne, et c'est alors qu'il fut persécuté par ses
concitoyens et ne dut son salut qu'à la protection de Périclès, son disciple
et son ami.
Je laisse de côté Anaximandre, qui, dit-on, prétendait que le SoleU est
un chariot d'un feu très vif qui s'échappe par une ouverture circulaire j Philolaûs,
qui enseignait à ses disciples que le Soleil est une masse de verre, Xénophane,
qui soutenait qu'il y a plusieurs soleils et plusieurs lunes, opinions dont
l'authenticité, d'ailleurs, n'est rien moins que prouvée. Arrivons à des concep-
tions plus sûres.
Pyihagore et Platon croyaient que les planètes s'étaient formées aux dépens
de l'atmosphère solaire.
La célèbre Cosmogonie de Laplace ne dit pas autre chose.
Les planètes, d'après Platon, furent lancées en ligne droite dans l'espace,
et la pesanteur ou l'attraction changea ce mouvement et le rendit circulaire.
Gela fut démontré mathématiquement par Kepler et Newton.
Anaxagore, interrogé sur la raison qui fait que les corps célestes, malgré
leur pesanteur, sont retenus dans leurs orbites, répond que la rapidité de
leur cours les conserve dans cet état, et que, si ce mouvement venait à se
ralentir, l'équilibre étant rompu, toute la machine du monde subirait un
bouleversement :
Tri (npôSp^ Si icepiSivi5<Tei ouviortavai xa\ dvaôévtoi xotTevex^i^ffeaOau
(DiOG. Laert, in Anax&g,, lib. 11, 12.)
Peut-on concilier cette idée grandiose avec l'idée enfantine d'un Soleil de
la dimension du Péloponèse?
Simplicius, philosophe éclectique, croit aussi que la force centrifuge
contre-balance la pesanteur et que là est le secret de l'équilibre des corps.
Les Stoïciens pensaient qu'un fluide éthéré formait les liens de l'univers. Ce
fluide n'est autre que l'éther des modernes.
Aristote, dans son traité de Mundo, ircpl xo^jacu, donne le nom de divin à ce
fluide. Empédode l'appelle irafAipavooDv, radieux, lumineux par lui-même. La
racine du mot éther l'indique : aïôeiv veut dire brûler. En langue sanscrite, le
fluide universel est appelé dschtra, d'où probablement le mot grec a^pw,
astre. Les Pythagoriciens le considéraient comme un cinquième élément
d'une subtilité infinie et remplissant l'univers. Ce cinquième élément no
serait-il pas la matière radiante de Grookes?
Si Proclus a décrit poétiquement le vrai système du monde, le voici exposé,
tel qu'il était admis parles Pythagoriciens.
L'ASTRONOMIE DES ANCIENS PHILOSOPHES GRECS. 381
nudayopixoi d^v $è ^^v, oiSTe âxCviiTOVy oSre h yd^tf t^c irepiçopSç oSaav, dXX)e x<ixXi|)
tcepl Tb icup aI(Dpoufiivr|V.
(Plut, opéra, 1. 1. p. 67.)
Théon de Smyrne dit aussi :
"Oti ?0Ti Y?) (AST^wpoç xal xivetTai ic6p\ xb Toiu X07;iOU {Jl^OOV.
Ce n'est pas seulement, de la part des astronomes grecs, la conception
vraie du système planétaire qui doit nous étonner. Ces géants de l'antiquité
ont pu aussi s'élever, par la pensée, jusqu'à la conception de quelques-unes
des lois qui régissent l'univers sidéral, lois découvertes et démontrées
mathématiquement par les astronomes modernes.
Leur del de cristal, tant critiqué encore aujourd'hui, ciel sur lequel étaient
attachées les étoiles, est une interprétation fausse du mot cristal. Ce ciel
ridicule devait, sans doute, satisfaire le peuple, mais il est plus rationnel de
croire qu'il signifiait, pour les astronomes grecs, ou la transparence des
espaces, ou la froide température, xpucrro^Xoç, glace, qui règne dans ces
régions lointaines.
Si Aristote a appelé les étoiles IvSeîefiéva ictpa, astres fixés, ce n'est pas qu'il
croyait que les étoiles fussent attachées au Ciel, mais il entendait par là
qu'elles conservent toujours entre elles la même distance apparente.
Les astronomes modernes, tout en sachant que les étoiles sont en mouve-
ment dans l'espace, ne les appellent-ils pas encore étoiles fixes?
Aristote a même évité dans ses écrits l'expression ciel de cristal, et Platon
dit expressément dans son Timée que les astres ont un mouvement de
rotation.
Hcraclide et tous les Pythagoriciens enseignaient que chaque étoile est
un monde composé, comme le nôtre, d'un soleil et de planètes :
*'£xa9T0v Tuv â^£p(i)v X09U.0V ôirap^etv, ^v irepu^ovxa^ dfoTpaTe xa\ alO^pi, Iv tÇ
diTEtpo) alOe^pi.
(Plut, de Placitis, 1, 2, c. 13 et 30.)
Anaximène croyait que les étoiles étaient des masses immenses de feu,
autour desquelles certains corps terrestres que nous ne pouvons apercevoir,
accomplissent des révolutions périodiques :
'AvaÇijxÉvYjç TfopivTjV jxàv t)|v çuoiv Twv dfoTpiDv, irapi^eiv $è Tivi xal -^tbiBri ac^fxaTOt,
(TufxiueptoepopLeva, toiroiç dtfpaxa.
(Stobœus, p. 53.)
Devant une pareille conception de l'univers, le ciel de cristal vole en éclats
pour nous faire entrevoir la magnificence des espaces célestes. La Galaxie
382 L'ASTRONOMIE.
même a été, par la puissance de l'esprit de Démocrite, résolue en étoiles :
Av)u.oxpiTO< iroXXcov xa\ pitxpcliv, xa\ ouvexôSv dortpcov ov{Açii}Ti2[op.£va>v i'kkT^kou^
o\jvauYoe9(iLbvy oïde t^v ieuxv<o9tv dLirtxoXct.
(Plut, de Placitis, liv. I£I, c. 1.;
Si nous descendons de ces hauteurs jusqu'à notre système solaire, nous
trouvons que les anciens avaient deviné la topographie de la Lune.
Proclus, dans son Commentaire sur Timée, rapporte trois vers de cet
ancien philosophe, dans lesquels il dit que la Lune est une terre comme la
nâtrey qui a ses montagnes et ses vallées :
Miq^axo S* JXXv|v YOtîav direipoETOv, ^Jv tc 9eXiiv7|V
'AOavaTov xX^C^oiv, lirt^Ocvioi $à xi {jii{vv|v.
'H icoXX' oup' ï/iti, icoTX' dforea, ico^Xà {oXaOps.
(Proclus, de Orpheo, lib. IV.)
Le phénomène des marées, occasionné par Tattractionl lunaire et expliqué
par Newton, a aussi été deviné par Pythéas de Marseille, contemporain
d'Aristote :
IluOéac 6 MaaoraXt(ft»Tiic tt) icXT)pf09«i vfiç 9cXi{vv)ç xh^ irXT)fA.{fcupa( fvno^aiy T«j Se
(Plut, de Placitis, lib, III, c. 17.)
Les comètes mêmes, qui n'ont pas brisé le ciel de cristal des anciens,
avaient été observées par eux. Stobée ainsi qu'Aristote exposent en ces termes
le sentiment des Pythagoriciens : Les disciples du philosophe de Samos
croient que les comètes sont des astres errants qui ne paraissent que dans un
certain temps de leurs cours ;
To)v UuâaYOptxuv Ttve< (ùv dorépa f adv sTvai tov xo(iLiqTr,v tcov o3x aUi ^aivoiuvotiv
oià Bl Tivoç $ta>pior{iévou /povou luepioSucSç dvotTeXXovxuv.
Aller plus loin serait, sans doute, fatiguer le lecteur. Ces quelques pages
sont une réhabilitation en faveur des astronomes grecs. Sans doute la Science
a progressé, et nul n'oserait comparer les prodiges accomplis de nos jours
avec Tétat des connaissances anciennes. Ces prodiges sont le résultat
de trois mille ans d'études patientes et laborieuses faites par tous les savants
de l'univers. Mais ce qui étonne et étonnera toujours, c'est que les grands
hommes de l'antiquité soient arrivés, plus ou moins, et par la seule puis-
sance de leur génie, à la vraie conception de la plupart des phénomènes
de l'univers. Ils ont émis des hypothèses et ces hypothèses hardies ont
été presque toutes confirmées de nos jours.
E. ROSSI DE GlUSTINlANI.
LE CATAaYSME DE KRAKATOA ENTENDU AUX ANTIPODES. 383
LE C4TACLYSME DE KRAKATOA ENTENDU AUX ANTIPODES.
Le 9 mars dernier, M. Forel, de Morges, communiquait à l'Académie
les curieux documents qui suivent :
Voici d'abord l'observation originale, telle qu'elle in*est adressée par un de
mes compatriotes établi au Honduras :
Au sud de Cuba, par 80* longitude Ouest de Greenwich et 20* latitude Nord, sont trois
îlots connus sous les noms de Gros-Caïman, Petit-Caïman et Caïman-Brac, habités par
des pêcheurs de tortues : station de sauvetage pour les naufragés et agences du Lloyd.
Au mois d'octobre 1883, comme je me trouvais dans Tîled'Utila, sur la côte du Honduras,
les journaux nous entretinrent des grandes éruptions volcaniques du détroit de la Sonde
et, en causant avec le capitaine Robert Woodville, qui venait de recevoir des nouvelles
des Caïmans, j'appris ce qui suit. Le dimanche, 26 août 1883, les habitants de Gaîman-
Brac furent surpris d'entendre des bruits comme le roulement lointain du tonnerre; le
ciel était cependant serein et leur première idée fut qu'un croiseur espagnol était aux prises
avec un flibustier cubain. Ne voyant rien au sud, ils traversèrent l'île en courant au
nord ; mais de quelque côté qu'ils portassent leurs regards, ils n'aperçurent ni fumée ni
navire. Cependant la canonnade continuait et, en revenant sur leurs pas, ils se convainquirent
que ces bruits étaient souterrains. Au premier moment, ils s'attendaient à voir leur îlot
s'engloutir ou se transformer en volcan ; maïs peu à peu, les détonations cessant, leurs
craintes se dissipèrent. Ce phénomène extraordinaire n'en fît pas moins les frais de
maintes conversations; on n'avait oublié ni le fait ni la date, lorsque les journaux
publièrent les premières dépêches sur le cataclysme de Krakatoa, et les curieux consta-
tèrent bientôt que les Caïmans et Java sont à peu près aux antipodes l'un de l'autre ;
les hypothèses alors d'aller leur train.
Edmond Rodlbt.
Sans vouloir être trop affirmatif, et sans accepter d'enthousiasme un fait aussi
étrange que la propagation des bruits souterrains de l'éruption de Krakatoa à
travers la masse entière du globe, j'indiquerai les motifs qui me font accueillir
provisoirement cette observation.
Et d'abord il n'est pas probable que les bruits des Caïmans proviennent de
l'un des volcans des continents voisins. D'après M. C.-W.-C. Fuchs, il y a eu
dans ces parages deux éruptions pendant l'été de 1883. L'Omotepec, l'un des vol-
cans insulaires du lac Nicaragua, est entré en éruption le 19 juin, avec formation
d'un nouveau cratère et émission de laves; au mois d'août les laves étaient
encore brûlantes. Le Cotopaxi, dans TÉtat de l'Equateur, a eu, à la fin d'août,
une courte, mais violente éruption, accompagnée de tremblement de terre. La di-
stance directe de Caïman-Brac à ces deux volcans est pour TOmotepec de 1 100*^,
pour le Cotopaxi de 2 300*^»; il n'y aurait rien d'impossible à ce que les bruits de
Caïman-Brac vinssent de l'un ou de l'autre de ces volcans ; mais ce n'est pas
probable. D'autre part, s'il y avait eu dans ces jours-là une énorme éruption,
assez bruyante pour être entendue à une aussi grande distance, les journaux en
auraient parlé assez pour que les habitants des CaTmans et d'Utila en eussent
des nouvelles et n'allassent pas chercher à Krakatoa l'origine des bruits qui les
384 L'ASTRONOMIE.
étonnaient. D'autre part encore, s'il y avait eu les 26 et 27 août une grande érup-
tion volcanique, la coïncidence avec le cataclysme de Krakatoa, qui préoccupait
le monde entier, eût été assez évidente pour attirer Tattention du public, et le
fait aurait été depuis longtemps signalé.
Les bruits des Caïmans pourraient-ils être attribués à une éruption sous-
marine d'un volcan voisin, passée inaperçue ? Ce n*est pas probable. En effet les
Grandes- Antilles, d*où dépendent le Caïmans, ne sont point un territoire volca-
nique; les régions volcaniques les plus rapprochées sont la côte occidentale de
l'Amérique centrale et les Petites-Antilles.
Nous n'avons donc, jusqu'à plus ample informé, aucune raison qui nous fasse
attribuer à un phénomène volcanique rapproché les bruits de Caïman-Brac; au
contraire, plusieurs faits parlent en faveur de l'hypothèse qui les rapporte à
l'éruption de Krakatoa.
!<" L'éruption de Krakatoa, des 26 et 27 août 1883, a été accompagnée de bruits
souterrains décrits dans les îles de la Sonde et les terres avoisinantes comme
comparables au son d'une canonnade lointaine, ou au roulement du tonnerre; le
caractère des bruits de Krakatoa a été le même que ceux entendus à Calman-
Brac.
2<> Les bruits souterrains de l'éruption de Krakatoa ont eu une intensité con-
sidérable; ils ont' été entendus à une distance dépassant tout exemple connu.
Les points extrêmes où les explosions ont été entendues sont Ceylan, le Burmah,
Manille, Dirch (Nouvelle-Guinée), Perth (Côte occidentale de l'Australie), soit
dans un cercle mesurant environ 3 300*^™ ou 30» de rayon. Il est vrai que 30« de
la circonférence ne représentent que la moitié du rayon terrestre, ou le quart de
la distance directe entre Krakatoa et les Caïmans.
30 Caïman-Brac est assez près des Antipodes de Krakatoa. En effet, Krakatoa
est situé par 105o30' longitude Est de Gr. et 6» latitude Sud. Caïman-Brac est
par 790 30' longitude Ouest et 19o30' latitude Nord. L'antipode de Krakatoa est
donc à 40 30' plus à l'Est et à 13o30' plus au Sud que Caïman-Brac; il est situé au
milieu des États-Unis de Colombie, sur le fleuve de Madgalena, entre les villes
d'Antioquia et de Tunja. Si l'hypothèse énoncée est exacte, serions-nous en
présence d'un fait de propagation directe du son, à travers le noyau central de la
Terre, ou bien d'un nœud de convergence de diverses sources qui auraient suivi
les couches superficielles de l'écorce terrestre et seraient venues interférer de
l'autre côté du sphéroïde?
40 Le jour oti les bruits souterrains ont été entendus aux Caïmans correspond
assez bien à ce que nous savons de l'éruption de Krakatoa. En effet, d'après le
rapport de M. Verbeck les détonations de Krakatoa se sont fait entendre les 26
et 27 août.
Si les rapports soupçonnés entre ces bruits souterrains et l'éruption de Kra-
katoa pouvaient être confirmés, ce serait un fait des plus importants pour la
Physique du globe. Nous sommes déjà débiteurs au cataclysme inconcevable du
détroit de la Sonde des phénomènes les plus intéressants : la propagation des
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 385
vagues aériennes aux baromètres du monde entier, la propagation des vagues
marines aux marégraphes d'Europe et d'Amérique, le Soleil vert de Tlnde en
septembre 1883, les feux crépusculaires de Tautomne de 1883, la couronne solaire
de 1884 (encore apparente en mars 1885), Fétat anormal de la polarisation atmo-
sphérique, la propagation du son jusqu'à 30« de distance du centre des explosions.
Si nous devions étendre cette propagation des ondes sonores jusqu'à la région
des antipodes, ce serait certainement un fait d'un très haut intérêt.
Aux documents qui précèdent, M. A. Lienas a ajouté les suivants à
la date du 18 mai :
Dans sa séance du 9 mars dernier, l'Académie a reçu de M. Forel, de Morges,
une Note annonçant que des bruits souterrains avaient été perçus le 26 août 1883
aux îles HavaT, c'est-à-dire presque aux antipodes de Krakatoa.
Or voici ce qui a été observé à l'île de Saint-Domingue, où j'habite. Le lundi
28 août 1883, le jour même que le cataclysme de Java était à son maximum, on
a entendu ici de 4*» à b^ du soir des détonations souterraines entremêlées de
crépitements, simulant à s'y méprendre le bruit d'un combat éloigné. Ces déto-
nations, entendues depuis la baie Samana jusqu'à la plaine de l'Artibonite, sur
une longueur de deux cents lieues, ont mis en émoi les populations de l'île.
Nos lecteurs ajouteront ces documents importants à tous ceux que
nous avons déjà publiés sur le plus grand cataclysme géologique de
Vhistoire.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
lia grande marée aa Mont Saint-Michel. — L'invitation adressée par la
Revue h propos de la grande marée du 9 septembre a porté ses fruits; les journaux
l'ont répandue à travers le monde des baigneurs ,et le mascaret à Caudebec
comme l'envahissement de la baie du Mont Saint-Michel ont eu des milliers de
contemplateurs. J'ai pensé que peut-être un croquis du spectacle offert par l'arri-
vée de la mer à la porte même de la ville féodale compléterait Tétude autrefois
publiée par la Revue sur ce même sujet (1883, n» 8, p. 279-285), et j'ai pris d'après
nature les deux dessins ci-dessous.
On voit sur ces deux dessins l'extrémité de la fameuse jetée qui aboutit aux rem-
parts. Comme tous les voyageurs s'en souviennent, une passerelle va de cette
jetée à la porte de la ville, pour permettre aux visiteurs d'arriver, à marée haute,
jusqu'à cette porte. Hier soir et ce matin, 10 septembre, la mer ayant envahi la
porte d'entrée elle-même, il était impossible de descendre de la passerelle, et de
robustes pêcheurs prenaient voyageurs et voyageuses dans leurs bras pour les
porter dans la ville. La scène ne manquait pas de pittoresque, surtout hier soir.
à la lueur des lanternes, par un vent terrible* Les petits cris d'effroi jetés par
Fig. 130.
La porte d'entrée du Mont Saint-Michel à marée basse, le 10 septembre 1885
Fig. 131.
La porte d'entrée du Mont Saint-Michel a marée haute, le 10 septembre 1883.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 387
les dames ajoutaient en passant une note humaine non disgracieuse au bruit
sourd de la tempête et au tableau de Tenvahissement de la mer.
Le premier croquis représente la porte d'entrée du Mont Saint-Michel, à marée
basse, quelques heures avant la grande marée. Le second représente la même porte
à l'heure de la pleine mer, l'eau arrivant dans Tintérieur de la ville jusqu'à l'hôtel
Foulard.
Quoique chacun s'attendît à la grandeur du phénomène qu'il était venu contem-
pler^ nul ne pouvait s'empêcher de reconnaître qu'en effet l'élément redoutable
poussé par la tempête obéissait ponctuellement aux prédictions de l'Astronomie ;
plus d'un touriste aura, un instant au moins, songé à la puissance de l'attraction
de la Lune et du Soleil sur notre planète, et à la majesté des lois qui régissent
le mouvement des mondes dans l'immensité.
C. Gabillot.
Mont Saint-Michel, 10 septembre.
LA KÉTROGRADATION DE L'OBfBRB.
Monsieur le Directeur,
La dissertation que vous avez publiée sur la rétrogradation de l'ombre apprend
que, grâce à une disposition particulière d'un cadran solaire horizontal, en se
servant d'une inclinaison calculée mais anormale de la table des heures, on peut
reproduire scientifiquement le phénomène de l'ombre revenant sur elle-même,
et, avec Pierre Nonius que fit le premier cette expérience, vous concluez à « un
pieux mensonge » d'Isaïe inspiré « par un bon motif ».
Je n'opposerai point à cette conclusion les arguments par lesquels le Père Cla-
vius, dans son opuscule, in fabricâ. instrumenti ad horologia, répondit à la
thèse de son contemporain Nonius. (Ce mathématicien, vous le savez, en pre-
nant une part importante à la réforme grégorienne du calendrier était en mesure
de traiter avec compétence cette question.) Mais, pour arriver à une déduction
bien différente de la vôtre, j'oserai demander à votre bienveillance la permission
de mettre en regard de l'hypothèse qui sert de base à votre argumentation une
seconde hypothèse, non moins plausible, sinon plus probable.
Pour renouveler scientifiquement ce que nous appelons le prodige d'Isaïe, il
suffit, dites-vous, de disposer, comme vous l'avez fait à Juvisy, un cadran hori-
zontal (condition sine quâ non) et d'incliner le style fixé perpendiculairement à
la table de telle sorte qu'il se trouve inférieur de quelques degrés à la déclinaison
du Soleil. Ce procédé avait été exposé au commencement du dix-septième siècle
par le savant commentateur Cornélius, à Lapide : « Talia horologia naturaliter
erigi possunt ubivis locorum, videlicet, si ita erigantur plana ut altitudinem poli
habeant minorem quam graduum 231/2. Unde, ubi ea est altitude, scilicet, inter
aaquatorum et alterutrum Tropicorum naturaliter id accidit. »
Le cadran d'Ezéchias était-il analogue à celui-ci? On peut le croire, répondez-
vous : c'est votre hypothèse. On peut aussi supposer le contraire.
388 L*ÂSTRONOMIB.
Pour discuter ce fait, nous n'avons, vous et moi, d'autres documents que le
texte de la Bible. Or il me semble que les détails empruntés au chapitre 20 du
IV« livre des Rois, au chapitre 38 d'Isaïe, et encore au ir« livre des Paralipo-
mènes, chapitre 32 se rapportent à un cadran solaire vertical plutôt qu'hori-
zontal :
1<* Ce cadran, œuvre d'art et d'ornementation sans doute autant que d'utilité,
était évidemment monumental dans ses proportions et en harmonie avec les
constructions grandioses et les lignes architecturales du palais construit autrefois
par Salomon, car, même sous le règne d'Ezéchias, on le nommait encore le
cadran dAchaz. De nos jours, lorsque nous parlons de l'horloge de Lepaute,
nous rappelons le souvenir de l'horloge monumentale du Luxembourg, son chef-
d'œuvre, et non pas des pendules vulgaires sorties des mains de ce célèbre hor-
loger. Nous sommes donc pareillement autorisés à croire que le cadrau, dit
d'Achaz, se distinguait par ses proportions des cadrans d'un usage commun dans
la ville de Jérusalem et dans tout le royaume de Juda.
2o De plus, ce cadran solaire tracé sur une large surface, et de toute nécessité
dans un endroit très découvert, (puisqu'il devait indiquer les divisions du jour
pendant toutes les heures de soleil) était évidemment en vue des diverses parties
du Palais, et plus particulièrement des appartements royaux; car, c'est de son
lit, remarquez-le bien, qu'Ezéchias mourant suit le phénomène de la rétrogra-
dation sur les lignes indicatrices des degrés, avant même le traitement médicinal
conseillé par le prophète. (Quant à une constatation officielle du fait par procu-
reurs « sous les yeux de quelques personnages envoyés par lui » ni vous ni moi
ne prenons au sérieux cette supposition.)
Or, cette double condition, si je ne m'abuse, ne pouvait être réalisée que par
un cadran vertical appliqué ou tracé sur la muraille en face de la fenêtre de la
chambre du roi.
3» Vous supposez en outre, et c'est la conséquence de votre assertion, que le
phénomène de la rétrogradation opéré naturellement par le seul déplacement de la
table d'heures, s'accomplit avec la lenteur de l'ombre qui parcourt les degrés
d'un cadran ordinaire.
Rien dans le texte sacré ne nous autorise à le croire : cette rétrogradation eût
demandé dix heures, si chaque division avait la valeur d'une vingt-quatrième
partie du jour, ou de cinq heures si les lignes indiquaient les demi-degrés. Le
récit du prodige laisse supposer au contraire un fait instantané ou du moins très
rapidement accompli, car ce signe d'une prochaine guérison donné par le sei-
gneur à Ezéchias porta la confiance et la conviction dans l'esprit du roi avant
même qu'Isaïe eut demandé aux serviteurs les figues qui devaient être appli-
quées sur l'ulcère. Lorsqu'une intervention surnaturelle (vraie ou supposée)
produit un événement merveilleux, l'attente des spectateurs ne demeure jamais
longtemps en suspens.
Nous pourrions incidemment nous demander si un fait aussi extraordinaire,
produit en témoignage d'une guérison inattendue, passa inaperçu dans le reste
NOUVELLES DE LA SCIENCE- — VARIÉTÉS. 389
de la Judëe ou s*il laissa quelque trace historique. C'est à cette question que
répond le chapitre 32 du II« livre des Paralipomènes, verset 31 :«.... in lega-
tione principum Babylonis qui missi fuerant ad eum (Ezechiam) ut înterrogarent
de portento quod acciderat super terram. » Les Babyloniens et Chaldéens, entre
tous les peuples d'alors, s'intéressaient aux événements astronomiques. Or nous
apprenons que surpris de ce prodige survenu à l'occasion de la maladie d'Ezé-
chias, ils envoient officiellement une ambassade pour connaître par le détail un
fait aussi surprenant.
La rétrogradation de Tombre se manifesta-t-elle seulement sur le cadran
d'Achaz ? ou bien ce phénomène eût-il son contre-coup dans la région ! je n'ai pas
la prétention de résoudre le cas; mais l'ambassade babylonienne m'autorise à
croire que ce fait cosmographique eut une autre cause qu'un tour de presti-
digitation.
A. Blain,
Aumônier des sourds- muets, à Poitiers.
Réponse. — l» Le seul texte auquel nous puissions recourir ( Rois, IV, 20 et
Paralipomènes, II, 32), car le chapitre 38 d'Isaïe ne paraît qu'une répétition tron-
quée, ne s'explique pas sur la position du cadran solaire d'Achaz. Il pouvait donc
être horizontal aussi bien que vertical. Les cadrans solaires horizontaux ont
naturellement précédé les verticaux.
2<» Ce même texte ne dit pas non plus que le cadran ait été monumental, ou
seulement grand ou petit, ou orné. Isaïe n'y donne pas une plus longue description
qu'au « cataplasme de figues » (textuel).
3o Ce même texte ne dit pas davantage que le roi l'ait vu de son lit. En une
teUe occurence on a bien pu porter le roi jusqu'à la terrasse, ou il a pu avoir
la force de faire quelques pas pour constater le miracle. Il paraît du reste
(d'après le texte), avoir été guéri sans retard.
4<> La constatation du fait de la rétrogradation n'aurait demandé ni dix heures
ni cinq heures; en une heure on en est suffisamment convaincu.
50 La Bible ne dit pas que l'ambassade babylonienne ait reçu aucune preuve
de l'authenticité d'une rétrogradation réelle du soleil. Il reste probable que le
phénomène ne s'est produit que sur le cadran d'Achaz.
6<> L'application du cadran solaire à rétrogradation à l'explication du miracle
d'Isaïe reste intéressante à plusieurs points de vue. D'abord, elle ne date pas de
notre siècle d'incrédulité et n'appartient ni à M. le colonel Guillemin, ni à
M. Flammarion, puisque d'après les remarques érudites de M. l'abbé Blain, elle
aurait déjà été l'objet de discussions il y a près de trois cents ans. Ensuite elle
parle hautement en faveur des connaissances cosmographiques des Chaldéens
et des Hébreux et en faveur de celles du prophète Isaïe en particulier. D'un autre
côté encore, elle justifie une assertion souvent traitée de mensongère par les
historiens et explique un événement incompréhensible. Enfin elle inviterait
les auteurs sceptiques, si nombreux à notre époque, à traiter d'une façon moins
cavalière les miracles inexpliqués. Pour eux, Tauteur du Livre des Rois est un
390 L'ASTRONOMIE.
naïf ou un menteur. Pour nous, il est vëridique et Isale mérite d'être élevé au
rang d'astronome. Quant au roi Ezéchias en particulier, nous ne le défendrons
pas plus que la Bible ne le défend elle-même. Et Dieu sait ce qu'elle dit de lui.
de ses pères et de ses fils ! Mais paix à leur ombre. Ne la ressuscitons pas pour
la faire rétrograder à son tour.
Même snjet.
Monsieur le Directeur,
J'ai lu votre article sur le cadran solaire à rétrogradation avec d'autant plus de
plaisir que, depuis sept ans que je suis professeur d'hydrographie, je ne manque
pas chaque année de signaler à mes élèves la marche rétrograde du Soleil sur
l'horizon, comme M. l'examinateur hydrographe Dubois l'a constaté en 1B82 lors
de son inspection à Saint-Nazaire.
Il m'engagea à cette époque à vous transmettre mes propres remarques, mais
la Revue n'ayant pas encore traité de questions de ce genre, je ne crus pas
devoir vous adresser mes notes, persuadé d'ailleurs, que d'autres que moi avaient
dû en naviguant faire les mêmes observations.
Embarqué à ma sortie de l'École navale sur le vaisseau d'application le Jean-
Dart^ j'eus à remettre en 1872 à mon officier de poste de nombreux calculs de
deux hauteurs et l'intervalle.
En partant de Brest je m'étais habitué à me servir du tracé approximatif des
droites de hauteur pour trouver le signe de la correction en latitude.
Je continuais toujours les mêmes errements, lorsqu'un jour je constatai une
difiFérence entre les résultats ainsi obtenus et ceux fournis par la règle des
signes; j'avais sans réfléchir tracé ma droite de hauteur comme à l'ordinaire en
me basant sur la marche directe de l'ombre. Je fus aussi conduit à examiner
cette question avec un plus grand soin et à reconnaître que dans le cas où la
latitude et la déclinaison étant de même nom, la latitude est plus petite que la
déclinaison, l'astre passe deux fois au même vertical dans la matinée.
J'eus d'ailleurs l'occasion de constater ce fait une nouvelle fois : ayant pris un
certain jour deux hauteurs à quelques heures de distance et n'ayant pas constaté
à l'aide du compas le mouvement en azimut entre les deux observations, je
me mis comme à l'ordinaire à faire mon calcul et je ne fus pas peu surpris de
trouver la même longitude et le même azimut pour mes deux calculs. Mes deux
droites de hauteur se confondant dans ce cas, la méthode Pagel indiquait une
indétermination.
Je fus ainsi conduit à rédiger la note suivante pour calculer la position du lieu
dans ce cas particulier, méthode très pratique lorsque les observations sont
faites à terre.
On prend au théodolite la hauteur H de Tastre A dans un azimut quelconque
et l'on note l'heure au chronomètre; on laisse la lunette dirigée dans le même
cercle vertical et l'on note la hauteur de l'astre au moment du 2« passage. (Il n'est
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 391
pas nécessaire de noter Theure au chronomètre au moment de cette deuxième
observation.)
Les deux triangles sphériques donnent
cos A — sin L sin H = cos L ces H cos Z,
cos A — sin L sin H' = cos L cos H' cos Z,
d'où
cosA — sinLsinH _ cos H _
cos A — sin L sin H' "" cos H' '
par suite
cos A ( cos H' — cos H ) = sin L ( sin H cos H' — sin H' cos H ),
d'où
. - cosA fcosH' — cosH)
sin Li = : — TTt ÎT7T >
sin(H — H )
sinL =
^ . H +H
cos A sin — ô —
H'-H
cos T
La latitude étant déterminée d'une manière exacte par cette formule, on trouve
la longitude à l'aide de lai*-© observation.
Cette méthode très pratique à terre, lorsqu'on observe une étoile, présente des
difficultés, à la mer, à cause de l'impossibilité où Ton se trouve de prendre deux
hauteurs dans le même vertical ; aussi doit-on éviter d'observer dans les circon-
stances précédentes.
Pour faire profiter mes élèves de la pratique que m'a donnée m'a courte navi-
gation je ne manque chaque année de leur parler du mouvement azimutal du
Soleil.
Si, par mouvement direct, on entend le mouvement dans le sens des aiguilles
d'une montre, les habitants de l'hémisphère Sud qui n'habitent pas la zone torrMe
n'ont jamais vu l'ombre marcher dans le sens direct, à moins qu'ils n'aient installé
le curieux cadran solaire à rétrogradation qui est pour eux le cadran solaire à
marche directe que vous nous avez signalé dans la Revue,
Paul Jaffé,
Professeur d'Hydrographie, ancien officier de marine.
Curieux elTets de la foudre.. — Le dimanche 28 juin, à l'heure où M. Flam-
marion présidait à Argentan la réunion triennale de la société scientifique qui
s'est créée sous son nom et qui, déjà si florissante et élevée au chiffre de 520
membres, rend à la science et à l'instruction publique des services appréciés,
— à l'heure où Ton traitait là de quelques questions scientifiques actuellement à
l'ordre du jour et des problèmes les plus intéressants des sciences naturelles, —
le Directeur de la Revue recevait, à Juvisy, dans son observatoire bien fermé, la
visite imprévue et fort indiscrète de la foudre.
Tout d'abord, elle se précipita sur la coupole avec une telle violence que tout
le quartier en tressaillit; les habitants ne se souviennent pas avoir jamais en-
tendu pareil foudroiement. Elle a dû frapper un boulon de fer qui affleure à
392
L'ASTRONOMIE.
rextérieur, pénétrer dans la coupole un peu au-dessus du plancher, et elle a
arraché avec une violence inouïe deux morceaux de plinthe formant angle, atta-
chés par de longues pointes de fer (qui sont restées dans la muraille), ainsi que
toute la partie inférieure d*une poutre massive verticale. Le morceau de poutre
arraché mesure 0'n,13 de largeur à la base, 0%02 d'épaisseur et 0«,65 de hau-
teur; il a été arraché de bas en haut et finit par de simples filaments. Lorsqu'on
songe à la force qui a été mise en jeu pour enlever violemment et d*un seul coup
Fig. 132.
Eclat de bois lancé par la foudre derrière le gond d'une charnière de fenêtre.
' ( Demi-grandeur naturelle.)
un pareil morceau d'une poutre aussi massive, détacher nettement comme par
un coup de hache des fibres si serrées, Tesprit en reste confondu.
Mais ce n'est rien encore. Ce morceau de chêne a été réduit en fragments sé-
parés les uns des autres dans le sens des fibres, généralement en long, de toute
la longueur du morceau enlevé, mais très variés en largeur et épaisseur, les uns
mesurant trois à quatre centimètres de large, les autres étant déchirés en lanières
jusqu'à la dimension de simples fils. Le tout a été projeté avec une force considé-
rable à l'opposé du mur de la crémaillère, dans toutes les directions, jusqu'à 5,
6 et 8 mètres de distance, suivant l'éloignement des murs. Que ces fragments
aient été lancés contre les murs , c'est ce qui est évident par l'exemple que
voici :
Autour du cylindre en maçonnerie qui forme la base de la coupole, il y a six
petites fenêtres rondes en verres de couleur, six sortes de hublots de navire, de
0™,60 de diamètre, s'ouvrant à l'aide de charnières. Ces charnières se composent
de deux parties : l'une, inférieure, fixée dans le mur; l'autre, supérieure, fixée
NOUVELLES DE LÀ SCIENCE. — VARIÉTÉS. 393
dans la monture de la fenêtre et tournant autour d'un pivot sortant de la pre-
mière. Entre ces deux parties il y a naturellement un léger jeu, un intervalle
d'un millimètre environ. Eh bien! dans la fenêtre qui se trouve juste en face du
point par où la foudre est entrée dans la coupole, à cinq mètres de distance,
cet agent mystérieux, aussi subtil qu'étrange, a trouvé moyen de faire pénétrer
en arrière du pivot, tout contre la fenêtre, un morceau de bois lancé avec
une telle force qu'il est absolument impossible de l'en retirer. En soulevant
la fenêtre sur ses gonds, on voit qu'il est hermétiquement engagé derrière le
pivot! Il faut qu'il y ait eu entre ce bois et le fer sur lequel il s*est précipité une
attraction inimaginable. Au pied de cette fenêtre, des fragments de bois proje-
tés sont hachés en filaments, comme du chanvre. L'instantanéité de cette projec-
tion fait supposer une vitesse prodigieuse ; pourtant le verre de la fenêtre n'est
même pas fendu.
 quelques mètres de là, cinq thermomètres étaient posés verticalement les
uns à côté des autres, sur un meuble, contre une fenêtre. Comme si un souffle
violent les avait repoussés, ils ont été renversés pêle-mêle, et l'un d'eux lancé
sur le parquet, sans être cassé pourtant! Il y a sur ce même meuble un sextant
monté sur un massif pied de fonte, qui semble être la cause du passage de la
foudre de ce côté-là.
On est loin d'être d'accord sur la nature de l'électricité. Dans l'état actuel de
la théorie, il est quelque peu hérétique d'écrire que la foudre est entrée par un
point et sortie par un autre. Nous ne savons si la foudre est au courant de la
théorie et se dirige suivant les principes du « potentiel », mais ce qu'il y a de
bien visible, c'est que, sur le mur du cylindre en maçonnerie qui supporte la
coupole, on voit, à l'Ouest, en outre des faits et gestes rapportés plus haut :
lo une plinthe arrachée violemment près d'un piton en fer, au niveau du par-
quet; 2<» un éclair en zigzag tracé par la fusion de la peinture le long du mur,
et 3» un petit trou en forme d'entonnoir qui se termine en pointe d'aiguille. Le
plâtre arraché de ce trou (de sortie?) a été projeté à deux mètres de distance. Ce
trou s'arrête-t-il dans le mur même? A l'extérieur, on ne distingue absolument
rien. Quoi qu'il en soit, tous les dégâts consistent en fragments arrachés par
violente répulsion et projetés au loin.
Il est bien difficile de déterminer les lois qui président à ces phénomènes. Que
le fer soit un conducteur excellent de l'électricité, c'est un fait d'observation
universelle. Ainsi, à l'Observatoire de Juvisy notamment, tous les dégâts et tous
les transports de matière ont eu lieu près d'objets en fer. Mais voyez pourtant la
singularité! D'énormes solives de fonte qui traversent le parquet de la coupole,
et sont portées à leurs deux extrémités par d'autres barres de fer posées le long
des murs de refond, paraissent n^avoir exercé aucune influence sur la jnarcho
de la foudre; celle-ci s'est attachée à des jouets, à des pointes de fer, clouant une
plinthe à une charnière de fenêtre, et a effleuré le tout pour s'échapper horizon-
talement sans descendre ni au second étage, ni au premier, ni au rez-de-chaussée,
quoique la rampe du grand escalier et tous ses barreaux soient en fer. Il semble
394 L'ASTRONOMIE.
qu'elle aurait dû se précipiter sur ces centaines de kilos de fer et tout fracasser.
Un coup de tonnerre est une brusque rupture d'équilibre entre la force élec-
trique contenue dans un objet et celle du nuage orageux. Mais la manifestatioD
même de Téclair nous montre la subtilité et les caprices apparents de cette rup-
ture. Pourquoi, libre à travers Tair lui-même, Téclair ne suit-il pas une ligne
droite, qui devrait être le chemin le plus court, et dessine-t-il des zigzags? Com-
ment cette rupture d'équilibre prend-elle délicatement une lanière arrachée à
une boiserie, pour aller la piquer obliquement, latéralement, contre une fenêtre,
derrière un gond, dans une place large comme une aiguille? Pourquoi, ayant, à
deux pas de sa chute, un réservoir de plomb rempli de deux mille litres d'eau,
la foudre ne s'est-elle pas précipitée sur ce réservoir pour descendre par les con-
duites de plomb, comme elle le fait si souvent?
Les météorologistes et les électriciens ont beaucoup à faire encore.
Pourtant on no terminera pas l'Observatoire de Juvisy sans y installer un
paratonnerre. Mais le subtil agent suivra-t-il le chemin qu'on lui aura préparé?
Bolide lent ou bradyte. — Aux bolides lents ou bradytes signalés autrefi^is
par M. Flammarion vient s'ajouter l'observation suivante.
Le 23 juillet dernier, à 9*>30 du soir, on a vu, à Marseille, apparaître une bril-
lante étoile dans la constellation de la Balance, à 15o au-dessus de l'horizoD.
L'étoile atteignit Téclat de Vénus, se dirigeant vers TEst, et laissant derrière elle
une légère traînée de feu. Elle marchait parallèlement à l'horizon, et employa
près de deux minutes pour parcourir six à sept degrés.
B. LiHOU.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 OCTOBRE AU 15 NOVEMBRE 1885.
Principaux ol^ets célestes en évidence pour Inobservation.
lo CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette période de Tannée, se reporter soitaui
cartes publiées dans la première année de la Heuue, soit aux descriptions données
dans les Étoiles et les Curiosités du Ciel, pages 594 à C35.
Les belles constellations d'automne sont visibles dès 7>» du soir. Il faut profiter
des nuits encore tièdes d'octobre et du commencement de novembre, pour
étudier les étoiles multiples, les amas, les nébuleuses et en particulier la nébu-
leuse d'Andi'omède dans laquelle vient d'apparaître une étoile variable dont
l'éclat, s'est subitement accru. Vénus, Vesta et Saturne sont visibles dans la
première moitié de la soirée, Mars, Jupiter et Uranus, dans la seconde moitié.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 395
2» SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 octobre, le Soleil se lève à 6*>22™ du matin et se couche à
5*»9«» du soir; le l*"* novembre, le lever a lieu à 6^49» du matin et le coucher
à 4'» 38"; enfin, Tastre du jour se montre au-dessus de Thorizon de Paris, à 7*>11=>
du matin, le 15 novembre, pour disparaître au-dessous à 4*>18"» du soir. La durée
du jour est de 10>»47™ au 15 octobre, de 9^49" au l»»" novembre, et de 9*»7'»
au 15 novembre. Les jours décroissent dans cet intervalle d'un mois, de 49«» le
matin et de 51°^ le soir, soit une diminution totale de 1^40".
La difTérenco entre l'instant du midi vrai et celui du midi moyen va sans cesse
en augmentant. Le 15 octobre, la matinée dure 5^38°» et la soirée 5^9»», dif-
férence 29«»; le !«»• novembre, matinée b^ii^, soirée 4^38», différence 33"»; le
15 novembre, matinée 4*>49", soirée 4^ 18", différence 31",
Le Soleil s'éloigne toujours rapidement de Féquateur. Sa déclinaison australe
est de 8o4r à midi moyen, le 15 octobre, et de 18o37' au 15 novembre. A mesure
que le Soleil se rapproche de Thorizon, lors de son passage au méridien, les
quantités de chaleur et de lumière qu'il nous envoie vont en diminuant constam-
ment, la mauvaise saison avance très vite, malgré la courte période de beaux
jours qui arrive au début de novembre, surtout vers le 11 de ce mois. Cette
période est connue depuis longtemps sous le nom d'Été de la Saint-Martin et
constitue l'une de ces remarquables oscillations de température qui se reprodui-
sent périodiquement aux mêmes dates de Tannée. Nous prions nos lecteurs de se
reporter à l'intéressant article de M. Roche, publié dans cette Revue, année 1883,
pages 287-292.
La lumière zodiacale est toujours facile à observer le matin, à l'Orient,
environ deux heures avant le lover du Soleil.
Lune. — Dans le voisinage de la Pleine Lune, le disque de notre satellite sera
suffisamment élevé pour que l'étude de sa surface puisse se faire dans des condi-
tions avantageuses.
Le 9 octobre prochain, il y aura encore une grande marée sur les côtes de
rOcéan et de la Manche. La haute mer aura lieu à 4^6"» du soir à Quiberon et à
Lorient, et à 6^50™ à Saint-Malo et au Mont Saint-Michel. Cette marée, comme
celles des 10 et H septembre, pourrait occasionner des désastres si elle était
favorisée par le vent. Rien de plus grandiose, de plus imposant que ce phéno-
mène des hautes marées.
PQ le IG octobre, à l''30« matin. NL le 6 novembre, à 9M2- soir.
Ph.\$es... PL le 23 » à 9 32 soir. PQ le 14 » à 10 9 »
DQ le 30 » à 6 7 »
Occultations visibles à Paris.
Deux occultations seulement seront observables dans la première moitié de la
nuit.
1* B. A. G. 1526 (6- grandeur), le 26 octobre, de 10"» l- à 10M8- du soir. Cette petite
étoile, dont roccultation est représentée fig, 133, disparaît à TOrient, à 42* au-dessus
396
L'ASTRONOMIE.
du point le plus à gauche du disque lunaire, et reparaît du même côté, à 14* au-dessous
et à gauche du point le plus élevé. A Greenwich, il y aura simple ap puise.
2* 1 Cancer (6» grandeur), le 29 octobre, de 10"» 5" à 10*» 38- du soir. La disparition se
FIg. 133.
Fijç. 134.
OccullatioD de B. A. C. 1526 par la Lune,
le 26 octobre, de 10'» 1" à 10^ IS» du soir.
Occultation de 1 Cancer, par la Lune,
le 29 octobre, de 10»» 5- à 10*38 du soir.
fait à l'Orient, à 8* au-dessus du point le plus à gauche, et la réapparition également
du même côté, à 5* au-dessous et à gauche du point le plus au Nord.
L'occultation est représentée fi g. 134. A Greenwich, la durée de l'occultation n'est
que de vingt et une minutes.
Occultations diverses.
Les nombreux astronomes dispersés dans les diverses régions de notre globei
pourront étudier facilement quelques-unes des remarquables occultations qu,
suivent :
1* p Capricorne (3« grandeur), le 16 octobre, vers 9'» du soir, heure de Paris, temps
moyen. Le phénomène sera observé dans le sud de l'Afrique et dans l'Amérique mé-
ridionale. Les limites de latitude des lieux d'observation sont 2<> S. et 66* S.
2* Aldébaran (l'* grandeur), le 26 octobre, à 2'» de l'après-midi. Les diverses phases
de l'occultation pourront être suivies à l'aide d'une forte lunette astronomique, dans
l'Europe occidentale. Mais ce seront les habitants de la Russie orientale et de l'Asie
centrale qui pourront voir, à l'œil nu, la disparition et la réapparition de cette brillante
étoile.
3* Vesta, le 27 octobre, à S** du soir. L'occultation de la petite planète ne pourra être
observée complètement que dans l'Europe orientale. A Paris, la Lune ne sera que
depuis dix minutes au-dessus de l'horizon, lorsque Vcsta réapparaîtra à 25* à droite et
au-dessous du point le plus élevé du disque lunaire.
4" p Vierge (3,5 grandeur), le 3 novembre, vers ô*» du matin. Cette belle occultation
pourra être étudiée sans difficulté dans l'Afrique méridionale et l'Amérique du Sud.
5' Jupiter, le 3 novembre, vers 10'" du matin. En Europe, on pourra voir, en plein
jour et avec une bonne lunette, Jupiter au nord de la Lune. Le phénomène sera visible
dans la partie centrale et méridionale de l'Amérique du Sud.
6' Ti Vierge (3,5 grandeur), le 3 novembre, à 1^ du soir. Visible dans les îles de
rOcéanie, au lever de la Lune.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 397
7* Ubamus, le 3 novembre, vers 11^ du soir. L'occultation sera observable dans l'Asie
centrale et méridionale.
8* p Gaprigornb (3* grandeur), le 13 novembre, à 5^ du matin. Le phénomène sera
visible dans les îles Gambier.
lie 16 octobre, à 6^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
403 600'^» ; diamètre lunaire = 29' 36', 2
Le 28 octobre, à 8^ du soir, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
368 600^; diamètre lunaire = 32'24',6.
Le 13 novembre, à 2^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
404 000^»; diamètre lunaire = 29'34', 4:,
Mercure. — Mercure se trouve en conjonction supérieure avec le Soleil,
le 16 octobre, à 10^ du matin. Cette planète reste invisible dans la période comprise
entre le 15 octobre et le 15 novembre.
VÉNUS. — Vénus se rapproche de nous avec une rapidité considérable. Déjà,
on peut la distinguer, à l'œil nu, dans les feux du couchant, près d'une heure
avant la disparition du Soleil, ainsi que nous avons pu le constater à Carnac,
le 13 septembre dernier, M. et M°>e Auguste Nayel, de Lorient, et moi. Il est
certain que, par un ciel bien pur et à Taide d'une jumelle marine, on reconnaîtra
aisément l'éclatante Vesper, à tout moment de la journée. Avec un grossisse-
ment de 50 fois à 150 fois, les astronomes distingueront la phase de plus en plus
accentuée qu'offre VÉtoile du Berger. Le 20 octobre, les j^ seulement du disque
seront éclairés.
Jours. PaaiAge Uéridien. Coucher. Différence Sololl. CoDBtcUatlon.
17 Octobre 2''29- soir. 6''36- soir. 1^31- Scorpion.
20 » 2 33 » 6 35 » 1 36 »
23 » 2 36 » 6 34 » 1 40 Ophiuchup.
26 » 2 39 » 6 34 » 1 46
29 » 2 43 » 6 35 « 1 52
1" Novembre. . 2 46 v 6 36 » 158 *
4 » . . . . 2 50 » 6 39 M . 2 6 Sagittaire.
7 M 2 53 -> 6 41 )> 2 12
10 » 2 56 » 6 44 » 2 20 »
13 » 3 0 » 48 » 2 28 i>
Le mouvement de Vénus est direct, à travers les constellations de l'hémisphère
Sud. La planète se trouvera quatre fois en conjonction avec des étoiles et une fois
avec la Lune, dans l'intervalle d'un mois, du 15 octobre au 15 novembre.
Le 17 octobre, sur les deux heures de l'après-midi, Vénus sera placée* à 2<'9'
au nord de l'étoile a Scorpion; le 19 octobre, à 3^ du matin, à 2» 37' au nord d'An-
tarés; le 29 octobre, vers 5*> du soir, à 38' au sud de 6 Ophiuchus; le 10 novembre,
à 8*» du soir, à 7<»49' au sud de la Lune; le 11 novembre, sur les i^ du soir, à 41'
au sud de X Sagittaire.
Le 1«» novembre, le diamètre de Vénus est de 17', 4. La distance de cet astre à
la Terre est alors de 140 millions de kilomètres et sa distance au Soleil de
108 millions de kilomètres.
398 L'ASTRONOMIE.
Mars. — Mars s'avance vers la Terre et augmente d'éclat. Il sera très facile de
découvrir cette' planète, dans la constellation du Lion, surtout à cause de sa
teinte rouge et de son voisinage de Régulus.
Jours.. Lever. Passage Méridien. ConstellatloD.
17 Octobre OMC- matin. 7»'40- matin. Lion.
21 » G 12 • 7 33 » »
25 M 0 9 .. 7 26
29 » 0 6 » 7 19
2 Novembre. .. . minuit. 7 11 m
6 » 11 56 soir. 7 4»*
10 » 11 51 » 6 56
14 » 11 46 II 0 48 « »
Le mouvement de Mars est direct. Le 1«' novembre, vers 4*> du matin, la pla-
nète sera visible à 4*16' au nord du disque de notre satellite; le 3 novembre,
Mars se trouvera au nord de Régulus, et à la faible distance de I^IO'. Mars et
Régulus, astres de première grandeur, pourront être observés dans le champ
d'une même jumelle marine, du !«' au 7 novembre.
Le !«' novembre, le diamètre de Mars est de T; sa distance à la Terre est de
237 millions de kilomètres et au Soleil de 240 millions de kilomètres.
Petites planètes. — Cérès, Pallas et Junon sont invisibles, dans la constel-
lation de la Balance ; elles se couchent environ une heure après le Soleil.
Vesta se présente dans d'excellentes conditions pour Tobservation. Elle est
située à la limite des constellations du Taureau et d'Orion; elle forme le sommet
d'un triangle ayant pour base la ligne qui unit x d'Orion à Ç Taureau. Les per-
sonnes douées d'une vue excellente pourront la reconnaître à l'œil nu; mais pour
les observateurs qui jouissent d'une vue ordinaire, une jumelle marine sera
indispensable.
Joars. Lever de Vcsta. Passage Méridien. CoustcUatioD.
19 Octobre 8'' 21* soir. 3»" 54- matin. Orign.
24 » 8 1 « 3 34 w Taureau.
29 » 7 41 .. 3 14
3 Novembre 7 19 » 2 53 « .•
8 w : 0 57 » 2 31 n
13 « 6 33 w 2 8 » »
Du 15 au 19 octobre, la marche de Vesta est directe, c'est-à-dire dirigée vers
'Est; mais à partir de cette dernière date, le mouvement de la petite planète
devient rétrograde.
Le 7 novembre, Vesta est éloignée de 257 millions de kilomètres de la Terre
et de 381 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 28 Oct. : Ascension droite... 5''45'". Déclinaison... 17*40' N.
1» 7Nov.: » u 5 41 » 17 41 N.
Jupiter. — Cette admirable planète se dirige, d'un mouvement direct, à travers
la constellation de la Vierge, et brille du plus vif éclat, dans le ciel de l'Orient,
près de quatre heures avant le Soleil. Le 21 octobre, à 3^ du soir, Jupiter sera
au nord et à la faible distance de 20' de l'étoile p Vierge.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 399
Jours. LeTer. Passage Méridien. Constellation.
17 Octobre 3^40- matin. 9»» 57- matin. Vierge.
21 « 3 29 » 9 45 » »
25 » 3 17 M 9 32 »
29 » 3 4 » 9 18
2 Novembre 2 54 >» 9 6 »
6 »» 2 42 » 8 53 »
10 )» 2 30 w 8 40 M »
14 » 2 18 » 8 26 » »
Le l'^r novembre, le diamètre de Jupiter est de 30'',2. La distance de la planète
à la Terre est de 908 millions de kilomètres et la distance au Soleil de 805 millions
de kilomètres.
Éclipses des satellites de Jupiter.
11 Octobre 16''46" Immersion du 4« satellite.
12 » 17 1 « 1
4 Novembre 17 11 » 1 »
7 » 17 4 • 2
15 » 14 55 « 3
» » 18 0 Emersion 3 »
Remarques. — Le 29 octobre, à 5^ du matin, le !«' et le 4® satellites sont
cachés derrière le disque de Jupiter. Le l®' novembre, le 2o satellite est occulté.
Le 2 novembre, à 4^30n» du matin, les 4 satellites sont d'un même côté de la
planète. Les 14 et 15 novembre, au matin, Tun des satellites est éclipsé, tandis
que les 3 autres sont à TOccident.
Saturne. — Cette belle planète est visible dans la constellation des Gémeaux
pendant la plus grande partie de la nuit. On la distinguera d'abord à sa teinte
légèrement plombée, puis à sa position voisine des étoiles de 3® grandeur e,
|JL et Y Gémeaux. Un grossissement de 40 fois suffit pour montrer ses admirables
anneaux et un grossissement de 200 fois, pour les séparer les uns des autres.
Jours. Lever. Passage Méridien. ConstellatiOD.
18 Octobre 8*'49'- soir. 4*» 49- matin. Gémeaux.
23 » 8 29 » 4 29 » »
28 » 8 9 B 4 9 » »
2 Novembre 7 49 » 3 49 » »
7 » 7 29 » 3 29 « »
12» 79 » 39 D »
Depuis le 15 jusqu'au 20 octobre, à i^ du soir, le mouvement de Saturne est
direct; à partir du 20 octobre, la planète a ne marche rétrograde. Le 28 octobre,
à 5*» du soir, Saturne sera en conjonction avec la Lune, et à 4o8' au nord de
notre satellite.
Le i«' novembre, Saturne a un diamètre de 17',8. La distance de la planète à la
Terre est de 1254 millions de kilomètres et au Soleil de 1336 millions de kilo-
mètres.
Uranus. — Dranus est visible le matin, à TOrient, dans la constellation de la
Vierge, entre les étoiles de troisième grandeur y et r,.
400
L*ASTRONOMIE.
Jours.
15 Octobre...
20 »
25 »
30 »
4 Novembre.
9 »
14 » . ...
Ut«.
PaMtgeMMdieii.
4M3- matin.
10^1- matin.
VisaoE.
4 26 •
10 23 •
4 7 »
10 4
3 48
945 »
3 31
9 27
3 13 »
9 8 »
2 54 »
8 49 »
Le mouvement d'Uranus est direct Le l*' novembre, le diamètre de la planète
est de 3',8; sa distance à la Terre est de 2831 millions de kilomètres et au Soleil
de 2710 millions de kilomètres.
Coordonnées au 1*' Novembre : Ascension droite. 12^21". Déclinaison.. 1*34' S.
Neptune. — La planète Neptune se trouve dans les meilleures conditions
possibles, puisqu'elle passe au méridien dans le voisinage de minuit. Le mou-
vement de Neptune est rétrograde, dans la constellation du Taureau. La planète
est au-dessous des PléTades, sur la droite qui unit 8 Bélier à y Taureau, aux | de
cette ligne, à partir de 8. Un grossissement de 200 fois est nécessaire suffira pour
découvrir Neptune.
Joars.
Lever
Passade Méridien.
GonsteUation.
8 Octobre
6^53- matin.
2*25-
soir.
Taureau.
18 »
6 14
»
1 45
»
»
28 V
5 34
II
1 5
»
»
4 Novembre
5 6
»
0 37
I»
»
12 »
4 34
»
minuit.
9
»
Le !•' novembre, la distance de Neptune à la Terre est de 4271 millions de
kilomètres et au Soleil de 4413 millions de kilomètres.
Coordonnées au 1*' No vemb. : Ascension droite. . 3*31*. Déclinaison.. 17M2'N.
Etoiles filantes. — Chaque année, du 19 au 25 octobre, quelques averses
d'étoiles filantes émanent de plusieurs points radiants, notamment d'un point
situé entre Aldébaran et p Taureau, d'un autre voisin de y Gémaux et d'uD
troisième assez rapproché de PoUux.
Mais c'est dans la nuit du iS au 14 novembre que la Terre rencontre l'un des
essaims d'étoiles filantes les plus remarquables et les mieux connus. Depuis
longtemps, les astronomes ont désigné cet essaim sous le nom de Léonides, parce
que les corpuscules enflammés qui le composent, semblent sortir d'un point
voisin de x Lion. L'orbite céleste de ces météores a été identifiée avec celle de
la comète I de 1866. Le nombre des étoiles filantes observées atteint sod
maximum après des périodes successives distantes les unes des autres d'environ
33 ans.
Outre ce centre principal, il y en a encore deux autres d'une importonee
secondaire. L'un est placé un peu à l'ouest de ( Persée et l'autre à Test de la
Tête du Dragon.
Eugène Vimont.
CORRESPONDANCE.
M DuPRAT, à Alger, a observé de nouveau les fameuses lueurs crépusculaires qui ont
reparu le 58 juillet avec une intensité remarquable. Klles ont continué jusqu'au milieu
du mois d'août.
M. A. GuNZiQER, à Oldham. — Veuillez agréer nos remerciements pour renvoi de
l'excellent annuaire de Stonyhurst. Vous trouverez sans doute les renseignements que
vous désirez dans l'Astronomie pratique de Souchon (Gauthier-Villars).
MM. Joseph Kleiber, à Saint- Péterbourg, Guiilermo Molina, à San José de Costa
lîica, José Banbtto, à Lisbonne, Mantovani à Saint-Denis (Réunion), J. Greslot, à
Meaux, Victor Boutilly, à Lunéville, Rémi Thouvenin, à Laneuveville. — Votre pro-
jet relatif à la réforme du Calendrier a été reçu et classé avec les pièces du concours.
Un lecteur de Fontainebleau. — Rien n'est plus vrai. Mais les étoiles sont si éloignées
que le mouvement propre du Soleil en 25.000 ans ne modifie pas sensiblement la projec-
tion de la fig. 25. Cependant il y a peut-être lieu de consacrer un article spécial a la
question. ( Voy. notre carte des Mouvements propres dans le Grand Atlas et dans V As-
tronomie populaire). La translation du Soleil n'empêchera pas Véga d'être polaire
dans douze mille ans.
M. A. DayraS; à Limoges. Veuillez recevoir nos remerciements. Observation intéres-
sante. Nous reviendrons sur ce sujet.
M. Narciso de Lagerda, à Lisbonne. — La carte sélénographique que vous désirez,
contenant tous les détails nécessaires à l'observation télescopique pratique, vient préci-
sément d'être faite par MM. Flammarion et Gaudibert. £lle a la dimension de l'un des
hémisphères de la grande carte céleste et elle sera gravée dans quelques mois.
M. P. JuiLLARD, à Valentigney. — Il est prouvé par toutes les observations que la
circulation des planètes autour du Soleil est réglée par l'attraction seule de cet astre, à
l'exclusion de toute influence stellaire. Les excentricités des orbites planétaires et les
aphélies ne peuvent pas avoir pour cause l'attraction d'une ou plusieurs étoiles.
M. E, Gaultier, à Neuillé. — Observation remarquable. Mille remerciements.
M. J. COLOMBAT. — Le curieux phénomène gue vous avez observé doit être dû à la
réflexion de la lumière solaire renvoyée par d'imperceptibles cristaux de glace en sus-
pension dans Tair. U est fort rare.
M. J. A., à Blois. — Nous ne partageons pas votre appréciation. L'auteur de l'article
n'a rien de commun avec les tendances dont vous parlez. Il ne s'est jamais occupé de
politique. Pourtant il croit au progrès et malgré le cadran solaire d'Isaïe (qui est d'ail-
leurs tout en faveur de l'astronomie hébraigue et chaldéenne de cette époque) il pense
que la Science est plus avancée aujourd'hui qu'il y a deux ou trois mille ans.
M. Lestrade, à Toulouse. — Votre lettre a été transmise à M. Gérigny, qui a toute
autorité pour les calculs dont il s'agit.
M. F. fiELTRAMO, à Mercedes (Uruguay). Tous les rayons, toutes les couleurs, voya-
£eant avec la même vitesse, l'effet que vous signalez ne se produirait pas pour
,umen. — Merci en faveur de l'Observatoire populaire ; mais sa fondation est
ajournée. — Paris et la France ne sont pas meilleurs qu'une autre région de la planète
pour se consacrer à l'Astronomie, qui, nulle part, à moins de circonstances exception-
nelles, ne donne ce qu'on peut appeler « une position ».
M. H. MuLLER, à Lischert. — !• On n'adopte pas l'entretien de la chaleur solaire par la
chute des météores (du moins- par cette chute seule) parce que précisément, comme vous
le dites, elle augmenterait la masse de l'astre d'une manière sensible, et il en résulterait
un accroissement dans la vitesse des mouvements planétaires. — 2* Votre explication
relative aux plantes est parfaitement fondée. — 3* Tous les ouvrages de Flammarion se
trouvent chez tous les libraires bien approvisionnés.
M. Cassabois, à Paris. — Veuillez recevoir nos très vifs remerciements pour les
errata et pour les figures indiquées. Nous en tiendrons compte lors du prochain tirage.
M. PiROux, à Alexandrie. — Mille remerciements. Sera rectifié à la prochaine
occasion.
M. CoiONET, à Paris. — Observation très exacte et qui peut se renouveler toutes les
fois que Bételgeuse n'est pas élevée dans le ciel et qu il y a de l'humidité dans l'atmos-
phère. Elle scintille beaucoup. Sa couleur est jaune orange, (voyez les Etoiles, p. 454),
rouge quand elle est basse. Le vert est un effet d'optique.
M. PÉROCHB, à Lille. •— Nous avons reçu votre très intéressante brochure. Peut-être
aurons-nous l'occasion de parler un jour de ces grandes études et de vos ingénieuses
idées. En tous cas, bien des remerciements.
M. DuPRAT, à Alger. — Le défaut de votre lunette doit tenir à la courbure imparfaite
de l'objectif, peut-être à une altération de la surface des verres ou encore à la mauvaise
disposition des diaphragmes. Il faudrait la faire examiner.
Merci pour vos onservations de tremblements de terre. Vous savez qu'elles nous sont
fort utiles pour la rédaction de notre statistique annuelle.
M. SouLiÉ, à Ivry. — Nous avons reçu votre lettre contenant les détails de votre
appareil. Nous espérons qu'il nous sera bientôt possible d'en parler dans la Revue,
M. MoNiBR, à Paris. — La question que vous nous adressez fera l'objet d'un de nos
prochains articles.
M. Anglas, à Paris. — Bien des remerciements pour votre joli dessin de la nébuleuse
d'Andromède ainsi que pour le détail de votre observation parfaitement conforme à
celles des autres observateurs.
M. Guillaume, à Péronnas. — Remerciements. Nous espérons publier toutes les ob-
sci*vations. Pour Tobjectif de 81""", prière de vous adresser à M. Bardou.
A. BARDOU
CONSTRUCTEUR D1RSTRURER1S mm
FOUnNISSKUa DD ministère de la CCE8IE
Circulaire ministérielle du 29 Juillet i^rl
65, rue de Oiabrol, à Paris.
Lunettes astronomiques, corps cuivre avec chercheur, tuk
doculalre à crt itiaillère pour la mise au foyer. Monture équat-
riftle a latitud© variable de O» a 90% cercle horaire et ccnlej^
dâcliiifUSOii lion fiant la minute par les verniers; pince ponrfiirr
la lunette OD décHnaison. Pied en fonte de fer reposant par iroj
vi« calantes sur trois crapaudlnes {fig. 1).
i d'un ré
L'oculaire le plus faible est muni
réticule.
100. 160 et 270
100, 150, 200 et 430
1450
I^xinett^^ astronomlqnes et teppeetres, corps cmvre ive:
cherclicur, pied fer et soutien de stabilité servant à dinger u
lunette par mouvement vertical lent au moyen d'une atm-
1ère Mube d^oculaire à crémaillère pour la mise au foyer, un-
et rumen t {fig. 2 ) et ses accessoires sont calés dans uneboiiefn
Bapin rouge
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100, 160 et 270
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Limettes astronomiques et terrestres, con>? .fu^'^'f >;
fer, mouvements prompts, tube d'oculaire à crémaillère Fur
mise au foyer. L'instrument et ses accessoires sont caies u*
une boite en sapin rouge.
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175
25
25
190
22i.
On peut ajouter et l'on ajoute généralement à ces »vf -
modèles ; ^^^^
Montnre à prisme pour observer facilement w ^ ^^
Bcrâii pour examiner les tâches du Soleil. Prix-
Paris. — Imp. Gauthier-Villars, 55, quai dos Grands-Au^uslins.
4° Année.
NP^ 1(31885
N» 11.
Novembre 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
fifvmiyn^lt TABLBiU permanent DBS DÉCOUVBRTBS BT DBS PROORàS RÉALISÉS
' -^'^, \ '^ - DANS LA CONNAISSANCB DE L'UNIVBRS
-7
PUBLIEE PAR
CAMILLE FLAMMARION,
AVEC LE CONCOURS DES
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ETRANGERS
ABONNEMENTS POUR UN AN :
Paris : 12 fr* — Départements : 13 fr. — Étranger 14 fr.
Prix DU Numéro : 1 fï>. 20 o.
La Revue parait le l*** de chaque Mois.
PARIS.
6AUTH1ER-Y1LLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE l'observatoire DE PARIS,
Quai des Augustins, 55.
1885
■«H^MMMlM
SOMMAIRE DU N^» ii (NOVEMBRE 1885).
Le cadran solaire de Nice, (1 flgure). — L'étoile nouTellement allumée dans la grande
nébuleuse d* Andromède, par M. E. L. Trou VELOT (1 flgure). — Compléments snrTétoile
nouTêlle, par M. Camille Fi^ammarion — Les points sombres énlgmatlqaes observés
dans les cratères lunaires, par M. C. M. Gaudibbrt (1 flgure). — L*étoUe double ii du
Dragon, par M. Camille Flammarion (3 figures). — Nouvelle mesure de la température
du Soleil, par M. J. Ericsson (2 flgures). — La météorologie en Australie, par M. le D'
Edmond Barré. — Éclipses totales de Soleil visibles en Angleterre depuis mille ans
( 1 flguro ). — Nouvelles de la Science. Variétés : Concours pour la réforme du calendrier.
Les lueurs crépusculaires ; couronne autour du Soleil, par M. P. Tacchini. Passage de la planète
Mars devant ramas du Cancer, par M. Léon Fenet (1 flgure). Le mont Pilât, laboratoire des
nuages. Société scientlflque Flammarion, d^Marscille. Mercure, Mars et Saturne dans une lunette
deSS^-.par M. Guiot (2 flgures). Propagation des tremblements de terre, par M. Trkmeschwi
Erreurs accréditées. Les ténèbres de la neuvième plaie d'Egypte. Les nuits d'Angleterre. Nou-
velles mesures du compagnon de Sirius. — Observations astronomiques, par M. E. \\uoin
(2 figures ). Occultation d'Aldébaran, par M. Edouard Blot.
ARTICLES SOU8 PRESSE
POUR PARAITRE DANS LES PROCHAINS NUMÉROS DE LA REVUE.
FLAMMARION. ^ L'origine des constellations.
BERTHELOT. — Sur les signes des métaux rapprochés des signes des planètes.
TOUNG. — Les problèmes actuels de FAstronomle.
FENET. — Les curiosités sidérales vues dans les Instruments moyens.
VIMONT. — Instructions pour Tusage des Instruments.
DETAILLE. — L'Astronomie des anciens Egsrptlens. — La périodicité des éléments
magnétiques.
G. HERMITE. — Détermination du nombre des étoiles de la vole lactée.
LBSPIATJLT. — Démonstration élémentaire des lois de Newton.
GALLT. — Eclipses de Soleil et de Lune qui arriveront de Tan 1886 & l'an 2000.
G. TRAMBLAT. — Photographie lunaire dans les Instruments de moyenne puis-
sance.
H. RAPIN. -- Le Jour sidéral et la rotation de la Terre.
LEMSTRONE ET NORDBNSKIŒLD. — Les aurores boréales.
P. GÉRIGNT. — Réflexions sur la Philosophie des Sciences.
L. TROUVELOT. — Remarq[uables protubérances solaires diamétralement opposées.
DE BOE. *- La lumière.
FLAMMARION. — L'univers antérieur.
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS LA REVUE.
BERTRAND (J.), de l'Institut. —Le satellite de Vénus.
DAUBRÉSE, Directeur de l'Ecole des mines. — Les pierres tombées du Ciel.
DENNING (A.), astronome à Bristol. — Observations télescoplques de Jupiter, de Véniu
de Mercure.
FATE, Président du Bureau des Longitudes. » Nouvelle théorie du Soleil. — Distribution
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. —La formation du sys-
tème solaire,
FLAMMARION. — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'habita-
bilité de la planète Mars. — Constitution physlq[ue des comètes. — Une genèse dans
le Ciel. — Gomment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleUs de rinflni.-
D*où viennent les pierres qui tombent du Ciel? ~ Les étoiles doubles. — Chute d'un
corps au centre de la terre. — La conquête des airs et le centenaire de Montgolfler. -
Les grandes marées au Mont Saint-Michel. — Phénomènes météorologiques obser-
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les Illuminations crépusculaires et le cataclysme de Kralcatoa.-
La planète transneptunlenne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre. — Les
victimes de la foudre. — Les conditions de la vie dans l'univers.
GÉRIGNT, astronome. — Comment la lune se meut dans l'espace. -- Ralentissement ds
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. — Etudes sélènographi-
ques. — L'èqnatorlal coudé de l'Observatoire de Paris. — L'héllomètre. — La nais-
sance de la Lune. — Les grands instruments de l'Astronomie.
HENRY, de TObservatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur Uranus. — La photo-
graphie céleste.
HERSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranollthe en Angleterre.
JAMIN, de rinstitut. — Qu'est-ce que la rosée ?
JANSSEN,de l'Institut, directeur de l'Observatoire de Meudon. ^ La photographie oéleste. —
Résultats de l'ècUpse de Soleil du 6 Mal 1 888.
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de l'Obserra-
tolre de Paris.— L'Observatoire du Pic du Midi.— Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
PARMENTIBR (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PERROTIN, directeur de l'Observatoire de Nice.— La comète de Pons. — La planète Uranus.
SCHIAPARELLI, directeur de TObservatoire do Milan. — Les canaux de la planète Mars.
TROUVELOT, de TObservatoire de Meudon. — La comète de Pons. — Ombres observées
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
Les communications relatives à la rédaction doivent être adressées^ M. C Flammarion, Diree<
leur de la Revue^ 40, avenue de l'Observatoire, à Paris, ou k l'Observatoire de Juvlsy ;
ou bien à M. Gérlgn y. Secrétaire de la Rédaction^ 9, rue d'Alençon,& Paris.
Le plan du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro coU'
lient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui ne font ps»
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus tpôro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intiressanï ut
savants curieux de pénétrer de plus en plus les grands problèmes de la nature^
v|OVlO\B85
— I.*ASTRONOMIX. — 401
LE CADRAN SOLAIRE DE NICE.
Le magnifique cadran solaire que l'on admirait à la façade sud du théâtre
Fig. 135. — Le cadran solaire de Nice.
italien de Nice a été, non détruit, mais détaché, lorsqu'on dut démolir cet
édifice en partie renversé par le terrible incendie dont personne n'a perdu
Novembre 4885. il
402 L'ASTRONOMIE.
le souvenir. Depuis, ce théâtre a été remplacé par le théâtre municipal actuel.
Peut-être la municipalité de Nice eût-elle été bien inspirée de rétablir l'œuvre
élégante du colonel Wagner sur» la nouvelle façade. Quoi qu'il en soit, nous
pensons que la reproduction fidèle de ce beau modèle de cadran solaire sera
bien à sa place dans la Revue et nous sommes heureux de pouvoir la publier ici.
Dans une réunion agréable, écrivait à ce propos, en 1868, le regretté colonel
Wagner lui-même, dans une telle réunion, on ne songe guère à consulter Tai-
guiile de la pendule. C'est sans doute à un sentiment analogue qu'il faut attri-
buer cette insouciance qui a si longtemps fait négliger la réglementation des
heures dans la bonne ville de Nice.
Aujourd'hui cette insouciance n'existe plus, grâce surtout à l'honorable
M. Coventry, un des hôtes habituels de Nice, qui, pendant plusieurs années de
suite, a fait tirer le canon tous les jours, à midi, avec une régularité et une pré-
cision parfaites.
A ce signal, les chantiers s'animaient subitement^ puis devenaient déserts;
les ouvrières impatientes quittaient leur atelier; les promeneurs, par un geste
devenu instinctif, tiraient leur montre, dont ils suivaient avec intérêt les varia-
tions, et les horloges, qui jusqu'alors étaient allées à la dérive, sonnaient
presque aussitôt dans toute la ville.
Maintenant que le pli de l'exactitude est pris, le canon devenu muet laisserait
une lacune regrettable, sans l'existence du cadran solaire récemment construit
sur la façade sud du théâtre impérial.
Ce cadran donne toutes les indications qu'on peut demander au Soleil.
Sur la plaque de marbre qui forme le cadran solaire proprement dit, les
lignes horaires permettent de lire l'heure, de quart d'heure en quart d'heure, ou
de l'estimer à un instant quelconque.
Plus bas, Yéquation du temps, représentée par une courbe, donne la cor-
rection à faire subir au temps vrai ainsi lu, pour avoir le temps moyen, c'est-à-
dire l'heure usuelle. La courbe en 8 du cadran indique directement le midi moyen
qu'annonçait autrefois le canon du château. Les courbes dorées, dites lignes de
déclinaison, correspondent à l'entrée du Soleil dans les divers signes du zodiaque.
Sur les côtés, deux échelles permettent de lire, en temps vrai, pour tous les
jours de l'année, les heures du lever et du coucher du Soleil, du commencement
de Vaurore et de la fin du crépuscule.
Le point lumineux indique, du reste, lui-même ces divers renseignements;
et il donne, en outre, la date par son passage sur celle des deux échelles qui
correspond au semestre de l'année, dans lequel on se trouve.
a Enfin, dans la frise, au-dessus du cadran, on voit les différences entre l'heure
de Nice, et celle des principales capitales du monde.
La hauteur totale de ce monument gnomonique était de 7" 40, et sa largeur
L'ÉTOILE ALLUMÉE DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE. 403
de 4'"; la statue représentant la ville de Nice mesure 2°^ 50, et les génies figu-
rant les quatre saisons 1"20 environ.
Ce cadran solaire vient de disparaître pour tout lé monde, excepté pour les
lecteurs de Y Astronomie. On peut le considérer comme un modèle d'élégance
et de bon goût pour la construction de tout cadran solaire monumental, soit
qu'il s'agisse d'un château, d'une villa, ou bien d'un lycée, d'un collège ou
d'un musée, etc. Il est remarquable au point de vue artistiq[ue comme au
point de vue scientifique. Sa devise elle-même est l'une des mieux choisies :
L'ombre passe; la lumière demeure.
L'ÉTOILE NOUVELLEMENT AUTJMÉE
DANS LA GRANDE NABULEUSE D'ANDROMADE.
La carte qui accompagne la présente étude, (fig. 136) donne la région
centrale de la grande nébuleuse d'Andromède où vient tout récemment de
s'allumer une étoile nouvelle. Cette carte, dressée en 1874, à l'aide de la
lunette de 15 pouces d'ouverture de l'Observatoire de Harvard- Collège,
présente aujourd'hui un certain intérêt; car, outre la partie centrale de la
nébuleuse, elle contient encore toutes les étoiles alors visibles avec ce grand
instrument dans la partie du ciel où l'étoile nouvelle vient d'apparaître.
Il était intéressant de savoir si la nouvelle apparition était une étoile déjà
connue, et si, par sa position, elle correspondait avec l'une des étoiles
figurées sur ma carte, ou bien si elle en était absente et par conséquent
invisible à cette époque.
Or, en comparant cette carte avec la même région de la nébuleuse, on
reconnaît immédiatement que deux étoiles aujourd'hui visibles dans le ciel
manquent à l'appel, et n'ont pas été figurées sur elle. L'une d'elles, très
brillante, située en A (/îg. 136), est très rapprochée du noyau de la nébuleuse
31 M., qu'elle précède de 1,4» environ. C'est l'étoile nouvelle que l'on
observe depuis près de deux mois. L'autre, beaucoup plus faible, et située
en B, est plus éloignée de ce noyau, qu'eUe précède do 2V environ, sa décli-
naison étant aussi plus australe que celle de la première. C'est aussi une
étoile nouvelle, de 13-14* grandeur, mais dont l'apparition est inconnue, et
peut tout aussi bien remonter à plusieurs années, comme elle peut remonter
à quelques mois seulement.
Comme cette partie centrale de la grande nébuleuse a été étudiée avec un
soin particulier, et avec un instrument beaucoup plus puissant que la
lunette de 12 pouces de l'Observatoire de Paris, obligeamment mise à ma
disposition par M. Bigourdan; ou celle de 8 pouces, de l'Observatoire de
404
L'ASTRONOMIE.
Meiidon, qui, l'une et l'autre m'ont servi à faire la comparaison du ciel
avec ma carte, il est certain que ces deux étoiles n'auraient pu échapper
au pouvoir supérieur du* 15 pouces, si, à cette époque, elles avaient brillé
avec le même éclat que la plus faible d'entre elles, qui est aujourd'hui
visible avec le 8 pouces. Si ces deux étoiles existaient alors, comme cela
semble fort probable, il fallait qu'elles fussent certainement au-dessous de
la 16-17* grandeur, pour avoir passé inaperçues.
L'étoile A dont l'apparition remonte seulement à quelques semaines
décroît assez rapidement d'éclat. De la 6-7* grandeur, lors de sa découverte,
je l'évaluais comme suit aux dates suivantes :
Temps moyen
de Paris. Grandeur.
1885 Sept. 8 lO'-aO'" 7,2
» 16 10 » 8,5
« 18 10 30 8,8
» 20 10 5 9,1
D 28 9 15 t0,2
Temps moyen
de Pari».
1885 Oci. 1 9''25-
» 7 8 35
» 14 9 »
» 16 8 10
Grandeor.
10,6
11,0
11,5
11,5
En même temps qu'elle décroissait en éclat, sa couleur subissait aussi des
changements légers, mais très appréciables. Le 8 septembre, elle était fran-
chement rougeâtre-orangé. Le 1 6 du même mois, elle me paraissait très légère-
ment bleuâtre, et depuis cette dernière date elle m'a toujours paru blanchâtre.
Bien que située sur une partie très brillante de la nébuleuse, ses contours
m'ont toujours paru d'une netteté remarquable et mieux définis que ceux
de n'importe quelle autre étoile de son voisinage.
En voyant apparaître, si subitement, une étoile brillante au centre d'une
nébuleuse fortement condensée et pourvue d'un noyau quasi-stellaire, plu-
sieurs observateurs s'étaient demandé si l'étoile nouvelle ne s'était pas
formée aux dépens de la matière nébuleuse qui semble l'entourer. Avant
d'avoir fait aucune mesure, et quand cette étoile était à son maximum
d'éclat, on pouvait, à la rigueur, supposer que le noyau de la nébuleuse, alors
invisible, s'était transformé en étoile. Aujourd'hui on sait qu'il n'en est pas
ainsi, que le noyau existe toujours, et que, tout à fait distinct de l'étoile, il
en est éloigné de plus de 16''. Du reste, il existe un fait qui semble peu
favorable à cette hypothèse. En effet, si l'étoile nouvelle s'était formée aux
dépens de la nébuleuse, il serait indispensable, semble-t-il, qu'elle fût entourée
par cette matière nébuleuse en voie de condensation. Or, l'étoile nouvelle
n'avait pas ses bords diffus; mais, au contraire, ils se distinguaient parleur
netteté; ce qui n'aurait pas eu lieu si elle eût été plongée dans la nébulosité.
Plusieurs astronomes ont cru reconnaître des changements dans la nébu-
leuse elle-même. Le fait est délicat et très difficile à constater, même pour
L'ÉTOILE ALLUAIÉE DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE.
405
ceux qui ont fait une étude de cette nébuleuse et ici connaissent parfaitement.
En effet, la lumière de l'étoile nouvelle affaiblissant, comme elle le doit, la
lumière beaucoup plus faible de la nébuleuse, ne peut manquer, par cela
même, de lui donner un tout autre aspect que celui qui lui appartient, et c'est
Fig. 136.
■
1
■■
Bl
^^^^^■■1
^m^^ii
HHIH
mni
m
^^H
iiiiii
^^m
■■i
Région centrale de la nébuleuse d'Andromède.
en effet ce qui a lieu. Mais le changement est-il réel, ou simplement apparent?
Lors de son apparition, l'étoile nouvelle était si brillante, qu'elle effaçait
pour ainsi dire complètement la lumière émisepar le noyau de la nébuleuse ;
aussi était-il alors fort difficile à reconnaître. Mais à mesure qu'elle perd de
son éclat, il devient plus lumineux, et peu à peu, on voit s'élargir et s'allumer
la nébulosité qui Tentoure. Déjà, le 7 octobre, on pouvait reconnaître la forme
406
L'ASTRONOMIE.
ovoïde extérieure de 31 M., qui n'était plus visible depuis rapparition de cette
étoile. En 1874, quand je fis Tétude de la grande nébuleuse, je trouvai 31 M.
un peu plus brillante que 32 M. ^tuée aussi dans la même nébuleuse. Aujour-
d'hui, qu'une étoile brille sur elle, c'est naturellement le contraire qui a
lieu; mais, à en juger par les faits que nous venons de faire connaître, il
paraît fort probable que son affaiblissement est dû entièrement à la lumière
de la nouvelle étoile.
Une question non moins intéressante, et déjà soulevée, se présente. Les
étoiles visibles sur la grande nébuleuse d'Andromède sont-elles en connexion
physique avec elle, ou en sont-elles tout à fait indépendantes? Comme on le
sait, ces étoiles sont nombreuses. Sur les 39 cartes, semblables à celle gui
est reproduite (/îg. 136), et qui réunies ensemble forment la carte entière de
la nébuleuse d'Andromède, telle qu'elle a été publiée, mais sous une forme
beaucoup réduite, dans les « Annals of the Harvard Collège Observatory,
Vol. Vin, Part 1, pi. 33 », on compte 1283 étoiles comprises entre la 10* et
la 17® grandeur. Ces étoiles, en général fort petites et assez serrées, res-
semblent beaucoup» en cela, aux étoiles qui composent la Voie lactée. Or, la
nébuleuse d'Andromède est très rapprochée de la Voie lactée, et il i*ésulte
même d'une étude que je fis de la Galaxie, en 1875, que cette nébuleuse est
comprise dans sa bordure, qui s'avance même encore un peu au-delà, vers
le Sud.
Si l'on étudie, d'après ma carte, la distribution des étoiles sur cette nébu-
leuse, on reconnaît que pour des surfaces égales, les étoiles sont de moins
en moins nombreuses, à mesure qu'elles s'éloignent de la Voie lactée. En
effet, sur huit bandes parallèles à la Galaxie, que l'on a tracées sur cette
carte, et divisées en carrés égaux et de même largeur que ces bandes, la
moyenne des étoiles appartenant à chaque carré des différentes bandes se
présente ainsi qu'il suit, si l'on tient compte et fait la correction pour un
petit amas d'étoiles distribuées sur une partie de deux carrés contigus appar-
tenant, l'un à la quatrième et l'autre à la cinquième bande. Dans le tableau
suivant, la première bande est la plus rapprochée de la Voie lactée, et les
autres s'en éloignent successivement.
!'• bande.
34,5 étoiles par carré.
5-« bande.
31,2 étoiles par carré
2- »
32,3 » »
6"« »
29,7 » •
3- »
32,0 » »
7-0 „
30,0 »»
4- »
31,3 » »
8- »
28,0 » »
Comme on le voit, la série est franchement décroissante, à part quelques
irrégularités, bien naturelles, du reste, puisque les étoiles ne sont pasdis-
tribuées^régulièrement sur la Galaxie.
L'ÉTOILE ALLUMÉE DANS LA NÉBULEUSE D'ANDROMÈDE. 407
D'après les faits que nous venons de faire connaître, il est certain que la
grande nébuleuse d'Andromède est située dans la région de la Voie lactée, et
que les étoiles visibles sur elle appartieimenl, sinon en totalité, mais au
moins en grande partie à cette région. Mais bien qu'elle soit située dans la
région de la Voie lactée, elle peut cependant en être fort éloignée, et ne pas
lui appartenir. En effet, trois cas sont à examiner : ou la nébuleuse est
située entre nous et la Voie lactée ; ou bien elle fait partie de cette région ;
ou enfin, elle est située au-delà, et plus ou moins loin dans l'espace. Si
elle est située entre nous et la Galaxie, ce qui paraît peu probable, elle
ne peut manquer, il me semble, de diminuer l'éclat et la netteté du con-
tour des étoiles de la Voie lactée visibles à travers elle. Il en serait encore de
même si elle faisait partie de la Galaxie, car les étoiles nombreuses qui se
trouveraient soit au dedans, soit au delà de sa nébulosité, devraient avoir des
bords diffus. Si au contraire la nébuleuse est située par delà la Voie lactée,
les étoiles appartenant à cette dernière région se montreront avec des con-
tours bien définis, et nettement arrêtés sur la nébuleuse. Seulement, si la
nébuleuse possédait quelques étoiles autour d'elle, il serait impossible de les
distinguer de celles de la Voie lactée par la netteté de leurs contours. Il n'y
aurait que les étoiles engagées dans la nébuleuse elle-même, qui pour-
raient être reconnues comme lui appartenant, comme cela s'observe dans
les amas d'Hercule et du Centaure, sur lesquels on ne voit qu'un nombre
comparativement fort petit d'étoiles avec des bords bien définis, tandis que
la grande majorité d'entre elles n'ont que des contours vagues et diffus.
Or, aucune des étoiles visibles dans la nébuleuse d'Andromède ne se montre
avec des bords diffus et mal arrêtés, et leurs contours sont aussi nettement
définis que celui des autres étoiles de la Galaxie, visibles sur le fond bleu
du ciel. Si l'on admet, comme nous ne voyons aucune objection à le faire,
qu'une nébuleuse doit affaiblir l'éclat, et rendre plus ou moins diffus le
contour des étoiles vues à travers sa substance, on peut conclure que la
nébuleuse d'Andromède, malgré ses grandes dimensions, est située au delà
de la Galaxie, et que, si elle possède des étoiles visibles individuellement, et
reliées physiquement avec elle, elles sont fort peu nombreuses, et de plus ne
sont pas engagées dans sa nébulosité, mais sont situées entre elle et
l'observateur.
E. L. Trouvelot.
Observatoire de Meudon, 17 octobre 1885.
408 L'ASTKONOailË.
COMPLÉMENTS SUR L'ÉTOILE NOUVELLE.
A cette savante étude de M. ^Thouvelot, nous pouvons ajouter quelques
détails complétant Thistorique do cette remarquable apparition.
La rédaction de VAstronomie a reçu un grand nombre d'observations dont
nous félicitons chaleureusement nos lecteurs. Ces observations témoignent
une fois de plus que l'étude pratique des merveilles célestes est beaucoup
plus répandue qu'on ne le suppose en général, et qu'à l'aide d'instruments
souvent très élémentaires on peut faire des recherches non seulement
intéressantes, mais encore d'une utilité réelle pour le progrès général de la
Science. Ici encore, ce sont les astronomes amateurs qui, comme au temps
de William Herschel, montrent l'exemple et marchent en avant.
L'intérêt qui s'attache à la date exacte de la conflagration de la nouvelle
étoile nous engage à présenter ici brièvement l'ensemble des résultats obte-
nus. Ces résultats confirment absolument, quant à la nature de l'étoile, les
considérations émises dans le dernier Numéro de la Revue.
Plusieurs observateurs ont remarqué que la nébuleuse d'Andromède parais-
sait plus brillante au mois de juillet dernier qu'elle ne l'est habituellement.
Cette remarque a été faite séparément en diverses réglons, soit à Foeil nu, soit
à l'aide de divers instruments. Mais en comparant attentivement tous les témoi-
gnages, il est difficile de décider si cette visibilité exceptionnelle était causée par la
transparence de Tatmosphère ou par un réel accroissement de lumière. Quoiquil
en soit, les divers observateurs ne signalent pas d'éioi/e apparue dans la nébuleuse.
Le 6 août. — M. Saxby, d'East Clendon (Somerset) observant la nébuleuse,
remarqua son vif éclat, mais n'aperçut aucune trace d'étoile. Il en fut de même
le 9 et le 10. Éclat singulier, mais pas d'étoile.
Le 10. — MM. Lihou et Codde, à Marseille, remarquèrent le vif éclat du noyau
et le comparèrent à celui d'une étoile de 7« grandeur. Mais on n'y porta pas d'at-
tention spéciale, surtout à cause de la présence de la Lune.
Même date. — M. Hopkins,à Forest Gâte (Angleterre), a observé spécialement
la nébuleuse à l'aide d'un réfracteur de 76™™, muni de grossissements de 50
et 100 fois, et n'a remarqué aucune trace d'étoile.
Le 13. — M. J. Gledhill,à Bermerside, Halifax. Cet habile observateur d'étoiles
doubles fut frappé de l'éclat de la nébuleuse à l'équatorial de 0'»24; mais ne
remarqua aucun éclat stellaire.
Même date. — M. R., de Kœvesligethy, en Hongrie, observant la nébuleuse,
n'a remarqué aucune étoile.
Le 15. — M. C.-L. Prince, à Crowborough. Nébuleuse singulièrement brillante.
Mais aucune trace d'étoile.
Même date. — Une photographie de la nébuleuse, prise par M. Common. à
Ealing (Londres), ne montre pas la nouvelle étoile.
COMPLÉMENTS SUR L'ÉTOILE NOUVELLE.
409
Les 15 et 16. — M. Tempel, directeur de TObservatoire de Florence, affirme
que rétoile n'était pas visible à ces deux dates.
Le 17. — M. Ludovic Gully, à Rouen, dirigeslnt un télescope Foucault de 0™20
sur la nébuleuse, constata, à son plus vif étonnement, qu'une étoile se montrait
à la place du noyau. Très surpris d*un pareil événement et n'osant pas y croire,
il l'attribua à un défaut du télescope, attendant que l'observation fût confirmée.
Le 19. — M. Tsaac Ward, à Belfast, remarqua dans le noyau une étoile nette,
mais faible, qu'il qualifia de 9 y grandeur.
Le 22. — M«® la baronne de Podwaniczky, en Hongrie, observant à l'aide d'une
petite lunette de 80™» munie d'un grossissement de 18 fois, remarqua une petite
étoile qu'elle signala à M. de Konkoly, l'astronome de O'Gyalla dont tous nos
lecteurs connaissent et apprécient les travaux. La Lune était brillante.
Le 30, au soir. — M. P. Lajoye, à Reims, nous signale, le premier, l'apparition
de l'étoile. (Voy. l'astronomie, p. 361.)
Môme date. — M. Thibault, à Meung-sur-Loire, signale indépendamment, de
son côté, la même apparition. Ces deux astronomes amateurs observent le ciel
à l'aide de petites lunettes. En fait, leur constatation eût suffi pour enregistrer
le phénomène dans les annales de l'Astronomie.
Le 31, au soir. — M. Hartwig, astronome à l'Observatoire de Dorpat, constate
l'apparition et la publie.
Le 2 septembre. — Les astronomes reçoivent communication du fait par « Dun
Echt Circular », le vérifient et commencent une observation méthodique de
rétoile. On voit que la première observation est celle de notre savant correspon-
dant, M. Gully, de Rouen.
Les estimations de grandeurs peuvent se résumer comme il suit :
Dates.
Août 17...
» 19...
Sept
30.
31.
1.
2.
3.
4.
Grandeurs.
9
9
9
H
Sept.
Oct.
Dates.
7...
11....
15....
20....
27....
1....
8....
15.. .
Grandeurs.
7:
8
8
9
10
104
11
Ht
On voit que l'étoile nouvelle diminue rapidement d'éclat.
Plusieurs essais spectroscopiques ont été faits par MM. Iluggins, Maunder, de
Konkoly, Vogel, etc. Ilsn'ontdonné aucun résultat certain, l'étoile n'émettant qu'une
faible lumière (jaune) qu'il était difficile d'ailleurs de séparer de celle du noyau
de la nébuleuse. Tout ce qu'on en peut conclure, c'est que le spectre de l'étoile
nouvelle est plus court à ses deux extrémités que celui d'une étoile ordinaire du
même éclat et que la nébuleuse a moins de rouge que l'étoile. Le spectre paraît
appartenir à celui des étoiles du quatrième type de Secchi. Peut-être une confla-
gration d'hydrogène.
H'
410 L ASTRONOMIE.
M. Engelmann, à Leipsig, a mesuré micromëtriquement la position de létoile
relativement au noyau de la nébuleuse. L'étoile est à i*,39, à TOuest, du noyau,
et à 3'9i au Sud. On a, pour Tangle de position et la distance du noyau relati-
vement à rétoile :
76M et 16% 33.
M. Millosevich a trouvé, à Rome, 75*, 9 et 15', 10, ce qui donne
AA — 1',29 et (D — 3',68.
La petite étoile de 1 1« grandeur qui a souvent servi de point de comparaison,
se trouve, d*après M. Engelmann, relativement à Tétoile nouvelle, à
262% 4 et 109-, 72
précédant l'étoile nouvelle de 9», 55 et se trouvant à 14', 47 plus au Sud. A l'Ob-
servatoire de Paris, M. Bigourdan a trouvé de son côté 9», 47 et 14*1. On ne sau-
rait exiger un meilleur accord.
Tel est le résumé des observations faites sur la nouvelle étoile de la nébu-
leuse d'Andromède. Il importait d'enregistrer aussi exactement que possible
son état civil. La conclusion reste la même que celle de notre première
étude : il ne s*agit pas ici d'une condensation dans la nébuleuse, mais dune
étoile temporaire associée à ce lointain univers. Si la nouvelle étoile fait de
nouveau parler d'elle, nos lecteurs en seront les premiers informés. Mais ce
qui vient d'arriver suffit pour nous rappeler que le Ciel n'est plus l'image de
la mort et que ses insondables régions sont au contraire le siège perpétuel
du mouvement, de l'activité et de la vie. Si des êtres habitant ces régions de
Tespace ont pu assister de près à cette conflagration prodigieuse, ils auront
vu un monde en feu qui, dans Téblouissement d'un céleste drame, a tout
d'un coup brillé au milieu des flammes pour retomber graduellement dans
l'extinction qui doit l'ensevelir. C. F.
LES POINTS SOMBRES ÉNIGMATIQUES
OBSERVÉS DANS LES CRATÈRES LUNAIRES.
L'article si intéressant de M. Détaille, dans le n» 8 de la Revue, contenant les
observations du regretté Julius Schmidt et du D' Klein sur certains points som-
bres observés dans la Lune, m'engage à présenter à la rédaction de VAsirono-
mie les études que j'ai faites sur ce sujet, accompagnées d'un dessin de Copernic
dans lequel j'indique la position de ces points.
Mon dessin est loin d'être aussi complet que celui de Secchi (publié p. 310). 11
ne contient absolument rien des environs de cet immense cirque. Il se borne à
indiquer le sommet circulaire de la montagne, les principales terrasses du talus
intérieur et tous les détails du fond que mon instrument a pu me révéler au mo-
ment de l'observation et qui étaient susceptibles de pouvoir être représentés.
Ces détails sont plus nombreux que ceux donnés par Secchi et, autant que je
puis le savoir, n'ont jamais été publiés dans aucune figure.
LES POINTS SOMBRES ÉNIGMATIQUES.
411
Je tiens particulièrement à faire remarquer que mon dessin ne contient abso-
lument rien d'imaginaire. A Texception des deux points sombres, vus près de B,
vers le Sud, qui y ont été ajoutés ensuite, tout ce qu'il représente, même les mon-
tagnes détachées qui forment le couronnement du cirque, a été vu, numéroté et
décrit à la date indiquée. Je n'ai pas cru devoir compliquer le dessin en y ajoutant
ces chiffres, ni donner Texplication de chaque détail, le dessin, à quelques
exceptions pcès, indiquant suffisamment leur nature. Cependant je pense que
quelques extraits de mon journal, écrits au moment même de mes observations,
Fig. 137
Le cratère lunaire de Copernic. (Dessin de M. Gaudibert.)
ne seront pas inutiles aux lecteurs qui s'occupent d'études lunaires; c'est pour-
quoi je me permets de les ajouter ici. car ils sont inséparables du dessin.
Le 30 septembre 1877, entre 4^30" et 5^30°> du matin, j'écrivais: « Sous cette
illumination d'un soleil couchant, avec cette atmosphère calme et ce léger
brouillard qui la pénètre, Copernic offre au regard l'un des plus beaux spectacles
que Ton puisse concevoir. La pénombre du rempart oriental commence juste à
envahir le talus intérieur de ce côté, dont les détails cependant restent encore
bien visibles. C'est une occasion très favorable pour dessiner l'ensemble du cra-
tère. De nombreuses terrasses et des montagnes plus ou moins allongées gar-
nissent le talus intérieur, parmi lesquelles deux cratères seulement sont visibles
du côté de l'Ouest. Le fond est absolument couvert d'objets de grandeurs diverses,
depuis le pic principal qui se trouve vera le centre jusqu'aux points les plus
41Î L'ASTRONOMIB.
petits qui défient la vision, et il ne s'y trouve pas un seul endroit dont on puisse
dire qu'il soit parfaitement uni. Toutefois, il y a une différence très frappante
entre la moitié nord A de ce fond. et la moitié sud. Tandis que cette dernière est
parsemée d'objets visibles au premier coup d'oeil, la première impression que
produit l'autre région en la parcourant du regard est celle d'une plaine parfai-
tement unie. Cependant, en cherchant bien, et surtout en attendant ces moments
où il semble qu'un voile se déchire et laisse entrevoir un paysage inconnu aupara-
vant, on aperçoit des monticules iàwmbrables qui apparaissent et dlaparaisaent
au gré des vagues de l'air. L'impression générale que laisse l'observation de cette
partie Nord du fond de ce cratère est que ce fond est très raboteux, mais ces
rugosités sont trop petites et surtout trop nombreuses pour pouvoir être représen-
tées dans un dessin quelconque. Cette rugosité s'étend et envahit toute la par-
tie sud du fond; mais ici, pour la voir, il faut une attention plus concentrée et
faire absolument abstraction des objets plus saillants qui sollicitent le regard. •
Ce sont ces derniers objets seulement que j'ai pu représenter dans le dessin.
Parmi eux on voit vers le Sud et puis à l'Est trois agglomérations de monticules
de forme ovale. Ce sont de légers renflements du sol sur lesquels se trouvent les
objets représentés. De légères traces de deux de ces renflements se trouvent
dans le dessin de Secchi, sans, toutefois, les petits détails.
Les jmints sombres énigmatiques, — Ces points obscurs étant l'objet d'une
étude attentive et suivie par des observateurs aussi habiles que Klein, en Alle-
magne, et Elger en Angleterre, il y a tout lieu d'espérer que la qualiflcation
d'en igmati que ne leur sera bientôt plus applicable. Déjà Klein les a appelés des
cratères, et il est certain que l'analogie vient à l'appui de cette opinion.
On voit à l'est du fond du cratère Alphonse, une tache sombre et à sou centre
se trouve un petit cratère. Une autre tache semblable, mais ronde, se trouve au
sud-ouest du mcme cirque qui a également un cratère à son centre. Au sud de
Madler, dans la mer du Nectar il y a deux taches sombres près Tune de Tautre et
chacune a aussi un cratère à son centre. Un peu plus au Sud et plus près de
Beau mont, il y a encore une tache sombre qui contient trois cratères dans ses
étroites limites. Enfin, dernièrement, le 19 juin 1885, j'ai aperçu pour la première
fois une petite tache grise au sud du fond de Cyrille, dans laquelle j'ai trouvé
deux petits cratères exactement semblables et tout proches l'un de l'autre. Ce qu'il
y a de remarquable ici c'est que la carte de Schmidt ne contient qu'un seul de
ces cratères et il représente tout à côté, mais dans une autre direction, une
petite montagne blanche plus difficile à voir que le cratère qui manque. Serait-
ce un oubli, ou bien le cratère s'est-il formé depuis l'observation de Schmidt ?
Quant aux deux taches qui sont sur le talus intérieur sud de Copernic, il me
semble que ce dont il faudrait s'assurer tout d'abord, c'est si elles ont actuelle-
ment l'aspect cratériforme ou non. Dans le cas où elles n'auraient pas encore cet
aspect, il est plus que probable que le premier changement qui s'y opérera ce
sera de le leur donner. C. M. Gaudibert.
L'ÈTOILl!: DOUBLE jj. DU DUAGON.
413
L'ÉTOILE DOUBLE p. DU DRAGON.
C'est là uiifî charmanto petite étoile double, sur laquelle j'ai appelé l'attention
en 1878 {Catalogue, p. 104) à cause des deux interprétations différentes que l'on
pourrait faire de son mouvement. Chacun peut la trouver à l'œil nu dans le ciel:
Fig. 138.
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■ — ■»• —
La constellation du Dragon.
elle est au bout de la tête du dragon (elle marque la langue dans les anciens
dessins), et il suffît de regarder la tête ($ y ?'') de cette constellation pour la recon-
naître. La carte ci-dessus (fig, 138) y aidera et ne laissera aucune équivoque.
Le Dragon ne se couche jamais pour la France. Le soir, sa tête passe au zénith
en juillet et août, descend au Nord-Ouest en septembre, octobre et novembre,
glisse au-dessus de l'horizon Nord en décembre, janvier et février, et remonte
414
L'ASTRONOMIE.
par le Nord-Est en mars, avril et mai, pour planer au dessus de nos têtes pen-
dant nos belles soirées d'été.
Cette étoile [x du Dragon est de 5« grandeur et elle se compose de deux astres
de même éclat, écartés à 2', 5 Tun de l'autre. On peut essayer sa lunette sur ce
couple. Un objectif de 95»»"» doit séparer très nettement les deux composantes,
Elles se présentent sous l'aspect suivant (/i^. 139). Elles sont blanches l'une et
l'autre.
Les astronomes observent cette étoile double depuis cent ans et même davan-
Fig. 139.
L'étoile double ia du Dragon.
1— = r
tage, car c'est au mois de décembre 1779 que William Herschel la dédoubla pour
la première fois. Depuis cette époque, les deux composantes se sont grandement
déplacées, comme on peut en juger par le petit tableau suivant qui résume les
observations, et par la figure 140, qui l'accompagne.
1781 220« r,35
1804 215 3 ,60
1837 200 3,24
1852 190 2,96
1867 180 2,74
1880 170 2,56
1884 166 2,46
Il est probable que la distance mesurée par Herschel est un peu trop grande.
L'étoile va continuer de descendre vers la droite de la figure et passera proba-
blement à son péri-astre vers 1940, comme l'a calculé M. Berberich. La durée de
révolution serait de 648 ans.
L'hypothèse d'un mouvement en ligne droite devient de moins en moins pro-
bable.
L'ÉTOILE DOUBLE (x DU DRAGON. 415
C€s deux étoiles constituent un système physique, car elles sont emportées
dans Fespace par un mouvement propre commun qui s'élève à 14' par siècle.
Elles sont à peu près de même éclat; cependant elles varient Tune et l'autre.
Quelquefois (et c'était le cas l'année dernière), on a vu celle du Sud un peu
supérieure à celle du Nord.
Elles ont été examinées au spectroscope à l'Observatoire de Greenwiçh ( le
16 juin 1879). Les deux étoiles n'ont montré aucune différence sensible dans leurs
spectres; chacun d'eux appartient au second type ou au type solaire. Les groupes
E et 6 étaient bien visibles ( b moins distinct que E), et d'autres lignes se mon-
traient de temps en temps. On n'a pu faire aucune mesure de déplacements de
raies, les spectres étant trop mal définis.
Ces deux composantes paraissant blanches, on aurait pu les croire du premier
1781
o
Pig. 140.
1837
O
S
O 1M7
° 1880
î °o188V
Y,,y. ^ — po"E
Mouvement observé sur Fétoile double {i. du Dragon.
10— = 1'
type; maïs cette observation montre qu'ils sont du second, comme notre propre
soleil et Arcturus.
Il serait bien intéressant de déterminer leur parallaxe:
Si quelques-uns de nos lecteurs dirigent un soir une lunette vers ce couple
intéressant, ils pourront remarquer que les deux étoiles qui l'avoisinent appar-
tiennent l'une et Tautre à Tordre des étoiles multiples. D'un côté les étoiles 16-17,
de sixième grandeur, à 90* de distance l'une de l'autre; (l'une des deux est double
elle-même et a un compagnon à 4'). De l'autre côté, l'étoile v, de quatrième gran-
deur, se compose de deux écartées à 62*. Une jumelle grossissant de trois à quatre
fois suffit pour les dédoubler. Ces étoiles sont remarquées depuis deux siècles
(Flamsteed, 1690), et, il y a cent ans, William Herschel croyait qu'elles avaient
changé de position Tune par rapport à l'autre. C'était là une conclusion prématurée.
La comparaison des observations faites depuis un siècle prouve , au contraire,
qu'elles restent fixes Tune par rapport à l'autre, mais qu'elles sont animées d'un
mouvement propre commun dans Tespace, et que, par conséquent, elles forment
416 L'ASTRONOMIB.
un système physique. Si, ce qui est assez probable, elles gravitent l'une autour de
Tautre, comme depuis deux siècles elles n'ont certainement pas tourné de plus de
2 degrés, elles emploient peut-être 36 000 ans (360 siècles) pour tourner de 360«
ou d'une révolution entière ! Quel œil mortel pourrait contempler sans intérêt
ces deux soleils, perdus dans le fond de l'espace, à une distance inimaginable de
nous, et écartés l'un de l'autre à plusieurs milliards de lieues (quoique pour nous
ils paraissent se toucher), qui sont emportés tous deux ensemble, comme deux
frères jumeaux, dans une destinée commune, et qui sans doute distribuent autour
d'eux, aux terres célestes bercées dans leur attraction et dans leur lumière, les
rayonnements féconds d'une vie étrange et mystérieuse !
On n'observe jamais le ciel sans profit. Chaque étoile pourrait être le sujet d'une
dissertation scientifique et philosophique de la plus haute éloquence. C. F.
NOUVELLE MESURE DE U TEMPÉRATURE DU SOLEtt.
A l'époque du solstice d'été de 1884, j'ai entrepris une série d'expériences dans
le but de déduire la température de la surface du Soleil des quantités de chaleur
transmises à un moteur solaire. Si l'on se reporte aux détails déjà publiés sur
cette espèce de moteur (Astronomie, t. II, p. 197), on reconnaîtra que la
chaudière cylindrique, construite dans le -but spécial de produire de la vapeur
ou de dilater de Tair, n'est pas disposée de manière qu'on puisse mesurer exac-
tement l'étendue de la surface exposée à l'action des rayons solaires réfléchis
par le miroir. On s'apercevra facilement que le fond seul de cette chaudière
cylindrique est soumis à l'action des rayons réfléchis dont la densité, si Toû
peut s'exprimer ainsi, va graduellement en diminuant vers l'extrémité du vase.
De plus, les imperfections de la surface du miroir ne permettent pas une déter-
mination précise de la marche des rayons réfléchis près des bords.
En conséquence, j'ai dû construire un instrument de grandes dimensions : il
se compose d'un réflecteur polyédrique {fig. 141), formé d'une série de miroirs
inclinés, et d'une chaudière centrale conique disposée de telle manière que chaque
point de sa surface reçoive une même quantité de chaleur rayonnante pendant
le même temps. Le réflecteur est limité par deux polygones réguliers dont les
plans sont distants do 0™,305. Chacun d'eux présente 96 côtés; le diamètre du
polygone supérieur est de 2", 43 (8 pieds), celui du polygone inférieur de 1»,8-
(6 pieds), de sorte que ces deux diamètres sont dans le rapport de 8 à G.
Les côtés parallèles de ces deux bases sont réunis par des miroirs plans en
verre épais, argentés sur la face antérieure. Quand le réflecteur est dirigé
perpendiculairement en face du Soleil, chaque miroir intercepte un faisceau de
rayons dont la section droite est de 210«i,39, de sorte que la surface entière
reçoit la chaleur solaire rayonnant normalement à travers un anneau d'une su-
perficie de 210% 39 x 96 = 2«q,01?7. La fig. 142 représente une coupe transvcr-
NOUVELLE IMESURE DE LA TEMPÉRATURE DU SOLEIL.
417
sale de Finstrument dirigé vers le Soleil; les rayons directs et réfléchis ont été
indiqués en traits ponctués.
Le réflecteur et la chaudière conique sont supportés par un disque plat et huit
rayons coudés à leur extrémité suivant un atnglc de 45o. Le tout est installé sur
un pivot vertical qui permet à l'opérateur de suivre le mouvement diurne du
Fig. 141.
Le pyromôtre solaire de M. J. Ericsson.
Soleil, tandis qu'un axe horizontal, ménagé à la partie supérieure du pivot et
relié à des tiges convenablement disposées au dessous du disque, permet de
donner au réflecteur Tinclinaison correspondant à la hauteur du Soleil. La chau-
dière est formée d'une tôle plate de 0™'»,43 d'épaisseur; elle est fermée à ses
extrémités supérieure et inférieure par des substances non conductrices de la
chaleur. Grâce à une forte vis qui traverse le fond et pénètre dans le disque, la
chaudière peut être installée et démontée dans Tespace de cinq minutes, fait
important, comme on le verra tout à Fheure. Il est à peine nécessaire d'ajouter
que les circonférences limites du cône doivent être proportionnelles aux péri-
mètres limites du réflecteur, afln que chaque portion de la surface de la chau-
dière reçoive des rayons réfléchis d'égale densité. Ainsi, le diamètre supérieur
situé dans le plan du grand polygone du réflecteur sera au diamètre inférieur
If*
418 L'ASTRONOMIE.
situé dans le plan du petit polygone comme 8 est à 6. Cette condition remplie,
la température communiquée à Tintérieur de la chaudière sera parfaitement uni-
forme. Un tube court, qui passe à travers le couvercle supérieur, renferme un
thermomètre destiné à la mesure de la température intérieure. La tige de ce
thermomètre, étant un peu plus étroite que le trou du tube, ménage ainsi
une petite ouverture qui assure l'équilibre nécessaire avec la pression extérieure.
Dans le cours des expériences, les indications du thermomètre ont été remar-
quablement promptes, ce qui tient à ce que le réservoir se trouvait à la fois
soumis à la chaleur rayonnante et à la chaleur transmise par conductibilité.
Les dispositions précédentes fournissent le moyen de déterminer avec une
précision complète la diffusion des rayons qui viennent agir sur le vase œntral
Fig. 142.
Cloupe du pyromëtre solaire montrant la marche des rayons réfléchis.
du pyromètre solaire. Mais la détermination de la température que la radiation
solaire complète pourrait communiquer au réflecteur polyédrique exige que Ton
connaisse exactement Tabsorption atmosphérique. En outre, il est indispensable
qu'on puisse estimer correctement la perte de chaleur due à la réflexion. Consi-
dérons séparément ces deux points.
La principale raison qui nous a déterminé à entreprendre nos expériences dans
le voisinage du solstice d*été a été la facilité qui se présentait alors de détermi-
ner l'absorption atmosphérique, la distance zénithale du Soleil à midi n'étant
que de i7ol2', à New-York (>).
(») La diminution d'intensité qu'éprouvent les rayons solaires en traversant une
atmosphère sereine dépend de l'épaisseur traversée; en négligeant la courbure de la
surface limite de l'atmosphère, cette diminution sera proportionnelle à la sécante delà
distance zénithale du Soleil. En conséquence, une observation de la température pro-
duite par la radiation solaire correspondant à une distance zénithale dont la sécante
est le double de celle de i7^12', soit de 61*28', permettra de déterminer le minimum de
l'absorption atmosphérique à New- York. Le résultat d'observations poursuivies pen-
dant plusieurs années montre que le maximum de l'intensité solaire à i7*12' de dis-
tance zénithale s'élève à 36%7 tandis qu'à 61* 28', il n'est que de 29*,1. Donc le minimum
de l'absorption atmosphérique à New- York, à Tépoque du solstice d'été est de
7 fi
36,7 — 29,1 = 7,6 ou ^ = 0,207 de l'énergie rayonnante du Soleil dont les rayons pénè-
trent dans l'atmosphère terrestre.
NOUVELLE MESURE DE LA TEMPÉRATURE DU SOLEIL. 419
Dans le but de déterminer la perte d'énergie due à la réflexion des rayons sur
les miroirs, j'ai construit un appareil spécial qui, grâce à un mécanisme paral-
lactique, reste dirigé perpendiculairement en face du Soleil pendant toute la
durée des observations. Il consiste principalement dans un ensemble de deux
miroirs plans construits de la même manière et avec les mêmes substances que
ceux du réflecteur, et assemblés à angle droit Tun sur l'autre. Un thermomètre
est disposé entre eux deux de manière que sa tige soit dirigée vers le Soleil. Les
rayons solaires pénètrent directement par l'ouverture d'un diaphragme approprié,
se réfléchissent sur les deux miroirs inclinés, et viennent enfin agir simultané-
ment sur les deux faces opposées du réservoir thermométrique. Des expériences
souvent répétées ont fourni des résultats qui ne diffèrent entre eux que fort peu,
et dont la moyenne indique que, par la réflexion sur les miroirs polyédriques, les
rayons du Soleil perdent les 0,235 de leur énergie, avant d'atteindre la chau-
dière.
Ces études préliminaires achevées, on a pu entreprendre les recherches défini-
tives, en s'appuyant sur la proposition que : Les températures produites par
une source de chaleur rayonnante ^ à différentes distances de cette source,
sont en raison inverse de la diffusion des rayons à ces distances respectives.
En d'autres termes, la température communiquée par la radiation solaire est
proportionnelle à la densité des rayons.
Il n'est peut-être pas inutile do rappeler que Newton, voulant estimer la tem-
pérature à laquelle fut soumise la comète de 1680 lors de son passage au péri-
hélie, basa son calcul sur le résultat de ses observations pratiques qui l'avaient
conduit à admettre que le maximum de la température communiquée par la radia-
tion solaire était d'un tiers de celle de l'eau bouillante. Les recherches modernes
ont montré que l'observateur de 1680 ne s'était trompé que de 3» en moins
dans son évaluation de l'intensité solaire à la latitude de Londres. La distance
de la comète au centre du Soleil étant à la distance de la Terre au Soleil
comme 6 est à 1000, l'auteur des Principes en concluait que les densités des
rayons étaient entre elles comme 1000 est à 6 » ou comme 28 000 est à 1 ; d'où il suit
que la comète devait être soumise à une température de 28 000 x "y" = 930 000<>.,
soit 2000 fois la température du fer rouge. La distance de la comète à la surface
du Soleil étant égale à un tiers du rayon solaire, on voit que, d'après la doctrine
de Newton, on en déduit pour la température de la surface solaire :
930 000x^1 = 1653 0000.
Pour établir l'exactitude de cette proposition, que la température varie comme
la densité des rayons, j'ai montré que, pour des distances zénithales correspon-
dantes, la diminution de la température solaire quand la Terre se trouve à l'aphé-
lie, est exactement en rapport avec l'augmentation de diffusion des rayons pro-
duite par le plus grand éloignement du Soleil. On a objecté à cette démonstration
420 L'ASTRONOMIE.
que l'excentricité de rorbite terrestre est trop petite et la température produite
par la radiation solaire trop basse pour qu'on puisse trouver dans ces données
une base suffisante pour la détermination de la température solaire.
Afin de compléter la démonstrartion, le pyromètre solaire a été disposé de
manière que la densité ou la diffusion des rayons réfléchis puisse être modifiée
et portée de 5040 à 10241. Ce résultat fut obtenu par l'emploi de deux chaudières
dont les diamètres respectifs sont de 25"», 4 et 50«n,8. Pour ce qui est de la has&e
température produite par les rayons solaires, il est visible qu'on détruit Tobjec-
tion grâce à l'expédient adopté, qui consiste à augmenter la densité des rayons
par leur concentration sans élever leur température.
Conformément aux dimensions indiquées plus haut, la chaudière de 25»,4 de
diamètre présente aux rayons réfléchis une surface de 2139«<i,67, celle de ^,%
une surface de 4347eq,73. La section du cylindre annulaire de rayons solaires qui
vient frapper le réflecteur polyédrique est de 2™<i,0197, comme il a été calculé
plus haut.
Pour ce qui concerne la diffusion des rayons solaires pendant la durée des
expériences, je pense que les explications suivantes seront facilement comprises.
La surface d'une sphère dont le rayon est égal à la distance aphélie de la Terre
au Soleil est à la surface de la Terre comme 218,1 est à 1, tandis que le réflec-
teur du pyromètre solaire intercepte un anneau de 2"»<i,0l97. Il en résulte que ce
^0 107
réflecteur reçoit la chaleur rayonnante développée par " ' = 0«!,4245delasur-
218,1
face solaire. Mais, la chaudière de 25«'»,4 présentant une surface de 2139«*ï,67, on
en conclut que les rayons solaires réfléchis sont diffusés dans le rapport de
2139,67 à 0,4245 ou de 5040 à 1; la diffusion des rayons agissant sur la chaudière
de 50«°»,8 est donnée par le rapport de 4347,73 à 0,4245 ou 10 241 à 1.
Les conditions atmosphériques s'étant montrées défavorables, le maximum de
la température solaire n'a pas été observé. Aussi les chaudières du pyromètre
solaire n'indiquaient pas le maximum de la température : le nombre le plus élevé
observé sur le thermomètre de la petite chaudière a été de 187® et sur celui de
la grande Ul^ au-dessus de la température de Tair ambiant. Cependant, nous ne
tenterons d'établir aucune compensation relativement aux mauvaises conditions
atmosphériques et à la perte de chaleur solaire qui en fut la conséquence, notre
intention étant de baser uniquement nos recherches sur les expériences effec-
tuées à New- York, dans le voisinage du solstice d'été de 1884. 11 est à remarquer
que la température de la grande chaudière fut proportionnellement plus haute
que celle de la petite, ce qui est dû à ce que cette dernière,ayant nécessairement
une température plus élevée, perdait plus de chaleur par rayonnement et par
conductibilité. Ou sait en effet que' la déperdition de chaleur s'accroît plus rapi-
dement que la température.
La perte due à la réflexion imparfaite sur le miroir est, comme il a été dit
plus haut, les 0,235 de l'énergie des rayons solaires directs.De plus, l'énergie des
NOULELLE MESURE DE LA TEBfPËRATURE DU SOLEIL. 421
rayons solaires agissant sur le réflecteur est réduite de 0,207 par l'absorption
atmosphérique; en conséquence, la température que l'énergie solaire est capable
de communiquer à la grande chaudière est 111 x 1,235 x 1,207 s 165, 46. Il est
à peine nécessaire d'observer que cette temptfbsfeure, développée par la radiation
solaire après une diffusion de plus de 10 000 fois, doit être regardée comme une
température actuelle, puisqu'une atmosphère parfaitement transparente et un
réflecteur capable de transmettre la totalité des radiations solaires permettraient
sûrement de l'observer.
Le résultat des expériences entreprises pendant Tété de 1884 peut être main-
tenant facilement établi : la diffusion des rayons solaires agissant sur la chau-
dière de ôOc'^.S étant dans le rapport de 1 à 10241, la température de la surface
solaire ne saurait être inférieure à
1650,46 X 10 241 = 1 694475o.
Cette évaluation inférieure doit être acceptée, à moins qu'on ne montre que
la température produite par la chaleur rayonnante n'est pas en raison inverse
de la diffusion des rayons. Les physiciens qui mettent en doute l'existence d'une
aussi haute température doivent songer qu'à cause de la forte attraction de la
masse solaire, l'hydrogène à la surface de cet astre supposé à une température de
4000O, serait presque deux fois aussi dense que l'hydrogène à la surface de la Terre,
et à la température ordinaire, et que, à cause de la grande profondeur de l'atmos-
phère solaire, sa densité serait si énorme à cette température relativement basse,
que les mouvements rapides observés dans les enveloppes solaires ne sauraient
s'y produire. Une extrême ténuité peut seule rendre compte des vitesses extra-
ordinaires reconnues par les observateurs des phénomènes solaires. Mais une
ejc^rôme ténuité est incompatible avec une basse température et la pression pro-
duite par une colonne atmosphérique qui dépasse probablement 80 000^™
de hauteur, et qui se trouve soumise à la puissante attraction du Soleil, laquelle
n'est diminuée que d'un quart à cette élévation. Ces faits montrent bien que la
haute température indiquée par nos expériences est nécessaire pour éviter une
densité inadmissible de l'atmosphère solaire.
Il n'entre pas dans nos intentions de discuter pour le moment la nécessité de
la ténuité de l'atmosphère solaire pour rendre compte des phénomènes de la ra-
diation solaire. Nous voulons seulement faire remarquer qu'au simple point de
vue dynamique, l'énorme densité de l'enveloppe solaire qui devrait résulter d'une
température relativement basse présente une objection capitale contre les con-
clusions de Pouillet, Vicaire, Sainte-Claire-Deville, et d'autres éminents savants
qui ont admis que la température de la surface solaire ne saurait dépasser 3000".
J. Ericsso.v.
422 L'ASTRONOMIE.
LA MÉTÉOROLOGIE EN AUSTRALIE.
On a dit quo ce serait un lieu commun de louer Tharmonie du Monde; en
effet, les savants ont fréquemment fait remarquer quelle merveilleuse variété
y règne, et comment les phénomènes les plus inattendus naissent de lois fixes
et immuables.
Malheureusement, si Tharmonie règne dans des phénomènes qui sont da
domaine de la Science, il n'en est pas de même de celle qui devrait exister entre
tous les peuples qui habitent les différentes parties du Globe; et cela vient sou-
vent de l'ignorance où l'on est des choses qui se passent à quelques mille lieues
de nous.
Voyez l'Australie :
Depuis quelque temps, on a beaucoup parlé de cette grande Terre océanienne,
à propos de la protestation de ses habitants contre le voisinage des condamnés
qu*on voulait interner dans ces lointaines régions. Cette cinquième partie du
Monde mériterait cependant d'être plus connue qu'elle ne Test actuellement.
Le vieux monde de la vieille Europe est un peu routinier ; il vit aisément sur
la foi des anciennes traditions. Pour lui, les peuples océaniens sont encore, sinon
des sauvages, du moins des individus qui ne se permettraient pas d'avoir l'initia-
tive du progrès dans les arts, les sciences et l'industrie, sans lui en demander la
permission.
Quelle profonde erreur!
C'est la réflexion que nous nous faisions en assistant à une conférence de notre
savant collègue et ami, M. le baron Michel, qui n'a pas craint la longueur du
voyage, en vrai marin qu'il est, pour aller remplir en Australie une mission que
lui avait confiée le Gouvernement.
Tous nous avons partagé son émotion lorsqu'il nous a dit, avec son éloquences!
persuasive, combien ces peuples éloignés de nous aimaient la France; mais aussi
combien ils étaient blessés de l'indifférence de cette dernière à l'égard de l'Aus-
tralie. Les autres nations, paraît-il, n'ont pas commis cette faute : rAlIemagne,
par exemple, est représentée à Sidney par un consul général d'une rare intelli-
gence et d'une extrême affabilité, tandis que les Français n'ont que des repré-
sentants secondaires, qui n'ont aucune influence.
« Comment voulez-vous que nous nous intéressions à votre pays, disaient les
» principaux habitants, puisque vous dédaignez le nôtre? Et cependant, vous
» n'auriez qu'à entr'ouvrir les lèvres pour que, de notre côté, nous ouvrions la
» bouche toute grande. »
La France est entourée d'adorateurs souvent jaloux; pourquoi les éloiperen
prenant des airs d'indifférence?
Nous prions nos lecteurs de nous pardonner cette digression dans le domaine
des relations internationales; nous nous empressons de quitter cette terre ingrate
pour nous occuper de choses qui font l'objet de la Revue.
L'Australie serait presque un ovale régulier, si elle ne présentait au Nord et au
LA MÉTÉOROLOGIE EN AUSTRALIE. 423
Sud deux spacieux enfoncements. Une ligne continue de récifs madre'poriques
l'environne : ce sont là autant d'assises jalonnées pour un futur continent. Mais,
phénomène bizarre, tandis que Sumatra, Java, Bornéo, la Nouvelle-Guinée,
la Nouvelle-Calédonie s'exhaussent, TAustralie, au contraire, voit son sol
s'abaisser.
Le climat australien est sec, et, par suite, partout où le sol est bas, la terre est
calcinée. Rien de plus aride que ce littoral désolé. Il y a de longues périodes de
sécheresse qui sont désastreuses; ensuite des pluies torrentielles se produisent.
Des voyageurs ont manqué mourir de soif là où d'autres avaient failli périr noyés
par suite des inondations.
Nous disions plus haut que les peuples Océaniens ont fait des progrès étonnants
dans les sciences, la météorologie, par exemple.
Avec cet esprit pratique qui distingue tout particulièrement les Australiens, ils
ont vite compris que des observations météorologiques constantes, bien combi-
nées et régulièrement publiées, avaient une grande importance dans un pays où
rélevage est une des principales industries, et où le mouvement des navires, le
long des côtes, est relativement considérable.
Toutes les colonies australiennes, c'est-à-dire aussi bien la Nouvelle-Zélande
et la Tasmanie que le continent australien, ont établi une sorte de réseau composé
d'observatoires météorologiques reliés par un fil télégraphique; et ces observa-
toires existent partout où il y a un instituteur placé à côté d'une station de
télégraphe.
Chaque jour une dépêche, contenant les hauteurs barométrique et thermomé-
trique, la direction et la force des vents, Tétat de l'atmosphère, etc., etc., est
adressée à l'observatoire de la capitale de la colonie. Ces renseignements sont
immédiatement portés soit sur une carte, soit sur un tableau, soit môme sur les
deux à la fois ; ces documents sont affichés en maints endroits, et notamment à
l'hôtel des postes, à côté du tableau des mouvements maritimes; ils sont égale-
ment communiqués à la presse, et chacun peut les recevoir à domicile.
Dans la Nouvelle-Galles du Sud, sous l'inspiration du savant Directeur de l'Obser-
vatoire de Sidney, M. Russell, la carte météorologique indique d'une façon sai-
sissante la quantité approximative de pluie tombée dans les diverses parties de la
Colonie. Cette quantité est donnée par des cercles noirs d'un plus ou moins grand
diamètre. D'un coup d'oeil on peut juger de l'état de sécheresse ou d'humidité, ce
qui a une très grande importance dans un pays où les pâturages constituent une
des principales sources de richesses. Il est peu d'éleveurs ou de négociants en
laines qui ne consultent fréquemment ces cartes.
Enfin, chaque année, les gouvernements coloniaux publient la statistique com-
plète des observations météorologiques.
L'espace nous faisant défaut, nous sommes obligé de nous arrêter. Mais nous
dirons, en terminant, que l'Australie, pays de création récente, dont les habitants
ont un remarquable esprit d'initiative et d'entreprise, n'est pas restée en arrière
pour ce qui touche à l'étude des phénomènes météorologiques; et la vieiJle Europe
424 L'ASTRONOMIE.
n*a qu'à prendre ses mesures si elle ne veut pas être devancée dans un avenir
peu éloigné. Les Allemands, noua lo^répétons, le savent bien; leur pavillon
sillonne les mers de ces contr^i^; Ds y ont établi des dépôts de charbon. La
France n'a rien de semblable ; aft colonie de la Nouvelle-Calédonie est absolu-
ment isolée et lui échappera peut-être un jour, alors qu'il lui serait si facile de
s'emparer des Hébrides.
D** Edmond Barré.
ÉCLIPSES TOTALES DE SOLEIL
VISIBLES EN ANGLETERRE DEPUIS MILLE ANS.
La Société royale astronomique de Londres a publié récemment une carte inté-
ressante des éclipses totales de Soleil qui sont passées depuis mille ans sur
l'Angleterre, d'après les calculs de M. J. Maguire, notre savant collègue de
Nordwich. Nous avons construit la carte ci-dessous (/ig. 143) d'après celle de
l'astronome anglais, en lui donnant la plus grande clarté possible, Sur cette carte.
il y a treize passages d'éclipsés : la ligne pleine représente la marche du
centre de l'ombre et deux lignes ponctuées tracent pour chaque éclipse les bords
de la zone éclipsée. Sur chacune des lignes centrales on peut lire la date de
Téclipse qu'elle représente et les heures de son passage. Ces treize éclipses sont
les suivantes :
Date. Heure.
878 octobre 29 i»> 17» 30»
885 juin 15 îl 46 0
1023 janvier 24 0 20 0
1133 août i 23 23 0
1140 mars 20 2 49 0
1185 mai 1 2 3 0
1330 juillet 16 3 54 0
1424 juin 26 3 6 0
1433 juin 17 3 15 0
1598 mars 6 22 25 30
1652 avril 7 22 34 0
1715 mai 2 21 7 0
1724 mai 22 6 35 0
Nous publierons prochainement une carte analogue des éclipses totales de Soleil
arrivées en France depuis mille ans, et de celles qui arriveront d'ici à mille ans.
(') Le mille anglais est de 1G09-. .
rgcar de l'ombre
en mlllei (').
Durée.
168.
2-13
196
4 55
130
2 24
154
4 34
132
3 26
154
4 33
42
0 56
168
4 14
194
4 27
84
1 34
122
3 0
184
4 0
136
2 48
Fig. la
Tracé des éclipses passées sur TAngleterro depuis mille ans.
426 L'ASTRONOMIE.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Concours pour la réforme du Calendrier. — Nous avons reçu, de toutes les
parties du inonde, un nombre considérable et inattendu de mémoires très variés,
qui témoignent de l'intérêt universel attaché à cette importante question. On nous
a annoncé en même temps par lettres plusieurs mémoires qui ne nous sont pas
encore parvenus. Dans le but de permettre à nos lecteurs les plus éloignés d'entrer
dans la lice de ce concours général, et pour répondre à un grand nombrede désirs
manifestés, la durée du concours est prorogée jusqu'au 31 décembre. D'après
rimportance des documents reçus, tout nous fait présager que l'appel deV Astro-
nomie conduira à une entente générale sur l'urgence de la réforme.
Les laeors crépusculaires : couronne autour du Soleil. — M. Forel écrivait
récemment que, sur les hautes montagnes, lorsque le ciel est serein, la couronne
solaire ou le cercle de Bishop est tellement apparent, qu'il frappe tous les obser-
vateurs; il ajoute que les montagnards et les Alpinistes sont d'accord pour affir-
mer que c'est là un phénomène nouveau. Je puis ajouter une observation qui con-
firme le fait de la visibilité de la couronne sur les hautes montagnes.
Au commencement de juillet, je suis monté sur l'Etna, et, tandis qu'à Rome,
Naples, Messine, Catane, le Soleil se montrait entouré d'une large couronne
blanche, j'ai été surpris de constater que, près du volcan, à 3300™, par un ciel
très pur, d'un bleu foncé, on voyait l'astre entouré d'une auféole blanche con-
centrique à une magnifique couronne rouge-cuivre. La couronne se transformait.
près de l'horizon en un arc moins défini et d'une amplitude plus grande, à peu
près comme on l'observait à Rome Tannée dernière.
Je dois cependant ajouter que, depuis le 2 juillet 1885, j'ai constaté la réappa-
rition des phénomènes crépusculaires rouges et du grand arc, au lever et au cou-
cher du Soleil. Ces phénomènes se montrent aujourd'hui bien plus faibles que
ceux de 1883 et 1884.
P. Tacchim.
Remarque, — Dans toute la France, en Suisse, en Belgique, etc., les dernières
très belles lueurs crépusculaires ont été celles des 2, 3, 4, 12 et 13 juin.
Passage de la planète Mars devant l'amas du Cancer. — L'Astronomie a
annoncé (p. 359) que la planète Mars devait traverser l'amas du Cancer le 23 Sep-
tembre. Dans la matinée de ce jour-là, on pouvait en effet admirer la planète rouge
au sud de l'étoile t). Les deux jours suivants, il n'a pas été possible d'observer, à
cause des nuages, et ce n'est que ce matin 26 septembre que j'ai pu constater
qu'elle traversait véritablement le bel amas stellaire de la Crèche.
Le dessin ci-joint donne la portion la plus intéressante des étoiles de ce groupe
et représente la position de Mars de 4»» 30" à 5*» 30™ du matin. Avec une lunette
de 95"»™ d'ouverture, munie d'un grossissement de 130 fois, il a été facile decon-
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
427
stater pendant une heure, et de minute en minute, le déplacement visuel de la
planète qui se rapprochait de plus en plus des trois étoiles notées sur la carte et
portant les numéros 33, 36 et 38 du catalogue de Paris, 1882.
La clarté du ciel augmentant d'instant en instant, m'a forcé de suspendre cet
Fig. 144.
Passage de la planète Mars devant l'amas du Cancer, le 26 septembre 1885, de 4*> 30" à 5** 30" du matin.
examen, regrettant que la planète n'ait pas occasionné une occultation d'étoile,
phénomène des plus rarissimes qu'il nous soit donné de contempler.
LÉON Fenet,
observateur à Beauvais.
Le mont Pilai, laboratoire des orages. — Au mois de juillet dernier, me
trouvant au sommet du mont Pilât, j'y fus témoin de la formation, sur place, au-
dessus de ma tête, d'un nuage orageux de l'aspect le plus sombre, le plus mena-
428 l/AiiTHONOMIE.
çant, autour duquel se développèrent d'autres nuages sombres à bords jaunâtres.
Bientôt de larges gouttes tombèrent, des éclairs sillonnèrent la nue, de forts
coups de tonnerre se firent entendre et eu un clin d'œil Thorizon fut envahi par
la traînée pluvieuse, qui partit dans la direction du Nord-Est.
C'est là un fait dont tous les observateurs sont constamment témoins, et bien
connu dans le Lyonnais. Aussi, depuis que la protectrice aussi généreuse
qu'éclairée des études météorologifiuos dans le département du Rhône.
Madame Dumond, a qualifié cette uiontagne du titre de laboratoire des orages.
cette qualification est restée comme l'expression de l'absolue réalité, et tous les
météorologistes s'accordent à la reconnaître et à l'employer dans leurs relations.
Le mont Pilât a reçu désormais le nom qui lui appartient.
1)1 météorologiste de Lyon.
Société scientifique Flammarion, de Marseille. — Nous apprenons aver
reconnaissance que le Conseil général dos Bouches-du-Rhône vient de voter une
subvention en faveur de cette importante association scientifique et de son obsen'a-
toire populaire. Les services qu'elle» a dojà rendus par ses observations astrono-
miques qui ont répandu le goût de la Science en montrant avec quelle facilita
chacun peut s'instruire pratiquement dans la connaissance du ciel, ainsi que par ses
réunions scientifiques et ses confér^Mn-es, à la tête desquelles on a salué le nom
si sympathique de M. Marion, l't'miuent physiologiste; l'autorité morale que lui
a apportée l'adhésion d'un grand nombre do notabilités de la ville, notamment
celle des principaux professeurs de la Faculté des Sciences, ont très rapidement
donné à cette Société un grand caractère d'utilité publique. Nous sommes heureux
de féliciter son actif président, M. Hruguière, de ce magnifique résultat. 11 n'est
pas douteux que la Société ne dépasse les espérances qu'elle a déjà données à la
grande cité.
Mercure, Mars et Saturne dans une lunette de SS»'"» — Je me fais un devoir
de vous adresser les deux dessins ci-inclus {fig, 145 et 146) de la planète Mercure,
que j'observe depuis trois ans à ses rares époques de visibilité; mais que je n'ai
jamais vue aussi nettement que les 17 et 22 septembre derniers, de u»» à G*" du
matin.
Le 17, à 5^25°^ du matin, je distinguais très bien le disque, la planète avait la
forme d'un croissant, pareil au croissant lunaire le surlendemain du derme
quartier. Les cornes étaient légèrement tron([uées ; à l'œil nu la planète se voyait
comme une étoile de i^^ grandeur. .le l'ai observée à pareille heure les 18 et 21.
Le 22, de 5^30°» du matin à 6»», Mercure avait changé déforme; elle était comme
la Lune au jour de l»"" quartier. La corne boréale avait l'aspect d'un crochet, et
la corne australe était légèrement tronquée, .le l'ai observée à l'aide des grossisse-
ments de 150 et 220 fois; les deux grossissements m'ont donné le même résultat.
Le même jour, à 3*» 30™ du matin, j'ai bifMi dédoublé l'étoile 52 d'Orion. La nébu-
leuse planétaire de l'Éridan au sud de l'étoile 39 A était très brillante au centre.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
459
Je résous en une fourmillièrc d'étoiles Tainas M 13 d'Hercule en l'observant
depuis quelques jours à 10*> du soir, avec un •,'rossissement de 200 fois.
Les 16, 17, 18 et le 22 septembre, de i'» à :.»'30™ du matin, la planète Mars s'est
présentée dans de bonnes conditions de visibilité, la phase était tournée vers
rOccîdent; la tache brillante du pôle borf^al était bien visible. On distinguait
aussi uue tache sombre au centre du disquo, en forme de V. Il est probable que
c'était la mer du Sablier.
Le 21 septembre, à 4*» du matin, on distinguait sur Saturne les deux bandes
FiR. 145.
Fig. 146.
Mercure le 22 septembre à S»» 30"* du matin.
:\h'n:urcle 17 septembre à .V' ■iô™ du matin.
voisines de l'équateur; on voyait sur les anneaux l'ombre produite par le disque
de la planète. Trois satellites formaient un triangle, et la planète trônait au centre
de ce triangle. L'effet était vraiment admira])Io.
Gl'iot,
observateur, à Soissons.
Propagation des tremblements de terre. — V Astronomie a déjà signalé de
curieux exemples de propagations de tremblonionts de terre ressentis î\ distance
et souvent constatés à Taide d'instruiiionts, sans lesquels on ne se serait aperçu
de rien. Voici un fait qui n'est pas moins curieux. La secousse d'un tremblement
de terre est passée récemment sous P;iiis sans que personne ait paru le remar-
([uer dans le public. Un observateur de jjjrand mérite, bien connu de nos lecteurs,
M. Tremeschini, nous adressait, le 21 août, la relation suivante :
« Dimanche soir, 16 août, une armoire vitrée servant de bibliothèque et deux
grandes lunettes adossées au mur d'iino inôro située au rez-de-chaussée de la
maison que j'habite aux Lilas (Seine i, >e trouvèrent tout à coup, et sans cause
apparente, ébranlées d'une manière inusit^'o. La secousse dura deux secondes
environ.
430 L'ASTIIONOMIE.
a Ma première impression ayant été qu'il s'agissait d'un tremblement de terre,
j'ai consulté immédiatement le chronomètre; il était sept heures vingUrois
minutes.
« Je sortis aussitôt pour me renseigner auprès des voisins sur révénement;
mais leurs réponses ayant été unanimement négatives, je n'ai pas cru devoir me
préoccuper davantage du fait. Mais, quelques jours après.unde ces mêmes voisins
vint, avec un empressement très visible, m'annoncer ( il avait à la main un journal
du 21 août) que « dimanche, vers sept heures vingt du soir, une secousse assez
violente a été ressentie à Orléans et dans les environs. C'est juste l'heure, ajoutâ-
t-il, à laquelle vous êtes accouru chez nous pour nous communiquer votre obser-
vation ; il s'agissait donc bien d'un tremblement de terre. »
« ËD présence de cette confirmation, je manquerais à mon devoir si je gardais
le silence. Je m'empresse donc de faire connaître le résultat de mon observation:
u l** Comme je l'ai dit, la secousse dura 2 secondes environ.
« 2° La secousse fut sensiblement ondulatoire.
« 3° Par la raison que je vais vous soumettre la secousse a dû avoir lieu dans
le sens Est-Nord-Est^ Ouest-Sud- Ouest. (La marche du phénomène aurait dans
ce cas décrit une courbe.)
« Cette raison, la voici : ayant essa5'é à plusieurs reprises et par des moyens
variés, de reproduire les bruits observés, l'essai m'a constamment réussi quand h
direction du mouvement était imprimée aux meubles dans le sens de l'Est ou d?
l'Est-Nord-Est et vice versa; tandis que tout essai ayant pour base un tout autre
point de direction a invariablement échoué.
a L'altitude du sol de la maison que j'habite est d'environ 113 mètres au-dessus
du niveau de la mer.
« Xote. Dans ce egnre de phénomène, il n'y a pas de remarque futile : contre
leur habitude, depuis sept heures du soir jusqu'après la secousse, les poules,
comme affolées, ne cessaient de monter et descendre de leur perchoir avec une
agitation que je ne me suis expliquée qu'après. »
Tremeschini.
D'après une communication faite par M. Renou, à la séance de l'Académie, du
7 septembre, ce tremblement de terre a eu lieu à 7*>23", exactement, à Orléans,
à Meung, à Marigny, etc. L'observation de M. Tremeschini est donc tout parti-
culièrement importante et intéressante.
M. D. Luzet nous mande d'Orléans qu'un tremblement de terre assez fort a eu
lieu, en effet, le 16 août, à 7^23"» du soir, que dans la ville plusieurs vitres ont été
cassées, que dans la campagne sur le canal d'Orléans les poissons, au moment
de la secousse firent au-dessus de l'eau des bonds de 0«»50 à 0«60, que la secousse
s'est effectuée dans le sens sud-oucst-nord-est et que le tremblement de terre a
été ressentie dans une partie de la Beauce, de la Sologne et jusqu'à Tours. En
1866, les inondations de la Loire ont été précédées par quelques secousses et à
cause de cette coïncidence les riverains éprouvent des craintes.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 431
Erreurs accréditées. — Plusieurs astronomes s'imaginent que Laplace n'a pas
connu le mouvement des sateUites d'Uranus, qui s'exécute, comme on le sait,
dans un plan presque perpendiculaire à Técliptique, et assurent que cette consta-
tation astronomique est venue, depuis, donner un coup fatal à la théorie cosmo-
gonique de Tillustre astronome. Nous lisions récemment encore, dans une Revue
scientifique (*) généralement [rédigée avec compétence (quoique non exempte
d'un certain esprit de système — mais quel est l'esprit absolument libre?) nous
lisions, disons-nous, les remarques suivantes dues à l'un des savants les plus
éclairés de notre époque.
a Au temps où Laplace publiait» dans son Exposition du système du monde,
la célèbre théorie cosmogonique qui porte son nom, on ne connaissait ni l'exi-
stence de la planète Neptune et de son satellite, ni la direction du mouvement
des satellites d'Uranus. Le grand géomètre, partant de ce fait que, de Mercure à
Saturne, toutes les planètes accomplissent leur mouvement de rotation dans le
même sens que leur mouvement de translation, et que leurs satellites évoluent
dans ce même sens autour d'elles, en avait conclu que c'était là une loi générale
et absolue. D'après lui, le calcul des probabilités démontrait que, si l'on venait
à découvrir, quelque part dans notre système solaire, un nouveau satellite ou une
nouvelle planète, il y aurait des milliers de milliards à parier contre un que la
circulation de ce satellite ou la rotation de cette planète serait directe^ comme
toutes les autres, — « ce qui forme, disait-il ailleurs, une probabilité très supé-
rieure à celle des événements historiques sur lesquels on ne se permet aucun
doute. »
« Hélas, ici comme en plusieurs autres cas, ce fut le un qui eut raison contre
les milliers de milliards.
« L'observation ultérieure des satellites d'Uranus permit de constater que ces
astres évoluent autour de leur planète en sens inverse de la translation de celle-
ci, qui elle-même exécute son mouvement de rotation dans le même sens que ses
satellites. Ce fait renversait la prétendue certitude invoquée par Laplace. Du
même coup, il ébranlait singulièrement sa théorie cosmogonique, fondée tout
entière sur l'hypothèse d'une immense atmosphère solaire tournant tout d'une
pièce avec son noyau central, et aux dépens de laquelle se serait formé successi-
vement le petit monde de chaque planète, à commencer par les plus extérieures.
Dans cette théorie, en efiFet, toutes les planètes se seraient formées de la même
manière; par suite, toutes leurs rotations et toutes les révolutions de leurs satel-
lites devraient s'opérer dans le même sens. Tout mouvement rétrograde, formant
une exception à cette uniformité obligatoire, forme par cela même une objection
péremptoire contre la théorie. »
Cette interprétation n'est pas tout à fait exacte. Dès la première édition (\1%)
de VExposition du Système du monde, Laplace a parlé des satellites d'Uranus et
de leurs mouvements non pas rétrogrades, mais « à peu près perpendiculaires au
(*) Revue des questions scientifiques; janvier 1885, p. 94.
432 L'ASTRONOMIE.
plan de Vécliptique », Voyez l""® édition, tome I, p. 84; 2« édition, 1799, p. 45;
3« édition, 1808, p. 243; 4« édition» 1813, p. 46, etc. Il est doncinezact dedireque
l'observation ultérieure des satellites d'Uranus a apporté une opposition inatten-
due à rhypothèse cosmogonique de Laplace.
Ce géomètre a parfaitement connu cette disposition; mais il ne Ta pas qualifiée
de rétrograde, car tel n'est pas son caractère : il lui a appliqué le seul terme
qui lui convienne, celui de perpendiculaire au plan de Técliptique, comme nous
l'avons fait nous-même dans notre réponse à la nouvelle théorie présentée par
M. Faye,* (VAstronomie, juin 1884, page 211.) C'est là un point capital, puisque
toute la nouvelle théorie cosmogonique de M. Faye repose sur cette interpré-
tation.
Les ténèbres de la neuvième plaie d'Egypte. — Plusieurs astronomes ont
cherché si ces ténèbres pourraient avoir pour garant de leur authenticité une
éclipse totale de Soleil. A TAcadémie des Sciences de Vienne, M. E. Malher a
présenté récemment des calculs qui établissent que la seule éclipse en condition
d'être identifiée avec ce récit est une éclipse annulaire de Soleil, centrale pour
rÉgj'pte le 13 mars de l'an 1335 avant notre ère. Dans ce cas, la sortie d'Egypte
aurait eu lieu le 27 mars de cette même année (à la Pleine Lunesuivantréclipseï
et non, comme l'admettent les chronologistes, en Tan 1312.
Les nuits d'Angleterre. — L'Angleterre est le pays du monde où l'Astro-
nomie a fait le plus de progrès depuis un siècle. Pourtant c'est l'un des moîas
favorisés du ciel. D'après une statistique récemment faite par M. Johnson, un
relevé établi de 1859 à 1884 montre que le nombre annuel des soirées propres à
l'observation est compris entre 44 et 110.
Nouvelles mesures du compagnon de Sirins. — Aux mesures publiées par la
Revue, nous pouvons ajouter les suivantes, qui montrent la continuité du mouve-
ment elliptique de ce compagnon le long de l'orbite calculée. (Voir, fig. 22,
année 1884 p. 51 ) :
1885 197 32%7 TM Hough à Chicago.
1 885 268 34 ,7 8 ,06 Hall à Washington .
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 NOVEMBRE AU 15 DÉCEMBRE 1885.
Principaux ol^ets célestes en évidence poar robservation.
lo CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant cette partie de Tautomne, se reporter soit
aux cartes publiées dans la première année de la Revue, soit aux descriptions
données dans les Etoiles et les Curiosités du Ciel, pages 594 et 635.
Les longues soirées de cette période de Tannée sont presque toigours favo-
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 433
risées par un Ciel d'une admirable pureté. C'est principalement dans les moments
de hautes pressions barométriques qui accompagnent souvent les fortes gelées,
quand l'atmosphère immobile se maintient assci" longtemps dans un calme
absolu, que les astres resplendissent du plus vif éclat et répandent leur lumière
sereine sur la Terre engourdie par le froid.
Mercure, Vénus, Vesta, Saturne et Neptune sont observables durant la
première moitié de la nuit, Mars, Jupiter et Uranus dans la seconde moitié.
2« SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 15 novembre, le Soleil se lève à 7^ H™ du matin et se couche
à -i^^lS"» du soir; le 1" décembre, l'astre du jour apparaît au-dessus de l'horizon
à 7*» 34™ du matin, pour disparaître au-dessous à 4^4™ du soir; enfin, le lever a
lieu à 7*>49™ le 15 décembre, et le coucher à 4*»2™ du soir. La durée dn jour est
de 9*» 7™ au 15 novembre, de 8*» 30™ au l*»* décembre et de 8^13™ au 15 décembre.
Les jours décroissent, dans cet intervalle d'un mois, de 38™ le matin et de 16™ le
'soir, soit une diminution totale de 54™.
La différence entre l'instant du midi vrai et celui du midi moyen est toujours
considérable. Le 15 novembre, la matinée dure 4^49™ et la soirée 4*>18™, diffé-
rence 31™; le Ic' décembre, matinée 4^20», soirée 4^4™, différence 22™; le
15 décembre, matinée 4^11™, soirée 4^2™, différence 9™.
Le Soleil s'éloigne toujours de l'équateur céleste. Sa déclinaison australe, au
15 novembre, est de 18o37', et au 15 décembre, de 23*18'. Le Soleil, dans sa
marche apparente, se rapprochant sans cesse de l'horizon, les quantités de
lumière et de chaleur que nous recevons, diminuent assez vite. Les ombres
s'allongent et la réverbération des murailles blanches n'est plus qu'un pâle
souvenir des chauds et étincelants rayons de juillet. En même temps, la nuit se
produit presque aussitôt après la disparition du Soleil au-dessous de l'horizon.
La lumière zodiacale commence à devenir visible le soir, à l'Occident,
vers 5^30™.
Lune. — Nous voici revenus ^ l'époque des beaux clairs de lune. C'est aux
environs du Premier Quartier, le soir, et du Dernier Quartier, le matin, que
notre satellite devra être particulièrement observé.
Un phénomène très rare se produira, le 7 décembre, sur les 5*> du soir : le
mince croissant lunaire sera visible à l'œil nu environ vingt-sept heures après
la néoménie. Nous insérerons avec plaisir les observations qui nous seront
adressées.
Phases.
PL le 22 novembre, à 9''49- matin. NL le 6 décembre, à l''26" soir.
PQ le 29 » à 2 6 » PQ le 14 » à 6 31 »
Occultations visibles à Paris.
Huit occultations seront observables durant la première moitié de la nuit.
Deux autres très importantes pourront être étudiées le matin.
434
L'ASTRONOMIE.
!• 6» Taureau (4* grandeur), le 22 novembre, de 6''36- à 7^21- du soir. Cette brillante
étoile s'éteindra en un point du disque lunaire situé à 23* au-dessus et à gauche du
point le plus bas, pour se rallumer en un autre point situé à 7* au-dessous du point le
plus occidental. A Greenwich, la durée de l'occultation sera de 48-.
2* La composante 6* (4* grandeur), le 22 novembre, de G»" 50- à 7*7- du soir. L'étoile
disparait au sud du disque de la Lune, en un point situé à 12* à droite et au-dessus du
point le plus bas, et reparaît à 41* au-dessous du point le plus à l'Ouest. 6* disparaît et
réapparaît du même côté du disque lunaire. Cette anomalie a pour cause la position
inclinée de la Lune qui n'est levée que depuis deux heures.
L'étoile 6 est une des plus curieuses étoiles doubles que les bonnes vues puissent dis-
tinguer à l'œil nu. Les deux composantes sont éloignées de 5'37''
3« 75 Taureau (6* grandeur), le 22 novembre, de 6»'49- à7''20- du soir. C'est la seconde
FIg. 147.
Fig. 148.
Occultation d'Aldébaran, parla Lune,le 22 novembre
deyi'ST-àlli'S-dusoir.
Occultation d'Uranus, par la Lune, le l»décembre.
de 5* 10- à 6*23- du matin.
des Hyades qui est occultée durant le commencement de la soirée; elle est occultée, à
Paris, une minute seulement avant 6'. L'étoile s'éteint dans la partie orientale du disque
de la Lune, à 26* au-dessus du point le plus à gauche, et se rallume à 4* au-dessous et
à droite du point le plus élevé.
A Greenwich, la disparition de 75 Taureau se produit 11- avant celle de 6V
4* B. A. C. 1391 (5* grandeur), le 22 novembre, de 7''24- à 8*23- du soir. Cette autre
Uyade disparaît derrière le disque de la Lune, quatre minutes après la réapparition de
la précédente; elle s'éteint en un point situé à l'est du disque, à 39* au-dessous du point
le plus à gauche, et se rallume en un point situé à l'ouest, à 19* au-dessus du point le
plus à droite. Cette occultation pourra être étudiée dans l'Europe occidentale.
5* Aldébaran (1'* grandeur), le 22 novembre, de 9*57- à 11*8- du soir. Cette soirée
du 22 novembre comptera parmi les meilleures de l'année, attendu qu*une aussi lonfjue
série d'observations d'étoiles de 5*, 4* et 1" grandeur, ne peut se produire qu'à des inter-
valles fort éloignés. L'occultation est représentée, fig. 147.
La disparition d'Aldébaran aura lieu en un point du disque de la Lune situé à 25* au-
dessous du point le plus à gauche, et la réapparition en un autre point situé à 5* au-
dessus du point le plus à droite.
L'étude de cette belle occultation pourra être faite dans la plus grande partie de
l'Europe, de l'Asie et du nord de l'Afrique.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 435
6* 117 Taureau (6« grandeur), le 23 novembre, de S^T à 6^45* du soir. L'étoile dispa-
raît au sud du disque de notre satellite, à 18* à gauche du point le plus bas, et réappa-
raît à l'Occident, à 6* au-dessous du point le plus à 4roite. Le phénomène pourra être
étudié principalement dans l'Europe centrale.
?• Vesta, le 23 novembre, vers Q^'SS» du soir, appulse de la petite planète, pour Paris;
mais l'occultation sera visible, dans la partie inférieure du disque lunaire, pour le nord
de la France, la Belgique, la Hollande et les Iles Britanniques.
A Greenwich, la disparition se produira en un point situé à 28* à gauche du point le
plus bas, et la réapparition à 13* à droite de ce même point.
8* 26 Gémeaux (5, 5 grandeur), le 24 novembre, de il"» 8" à 12'' 16- du soir. La dispari-
tion a lieu au sud-est du disque lunaire, à 43* à gauche et au-dessus du point le plus
bas, et la réapparition se produit à l'occident, à 23* au-dessus du point le plus à
droite. Cette occultation sera visible dans une grande partie de l'Europe.
9* Uranus, le 1*' décembre, de 5^10- à 6''23"du matin. La planète disparaît à l'orient,
en un point du disque situé à 43* au-dessous du point le plus à gauche, pour réapparaître
à 38* à droite et au-dessous du point le plus élevé. L'occultation qui est représentée
fig. 148, sera observable dans la majeure partie de l'Europe.
10« X ViERGB (4,5 grandeur), le 3 décembre, de 4'' 28" à b^9'' du matin. L'étoile s'éteint
à Torient du disque lunaire, à 8* au-dessous du point le plus à gauche, et se rallume
du même côté, à 16* au-dessous et à gauche du point le plus élevé.
L'occultation sera visible dans l'Europe occidentale.
Occultations diverses.
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore être témoins, suivant les
régions qu'ils habitent, des occultations qui suivent :
i* o Poissons (4* grandeur), le 19 novembre, à H»» du soir, occultation visible dans la
Patagonie et les Terres australes.
2* r Taureau (4* grandeur), le 22 novembre, vers 5** du soir. Le phénomène sera obser-
vable dans le Nord et le centre de l'Europe.
3* 8 Taureau (4* grandeur), le 22 novembre, sur les ô"» du soir, occultation pour
l'Afrique méridionale.
4* X Gémeaux (4* grandeur), le 25 novembre, à 2'' du soir, temps moyen de Paris. L'ob-
servation pourra être faite dans le centre et le nord de TAsie.
5* p Vierge (3,5 grandeur), le 30 novembre, à 11»* du matin. Visible dans l'Amé-
rique du Sud.
6* Jupiter, le 30 novembre, vers H*» du soir. Cette curieuse occultation pourra être
étudiée dans les principales îles de l'Océan Indien.
7* Ti Vierge (3,5 grandeur) le 1*' décembre, à !*• du matin. Visible dans une grande
partie de l'Afrique méridionale.
8* p* Sagittaire (4* grandeur), le 9 décembre, vers 7*^ du matin. Visible dans le Sud
d e TAsie et l'Afrique orientale.
9* p* Capricorne (3* grandeur), le 10 décembre, à midi. Occultation observable dans
l'Océan Indien.
Le 24 novembre, à 9^ du soir, la distance de la Lune à la Terre est périgée :
363.400»™ ; diamètre lunaire = 32' 52', 6.
Le 10 décembre, à 10»» du soir, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
404.900^»; diamètre lunaire = 29'30'',2.
Mercure. — Mercure pourra être observé un grand nombre de fois, le soir,
436 L'ASTRONOMIE.
peu de temps après le coucher du Soleil, dans le ciel de rOccident. On pourra
employer indifféremment une jumelle marine ou. une lunette astronomique
munie d'un faible oculaire.
Jours.
20 Novembre
24 »
28 »
2 Décembre
4 »
6 »
10 »
14 »
Passage Méridien.
l»» 5-
1 13
1 19
l 22
1 21
1 18
1 6
0 40
soir.
Concher.
4''59-
5 4
soir.
9
14
15
14
7
49
Différence Soleil, ConsteUatioB.
0M6-
Ophiuchus.
0 55
»
l 3
Saqittairk.
1 10
1 12
1 12
1 6
0 47
C'est le 30 novembre, à minuit, que Mercure atteint sa plus grande élongation
orientale, 21® 14'.
Jusqu'au 9 décembre, le mouvement de Mercure est direct à travers les
constellations de l'hémisphère Sud; à partir du 9 décembre, le mouvement
devient rétrograde. La planète se trouvera en conjonction avec Antarès du
Scorpion, le 13 novembre, vers 9 heures du soir; la planète sera au nord de
l'étoile, à la distance de 2o30'. Le 22 novembre, à midi. Mercure ne sera éloipé
que de 38' de 6 Ophiuchus.
Le !••' décembre, le diamètre de Mercure est de 6^6. La distance de cet astre à
la Terre est de 148 millions de kilomètres et sa distance au Soleil est de 54 mil-
lions de kilomètres.
VÉNUS. — Cette admirable Etoile du Berger, dont le vif éclat va toujours eu
augmentant, brille dans le ciel avant même la disparition du Soleil au-dessous
de l'horizon. Par une froide journée de novembre et de décembre, il sera déjà
facile de trouver Vénus, sur les 3*> de l'après-midi, lors de son passage au
méridien du lieu d'observation, à une faible hauteur de 16« à 18<» environ.
Le 9 décembre, à 7*> du matin, Vénus atteint son maximum d'élongation orien-
tale 470 16', du Soleil. C'est alors que la planète se couche plus de trois heures et
demie après le Soleil et que sa phase s'accentue d'une façon très rapide. Vu
dans une lunette astronomique, le disque de Vénus, pareil à celui de la Lune le
jour du Premier Quartier, ne présente plus qu'une moitié éclairée. Cette obser-
vation offre un grand attrait à tous les astronomes amateurs.
Jours.
16 Novembre.
19 »
22 >
soir.
28 » . . . .
1" Décembre.
4 » ....
7 » ....
10 » ....
13 » ....
Passage Méridien.
3'' 3-
3 6
8
11
13
15
16
17
18
Coacher.
Différence Soleil. ConsteUatioo.
3
3
3
3
3
3
3
3 19
6''52-
6 58
7 3
7 8
7 13
7 20
7 26
7 32
7 38
7 44
soir.
2''35-
2 44
2 52
3 0
3 7
3^16
3 23
3 .30
3 37
3 43
Saqittairb.
Capbicorne.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 437
Vénus continue sa marche directe dans les constellations du Sagittaire et du
Capricorne. Le 16 novembre, Vesper sera en conjonction avec Tétoile de
seconde grandeur a Sagittaire; la planète sera placée à 34' au nord de l'étoile.
Le 10 décembre, à 11*» du soir, conjonction avec la Lune, la planète étant à 5«56'
au sud de notre satellite.
Le i«' décembre, le diamètre de Vénus est de 22', 8. La distance à la Terre est
de 108 millions de kilomètres et au Soleil de 107 millions de kilomètres.
Mars. — Mars devient de plus en plus facile à observer dans la constellation
du Lion, entre Régulus et p Vierge. La teinte rougeâtre de sa lumière permet de
le reconnaître à la simple vue. Les -^ du disque de Mars sont éclairés.
Jours. Lever. Passage Méridien. ConstoUation.
18 Novembre ll^âl* soir. 6''40" matin. Lion.
22 • » 11 35 » 6 31 » »
26 » , 11 30 »> 6 23 » »
30 » * il 24 >. 6 14 p »
3 Décembre 11 19 «• 6 7 »
• 7 » 11 12 » 5 58 » »
11 il 6 » 5 48 » »
15 » 10 58 » 5 38 » »
Le mouvement de Mars, parmi les constellations zodiacales, est direct. Le
16 novembre, conjonction avec p Lion, la planète se trouvant à lo56' au nord de
l'étoile; le 29 novembre, à 9^ du matin, Mars est à S» 23' au nord de la Lune; le
â décembre, à minuit. Mars est en quadrature avec le Soleil; le 4 décembre. Mars
est à 1<»6' au nord de x Lion; le 15 décembre, Mars est à 47' au nord de <j Lion.
Le !«" décembre, le diamètre de Mars est de 8', 2. La distance de la planète à
la Terre est de 198 millions de kilomètres et au Soleil de 243 millions de kilo-
mètres.
Petites planètes. — Cérès, Pallas et Junon demeurent toujours invisibles
Pallas et Junon passent derrière le Soleil le 16 novembre, et Cérès le 24.
Vesla se présente dans les meilleures conditions possibles pour Tobservation
puisqu'elle passe au méridien de chaque lieu, à minuit, le 9 décembre. Tous les
astronomes pourront distinguer Vesta, brillant de Téclat d'une étoile de 6« gran-
deur, dans la constellation du Taureau, et formant le sommet d'un triangle dont
la base est la ligne a, C- Le 22 novembre, Vesta sera au sud de î Taureau, à
30 30' seulement. Chacun sait que Vesta est la plus importante des petites pla-
nètes et la plus facile à trouver à l'œil nu. C'est le 10 décembre que la planète
atteint sa distance minimum à la Terre.
Jours. Lever d
18 Novembre 6^10-
23 » 5 46
28 » 5 22
3 Décembre 4 56
9 » 4 26
13 n 4 6
Vesta.
Passage Méridien.
Constellation
soir.
1^45- matin.
Taureau.
1 21 »
»
0 57 »
V
032 »
»
minuit.
V
11 37 soir.
J»
438 L'ASTRONOMIE.
Vesta continue sa marche rétrograde et se rapproche peu à peu des Hyades.
Le 7 décembre, Vesta est éloignée de 235 millions de kilomètres de la Terre et
de 380 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 27 Nov. : Ascension droite... 5''26". Déclinaison... 17'5i'N.
» 7 Dec. : » » 5 15 » 18 1 N.
Jupiter. — Jupiter continue son mouvement direct à travers la constellation
de la Vierge, dans le voisinage de Tétoile tj, au sud de laquelle il passera, le
9 décembre au matin. Les deux astres ne seront distants de 8' et pourront être
étudiés dans le même champ d'une lunette astronomique. Le 30 novembre, à
11*> du soir, occultation de la planète par la Lune.
Jours.
Lever.
Passage Méridien.
CoDsteilatloo.
18 Novembre
2»» 6-
matin.
8M3-
matin.
Vierge.
22 »
1 54
0
8 0
26 »
1 41
^
7 46
30 «
l 29
»
7 33
3 Décembre
1 18
»
7 22
7 n
1 5
»
7 8
11 »
0 53
»
6 55
15 »
0 39
»
6 40
Le !«' décembre, Jupiter a un diamètre de 32', 2; sa distance à la Terre est de
850 millions de kilomètres et au Soleil de 805 millions de kilomètres.
Saturne. — Saturne est visible pendant une grande partie de la soirée, dans
la constellation des Gémeaux, non loin des étoiles e et (jl. Le 24 novembre, à
11*» du soir, la planète sera visible à 3o59' au nord du disque de notre satellite.
Il faut continuer Tobservation des anneaux de Saturne, en se servant d'un gros-
sissement de moyenne puissance.
Jours.
17 Novembre
Lever.
6''48- soir.
Passage Méridien.
2'* 48- matin.
ConitellatloD
GÉMEAUX.
22 »
6 27
w
2 27
27 »
6 6
u
2 6
2 Décembre
5 43
»
1 45
7 »
5 23
»
1 24
12 »
5 2
»
1 3
Le 1«' décembre, Saturne a un diamètre de 18', 2; sa distance à la Terre est de
1205 millions de kilomètres et au Soleil de 1336 millions de kilomètres.
Uranus. — Uranus est aisé à découvrir à Tœil nu, dans le voisinage de
Jupiter, au sud et presque à égale distance des étoiles tj et y de la Vierge. Uranus
brille comme une étoile de 6« grandeur, à 3» en moyenne de y ©t t).
Joors.
Lever.
Pasiage Méridien.
GonsteUatioD
17 Novembre
2»'43-
matin.
8''38-
matin.
VlBRQE.
22 »
2 24
»
8 19
27 »
2 6
0
8 0
2 Décembre
1 47
»
7 41
7 »
1 26
»
7 22
12 »
1 10
»
7 3
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 439
La marche d'Uranus est directe. Le 1«' décembre, le diamètre de la planète est
de 4"; la distance à la Terre est de 2775 millions de kilomètres et au Soleil de
2711 millions de kilomètres.
Coordonnées au l*-" Décembre : Ascension droite 12''26*34'. Déclinaison 2*6' S.
Neptune. — Neptune continue son mouvement rétrograde dans la constella-
tioa du Taureau; cette planète est située entre les étoiles X Taureau et o Bélier,
presque à moitié chemin.
Jours. Lever. Passade Méridien. Constellation.
22 Novembre 3''54* soir. 11»' 20" soir. Taureau.
2 Décembre 3 13 » 10 39 » »
12 » 2 34 » 9 59 » »
Le l»' décembre, la distance de Neptune à la Terre est de 4273 millions de
kilomètres et au Soleil de 4413 millions de kilomètres.
Coordonnées au !•' Décembre : Ascension droite 3''27"20'. Déclinaison 16'59'N.
Étoiles filantes. — Dans les nuits des 27, 28 et 29 novembre, on remarque
un essaim de corpuscules lumineux qui est en connexion avec la comète Biéla-
Gambart et qui a donné lieu, en 1872, à un grand flux d'étoiles filantes. La ligne
qui renferme la région d'émanation est très irrégulière et le centre se trouve non
loin de la belle double y Andromède.
Dans les nuits du 6 au 13 décembre, on constate un autre courant d'étoiles
filantes généralement faible; mais ce phénomène présente néanmoins un intérêt
tout spécial : il y a eu dans le passé des pluies d'étoiles d'une intensité exception-
nelle. Il existe plusieurs points radiants dont les deux plus importants sont l'un
dans les Gémeaux, à Touest de Castor et l'autre dans la tête du Petit Lion, vers
la Grande Ourse.
Étoile variable. — Algol ou p Persée est l'une des étoiles variables les plus
rapides, les plus régulières et les plus facilement observables. Algol passe de la
2,2 grandeur à la 3,7 grandeur dans un temps très court. Cette espèce d'éclipsé
partielle ne dure que six minutes^ pendant lesquelles Algol se rapproche de la
4* grandeur. La diminution principale commence 1^26« avant l'instant que nous
donnons pour le minimum, lorsque l'étoile p est déjà descendue à la 3« grandeur;
Taugmentation la plus apparente se montre également lorsque l'étoile est revenue
au même degré d'éclat. Notre excellent confrère, M. Bruguière, a fait, dans la
soirée du 2 octobre dernier, une intéressante observation de l'un des minima
d' Algol.
14 Novembre... Diminution principale 7^58" soir. Minimum 9'' 24- soir.
17 9 — » V 4 47 » > 6 13 u
4 Décembre.... » » 9 41 » » 11 7 »
7 » .... » » 6 29 » » 7 55 )»
10 » .... » » 3 18 » » 4 44 »
Eugène Vimont.
440 LASTRONOMIE.
Occoltation d'Aldébaran, 22 novembre 1883. — Quatorze fois depuis la fin de
Tannëc 1884, le disque de la Lune est,i^nu se placer entre la Terre et Âldébaran.
produisant chaque fois pour certaines réprions terrestres, une occultation de cette
belle étoile. A chaque révolutijon sidérale de notre satellite^ le même phéno-
mène se reproduira jusqu'en 18.^8.
Pour la Terre entière, considérée comme un seul observatoire, les occultations
d'une morne étoile se produisent ainsi en séries qui n*ont rien de fortuit, leur
retour étant réglé sur le déplacement des nœuds de Torbite lunaire. Mais pour
un lieu déterminé de la planète, Paris par exemple, les conditions particulières
de longitude, de latitude et de parallaxe réduisent de beaucoup le nombre des
observations possibles d'un ]^hénomènc si fréquent.
L'occultation d*Aldébaran visible à Taris le 22 novembre 1885, sera observable
dans TEurope entière, dans le centre et le nord de l'Asie, et à l'extrémité N.-O.
de la côte africaine. La carte (fig, 100) de la page-313 peut donner une idée suffi-
samment exacte de la zone d'observations, en prenant sa ligne d'occultation
centrale pour limite sud de simple contact, et en reportant la limite nord
jusqu'au 80« parallèle de latitude.
La Lune et l'étoile passeront ensemble au méridien de tous les lieux situés
par 19043' Est de Paris ;— l'occultation sera presque centrale pour Paris. Berlin,
Kônigsberg.
Voici d'ailleurs les heures du commencement et de la Un du phénomène, calcu-
lées pour différents observatoires européens :
TEMPS DE GRBBNWICH. TEMPS LOCAL.
EntK'e. Sortie. Entrée. Sottie.
Greenwich 9^48- 10" 57» » »
Paris 9 48 10 59 g^S?- 11^8
Marseille 9 46 10 55 10 8 1117
Palerme 10 3 10 53 10 56 1146
Kônigsberg 10 16 11 27 11 38 12 49
Pouikova 10 30 11 37 12 31 13 38
A minuit, l'instant de la Pleine Lune sera passé depuis 14 heures environ, et
la libration aura pour valeurs moyennes :
En latitude 6-23' N-S. En longitude 3* 17' E-0.
Edouard Blot.
Correspondance : Nous avons reçu de nombreuses lettres approuvant ou combattant
rarticle de M. Rossi de Giustiniani, publié dans notre dernier numéro. Remerciements
à nos érudits correspondants.
ERRATA.
Page 360, ligne 11 en remontant, au lieu de 10^43* matin, mettre 10^43" soir.
Page 364» ligne 27, au lieu de 1^ grandeur, lire 7* grandeur.
Page 400, ligne 20 en descendant, au lieu de 6''53- matin et de 2*» 25- soir^ lire 6^53-
soir et 2'* 25" matin.
LIBRAIRIE GAUTHIER-VILLARS, QUAI DES AUGUSTINS, 55. PARIS. ,
Envoi franco dans tous les pays faisant partie de l'Union postale.
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tations, In 8, avec 246 figures dans le texte et 1 planche 12 fr.
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texte et 5 planches 8 fr.
AVERTISSEMENT DE LÊDITEUR
Ce livre, destiné aux élèves de la classe de Mathématiques spéciales, correspond exactement au
programme actuel d'admission à l'École Polytechnique. Il comprend quatre petits Traités dis-
tincts, extraits du grand Ouvrage de MM. Jamin et Bouty, mais rédigés spécialement, et des l'ori-
gine, en vue des élèves des lycées.
Ceux d'entre eux qui poursuivront l'étudo de la Physique, soit dans les grandes Ecoles de l¥M
soit dans les Facultés, pourront se procurer le reste du grand Ouvrage. Ils y trouveront, traitée^
avec tous les développements que comporte l'état actuel de la Science, les malièi^es correspondant
à l'enseignement supérieur de la Physique,
BICHAT, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, et BLONDLOT, Maître
de conférences à la Faculté des Sciences de Nancy. — Introduction à l'Étude
de rfilectricité statique. lu 8, avec 64 figures dans le texte; 1835 .... 4 fr.
PRÉFACE
Le présent Ouvrage traite, comme l'indique son titre, do rÉloctricilé en équilibre. Dans lapensco
des Auteurs, il est destiné à établir une transition entre renseignement élémentaire et l'étude
approfondie de la Science; il contient le développement des questions d'Électricité statique qui
peuvent être exigées des candidats à la licence es sciences physiques. Dans la partie ihéorique,
on a développé les calculs indispensables pour l'intelligence des phénomènes, en laissant de cô(é
les questions qui présentent un intérêt exclusivement mathématique. Dans la partie expérimen-
tale, on a donné la description des difl'érents appareils en s'altachant surtout aux organes essen-
tiels, de façon à en faire comprendre le fonctionnement, sans insister sur les détails de construc-
tion et de manipulation.
Il va sans dire qu'on a fait de nombreux emprunts aux Ouvrages spéciaux, entre autre? à cens
de C. Maxwell, de Sir W. Thomaon, de MM. Mascart et Joubert et de M. G. Wiodemann. A côté tle
ces emprunts, on trouvera un certain nombre de raisonnements et de démonstrations qui noui«
sont propres.
Nous espérons que ce petit livre pourra êlre utile aux personnes qui, possédant les premier»
éléments de la Physique, désirent, soit dans un but scientifique, soit dans un but tcchoiqu<^ ac-
quérir en Electricité des connaissances solidement établies.
Paris. — Imp. Gaulhier-Villars, 55, quai dos Grands-AagusUns.
DEC 191 ««3
4** Année.
N" 12.
. lilécembre 1885.
REVUE MENSUELLE
D'ASTRONOMIE POPULAIRE
DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE DU GLOBE,
HOfCtfAITT LB TABLEAU PSnJdANEIIT DEâ DËCpUVËHTBS ET DU flOelEâ BËALl^àÉB
DAZia LA COft NAISSANCE DK L'UITIVIRI
PUBLIÉE PAB
CAMILLE FLAMMARION,
JLVEC LE C&NCOUIiâ D£a
PRINCIPAUX ASTRONOMES FRANÇAIS ET ETRANGER3
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Pabis : 12 fr. — Départements : 13 fr, — ÊTBANi^ER 14 Ir.
Paix au Numéro : 1 f^« 20 c.
La Revue paraR Le f*"* ûû chaque Mois.
^PARIS.
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBIIAIRE
DE l'observatoire I*E PARIS,
1885
SOMMAIRE DU N» 12 (DÉCEMBRE 1885).
Remarquables protubérances solaires diamétralement opposées, par M.E. L Troc-
VELOT (3 figures). — L'écllpse totale de Soleil du 9 septembre 1886, (1 figure). -Pro-
tnbérance solaire remarquable, par M. A. Riccô. — L.*étoile double p du Cygne, on
Albireo, par M. Camille Flammarion. — L'ombre de Saturne sur ses anneanx, par
M. J. Lamps (1 figure). — Les problèmes actuels de 1* Astronomie, par M. C.-A. Yoonc.
— Les curiosités sidérales. Amas d*étolles du Grand Chien, par M. Léok Fexet
(l figure). — Curieux phénomène atmosphérique, par M. Hodgkinson (l figure). -La
trombe de rome, par M. Vimont (Ifigure). — NouveUes de la Science. Variétés : Occul-
taùon, par M. Ginieis (l figure). Les cadrans solaires hébraïques. Singulières prophéties astro-
nomiques. Un témoignage oculaire do 211* ans. Aspect des nuages. L*&me humaine. — Obser-
yations astronomiques, par M. £. Yimont(3 figures).
ARTICLES SOUS PRESSE
POUa PARAITRE DANS LES PROCHAINS NUMÉROS DE LA REVUE.
FLAMBSARION. — L'origine des constellations. — L'univers antérieur. — Exposé de
toutes les recherches relatives & la température intérieure du globe terrestre.
BERTHSLOT. — Sur les signes des métaux rapprochés des signes des planètes.
TOUNG. — Les problèmes actuels de l'Astronomie.
FENET. ^ Les curiosités sidérales vues dans les instruments moyens.
VIMONT. — Instructions pour l'usage des instruments.
DETAILLE. — L'Astronomie des anciens Egyptiens. — La périodicité des éléments
magnétiques.
G. HBRMITE. — Détermination du nombre des étoiles de la voie lactée.
LESPIAULT. — Démonstration élémentaire des lois de Newton.
GALLT. — Eclipses de Soleil et de Lune qui arriveront de l'an 1886 & l'an 2000.
G. TRAMBLAT. — Photographie lunaire dans les instruments de moyenne poii-
sance.
H. RAPIN. — > Le jour sidéral et la rotation de la Terre.
LEMSTRONB ET NORDENSKIŒBLD. — Les aurores boréales.
P. GÉRIGNT. — Réflexions sur la Philosophie des Sciences.
DE BOE. — La lumière.
ARGELANDER. — Méthode pour l'observation des étoUes variables.
jiCtudes sur la théorie des mirages, sur les anciens climats de l'histoire de la Terre, etc.
PRINCIPAUX ARTICLES PUBLIÉS DANS LA REVUE.
BERTRAND (J.), de l'Institut. —Le satelUte de Vénus.
DAUBRÂE, Directeur de l'Ecole des mines. -* Les pierres tombées du Ciel.
DENNING (A.), astronome è^ Bristol. — Observations télescopiques de Jupiter, de VèBos
de Mercure.
FATE, Président du Bureau des Longitudes. — Nouvelle théorie du SoleiL — Distrlbstion
des taches solaires. — Mouvements lents du sol en Suisse. — La formation du sys-
tème solaire.
FLAMMARION. — Les carrières astronomiques en France. — Conditions d'haMts-
bilitè de la planète Mars. — Constitution physique des comètes. — Une genèse dans
le Ciel. — Comment on mesure la distance du soleil. — Les étoiles, soleils de rinflni.-
D*où viennent les pierres qui tombent du Ciel? — Les étoiles doubles. — Chuta d*nn
corps au centre de la terre. — La conquête des airs et le centenaire de Moatgolfter. -.
Les grandes marées au Mont Saint-Michel. — Phénomènes météorologiques obser>
vés en ballon. — Une excursion météorologique sur la planète Mars. — Les flam-
mes du Soleil. — Les illuminations crépusculaires et le cataclysme de Krakatoa.-
La planète transneptunienne. — L'étoile du Berger. — L'histoire de la Terre, r- Les
victimes de la foudre. — Les conditions de la vie dans l'univers.
GÉRIGNT, astronome. — Comment la lune se meut dans Tespaoe. r- Ralentissement dn
mouvement de la Terre. — La formation du système solaire. -* Etudes sèlènographi*
ques. — L'équatorlal coudé de l'Observatoire de Paris. — L'héUomètre. — La nais-
sance de la Lune. — Les grands instruments de r Astronomie.
HENRY, de l'Observatoire de Paris. — Découvertes nouvelles sur Uranns. — La photo«
graphie céleste.
HBRSCHEL (A.-S.).— Chute d'un uranolithe en Angleterre.
JAMIN, de rinstitut. — Qu'est-ce que la rosée?
JANSSBNfde Tlnstitut, directeur de TObservatoire deMendon. — La photographie oélestê. -
Résultats de l'èclipse de Soleil du 6 Mai 1888.
MOUCHEZ (amiral), directeur de l'Observatoire de Paris. — Travaux actuels de l'Obsem-
toire de Paris.— L^Observatoire du Pic du Midi.— Création d'une succursale de l'Ob-
servatoire.
PARMENTIBR (général). — Distribution des petites planètes dans l'espace.
PBRROTIN, directeur de TObservatoire de Nice. — La comète de Pons. — La planète Urannt.
SCHIAPARELLI, directeur de l'Observatoire de Milan. — Les canaux de la planète Mars.
TROUVELOT, de l'Observatoire de Meudon. — La comète de Pons. — Ombres observéet
sur le Soleil. — La planète Mars en 1884.
Les communications relatives à ta rédaction doivent être adressées & M. C Flammarion, Dtrec*
teur de la Revue. 40, avenue de l'Observatoire, A Paris, ou à, l'Observatoire de Juviif
ou bien & M. G^rigny, Secrétaire de la Rédaction^ 9, rue d'Alençon,àPari8.
Le plan du Journal comporte une grande variété d'articles. Chaque Numéro con-
tient des descriptions de science populaire rédigées pour les lecteurs qui nefontpst
profession de science, pour les gens du monde en général; des études plus appro-
fondies destinées aux astronomes amateurs; et des recherches intéressant les
savants curieux de pénétrer de plus en plus les grands problèmes de la nature.
nECl91««'^
— L'ASTRONOMIE. - 441
REMARQUABLES PROTUBÉRANCES SOLAIRES
DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉES.
On sait que les protubérances solaires qui s'élèvent à 3' ou 4' de hauteur
Plff. 149.
ASPECT DU SOLEIL LE 26 JUIN 1885
Flammes anlipodiques de 460 000 kilomètres do hauteur.
au-dessus de la photosphère sont déjà très peu communes, et que celles qui
dépassent cette élévation ne s'observent que fort rarement et de loin en loin,
DÉCEMBRE 1885. **
U2 L'ASTttONOWlE.
après ries années d'intervalle. Aussi sont-elles pour cela même des phéno-
mènes très intéressants qui méritent dVître signalés.
Le 26 juin 1885, à 1*'25'", temps moyen de Paris, j'observai une de ces
protubérances remarquables qui était située à 59% sur le limbe oriental du
Soleil. Sa partie inférieure, qui était mince, peu brillante et uniquement
composée de fines lanières de feu, était fortement inclinée à la surface
solaire, et penchait vers son pôle nord {fuj. 150). A 3' de hauteur, cette raincç
colonne s'épanouissait subitement et devenait brillante et fort compUquée,
envoyant des branches entrelacées de toutes les façons, qui, en certains
endroits, occupaient 25** à 30* de la circonférence. La hauteur mesurée de
cet objet était de 10', 5, ou environ un tiers de diamètre solaire, mais il n'est
pas douteux qu'il était encore plus élevé, car sa partie supérieure, qui était
peu lumineuse, s'efïiiçait graduellement et devenait invisible, non parce
qu'elle se terminait là où l'œil cessait de la distinguer, mais bien parce
qu'elle était trop sombre pour être reconnue plus loin.
L'activité de cette protubérance était évidemment décroissante, car son
éclat diminuait si rapidement que, quinze minutes après cette première
observation, on n'en voyait plus que quelques parties qui étaient restées
lumineuses, et qui paraissaient isolées dans l'espace et comme suspendues
au-dessus du Soleil, à des hauteurs qui variaient entre 5' et 9'. Dix minutes
plus tard on n'en distinguait plus aucune trace. Bien qu'elle fût alors invi-
sible, il est évident, d'après la manière dont elle disparut, que cette protu-
bérance existait encore sous une forme plus ou moins modifiée; seulement,
ayant perdu une grande partie de sa lumière, elle était trop sombre pour
pouvoir être distinguée.
Sur le bord occidental du Soleil, à 239% c'est-à-dire en un point diamé-
tralement oppose au premier, on voyait une autre protubérance gigantesque
dont la hauteur était à peu près égale à celle de la première. Son aspect
était arboriformc, et de sa base, qui ressemblait à la racine d'un Pandanus,
s'élevait une colonne légèrement ondulée, de 5' de hauteur, perpendiculaire
à la surface, et se ramifiant en branches nombreuses qui diminuaient
d'éclat à mesure qu'elles s'élevaient, s'effaçant, et pour la plupart devenant
invisibles avant que Ton eût reconnu leur sommet (fig. 151).
Cette flamme était beaucoup plus active que sa compagne de l'antipode,
et variait saas cesse d'éclat et de forme. Parfois elle devenait éblouissante,
et alors elle déplaçait profondément les raies de l'hydrogène. Comme sa
compagne du limbe oriental, elle appartenait évidemment au type éruptif; seu-
lement, tandis que celle-ci était en pleine activité éruptive, celle de la pre-
mière commençait à décroître. Bien que ne correspondant pas exactement
sur le limbe avec des taches solaires, elle était cependant en rapport avec
REMARQUABLES PROTUBÉRANCES SOLAIRES.
443
elles, car elle s'élevait dans le voisinage d'un groupe de taches assez impor-
tant qui était alors situé sur le limbe. La protubérance du limbe oriental
ne correspondait probablement avec aucune tache, car la première fois que
je pus observer le Soleil, le surlendemain, 28 juin, je n'en découvris aucune;
mais je constatai l'existence d'un groupe important de facules qui occupait
l'endroit où j'avais observé cette protubérance.
Bien que la hauteur de 4G0 000 kilomètres, à laquelle s'élevaient ces protu-
Pig. 150.
Fig. 151.
Détail des deux protubérances de la fig. 149.
bérances, soit quelque chose de colossal, cependant ce n'est pas tant cette
hauteur qui en fait des objets remarquables, car on a déjà observé des pro-
tubérances solitaires qui étaient encore plus élevées que celles-ci. C'est
surtout parce qu'elles étaient deu-\ et qu'elles se sont montrées simultané-
ment sur des points diamétralement opposés du Soleil qu'elles acquièrent
une réelle importance, car elles semblent indiquer qu'une relation existait
entre elles. En elTet, étant connue l'extrême rareté des protubérances qui
atteignent d'aussi grandes hauteurs, il paraîf infiniment peu probable que
444 L'ASTRONOMIE.
la rencontre simultanée de deux éruptions aussi peu communes, sur des
points diamétralement opposés, soit fortuite, ou due à une simple coïnci-
dence. Il est plus vraisemblable dépenser qu'il existait entre elles une rela-
tion soit directe, soit indirecte, et qu'elles obéissaient à une même cause.
On savait déjà que les grandes protubérances se montrent assez fré-
quemment aux extrémités d'un même diamètre, et l'on soupçonnait môme
qu'il existait entre elles une relation; mais, comme ces objets occupent
souvent une étendue en longitude assez considérable sur le Soleil, il deve-
nait difficile de reconnaître si leur rencontre en des points diamétralement
opposés étaient de simples coïncidences, ou bien si elles étaient en relation
et obéissaient à une même cause. L'observation du 26 juin semble être en
faveur de la dernière supposition.
Déjà, le 22 novembre 1884, j'avais observé un phénomène à peu près sem-
blable. A 2** 40™, on voyait une protubérance remarquable située à 247% dont
la hauteur était de 8^ Sur le point diamétralement opposé, il n'y avait rien
qu'une petite protubérance de 45" de hauteur. Le ciel s'étant rapidement
couvert, je ne pus continuer mon observation qu'à 2** 15" après midi. Alors,
la grande protubérance s'était abaissée de plus d'une minute d'arc, tandis
que son antipode s'était élevée de 3' environ.
Le 16 août 1885, à 9''25'°, on voyait, à 90**, une protubérance très bril-
lante, dont le sommet atteignait 4' d'élévation (*). Cet objet qui était fort
tranquille devint éclatant, quand en même temps il s'éleva rapidement au-
dessus de la chromosphère. Sa hauteur qui, à lO^'SO'", était de 4'51', attei-
gnait 9' 27" à 11'» 20". A mesure que cette protubérance s'élevait, elle devenait
de moins en moins lumineuse, et à 11''22™ elle était éteinte et complètement
invisible. Son mouvement était assez compliqué et, outre le mouvement
perpendiculaire qui l'élevait au-dessus de la surface de l'astre, son sommet
était aussi transporté du Nord au Sud vers l'équateur solaire, tandis que ce
même sommet s'avançait encore vers l'observateur avec une vitesse de près
de 200 kilomètres par seconde. Cette éruption remarquable n'avait aucune
antipode symétrique comme le 26 juin, néanmoins elle était diamétralement
opposée à une région solaire en grande activité et correspondait avec une
grande tache solaire qui venait de traverser le limbe.
Enfin, le 27 septembre 1885, à 21'', on voyait deux petites protubérances
très brillantes et appartenant au type éruptif, qui déplaçaient les raies de
Thydrogène l'une vers le côté le plus réfrangible, et l'autre vers le côté le
moins réfrangible du spectre, indiquant par conséquent des mouvements
en sens opposés. Ces protubérances, situées sur des points diamétralement
(') Vuir Comptes rendus, Tome CI, page 475.
L'ÉOIPSE TOTALE DE SOLEIL DU 9 SEPTEMBRE 1885.
445
opposés, nous montrent un autre cas de perturbations et de jets éruptifs
se produisant simultanément sur des régions antipodes de la surface solaire.
Observatoire de Meudon. E.-L. TrOUVELOT.
L'ÉCUPSE TOTALE DE SOLEIL DU 9 SEPTEMBRE 1885.
Nous avons Q.nnoncé{ l'Astronomie, 1885, p. 12 et 315), qu'uneéclipse totale
de Soleil, invisible en France, devait avoir lieu dans la nuit du 8 au 9
septembre dernier. On l'a observée dans quelques îles de l'Océan Pacifique,
Fig. 152. — Aspect du Soleil pendant l'éclipsé totale du 9 septembre 1885.
notamment de Nelson (Nouvelle-Zélande) où la photographie reproduite ici
a été prise. Ce qu'il y a de plus remarquable dans l'atmosphère solaire ainsi
rendue visible par Féclipse, c'est certainement la position des deux éruptions
diamétralement opposées que Ton voit sur le dessin. La coïncidence entre
cette observation et celle de M. Trouvelot est digne d'attention, quoiqu'elle
n'appartienne pas à la même date. Elle nous invite à penser que ces jets de
flanmie produits aux deux extrémités d'un même diamètre solaire ne le sont
pas fortuitement et qu'une cause générale (électrique peut-être?) est en jeu
dans ces manifestations de l'activité solaire.
!•>•
446 L'ASTRONOMIE.
PROTUBÉRANCE SOLAIRE REMARQUABLE.
J'ai observé, à Païenne, du 16 au 19 septembre 1885, une belle protubérance
solaire, remarquable non seulement par la grandeui* de ses dimensions, mais
aussi par l'étrangeté de sa forme et surtout par la rapidité de sa disparition.
Tout à fait invisible le 15 septembre, elle apparut le 16 à 9*^15'" du matin au
bord ouest, entre les latitudes -h 17** et ■+- 40*, très étendue dans le sens lon-
gitudinal, mais ne s*élevant qu'à la hauteur deSS'^. Le 17, à lO**, elle atteignait
la hauteur de r42" = | du rayon solaire, et sa forme était déjà très compli-
quée. Le 18, elle se montre encore plus brillante, plus étrange et plus haute,
mesurant jusqu'à 2'8''. Le 19, à 9*» 48™ elle est tout à fait changée, moins éten-
due, mais plus haute encore. Elle ne se relie à la chromosphère que par une
sorte de tronc lumineux ou plutôt par les racines qui s'en détachent; mais
pendant que je cherche à la mesurer, je m'aperçois qu'elle subit des modifi-
cations si rapides qu'il m'est impossible de les suivre. La hauteur diminue
très vite et se réduit, à 10''4™, à l'47''; à 10*'9'", le tronc est divisé en segments
irréguliers; la hauteur n'est plus que de r26''. A 10*» 23"*, la protubérance est
décomposée en trois fragments dont le plus élevé n'arrive qu'à T 15'. A 10" 32",
il n'y a plus que deux langues faibles; et enfin à 10''35™, tout a disparu (*).
Pour analyser les variations irrégulières de ce phénomène, il ne faut pas
perdre de vue que nous n'observons que la partie des protubérances qui
se projette en dehors du disque solaire. Nous ignorons si les protubérances
observées sont simples, ou si elles résultent de la superposition de plusieurs
manifestations semblables s'élevant de différents points de la surface solaire.
Nous ne savons pas si elles sont suspendues dans l'atmosphère solaire, ou si
leur union avec la chromosphère est seulement apparente et due à ce que le
contour du disque solaire se projette devant ou derrière. Enfin la rotation
diurne du Soleil ne produit que de très petits changements de perspective
dans les parties des protubérances voisines du plan du bord solaire, tandis
qu'elle en produit de très sensibles dans les parties éloignées de ce plan. Mais
les changements d'aspect dans un court intervalle de temps, en une heure, par
exemple, ne sauraient être attribués à des variations de perspective et résultent
de modifications réellement subies par la protubérance elle-même.
Il y a donc lieu de supposer que le 16 on ne voyait que les cimes les plus
( * ) Voici, à propos de cette remarquable protubérance, un exemple de ces étranges
coïncidences qui, parfois, frappent vivement Timagination. Les nombres de décès par le
choléra à Palerme ontété, le 15 septembre, 5; le 16, 21; le 17, 71; le 18, 163; le 19, 189;
maximum suivi d'une décroissance rapide, de sorte que l'apparition, raccroissemenl, le
maximum de hauteur et la disparition de la grande protubérance ont coïncidé avec le
développement, le maximum et rafTaiblissement de l'épidémie !
L^ÉTOILE DOUBLE p DU CYGNE, OU ALBIREO. 447
élevées de la protubérance, dont la hauteur paraissait s'accroître à mesure
que la rotation du Soleil l'amenait plus près du bord occidental. Mais à partir
du 19 les changements deviennent si rapides, la disparition est si brusque,
qu'on est bien obligé d'admettre que la protubérance s'est réellement affais-
sée dans l'espace d'une vingtaine de minutes^ et cependant sa hauteur était
presque le septième du rayon solaire; soit environ 100 000*'" au-dessus de
la chromosphère: il aurait fallu huit globes terrestres empilés pour atteindre
cette prodigieuse élévation. Cette masse énorme de gaz enflammés s'est éva-
nouie, s'est éteinte en quelques minutes sous nos yeux !
Il est remarquable qu'aucune tache n'ait été observée dans la région solaire
située au-dessous de cette protubérance. On n'y a vu qu'un groupe de facules
dont l'éclat n'avait rien d'extraordinaire.
Observatoire de Palerme. A. RiCCÔ.
«
Taches du Soleil en 1885. — Nous avons reçu de plusieurs correspondants et
collaborateurs de V Astronomie de remarquables dessins des grandes taches
récemment parues à la surface du Soleil (et dont quelques-unes étaient assez
vastes pour être visibles à Toeil nu) ainsi que d'importantes statistiques sur les
fluctuations de l'activité solaire en 1885. L'abondance des matières nous a em-
pêché jusqu'ici de publier ces documents si intéressants. Mais ils le seront inces-
samment.
L'ÉTOEE DOUBLE Ç> DU CYGNE, OU ALBIREO.
Cette étoile double est l'une des plus belles du ciel, et en même temps l'une
des plus faciles à observer. Ses deux composantes sont de 3® et de 6* gran-
deurs, et écartées à 34'',3 l'une de l'autre. Une petite lunette de oO™"* d'ob-
jectif suffit pour opérer le dédoublement et pour apprécier la riche coloration
de ce couple céleste ; l'étoile la plus brillante est jaune d'or^ la seconde est
d'un beau bleu saphir. — Cette belle étoile est à l'extrémité sud-ouest de la
constellation (voy. VAstronomie, 1883, fig. 80, p. 217).
M. Bail vient de déterminer la parallaxe de cette étoile à l'Observatoire
Dunsink de Dublin, et a trouvé pour cette valeur le chiffre
K = 0',482 ± 0',054.
Cette valeur correspond à la disUççe 428 000, la distance moyenne de la
Terre au Soleil étant prise pour unité. C'est-à-dire que ce couple céleste gît
dans l'espace à 15 trillions 836 milliards de lieues d'ici. En raison de
75 000 lieues par seconde, la lumière emploie 211 146 600 secondes pour venir
de là, c'est-à-dire 2 444 jours, ou 6 ans et 253 jours.
A cette distance-là, le demi-diamètre de l'orbite terrestre, vu de face, se
448 L'ASTRONOMIE.
réduit à un trait presque imperceptible, de 0*^,482 ou de moins d'une demi-
seconde d'arc de longueur. Mais les deux étoiles qui composent ce système
sont à 34*^,3 Tune de Tautre, Cet écartement, en supposant même qu'il soit
justement vu de face, ce qui est peu probable, correspond à 71 fois la valeur
précédente, à 71 fois 37 millions de lieues, ou a 2 627 millions de lieues. Telle
est donc, au minimum, la distance qui sépai'e l'un de l'autre les deux soleils
composant ce système de la constellation du Cygne.
Cette distance surpasse de 400 millions de lieues le diamètre entier de notre
système solaire, actuellement connu, le diamètre entier de l'orbile de
Neptune.
Les deux étoiles de ce couple sont emportées dans l'espace par un mouve-
ment propre commun. Mais elles ne tournent pas l'une autour de l'autre. Du
moins leur position respective n'a-t-elle pas sensiblement varié depuis la
première mesure qui en a été faite, il y a plus d'un siècle, par.Bradley,
en 1755. — Voici les principales mesures que nous avons pu recueillir en
diverses publications :
1755 57* ,6 34%20 Bradley.
1782 54,9 34,83 Herschel.
1800 54 ,5 34 ,28 Piazzi.
1822 54,7 34,38 South.
1830 55 ,5 34 ,51 Dawes.
1832 55,7 3i,29 W. Struve.
1837 55,0 34,4 Am. Smith.
1850 56 ,4 34 ,45 Fletcher.
1862 55,5 34,20 P. Smyth.
1869 55 ,7 34 ,48 Dembowski.
1877 55 ,8 34 ,30 Flammarion.
1879 55 ,9 34 ,84 Jedrzejewicz.
1881 55,9 34,34 Franz.
Il n'y a pas de variation sensible. L'angle de position est de 56' environ et
la distance de 34'',3, à un ou deux dixièmes de seconde près. La précession fait
lentement varier l'angle sans changer la distance; mais cette variation même
est très faible. i
La vitesse de révolution des corps célestes est réglée par leurs masses.
Supposons que celte étoile double pèse autant que notre soleil, ni plus ni
moins. Comme Técartement des deux composantes surpasse de plus du double
(de 2,36) la distance de Neptune au Soleil, la formule du calcul donne, en
prenant pour unité la révolution et la dislance de Neptune :
a; = V' 13,1442 ==3,63.
Comme la révolution de Neptune est de 164 ans 281 jours, ou 163",769t
la révolution de ce double système serait donc de 598 ans.
Nous pouvons donc en conclure que ce double soleil pèse beaucoup moins
L OMBRE DE SATURNE SUR SES ANNEAUX. 449
que celui qui nous éclaire, puisque, loin d'opérer sa révolution en 600 ans
environ, il gravite si lentement qu'il emploie certainement plusieurs milliers
d'années. Cette conclusion est d'autant plus certaine que, selon toute proba-
bilité, nous ne voyons pas de face la ligne qui joint les deux étoiles.
La coloration de ces deux soleils est remarquablement belle, comme celle
d'un grand nombre de couples fixes, chacun d'eux (voy. Les Étoiles, p. 198)
offre un spectre spécial prouvant une constitution différente. C. F.
L'OMBRE DE SATURNE SIR SES AKNEAUX.
La large ouverture de Tanneau a donné, l'hiver dernier, à Saturne, un aspect
des plus intéressants, tout en offrant une excellente occasion d'étudier avec
succès aussi bien les proportions de l'anneau que celles du globe. Ajoutons
Fig. 153.
Saturna et ses anneaux, observés le 21 janvier 1885
que les conditions atmosphériques ont été des plus favorables pendant plu-
sieurs soirées, notamment le 21 janvier de cette année, qui est la date à
laquelle nous avons pris le dessin ci-joint.
Voici l'explication de ce dessin :
Relativement au système annulaire, c'est l'anneau le plus éloigné qui
présente une nuance assez sombre gris mat. On n'a jamais aperçu la sépara-
tion d'Enke, tandis qu'on pouvait suivre tout autour de l'anneau celle de
Cassini, qui n'a cessé d'être visible en haut et en bas que quand l'état de l'at-
mosphère était tout à fait défavorable. Elle est entièrement noire dans toutes
ses parties et se détache môme très bien au passage devant le globe, bien que,
450 l/ASTRONOMIE.
dans cet endroit, elle soit très étroite. L'anneau intérieur reflète une lumière
jaune blanchâtre bien claire et ne présente, sur toute sa surface aucune bande
ou traits obscurs. L'anneau sombre que Ton appelle Vanneau de crép« est bien
visible et se détache distinctement sur le fond noir du ciel, en se distinguant
de l'anneau intérieur, bien qu'ici la ligne de séparation paraisse moins
prononcée. En observant le globe, on aperçoit d'abord la bande équatoriale
blanche qui, en clarté, n'est dépassée que par l'anneau intérieur et égale à
peu près celui-ci en largeur tel qu'il apparaît sur les anses. Sur cette rone
claire passe une étroite bande obscure qui, vers le Sud, se joint à une zone
plus large et moins obscure, pendant que, du pôle sud, descend une calotte
gris sombre qui, surtout sur le bord du globe, présente une nuance très
foncée. Pendant quelques soirées, où l'atmosphère était justement très favo-
rable, l'étroite bande équatoriale présentait une coloration faiblement rou-
geâtre. D'autres observateurs lui contestent cette couleur ; mais je crois l'avoir
observée assez distinctement et l'avoir constatée si souvent qu'il est impossible
que je ne puisse me former une opinion précise sur ce point. L'ombre portée
sur l'anneau par le globe est d'un noir foncé et affecte la forme d'un cône
raccourci qui déborde très peu sur le devant, mais d'autant plus du côté opposé.
Absence complète de point de départ pour la fixation de la durée de rotation;
les contours saillants des bandes ainsi que la graduation des lueurs de chacune
des parties s'écoulant peu à peu, rendent cette fixation impossible pour le
moment.
Le dessin laisse à désirer dans quelques endroits. La zone polaire du Nord
devrait être tenue un peu plus foncée et l'étroite bande noire foncée, qui la
touche, un peu plus claire. Il manque à la calotte polaire la continuation
non interrompue et la dégradation de ton vers l'Equateur. Enfin on a donné
une trop grande extension à l'ombre du côté de l'Est (gauche).
Observaloire de Bothkamp. . J. LaMPS.
LES PROBLÈMES ACTUELS DE L'ASTRONOMIE.
Le navigateur qui parcourt la mer intérieure du Japon voit constamment surgir
devant lui de nouvelles îles et de nouvelles montagnes de ce pays enchanteur.
Quelques-unes paraissent tout à coup en arrière des rochers ou des îlots qui déro-
baient leurs grandes lignes ; d'autres sont voilées par des nuages qui ne laissent
rien entrevoir de leurs formes jusqu'au moment où la brise entraîne ce rideau.
La plus grande partie, semblables à des points minuscules qui se détachent sur
rhorizon, n'atteignent que fort lentement leurs vraies dimensions. Même avant
d'arriver en vue, elles révèlent quelquefois leur présence par de légers mouvements
LES PROBLÈMES ACTUELS DE L'ASTRONOMIE. 451
dans le ciel et dans Fair, signes tellement subtils que Toeil exercé de Thafoile
marin peut seul les découvrir.
De mémeaussi^ lorsque nous examinons l'avenir de la science, nous apercevons
de nouveaux problèmes et de grands sujets d'études. Quelques-uns sont fort nets
et tout indiqués : ils peuvent être traités immédiatement, sans exiger de nou-
veaux progrès; d'autres sont moins intéressants, et quelques-uns, encore à
l'état de simples hypothèses^ sont trop vagues et indéfinis pour une étude
sérieuse.
Je me propose de considérer quelques-uns des problèmes actuels de l'astrono-
mie, les plus pressants, dont la solution semble nécessaire au progrès et ceux
aussi qui paraissent intéressants en eux-mêmes ou probablement très féconds au
point de vue philosophique.
Prenant d'abord les questions qui nous touchent de plus près, nous avons les
problèmes relatifs aux dimensions et à la figure de la Terre, à l'uniformité de son
mouvement diurne, à la fixité de ses pôles et de son axe de rotation.
I.
D'après les idées généralement reçues, nous connaissons les dimensions de la
Terre avec une exactitude suffisante pour les besoins de l'astronomie. Telle était
mon opinion, il n'y a pas encore bien longtemps, et j'ai été un peu étonné lorsque
le surintendant de notre Nautical Almanac me dit que l'incertitude actuelle est
encore suffisante pour produire des embarras sérieux dans la réduction et dans
la comparaison de certaines observations de la Lune. La longueur de la ligne qui
joint l'observatoire naval de Washington à l'observatoire royal du cap de Bonne-
Espérance est incertaine, non à quelques centaines de pieds, comme on le sup-
pose, mais peut-être à quelque mille pieds, elle est probablement de plus d'un
mille (1609 mètres), et au moins égale à la dix millième partie de la distance. De
plus^ la direction de cette ligne est entachée de la même incertitude. Il va sans
dire que les portions d'un même continent, reliées entre elles par un réseau géo-
désique, ont des positions bien mieux définies. Au fur et à mesure des triangula-
tions effectuées, la forme et les dimensions de chaque portion de continent seront
de mieux en mieux déterminées; mais, dans l'état actuel de la science, nous
n'avons pas de moyens satisfaisants pour obtenir la précision désirable dans les
positions relatives des lieux séparés par des océans, la triangulation étant impos-
sible. Les déterminations astronomiques de la latitude et de la longitude n'attei-
gnent pas ce but.
Il est bien évident que, si la Terre était un sphéroïde de révolution, s'il n'y avait
pas d'attractions irrégulières des montagnes et des vallées, une densité variable
avec les différentes couches du sol, la difficulté serait aisément surmontée. Mais,
actuellement, nous n'obtiendrons rien de plus précis sans une triangulation com-
plète de la Terre entière, sans un réseau géodësique embrassant l'Asie, l'Afrique,
l'Europe et passant en Amérique par la Sibérie et le détroit de Behring.
Théoriquement il est possible et bien concevable que le problème puisse être
452 L'ASTRONOMIB.
un jour renversé et que la géodésie soit redevable de ses données les plus pré-
cises aux observations du mouvement de la Lune. Quand les positions relatives de
deux ou plusieurs observatoires éloignés aurant été bien déterminées par la trian-
gulation (Greenwich, Madras et le cap de Bonne- Espérance par exemple) et qu'on
aura obtenu par des méthodes perfectionnées et des observations faites en ces
stations fondamentales la position de la Lune et son mouvement relatif, avec une
précision qui surpasse tout ce que nous pouvons atteindre aujourd'hui, on pourra
aussi théoriquement fixer la position d^une autre station par des observations
semblables effectuées simultanément; grâce à la Lune, on pourra traverser l'océan
et rattacher sûrement les nouvelles stations aux repères primitifs. Dans l'état
actuel de l'astronomie d'observation, on ne peut employer aucune méthode qui
donne des résultats bien certains ; mais avant la jonction de l'Amérique à l'Europe
par le détroit de Behring, l'exactitude des observations de la Lune ne sera guère
augmentée.
H.
Une autre question plus grave et plus importante se pose à Tastrononome : la
rotation de la Terre autour de son axe est-elle uniforme? et, si elle ne l'est pas,
dans quelles limites varie-t-elle? C'est qu'en effet la durée de cette rotation nous
fournit une mesure fondamentale, celle de l'unité de temps.
Jusqu'à présent, il n'y a pas lieu de supposer que la variation de cette unité
atteigne une valeur appréciable avec les moyens d'observation dont nous dispo-
sons. Cependant on soupçonne depuis longtemps que les changements de forme
et de dimensions de notre globe doivent modifier la durée du jour. Le déplace-
ment du sol ou des différentes couches terrestres par les tremblements de terre,
par l'élévation graduelle ou les dépôts dus à Faction des fleuves, des rivières et
des courants marins, l'accumulation ou la disparition des glaces dans les régions
polaires ou sur la cime des montagnes, telles sont les causes qui doivent produire
des effets sensibles. Nous devons même ajouter l'action des marées et des vents
alizés. Mais toutes ces modifications sont tellement faibles ou se compensent si
bien que le résultat final est inappréciable, ou du moins n'a pu encore être déter-
miné.
Certaines irrégularités encore inexpliquées dans le mouvement de la Lune nous
ont fait soupçonner une variation sensible dans la durée de la rotation de la
Terre. De tous les corps célestes, la Lune est celui qui se déplace, dans le ciel,
avec la plus grande rapidité. Son mouvement est tel qu'une petite erreur d'une
ou deux secondes dans le moment de l'observation amène des différences sen-
sibles dans la position observée. Une erreur d'une seconde de temps produisant
un écart d'une demi-seconde dans la position conclue, cette quantité, toute
minime qu'elle est, se trouve cependant mesurée avec la plus grande facilité.
Aucun autre corps céleste ne possède un mouvement apparent aussi considérable,
à l'exception toutefois du satellite intérieur de Mars, astéroïde si faible que Tob-
servation exacte est à la seule portée des plus grands instruments, et encore
quand la planète est tout près de la Terre.
LES PROBLÈMES ACTUELS DE L'ASTRONOMIE. 453
Depuis quelque temps, cependant, les mouvements de la Lune ont été étudiés
avec le plus grand soin, non seulement au point de vue théorique, mais encore à
Taide des observations et des instruments les plus parfaits. En dépit de tout, il
existe encore quelques irrégularités qui échappent aux plus minutieuses recher-
ches. Nous sommes donc conduits à admettre Tune des trois hypothèses suivantes :
ou bien la théorie mathématique actuelle de la Lune est incomplète et ne peut
représenter exactement les attractions du Soleil, de la Terre et des autres astres
connus; ou encore une force inconnue, autre que l'attraction universelle, fait
sentir ses effets; ou enfin le mouvement de rotation de notre Terre, plus ou moins
irrégulier, dérange tous les calculs et confond toutes les prévisions.
Si la dernière est réellement la vraie, c'est un fait très regrettable, qui limite
nécessairement l'exactitude de toutes les prédictions, à moins qu'on ne trouve
d'autres mesures de temps invariables et convenables pour remplacer le jour et
la seconde.
La question qui se présente à l'esprit est celle-ci : Comment peut-on vérifier
rinvariabilité de la durée du jour? A la vérité, les mouvements de la Lune
laissent matière à soupçon, mais rien de plus, puisqu'il est au moins aussi
probable que la théorie mathématique est légèrement inexacte ou incomplète,
que le jour est sensiblement variable.
Jusqu'à présent, les témoignages les plus marquants sont les passages de. Mer-
cure sur le Soleil et les éclipses des satellites de Jupiter. En somme, le résultat
des recherches laborieuses du professeur Newcomb et de ses discussions de tous
les passages, de toutes les éclipses bien observées et des occultations des étoiles,
tend plutôt à établir la durée sensiblement constante du jour et à considérer
comme une chose à peu près certaine (je cite ses propres paroles) que les a iné-
galités du mouvement de la Lune non expliquées par la théorie de la gravitation
existent réellement, et de telle sorte que son moyen mouvement de 1800 à 1875
était réellement moindre (c'est-à-dire plus lent) qu'entre 1720 et 1800 ». Jusqu'à
ces derniers temps, les observations des satellites de Jupiter n'ont pas été faites
avec une assez grande exactitude pour que l'on puisse les consulter avec fruit
dans la solution d'une question aussi épineuse. Mais à présent, elles sont l'objet
des plus grands soins à Cambridge (Etats-Unis) et ailleurs; aussi les nouvelles
méthodes d'observation promettent-elles une précision de beaucoup supérieure à
tout ce qui a été obtenu jusqu'ici. Évidemment on ne doit pas attendre la solution
rapide d'un problème aussi ardu. Une étude du satellite de Neptune, seul et fort
éloigné, exempt par suite de toutes ces perturbations, fournirait peut-être des
données utiles.
IIL
Un autre problème d'astronomie terrestre est relatif à la fixité de la position
de Taxe de notre globe. De même que les déplacements de la matière sur la sur*
face ou à l'intérieur de notre sphéroïde doivent amener des changements dans la
durée de sa rotation, de même aussi ils produisent de légères variations dans les
12'*
454 L'ASTRONOMIE.
positions de Paxeet des pôles, variations assurément très faibles. On doit cepen-
dant se demander s'ils sont assez minimes pour échapper à nos investigations.
Il est facile de voir que les déplacements de Taxe terrestre seront indiqués par
les variations des latitudes de nos observatoires. Si, par exemple, le pôle se
transporte d'une centaine de pieds vers l'Europe, les latitudes des observatoires
européens augmenteront d'une seconde environ, tandis qu'en Asie et en Amérique
les effets seront très faibles.
L'évidence expérimentale du déplacement du pôle, qui est cependant loin d'at-
teindre une valeur marquée, est une conséquence des résultats obtenus par
Nyren, en comparant les déterminations de la latitude de Poulkowa, effectuées
à Faide du grand cercle vertical pendant les trente-cinq dernières années. Elles
semblent démontrer une diminution lente et continue de la latitude de cet obser-
vatoire, s'élevant à une seconde environ par siècle, comme si le pôle nord s'éloi-
gnait de Poulkowa d'environ un pied (0">,30) chaque année.
Les observations de Greenwich et de Paris ne démontrent pas ce fait ; mais
elles ne sont pas concluantes, à cause de leur faible différence de longitude. La
question est certainement douteuse, mais elle est d'une telle importance qu'à la
réunion de l'Association géodésique internationale tenue à Rome l'année der-
nière, on a adopté un programme d'observations organisées à ce sujet. Le plan
de M. Pergola, qui avait présenté cette motion, est de choisir des couples de
stations, ayant à peu près la même latitude, mais différant beaucoup en longitude,
et de déterminer les différences de leurs latitudes par les observations des mêmes
groupes d'étoiles, faites de la même manière avec des instruments semblables,
et déduites au moyen de méthodes et de formules identiques. Autant que pos-
sible, les mêmes astronomes poursuivraient ces recherches pendant plusieurs
années et changeraient de stations, afin d'éliminer les erreurs dues à leurs équa-
tions personnelles. La principale difficulté du problème consiste surtout dans la
faible valeur de la quantité cherchée, et il n'y a de chance de succès qu'en
employant une attention extrême dans toutes les opérations.
D'autres problèmes, relatifs à la rigidité de la terre, à sa constitution et à sa
température intérieure, offrent aussi des rapports avec l'astronomie et peuvent être
étudiés en donnant une certaine extension aux méthodes et aux considérations
astronomiques; mais ils sont en quelque sorte sur les confins de notre science,
et le temps ne nous permet que de les citer pour mémoire.
Observatoire de Princeton (Elats-Unis). C.-A. YoUNd (M-
(A suivre,)
LES CURIOSITÉS SIDÉRALES.
AMAS D^iTOILES, M. 41, DU GRAND CHIEN.
Ayant pour but d'exposer ici les principales merveilles du ciel sidéral, nous
avons rintention de donner, pour chaque mois, le dessin d'un amas stellaire
' (') D'après la traduction de la Revue sciejitifique.
LES CURIOSITÉS SIDÉRALES. 455
ou globulaire, ou d'une nébuleuse remarquable classée parmi les objets les plus
curieux du Firmament.
Nous ne reproduirons ici que les groupes d'étoiles qui se décomposent facile-
ment dans une lunette astronomique de 0", 095 d'ouverture; néanmoins tous ces
x\mas sont visibles plus ou moins nettement avec un instrument inférieur de
0°», 075 ou 0™, 050 seulement. Quelques-uns d'entre eux, surtout parmi les plus
brillants, peuvent être aperçus aux jumelles.
Il n'est pas nécessaire de posséder un équatorial pour la recherche de ces
magnifiques créations. Au moyen des alignements célestes appropriés à la
connaissance suffisante des quatre premières grandeurs des étoiles, il sera
Fig. 154.
N
L'amas d'étoiles du Grand Chien.
facile de trouver^ en peu de minutes, tel amas ou telle nébuleuse appartenant à la
catégorie des astres visibles, avec une lunette ou un télescope de moyenne force.
Nous décrirons ici ce que nous avons examiné personnellement, et ce n'est que
par exception que nous ajouterons quelques particularités observées par les
astronomes célèbres, notre but étant d'être utile aux commençants et aux obser-
vateurs munis d'instruments de moyenne puisssance.
Parmi les beaux amas parfaitement décomposables en étoiles distinctes, il en
est un, que l'on distingue comme une tache lumineuse dans une simple jumelle
de théâtre, et qui est situé dans la constellation du Grand Chien, à 4° environ au
sud de Sirius.
Les époques favorables pour l'observer facilement coïncident naturellement
avec la visibilité de la plus belle étoile du ciel, c'est-à-dire avec l'hiver : après
minuit en novembre et décembre, à minuit pendant le mois de janvier, et pendant
toute la soirée en février et mars.
Sa position sur la sphère céleste est de 6^ 41"» en a, et de — 20° 37' en 00.
456 L'ASTRONOMIE.
Voici sa description abrégée (en langage symbolique) extraite des ouvrages de
William et John Herschel.
< No 1454, du grand Catalogue général des nébuleuses et amas d'étoiles, inséré
dans les Transactions philosophiques pour 1864.
« N<» 411, du Catalogue des transactions philosophiques pour 1833.
< Catalogué sous le no 41 par Messier.
« Un bel amas remarquable! e B = excessivement brillant; t G = très grand;
n R î = notablement riche ; p C = peu condensé ; formé d'étoiles de 8« à 11« gran-
deur. 8 = diamètre de 20' à 25' en moyenne. »
Il suffit de l'examiner avec un grossissement d'environ 85 fois, pour se rendre
compte de cette merveille sidérale. Dans un espace de près de 25' en diamètre,
(environ les trois quarts de la Lune) l'œil peut apercevoir les 92 étoiles repré-
sentées sur le dessin ci-contre, avec leurs positions et leurs grosseurs relatives
et comprenant plusieurs séries d'éclats de la 8» à la 11« grandeur.
Dans la partie nord (image renversée) on remarque un beau petit losange
formé par quatre étoiles principales dont une double de 8* et 9^ grandeur placée sur
le petit axe. A côté, en se dirigeant vers le centre de Tamas, existe un charmant
petit couple d'étoiles de 9® à 10® grandeur. Vers le milieu du groupe, une étoile
un peu rougeâtre de 7« et 8« grandeur semble briller un peu plus que les autres.
Toutes les grosseurs paraissent mélangées et leur arrangement semble produire
plusieurs courbures divergentes ayant un aspect ramifié. Enfin, la partie centrale,
plus brillante que les bords, offre à la vue un premier indice de concentration.
Une opinion personnelle, que j'indique ici avec toute la réserve due à un
pareil projet et sans pouvoir actuellement me prononcer définitivement, c'est qu'il
m'a semblé que certaines étoiles, parmi les principales, ont, depuis une dizaine
d'années, changé légèrement d'éclat.
Il n'est pas de spectacle comparable à l'examen de ces opulentes associations
de soleils. Si l'on songe à leurs grandeurs et surtout à leur éloignement indivi-
duel, on ne peut qu'être effrayé de la durée du trajet que la lumière a dû em-
ployer pour franchir l'insondable intervalle qui nous en sépare.
En effet, on peut se représenter la distance et les dimensions de ce groupe,
relégué certainement dans les abîmes constellés de notre immense Voie Lactée,
en prenant pour base l'échelle des profondeurs ^tellaires établie d'après lesrésul*
tats des jauges célestes.
Voici les chiffres quelque peu problématiques, mais fondés sur des données
moyennes acceptables : en tous cas, ils ne donneraient qu'un minimum.
Distance à la Terre = 2 058 000 000 000 000 lieues.
Diamètre de l'Amas = 15 000 000 000 000 —
Trajet de sa Lumière = 857 années.
En prenant pour base.
!• La distance d'Arcturus à la Terre 60 trillions de lieues.
2* Le trajet de sa lumière 25 ans.
.3* La vitesse de la lumière en une seconde 75 000 lieues.
4* Et la profondeur stellaire des étoiles de 9* grandeur. 3t,3
CURIEUX PHÉNOMÈNE ATMOSPHÉRIQUE.
457
Il semble que cet univers loîatain ait au minimum 15 000 milliards de lieues de
diamètre. Telle est Timmensité d'une de ces fourmilières célestes dont chaque
point plus ou moins brillant est un véritable Soleil, et que nous apercevons
comme une tache laiteuse dans le champ d'une jumelle de théâtre.
LÉON Fenet.
CURIEUX PHÉNOMÈNE ATMOSPHÉRIQUE.
Nous trouvons dans l'intéressante Revue anglaise Nature la remarquable
observation suivante faite en Irlande le 6 juin dernier.
Il faisait chaud, une légère bise soufflait de l'Est, le ciel était sans nuage, à
Fig. 155.
Remarquable halo observé au-dessus d'un lac.
l'exception de quelques cirrus et cirro-stratus réunis à l'horizon septentrional.
Occupé à pêcher en bateau sur l'un des lacs de Tlrlande, je fus surpris d'un
4[)S I/ASTUONOMIK.
changement dans le caractère de la lumière réfléchie par la surface de l'eau et
par les objets éloignés. Ayant dirigé mes regards vers le Soleilje remarquai qu'il
était entouré d'un halo extrêmement brillant d'environ 48<> de diamètre; l'espace
intérieur était rempli d'une vapeur d'un aspect lourd et d'une couleur bleu sombre
qui, en obscurcissant les rayons du Soleil, produisait vraisemblablement l'effet de
lumière particulier qui avait d'abord attiré mon attention. Il était alors i^30« de
l'après-midi. Je fis remarquer le phénomène à l'un de mes amis, le D'' Simpson, et
voici le détail des apparences dont nous nous sommes souvenus. Le cercle prin-
cipal a (fig. 155) était formé d'une bande brillante et bien définie d'environ 8» de
largeur où les couleurs du spectre se succédaient dans leur ordre habituel, le rouge
à l'intérieur et le plus près du Soleil; toute la bande était parfaitement nette, mais
la partie boréale était la plus brillante. Vers 2^, je remarquai une sorte de protu-
bérance en forme de croissant, formée par les vapeurs de couleur sombre de l'in-
térieur du halo principal, et s'étendant sur une largeur de 6o à 7®, dans le quadrant
sud-ouest de celui-ci. Cette protubérance était d'abord limitée extérieurement par
une frange faiblement colorée, mais bientôt elle fut bordée d'un arc de spectre e,
au moins aussi brillant que la région la plus brillante du halo principal. Les
portions adjacentes de celui-ci, soit par comparaison, soit par l'efiTet des vapeurs
de la protubérance qui en obscurcissaient l'éclat, me parurent beaucoup plus
pâles que le reste du cercle. En même temps que se formait cet arc secondaire e,
un large anneau blanc b se dessinait lentement autour d'un centre situé au nord
du Soleil et ne tardait pas à prendre un contour bien défini : son diamètre était
de 72». S'il eût été complet, sa portion australe aurait passé devant le disque
solaire; mais après avoir coupé le halo primitif en deux endroits qu'il rendait par
.cela même plus ternes, il s'éteignait graduellement avant d'atteindre le Soleil.
Ce dernier anneau commença à disparaître environ un quart d'heure après la
première remarque que j'en avais faite, la portion nord-ouest s'aflfaiblissant la
première. Je ne remarquai pas de faux soleils aux points d'intersection des
anneaux excentriques avec le cercle principal, et comme je n'étais malheureuse-
ment pas muni de mon petit polariscope de poche, je ne pus savoir jusqu'à quel
point le phénomène était dû à la double réfraction. L'arc e pouvait bien avoir
une pareille origine; mais, en tout cas, il appartenait à un cercle de rayon p/us
petit que celui de a. Le Rév. T.-G. Beaumont, qui observa aussi ce spectacle,
assure qu'il vit d'abord à la place du cercle principal un anneau beaucoup plus
petit autour du Soleil, lequel aurait pour ainsi dire sauté de sa première posi-
tion à celle de l'anneau a. La figure 155, quoique faite d'après un dessin pris
assez rapidement sur nature, représente le phénomène aussi^ bien que cela est
possible en l'absence de tout instrument de mesure.
Alex. Hodgkinson.
LA TROMBE DE L'ORNE.
459
LA TROMBE DE L'ORNE.
Huit mois se sont à peine écoulés depuis le passage du Tornado qui dévasta
les cantons de Carrouges et d'Écouché, qu'un phénomène tout à fait semblable,
vient de ravager les cantons d*Athis, de Putanges et de Briouze (voir la Carte
dessinée par M. Deguerne, fig. 156).
Le mercredi matin, 28 octobre 1885^ sur les onze heures un quart, les habitants
de cette partie du Bocage normand sentirent tout à coup un vent glacial, venant
Fig. Iâ6.
EJdoicEV Se
Marche de la trombe du 28 octobre 1885.
de l'Ouest. Aussitôt, le ciel devint tout noir, quelques coups de tonnerre loin-
tains se firent entendre, annonçant l'orage qui s'approchait.
Au milieu d'une nuit à peu près complète, un violent coup de foudre fit con-
naître l'arrivée subite de la tourmente, avec ses grondements et ses sifflements
terribles qui dominaient le bruit occasionné par les branches et les cimes des
arbres, rompues, tordues et jetées au loin. Bientôt on aperçut une sorte de fumée
blanchâtre, au centre de laquelle les spectateurs terrifiés distinguèrent une
énorme boule jetant des milliers d'étin(9elles dans tous les sens et s'avançant
avec une rapidité extraordinaire.
11 était onze heures et demie quand le bourg important de la Carneille fut
atteint par le tourbillon impétueux. En un instant, vingt peupliers sont étêtés et
leurs branchages réduits en menus fragments. Le faîte et les chevrons de l'ancien
bâtiment qui servait d'école, sont soulevés comme une feuille qu'emporte le vent
et transportés dans un pré où dix chênes vigoureux gisent déjà sur le flanc. La
toiture du presbytère s'envole, les ardoises s'entrechoquent sous l'effort d'un
460 L'ASTRONOMIE.
appendice mobile qui termine la colonne blanchâtre, s^émietteat en an instaat
et leurs légers morceaux vont s'abattre dans les champs sous forme de pluie.
Une couverture en zinc est arrachée, tordue et lancée à deux cents mètres de là.
Coupant monts et vallées, la Trombe abat ou brise tous les obstacles qui se
trouvent sur son passage. Au bois Saint-André, au Val-de-Rouvre, les pom-
miers, les poiriers et les chênes sont déracinés» tordus, parfois même seulement
ébranchés : dans un plant, plus de cinquante arbres ont été enveloppés par la
colonne mobile qui les a complètement dégarnis en ne leur laissant d'intact que
le tronc. C'est en ce moment que l'ouragan a exercé ses plus grandes dégrada-
tions et que les nombreuses personnes occupées aux travaux de la saison, frap-
pées de panique, se sont cachées ou enfuies dans toutes les directions.
La Rouvre, grosse rivière, affluent de l'Orne, se présente alors avec son vallon
étroit, sinueux, aux pentes escarpées, où des centaines d'ouvriers extraient le
granit. Tout à coup, le tourbillon suit le flanc occidental du coteau, arrache les
broussailles éparpillées sur sa route, rencontre le lit de la rivière dont il fouette
l'eau avec un bruit effrayant. Des masses d'écume divisée sont aspirées et entraî-
nées par la trombe dévastatrice qui fait alors un léger coude à gauche.
Les carriers et piqueurs de pierre, étonnés, remplis d'une juste crainte,
croient leur dernière heure venue, se couchent sur le sol détrempé par la pluie
diluvienne ou s'abritent sous quelque roche surplombante. Autour d'eux, les peu-
pliers et les aulnes s'abaissent jusqu'au niveau du sol., plient, rompent et laissent
leurs rameaux danser dans les airs une sarabande échevelée.
La terreur est partout, dans les bourgs et les villages : de mémoire d'homme on
n'a vu rien d'aussi terrifiant.
* *
Des gréions de la grosseur d'un œuf de poulette, ne cessent de tomber, mar-
quent des bleus sur le corps des gens qu'ils atteignent, hachent les pommes et les
poires, et brisent les carreaux et les toits.
A la Châletière, à la Durandière, l'orage gronde avec un bruit sourd, éclate
très bas. L'appendice blanchâtre suit les sinuosités du terrain, renverse, brise
tout ce qui s'oppose à sa marche en avant. Des chênes sont tordus, voltigent en
l'air, font plusieurs fois le moulinet pour aller retomber soit en avant, soit sur le
côté de la région détruite. Quant aux couvertures des fermes, tout disparaît : tuiles,
ardoises, chaume sont émiettés et se joignent aux feuilles sèches des arbres. Les
portes et les fenêtres sont endommagées, s'ouvrent avec fracas, blessant et
repoussant les personnes qui veulent les fermer. Des hommes et des femmes qui
n'ont pu quitter le centre du Tornade, sont renversés, bousculés et meurtris. Des
chevaux sont tués, des barrières détruites, des billots de pressoir enlevés à vingt
pas; des sapins cassés au ras de leur tige, s'en vont par-dessus la vallée, en fai-
sant entendre leurs craquements unis au bruit de la tempête.
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 461
Sur Cràmesnil et Chénedonit, la Trombe a continué ses ravages, accompagnée
de grêle et de pluie, pour aller finir à un kilomètre au nord de la gare des Yve-
teaux-Fromentel.
Pour parcourir une trajectoire rectiligne, longue de 15 000 kilomètres et sou-
vent large de 40 mètres, le tourbillon n'a mis que cinq minutes, ce qui lui'
donne une vitesse moyenne de translation de cinquante mètres par seconde.
Un déluge d'eau a inondé la malheureuse région éprouvée. Quant aux pertes,
elles se chiffrent par dizaines de mille francs, ainsi que je Tai constaté lors de
ma visite dans les hameaux dévastés. Eugène Vimont.
NOUYELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS.
Occnltation. — Le 21 septembre, j'ai observé l'occultation de l'étoile B. À. 0.
7774 qui a disparu à 10*» 40™, à i'W du cercle terminateur, par 6» de latitude
Nord-Est; une droite partant du golfe torride coupant Copernic, Kepler et un
w
Occultation de l'étoile 7774 B.A.C observée par M. Ginieis. à Saint-Pons.
(Longitude = 0-25' 18' E. Latitude = 43«29'2y.)
autre cirque plus petit, et se dirigeant sur le bord de la Lune par la pointe Nord
d'Hévélius dont le versant Ouest était éclairé — rencontrait l'étoile au moment
de sa disparition.
Le 19 septembre j'avais observé celle de t> du Capricorne. Ces phénomènes
sont, sans contredit, des plus intéressants pour tout étudiant du ciel. Il est diffi-
cile d'en être témoin sans se rendre compte des mouvements célestes et sans
réfléchir à l'insondable distance qui s'étend de la Lune aux étoiles en apparence
voisines devant lesquelles elle passe. G. Ginieis.
462 L'ASTRONOMIE.
Prétendne commiinication avec les habitants de BCars. — Plusieurs journau
rapportent qu'un astronome italien aurait inventé un télescope plus puissant que
tous ceux qui ont été construits jusqu'ici et aurait aperçu à la surfoce de la pla-
nète Mars des signaux consistant en figures géométriques, qu'un membre de la
Société royale astronomique de Londres aurait môme pu déchiffrer — nouveau
GhampoUion des hiéroglyphes célestes. — Il n'est peut-être pas hors de propos de
dire à nos lecteurs qu'il n'y a rien de vrai dans cette histoire. Quoique nos con-
naissances sur le monde de Mars soient déjà fort avancées, nous n'en sommes
pas encore là. Quant à Tidée d'une communication géométrique à tenter entre la
Terre et les autres mondes, elle n'est pas nouvelle. On peut la lire, exposée
en détail, dans La pluralité des mondes habités (p. 215),ouvrage publié il y a
bientôt un quart de siècle. Et elle date de plus loin encore.
Les cadrans solaires hébraïques. — A propos de la discussion qui a été sou-
levée par le cadran solaire à rétrogradation de l'observatoire de Juvisy, on peut
remarquer que l'objection tirée de l'hypothèse que le cadran d'Achaz pouvait être
vertical est assez surprenante. Les hébreux, qui appellent le cadran solaire Isal
hammahaloth, désignent aussi par ce même mot une terrasse élevée où l'on
venait se chauffer au soleil. Le mot latin solarium, cadran solaire, a aussi la
double signification du mot hébreu correspondant. Il est donc de toute éridence
que le cadran solaire était anciennement horizontal puisqu'il était confondu dans
le langage avec le lieu où il était placé, soit une plateforme exposée aux rayons
du Soleil du matin au soir. Il est d'ailleurs tout naturel de supposer quEzéchias
se tenait sur sa terrasse, au soleil, en sa qualité de malade, et que l'idée du pro-
dige demandé à Isaïe lui a été suggérée par la vue même du cadran d'Achaz. On
peut aussi remarquer, d'autre part, que la réflexion du savant correspondant de
V Astronomie au sujet de l'ambassade des princes de Babylone, qui vinrent inter-
roger Ézéchias sur le prodige a quod acciderat super terram » n'est pas en faveur
de sa thèse, sur Tauthenticité réelle du phénomène, puisque ces ambassadeurs,
d'après la Bible elle-même, paraissent seulement auoir entendu parler de ce
prodige et qu'ils viennent se renseigner (interrogare) auprès du roi; la rétro-
gradation du Soleil n'avait donc pas été observée par eux, à Babylone ni ailleurs.
Toutes les opinions sincères sont respectables ; mais on ne peut qu'applaudir
aux efforts du savant et du penseur qui essaye d'expliquer des récits historiques
traités de mensongers ou d'absurdes par tant de sceptiques qui trouvent plus com-
mode de nier que d'étudier. Un lecteur de Lille.
Singulières prophéties astronomiques. — A propos de la nouvelle étoile
apparue dans la nébuleuse d'Andromède, le D^ Sophus Tromholt raconte, dans un
journal de Norvège, la curieuse histoire suivante :
« Peu de temps après que M' Asaph Hall eût découvert, en 1877, les deux satel-
lites qui accompagnent la planète Mars, on a fait la curieuse remarque que Swift,
dans les Voyages de Gulliver, attribuait aux astronomes de Laputa la connais-
sance [des deux lunes circulant autour de cette planète dans des conditions
NOUVELLES DE LA SCIENCE. — VARIÉTÉS. 463
presque identiques à celles que l'observation à révélées. Voltaire, aussi,
racontant, dans Micromégas, les aventures des deux êtres humains transportés à la
surface de Mars, dit qu'ils virent les deux lunes inconnues aux astronomes de la
Terre; mais sans doute il avait pris cette idée dans Fouvrage de Swift. La nou-
velle étoile de la nébuleuse d'Andromède vient de fournir une preuve nouvelle
et non moins remarquable que les poètes peuvent quelquefois devenir prophètes
en Astronomie. Dans une revue hongroise, Losonczi Phônix, le célèbre auteur
Maurus Jékai a publié, en 1851, une histoire où il est question de cette étoile.
Dans ce récit, un vieux Malais (?) raconte que le Mauvais Esprit, Asafiel, a
révélé au roi Saûl et à ses fils Texistence de l'étoile dans la nébuleuse, et leur a
prédit que ceux qui ne pourraient pas la voir périraient dans la prochaine bataille.
Le Malais révèle aussi l'existence de l'étoile à ses auditeurs, et en décrit la posi-
tion avec une telle précison qu'il est impossible de ne pas reconnaître la
nébuleuse d'Andromède comme la seule dont il puisse être question, bien que cette
nébuleuse ne soit pas nommée. Cette histoire, d'après Jôkai serait une légende
biblique ou judaïque. L'auteur de ces lignes a consulté un hébraTsant qui compte
parmi les plus grandes autorités dans les questions bibliques, et lui a demandé
si la Bible contenait quelque détail relatif à ce sujet. On lui a répondu qu'il n'y
avait rien de pareil dans tout le livre et qu'il est bien difficile d'admettre que la
nébuleuse d'Andromède puisse être mentionnée dans aucune légende juive. Cette
nébuleuse est citée pour la première fois par un astronome persan du dixième
siècle; elle ne fut découverte en Europe qu'en 1612. Il serait fort intéressant de
s'assurer si réellement quelque tradition juive à conservé le souvenir d'une
étoile dans la nébuleuse d'Andromède, car on pourrait conclure de là que cet
astre nouveau n'est qu'une étoile variable à longue période, Je me propose de
demander à Jôkai si son histoire est fondée sur quelque vieille tradition ou si, au
contraire, elle n'est qu'un fruit de son imagination; même dans ce dernier cas, le
fait serait déjà fort curieux, et la coïncidence bien remarquable. »
Un témoignage ocnlaire de 215 ans. — Nous trouvons dans l'intéressante
Revue astronomique américaine The Sidéral Messenger le fait suivant digne
d'être conservé. 11 semble à peine croyable, à première vue, qu'un événement
éloigné à 215 années de distance, puisse être rapporté par une personne qui n'est
séparée du témoin oculaire que par un seul intermédiaire. Tel est cependant le
cas dans le fait que voici. Un vénérable recteur anglais, M. Falconer, qui est
mort en 1884 à l'âge de 84 ans tenait directement de son grand'père, le Docteur Fal-
coner de Bath, qu'il avait entendu raconter maintes fois par sa grand'mère ses sou-
venirs relatifs à la comète de Halley. Or cette grand'mère avait été très frappée de
l'apparition de cette magnifique comète en l'an de grâce 1669. Elle était alors une
petite fille de six ans ; mais l'impression resta très vive dans son esprit pendant
sa vie entière. Le docteur Falconer, le seul intermédiaire entre sa bisaïeule et son
petit fils, naquit en 1744 et mourut en 1824. Voilà assurément un fort curieux
exemple de mémoire astronomique.
464 L'ASTRONOMIE.
Aspect des nnages. — Dans V Astronomie y page 271, sous le titre: Nuages sm-
guliers, M. Quëlin décrit un phénomène intéressant, indiquant, selon toute appa*
rence, la présence de vents superposés. On doit savoir en effet que, sous
rinfluence du vent, la surface d'une masse de nuages se ride comme la surface
de Teau, en travers de la direction du vent. En outre, des balles de coton ou
cumuli s'alignent comme les compagnies d'un régiment en marche sur une
route. Ils se mettent en file. De plus, si, à la surface interne d'une sphère, on trace
sur un plan sécant plusieurs lignes parallèles, on voit, du centre de la sphère, ces
lignes converger vers leurs deux extrémités et donner à ces extrémités l'apparence
en éventail indiquée sur la flg. 93 de V Astronomie, A leurs deux extrémités et sur
les fiancs, les nuages, se projetant les uns sur les autres, donnent des masses
grises continues. Quant aux masses situées sur les lignes qui passent au zénith,
on les voit distinctes les unes des autres. Elles produisent alors l'aspect de la
fig. 93. Si les intervalles des masses de nuages s'accentuent dans toutes les
colonnes parallèles, sous Tinfluence d'une légère modification dans le vent, on
peut voir ce que signale M. Quélin, quatre éventails placés rectangulairement
aux quatre coins de l'horizon.
D'après les indications de M. Quélin, le vent était du Nord-Est, à la surface de
la terre, sans doute. En haut, dans les nuages, il devait être du Nord-Ouest ou du
Sud-Est, c'est-à-dire de l'un des points de convergence de la fig. 93. Ensuite ■ ces
nuages venaient du Sud » (très probablement du Sud-Ouest). C'est à ce courant,
sans doute momentané, qu'il faut probablement attribuer la deuxième série
d'éventails. La superposition des courants nuageux est un fait très fréquent, sur-
tout au printemps à l'époque des mauvais temps.
Ayant, à diverses reprises, observé les mêmes faits, j'en ai cherché les causes,
qui m'ont semblé être celles que je viens d'indiquer. Tardy.
L^àme humaine. — Malgré son caractère tout spécial, nous croyons intéres-
sant de publier la lettre suivante signée : « Un abonné de l'île de Jersey. »
« En lisant l'Histoire de la Terre que vous avez publiée dans la Revue de
septembre et octobre (1884jr, la comparaison que cette lecture oblige de faire entre
l'homme actuel et l'ichtyosaure, le plésiosaure, l'iguanodon et toute la série des
sauriens et batraciens antédiluviens a un peu bouleversé mes idées nouvelles,
et je me pose depuis lors une question que je me permets .de vous soumettre,
espérant que vous voudrez bien m'aider à en trouver la solution. La voici :
« Si, comme vous semblez le supposer, les âmes des grands hommes, de toute
cette phalange de philosophes et de savants, à qui la Science doit d'être aujour-
d'hui ce qu'elle est, doivent avoir une autre destinée que de vivre et mourir sur
cette Terre, à partir de quel degré de transformation de la race humaine est-il
permis aux âmes d'aspirer à cette autre existence?
• Car je crois qu'il doit vous répugner comme à moi d'admettre que l'intelli-
gence (si limitée qu on l'a nommée instinct, pour la distinguer de la nôtre) des
animaux desquels nous descendons, puisse aussi prétendre à la vie éternelle.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 465
> D'autre part, il nous est possible d'admettre, qu'à une époque future, dans
des millions d'années peut*être, soit par suite des progrès constants de la civili-
sation, soit par suite d'une transformation de l'espèce humaine actuelle, inhé-
rente à la Puissance créatrice de l'univers et que nous ne pouvons concevoir, il
est possible d'admettre, dis-je, que l'humanité qui peuplera alors la Terre pourra
être intellectuellement aussi éloignée de nous que nous le sommes des singes
les plus intelligents, et qu'il répugnera également à cette humanité d'admettre
que des intelligences aussi bornées que les nôtres (comparativement) aient pu
prétendre à la vie éternelle. »
La question posée par notre correspondant sort du cadre de V Astronomie et
touche à des sujets qu'il n'entre pas dans notre programme de soulever dans
cette Revue; mais elle est d'un intérêt général, et il est possible qu'elle ait été
suggérée à beaucoup d'autres lecteurs par les deux articles auxquels l'auteur se
réfère. Nous essaierons donc de lui donner la réponse scientifique qui nous parait
la plus rationnelle.
Si nous admettons — et il est difficile de s'y refuser — que le principe pensant
est un être simple, qui garde pendant notre vie son identité, qui demeure per-
manent, qui se sent responsable des actes accomplis, tandis que toutes les molé-
cules cérébrales ont changé, ont été renouvelées maintes fois, ce moi est un être
autre que la matière et survit à la destruction du corps comme il a survécu, iden-
tique à lui-même^ à toutes ses transformations.
Tout en étant immortel, cet être peut n'en jamais rien savoir, pas plus qu'un
atome quelconque, lequel est aussi immortel que lui et n'en sait rien.
Pour que l'immortalité soit sentie, il faut que le principe qui la subit garde la
mémoire du passé; autrement, sa propre identité lui reste étrangère.
Il ne peut donc exister d'âmes se sachant immortelles que celles qui ont déjà
ici-bas conscience d'exister à l'état d'êtres pensants, qui ont acquis une valeur
spirituelle et qui sont aptes à la conserver et à l'accroître. Les animaux n'en sont
pas là. Et l'on peut même convenir, sans irrévérence, qu'un grand nombre d'êtres
dits humains ne sont guère plus avancés et ne sauraient que faire de ce privilège.
La loi du Progrès, visible dans toutes les évolutions de la nature organique,
démontrée par le développement graduel de tous les êtres, depuis lalgue jusqu'à
l'homme, serait, dans cette conception du cosmos, appliquable à l'être humain
comme à la création tout entière.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
A FAIRE DU 15 DÉCEMBRE 1885 AU 15 JANVIER 1886.
Principaux objets célestes en évidence poor Inobservation.
!<► CIEL ÉTOILE :
Pour l'aspect du ciel étoile durant le commencement de l'hiver, il faut se
466 L'ASTRONOMIE.
reporter soit aux cartes publiées daus la première année de V Astronomie, soit
aux descriptions données dans les Étoiles et les Curiosités du Ciel, pages 594
à 635.
L'hiver nous ramène son cortège composé des plus brillantes constellations do
ciel. C'est le moment d'étudier les étoiles multiples, les amas et les nébuleuses,
la lumière zodiacale et les principales planètes. Vénus, Mars, Vesta, JupUer,
Saturne et Neptune sont observables pendant la première moitié de la nuit;
Mercure, Cérès, Pallas, Junon et Uranus, dans la seconde moitié.
2o SYSTÈME SOLAIRE :
Soleil. — Le 13 décembre 1885, le Soleil se lève à 7^49"> du matin et se couche
à 4*» 2*»» du soir; le le janvier 1886, l'astre du jour apparaît au-dessus de l'horizon
de Paris à 7>»56°» du matin, pour disparaître au-dessous à 4** 12»; enfin, le lever
a lieu à 7*>51"» le 15 janvier et le coucher à 4^29°» du soir. La durée du jour est de
8*»13"» au 15 décembre, de 8*>16»> au l*** janvier et de 8*» 38"» au 15 janvier. La lon-
gueur des jours décroît de 2"» le matin et augmente de 27» le soir, ce qui donne
un gain de 25™.
Le 20 décembre est la journée la plus courte de Tannée, puisque le Soleil ne
reste que 8*» 10=* au-dessus de notre horizon. Le 25 décembre, le midi vrai elle
midi moyen coïncident. Mais à partir de là, la durée des soirées l'emporte de
plus en plus sur celle des matinées.
Le 15 décembre, la déclinaison australe du Soleil est de 23» 18' et elle s'accroit
jusqu'au 21 décembre, à 3*>37«> du soir. C'est à ce dernier instant que cette décli-
naison égale la valeur de l'inclinaison apparente de l'écliptique. Nous atteignons
le solstice d'hiver et une nouvelle saison commence.
Le 31 décembre, à 5^ du matin, la Terre passe au périhélie et se trouve à si
distance minimum du Soleil.
Tous les soirs, à partir d'une heure après le coucher du Soleil, suivre les déve-
loppements de la lumière zodiacale, et en étudier attentivement les détails, dans
le ciel de TOccident.
Lune. — Nous sommes dans la période des splendides clairs de lune. Notre
satellite atteint sa plus grande hauteur au-dessus de l'horizon, lors de son pas-
sage au méridien de chaque lieu, dans notre hémisphère boréal.
Le 6 janvier 1886, sur les 5*» du soir, les observateurs pourront voir, à l'œil nu
ou dans une jumelle marine, le viince croissant lunaire^ environ treute-trois
heures après la néoménie. C'est là un phénomène fort curieux et nous espérons
que nos lecteurs pourront en être témoins.
i PL le 21 décembre, à 9^8- soir. NL le 5 janvier, à 7^'i3- matin.
PHASES... 1 DQ le 28 » à 0 31 » PQ le 13 » à 0 34 »
Occultations et appulse visibles à Paris.
Deux occultations se produiront le soir, une appulse et deux occultatiois
d'importantes étoiles, le matin.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES.
467
!• Y Taureau (4* grandeur), le 20 décembre, à 4^24- du matin. Appulse à 2',3 du bord
de la Lune. Gomme le montre la fig. 158, le point dont l'étoile s'approche le plus est à
Fig. 1J8.
Fig. 159.
Appulse de r Taureau, Occultation de 85 Baleine, par la Lune,
le 20 décembre à 4''24- du matin. le 14 janvier de 7''26« à 8*18- du soir.
43* au-dessous du point le plus oriental du disque de notre satellite. Occultation pour
l'ouest de l'Europe.
2* B. A. G. 1526 (6« grandeur), le 20 décembre, de 5^- à 5" 19" du soir. La dispa-
Fig. 160.
2tf 24^
ti,
5»
10
Janv
±v£^ îémfis U2L
Passage de Saturne auprès de {i Gémeaux.
rition se produit à l'Orient, en un point situé à 42* au-dessus du point le plus à gauche
du disque de la Lune, et la réapparition a lieu du môme côté, à 16* à gauche du point le
plus au nord. L*apparence exceptionnelle de cette occultation, tient à ce que la Lune
n est levée que depuis une heure et demie quand le phénomène se produit.
Dans les îles Britanniques, il y a appulse ; dans l'Europe occidentale, il y a occultation.
3* T Lion (5* grandeur), le 27 décembre, de 6*1- à 7*4- du matin. L'étoile s'éteint dans
468 L'ASTRONOMIE.
la partie orientale du disque lunaire, à 21* au-dessus du point le plus à gauche; elle
reparaît à rOccident, à 31* au-dessus du point le plus à droite.
L'occultation sera visible dans Touest de r£urope.
4* e YiERGB (4,5 grandeur)» le 29 décembre, de 4'' 16" à 5*'28'" du matin. La disparition
a lieu à Test du limbe de notre satellite, en un point situé à 35* au-dessous da point le
plus à gauche, et la réapparition à 36* à droite et au-dessous du point le plus au Nord.
Visible dans TEurope occidentale.
5* 85 Baleine (6* grandeur), le 14 janvier, de 7»'26~ à 8''18- du soir. Cette occultation
représentée fig, 159, se produit dans la partie méridionale du disque lunaire. L'étoile
disparaît à 21* au-dessous du point le plus à gauche et reparaît à 2* à droite du point
le plus bas.
Il y aura occultation pour le nord-ouest de l'Europe et appulse dans le centre.
Occult&iioni diverses.
Les nombreux lecteurs de la Revue pourront encore étudier, selon les contrées
de notre globe qu'ils habitent, les occultations remarquables qui suivent :
1* B. A. G. 987 (6,5 grandeur), le 18 décembre, de 11"»!!- à 12'»11-, temps moyeu de
Paris. L'occultation est visible dans les Iles Britanniques, à Paris et dans la plus grande
partie de la France.
2* Aldébaran {{'* grandeur), le 20 décembre, vers 9^45~ du matin. Cette étoile est
occultée pour la onzième fois de l'année. Les limites de latitude des lieux d'observa-
tion sont 75* N et 10* N. Visible dans l'Amérique du Nord.
3* B. A. G. 1930 (6,5 grandeur), le 21 décembre, vers 5"» 55- du soir. L'occultation sera
visible en France et dans les Iles Britanniques, r,
4* p YiEROB (3.5 grandeur), le 27 décembre, à 4''15" du soir. Visible dans le nord etle
centre de l'Afrique.
5* V) YiEROE (3,5 grandeur), le 28 décembre, à G^ du matin. Visible dans les deux
Amériques; limites de latitude 25* N et 44* S.
6* Jupiter, le 28 décembre, sur les 9** du matin. Gette curieuse observation poarra
être faite également dans les deux Amériques. En Europe, les astronomes pourront
apercevoir les deux astres dans le champ d*une même lunette.
7* Uranus, le 28 décembre, vers l*" de l'après-midi. Les limites de latitude sont 20* N.
et 88* N. Ge seront les habitants du nord-ouest de T Amérique du Nord qui pourront
voir l'occultation.
8* Y* Vierge (2,5 grandeur), le 28 décembre, à 4'» du soir. L'occultation ou l'appulse
ne pourront être observés que dans les îles situées au sud de l'Océan Indien.
9* VÉNUS, le 9 janvier 1886. à 6*'23- du matin. Gette occultation, si rare et si ^ema^
quable, ne pourra être étudiée que dans le sud et le centre de l'Asie.
Le 23 décembre, à li" du matin, la distance de la Lune à la Terre est périgée:
358.300^; diamètre lunaire = 33'20',2.
Le 7 janvier 1886, à 9^ du matin, la distance de la Lune à la Terre est apogée :
405.940^; diamètre lunaire = 29'27',2.
Mercure. — Mercure commence une période de visibilité qui doit durer environ
six semaines. La planète atteint sa plus grande élongation occidentale, le 9 jan-
vier, à 2^ du matin; elle est alors à 23» 21' à l'ouest du Soleil, et se lève presque
deux heures avant lui. Ce n'est qu'à des époques assez éloignées que Mercure
demeure aussi longtemps observable à la simple vue. Nous ne saurions donc trop
recommander aux disciples d'Uranie de proâter de cette circonstance si favorable
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 469
pour reconnaître dans le ciel de TOrient, un astre aussi difficile à distinguer à
cause des lueurs vives de Taurore.
Jours. Lever. Paisage trëridlen . Différence Soleil. Constellation.
22 Décembre 1885 7»^ 3- matin. tl''26- matin. 0'»5l- Ophiuchds-
25 » 6 38 » 11 3 « 1 17 »
28 » 6 20 • 10 46 » 1 36
30 » 6 13 » 10 38 u 1 43 v
2 Janvier 1886.. 6 7 » 10 30 » 149 »
5 » 6 7 » 10 27 » 1 48 »
8 » 6 9 « 10 26 » 1 46 e
11 ........ 6 15 » 10 28 » 138 Sagittaire.
14 » 6 21 u 10 31 >! 1 30 »
Mercure est stationnaire le 29 décembre, au matin. Avant cette date, son mou-
vement est rétrograde; après, il devient direct. Dans les jours qui précèdent
Télongation maximum, le disque de la planète offre un croissant très grand, qui
augmente suffisamment vite jusqu'au moment de l'élongation maximum où il se
présente sous la forme d'un quartier; ensuite, la gibbosité s'accroît et le dia-
mètre apparent diminue jusqu'à la disparition de Mercure dans les feux du Soleil
levant.
Le 3 janvier, à 7*» du matin, Mercure est en conjonction avec la Lune, à 2'» 34'
au sud de notre satellite.
Le !<''' janvier 1886, le diamètre de Mercure est de 7',8. La distance de cet astre
à la Terre est de 128 millions de kilomètres et sa distance au Soleil est de
54 millions de kilomètres.
Vénus. — Vénus atteint peu à peu son maximum d'éclat. Chaque après-midi,
on la reconnaîtra aisément en plein jour, surtout vers linstant de son passage
au méridien de l'observateur. On pourra facilement encore distinguer le crois^
sant éclairéf à l'œil nu. en regardant la planète au moyen d'un trou percé avec
une épingle, dans une feuille de carton léger. Le 15 janvier, le quart seulement
du limbe de la planète sera éclairé.
Vénus se couche quatre heures après le Soleil et «resplendit dans le ciel de
l'Occident, parmi les constellations du Capricorne et du Verseau. La brillante
Vesper se rapproche rapidement de Téquateur et sa déclinaison australe demeure
inférieure, de 10^ en moyenne, à celle du Soleil.
Joors. Passage Méridien. Concher. Différence Soleil. Constellatloo.
16 Décembre 1885. 3" 18- soir. 7" 49- soir. 3H7» Capricorne.
19 » 3 18 i) 7 54 » 3 51 »
22 » 3 17 i> 7 59 » 3 55 •
25 » 3 15 0 8 3 » 3 57
28 » 3 13 » 8 7 » 3 59 »
31 » 3 10 » 8 10 « 3 59 Verseau
2 Janvier 1886.. 3 7 » 8 U » 3 58 »
5 s 3 3 » 8 12 w 3 56 »
8 » 2 59 1» 8 14 » 3 54 »
11 » 2 53 » 8 13 » 349 «
14 » 2 46 » 8 11 » 3 43 »
^70 L ASTRONOMIE.
Vénus continue son mouvement direct à travers le Capricorne et le Verseau
Le 26 décembre, au matin, conjonction de VespcT avec 7 Capricorne; la planète
est placée à 1»40' au nord de Tétoile. Le 28 décembre, au matin, Vénus à i^hk
au nord de 0 Capricorne. Le 3 janvier, au soir, conjonction avec i Verseau, la
planète à 1»40' au nord. Le 8 janvier, Vénus à Î^IO' au sud de 0 Verseau. I.e
9 janvier, vers G*»23"> du matin, occultation de Vénus par la Lune.
Le 15 décembre, le diamètre de Vénus est de 2C',6 et le 15 janvier, de 41',;'.
La distance à la Terre est de 74 millions de kilomètres au l«^«"janvier, et auikJoil
de 107 millions de kilomètres.
Mars. — En même temps que Mars continue à se rapprocher de nous, sa
phase va en croissant.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
19 Décembre 1885. lOMU- soir. 5*28- matin. Lion.
Î3 • 10 iO • 5 17 .
27 » 10 31 » 5 6 •
31 * 10 21 » 4 55 » •
2 Janvier 1880... 10 17 » 4 4U • •
G » 10 7 » 4 36 » Vierge.
10 »> 9 56 » 4 24 » »
14 » 0 13 » 4 10 • •
La marche de Mars, parmi les constellations, est toujours directe. U
27 décembre, à 9*» du matin, la planète est à 2" 48' au nord de la Lune. Le 14 jan-
vier, Mars est à 2" 47' au nord de p Vierge.
Le l»^*" janvier 1886, Mars a un diamètre de iO',6; sa distance à la Terre est de
156 millions de kilomètres et au Soleil de 246 millions de kilomètres.
Petites planètes. — Cérès devient visible, dans le voisinage de Mercure.
non loin de 6 Ophiuchus. Il faut employer une jumelle de marine. Cérès se lève
près de deux heures avant le Soleil.
Coordonnées au 8 janvier 1886 : Ascension droite 17''34". Déclinaison 22*36'S.
Pallas est observable avec une faible lunette astronomique, avant 4^ du matio.
Elle se dirige suivant la ligne X ^ du Serpent, en dehors des constellations zodia-
cales.
Juura. Lever lie Pallas. Passage Méridien . Constellation.
Î8 Décembre 1885. 4"» 4- matin. 10''23- matin. Serpent.
1" Janvier 1886.. . 3 54 » 10 14 » •
5 » 3 43 » 10 4 » •
9 » 3 33 » 9 54 » »
13 » 3 22 »/ 9 44 » »
La marche de Pallas est directe. Le 8 janvier 1886, la petite planète est éloignée
de 546 millions de kilomètres de la Terre et de 447 millions de kilomètres d«
Soleil.
Coordonnées au 8 janvier 1886 : Ascension droite 17''8-. Déclinaison 3*49'N.
Junon est, comme la précédente, observable le matin, à peu de distance au
nord de t, Ophiuchus. Employer une jumelle marine.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES. 471
Jours. Lever de Janon. Passage Méridien. Constellation.
1" Janvier 1886.... 4''57* matin. 10''25- matin. Ophiuchus.
5 » 4 47 9 9 51 M »
0 i> i 30 » 0 41 « .>
13 » 4 25 » 9 30 w »
Le mouvement de Junon est également direct. Le 8 janvier 1886, la petite pla-
nète se trouve à 605 millions de kilomètres de la Terre et à 494 millions de kilo-
mètres du Soleil.
Coordonnées au 8 janvier 1886 : Ascension droite 16''55". Déclinaison lî'22'S.
Vesta est encore dans d'excellentes conditions pour une étude approfondie de
cette charmante petite planète. Tous les jours, on peut la distinguer à la simple
vue, entre Aldébaran et j; Taureau.
Jours. Passage Méridien. Coacher de Vesta. Constellation.
17 Décembre 1885. 11M7" soir. 6'' 49- matin. Taureau.
22 n 10 52 ». 6 25 » »
27 » 10 27 . 6 1 »
31 » 10 8 » 5 43 » »
4 Janvier 1886.... 9 50 » 5 25 » »
8 » 9 31 » 5 7 » »
12 » 9 13 » 4 50 » »
Vesta continue sa marche rétrograde, dans la direction de e Taureau, la plus
septentrionale des Hyades. Le 8 janvier, la petite planète est éloignée de
252 millions de kilomètres de la Terre et de 380 millions de kilomètres du Soleil.
Coordonnées au 27 Dec. 1885 : Ascension droite.. 4'' 54-. Déclinaison.. 18*29'N.
» 8 Janv. 1886: » « 4 44 » 18 53 N.
Jupiter. — Jupiter suit son mouvement direct dans la constellation de la
Vierge et forme le sommet d'un petit triangle qui a pour base la ligne r, y. Il faut
étudier ce géant de notre système solaire avec une lunette astronomique munie
d'un oculaire de moyenne puissance. La planète sera occultée par la Lune le
28 décembre, au matin.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
19 Décembre 1885. 0'*26- matin. 6*26- matin. Vierge.
23 » 0 12 » 6 12 .) u
27 » 11 57 soir. 5 57 » »
31 » 11 44 » 5 43 » »
2 Janvier 1886... Il 36 • 5 35 » »
6 » 1121 » 5 20 » 0
10 » U 7 » 5 5 » »
14 » 10 52 » 4 50 w »
Le <«>• janvier, Jupiter a un diamètre de 35^2; sa distance à la Terre est de
778 millions de kilomètres et au Soleil de 806 millions de kilomètres.
Une bonne jumelle marine suffit ordinairement pour étudier la configuration
des satellites de Jupiter.
Saturne. — Saturne continue de rétrograder dans la constellation des Gémeaux.
Un phénomène fort rare se produira le 10 janvier à 8*" 38™ du matin : à l'œil nu, la
planète et la belle étoile de 3® grandeur ji Gémeaux, confondront sensiblement
leurs rayons. Mais dans une forte lunette astronomique, ainsi qu'on peut le voir
472 L'ASTRONOMIE.
à Taide de l'excellente carte qui précède et qui a été dressée par notre savant
confrère, M. G. Tramblay, les deux astres seront vus à la minime distance
de i7',7, la planète au nord de l'étoile. A partir de 5^ du matin, on pourra com-
mencer l'observation.
Jours.
Coocher.
17 Décembre 1885.
0''41- matin.
8M2-
matin.
GÉMEAUX.
22 »
0 20
8 21
26 »
minuit.
8 1
1*' Janvier 1886..
U^SS- soir.
7 30
5 »
11 16 »
7 14
9 »
10 59
6 57
13 »
10 42 D
6 40
Baturne passant au méridien aux environs de minuit, se présente dans les
meilleures conditions pour l'observation.
Le i«r janvier, le diamètre de Saturne est de i8',6. La distance de la planète à
la Terre est de 1191 millions de kilomètres et au Soleil de 1336 millions de kilo-
mètres.
Uranus. — La planète est stationnaire le 12 janvier, à 4*» du matin; son mou-
vement de direct devient rétrograde. Uranus est facile à découvrir, à la simple
vue, dans la Vierge, où elle occupe le sommet de l'angle droit d'un triangle rec-
tangle dont [l'hypoténuse est déterminée par la ligne y r\ des deux principales
étoiles de la constellation. Le 28 décembre, occultation de la planète par le disque
de notre satellite.
Jours. Lever. Passage Méridien. Constellation.
22 Décembre 1885. 0''32- matin. 6*'25* matin. Vieroe.
27 » 0 13 » 6 6 » »
1" Janvier 1886. . 1154 soir. 5 46 » »
6 » Il 35 » 5 27 » »
11 » Il 15 » 5 7 » »
Le Icr janvier, le diamètre d'Uranus est de 4'. La distance de la planèteà la Terre
est de 2698 millions de kilomètres et au Soleil de 2711 millions de kilomètres.
Coordonnées au 1*' Janvier : Ascension droite 12*' 29". Déclinaison 2*22'43'S.
Neptune. — Peut toujours être aperçu avec une forte lunette, dans la constel-
lation du Taureau.
Coordonnées au 1*' Janvier : Ascension droite 3'>24*28'. Déclinaison 16*50'2'S.
Étoilbs filantes. — Dans la nuit du 2 au 3 janvier, un essaim d'étoiles filantes
peu considérable, mais bien caractérisé, paraît émaner d'un point situé près de
rhorizoii septentrional, entre t Hercule et p Bouvier.
Étoile variable. — Les minima d'Algol seront aisément observables :
27 Décembre 1885 Diminution principale S** 12" soir. Minimum 9^38" soir.
30 » .... » » 5 1 » > 6 27 »
Eugène Vimont.
Errata. — Intervertir l'ordre des nEUX légendes des fig. 147 et 148 de la page 434;
et des fig. 122 et 123 de la page 357.
IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE DE GAUTHIER-VILLAR8
Quai des Orands-Augnstins, 55, à Paris.
ENVOI FRANCO CONTRE MANDAT-POSTE OU VALEUR SUR PARIS
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COURS DE PHYSIQUE
A l'usage
DE U CUSSE DE MATHÉMATIQUES SPÉCIALES
PAR
M. JAMIN I M. BOUTY
Secrétaire perpétuel de rAcadémie des Sciences. | Profeaseur suppléant à la Faculté des Sciences..
Deux beaux volumes in-8 contenant ensemble plus de 1000 pages, avec 433 figures
géométriques et ombrées dans le texte et 6 planches sur acier; 1886. . . 18 fr.
ON VEND SÉPARÉMENT
Tome I : Instruments de mesure, — Hydrostatique. — Thermométrie. — Dila-
tations. In-8, avec 246 figures dans le texte et 1 planche 12 fr.
Tome II : Calorimétrie. — Optique géométrique. In-8, avec 187 figures dans le
texte et 5 planches 8 fr.
AVERTISSEMENT PE L'ÉDITEUR
Ce livre, destiné aux élèves de la classe de Mathématiques spéciales, correspond exactement au
programme actuel d'admission à l'École Polytechnique. Il comprend quatre petits Traités dis-
tincts, extraits du grand Ouvrage de MM. Jamin et Bouty, mais rédigés spécialement, et dès Tori-
gine, en vue des élèves des lycées.
Ceux d'entre eux qui poursuivront l'étude de la Physique, soit dans les grandes Ecoles de TEtat
soit dans les Facultés, pourront se procurer le reste du grand Ouvrage. Ils y trouveront, traitées
avec tous les développements que comporte l'état actuel de la Science, les matières correspondant
à l'enseignement supérieur de la Physique.
BICHAT, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, et BLONDLOT, Maître
de conférences à la Faculté des Sciences de Nancy. — Introduction à TËtude
do rfilectricité statique. In-8, avec 64 figures dans le texte; 1885 4 fr.
PREFACE
Le présent Ouvrage traite, comme Tindique son titre, de l'Electricité en équilibre. Dans la pensée
des Auteurs il est destiné à établir une transition entre l'enseignement élémentaire et l'étude
approfondie de la Science; il contient le développement des questions d'Electricité statique qui
peuvent être exigées des candidats à la licence es sciences physiques. Dans la partie théorique,
on a développé les calculs Indispensables pour l'intelligence des phénomènes, en laissant de côté
les Questions qui présentent un intérêt exclusivement mathématique. Dans la partie expérimen-
tale on a donné la description des difTérents appareils en s'attachant surtout aux organes essen-
tiels de façon à en faire comprendre le fonctionnement, sans insister sur les détails de construc-
tion et de manipulation. . ^ .
Il va sans dire qu*on a fait de nombreux emprunts aux Ouvrages spéciaux, entre autres a ceux
de C. Maxwell, de Sir \V. Thomson, de MM. Mascart et Joubert et de M. G. Wiedemann. A côté de
ces emprunts, on trouvera un certain nombre de raisonnements et de démonstrations qui nous
sont propres. . ,, ^ , ,
Nous espérons que ce petit livre pourra être utile aux personnes qui, possédant les premiers
éléments de la Physique, désirent, soit dans un but scientifique, soit dans un but technique, ac-
quérir en Électricité des connaissances solidement établies.
MAISON LEREBOURS ET SECRÉTAN
G. SECRÉTAN, Successeur
MAGASINS, 13, place du Pont-Neuf. — ATELIERS, 54, rue Daguerre.
Les instruments équatoriaux désignés ci-dessous sont des instruments complets, à
monture très stable, avec micromètre de position, mouvement d*horlogerie isochrone,
cercles divisés sur argent, divisions de calage, rappel dans le sens horaire sur la lunette,
double éclairage, etc., etc.
Pour les basses latitudes, le pied en fonte de Tinstrument aura la forme rectangu-
laire et le mouvement d'horlogerie sera logé dans le pied; pour les hautes latitudes, le
pied sera en général une colonne ronde et le mouvement d'horlogerie sera adapté .i
j'extérieur de la colonne. — La lunette sera pourvue d'un chercheur de grande ouver-
ture et aura au moins trois oculaires sans compter celui du micromètre et du chercheur
: . Lujidics équâlorUb
De 95-* d'au ver- ''
turBlibfé.P...... 8.600
De 1Û8-* iï'ûuver-
tum libre*.. 4.000
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Do tûtl"" d'ouver-
Lure tibrt'. 9.000
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reil de ivtoiLnie-
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jectif do 55—
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Spectro^jcopt^ stei- ''
laîredeSccohi... 200
Spectroâcopiî à 2
prisme»..,, 600
Spectroscûpû avec
vin miororo étriqué
et prisme ^ vision
directe. 650
Spectroscope à 2 prismes en flint de
48—, objectif de 27— et 192— de dis-
tance focale, lentille cylindrique achro-
matique,prisme de comparaison, loupe
pour observer l'image sur la fente, vis
micrométrique avec tambour divisé sur
argent, second tambour servant à enre-
fistrer les observations faites dans
obscurité, arrangement pour fixer
avec facilité des tubes de (xeissler ou
des pointes métalliques entre lesquelles
on fait jaillir l'étincelle électrique, 3 '••
oculaires 1 ,000
Le même avec adjonction d'un prisme à ^ /'
vision directe 1^-^00
Chambre noire pour adapter à rinptru-
mentet pourvue d*un obturateur instan-
tané suivant la grandeur de Tinstru- ^^^
ment T 800à 400
Oculaire à g^rand champ et faible gros-
sissement laissant toute la lumière que
la lunette comporte ^*x
Hélioscope 800
Oculaire à lame de verre divisée en
mailles carrées de petit niveau pour
prendre des mesures avec l'hélioscope. 0"
Paris. — Imp. Gauthier- Villars. 55, quai des Grands-Âugustins.
TABLE DES MATIÈRES
DU QUATRIÈME VOLUME DE L' « ASTRONOMIE ».
N« 1.
Pages.
Annuaire astronomique pour 1885, par M. G. Flammarion 1
L'Éclipsé de Lune du 4 octobre 1884, par par M. G. Flammarion 23
Nouvelles de la Science : Le tremblement de terre du 27 novembre, 31. — Ombres
observées sur le Soleil, 33. — Phénomène observé sur une tache solaire, 34. —
Tué par un aérolithe. — La direction des ballons 35
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 35
N*2
Observations nouvelles sur Saturne et ses anneaux, par M. Henry Pratt, astro-
nome à Brighton 41
Photographie directe d'une trombe 47
Archéologie astronomique, par M. G. Flammarion 48
Gonstruction des cadrans solaires, par M. Henri Amat 55
La condensation de la nébuleuse solaire dans Thypothèse de Laplace, par M. Mau-
rice Fouché 55
Les tremblements de terre de TEspagne, par M. Camille Flammarion 60
Nouvelles de la Science : Encore l'éclipsé de Lune, 69. — Nuages singuliers, 70.
— La comète d'Encke. — Visibilité de Mercure. — La lumière zodiacale 71 . —
Les occultations d'AIdébaran. —Recherches photométriques sur Tanneau de
Saturne, 72. — Un nouveau pied d'équatorial à la portée de toutes les bourses. . . 73
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 74
Occultation d*Aldébaran, par M. E. Blot 80
N-3
Les tremblements de terre [suite), par M. G. Flammarion 81
Nouvelles observations sur Jupiter, par M. W.-F. Dennino, astronome à
Bristol 99
Mouvement propre d'une étoile de 11* grandeur, voisine d'AIdébaran 102
Étude océanographique, par le colonel H. Mathiesen, à Hœskilde (Danemark) 107
Nouvelles de la Science : Six trombes marines observées dans l'espace d'une demi-
heure, 110. — Halo et parhélies observés à Orléans, 112. — Les lueurs crépus-
culai res 113
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 113
N-4
Les tremblements de terre (suite et fin), par M. G. Flammarion 121
Les Grands Instruments de l'Astronomie, par M. Gériqny 138
Le Tornade de l'Orne, par M. E. Vimont , 147
Nouvelles de la Science : Influence des marées sur la durée de la rotation de la
Terre, 152. — Satellites de Jupiter visibles à l'œil nu. — Passage du IV* satel-
lite de Jupiter. — Magnétisme terrestre, 154. — Ghute d'uranolithe, près
d'Amiens. — Uranolithe tombé à Hierschfelde, en Saxe 155
Observations astronomiques, par M. E, Vimont 155
13
474 TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Les conditions de la vie dans l'Univers, par M. G. Flammarion 16t
Les Grands Instruments de l'Astronomie (suite), par M. P. Gérign y 174
Statistique des Tremblements de terre, par M. C. Détaille 183
Nouvelles de la Science : Chute d'un uranolithe en Turquie, 191. — L'appulse
d'Aldébaran photographiée à Prague, 192. — Société scientifique Flammarion,
à Marseille 193
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 195
N-6
La Photographie directe du ciel, par la Rédaction de la Revue 201
L'Observatoire de Nice et l'Astronomie en France, par M. G. Flammarion 206
Murs énigmatiques observés à la surface de la Lune, par M. E.-L. Trouyblot... 212
La hauteur des lueurs crépusculaires, par M. Gh. Dufour, professeur à l'Académie
de Lausanne 216
Nouvelles de la Science : Les saints de glace et le mois de mai 1885, 224. — Phéno-
mènes solaires et aurores boréales. — Lueurs crépusculaires et lumière zodiacale,
225. — Visibilité de Mercure. —Vénus visible en plein jour. — Étoile double voi-
sine du p du Gapricorne, 226. — L'éclipsé partielle de Lune, du 30 mars, obsenéeà
Odessa. — Observations curieuses sur la Lune, 227. —La Lune à Tenvers.— Aurores
boréales. — Éruptions volcaniques, 228. — Poussières de fer dans ratmosphère.
— Gréions remarquables. — Les victimes de la foudre. — L'acide carbonique de
Tair, 229. — Mouvements lents du sol, 230. — Accélération thermo-dynamique du
mouvement de rotation de la Terre. — Densité de la Terre. — Sur le mouvement
relatif de la Terre et de Téther, 231. — Légers tremblements de terre. — Les
volcans et les mesures magnétiques. — L'inventeur des jumelles, 232. — Statue
à Giordano Bruno. — L'Astronomie popularisée, 233. — Un cadran solaire de
plus de deux mille ans. — Pensées 2J4
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 235
N»7
Découverte au Groenland de masses de fer natif, d'origine terrestre, analogue au fer
natif d'origine extra-terrestre, par M. A. Daubrée, membre de l'Institut '^^^
Les conditions de la vie dans l'Univers (suite et fin), par M. G. Flammarion 2W
Tableau des divers vitesses, par M. James Jackson '^
Nouvelles de la Science : Nuages singuliers, 271. — Taches solaires visibles à
l'œil nu. — Lueurs crépusculaires, aurores boréales, taches solaires. — Fausse
alerte, 272. — La Terre et l'Homme 273
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 273
N-8
Le Mascaret, par M. G. Flammarion 281
l^éformeduGalendrier, par M. Jules Bonjban 28Î
Les grands instruments de l'Astronomie (suite), par M. P. Gériony ^^'
Nouvelles de la Science : Points sombres énigmatiques observés dans les cratères
lunaires, 308. — Nouvelles mesures de distances d'étoiles, 309. — Occultation
d'Aidébaran, 313. — Verrerie d'optique. — Essai de lunettes. — Occultations. —
Petite comète télescopique, 314 ^^*
Observations astronomiques, par M. P. Vimont ^^^
N»9
Le cadran solaire à rétrogradation de l'Observatoire de Juvisy, et le miracle d'Isaie,
par M. G. Flammarion ^*'
Théorie, formules et épures de la rétrogradation de l'ombre, par M. Etienne Ghil-
lemin, colonel du génie à Lausanne ^
TABLE DES MATIÈRES. 175
Pages.
L'époque glaciaire et les anciens glaciers des Alpes, par Ernest Chantre, direc-
teur-adjoint du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon 340
Passage sur le disque solaire d*un essaim de corpuscules, vu à TObservatoire de
Zacatecâs (Mexique), par José A. R. Bonilla, directeur de l'Observatoire de
Zacatecas
Nouvelles de la Science : Observation d'une trombe marine, 351. — Taches
solaires visibles à l'œil nu. —Distances des étoiles, nouvelles mesures. —Chute
d'un uranolithe à Valls, Tarragone (Espagne), 353. — Retour de la comète de
Tuttle 354
Observations astronomiques, par M. P. Vimont 354
N- 10
Apparition d'une étoile dans la nébuleuse d'Andromède, par M. G. Flammarion.. 361
L'Astronomie chez les Javanais, par M. R. A. Vau Samoigk, Ingénieur des ponts
et chaussées aux Indes Néerlandaises 367
. Théorie de la variation séculaire de l'aiguille aimantée par M. Diamilla Muller. . 372
Éclipse partielle de Lune du 30 mars 1885, par M. Ed. du Buisson 376
L'Astronomie des anciens philosophes grecs, par M. E. Rossi de Giustiniani 379
Le cataclysme de Krakatoa entendu aux antipodes 383
Nouvelles de la Science : La grande marée au mont Saint-Michel, 385. — La
rétrogradation de l'ombre, 387. — Curieux effets de la foudre, 391. — Bolide lent
ou bradyte 394
Observations astronomiques, par M. E. Vimom 394
N» 11
Le cadran solaire de Nice, par M. E.-L. Trouvelot 401
Compléments sur l'étoile nouvelle, par M. C. Flammarion 408
Nouvelle mesure de la température du Soleil, par M. J. Eriscon 416
La Météorologie en Australie, par le D'. Edmond Barré 422
Éclipses totales de Soleil visibles depuis mille ans 424
Nouvelles de la Science : Concours pour la réforme du calendrier. — Les lueurs
crépusculaires : couronne autour du Soleil. — Passage de la planète Mars devant
l'amas du Cancer, 426. — Le mont Pilât, laboratoire des orages, 427. — Société
scientifique Flammarion, de Marseille. — Mercure, Mars et Saturne dans une
lunette de 95"", 428. — Propagation des tremblements de terre, 429. — Erreurs
accréditées, 431. — Les ténèbres de la neuvième plaie d'Egypte. — Les nuits
d'Angleterre. — Nouvelles mesures du compagnon de Sirius 432
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 432
Occultation d'Aldébaran, par M. Edouard Blot 440
N- 12
Remarquables protubérances solaires diamétralement opposées, par M. E.-L.
Trouvelot 441
L'éclipsé totale de Soleil, du 9 septembre 1885 445
Protubérance solaire remarquable, par M. A. Riccè, de l'Observatoire de Palerme. 446
L'Étoile double p du Cygne, ou Albireo, par M. C. Flammarion 447
Curieux aspect de l'ombre de Saturne sur ses anneaux, par M. J. Lamps, de l'Obser-
vatoire de Bothkamp 449
Les problèmes actuels de l'Astronomie, par M. C.-A. Youno, de l'Observatoire de
Princeton (États-Unis) 450
Les curiosités sidérales, par M. Léon Fenet 454
Curieux phénomène atmosphérique, par M. Alex. Hodgkinson 457
J.a trombe de l'Orne 459
Nouvelles de la Science : Occultation, 461.— Prétendue communication aux habi-
tants de Mars. — Les cadrans solaires hébraïques. — Singulières prophéties
astronomiques, 462. — Un témoignage oculaire de 215 ans, 463. — Aspect des
nuages. — L'àme humaine 464
Observations astronomiques, par M. E. Vimont 465
TABLE DES GRAVURES.
Fio. Pagei.
Frontispice 1
1 . Marche et positions de la planète J upiter pendant Tannée 1885 14
2 . Marche et positions de la planète Saturne pendant Tannée 1885 16
3. Maximum d'ouverture des anneaux de Saturne en 1885 et variation générale de
leur perspective 17
4. Esquisse géométrique pour le maximum d'ouverture des anneaux de Saturne. 17
5. Inclinaison en 1885 des orbites des satellites de Saturne IS
6. Phases de Vénus en 1885 19
7. Marche et positions de la planète Vénus pendant Tannée 1885 19
8. Marche et positions de la planète Mars pendant Tannée 1885 21
9. Marche et positions de la planète Uranus pendant Tannée 1885 >>
10. Hémisphère terrestre tourné vers la Lune au milieu de TËclipse du 4 oc-
tobre 1884 S
11. Hémisphère terrestre tourné vers le Soleil au milieu de Téclipse du 4 oc-
tobre 1884 3
12. Ombre observée sur le bord d'une tache solaire ^
13. Occultation de e Poissons par la Lune, le 22 janvier 1885 37
14. Occultation de d Lion par la Lune, le 1*' février 1885 3î
15. Saturne, le 11 février 1884, d'après les observations de M. Pratt ^1
16. Section probable des anneaux de Saturne 46
17. Trombe observée aux États-Unis 47
18. Étoiles du Nord gravées sur un polissoir du temps de Và.ge de pierre, trouvé
en Russie 48
19. Construction des cadrans solaires : Mur vertical 5»
20. — — — Planche horizontale 52
21. — — _ Coupe selon le plan méridien 53
22. — — — Coupe parallèle à Téquateur 53
23. — — — Lemur 54
24. — — — Cadran vertical du Sud-Ouest 54
25. Extension des tremblements de terre de TËspagne : Açores, Portugal, Espagne.
France, Italie, Autriche 67
26. Zone d'intensité maximum du tremblement de terre en Espagne ^
27. Nuages singuliers 70
28. Occultation de 38 Bélier par la Lune le 20 février 1885 "^
29. Occultation de o Lion par la Lune le 27 février 1885 "^
30. Carte pour l'occultation d'Aldébaran par la Lune, le 22 février 1885 ^
TABLE DES GRAVURES. 477
rw Pages.
31 . Tremblements de terre de l'Espagne : Les ruines d'Alhama 81
32. — — — Effets de la première secousse — 85
33. Vue générale des crevasses de Guevejar, d'après une photographie 87
34 . Éruptions à Albunuelas 90
35. Crevasse sur la route de Loja à Alhama : le dernier mulet 91
36. Aspect de Jupiter le 27 novembre 1884 100
37. Aspect de Jupiter le 31 décembre 1884 101
38. Mouvement propre d'Aldébaran 103
39. Mouvement de perspective que devrait avoir l'étoile de 11* grandeur si elle
était fixe 103
40. Mesures micrométriques faites avant 1877 sur l'étoile voisine d'Aldébaran 104
41 . Mouvement relatif séculaire de Tétoile voisine d'Aldébaran 105
42. Mouvement propre absolu de l'étoile voisine d'Aldébaran '. . 106
43. Positions moyennes annuelles des Lignes isothermes de l'eau, dans la région
équatoriale de l'Océan Atlantique 107
44. Trombes marines : Aspect des trombes à 10*45-, à 10*48- et 10''50- 110
45. — — — à 10*58-età nSàll^S-età UMO-.. 111
46. — — Premier aspect de la 6« trombe et dernier aspect de la
6* trombe 111
47 . Halo et parbélies observés à Orléans, le 17 janvier 1885 1 12
48. Appulse de 117 Taureau, le 22 mars 1885 116
49. Occultation de BAC 3836 par la Lune, le 28 mars 1885 116
50. Hommes lancés en l'air à Port-Royal-de-la-Jamaîque en 1692 121
51 . Déplacement des pierres des obélisques de San Stéphane 123
52. La ville d'Oniah disparaissant entièrement dans des crevasses 125
53. Gouffre formé près d'Oppido (Galabre) en 1783 127
54 . Navires jetés sur le rivage par la secousse de Krakatoa 129
55. Changements produits à la surface du sol 131
56. Oscillations tracées par le pendule enregistreur des tremblements de terre... 135
57. Variations du nombre des tremblements de terre suivant les heures du jour.. 136
58. Variations du nombre des tremblements de terre suivant les saisons 137
59. Observation du passage apparent d'une étoile derrière l'un des fils du micro-
mètre 143
60. Carte de la région ravagée par l'ouragan du 16 février 1885 148
61 . Effet du tornade sur les arbres 149
62- — - — 150
63. — — — 151
64 . Occultation de X Gémeaux par la Lune, le 20 avril 1885 156
65. Occultation de d Lion par la Lune, le 24 avril 1885 156
60. Principaux mondes du système solaire 161
67. Instrument méridien donné par M. Bischoffsheim à l'Observatoire de Paris... 179
68. Distribution des volcans sur le globe terrestre 190
69. Uranolithe tombé à Aïntale (Turquie) 192
70. L*appulse d'Aldébaran photographiée à Prague 193
71 . Siège de la Société scientifique Flammarion, de Marseille 195
72. Occultation de a Ecrevisses par la Lune, le 19 mai 1885 196
73. Occultation de 6 Balance par la Lune, le 28 mai 1885 196
74. Amas de Persée, photographié directement 201
75. Photographie directe de cinq degrés carrés du Ciel 205
76. Plan général de l'Observatoire de Nice 207
77. La coupole flottante de 22- de diamètre 208
78. La coupole sur son piédestal 209
79. Coupe du flotteur de la coupole 210
80. Mur rectiligne traversant le cirque lunaire d'Eudoxe 213
81 . Détermination de la hauteur des lueurs crépusculaires 218
82. — — — — 219
478 TABLE DES GRAVURES.
Fio. Pages.
83. Grêlon tombé à Philippeville ? 229
84 . Occultation de x* et x* Capricorne par la Lune, le 29 juin 1885 236
85. Appulse de {i Poissons, le 6 juillet 1885 236
86 . Blocs de fer natif trouvés au pied d'une falaise du Groenland 241
87. Respiration aquatique et respiration aérienne 251
88. L'Eurypharj'nx pelecanoïdes 255
89. Les habitants de la période Jurassique 257
90. Ce que nous respirons dans l'air transparent 259
91 . Ce que nous respirons près d'une maison en démolition 260
92. Les infusoires de l'eau de puits 261
93. Nuages singuliers 271
94. Occultation de m Vierge par la Lune, le 18 juillet 1885 275
95. Appulse de 29 Ophiuchus le 22 juillet 1885 275
96. Le Mascaret, à Caudebec 281
97. Plan de l'embouchure de la Seine 285
98. Carte des étoiles fondamentales de la Connaissance des Temps 297
99. Le cratère lunaire de Copernic, d'après Secchi 310
100. Carte pour l'occultation d'Aldébaran parla Lune, le 2 septembre 1885 313
101 . Occultations 9* Sagittaire par la Lune, le 21 août 1885 316
102. Occultation de 6* et 6* Taureau par la Lune, le 1*' septembre 1885 316
103. Cadran solaire à rétrogradation de l'observatoire de Juvisy 321
104 . Cadran monté à charnière 324
105. Rétrogradation de l'ombre sur le cadran solaire 326
106. Epure de la rétrogradation de l'ombre 329
107. _ _ _ 332
108. — -^ — 333
109. — - - 334
110. - - -_ 336
111. - _ _ 337
112. - _ - 338
113. Carte des anciens glaciers des Alpes 341
114. Rochers moutonnés, polis et striés, à M ontagnols (Savoie) ^
115. La Pierre de la Mule-du-Diable 344
116. Bloc erratique perché 345
117. Bloc de gneiss amphilolique de l'Oiseau 346
118. Lignes suivies par les corpuscules devant le disque solaire 348
119. Photographie du Soleil et de l'un des corpuscules 349
120. Trombe marine observée à San Remo 3ol
121. Uranolithe tombé le 7 juillet 1885 à Valls (Espagne) 354
122. Occultation de y Taureau par la Lune, le 28 septembre 1885 357
123. Occultation de X Gémeaux par la Lune, le !•' octobre 1885 357
124. La nébuleuse d'Andromède et son étoile nouvelle 361
125 . Calendrier javanais 368
126. Méthode des ombres pour diviser l'année solaire en douze mongso ou mois. ^
127. Constellations observées par les Javanais pour les époques de la culture
du riz 371
128. Marche de la Lune dans l'ombre de la Terre pendant l'éclipsé du 30 mars
observée à l'île de la Réunion 3<6
129. Marche de l'ombre sur le disque lunaire pendant l'éclipsé du 30 mars observée
à l'île de la Réunion 377
130. Porte d'entrée du mont Saint-Michel à marée basse 386
131 . Porte d'entrée du mont Saint-Michel à marée haute 386
132. Éclat de bois lancé par la foudre derrière le gond d'une charnière de fenêtre. 392
133. Occultation de B. A. C. 1526 par la Lune, le 26 octobre 1885 396
134. Occultation de l Cancer par la Lune, le 29 octobre 1885 396
135. Le cadran solaire de Nice ^^^
TABLE DES GRAVURES. 479
Fx«. Pages.
136. Région centrale de la nébuleuse d'Andromède 405
137. Le cratère lunaire de Copernic 411
138. La constellation du Dragon 413
139. L'étoile double |i. du Dragon 414
140. Mouvement observé sur Tétoile double {i du Dragon 415
141 . Le pyromètre solaire de M. J. Ericsson 417
142. Coupe du pyromètre solaire montrant la marcbe des rayons réflécbis 418
143. Tracé des éclipses passées sur l'Angleterre depuis mille ans 425
144. Passage de la planète Mars devant Tamas du Cancer, le 26 septembre 1885... 427
145. Mercure le 22 septembre 429
146. Mercure le 17 septembre 429
147. Occultation d'Aldébaran par la Lune, le 22 novembre 1885 434
148. Occultation d'Uranus par la Lune, Je 1" décembre 1885 434
149. Flammes antipodiques de 460 000^" de hauteur 441
150. Détail des deux protubérances de la fig. 149 443
151. — - - *— 443
152. Aspect du Soleil pendant Téclipse totale du 9 septembre 1885 445
153. Curieux aspect de l'ombre de Saturne sur ses anneaux 449
154. Amas d'étoiles du Grand Chien 455
155. Curieux phénomène atmosphérique 457
156. Marche de la trombe de TOrne du 28 octobre 1885 459
157. Occultation de Tétoile 7774B.A.C' 461
158. Appulse de t Taureau, le 20 décembre 1885 467
159. Occultation de 85 Baleine par la Lune, le 14 janvier 1880 467
160. Passage de Saturne auprès de ii Gémeaux 467
TABLE ALPHABÉTIQUE.
AbrèTlatlons les plus usitées, 8.
Académie des Sciences. La Direction des
ballons. 35. —Tremblements de terre en Es-
pagne, 88. — Les Uranolithes, '.'64. — Coor-
données des étoiles circumpolaires, 307. —
Le cataclysme de Krakatoa entendu aux Anti-
podes, 383. — Propagation des tremblements
de terre, 430.
Accélération du mouvement de la terre, 230.
Acide carbonique de Tair, 229.
Aérollthes. Tué par un aérolithe, 35. — Chutes
d'aérolithes & Amiens, 155; — en Saxe, 155; —
en Turquie, 191 ; — en Espagne, 353.
Amenda astronomique pour 1885, 7 à 14.
Algnllle aimantée. Sa déviation à Paris, 283.
— Théorie de sa variation séculaire, 372.
Aldébaran. Occultations diverses. 6. — Oc-
cultations mensuelles, 37, 77, 80, 117, 157, 237,
276. 317, 358, 396, 434, 440, 474. — Les occulta-
tions d'Aldébaran, 72. — Mouvement propre
d' Aldébaran, 102. — Parallaxe d'Aldébaran,
106, 311. — Appulse d'Aldébaran à Prague,
192. — Occultation du 2 septembre, 213. — Oc-
cultation du 22 novembre, 440.
Alpes. — Tremblements de terre dans la ré-
gion des Alpes, tassement à la base de ces
montagnes, 31, 32, 33.
Amas du Cancer, 426.
Anneaux de Saturne. Leur granacnr et leur
étude, 16, 17, 18. — Observations nouvelles, 41.
— Lignes noires, 44. — Excentricité des an-
neaux par rapport au globe de Saturne, 45. —
Excentricité des anneaux, 45. — Ombre du
globe sur les anneaux, section probable des
anneaux, 45. — Constitution des anneaux, 46.
— Recherches photométriques, 72.
Annuaire astronomique pour 1885, 1 à 23.
Antipodes. Le cataclysme de Krakatoa en-
tendu aux Antipodes, 383.
Août 1885. Observations principales, 11.
Apparition d'une étoile dans la nébuleuse
d'Andromède, 361, 403, 408.
Appel au dévouement scientifique des lecteurs
de la Revue, 63.
Appulse d'Aldébaran, à Prague, 192.
Aro-en-del à cheval sur le méridien, 113.
Archéologie astronomique, 48.
Ascension droite des étoiles. 305.
Astronomie. Utilité de l'Astronomie, 1. — Les
Grands instruments, 138. — L'Astronomie en
France, 207. — L'Astronomie popularisée, 233.
— L'Astronomie chez les Javanais, 367. — L'As-
tronomie des anciens philosophes grecs, 379.
Astronomique. Archéologie astronomique, 48.
u Pression de l'air et ses efret>
sur la terre, 132. — Poussières de fer, 229.
Aurores boréales, 225, 228, 272.
ATril 1885. Observations principales, 9.
Bactéries et infusoires, 258.
Ballons. Direction des ballons, 35.
Bandes sombres de Saturne, 42.
Bases essentielles d'un calendrier normal, 288.
BoUde lent, 394.
Bradyte, 394.
Bulletin mensuel de la Société scientifique
Flammarion d'Argentan. 82.
Bureau central météorologique de Fraocé,
Bureau des Longitudes, 297.
cadrans solaires. Construction des cadno^
solaires, 50. — Regrettable faute d'impression
dans le texte, 120. — Un cadran solaire de i)lu«
de deux mille ans, 234. —Cadran solaire i ré-
trogradation de l'Observatoire de Javi^jet le
miracle d'Isale, 321, 388, 389.— Cadran solaire
de Nice, 401.
Calculs de la hauteur des lueurs crépaKU-
laires, 218.
Calendrier. Réforme du Calendrier, 287. -
• Base, 288. — Critique, 291. — Plan,294. -Con-
cours, 426.
Cataclysme de Krakatoa entendu aux Ab-
tipodes, 383.
Catalogue d'étoiles, son utilité, 139.
Catastrophe de Lisbonne en 1755, 96.
Causes des lueurs crépusculaires, 221, 2^2.
Cercle méridien, 141.
Cérés. Observations astronomiques meo*
suelles, 39, 77, 118, 158, 198, 238, ?78, 319, 35?,
477.
Chariot (Constellation du). Dessin de Fâge de
pierre, d'une époque inconnue, 48.
Ciel étoile. Aspect mensuel, 7 à 14. -Étude
mensueUe, 35, 74, 113, 155, 195,235,273, 314, 3o4.
394, 432, 472. — Photographie directe du cieL
201.
Cirque lunaire d'Eudoxe. Mur rectiligne, 213.
Coloration. Aspect du disque lunaire pendant
une éclipse totale, 23, 69, «O.
Comète télescopique, 314.
Comète d'Bnche. Obsenrations de la Comèk.
71. — Mouvement de la Comète d'Eacke, 1«l>-
Comète de Tuttle, 354.
Compléments sur l'étoile située dans U nébu-
leuse d'Andromède, 408.
Concours pour la réforme du Calendrier, 426.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
481
Condensation de la nébuleuse solaire dans
rhypothëse de Laplace, 55.
Conditions de la vie dans l'Univers» 161, 249.
Coordonnées des étoiles, 305.
Gorpnsonles vus sur le disque solaire, 347.
Courant (Le) équatorial, 109.
Couronne autour du Soleil, 426.
Cratères lunaires. Mur rectiligne d'Eudoxc,
213. — Points sombres ênigmatiques observés
dans Copernic, Grlmaldi, Gay-Lussac, 309,
410.
Crevasses dans le sol, à Guevejar, 68, 89. —
Dans les Calabrcs, 124, 125.
Critique des diverses subdivisions du calen-
drier grégorien, 291.
Curieux effets de la foudre, 391.
Décembre 1885. — Obser^'ations principales.
Déclinaison des étoiles, 177, 306.
Découvertes au Groenland de fer natif, dori-
gine terrestre, analogue au fer natif d'origine
extra-terrestre, 241.
Dégagements de gaz, en Espagne, 91.
Densité do la Terre, 231.
Devise du cadran solaire de Nice, 403.
Distance des étoiles, 311, 353.
Divisions d'Encke et de Cassini, sur Saturne,
44. ,
Éclipses. Éclipses de Soleil et de Lune, 5. —
Eclipse totale de Lune du 4 octobre 1884, 2:).
—Eclipse annulaire de Soleil du 16 mars 1885,
114. -^ Eclipse partielle de Lune, le 30 mars
1885, 113. — Eclipse totale de Soleil du 8 sep-
tembre 1885, 315. — Eclipse partielle de Lune
du 24 septembre 1885, 356. — Eclipses des sa-
tellites de Jupiter, 40, 79, 119, 159, 200, 240, 360,
399, 478. — Observation d'une éclipse totale de
Lune à Constantinople. 69.— Eclipse partielle
de Lune, du 30 mars, observée à Odessa, 227.
— A la Réunion, 37<3. — - Eclipses totales de
Soleil visibles on Angleterre depuis mille
ans, 424.
Enregistreur (Pendule) des tremblements de
terre, 135.
Époque glaciaire et les anciens glaciers des
Équatoriale (zone) de Saturne, 43. — Un nou-
veau pied d'équatorial, 73.— Le courant équa-
torial, 109.
Équinoxe. Précession des équinoxes, 300.
Erratique. Bloc erratique perché, 345.
Erreurs d'observation, 144, 174, 299. — Erreurs
accréditées, 431.
Éruptions volcaniques, 228.
Essai des lunettes, 314.
Essaim de corpuscules vus sur le disque so-
laire, 347.
Éther. Mouvement relatif do la Terre et do
l'èther,23l.
Étoile de 11* grandeur voisine d'Aldûbaran,
102. — Catalogues d étoiles. 139. — Etoiles
doubles et multiples, 106. — Détermination de
la déclinaison des étoiles, 177. — Etoile double
voisine de p Capricorne, 226. — Apparition
d'une étoile dans la nébuleuse d'Andromède,
361, 403, 40S. — Etoile double (* Dragon, 413.
ÉtoUes filantes, 120, 160, 280, 400, 439, 480.
Étoiles fondamentales. Détermination de
leur position, 297.
ÉtoUes variables. — Algol, 439, 480.
Étude océanographique, 107.
Excentricité de plusieurs planètes et étoiles
doubles, 168.
Expérience do la rétrogradation de l'ombre,
à Lausanne, 335.
Explication des tremblements de terre, 96,
Fausse alerte, 272.
Fer natif d'origine terrestre, analogue au fer
natif d'origine extra-terrestre, 241.
Février 1885. Observations & faire, 8.
Formation des planètes, 56.
Formule de la rétrogradation de l'ombre, 329.
Foudre. Les victimes de la foudre, 229. — Cu-
rieux efiféts de la foudre, 391.
Galaxie dans le ciel, 406.
Gas (Dégagements de), en Espagne, 91.
Glace. Les saints de glace et le mois de mai
1885, 224.
Glaciers des Alpes, 340. — Glaciers quater-
naires, 346.
Globe. Étude du globe de Saturne, 42. — Tem-
pérature de l'intérieur du globe terrestre, 62.
Grégorien. Critique de ses subdivisions, 291.
Gréions remarquables, 229.
Guévejar. Modifications dans le régime des
eaux, crevasses, 68, 89, 90.
Habitabilité de la Lune, 4, — des planètes,
161, 162, 163, 164.
Halo observé à Orléans, 112.
Hauteuif des lueurs crépusculaires, 216.
Horloge sidérale. Correction des erreurs, 174.
InfUsolres et bactéries, 258.
Instrument méridien et les observations
méridiennes, 138, 174, 297.
Irrégularités sur le contour de l'ombre de
la Terre sur le disque lunaire, lors do lé-
clipse totale du 4 octobre 1884, 28, 29. :K).
Janvier 1885. Phénomènes visibles, 8.
Juillet 1885. Observations principales, 11.
Juin 1885. Observations principales, 10.
Jumelles. L'inventeur des jumelles, 232.
Junon. Observations astronomiques de chaque
mois, 39, 78, 119, 158, 199, 238, 279, 319, 477.
Jupiter. Occultation de Jupiter par le disque
lunaire, 39G, 474. — Observations astronomi-
ques de chaque mois, 39, 78, 119, 159, 199, 239,
279, 360, 398, 438, 478. — Visibilité de la pla-
nète, 14. — Satellites de Jupiter, 15. — For-
mation de Jupiter, 57. — Observations de la
tache rouge, 1)9. — 3» satellite visible k l'œil
nu, 154. — Passage du 4» satellite, 154. — Pho-
tographie du mouvement de Jupiter et de ses
satellites, 20i.
Jnvlsy (Observatoire de). Observation de Té-
clipse totale de Lune du 4 octobre 1884, 30. —
Constellations gravées près de la garde d'un
sabre Japonais, 50. — Eludes de la rétrogra-
dation de l'ombre, 321. 324. — Apparition d^me
étoile dans la nébuleuse d'Andromède, 30"^ —
Coups de foudre, 391.
Krakatoa. L'éruption est la cause des lueurs
crépusculaires, 222. — Poussières lancées,
249, — Cataclysme entendu aux Antipodes, 383.
Laboratoire des orages, mont Pilât, 427.
Liaplace (Hypothèse de) et condensation de la
nébuleuse solaire, 55.
Lueurs crépusculaires, teintes variées, 113.
— La hauteur des lueurs crépusculaires,
observations variées, 216. — Causes de ces
lueurs, 221, 222. — Phénomènes de lueurs cré-
pusculaires, 225, 272, 378, 426.
Lune. Étude attentive de la surface lunaire, 4.
— Eclipses de Lune, 5. — Occultations d'é-
toiles par la Lune, 6. — Eclipse totale de
Lune au 4 octobre 1884, 23. — Observation.^
astronomiques de chaque mois, 36, 75, 115,
156, 196, 236, 275, 316, 355. 395, 433, 473. — Co-
loration du disque pendant une éclipse totale
de Lune, 70.— Murs ênigmatiques sur la sur-
482
TABLE ALPHABÉTIQUE.
face lunaire, 2 1'2. — Eclipse partielle de Lune,
observée à Odessa, 227. — Tache rougeâtre
sur le disque lunaire, 227, 228. — La Lune à
l'envers, 228. — Le Clair de Lune, 282. —
Points sombres énigmatiques , 308, 410. —
Eclipse partielle du 30 mars 1885, 376.
Lunette méridienne, 141, 174, 207. — Essai des
lunettes, 314.
Mal 1885. Observations principales, 10.
Mafirnètisme terrestre, 154. — Mesures ma-
gnétiques et les volcans, 232. — Phénomène
général du magnétisme terrestre, 372.
Marées. Les grandes marées de l'année, leur
observation à Saint-Malo, dans la baie du
Mont-Saint-Michel et à Caudebec,6. —Grande
marée du 10 septembre, 355. — Grande marée
du 9 octobre, 395.— Les marées ont-elles pour
efTet de ralentir le mouvement de rotation de
la terre? 107. — Influence des marées sur la
durée de la rotation de la terre, 152. — La
grande marée au mont Saint- Michel, 385.
Marine. Trombe marine à San-Remo, 351.
Mars 1885. Observations principales, 9.
Mars. Visibilité de la planMe Mars, 20, 21, 428
— Observations astronomiques mensuelles,
38, 198, 238, 277, 318, 359, 398, 437, 477. — Pas-
sage devant l'amas du Cancer, 426.
Mascaret, à Caudebec, 281.
Mercure. Observations astronomiques men-
suelles, 38, 117, 157, 197. 237, 276, 3T7, 358, 397,
4.%>, 475. — Mercure visible à l'œil nu, 71, 226,
428.
Méridien. Instrument méridien et les obser-
vations méridiennes, 138, 174, 297.
Mesure de la température du Soleil, 416. —
Du compagnon de Sirius, 432.
Météorites. Etude des météorltes,247. — Chute
de météorites à Laigle, 264. — De Vais, 354.
Météorologie. Erreurs d'observations, 301. —
La Météorologie en Australie, 422.
Miracle d'Isale, 321.
Monvement propre d'Aldébaran et d'une étoile
voisine de il« grandeur. 102.— Les marées ne
ralentissent pas le mouvement de la terre,
107. — Mouvements lents du sol, 230. — Accé-
lération du mouvement de rotation de la terre,
230. — Mouvement relatif de la Terre et de
l'éther, 231.
Mnrs énigmatiques observés à la surface de
la Lune, 212.
Nébuleuse solaire dans l'hypothèse de La-
place, 55. — Apparition d'une étoile dans la
nébuleuse d'Andromède, 361, 403, 408. — La
nébuleuse d'Andromède et la voie lactée, 406.
Neptune. Observation de cette planète, 22, 400,
439. — Formation de Neptune, 57. — Neptune-
Soleil, 166. — Neptune et son satellite, 431.
Novembre 1885. Observations principales, 13.
Nuages singuliers, 70, 271.
Nuits d'Angleterre, 432.
Nutatlon, 302.
Observations astronomiques à faire chaque
mois, 35, 74, 113, 155, 195, 235, 273, 314, 354, 394,
432,472.— Observations nouvelles sur Saturne
et ses anneaux, 41. — Observations thermo-
métriques, 62. — Tache rouge de Jupiter, 99.
— Observations méridiennes, 138, 297. — Des
étoiles, 140. — Erreurs d'observation, 144, 174.
— Observations curieuses sur la Lune, 227,
228, 308, 410. — Observations de nuit, 307.
Obsenrateires. Observatoire du Mont- Gros,
31.— De Juvisy, 50, 321.324,391.— DeBruxeUes,
95. — De Greenv/ich, 96, 415. — De Paris, 138,
141, 146,200,224, 363. — De Lima, 146. — Du
Parc Sainl-Maur. 154. — De Nice, 206. — De
Washington, 311. — De Puikova, 311. —De
Dunsink,312. — De Zacatecas, 347.— De Klel,
362. — De Dorpat, 362. — De Palerme, 3W. -
De Kœnigsberg, 366. — D'Hartwell, 366.
Ooonltations d'étoiles par la Lune, (i, 7. -
Occultations mensuelles, 36, 75, 115, 157,14^.
236, 275, 316, 356, 395, 433, 473. - Occultations
d'Aldébaran, 72, 313. — Occultation de .* Ba-
lance, 314. — D'Aldébaran, le 22 novembre.
440.
Océan atlantique, ses courants, 108.
Octobre 1885. Observations principales, i'.
Ombre. Irrégularités observées sur le contour
de Tombre de la Terre sur le disque do la
Lune, durant Téclipse totale du 4 octobre m,
28, 29, 30. — Ombres observées sur le Soleil,
33, 34. — Ombre du globe de Saturne sur àes
anneaux, 45. — Rétrogradation de l'ombre.
théorie et formules, 329, 387, 390.
Optique. Verrerie d'optique de M. Feil, 31».
Orages. Mont Pliât, laboratoire des orage^.
Oscillations tracées par le pendule eoregit-
treur des tremblements de terre, 134.
Pallas. Observations astronomiques de chaque
mois, 39, 77, i18, 158, 199,-^38, 278, 319, kTl. -
Photographie du mouvement de Pallaâ,'20ft.
ParaUaze d'Aldébaran, 106, 311.- DeVèp.
311. — Delà 61* du Cygne, 311, 313. - lob
Groombridge, 312. — Double £ 2486, Cygne, i
Parbélies observés à Orléans, 112.
Passade sur le disque solaire d'un essaim de
corpuscules, 347. — Passage de la planète
Mars devant l'amas du Cancer, 426.
Pendule enregistreur des tremblements dt-
terre, 134.
Pensées, 234.
Phénomène observé sur une tache solaire, oi.
35. — Phénomènes géologiques en Espagne.
90. — Le mont de Cerisy, 9o. — PhèDomt-nes
solaires et aurores boréales, 21/5.
Photographie directe d'une trombe, 47. -De
l'appulse d'.\ldébaran, à Prague, 192. - Pho-
tographie directe du Ciel, 201. -Du Soleil et
d'un corpuscule, 349.
Photométriques (Recherches), sur les an-
neaux de Saturne, 72.
Pilât (mont), laboratoire des orages, 4S7.
Plaies d*Éff7pte et les ténèbres de la oen-
vième heure, 432.
Plan de réforme du Calendrier, 294.
Planètes. Planètes visibles de mois en mois,
7 k 14.
Pluralité des Mondes, 161, 264, 265.
Points sombres énigmatiques observes dans
les cratères lunaires, 308, 410.
Polaire (région) de Saturne, 43.
Poussières de fer dans ratmosphère/^"?.
Précession des équinoxes, SOI.
Pression atmosphérique, ses efTets et son in-
fluence sur les tremblements de terre, 132.
Propagation des tremblements de terre, 4.'''-
Pyrométre solaire, 417.
Ralentissement (Le) du mouvement de rota-
tion de la Terre par l'effet dM marées «»te+
il? 107. — Influence des marées sur ladurte
de la rotation de la terre, 152.
Ras de marée, 128, 129.
Rédaction de la Revue. La photographie di-
recte du ciel, 203. — Note sur les mrtéonte*.
248. — Note sur un passage de corpuscules»
sur le disque solaire, 350.
Réforme du Calendrier, 287, 426.
Réponse à M. Faye, 161. - A M. Blaio, 3S9.
Rétrogradation. Cadran solaire à rétrogra-
dation, 321. — Théorie et formule, 329. -Ré-
trogradation de Tombre, 387, 390.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
iS3
RéTOlutlons du globe terrestre, 17t.
Rochers moutonnés, polis et striés, en Savoie,
343.
Roches basaltiques du Groenland, 246.
Rotation de la terre. Les marées exercent-
elles une influence? 107, 152. — Accélération
du mouvement de rotation de la Terre, 230.
Saints de glace et mai 1885, 224.
Satellites. Conûguration des satellites de Ju-
piter, 15. — Satellites de Saturne, 18. — Eclip-
ses des satellites de Jupiter, 40, 79, 119, 1o9
200, 240, 360, 399, 478. — Satellite de Jupiter
visible à l'œil nu, 154. — Passage du 4* satel-
lite. 154. — Photographie des satellites de
Jupiter, 204. — Satellites d'Uranu^ 431.
Satnrne. Visibilité de la planète, 15, 428. —
Ses anneaux, 16, 17, 18. — Ses satellites, 18.
— Observations astronomiques de chaque
mois, 40. 79, 120, 160, 200, 280. 320, 360, 399, 438,
479. — Observations nouvelles de Saturne et
de ses anneaux, 41. — Recherches photomé-
triques sur les anneaux, 72. — Temte rou-
geàtre sur le disque de Saturne, 113.
Septembre 1885. Observations principales,' 12.
Sirius. Nouvelles mesures du compagnon de
Sirius, 432.
Sociétés scientifiques Flammarion de
Jaën, 65, 194. ~ De Marseille, 71, 193, 364,
428. — D'Argentan, 82, 9ô, 194, 391. — Do
Bruxelles, 194. — De Santa- Ké- de- Bogota,
194. — De Nantes, 365.
Sol. Mouvements lents du sol, 230.
Solaire (nébuleuse) dans l'hypothèse de La-
place, 55. ~ Spectre solaire, 210. — Phéno-
mènes solaires, 225. — Passage d'un essaim
de corpuscules sur le disque solaire, 347. —
Le pyromètre solaire, 417.
Soleil. Soleil pendant l'année 1885, 3, 4. — Ac-
tivité solaire, 3, 4. — Eclipses de Soleil, 5. —
Ombres observées sur le Soleil, 33, 34. —
Observations mensuelles, 36, 74, 114, 155, 196,
235, 274, 315, 355, 395, 433, 473. — Observation
de trois soleils, 112. — Nouvelle mesure delà
température du Soleil, 416. —Eclipses totales
de Soleil visibles en Angleterre depuis mille
ans, 424.
Spectre solaire, 210. — Couronne autour du
Soleil, 426.
Statistique des tremblements de l«rre, 183.
Statue à Giordano Bruno, 233.
Surélévation du sol en Espagne, 90.
Tableau des diverses vitesses, 2C6.
Tache rouffe de Jupiter, 99. — Tache blanche,
100.
Taches solaires, leur activité, 3, 4. — Phé-
nomène observé sur une tache solaire, 34, 35.
— Taches visibles à l'œil nu, 272, 353.
Ténèbres de la neuvième plaie d'Egypte, 432.
Température de rintérieur du globe terrestre,
62. — Variations de température, 299. — Nou-
velle mesure de température du Soleil, 416.
Terre. Tremblements et secousses à sa sur-
face, 183. — Densité de la Terre, 231. — Terre
et éther, 231. — La Terre et l'homme, 273.
Terrestre (magnétisme). Valeur actuelle, 154
— Sa cause, sa forme, sa période, 372.
Théorie de la rétrogradation de l'ombre, 3i9.
— De la variation séculaire de l'aiguille ai-
mantée, 372.
Thermométriques (Observations) à la surface
du globe terrestre, 62.
Tremblements do terre du 27 novembre 188'i,
dans la région des Alpes, 31, 32, 33. — En Es-
pagne, 60, 81, 121. — Au Chili, 88. — Tremble-
ments de terre observés du 22 décembre 1884
au 22 février 1885, 92. — Secousses en France,
eu Angleterre, en Belgique et au Portugal, 94.
— Explication des tremblements de terre, 96,
121. — Catastrophe de Lisbonne, 98. — De
Port- Royal, 123. —Tremblements de terre sui-
vant les heures du jour, 136.— Statistique des
tremblements de terre, 183. — Légers tremble-
ments de terre, 232. — Propagation des trem-
blements de terre, 429.
Trombe. Photographie directe d'une trombe,
47. — Six trombes marines observées dans
Tespace d'une demi-heure, 110. — Trombe
marine à San Remo, 351. — Dans l'Orne, 147,
459.
UniTers. Conditions de la vie sans l'Univers,
161, 249.
Uranolithe tombé près d'Amiens, 155. — A
Hierschfelde, en Saxe, 155.— En Turquie, 191.
— Etude des météorites, 247. — Uranolithcs
de Laigle, 264. — Chute d'un uranolithe & Vais
et Tarragone, 353.
Uranus. Occultation du 1" décembre, 6. — Vi-
sibilité de la planète, en 1885, 21, 22. — Occul-
tation d'Uranus par la Lune, 37, 77, 117, 197,
237, 276, 397, 435, 474. — Observations astrono-
miques de chaque mois, 40, 79, 120, 160, 200,
240;280,399,438,480.
Variation du nombre des tremblements ilc
terre suivant les heures du jour. 136, — les
saisons, 136, 137, — les phases de la Lune,
137, — selon les distances de la Lune, 138 —
Variations de température, 299. — Variation
séculaire de l'aiguille aimantée, 372.
Vénus. Visibilité de la planète en 1885, 18, lu.
— Occultation de Vénus par ia Lune. 474. —
Observations astronomiques mensuelles. 38,
77, 198, 237, 277, 318,358, 397, 436, 476.— Visible
en plein jour, 226, 397.
Verrerie d'optique de M. Feil, 314.
Vesta. Occultation de Vesta par le disque lu-
naire, 396, 435. — Observations astronomiques
de chaque mois, 39, 199, 239, 279, 320, 359, 398,
437, 477;
Victimes des tremblements de terre en Es-
pagne, 66, 83, 130. — De la foudre, 229.
Visibilité de Mercure, 71, 226. — De Vénus,
226, 397.
Vitesse. Tableau des diverses vitesses, 206.
Voie lactée et la nébuleuse d'Andromède, 403.
Volcans. Volcans actifs à la surface de la
Terre, 61, 122, 123.— Distribution des volcans,
189. — Eruptions volcaniques, 228. — Volcans
et mesures magnétiques, 232.
Zodiacale (lumière). Observations à faire dans
le cours de l'année, 36, 75, 115, 156, 315, 355,
395, 433, 473. — Etude de la lumière zodiacale,
71. — La lumière zodiacale et les lueurs cré-
pusculaires, 225.
TABLE DES AUTEURS.
ADAMa. — Accélération du mouvement de rota-
tion de la Terre, 231.
Amat. — Construction des cadrans solaires, bO.
Anoioné (comte d'). — Parc ravagé par le Tor-
nado de l'Orne, 147.
Andrews. — Etudes de basaltes d'Irlande, 242.
Angot — Mouvement relatif de la Terre el de
l'éther,23l.
Atout-Tailfeb. — Plaques isochromatiques,
Aubin. — Acide carbonique de l'air, 230.
AuREL. — Coloration du disque lunaire durant
l'éclipsé totale du 4 octobre 1884, 27.
Backlund. — Calcul des éphémérides de la
comète d'Encke, 71.
Baer, îi Caen. — Teinte rouge&tre observée sur
le disque de Saturne, 113.
Ball (Robert). — Découverte de parallaxes de
plusieurs étoiles, 312.
Barda (Aquilino). — Observation du disque lu-
naire pendant l'éclipsé totale du 4 octobre 1884,
Bardou, opticien. — Essai do lunettes Bardou,
314.
Barnard. — Découverte d'une étoile double,
226. — Découverte d'une comète télescopiquc,
Barré (D*- Edmond). — La météorologie en
Australie, 422.
Battandier (D' a.). — Les volcans et les me-
sures magnétiques, 232.
Beauretour (baron de). — Observation d'un
tremblement de terre à Nice, 31.
Belly. — Tremblements de terre, 183.
Belmonte. — Tremblements de terre, 183.
Berbericii. — Mouvement de l'étoile double :*
Dragon, 414.
BÉRENGIER. — Portrait de Camille Flammarion,
193.
Berge. — Observation du disque lunaire pen-
dant l'éclipâc totale du 4 octobre 1884, 26.
Bernoert, de Gand. — Préparation de plaques
au gélatino-bromure, 203.
Bernouilli. — Les pipéricoles, 260.
BiOT. — Chute de météorites dans l'Orne, 264.
BiGOURDAN, Observatoire de Paris. — Observa-
tion de la comète d'Encke, 71, — de la nou-
velle étoile apparue dans la constellation
d'Andromède, 363, 403. 410.
BisCHOPFSHEiM. — Don d*un instrument mén-
dien à l'Observatoire de Paris, 147. — L'Obser-
vatoire de Nice, 207, 208, 211, 212.
Blain (abbé). — Nouveau pied d'équatoriaL 73.
— Rctrogadation de l'ombre sur un cadran
solaire, miracle d'Isale, 387.
Blot, astronome. — Occultations d'Aldébana.
6, 80, 313, 440. — Calculs relatifs h ces occul
tations, 80, 313, 440.
BoE (de). — Surélévation de l'ombre de laTem
sur le disque lunaire pendant l'éclipsé lotalr
du 4 octobre 1884, 28. 30.
Bond. — Observations de la nébuleuse d'An-
dromède, 365.
BoNiLLA (José y), directeur de l'Observatoir?
de Zacatecas. — Passage sur le disque ii
Soleil d'un essaim de corpuscules, 347.
BoNJEAN (Jules), avocat à la Cour d'appel et
Paris, — La Réforme du calendrier, 2fel.
BoRRELLT, astronome à l'Observatoire de Mar-
seille. — Observation de Téclipse totale de
Lune du 4 octobre 1884, 26.
Braddon (Julia). — Six trombes marines obser-
vées dans une demi-heure, 110.
Brehm. —Les gigantesques animaux terresîr:*.
258.
Broune (0. et S.), à Odessa. — Observation <i':
l'éclipsé partielle de Lune du 30 mars, 227.
Bruguière, Président de la Société scieotiîiqu;
Flammarion, a Marseille. — ObservaùoQ<iu
disque lunaire pendant l'éclipsé totale Ju
4 octobre 1884, 2S. — Tremblement de Terre
à Marseille, 32. — Teinte rouge sur le disque
de Saturne, 113. — Tremblements de terre,
183. — Toast à M. C. Flammarion, 194. -
Visibilité de Mercure, 226. — Tache* solaire^
272, 353. — Le dévouement scientiiique d-'
M. Bruguière, 428.
Buisson (Ed. du). — Eclipse partielle de Loue
du 30 mars 1885, 376.— Lueurs crépusculairts
378.
Burnham. — Dédoublement d'une nouvfilît
étoile double, 226.
Charlois. — Études faites à rObservatoire de
Nice, 210. — Comète de Tutti e, 354.
Chauveau. — Enquête sur les dég&ts occasion-
nés par le tornade de l'Orne, 152.
Chantre (Ernest). — L'époque glaciaire el le?
anciens glaciers des Alpes, 340.
TABLE DES AUTEURS.
485
Chaves y Mkllo. — Secousses aux lies Açores,
63.
Chairy, à Alger. —Poussières de fer dans l'air,
229.
Clayton. — Plaques isochroraatiques, 206.
Charpentier (de). — Les glaciers des Alpes,
344.
' Cborez. — Invention des jumelles, 232.
CiCERCHiA. — Un cadran solaire antique, 234.
CooDE. — Observation de la lumière zodiacale,
71 . — Visibilité de Mercure à l'œil nu, 226. -
Observation de l'étoile apparue dans la nébu-
leuse d'Andromède, 36&, 408.
Cohen Stuart. —Réglage de Tannée javanaise,
370.
CoLEMANN (William). — Passage du 4« satellite
de Jupiter, 154.
CoLOMBAT, à Montagny. — Les lueurs crépus-
culaires et la lumière zodiacale, 225. — Mou-
vements lents du sol, 230.
CovAS (José). — Chute d'un uranolithe à Vais.
353.
CoMMON. — Photographie de la nébuleuse
d'Andromède, 408.
COPELAND (Ralph). — Position de l'étoile décou-
verte dans la nébuleuse d'Andromède, 363.
Courtois, à Muges. — Observation du disque
lunaire pendant l'éclipsé totale du 4 octobre
1884, 25.
CovENTRY. — Midi, à Nice, 402.
Cran (de). — Disparition du disque de la Lune
pendant une éclipse totale, 24.
Crawford (lord). — Circulaire relative à L'appa-
rition d'une étoile dans la nébuleuse d'Andro-
mède, 363.
Créoncides de Castro. — Tremblements de
terre. 183.
Croupbt (D' de). — Eclipse totale de Lune du
4 octobre 1884, 26.
CuRTis, à San Remo. — Observation d'une
trombe marine, 351.
CuviER. — Les révolutions du globe terrestre,
171.
Daguin, à Rayonne. — Observation du disque
lunaire pendant l'écllpse totale du 4 octobre
1884, 25.
Darwin. — Influence des marées sur la rotation
de la terre, 153.
Daubrée, membre de l'Institut. — Découverte
au Groenland de masses de fer natif, d'origine
terrestre, analogue au fer natif d'origine
extra- terrestre, 241.
Dembowski. — Mouvement propre d'Aldébaran
et d'une étoile voisine, 104.
Dbnnino, astronome à Bristol. — Nouvelles
observations de Jupiter, 99.
Détaille, astronome à Paris. ~- Statistique des
tremblements de terre, 183. — Distribution
des volcans, 189. — Points sombres énig-
matiques sur la Lune, 308.
DoMEYKO. — Tremblements de terre au Chili,
88.
Dubois, ingénieur- hydrographe. — Marche
rétrogade de l'ombre sur un cadran solaire.
390.
Dubois, vice-président de la Société scienti-
fique Flammarion, à Marseille. — Toast ù,
M"* Camille Flammarion, 194.
DuFouR, à Lausanne. — La hauteur des lueurs
crépuscolaires, 216.
DuMOND (M-«), Protectrice des observations
météorologiques du Rhône. — Le mont Pilât,
laboratoire des orages, 427.
DupRAT. — Gréions remarquables, 229.
DuvAL. — Aspect du disque lunaire pendant une
éclipse totale de Lune, 25.
Ehrenbero. — Organismes contenus dans les
sables des terrams calcaires et siliceux, 259.
EiCHENs. — Construction d'instruments méri-
diens, 146.
Eiffel. — Construction de la coupole tournante
de l'Observatoire de Nice, 206, 200.
Elgbl. — Points obscurs sur le disque lunaire,
étude de la Lune, 412.
Enoelmann. — Mesures mlcrométriques de la
position de la nouvelle étoile apparue dans la
nébuleuse d'Andromède, 410.
Ericson. — Le pyromètre solaire, 417.
Falsan. — Les anciens glaciers, 342.
Fa vas. — Etude des glaciers de la Reuss et de
la Linth, 342.
Faye (H.). — Membre de l'Institut. — Sur l'ori-
flne du monde, 55. — Réponse à M. Faye, 161,
56, 258. — L'équinoxe moyen et l'équinoxe
apparent, 274. — Théories cosmogoulques,
Feil. — Construction de Téquatorial de Nice,
209. — Verrerie d'optique, 314. — rx)nstruction
du plus grand objectif du monde, 314.
Findlay. — Le flot et l'élévation de la surface
des eaux, 108. — Le courant équatorial, 109.
Fenet, observateur à Beauvais. — Passage de
la planète Mars devant l'amas du Cancer, 426.
— L'amas du Grand Chien, 454.
Flammarion (Camille). — Annuaire astrono-
mique pour 1885, 1 à 23. — Eclipse de Lune du
4 octobre 1884, 23 à 30. — Archéologie astro-
nomique. 48. — Théories de M. Fave sur la
Pluralité des Mondes, 55. — Les Tremble-
ments de terre de l'Espagne, 60, 81, 121. —
Découverte du mouvement propre d'une
étoile de 11* grandeur voisine d'Aldébaran,
102. — Les conditions de la vie dans l'Univers,
réponse à M. Faye, 161, 249. — Discours et
conférence à Marseille, 194. — L'Observatoire
de Nice et l'Astronomie en France, 206. —
Statue & Giordano Bruno, 233. — Fausse
alerte, 272. — Le Mascaret, 281 . — Le cadran
solaire à rétrogradation de l'Observatoire de
Juvisy, et le miracle d'Isaîc, 321. — Expé-
rience du cadran à rétrogradation de Lau-
sanne, 323, 335. —Apparition d'une étoile dans
la nébuleuse d'Andromède, 361,408. — Confé-
rence à Argentan, 391. — Curieux effets de la
foudre à Juvisy, 391. — Cadran solaire de
Nice, 401. — L'étoile double i» du Dragon, 413.
Flourens. — Les révolutions du globe, 171.
Folache, directeur de la Société scientifique
Flammarion, à Jaên. — Observation du
disque lunaire pendant l'éclipsé totale de
Lune du 4 octobre 188&, 25. — Tremblements
de terre, & Jaên, 65, 86.
Fontaine, à Précy-sor-Oise. — Disque lunaire
durant réclipse totale du 4 octobre 1884, 27.
FoRCHHAMMER. — Fer du Groenland, 243.
FoREL. — Etudes sur les variations du nombre
des tremblements de terre suivant les heures
du jour et les saisons, 136, 137. — Le cata-
clysme de Krakatoa entendu aux Antipodes,
383. — Couronne solaire sur les hautes mon-
tagnes, 426.
FoncBÉ (Maurice). — Condensation de la nébu-
leuse solaire dans l'hypothèse de Laplace, 55.
FoucHÉ (Paul). — Principaux dessins de la
Revue, .
Fric (Jos. et Jan), à Prague. — Appulse d'Al-
débaran, 193.
486
TABLE DES AUTEURS.
FucHs. — Eruptions volcaniques près Cuba,
383.
Gabillot. — La grande marée du 10 sep-
tembre au mont Saint-Michel, 387.
GA.1CBBT. —Instruments classiques, 146.
GARNiERf architecte de l'Opéra. — L'Observa-
toire de Nice, 207.
Gastaldi. — Glaciers des Alpes, 343.
Gaudibert. — Points sombres énigmatiques sur
la Lune, 310, 410.
Gauquelin. — Enquête sur les dég&ts occa-
sionnés par le tornado de l'Orne, 152.
GAUTniBR-ViLLARS (Henry). — Observation du
disque lunaire pendant Téclipse totale du
4 octobre 1884, 25.
Gautier. — Construction d'appareils spéciaux
pour la photographie directe du ciel, 202.
GÉRiONY (Philippe), astronome, & Paris. — Les
grands instruments de l'Astronomie, 138, 174,
297. — Influence des marées sur la durée de
la rotation de la terre, 152.
GiNiEis. — Disque lunaire durant l'éclipsé
totale du 4 octobre 1884, 27.
GiusTANi (E. Rossi de). — L'astronomie des
anciens philosophes, 379. — Observations sur
l'article de M. de Rossi de Giustani, 440.
Gleohill. — Eclat subit de la nébuleuse d'An-
dromède, 408.
Gonzalez (lldefonso). Secrétaire de la Société
scientifique Flammarion, à Jaën. — Observa-
tion du disque lunaire pendant l'éclipse du
4 octobre 1884, 25. — Tremblements de terre &
Jaën, 65.
(tovi. — L'invention des jumelles, 232.
Gray (William). — Curieuses colorations du
disque lunaire, 228.
Guillaume, à Péronnas. — Particularités dans
l'observation du disque lunaire pendant
Téclipse totale du 4 octobre 1884, 26. — Les
lueurs crépusculaires, 113. — La lumière
zodiacale, 113.
Gliillemin (Etienne), colonel du génie à Lau-
sanne. — Le miracle d^Isale, cadran solaire
provisoire, 323. — Théorie, formules et épures
de la rétrogradation de l'ombre, 329.
GuioT, à Soissons. — Observation du disque
lunaire pendant l'éclipse totale du 4 octobre
1884, 26. — Mercure, Mars et Saturne dans
une lunette de 95 millimètres, 428.
Gulley. ~ Observation d'une étoile apparue
dans la constellation d'Andromède, 363, 409.
Gu.nziger. — Le disque lunaire pendant l'éclipse
totale du 4 octobre 1884, 27. — Taches solaires
visibles a l'œil nu, 271, 353.
Hall. — Parallaxes de Yéga et de la 61* du
Cygne, 311.
Hamoi Bey. -^ Uranolithe d'Alntab, 192.
llARTWiG. — Première observation de l'étoile
variable apparue dans la nébuleuse d'An-
dromède, 362, 409.
Hauville, observateur à Etretat. — Vénus
visible en plein jour, 220.
IIexry (Paul et Prosper). — Occultation d'Aldé-
baran, 72. — Photograpliie directe du ciel,
201. — Objectif de 0«,76, de l'Observatoire de
Nice, 210.
IIerschel (W.). — Mouvement propre d'Aidé -
baran et d'une étoile voisine de 11* grandeur.
— Nébuleuse d'Andromède, 365. — Amas
d'étoiles du Scorpion, 366. — Dédoublement
de (1 Dragon, 4 14.
Uervé-Mango.n, membre de l'Académie des
Sciences. — Direction des ballons, 35.
Hipolito Andrade. — Fausse alerte, 272.
HiRN. — Recherches sur les anneaux de Sa-
turne, 72.
HoLDEN, directeur de l'Observatoire de Wash-
burn. — Photographie directe d'une trombe.
47.
HopKiNS. — Observation de la nébuleuse d'An-
dromède, 408.
HuGGiNs. — Etude spectroscopique de la nou-
velle étoile d'Andromède, 409.
Jackson (James). — Tableau des diverses vi-
tesses, 266.
Jacquot (Maurice). — Particularités que pré-
sente le disque lunaire pendant l'éclipse
totale du 4 octobre 1884, 26. — Taches solaires
visibles à l'œil nu, 272, 353. — Lueurs crépu»-
culaires, aurores boréales et taches solaires.
272.
Jappé (Paul]. — Marche rétrograde de l'ombre
sur un cadran solaire, 390.
Johnson. — Soirées d'Angleterre propres aux
observations astronomiques, 432.
JoHNSTRUP. — Fer du Groenland, 244.
JôROENSEN. -> Analyse du fer du Groealand, 2ii.
Kerhallet (Ph. de). ~ Courants et marées, lu?.
Klein (D'). — Points sombres énigmatiques
observés dans les cratères lunaires, 308, iiû.
412.
KoHL (Forvald). — Observation du disque lu-
naire pendant une éclipse totale de Lune, 24.
Ko.NKOLY, astronome à O'Gyalla. -La nouvelle
étoile vue dans la nébuleuse d'Andromède.
409. — Etude spectroscopique de l'étoile
d'Andromède, 409.
Krebs, capitaine. — La direction des ballons.
35.
Kropp (Lorenzo), astronome à Paysandu. -
Observations furieuses sur la Lune, ^•
Lagsrda (de), astronome à Lisbonne. — Vtéjio-
mène observé sur une tache solaire, ^i,^*-
Secousses à Lisbonne, 64. — 3* satellite de
Jupiter visible à l'oeil nu, 154.
Lajoyb. — Découverte d'une étoile au centre de
la nébuleuse d'Andromède, 361, 363, 409.
Lame Y. — Irrégularités sur le contour de
l'ombre, pendant l'éclipse totale de Lune Ju
4 octobre 1884, 28.
Lamp. — Nouvelles mesures. Distances de«
étoiles, 353.
Landerer, astronome à Tortose. - Ombres
observées sur le Soleil, 33, 34.
Lange de Fbrrieres. — Le disque Innajj? P^
dant l'éclipse totale du 4 octobre 188i, 3'-
Laur. — Tremblement de terre à Saint-
Etienne, 33.
Le Biboul. — Observation de l'étoile apparue
dans la nébuleuse d'Andromède, par iw
membres de la société astronomiqueà >anteN
365.
Leknwbnhœck. — Les infusoires d'une goutte
de pluie, 260.
Lbibnitz. — Les pipéricoles, 260.
Lbscarbault, astronome à Orgères. — Obser-
vation de l'éclipse totale de Lune du4 octoDre
1884, 29, 30.
Lbverrier. — Détermination du mouvement
propre d'Aldébaran, 103. - Découverte de
Neptune, 140.
Leyba (H.), à Goro. — Tremblements datent.
183.
LuwAs, à Haïti. — Cataclysme de Java, 385.
TABLE DES AUTEURS.
487
LiHOL% vicfr-secrétaire de la société scientifique
Flammarion de Marseille. — La lumière
zodiacale, 71. — Tremblements de terre, 183.
— Taches solaires visibles à l'œil nu, 272, 353.
— Nouvelle étoile apparue dans la nébu-
leuse d'Andromède, 364, 408. — Bolide lenl,
394.
Lœwy, sous-directeur de l'Observatoire de
Paris, 307. — Méthode pour obtenir rapide-
ment les coordonnées des étoiles circum-
polaires, 307.
LouviAT. — Observation d'une occultation
d'étoile, 314.
Luther, Observatoire de Kœnigsberg. — Trans-
formation de ramas du Scorpion en étoile de
7* grandeur, 366.
LuxEUL (Audemard). — Observation du disque
lunaire pendant l'éclipsé totale du 4 octobre
188i,25.
LuzET. — Halo et parhélies observés à Orléans,
112. — Tremblement de terre, 430.
Maguire. — Eclipses totales de Soleil visibles
en Angleterre depuis mille ans, 424.
Main. — Détermination du mouvement propre
d'Aldébaran, 103.
Malher. -- Les ténèbres de la neuvième plaie
d'Egypte, 432.
Mariôn. — L'artemia saliva et ses transfor-
mations, 263. — Services rendus à la science,
428.
Marth. — Satellites de Saturne, 18. — Les
éphémérides de la planète Jupiter, 101.
Martin. — Aspect du disque lunaire pendant
1 éclipse totale du 4 octobre ld84,25.
Marucchi. — Découverte d'un cadran solaire
vieux de deux mille ans, 234.
Mascart, Observatoire du parc Saint-Maur. —
Enregistreur magnétique, 154.
Mathiesen (colonel H.). — Les marées ralentis-
.sent-elles le mouvement de rotation de la
Terre? 107. — Discussion sur rinHuence des
marées, 152.
Maunder. — Etude spectroscopique de la nou-
velle étoile d'Andromède, 40&.
Mavrogordato. — Tremblements de terre, 183.
— Chute d'un aérolUhe en Turquie, 191.
Maxwell. — Recherches sur les anneaux de
Saturne, 72.
Mayer (J.). — Chute d'un uranolithe en Saxe,
15ft. ^ Tremblements de terre, 183.
Mendbnthai I.. — Densité de la Terre, 231.
Mesures (À'.:,uste). — Eclipse partielle de
Lune à la Réunion, 376.
Michel (le baron). — Mission en Australie, 422.
Mi'.HBLSoN. — Sur le mouvement relatif de la
Terre et de l'éther, 231.
Millosevicht. — Coordonnées de la nouvelle
étoile apparue dans la nébuleuse d'Andro-
mède, 410.
MiLLOT. — Nuages singuliers, 70.
Miquel {D'). — Les bactéries de l'air, 258, 263.
Molteni. — Nouveau genre de cadran solaire,
325.
MoNCEL (du), membre de l'Institut. — Présen-
tation du Phonographe, 264.
MoNC&ovEN. — Plaques au gélatino-bromure,
203.
MoRTiLLET (de). — Glaciers des Alpes, 343, 345-
Mouchez, directeur de l'Observatoire de Paris.
— Photographie directe du ciel, 201. — Projet
de coupole tournante, 207.
Moureaux, Observatoire du Parc Salnt-Maur.
— Valeur actuelle des éléments magnétiques
à Paris, 154.
MuLLEN. » Coloration subite de la Lune pen-
dant une éclipse totale, 23.
MuLLER (Damllia). — Théorie de la variation
séculaire de l'aiguille aimantée, 372.
Muntz. — Acide carbonique do l'air, 230.
Nansouty (général de). — Tremblements de
terre, 183.
Nauckhoff. — Fer nickelé du Groenland, 244.
Naybl (M. et M" Auguste), à Lorient. — Obser-
vation de Vénus en plein jour, à Carnac, 397.
Neisz. — Tremblement de terre du 27 no-
vembre 1884, & Menton, 31, 32.
Névil (M"« de). — Particularités de Téclipse
totale de Lune du 4 octobre 1884, 26.
NicoL. — Coloration rouge du disque lunaire
pendant l'éclipsé totale du 4 octobre 1884, 70.
Niesten. — Irrégularités sur le contour de
l'ombre, pendant l'éclipsé totale de Lune du
4 octobre 1884, 28.
NooUES, ingénieur civil des mines. — Les trem-
blements de terre d'Espagne, 88.
Nordenskiold. — Fer du Groenland, 243.
Orbigny (Alcide d\ — Organismes microsco-
piques contenus dans le sable, 259.
Oudemans. — Méthode javanaise pour obtenir
la connaissance d'une époque déterminée de
l'année solaire ou tropique, 369.
Paille. — Aspect du disque lunaire pendant
une éclipse totale de Lune, 25.
Parséhian. — Observation d'une éclipse totale
de Lune à Constantinople, 69.
Pasteur, membre de l'institut. — Le myco-
derma vini, 263.
Payan. — Observation de Mercure à l'œil nu,
71.
Pechule. — Observation de l'éclipsé totale de
Lune du 4 octobre 1884, 23.
Perrey (Alexis). — Variations du nombre des
tremblements de terre suivant les phases de
la Lune et les distances lunaires, 137, 138.
Perrotet des Pins. — Observation du disque
lunaire pendant l'éclipsé totale du 4 octobre
1884, 25.
Perrotin, Observatoire de Nice. — Etude d'un
tremblement de terre, auprès de Nice, 31. —
Observation de la comète d'Encke, 71. —
Etudes faites à l'Observatoire de Nice, 210. —
Comète de Tuttle, 354.
Pictbt. — Appareils frigorifiques, 209.
PoDWANiczKi (M»« la baronne de). — Observa-
tion de la nouvelle étoile apparue dans la né-
buleuse d'Andromède, 409.
PoGsoN. — Amas d'étoiles du Scorpion, 366.
PoNTiATiNN (Prince Paul). — Dessin astrono-
mique trouvé sur un polissolr en ardoise, à
Bologoé, 48.
PouiLLET. — Température de la surface solaire
421.
Pratt (Henry). — Observations nouvelles sur
Saturne et ses anneaux, 41.
Prince. — Nébuleuse d'Andromède très bril-
lante, 408.
Proctor. — Surélévation observée avant
l'éclipsé totale de Lune du 4 octobre 1884, 30..
QuÉLEN, directeur do l'Observatoire populaire
des Ponts-de-Cé. — Nuages singuliers, 271.
TAtLE D£^ AUTErtf.
k '•.i. :••► --v
k v,*..— . fer c* G"^*-«M -iî.
iUft Ji»iL4;'. — I*» %> a*- for,^ *!«• Oif-r», îy*.
Kvt^turm. — F*:r Bi':»el*: 'ia GroeoUo 1. ri3.
Kt'Mfcf.L. 'îir*-'*—^' 'î- ''i!'»'-na»''.r<- *!'- <; Îîi*^v.
— Cirt* U»*-*.OT'f.'fJ,\'*K '!': 1 A'ibtr-ii.-, ii;.'
^AivT »,''.'(. uns Dc%:LLt. — T'-rx«j>-rilure »'>-
ftA^j/i'k «vîiin . îr.^'-'ii'rijr, — Eruf^t.oo du Kra-
t»A^T4 l'D' de Pi'.-lra . — Vio-timet de U foudre.
SALVAXtc. — Edition d'm ftep/i/«*, deBrehm,2S6,
HAXBr. '— Vif écUt de la D'^bulcu«^c d'Andro-
ifUMie* 4(IH.
hiiH^ti.LZuvY. — Obk'rrvalioû d'une eclii/fte
totale d<7 Lune, 23.
»CMMi:»T. — lU'Oous'fTif des rx>iDts «/^mlireii de
la iiurfa/:e lunaire, :>iîi,
SciiMOLU >- A(#parition d'une étoile dans la
n<:tiijieuHe d'Andromède^ ^>'«,
ScutLZE. '- Acide carbonique de l'air, 230.
*Sfc2'XioEi. — Recherches sur le» anneaux de
Saturne, 71.
SiibAXOW. — Parallaxe d*Ald^;baran, 312.
Smith (Laurenc/'i. — AnaW8«* de roches asuo-
tiU'Mn au fer du Groenland, 24 i.
Stienstiop. — Mission au Groenland, 2'<&, 245.
St^.piiam, astronorno k TObservatoiro de Mar-
Mcille. — Observations du disque lunaire,
pendant l'éclipHe totale du 4 octobre 1884, 26.
Stokl, à Harlem. — Tremblements de terre,
181
Stoppa.ii. » Glaciers dCM Alpes, 3i3.
Strl've (Otto). ^ Mémoire sur la parallaxe
d'Aldéburan, lOG, J12.
Stri:ve (William). — Mouvement propre d'une
rtoilu de 11* irrandcur, voisine d'Aldèbaran,
m, 103, 104.
TAcr.iiiNi. — Lueurs crépusculaires, couronne
solaire, 4'26.
Tav—Ji «-.» T* „ Anj — . • - -1 . .
7-'»"'«i. ii<r'i.:..^î. t >«i.». — r- IL. ^
a* irrrr. •.•&.
>. i-trrt. iJi-
Ta- 7- f «-T. *«•• . :* d» i T "•:•*•- > -
d* la L-r.-r, l:.". — .,»--<ni;- •!« - - .
le.j*^ C -\jQlr^2jr-î-f. >.: — Er - .
iiiA.:.t a..-2:.« lar^ .* çn^i: i
d Aûdron.*?dr, «Ji».
Tcm-E- — Comeie tele^r--; . .l* . î-^
V%o>CEaa: «Cbar:^». — Mo« a::. --
l'arrivée du maaoaret. 2^:^.
Vallauie 'FirUx. — Sc-ï>:;s«* tf-rsT-
Linart^, 6*. — Tr<e2ii..z:i.iii» -: " ••
Espagne, 82, 83, 1S3.
ViLAUL — Les volcans da g^?':•^. ?:..
VniECK. — Catastrophe de ILnfci;-* x
ViAH, secrétaire de la «-x-.Ae *•:
Flammarion, de Xaj^c.Ile — V.- ;
lumière zodiacale. 71. — Mer.-'r
226.
ViCAiBE. — Températaj« solaire. 'Ci.
ViMoirr (Eugène), directear d-: U Soc.- > •:
tUique Flammarion, a \rz\.rLià=, .*:' -
Sa collaboration a la Revue',, rf S. — > •
valions astronomiques de cbaqse - - •
74, 113, 155, 195. 235, 273. 314, 354. 1^.*- .
— Le Tornado de l'Orne, 147.— La Tr - -
l'Orne, 459.
VoGEL. — Etude spectroscopique de b î^ -'• -
étoile d'Andromède, 409.
Waonek (colonel). — ConstnictioDdcLaii:.-
cadran solaire de Nice, 402.
Walkeb (Miss). — Légers tremWemecîî :
terre, 232.
Wakd. — Première observation de 1
apparue dans la nébuleuse d*Aodn>J2r Je,. •
WiTH. — Miroir d'un télescope, 41.
Zabokowski. — Animaux antédiluviens. ^>^
gigantesques proportions, 258.
Zaccone. — Eclipse totale de Lune da k octoi'rt
1884, 25.
ZoLLNEB. — Recherches Pholométriques sur ic»
anneaux de Saturne, 7^.
FIN DK LA QUATRIÈME ANNÉE.
Paris. — Inip. Gauthier- Villar», 55, quai des Grands-Augustins.
488
TABLE DES AUTEURS.
RAPPA.RD. — Observation du disque lunaire
pendant Téclipse du 4 octobre 1884, 27.
Reisbt. '^ Acide carbonique de l'air, 230.
Renakd (capitaine). — La direction des ballons,
35.
Rennes et fils. — Astronomie popularisée, 233.
Renou. — Tremblement de terre, 430.
Rey de Morànoe — Principale cause des trem-
blements de terre d'Espagne, 96.
Ricco. — Observation de la nouvelle étoile
apparue dans la nébuleuse d'Andromède, 364.
RiGOD, président de la société astronomique
du Rhône. — Tremblement de terre a Lyon,
33.
RiNCK. — Fer du Groëland, 243.
RivEAU. — Secousse terrestre observée à Anne-
zay, 94.
Ross (John). — Découverte de fer nickelé, 243.
RoULET (Edmond). —• Le cataclysme de Kraka-
toa entendu dans les trois ilôts des Caïmans,
près Cuba, 383.
Rousseau. — La vie au fond des mers, 256.
RuDOLPH. — Fer nickelé du Groenland, 243.
Russell, directeur de l'Observatoire de Sidnoy.
— Carte météorologique de l'Australie, 423.
Sainte-Claire Deville. — Température so-
laire, 421.
Sandick (van), ingénieur. —Eruption du Kra-
katoa, mouvements du sol, 33. — L'Astrono-
mie chez les Javanais, 367.
Santa (D' de Pietra). — Victimes de la foudre,
229.
Sauvage. — Edition des ReptileSt de Brehm, 256.
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FIN DE LA QUATRIÈME ANNÉE.
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